Saisons

Quelques citations et textes d'auteurs

“Calendrier :
il perd ses feuilles en toutes saisons.”
Roger La Ferté
“O saisons ô châteaux.
L'âme n'est pas sans défauts.” Arthur Rimbaud
Un homme peut jouir de toutes les saisons de la vie, mais une femme n'a droit qu'au printemps !”
Jane Fonda
Il n'y a rien de plus triste qu'un temps de saison en hiver.” José Artur
La Terre nous fait attendre ses présents à chaque saison mais on recueille à chaque instant les fruits de l'amitié.”
Démophile
“L'automne est une saison sage et de bon conseil.”
Félix-Antoine Savard
Acceptez les ans, la spirale des saisons, le vertige des plantes qui se désespèrent, reprennent espoir et vont au feu.”
Alain Borne
“Il vaut mieux dater d’un siècle que d’une saison.” Alfred Capus
Le printemps
Te voilà, rire du Printemps !
Les thyrses des lilas fleurissent.
Les amantes qui te chérissent
Délivrent leurs cheveux flottants.
Sous les rayons d’or éclatants
Les anciens lierres se flétrissent.
Te voilà, rire du Printemps !
Les thyrses de lilas fleurissent.
Couchons-nous au bord des étangs,
Que nos maux amers se guérissent !
Mille espoirs fabuleux nourrissent
Nos cœurs gonflés et palpitants.
Te voilà, rire du Printemps !
Théodore de Banville


Nuits de juin
L’été, lorsque le jour a fui, de fleurs couverte
La plaine verse au loin un parfum enivrant ;
Les yeux fermés, l’oreille aux rumeurs entrouverte,
On ne dort qu’à demi d’un sommeil transparent.
Les astres sont plus purs, l’ombre paraît meilleure ;
Un vague demi-jour teint le dôme éternel ;
Et l’aube douce et pâle, en attendant son heure,
Semble toute la nuit errer au bas du ciel.
Victor Hugo Les rayons et les ombres
Automne malade
Automne malade et adoré
Tu mourras quand l’ouragan soufflera dans les roseraies
Quand il aura neigé
Dans les vergers
Pauvre automne
Meurs en blancheur et en richesse
De neige et de fruits mûrs
Au fond du ciel
Des éperviers planent
Sur les nixes nicettes aux cheveux verts et naines
Qui n’ont jamais aimé
Aux lisières lointaines
Les cerfs ont bramé
Et que j’aime ô saison que j’aime tes rumeurs
Les fruits tombant sans qu’on les cueille
Le vent et la forêt qui pleurent
Toutes leurs larmes en automne feuille à feuille
Les feuilles
Qu’on foule
Un train
Qui roule
La vie
S’écoule
Guillaume Apollinaire Alcools, 1913


Bonjour
Comme un diable au fond de sa boîte,
le bourgeon s’est tenu caché...
mais dans sa prison trop étroite
il baille et voudrait respirer.
Il entend des chants, des bruits d’ailes,
il a soif de grand jour et d’air...
il voudrait savoir les nouvelles,
il fait craquer son corset vert.
Puis, d’un geste brusque, il déchire
son habit étroit et trop court
"enfin, se dit-il, je respire,
je vis, je suis libre... bonjour !"
Paul Géraldy
L’hiver
C’est l’hiver sans parfum ni chants.
Dans le pré, les brins de verdure
Percent de leurs jets fléchissants
La neige étincelante et dure.
Quelques buissons gardent encor
Des feuilles jaunes et cassantes
Que le vent âpre et rude mord
Comme font les chèvres grimpantes.
Et les arbres silencieux
Que toute cette neige isole
Ont cessé de se faire entre eux
Leurs confidences bénévoles.
– Bois feuillus qui, pendant l’été,
Au chaud des feuilles cotonneuses
Avez connu les voluptés
Et les cris des huppes chanteuses,
Vous qui, dans la douce saison,
Respiriez la senteur des gommes,
Vous frissonnez à l’horizon
Avec des gestes qu’ont les hommes.
Vous êtes las, vous êtes nus,
Plus rien dans l’air ne vous protège,
Et vos cœurs tendres ou chenus
Se désespèrent sur la neige.
– Et près de vous, frère orgueilleux,
Le sapin où le soleil brille
Balance les fruits écailleux
Qui luisent entre ses aiguilles.
Anna de Noailles Le cœur innombrable


