Parodie

Quelques citations et détournements de proverbes célèbres

Trop souvent, l'enfant est la parodie de l'homme, et l'homme la parodie de l'enfant. Marie Pochet Neveux
“ Est-ce que vieillir consiste à développer une parodie de soi ? ” Yasmina Reza
“ Parodies et caricatures sont les plus pénétrantes des critiques. ” Aldous Huxley
Le théâtre au moins m'aide. La parodie vaut mieux que le mensonge : elle est plus près de la vérité qu'elle joue.
Albert Camus
La justice n'a rien à voir avec la loi, qui n'en est que la déformation, la charge et la parodie.
Georges Courteline
Le sacrifice perd toute grandeur s'il n'est plus qu'une parodie ou un suicide. Il est beau de se sacrifier : quelques-uns meurent pour que les autres soient sauvés. On fait la part du feu dans l'incendie.
Antoine de Saint-Exupéry
Mais j'aime bien parodier les choses, voir les choses telles qu'elles se passent avec le petit décalage qui les rend drôles. Eh bien, le petit décalage c'est cette logique qui peu à peu se déforme pour devenir de la parodie. René Goscinny
L'avenir appartient à ceux qui se lèvent tôt « L'avenir appartient à ceux qui se lavent tôt (parce qu'il reste de l'eau chaude) »
Dans une galaxie près de chez vous
Noël au balcon, Pâques au tison « Noël au scanner, Pâques au cimetière » Pierre Desproges
Tant va la cruche à l'eau qu'à la fin elle se brise « Tant va la cruche à l'eau qu'à la fin elle s'emplit » Beaumarchais
« Tant va la cruche à l'eau qu'à la fin y a plus d'eau » Coluche
Ne remets jamais au lendemain ce que tu peux faire le jour même « Ne remets pas à demain… ce que tu peux faire après-demain» Alphonse Allais
Il ne faut pas vendre la peau de l'ours avant de l'avoir tué « Il ne faut pas vendre peau de l'ours, surtout... surtout s'il n'est pas d'accord avec le prix » Dans une galaxie près de chez vous
Un seul être vous manque et tout est dépeuplé (Lamartine) « Un seul être vous manque et tout est repeuplé » Jean Giraudoux (dans La guerre de Troie n'aura pas lieu)
« Un seul hêtre vous manque et tout est des peupliers »
Jean-Paul Grousset (dans Si t'es gai, ris donc !)
- Les cruciverbistes le savent : une seule lettre vous manque et tout est dépeuplé… Daniel Confland
Pierre qui roule n'amasse pas mousse « Bière qui coule n'amasse point de mousse » Victor Hugo (dans Les Misérables)
Plus on est de fous, plus on rit « Plus il y a de fous, moins il y a de riz » Coluche
Tous pour un un pour tous « Tousse pour un, rhume pour tous ». (Anonyme)
« Bien mal acquis ne profite jamais qu'à ceux qui sont assez malins pour ne pas se faire épingler » Pierre Dac
Partir, c'est mourir un peu, mais mourir, c'est partir beaucoup. Alphonse Allais
Des textes d'auteurs et leurs parodies
Il n'est rien de si beau comme Caliste est belle :
C'est une oeuvre où Nature a fait tous ses efforts :
Et notre âge est ingrat qui voit tant de trésors,
S'il n'élève à sa gloire une marque éternelle.
La clarté de son teint n'est pas chose mortelle :
Le baume est dans sa bouche, et les roses dehors :
Sa parole et sa voix ressuscitent les morts,
Et l'art n'égale point sa douceur naturelle.
La blancheur de sa gorge éblouit les regards :
Amour est en ses yeux, il y trempe ses dards,
Et la fait reconnaître un miracle visible.
En ce nombre infini de grâces, et d'appas,
Qu'en dis-tu ma raison ? crois-tu qu'il soit possible
D'avoir du jugement, et ne l'adorer pas ? T
François de MALHERBE 1555 - 1628
De toutes les laideurs, Francine est la plus laide,
C’est une oeuvre où Nature a fait tous ses efforts :
Et tant de saletés habitent sur son corps,
Que d’un retrait rempli de parfums il excède.
La clarté de son teint du sublimé procède :
Il la garde dedans et la porte dehors ;
Sa voix d’une grenouille imite les accords,
Et l’art n’y peut jamais donner aucun remède.
La cire de ses yeux éblouit les regards :
Ainsi que dans le miel Amour y tient ses dards,
Dont il la perce à jour comme l’on fait un crible.
Mes yeux en la voyant font un mauvais repas :
Qu’en dis-tu ma raison ? crois-tu qu’il soit possible
D’avoir du jugement, et ne l’abhorrer pas ?
► BERTHELOT parodiant MALHERBE :
Mon père, ce héros au sourire si doux,
Suivi d'un seul housard qu'il aimait entre tous
Pour sa grande bravoure et pour sa haute taille,
Parcourait à cheval, le soir d'une bataille,
Le champ couvert de morts sur qui tombait la nuit.
Il lui sembla dans l'ombre entendre un faible bruit.
C'était un Espagnol de l'armée en déroute
Qui se traînait sanglant sur le bord de la route,
Râlant, brisé, livide, et mort plus qu'à moitié.
Et qui disait : " A boire ! à boire par pitié ! "
Mon père, ému, tendit à son housard fidèle
Une gourde de rhum qui pendait à sa selle,
Et dit : "Tiens, donne à boire à ce pauvre blessé. "
Tout à coup, au moment où le housard baissé
Se penchait vers lui, l'homme, une espèce de maure,
Saisit un pistolet qu'il étreignait encore,
Et vise au front mon père en criant : "Caramba ! "
Le coup passa si près que le chapeau tomba
Et que le cheval fit un écart en arrière.
" Donne-lui tout de même à boire ", dit mon père.
Victor Hugo Après la bataille
Mon père, cet anchois au sourire andalou,
Suivi d’un nénuphar qu’il aimait entre tous
Pour son faux col vert neige fait en pierre de taille,
Parcourait en nageant la foire à la ferraille,
Où se tenaient, pensifs, des melons accroupis…
Soudain, son gros orteil crut percevoir des cris…
C’était un hérisson voltigeant sur la route,
Qui brûlait son chandail pour mieux casser la croûte,
En criant : « un chou-fleur pour cirer mes souliers !!!
Ou bien un bec de gaz pour me laver les pieds !!!… »
Mon père, ému, tendit au nénuphar fidèle
L’obélisque à vapeur où trempait sa bretelle
Et dit : « mouche la jambe à cet oiseau blessé,
Et brûle-lui l’œil droit avec un fer glacé. »
À ce moment précis, surgissait du « rat mort »,
En marchant sur les mains, un boa constrictor
Qui lança sur mon père sa veste en alpaga.
Le coup passa si près qu’un hareng se noya,
Et qu’un éléphant blanc tomba dans la soupière.
« Hurrah ! », cria mon père, se mordant la paupière.
Pierre Dac / L’os à Moelle - organe officiel des loufoques /
Le corbeau et le renard
Maître corbeau, sur un arbre perché,
Tenait en son bec un fromage.
Maître renard, par l'odeur alléché,
Lui tint à peu près ce langage :
«Hé ! bonjour, monsieur du corbeau,
Que vous êtes joli ! que vous me semblez beau !
Sans mentir, si votre ramage
Se rapporte à votre plumage,
Vous êtes le phénix des hôtes de ces bois.»
À ces mots le corbeau ne se sent pas de joie ;
Et, pour montrer sa belle voix,
Il ouvre un large bec, laisse tomber sa proie.
Le renard s'en saisit, et dit : « Mon bon monsieur,
Apprenez que tout flatteur
Vit aux dépens
De celui qui l'écoute :
Cette leçon vaut bien un fromage, sans doute. »
Le corbeau, honteux et confus,
Jura, mais un peu tard, qu'on ne l'y prendrait plus.
Jean de LA FONTAINE

