L'absence

Citation & textes d'auteurs

L'absence de ce qu'on aime, quelque peu qu'elle dure, a toujours trop duré. Molière
- Qu'il faut donc aimer quelqu'un pour le préférer à son absence. Jean Rostand
L'absence est le plus grand des maux.
Jean de La Fontaine
Si quelquefois un peu d'absence fait grand bien, quelquefois beaucoup d'absence fait grand mal. Madame de Sévigné
Qu'importe le temps, qu'importe le vent, mieux vaut ton absence que ton indifférence. Serge Gainsbourg
L'absence n'est-elle pas, pour qui aime, la plus certaine, la plus efficace, la plus vivace, la plus indestructible, la plus fidèle des présences ? Marcel Proust
Un seul être vous manque et tout est dépeuplé. Lamartine
L'absence ne fait mal
que de ceux que l'on aime.
Pierre Corneille
Je me trouve fort bien de l'absence des gens que je n'aime pas. Roger de Bussy-Rabutin
L'absence diminue les médiocres passions, et augmente les grandes, comme le vent éteint les bougies, et allume le feu.
François de la Rochefoucauld
Les séparés
N’écris pas. Je suis triste, et je voudrais m’éteindre.
Les beaux étés sans toi, c’est la nuit sans flambeau.
J’ai refermé mes bras qui ne peuvent t’atteindre,
Et frapper à mon cœur, c’est frapper au tombeau.
N’écris pas !
N’écris pas. N’apprenons qu’à mourir à nous-mêmes,
Ne demande qu’à Dieu... qu’à toi, si je t’aimais !
Au fond de ton absence écouter que tu m’aimes,
C’est entendre le ciel sans y monter jamais.
N’écris pas !
N’écris pas. Je te crains ; j’ai peur de ma mémoire ;
Elle a gardé ta voix qui m’appelle souvent.
Ne montre pas l’eau vive à qui ne peut la boire.
Une chère écriture est un portrait vivant.
N’écris pas !
N’écris pas ces deux mots que je n’ose plus lire :
Il semble que ta voix les répand sur mon cœur ;
Que je les vois brûler à travers ton sourire ;
Il semble qu’un baiser les empreint sur mon cœur.
N’écris pas !
Marceline Desbordes-Valmore
En ton absence je ne puis
Être plus ou moins seule. Aucune
Voix qui console, aucun appui
N'atténuerait mon infortune ;
Il faudrait qu'un autre être soit,
Qu'il brille à mes yeux ! qu'il s'oppose
À ton image, à tes exploits !
Mais pourquoi l’espérer ? Pourquoi ?
- Implacable métamorphose,
Dans mon esprit actif, adroit,
C'est toi seul qui redeviens toi !
Anna de Brancovan, comtesse de Noailles
Demain, dès l'aube, à l'heure où blanchit la campagne,
Je partirai. Vois-tu, je sais que tu m'attends.
J'irai par la forêt, j'irai par la montagne.
Je ne puis demeurer loin de toi plus longtemps.
Je marcherai les yeux fixés sur mes pensées,
Sans rien voir au dehors, sans entendre aucun bruit,
Seul, inconnu, le dos courbé, les mains croisées,
Triste, et le jour pour moi sera comme la nuit.
Je ne regarderai ni l’or du soir qui tombe,
Ni les voiles au loin descendant vers Harfleur,
Et quand j'arriverai, je mettrai sur ta tombe
Un bouquet de houx vert et de bruyère en fleur.
Quinze longs jours encore et plus de six semaines
Déjà ! Certes, parmi les angoisses humaines
La plus dolente angoisse est celle d’être loin.
On s’écrit, on se dit comme on s’aime ; on a soin
D’évoquer chaque jour la voix, les yeux, le geste
De l’être en qui l’on mit son bonheur, et l’on reste
Des heures à causer tout seul avec l’absent.
Mais tout ce que l’on pense et tout ce que l’on sent
Et tout ce dont on parle avec l’absent, persiste
A demeurer blafard et fidèlement triste.
Oh ! l’absence ! le moins clément de tous les maux !
Se consoler avec des phrases et des mots,
Puiser dans l’infini morose des pensées
De quoi vous rafraîchir, espérances lassées,
Et n’en rien remonter que de fade et d’amer !
Puis voici, pénétrant et froid comme le fer,
Plus rapide que les oiseaux et que les balles
Et que le vent du sud en mer et ses rafales
Et portant sur sa pointe aiguë un fin poison,
Voici venir, pareil aux flèches, le soupçon
Décoché par le Doute impur et lamentable.
Est-ce bien vrai ? tandis qu’accoudé sur ma table
Je lis sa lettre avec des larmes dans les yeux,
Sa lettre, où s’étale un aveu délicieux,
N’est-elle pas alors distraite en d’autres choses ?
Qui sait ? Pendant qu’ici pour moi lents et moroses
Coulent les jours, ainsi qu’un fleuve au bord flétri,
Peut-être que sa lèvre innocente a souri ?
Peut-être qu’elle est très joyeuse et qu’elle oublie ?
Et je relis sa lettre avec mélancolie.
Verlaine
La nuit n’est jamais complète.
Il y a toujours, puisque je le dis,
Puisque je l’affirme,
Au bout du chagrin
Une fenêtre ouverte, une fenêtre éclairée
Il y a toujours un rêve qui veille,
Désir à combler, faim à satisfaire,
Un cœur généreux,
Une main tendue, une main ouverte,
Des yeux attentifs,
Une vie, la vie à se partager.
Paul Eluard
L’adieu
J’ai cueilli ce brin de bruyère.
L’automne est morte, souviens-t’en.
Nous ne nous verrons plus sur terre
Odeur du temps, brin de bruyère,
Et souviens-toi que je t’attends.
Guillaume Apollinaire
Mauvaise mémoire
Mais quel était ce souffle aux pavés de l’aurore ?
Quelle était cette odeur de légumes jetés,
ce linge au noir balcon comme un signal glacé ?
Quel était ce regard qui me surveille encore ?
Mais quelle était mais quelle était dans cette ville
cette fumée ? et ce silence ? et tout à coup
ces heurts ces coups de feu de bataille civile ?
Quelle était la clameur qui venait jusqu’à nous ?
Quel était votre nom quel était mon visage
Que faisions-nous ainsi l’un à l’autre inconnus ?
Sans savoir qui je suis sans savoir qui je fus
Je revois une main qui se tend sous l’orage
un visage qui pleure, une porte fermée.
Jean TARDIEU, Le Démon de l’Irréalité 1946
Nos poèmes
EPILOGUE D’UN AMOUR
Pourquoi n’es-tu pas là, à embrasser la vie,
A me parler tout bas, et à sourire aussi ?
C’est toi qui m’as donné la force du sublime,
Toi, qui m’as révélé le bonheur qui anime…
C’est ainsi que privé de ta douce lumière,
Je passe mes journées, aux portes de l’enfer.
Sisyphe est apparu, roulant sa lourde pierre ;
Tant d’illusions perdues ! Je soupire et j’espère…
Mes jours couleur d’ennui, sans la moindre espérance,
Répondent à mes nuits, remplies de ton absence.
Et puisqu’une autre femme a capturé ton cœur,
Vacillera ma flamme, sans crise, ni rancœur.
S’il est vrai que l’amour, parfois, donne des ailes,
Ne croyons pas, toujours, qu’il sera éternel !
De temps en temps, rêveur, Cupidon désarmé,
Las de toucher les cœurs, aime se reposer…
Si tu ne reviens pas, il me faudra poursuivre ;
Je ne sombrerai pas, car j’ai choisi de vivre !
Permets que je te donne un ultime baiser,
Et que je m’abandonne, avant de t’oublier…