Sensation
Par les soirs bleus d'été, j'irai dans les sentiers,
Picoté par les blés, fouler l'herbe menue :
Rêveur, j'en sentirai la fraîcheur à mes pieds.
Je laisserai le vent baigner ma tête nue.
Je ne parlerai pas, je ne penserai rien :
Mais l'amour infini me montera dans l'âme,
Et j'irai loin, bien loin, comme un bohémien,
Par la Nature, - heureux comme avec une femme.
Arthur Rimbaud
Nos poèmes
SAISONS
Fraîche brise
Eau qu’irise
l’aube rose
qui se pose
sur les étangs.
C’est le PRINTEMPS !

Ciel flamboyant
Blés ondoyants
Chaudes moissons
Maigres buissons
Satiété.
Enfin l’ETE !

Frondaisons d’or
Eau qui s’endort
Souples roseaux
Foule d’oiseaux
qui s’étonnent.
Déjà l’AUTOMNE !

Neige blanche
Noires branches
Poudreux frimas
Traître verglas
Aux vents ouverts.
Voici l’HIVER !

ça change tout l'temps !..
ça change tout l'temps !..
ça change tout l'temps !..
un peu d'humour !
Comment m'habiller tantôt ?
Que me dit la Météo ?
"Nuages avec éclaircies" ?
J'ai besoin de plus précis...
Ça change tout l'temps !
Que fait le Gouvernement ?
Mon fils se met de la partie !
Il a encor' beaucoup grandi,
Je dois revoir tous ses habits...
Ça change tout l'temps !
Que fait le Gouvernement ?
Les horaires de bus modifiés...
Et l'orage qui est arrivé...
La météo s'est trompée.
Ça change tout l'temps !
Que fait le Gouvernement ?
Covid, ce n'est plus un secret
Encore une fois muterait...
Quant aux saisons n'en parlons pas
Quatre par an, c'est la cata !
Assez ! de tous ces changements !
"Changeons" de Gouvernement !
-------- Julie - avril 2022



Le printemps de Vivaldi
Je dois téléphoner à l’administration
Pour résoudre un problème. Un gentil fonctionnaire
M’apportera bien sûr, la bonne solution,
Et ce renseignement m’est vraiment nécessaire.
Je fais le numéro, personne au bout du fil,
Mais un air printanier agrémente l’attente.
Le concerto s’égrène en un phrasé subtil
Qui rehausse gaiement la mélodie charmante.
La pause se prolonge, il faut être patient
Et savoir apprécier cet air plein d’allégresse
Qui évoque le chant des oiseaux insouciants
Célébrant du printemps la grâce enchanteresse.
Mais ce fâcheux retard gâche l’après-midi,
L’allègre ritournelle à présent m’insupporte
Et je vais sans tarder détester Vivaldi.
Quant au correspondant, que le diable l’emporte !
sentimental et presque en terme
le délire des feuilles
dans l'espace du vent
un couple en balade d'opinion
parmi les promeneurs racés
aux hanches réduites à la lueur
naissante dans la brume
une impression un peu plus précise
d'orange et de rouge en rêve
perplexe nuance ou suicide
comme une pensée monotone
jusqu'au bout figée sur sa fleur
dénuée de robe et rigoureuse
d'une rime intermédiaire