Le renard et le corbeau
ou si l'on préfère
la (fausse) poire et le (vrai) fromage
Or donc, Maître Corbeau,
Sur son arbre perché, se disait : « Quel dommage
Qu'un fromage aussi beau,
Qu'un aussi beau fromage
Soit plein de vers et sente si mauvais.
Tiens ! voilà le renard : je vais,
Lui qui me prend pour une poire,
Lui jouer, le cher ange, un tour de ma façon.
Ça lui servira de leçon ! »
Passons sur les détails, vous connaissez l'histoire
Le discours que le renard tient,
Le corbeau qui ne répond rien
(Tant il rigole !),
Bref, le fromage dégringole...
Depuis, le renard n'est pas bien ;
Il est malade comme un chien.
Jean-Luc MOREAU,
La cigale et la fourmi
La Cigale, ayant chanté
Tout l'été,
Se trouva fort dépourvue
Quand la bise fut venue :
Pas un seul petit morceau
De mouche ou de vermisseau.
Elle alla crier famine
Chez la Fourmi sa voisine,
La priant de lui prêter
Quelque grain pour subsister
Jusqu'à la saison nouvelle.
« Je vous paierai, lui dit-elle,
Avant l'Oût, foi d'animal,
Intérêt et principal. »
La Fourmi n'est pas prêteuse :
C'est là son moindre défaut.
« Que faisiez-vous au temps chaud ?
Dit-elle à cette emprunteuse.
— Nuit et jour à tout venant
Je chantais, ne vous déplaise.
— Vous chantiez ? J’en suis fort aise.
Eh bien ! Dansez maintenant. »
Jean de la Fontaine

La fourmi et la cigale
La fourmi ayant stocké
Tout l'hiver
Se trouva fort encombrée
Quand le soleil fut venu :
Qui lui prendrait ses morceaux
De mouches ou de vermisseaux ?
Elle tenta de démarcher
Chez la cigale, sa voisine,
La poussant à s'acheter
Quelques grains pour subsister
Jusqu'à la saison prochaine.
« Vous me paierez, lui dit-elle,
Après l'oût, foi d'animal,
Intérêt et principal. »
La cigale n'est pas gourmande :
C'est là son moindre défaut.
Que faisiez-vous au temps froid ?
Dit-elle à cette amasseuse. -
--Nuit et jour à tout venant
Je stockais, ne vous déplaise.
-- Vous stockiez ? j'en suis fort aise ;
Et bien soldez maintenant. »
Françoise Sagan
Nos parodies de poèmes
C’est un trou de verdure où chante une rivière,
Accrochant follement aux herbes des haillons
D’argent ; où le soleil, de la montagne fière,
Luit : c’est un petit val qui mousse de rayons.
Un soldat jeune, bouche ouverte, tête nue,
Et la nuque baignant dans le frais cresson bleu,
Dort ; il est étendu dans l’herbe, sous la nue,
Pâle dans son lit vert où la lumière pleut.
Les pieds dans les glaïeuls, il dort. Souriant comme
Sourirait un enfant malade, il fait un somme :
Nature, berce-le chaudement : il a froid.
Les parfums ne font pas frissonner sa narine ;
Il dort dans le soleil, la main sur sa poitrine,
Tranquille. Il a deux trous rouges au côté droit.
Arthur Rimbaud
C'est un petit vallon où coule une eau boueuse.
Sous les branches tordues des arbres rabougris,
dans les sombres recoins, comme l’ombre est douteuse,
les fleurs ne poussent pas. Sordide cailloutis.
Un vieux pneu à moitié caché dans la fangeuse
gadoue molle inexorablement s’engloutit.
Là le rat s’y promène ; une odeur nauséeuse
monte des détritus, des ordures enfouies
Mille fois rechapé il glisse vers le fond
la nature à l’entour éperdument s’en moque :
On lui aura tout fait à toutes les époques !
Pauvre vieux Michelin jeté comme un chiffon
loin de la nationale et loin de l’autoroute,
Deux pointes acérées dans ta gomme te cloutent.
Marine
L’Océan sonore
Palpite sous l’œil
De la lune en deuil
Et palpite encore,
Tandis qu’un éclair
Brutal et sinistre
Fend le ciel de bistre
D’un long zigzag clair,
Et que chaque lame,
En bonds convulsifs,
Le long des récifs
Va, vient, luit et clame,
Et qu’au firmament,
Où l’ouragan erre,
Rugit le tonnerre
Formidablement.
Paul Verlaine
Poèmes saturniens
Farine.
Le moulin dévore
sous le vent ailé
des graines de blé
encore et encore,
tout en écrasant
entre ses mâchoires
voraces et noires
les cadeaux du champ.
Et puis la farine
qu’ainsi l’on produit
donne chaque nuit
de la pâte fine
qui, dans le pétrin,
deviendra baguette
au goût du poète
heureux du festin !
Cayeux-sur-Mer, le 3 septembre 2022.