la terre oublie un instant
(extrait d'une écriture folle)
à la blancheur perpétuée
par le soleil dans le silence
des gestes sus et des réponses
dont les questions inutiles
unissent la parole- il neigera
il neigera longtemps sur les ruines
et les pins pointus- overdose
de fuite jusqu'à l'absence
aux verres roses de vin tardif
qui fêtent la nuit dissidente
paix à ces âmes mêlées de flammes
qui pactisent autour du brasero
Paysages caméléons
Notre Terre varie, lorsque passe le Temps,
Elle me conte la vie, dans le souffle du vent…
Les poètes, en ce monde, se glissent dans nos cœurs.
Les rimes vagabondent, je cueille le bonheur !
Sous la voûte des cieux, loin des feux de la ville,
Je rêve, et peu à peu, des images défilent…
Les nuages conversent avec l’astre solaire,
Et les Muses me bercent, pour écrire quelques vers…
Timide, la violette dévoile sa beauté :
Le printemps est en fête, et je le vois danser…
Il enfante l’été, sublime gestation,
Chrysalide tissée avant le papillon.
Limpide et cristalline, chante l’eau des fontaines,
Tandis que je dessine, en mon jardin d’Eden.
L’oiseau enthousiasmé siffle un joyeux refrain.
La rose veut l’aimer ; il charme son destin !
Floraison luxuriante, sur écrin de verdure,
Mille fleurs élégantes parfument la nature…
Fête de la musique, lorsque s’ouvre le bal,
Tel un moment magique, délicieux festival !
Quand l’automne frivole épouse la forêt,
Il habille le sol d’un tapis mordoré !
Bruns et rouges cuivrés, ocres, pépites d’or,
Me feront oublier qu’il fait trop froid dehors.
Souriez, mauve, gris et blanc, dignes rois de l’hiver!
«Chanson pour les enfants»*, merci, Monsieur Prévert!
Scintillez, jolie neige, habillez l’horizon !
Sur de nobles arpèges, tourbillonnez, flocons !
Saisons, instants précieux, œuvres d’Art, éphémères,
Le peintre, dans ses yeux, capture vos lumières !
Admirons la montagne, respectons l’océan,
Chérissons la campagne; le plaisir sera grand !
* « Chanson pour les enfants l’hiver » - Jacques Prévert





LES SAISONS
au rythme des saisons
l'année s'écoule inexorablement
froide ou sous une chaleur de plomb
dont chacun apprécie la saveur
et quand il n'y a plus de saison
on se voit perdre la raison
comment au mois d'août
c'est où c'est quand ?
qu'on quitte le pantalon
l'écharpe autour du cou
c'est quoi, c'est rageant
les vacances sans beau temps !
Il n'y a plus de saison
pourquoi ? Comment ?
À cause du réchauffement ?
Je perds la raison
c'est étouffant ce changement
sans rythme ni raison
le printemps, l'été l'hiver
sans quitter le pull-over
l'an passe trop lentement
nous attendons le réchauffement
au rythme du temps
au fil des ans
il n'y a plus de saison
vraiment, c'est navrant
la neige en hiver, c'était avant
les cerises rouges dans les chansons
le plaisir de quitter les haillons...
les feuilles déjà jaunes et marron
tombent silencieusement
et troublent notre raison
décidément, quel bouleversement !
Danydeb août 2021
SAISON CYBERNETIQUE
Il sera plus difficile de changer l’axe
Quoi que, quoi que,
Avec tous ces illusionnistes, ces savants fous
Qui sait ? Qui sait ?
D’arrondir l’axe de rotation de la terre
Pour que, pour que,
La terre perde enfin ses climats, ses saisons.
Ce sera autre chose que de falsifier l’heure
Par ordinateur, par ordinateur,
Que de vouloir contrôler, unifier le climat
Avec rail chimique, avec rail chimique,
« Ha les ignorants qui se croient savants ! »
C’est le paradis qu’ils assassinent
Et NOUS avec et EUX aussi !
CAEN LE 16 JUIN 2021