Chanson d’automne
Les sanglots longs
Des violons
De l’automne
Blessent mon cœur
D’une langueur
Monotone.
Tout suffocant
Et blême, quand
Sonne l’heure,
Je me souviens
Des jours anciens
Et je pleure
Et je m’en vais
Au vent mauvais
Qui m’emporte
Deçà, delà,
Pareil à la
Feuille morte.
Paul Verlaine

Chant du printemps
Les joies pressées
Et enchantées
Du printemps
Bercent mon corps
De beaux essors
Impatients.
Sage et rêvant
Et quiet autant
Qu’en attente,
L’âme à tous vents,
J’oublie le temps
Et je chante
Et je reviens
Dans l’air serein
Qui se pose
Sur le jardin
Plein du parfum
D’une rose.
L'autochtone.
Il n'eut des "ronds"
des vieux colons
qu'en aumône,
blessant son cœur
plein de rancœur
d'autochtone.
Tout suffocant
de rage, tant
ça l'écœure,
il se souvient
du jour où vint
enfin l'heure.
C'est désormais
un FIS mauvais
qui l'emporte
au nom d'Allah
de sa casbah
vers la morgue.
May-sur-Orne, le 27 avril 1997.
LE LOUP ET L’AGNEAU
La raison du plus fort est toujours la meilleure :
Nous l'allons montrer tout à l'heure.
Un Agneau se désaltérait
Dans le courant d'une onde pure.
Un Loup survient à jeun qui cherchait aventure,
Et que la faim en ces lieux attirait.
"Qui te rend si hardi de troubler mon breuvage ?
Dit cet animal plein de rage :
Tu seras châtié de ta témérité.
— Sire, répond l'Agneau, que votre Majesté
Ne se mette pas en colère ;
Mais plutôt qu'elle considère
Que je me vas désaltérant
Dans le courant,
Plus de vingt pas au-dessous d'Elle,
Et que par conséquent, en aucune façon,
Je ne puis troubler sa boisson.
— Tu la troubles, reprit cette bête cruelle,
Et je sais que de moi tu médis l'an passé.
— Comment l'aurais-je fait si je n'étais pas né ?
Reprit l'Agneau, je tète encor ma mère.
— Si ce n'est toi, c'est donc ton frère.
— Je n'en ai point.
— C'est donc quelqu'un des tiens :
Car vous ne m'épargnez guère,
Vous, vos bergers, et vos chiens.
On me l'a dit : il faut que je me venge."
Là-dessus, au fond des forêts
Le Loup l'emporte, et puis le mange,
Sans autre forme de procès.
Jean de La Fontaine