Les saisons.
Les saisons sur notre planète
sont les otages du climat
avec des Noëls où la fête
reste sans neige et sans éclat.
Parfois il faut attendre Pâques
pour voir tomber le blanc manteau,
sans pour autant faire des vagues,
puisqu’en décembre il a fait beau.
Des printemps sous la canicule,
des étés froids, des trombes d’eau…
Le temps qui change ne recule
devant rien pour sa Météo.
Moi, cheminant dans mon automne,
hélas, j’en connais les raisons :
c’est bien par les fautes de l’Homme,
s’il n’existe plus de saisons !
May-sur-Orne, le 21 février 2022.
Les saisons
Printemps belle saison
te voilà de retour
sur les jolis gazons
les fleurettes accourent
le cerisier Nippon
est jà tout défloré
allons-nous à grands bonds
vers un torride été
Été aux volets clos
ton cagnard nous assomme
courons au bord de l’eau
piquer un petit somme
et la vache et le veau
tandis que le ciel tonne
sous un maigre arbrisseau
pensent-ils à l’automne
Automne dans tes vignes
on s’affaire sans cesse
chacun guette les signes
pour le raisin qu’on presse
c’est la saison insigne
pour moi qui suis Balance
Il faut qu’on se résigne
c’est l’hiver qui s’avance
Hiver on se calfeutre
et sous le toit qui fume
non pas que l’on soit pleutre
ou qu’on ait peur du rhume
s’il neige ou bien s’il pleut
trouvons un abri cool
les soirs au coin du feu
tranquillement s’écoulent
Oh ! mon petit poème
a fait le tour de l’an
sans parler des problèmes
ni des emmerdements
lesquels aux matins blêmes
annoncés sur les ondes
et les télés de même
parlent de fin du monde.
© Christian Laballery (03/2022)








Saisons
pleure été
pleure
des langues de feu jusqu'au ciel
apogée des fumées brûlantes
au-dessus d'une terre craquelée
à peine abreuvée de filets amaigris
ou sombrant aux grondements des cataractes
dans l'effondrement des pentes
cours hiver
cours
aux genoux figés de tes arbres
implorant de leurs mains tordues
aux doigts innombrables
les nuages qui fuient
en longs défilés rageurs
alors que les oiseaux frissonnent
étouffe automne
étouffe
tous les sons amortis
à l'heure des abois des meutes
sous tes orages de feuilles
mortes en frénésie de couleurs
où sombrent tes fruits
noyés dans un sol bigarré
passe printemps
passe
des élans avortés aux sursauts fous
empoignades contradictoires
des éclats qui jaillissent et s'effacent
en phares trahissant leurs promesses
manteau trompeur des cicatrices
qui ourdissent le choc des anniversaires
Daniel-Claude Collin/ avril 2022
Une Saison tant attendue.
Assis au creux de son sofa,
Il croque pop-corn et bonbons.
Pour retrouver la Saison Trois,
Il tapote le bon bouton.
Netflix déroule le programme,
Lui enfile les tagadas.
Il s’emporte comme les charmes
Qui ondulent au fond des bois.
Au gré du sang, c’est la tempête
Qui fait rage dans son esprit
Lorsque les amants tuent la bête
Son cœur crie, mais ses lèvres rient.
Et ce printemps qui vient de naître !
Pourquoi faut-il parler des fleurs,
Quand la Saison Cinq va paraître ?
Pour lui Dedans, c’est le bonheur !
Avachi sur son canapé,
Du lard au cœur et las de tout,
Il attend la Saison d’été
Pour se prélasser comme un fou.
Fou de TV, accro d’écran,
Les saisons passent et il s’endort
Loin de la vie et du beau temps,
Sans un regard pour le Dehors.


Automne
Une lueur diffuse
caresse le parterre
d’un rayon qui s’amuse
à éclairer la terre.
Le soleil de septembre
jette son pâle éclat
dans sa finesse d’ambre
aux reflets délicats.
Mais la couleur des fruits
rehausse ce décor
pour celui qui s’ennuie
de la brise sonore.
Un souffle léger sonne
dans la feuille tremblante.
Et sitôt qu’il vente,
surgit le fier automne !
Marc REBENA L’Essence des jours 2011
Déjà !
Sur l’antenne une brochette
D’hirondelles et d’hirondeaux,
Au petit matin s’apprête
À joindre des ciels nouveaux.
J’interroge peu amène
Serait-ce déjà le temps ?
Je n’ai pas qu’il me souvienne
Goûté l’été bien longtemps.
À peine ai-je je à la baignade
Offert un peu ma peau nue,
Il est vrai qu’en chiffonnade
De plus en plus, elle mue.
Ainsi de l’œil l’ouïe
Et du pied, moins guilleret,
Mais ça je ne le confie
Qu’à mon oreiller discret.
Hélas c’est la ritournelle,
Les hivers se font pesants !
Quand reviendra l’hirondelle,
Ou en serais-je du temps ?


Avènement
Je ne m'en souviens plus
Des anciennes chaleurs d'été
Du bonheur des corps nus
De la recherche de la paix
L'automne était pluvieux
L'humeur triste et morose
Tellement abattu et soucieux
S'imposa une longue pause
L'hiver vint un matin
Bien au chaud sous un plaid
Loin du vice et du vin
La vie était moins laide
Enfin arriva le Printemps
Et ses buissons bien garnis
Était revenu le temps
Des tendresses jolies
Le temps a passé depuis
Le ciel chante et danse
Chaque fois que se lève la nuit
A tous une nouvelle chance
SAISONS
Non, vraiment, il n’y a plus de saisons.
C’est Noël au balcon, Pâques aux tisons.
Ainsi de bien braves gens se lamentent
estimant que les prévisions nous mentent.
Est-ce certain ? Je ne le pense pas.
De nos saisons je ne vois le trépas.
Je concède peut-être un décalage
dans les dates, suivant leur étalage.
Plus précoce serait le cher Printemps,
mais qui s’en plaindrait ? Tous, on l’aime tant.
Après les tristes brumes hivernales,
il nous gâte en compositions florales.
Puis vient l’Été, parfois capricieux,
mais il sait quand même nous rendre heureux.
Comment ne pas jouir de sa lumière,
de sa chaleur bienfaisante et coutumière ?
Avec l’Automne, un tout autre décor
se déroule, drapé de pourpre et d’or.
Si l’air fraîchit, de belles promenades
s’offrent à nous avec des régalades.
Enfin revient l’inévitable Hiver
aimé ou redouté, parfois pervers.
Mais ses paysages souvent féériques
comblent les fervents d’activités ludiques.
Elles sont bien là nos quatre saisons.
Pour les accueillir, quittons nos maisons.
Respectons-les, soyons-leur favorables,
elles sont gage d’ères équitables.
Jeanne FOUCHER Avril 2022



Métamorphoses
Quand tourne le manège et que l’hiver s’installe,
Je contemple la neige, majestueuse et royale…
Magnifique prélude à tous les sports d’hiver,
Merveille en altitude, œuvre d’Art éphémère !
Spectacle féérique, pour le bonheur des yeux,
En un décor magique, elle arrive des cieux !
Princière, elle s’étend, sur la forêt géante,
Couvre d’un manteau blanc, la campagne et les pentes…
Petites étincelles, aux reflets irisés,
Fragiles et rebelles, vous m’avez courtisée !
Vous effleurez ma joue, en divine caresse !
Vous glissez dans mon cou …Ô ! Délicieuse ivresse !
Comme des papillons aux doux reflets d’argent,
Autour de la maison, vous réjouissez l’enfant !
Il construit un bonhomme, tout blanc aux grands yeux noirs,
Le coiffant d’une pomme, pour de jolies histoires…
La Nature enchantée, noble palais de verre,
Regarde s’embrasser les ombres et la lumière…
Le ruisselet grandit, lorsque tombent du ciel,
Les larmes de la pluie, et les cristaux de grêle…
Mais quand vient le Printemps, plus de jolis flocons !
La fantaisie du temps offre un autre l’horizon.
Le grand voile d’albâtre qui semblait immortel,
Transforme ce théâtre en fragile dentelle.
Les skis sont ramassés ; adieu luge et traîneau !
Les exquis mots glacés, ensemble, tombent à l’eau !
Qu’importe la saison, au gré des paysages,
Mon cœur, à sa façon, secrètement, voyage…
SAISONS COMMERCIALES
Sans queue, ni tête ni raison
Ainsi s’égarent les saisons ;
Supermarché suspends cartables
Pour une course lamentable ;
Les premiers en bout de console
Pressés d’arriver à l’école.
Nous ne sommes qu’à mi-juillet
Et, déjà, aurions-nous regret
De cette rentrée de l’automne
A laquelle on nous subordonne ?
Sans queue, ni tête ni raison
Ainsi s’égarent les saisons.
Danièle MANOURY CAEN LE 12 AOUT 2021