L’AGNEAU ET LE LOUP
Un agneau un peu benêt
se trouva un jour nez à nez
avec un loup en maraude.
— Quoi dit celui-ci, tu rôdes
dans mes parages.
Est-ce bien sage ?
— Oh ! Pardon balbutie l’agneau tremblant
en ce face à face pour le moins troublant.
Je ne fais que passer.
Je me suis égaré,
car j’ai perdu ma mère,
ma vie est bien amère…
— Je vois dit le loup condescendant.
Faisons un bout de route ensemble ?
— Pas ce jour, dit l’agneau, cependant
une autre fois si bon te semble ?
— Tu ne manques pas de toupet
lui répond le loup
se faisant tout doux.
Mais si tu veux, faisons la paix.
— Puis-je hasarder un conseil (dit l’agneau)
— Dis toujours, toi le sans pareil
— Voilà dit l’agneau inspiré :
J’ai ouï dire
qu’il était déconseillé pour la santé
de bien réduire
de la viande, la consommation.
Serait-ce une bonne solution ?
Conseil d’ami, ne t’en déplaise.
Sur ce je te quitte, bien aise.
Laissant le loup dubitatif
— Il ne me faut être naïf
Je vais y réfléchir, dit-il,
car tout ceci est bien subtil…
MORALITÉ :
Là où le dialogue subsiste
l’espoir, de même persiste
L’ALBATROS
Souvent, pour s’amuser, les hommes d’équipage
Prennent des albatros, vastes oiseaux des mers,
Qui suivent, indolents compagnons de voyage,
Le navire glissant sur les gouffres amers.
À peine les ont-ils déposés sur les planches,
Que ces rois de l'azur, maladroits et honteux,
Laissent piteusement leurs grandes ailes blanches
Comme des avirons traîner à côté d'eux.
Ce voyageur ailé, comme il est gauche et veule !
Lui, naguère si beau, qu'il est comique et laid !
L'un agace son bec avec un brûle-gueule,
L'autre mime, en boitant, l'infirme qui volait !
Le Poète est semblable au prince des nuées
Qui hante la tempête et se rit de l'archer ;
Exilé sur le sol au milieu des huées,
Ses ailes de géant l'empêchent de marcher.
Charles Baudelaire
Imprécations
Rome l’unique objet de mon ressentiment !
Rome à qui vient ton bras d’immoler mon amant !
Rome qui t’a vu naître et que ton cœur adore !
Rome enfin que je hais parce qu’elle t’honore !
Puissent tous ces voisins ensemble conjurés
Saper ses fondements encore mal assurés !
Et , si ce n’est assez de toute l’Italie,
Que l’Orient contre elle à l’Occident s’allie ; [ ... ]
Que le courroux du ciel allumé par mes vœux
Fasse pleuvoir sur elle un déluge de feux.
Puissé-je de mes yeux y voir tomber ce foudre ,
Voir ses maisons en cendres et tes lauriers en poudre,
Voir le dernier Romain à son dernier soupir,
Moi seule en être cause, et mourir de plaisir.
Jean Racine Horace

L’ÂGE ATROCE
Souvent, pour se marrer, les gars du patronage
S’emparaient de grands seaux de plastique ou de fer
Qu’ils remplissaient d’eau claire au ru du voisinage,
Se souciant fort peu du diable ou de l’enfer.
Quand les filles passaient vêtues de robes blanches,
Ces vilains galapiats enclins aux jeux douteux,
Perchés sur des murets ou sur des tas de planches,
Les aspergeaient gaiement, ni gênés, ni honteux.
La plus fière, en chagrin, s’enfermait toute seule,
Contenant sa colère au fond de son palais.
Puis, la rage venant, affûtait sur la meule
La lame qui devait la venger sans délai.
Le poète est semblable aux fillettes mouillées…
Sous un flot de mépris on voudrait le doucher ;
Mais les mots qu’on décrypte en ses strophes souillées
Sont pour ses arroseurs un terrible bûcher.
© Daniel Cuvilliez, poète

Imprécations
Rhume, l’unique objet de mon ressentiment !
Rhume, par qui mon nez rougit vilainement !
Rhume, que j’ai vu naître et que mon cœur abhorre !
Rhume, enfin que je hais, langueur que je déplore !
Puissent les palliatifs ensemble conjurés
Saper ses fondements déjà bien assurés !
Et si ce n’est assez de cette panoplie,
Que sirops contre lui à gélules s’allient !
Que tout l’art d’Hippocrate appelé par mes vœux
Fasse pleuvoir sur lui un déluge de feux !
Puissé-je de mes yeux voir tomber cette foudre,
Voir ces affreux virus à s’enfuir se résoudre,
Voir le dernier microbe à son dernier soupir,
Moi seule en être cause et guérir de plaisir.

L’âne bâté
Je suis bête ô Besch’rel’ ! comme une cruche en pierre,
Mon cerveau que les profs ont lâché tour à tour,
Est fait pour inspirer au puriste un détour
Essentiel s’il chérit la langue de Molière.
Je trône au dernier rang comme un cancre incompris
J’unis un cœur passif à ma sottise insigne.
Je hais ce stylo bleu qui dépasse les lignes,
Et jamais je n’écris et jamais je ne lis.
Les enseignants devant mes inexactitudes
Que j’ai l’air d’emprunter aux plus incompétents
M’interdiront alors d’inutiles études ;
Car j’ai pour dégoûter ces gens si méritants
De singuliers miroirs, reflets de ma cervelle :
Mes yeux, mes larges yeux dépourvus d’étincelle !
La beauté
Je suis belle, ô mortels ! comme un rêve de pierre,
Et mon sein, où chacun s'est meurtri tour à tour,
Est fait pour inspirer au poète un amour
Éternel et muet ainsi que la matière.
Je trône dans l'azur comme un sphinx incompris ;
J'unis un cœur de neige à la blancheur des cygnes ;
Je hais le mouvement qui déplace les lignes,
Et jamais je ne pleure et jamais je ne ris.
Les poètes, devant mes grandes attitudes,
Que j'ai l'air d'emprunter aux plus fiers monuments,
Consumeront leurs jours en d'austères études ;
Car j'ai, pour fasciner ces dociles amants,
De purs miroirs qui font toutes choses plus belles :
Mes yeux, mes larges yeux aux clartés éternelles !
Charles Baudelaire