Saison d'hiver
le froid sévère
face à la mer
sans père ni mère
ils migrèrent
quittant leur terre
pour rejoindre l'Angleterre
certains regardèrent
d'autres les aidèrent
et les coudes se serrèrent
devant ce froid sévère
les gens pourtant amers
les voudraient en Angleterre
mais que peuvent-ils faire
comment franchir la mer
les larmes sont éphémères
triste enfance, quelle misère !
Face à l'Angleterre
à la recherche d’un frère ?
Et un avenir moins sévère
sur une autre terre
le froid dans leurs chairs
toujours ils espèrent
gagner l'Angleterre
le nez en l'air
les migrants espèrent
défier la misère
L'hiver !
Au printemps, la vie a chanté,
L'été ? c'est la maturité,
Et l'automne la contemplation.
L'Hiver est-il une saison ?
En hiver tout s'est endormi,
La vie paraît s'y être enfuie.
On a peur à juste raison,
C'est un mystère à sa façon.
-----
Comment deviner qu'un bourgeon
De ce bois mort va renaître ?
Que le soleil à l'horizon
Va de nouveau apparaître ?
Et si vieillesse était seulement
Un hiver d'où l'on se réveille,
Pour retrouver d'autres printemps
Et leurs nouvelles merveilles... ?
---------
Julie - avril 2022


Printemps
En avril,
ne te découvre pas d’un fil
Ô printemps fallacieux
Aux trompeuses promesses !
Hier un temps radieux
Nous comblait d’allégresse.
Adieu bonnets, manteaux,
Regagnez le vestiaire !
Changeons ces oripeaux
Pour des tenues légères.
Le prunier est en fleur
Je crains la giboulée
Si avril, par malheur
Apporte la gelée.
Mais revoici l’hiver :
Bourrasques, grêle et brume
Le déboire est amer
J’ai attrapé un rhume.
le renouveau des mains absentes
le cycle métronomique des choses
en substances sensuelles et nuancées
qui se serrent comme sœurs
et dédiées à l'instant mâle
d'une sculpture sans souci
que le gris de ce regard
des croques- mitaines réminiscentes
qui distillent le rien d'un œil
qui se bloque dans un miroir
amoureux de ses reflets
(le silence alourdissant la peine)
il se peut même que le désir
revienne plus chaud que la honte


les va- t- en- guerre désarmés
on a ressorti les maillots
les jumelles tenues au secret
désormais les soldats sont brefs
et puisent en l'eau du lagon
de quoi rêver vers l'éternel
(une caresse sous les corps)
la montée des eaux et des terres
quelque murmure dans le désert
à l'air de vivre sans existence
le soleil pèse plus qu'une énigme
il se peut même que s'ennuie
la vie douce dans le miroir
de la belle dénudée sans savoir
C’est reparti !
Bien qu’il ait la goutte au nez
Et du gris plein ses souliers,
Un petit bonheur du temps
A secoué le printemps
Et m’a dit : c’est reparti !!
La jacinthe a refleuri
Avec le crocus béat
Et la jonquille à tout va ;
Il m’a dit viens donc voir comme
Une promesse de pomme
Est venue du paradis
Dans les vergers engourdis.
Alors oui, c’est reparti
Le printemps a rebondi
Et comprenne qui pourra
Je suis encore là.


J'ai demandé au nuage...
J'ai demandé au nuage
Ce qu'il voyait de là-haut ?
Et il s'est mis à pleurer...
J'ai insisté : "Regarde bien !"
Alors j'ai vu son visage
D'un sourire s'éclairer...
Et il m'a raconté...
----
Le ver de terre dans les champs
Renouvelant la fertilité,
Sans se soucier des contre-temps
Qui voudraient l'en empêcher.
L'eau du ruisseau allant chantant
Sur les cailloux, chahutée.
Et l'arbre la protégeant
De sa ramure enchantée.
Des fleurs, vous m'en direz tant,
Qui s'en vont s'épanouir,
Ici ou là, au gré des vents,
Pour notre plus grand plaisir.
Pour l'homme c'est plus compliqué,
La grosse tête, il avait pris.
Il semble enfin retrouver
Le chemin de ses vrais amis.
----
Il reste d'énormes ratages
Qu'il faut encore éradiquer.
Mais l'on ne peut sans dommages
Ce qui est beau, oublier !
Si ce nuage rencontrez,
Prenez le temps de l'écouter.
Il a encor' plein de beautés
A nous raconter....
Julie - avril 2022
La leçon de lecture
Assise au premier rang, Minne a le cœur serré,
Le vent crée, dans la cour, un tourbillon doré.
Devant le tableau noir, ses yeux sont pleins de larmes,
Elle a tout oublié, prête à rendre les armes.
Maîtresse lui sourit, lui parle avec douceur,
L’énigme se dénoue, la petite a moins peur.
Assise au premier rang, Minne a les joues trop pâles,
Dans les rues désertées, le vent souffle en rafales.
Chaque jour de travail apporte sa moisson,
Il lui faut reconnaître, isoler chaque son
Et surtout retenir, comme c’est difficile !
Elle hésite souvent, lectrice malhabile.
Assise au premier rang, Minne a le cœur léger.
Pétale rose ou blanc, le printemps fait neiger.
Chaque livre à présent, lui chuchote une histoire
Et, très fière, l’enfant savoure sa victoire.
Tous les soirs, au coucher, pour sa petite sœur.
Minne se fait conteuse, elle y met de l’ardeur !
Assise dans l’auto, Minne part en vacances
Voici venir enfin le temps de l’insouciance.
Adieu, stylos, cahiers ! En plein cœur de l’été,
Elle verra bientôt l’océan miroiter.
Sa valise est emplie : pour le goûter, des vivres
Son maillot, des jouets, et surtout quelques livres.

Nous avons parcouru ensemble les saisons
Nous avons parcouru ensemble les saisons,
Le printemps nous a vus en pleine floraison,
L'été nous a bercés de passion et de feu,
L'automne nous a fait moissonneurs amoureux,
L'hiver a déposé dans nos cheveux sa neige,
Il est venu pour nous le doux temps des arpèges.
Un matin tu as vu repasser le printemps,
Blonds étaient ses cheveux les tiens étaient d'argent.
Tu m'as dit cette année ne compte pas sur moi,
Je pars à l'étranger, mon cœur est en émoi.
Lorsque tu es parti sans bruit de la maison,
Mon cœur s'est arrêté et aussi les saisons.
La pomme un peu trop verte a eu raison de toi
Dès l'automne venu, elle a quitté ton toit.
Quand je t'ai aperçu, j'étais à la fenêtre,
Arrosant les pensées que tu m'avais offertes.
Ému, mon cœur battait, n'osant à peine y croire,
Le temps était venu de finir notre histoire.
Françoise ANDRE

Les mains des quatre saisons
Sur un oreiller blanc, deux anges ouvraient leurs ailes,
C'était des mains d'enfant, Dieu comme elles étaient belles !
De petites fossettes en séparaient les doigts
Et je m’émerveillais devant ces mains de soie
Sur lesquelles brillaient des ongles de satin,
Elles étaient le printemps s'éveillant le matin.
Près d'elles s'affairaient deux jeunes tourterelles
Qui pliaient et rangeaient des robes de dentelle,
C'étaient des mains de femme, elles étaient si fines
Un doux cœur de maman battait dans leur poitrine,
Portant pétale rose en leur extrémité
Parsemé de rosée, c'était le bel été.
D'autres mains s'affairaient dans la vaste cuisine
De bons œufs et du lait mêlant à la farine,
Elles avaient la beauté du travail bien fait
Elles étaient vives, leur geste était parfait,
Portant les nervures des feuilles qui frissonnent
Annonçant les prémices d'un si bel automne.
Sur un tablier bleu, près de l'âtre posées
Deux pommes poings serrés regardaient rougeoyer
Les bûches du foyer, c'était des mains vieillies,
Chandelles s'éteignant au terme de leur vie.
Était fine leur peau sous des plis souriants
Attendant que l'hiver les croque doucement.
On entendait les voix dans toute la maison
De huit mains annonçant l'approche des saisons.
Elles représentaient quatre générations
De femmes remplissant simplement leur mission
De la vie quotidienne elles étaient la chanson,
Le blé devenant pain, passant par la moisson.
Françoise ANDRE