Sur mes cahiers d’écolier
Sur mon pupitre et les arbres
Sur le sable sur la neige
J’écris ton nom
Sur toutes les pages lues
Sur toutes les pages blanches
Pierre sang papier ou cendre
J’écris ton nom
Sur les images dorées
Sur les armes des guerriers
Sur la couronne des rois
J’écris ton nom
Sur la jungle et le désert
Sur les nids sur les genêts
Sur l’écho de mon enfance
J’écris ton nom
Sur les merveilles des nuits
Sur le pain blanc des journées
Sur les saisons fiancées
J’écris ton nom
Sur tous mes chiffons d’azur
Sur l’étang soleil moisi
Sur le lac lune vivante
J’écris ton nom
Sur les champs sur l’horizon
Sur les ailes des oiseaux
Et sur le moulin des ombres
J’écris ton nom
Sur chaque bouffée d’aurore
Sur la mer sur les bateaux
Sur la montagne démente
J’écris ton nom
Sur la mousse des nuages
Sur les sueurs de l’orage
Sur la pluie épaisse et fade
J’écris ton nom
Sur les formes scintillantes
Sur les cloches des couleurs
Sur la vérité physique
J’écris ton nom
Sur les sentiers éveillés
Sur les routes déployées
Sur les places qui débordent
J’écris ton nom
Sur la lampe qui s’allume
Sur la lampe qui s’éteint
Sur mes maisons réunies
J’écris ton nom
Sur le fruit coupé en deux
Du miroir et de ma chambre
Sur mon lit coquille vide
J’écris ton nom
Sur mon chien gourmand et tendre
Sur ses oreilles dressées
Sur sa patte maladroite
J’écris ton nom
Sur le tremplin de ma porte
Sur les objets familiers
Sur le flot du feu béni
J’écris ton nom
Sur toute chair accordée
Sur le front de mes amis
Sur chaque main qui se tend
J’écris ton nom
Sur la vitre des surprises
Sur les lèvres attentives
Bien au-dessus du silence
J’écris ton nom
Sur mes refuges détruits
Sur mes phares écroulés
Sur les murs de mon ennui
J’écris ton nom
Sur l’absence sans désir
Sur la solitude nue
Sur les marches de la mort
J’écris ton nom
Sur la santé revenue
Sur le risque disparu
Sur l’espoir sans souvenir
J’écris ton nom
Et par le pouvoir d’un mot
Je recommence ma vie
Je suis né pour te connaître
Pour te nommer
Liberté.
Paul Eluard

Dans tes couches de bébé
Dans les bras de ta mémé
Dans la crèche du quartier
Tu cries ces mots
Dans le jardin des enfants
Dans le square avec maman
Câline aimante ou absente
Tu cries ces mots
Dans ton école primaire
Dans maternelle ou 7ème
Dans les draps blancs de ton lit
Tu cries ces mots
Au collège et au lycée
Dans les cantines et dortoirs
Dans les cabinets le soir
Tu cries ces mots
Dans tous les cours et récrés
Dans tous les coins et recoins
Dans les coups durs et bagarres
Tu cries ces mots
Dans les salles d’examen
Dans les disserts et copies
Dans le flou de tes devoirs
Tu cries ces mots
Dans les boutiques et les rues
Dans la foule et la cohue
Et dans le silence du soir
Tu cries ces mots
Dans les crachats de fumée
Dans les teufs dans les soirées
Dans le creux de tous les lits
Tu cries ces mots
Dans le vert des pâturages
Dans la trouille et le courage
Dans la crasse la plus polluée
Tu cries ces mots
Dans le bateau chavirant
Dans le métro cahotant
Dans la fausseté du moment
Tu cries ces mots
Dans la barbe du bourgeois
Dans les dents du vieux grincheux
Dans les doux yeux qui scintillent
Tu cries ces mots
Dans la chambre qui étreint
Dans le monde qui s’éteint
Dans les tranchées de la vie
Tu cries ces mots
Dans la bouteille à la mer
Du ver pourri du jardin
Dans la tour de ton ordi
Tu cries ces mots
Dans les tavernes et les grottes
Dans Les fissures des rocs
Dans les flaques scintillantes
Tu cries ces mots
Dans les pas de tous tes potes
Dans les poches du blouson
Dans la ronde des saisons
Tu cries ces mots
Dans la peau du Cro-Magnon
Dans le clair de tes passions
Dans le courant du torrent
Tu cries ces mots
Dans l’éclat des fausses dents
Dans cette chair repulpée
Comme une très vieille tourte
Tu cries ces mots
Dans les galères du jour
Dans le verre de l’amour
Dans les joies de vie pourrie
Tu cries ces mots
Dans le noir de tes pulsions
Dans l’effroi de ta raison
Dans la tombe des beaux jours
Tu cries ces mots
Dans la peur des lendemains
Dans le manque des petits riens
Dans la folie des terreurs
Tu cries ces mots
Et puisque c’est poésie
Que d’écrire en parodie
Tu es là pour te distraire
Et pour hurler
Oh ! la ! la !


PAS DE PARODIE
Ma parodie j’y penserai lundi
Ma parodie je l’écrirai mardi
Je la fignolerai ce mercredi
Je dis que je l’imprimerai jeudi
Je devrais vous la vendre vendredi
Si ça me dit vous l’aurez samedi
Désolée nous sommes déjà dimanche
Je suis partie en bateau sur la Manche
PAS DE PARODIE !
Danièle MANOURY CAEN LE 20 JUILLET 2022

Nos parodies de chansons
A la claire fontaine
À la claire fontaine
M'en allant promener,
J'ai trouvé l'eau si belle,
Que je m'y suis baignée.
Il y a longtemps que je t'aime
Jamais je ne t'oublierai.
Sous les feuilles d'un chêne
Je me suis fait sécher,
Sur la plus haute branche,
Un rossignol chantait.
Il y a longtemps que je t'aime
Jamais je ne t'oublierai.
Chante, rossignol, chante,
Toi qui as le cœur gai,
Tu as le cœur a rire,
Moi, je l'ai à pleurer.
Il y a longtemps que je t'aime
Jamais je ne t'oublierai.
J'ai perdu mon ami
Sans l'avoir mérité,
Pour un bouquet de roses,
Que je lui refusai.
Il y a longtemps que je t'aime
Jamais je ne t'oublierai.
Je voudrais que la rose
Fût encore au rosier,
Et que mon ami Pierre
Fût encore à m'aimer

A la claire fontaine !
A la claire fontaine
M’en allant promener
L’eau était si sereine
Qu’il me prit de rêver.
La campagne était belle,
Un rossignol chantait.
Je me crus éternelle,
Tout le monde s’aimait.
Mais la guêpe piqueuse
Vite me rappela,
Que moins harmonieuse
Est la vie d’ici-bas.
Alors fontaine claire
M’a livré son secret :
« La vie est un mystère
A aimer comme elle est. »
Merci claire fontaine !
Pourtant s’il m’arrivait
Une trop lourde peine,
Alors, je reviendrai.
Jamais je ne t’oublierai.
-----
- Julie -
Dialogue avec nos ancêtres
Parodie sur la comptine « Frère Jacques »


1 -
Nos Ancêtres !
Chers Ancêtres !
Que faites-vous ?
Réveillez-vous !
La planète en flamme
C'est vraiment infâme
Ce serait
De votre fait.
>>>>>>>>>>>>>>>>>>
2 -
Chers Ancêtres !
Vous nos maîtres !
Avouez
Occulter
Mettre aux oubliettes
Ce que des prophètes
Annonçaient
Sans arrêt.
>>>>>>>>>>>>>>>>>>
3 -
Notre terre
Cet Univers
Ce trésor
Qu'on déflore
Cette pure merveille
Toujours sans pareille
Faut décider
De la sauver.
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1 bis -
Chers Enfants
Petits-Enfants
Vous tenez
A nous accuser
Dans un engrenage
Venu d'un autre âge
On s'est laissé
Tous piéger.
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2 bis -
Chers enfants
Si arrogants
Vous rêvez
De sainteté
C'était pas facile
Les choix difficiles
On a fait
Comme on pouvait.
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3 bis -
Frère Jacques !
Frère Jacques !
On va cesser
De se défiler...
Relevons nos manches
Enfin la revanche...
Allons-y !
C'est parti !
Ding ! Dung ! Dong !
Ding ! Dung ! Dong !
Julie - octobre 2022
L’ORAGE -
Parlez-moi de la pluie et non pas du beau temps
Le beau temps me dégoûte et m'fait grincer les dents
Le bel azur me met en rage
Car le plus grand amour qui m'fut donné sur terre
Je l'dois au mauvais temps, je l'dois à Jupiter
Il me tomba d'un ciel d'ora-ge.
Par un soir de novembre, à cheval sur les toits
Un vrai tonnerre de Brest avec des cris d'putois
Allumait ses feux d'artifice
Bondissant sur ma couche, en costume de nuit,
Ma voisine affolée vint cogner à mon huis
En réclamant mes bons offices.
Je suis seule et j'ai peur, ouvrez-moi par pitié
Mon époux vient d'partir faire son dur métier
Pauvre malheureux mercenaire
Contraint d'coucher dehors quand il fait mauvais temps
Pour la bonne raison qu'il est représentant
D'un' maison de paratonnerres.
En bénissant le nom de Benjamin Franklin
Je l'ai mise en lieu sûr entre mes bras câlins
Et puis l'amour a fait le reste
Toi qui sèmes des paratonnerres à foison
Que n'en as-tu planté sur ta propre maison
Erreur on ne peut plus funeste.
Quand Jupiter alla se faire entendre ailleurs
La belle ayant enfin conjuré sa frayeur
Et retrouvé tout son courage
Rentra dans ses foyers, faire sécher son mari
En m'donnant rendez-vous les jours d'intempérie
Rendez-vous au prochain orage.
À partir de ce jour j'n'ai plus baissé les yeux
J'ai consacré mon temps à contempler les cieux
À regarder passer les nues
À guetter les stratus, à lorgner les nimbus
À faire les yeux doux aux moindres cumulus
Mais elle n'est pas revenue.
Son bonhomme de mari avait tant fait d'affaires
Tant vendu ce soir-là de petits bouts de fer
Qu'il était dev'nu millionnaire
Et l'avait emmenée vers des cieux toujours bleus
Des pays imbéciles où jamais il ne pleut
Où l'on ne sait rien du tonnerre.
Dieu fass' que ma complainte aille tambour battant
Lui parler de la pluie, lui parler du gros temps
Auquel on a t'nu tête ensemble
Lui conter qu'un certain coup de foudre assassin
Dans le mill' de mon coeur a laissé le dessin
D'une petite fleur qui lui ressemble.
Georges Brassens