Un air de Printemps
qui m’éveille
Je le sens je le suis
et il m’entraîne
en son Paradis
Un air de Printemps
qui chemine tout doux
Je le sens je le suis
au sommet de la montagne
je prends et comprends tout
Un air de Printemps
qui me sourit
Je le sens je le suis
Il m’enivre et me séduit
Et j’aime la vie …
Marie-Paule DEMONT
Printemps
J’entre en printemps
l’air transparent
pour seul guide
et seule vision
les anémones en buisson
et fouler le tout
avec l’allégresse d’une saison
nouvelle et enivrante
une saison de réveil et d’émotion
Je vais par les chemins
tout enivrée
de couleurs, de senteurs
sous un ciel parfois incertain
pleine d’ardeur et de bonheur.
Au diable la pluie et ses grains
qu’importe son eau
elle va au ruisseau
qui chante et s’émeut
de la douceur du temps sur sa peau
et j’irai … j’irai
et je dirai
que tout est beau
que le monde est beau
et que cette paix retrouvée
ce bonheur redonné
il faut les apprivoiser les cajoler
leur donner envie de rester
les donner à partager
et qu’il me faut les écrire
Marie-Paule DEMONT



L’air du temps
Il traîne une inquiétude vague
un peu partout
un peu en chacun de nous
elle se moque des frontières
tout autant que des limites qu’elle méprise
tantôt sournoisement tantôt avec éclat
Arrière-plan des pensées
arrière-plan des élans
qu’elle désoriente ou qu’elle brise
elle nous joue un « air du temps » sans tambours ni trompettes
mais sur une basse d’orgues qui s’amplifie
d’écho meurtri en écho étouffé
Dies irae requiem lamento...
l’air du temps sue la peine de nos incertitudes
et les rues moroses ne cachent plus nos fuites inutiles ...
...Où est la légèreté vaporeuse
le je ne sais quoi insaisissable
qui cambrait les reins et faisait pétiller les yeux
sans qu’on sache pourquoi
mais cela n’importait pas
il y avait promesse
un peu fuyante peut-être
refrains sans consistance mais au fredon joyeux
la lumière dansait au petit matin et le soir
s’allumait d’espace à l’horizon
Et pourtant
une fêlure s’entend dans cet actuel désenchantement
quelque chose du trait qui sera aveuglant
laisse percer une lueur timide
par où demain s’irisera
Daniel-Claude Collin/ septembre 2017


Saison d’enfer
UKRAINE
Les tirs, la peur, le feu, les bombes,
La guerre est un échec sans fin
Avec partout ses hécatombes
Ses cortèges de froid, de faim.
À chaque porte sa misère,
à chaque rue son flot humain
Fuyant la mort et la colère
Et la pénurie de demain.
Nul aujourd’hui n’a l’ignorance
Pour s’absoudre ou pour excuser
C’est en absolue connaissance
Que s’aiguise la cruauté.
Comment peut-il encore se faire
Qu’un homme puisse, seul, acculer
Des millions d’autres à se taire
Ou bien à mourir ou à tuer ?
Peuple russe réveille-toi
Chasse les démons de tes terres,
Ne laisse pas mourir tes frères
Qui luttent aujourd’hui pour leur droit
Comme tu as lutté naguère
Avec ta ferveur et ta foi.
Ils sont des fils, ils sont des pères,
Ils ont le même accent que toi.
Toi seul peux écraser ce chien,
Qui sème la honte et la rage…
Par ce passé qui t’appartient,
Aide tes frères dans leur courage
Soulève avec eux l’espérance,
Elle est la force, elle est le droit.
Contre la haine et la violence,
Peuple russe réveille-toi !
Irène Gaultier-Leblond 17 mars 2022