L’ORAGE
Parlez-moi du beau temps et non pas de la pluie,
Quand elle frappe à tout-vent, j’ouvre le parapluie.
Et le déluge me met en rage…
J’adore le soleil où se baigne la Terre,
J’aime le bel azur, j’abhorre Jupiter,
Mais je hais tous les ciels d’orage !
Par un soir du mois d’août, à bride rabattue,
Un vrai tonnerre normand éclata dans les nues,
Allumant ses feux d’artifice…
LE PC, la télé, rien ne fonctionnait plus…
Et l’assureur me dit : « Ah ! C’est vrai qu’il a plu ! »
Je réclamai ses bons offices…
Mais à la vétusté, il fit une allusion ;
J’écoutai avec soin, maintes explications…
Oh ! Malheureux propriétaire,
Contraint de remplacer mais aussi de payer,
Pour la bonne raison que tout était grillé,
A cause du maudit tonnerre !
D’ingénieux ouvriers me sauvèrent des eaux
Et pour les remercier, j’alignai les euros…
Puis j’achetai un « Millionnaire »
Je tentai de gagner le montant des factures,
Je confiai au hasard le poids des jours futurs,
Mais il avait la tête en l’air !
D’une prise géniale, je me suis donc pourvue
Et défiant Jupiter, lui en mis plein la vue !
Je retrouvai tout mon courage…
Je ne m’angoisse plus lorsque tombe la pluie,
Et que les éclairs fusent, les jours d’intempéries,
Voyez ! Je ne crains plus l’orage !
Mon voisin me confia aussi ses aventures,
Il me prit dans ses bras et sous la couverture,
Il murmura « Restons ensemble !
Puisque notre sagesse conjura nos destins,
D’une tendre passion, conjuguons nos desseins.
Le coup de foudre nous rassemble ! »
Faites que ma complainte aille tambour battant,
Chanter qu’après l’averse, vient toujours le printemps !
Quand le bonheur revient sur Terre,
Faites-lui les yeux doux, au diable la tristesse :
Il faudrait être fou pour la tenir en laisse !
Faites l’amour et pas la guerre …
Dans le ciel, maintenant, quand je vois des nimbus
Ou bien quand se déchaîne le moindre cumulus,
Je peux contrer tous les naufrages ;
Car je berce mon âme d’un chant qui rend plus fort,
Grâce à toi, Cupidon, je sais qu’il vaut de l’or…
Et dans mon cœur, point de nuages !
La montagne
Ils quittent un à un le pays
Pour s'en aller gagner leur vie,
loin de la terre où ils sont nés
Depuis longtemps ils en rêvaient
De la ville et de ses secrets,
du formica et du ciné
Les vieux, ça n'était pas original
Quand ils s'essuyaient machinal,
d'un revers de manche les lèvres
Mais ils savaient tous à propos
Tuer la caille ou le perdreau
et manger la tomme de chèvre
Pourtant, que la montagne est belle,
comment peut-on s'imaginer
En voyant un vol d'hirondelles,
que l'automne vient d'arriver ?
Avec leurs mains dessus leurs têtes
Ils avaient monté des murettes
jusqu'au sommet de la colline
Qu'importent les jours, les années
Ils avaient tous l'âme bien née,
noueuse comme un pied de vigne
Les vignes, elles courent dans la forêt
Le vin ne sera plus tiré,
c'était une horrible piquette
Mais il faisait des centenaires
À ne plus savoir qu'en faire,
s'il ne vous tournait pas la tête
Pourtant, que la montagne est belle,
comment peut-on s'imaginer
En voyant un vol d'hirondelles,
que l'automne vient d'arriver ?
Deux chèvres et puis quelques moutons
Une année bonne et l'autre non,
et sans vacances, et sans sorties
Les filles veulent aller au bal
Il n'y a rien de plus normal
que de vouloir vivre sa vie
Leur vie, ils seront flics ou fonctionnaires
De quoi attendre sans s'en faire
que l'heure de la retraite sonne
Il faut savoir ce que l'on aime
Et rentrer dans son HLM,
manger du poulet aux hormones
Pourtant, que la montagne est belle,
comment peut-on s'imaginer
En voyant un vol d'hirondelles,
que l'automne vient d'arriver ?
Jean Ferrat

Exode
Ils quittent en file leur pays
Pour tenter de sauver leur vie
Même bien loin d’où ils sont nés…
Voilà longtemps qu’ils en rêvaient
De quitter cette Russie-là,
Arrestations et halte-là.
Les jeunes ne trouvaient rien d’original
A tuer d’un geste magistral
Un Ukrainien dans sa campagne.
Ils s’enfuiraient tous à propos,
Pour mieux repartir à zéro,
Avec enfants, parents, compagne…
Pourtant que Moscou était belle
Comment peut-on imaginer,
Voyant voler les tourterelles
Que la guerre vient d’arriver.
Avec les mains dessus leurs têtes
Quand les militaires les arrêtent
Avant de passer la frontière ;
Qu’importe à Dieu toutes leurs prières
Ils n’en auront plus rien à faire
De cette invasion étrangère…
Déçus, ils courent dans la forêt,
Les flics ne pourront plus tirer
Ils trouveront une cachette…
Et s’ils se retrouvent en prison
Ils ne perdront pas la raison,
Au moins ils sauveront leur tête.
Pourtant que Moscou serait belle,
Si on pouvait imaginer
Que ces milliers de tourterelles
Apporteraient enfin la Paix.
Deux tanks et mobilisation
Armes devant et plan d’action,
Ils bloquent toutes les sorties ;
Les filles veulent protéger leur mâle,
Il n’y a rien de plus normal
Que de vouloir rester en vie.
Leurs vies, ils seraient flics ou tortionnaires
De quoi liquider tous leurs frères
Avant que la retraite sonne.
Il faut sauver ceux que l’on aime,
Aux fragiles apporter notre aide
Et que la Paix enfin résonne !
Enfin, que Moscou serait belle,
Si on pouvait imaginer
Que ces milliers de tourterelles
Nous apportaient enfin la Paix.
Jocelyne Corbel Le 28/9/2022

QUE LA CAMPAGNE EST BELLE
Hier, sans crainte, je sortais
j'étais accompagnée
je n'avais pas envisagé
qu'un virus me guettait
que ma campagne est belle
comment peut-on imaginer
que son heure est arrivée !
Pourtant que la campagne est belle
le printemps vient d'arriver !
Maintenant j'ai la frousse
tout autour de moi
j'entends : pourquoi tu tousses ?
- la maladie vient d'arriver !
Pourtant que ma vie était belle
comment peut-on imaginer
que le virus peut l'enlever !
Enfants, méfiez-vous du corona
ne vous prenez pas les mains
comment peut-on imaginer
qu'un malheur est si vite arrivé ?
Sachant qu'en l'année 2020
de vous savoir en bonne santé
c'est ma plus grande joie
IL FAUT RESTER CHEZ SOI !
Ainsi demain vous chanterez
que ma campagne est belle
2 mois sont si vite passés
le bienfait d'être consignés,
Être resté en bonne santé.
Que ma campagne est belle,
dans un vol d’hirondelles
Danydeb (25 03)


Les jolies colonies de vacances
Les jolies colonies de vacances
Merci maman, merci papa
Tous les ans, je voudrais que ça recommence
You kaïdi aïdi aïda
Je vous écris une petite bafouille
Pour pas que vous vous fassiez de mouron
Ici, on est aux petits oignons
J'ai que huit ans, mais je me débrouille
Je tousse un peu à cause qu'on avale
La fumée de l'usine d'à côté
Mais c'est en face qu'on va jouer
Dans la décharge municipale
Les jolies colonies de vacances
Merci maman, merci papa
Tous les ans, je voudrais que ça recommence
You kaïdi aïdi aïda
Pour becqueter, on nous met à l'aise
C'est vraiment comme à la maison
Les fayots, c'est du vrai béton
J'ai l'estomac comme une falaise
Le matin, on va faire les poubelles
Les surveillants sont pas méchants
Ils ronflent les trois quart du temps
Vu qui sont ronds comme des queues de pelles
Les jolies colonies de vacances
Merci maman, merci papa
Tous les ans, je voudrais que ça recommence
You kaïdi aïdi aïda
Hier, j'ai glissé de sur une chaise
En faisant pipi dans le lavabo
J'ai le menton en guidon de vélo
Et trois canines au Père Lachaise
Les punitions sont plutôt dures
Le pion, il a pas son pareil
Y nous attache en plein soleil
Tout nus, barbouillés de confiture
Les jolies colonies de vacances
Merci maman, merci papa
Tous les ans, je voudrais que ça recommence
You kaïdi aïdi aïda
Pour se baigner, c'est le coin tranquille
On est les seuls, personne y va
On va se tremper dans un petit bras
Où sortent les égouts de la ville
Paraît qu'on a tous le typhus
On a le pétrus tout boutonneux
Et le soir, avant de se mettre au pieu
On compte à celui qu'en aura le plus
Les jolies colonies de vacances
Merci maman, merci papa
Tous les ans, je voudrais que ça recommence
You kaïdi aïdi aïda
Je vous envoie, mes chers père et mère
Mes baisers les plus distingués
Je vous quitte là, je vais voir ma fiancée
Une vieille qu'a au moins ses dix berges
Les petits, on a vraiment pas de chance
On nous fait jamais voyager
Mais les grandes filles vont à Tanger
Dans d'autres colonies de vacances
Les jolies colonies de vacances
Merci maman, merci papa
Tous les ans, je voudrais que ça recommence
You kaïdi aïdi aïda
Pierre Perret
Les jolies colonies de vacances
Les jolies colonies de vacances,
Merci maman, merci papa
Je vous sais gré et déférence
D’être à l’écoute ainsi de moi.
Voici donc à votre intention,
Une épître simple et sincère
Pour preuve que l’éducation
Que je reçus fut exemplaire
Ici où tout se départage :
La table, le lit, les vécés,
Toujours je châtie mon langage
Suivant vos conseils éclairés
Dans la décharge républicaine
Où nous nous ébrouons gaiement
À coups de lattes et de chaînes,
J’y vais en bottines et gants blancs.
Pour l’harmonie du déjeuner,
Scandant les fèves musiciennes
Nous tapons des mains et des pieds
Jusqu’à nos délices prochaines :
À savoir un bout de fromage
Avec des asticots bien gras,
Par respect pour la vie sauvage
Je les repousse du petit doigt.
Et si j’ai la gorge en fusion
C’est que l’usine qui broie l’ail
Pour accommoder le poisson,
M’enseigne l’odeur du travail.
Il y a aussi la baignade,
Choisie aux endroits délicats :
Les bouches d’égout où musardent
Les rats d’eau et les cancrelats.
Pour les monos, ces rois du temple,
Le soir pastis et joint ça baigne ;
Ils se cognent un peu pour l’exemple,
Nous on applaudit quand ça saigne.
Enfin, pour votre connaissance,
Père et mère, sachez aussi
Qu’en ces colonies de vacances.
Je n’ai jamais autant appris
Aussi désormais, sauf offense,
Vos belles manières vermoulues,
Père et mère merci d’avance,
Je m’en balance et vous salue.
Paroles du refrain de la chanson
« Les restos du cœur »
Aujourd’hui, on n’a plus le droit
Ni d’avoir faim, ni d’avoir froid
Dépassé le chacun pour soi
Quand je pense à toi, je pense à moi
Je te promets pas le grand soir
Mais juste à manger et à boire
Un peu de pain et de chaleur
Dans les restos, les restos du cœur

Aujourd'hui
on n’a pas le droit
de ne pas rester chez soi
une chance d'avoir un toit !
au nom de la loi
il faut rester chez soi !
Aujourd'hui
le virus n'a pas de loi
il frappe à tout va …
Au hasard sur sa voie
Aujourd'hui
le corona
s'il vous tend la main
c'est pour trouver un moyen
qui vous laissera sans voix
demain, un prochain matin
le corona
vous atteindra ma foi …
de ce mal qui assoit
perdant ainsi toute joie
de ne pas être resté chez soi !
Aujourd'hui
on n'a plus le droit
de braver bêtement la loi
pour autrui, comme pour soi
IL FAUT RESTEZ CHEZ SOI !