une histoire- malgré- aucun bénéfice
sinon la lueur d'une lune écrasée
par tant de lunatiques écœurés
par leur visage dans un lac frigide
qui ne retient rien du temps incidé
par des instants réfugiés dans la nuit
des rêves et des faiseurs de pluie
pour que les restes se faufilent
à l'aune des ultimes projets
avant fermeture des portes
et cessation définitive
des actes créateurs et des protubérances
qui naissent à l'envers des jardins
(source inutile intitulée précoce)
Chagrin d’amis
Le pauvre Rutebeuf avait cent fois raison
Lorsqu’en vers émouvants, il chantait sa tristesse.
Le vent voleur d’amis souffle en toute saison,
Emportant avec lui des fragments d’allégresse.
Il arrive parfois qu’un hasard bienheureux
Place sur notre route un homme ou une femme
Au sourire avenant, au regard chaleureux,
Jouant de beaux accords qui enchantent notre âme.
Le chemin de la vie semble moins rocailleux
Quand après un fou rire ou une confidence,
Épaule contre épaule, on avance joyeux,
Car l’on est riche alors de cette connivence.
Bien des années plus tard, que sont-ils devenus,
Compagnons de jeunesse, amis inséparables ?
Ces liens qui ne sont plus étaient-ils si ténus
Que le temps a brisé ces chaînes misérables ?
L’horizon s’assombrit lorsque le cœur a froid,
Vaine constatation d’une logique amère !
Si l’idée d’être seul nous pétrifie d’effroi
Le remède n’est pas sur nos écrans de verre.
Où sont les réunions et les veillées d’antan ?
Oublions internet, ses futiles chimères,
Et la télévision rien qu’un fugace instant,
Pour offrir à autrui des sentiments sincères.


L'absence
un ressenti
un besoin
un vide
un manque
tu es parti
près ou loin
et c'est le silence
mon cœur avide
tourne au ralenti
un manque
de toi, prends soin
secouée par le manque
des frissons rapides
le ressenti d'un moins
d'une longue absence
qui ne rime à rien
un vide stupide
en vain, tout tangue !
Plus Jamais
Toi que joyeusement j’écoutais
Avec les oreilles de mon cœur
Que n’es tu vivant encore ? Plus jamais
L’aube n’éveillera le bonheur
D’entendre chanter nos jours ensemble.
Les tendres souvenirs me harcèlent
Frappent en averses d’émotions.
Que la vie sans toi devient cruelle !
A l’aune de ta disparition
Les heures enténébrées se ressemblent.
Comment vivre sans toi, à présent
Puisqu’il me faut poursuivre une route
Où le bonheur est évanescent ?
La sente abrupte fleurit de doutes
Quand le ressouvenir nous rassemble.
M’entends-tu, ô mon amour absent ?
Nous ne cheminerons plus ensemble.
cg

L’ABSENCE
Au creux de l’absence gît le silence
oiseau déserteur fuyant la souffrance.
Que reste-t-il au fond d’un cœur défait,
saisi de vertige, espoir sans effet ?
Rien que la béance d’un trop grand vide
plongeant corps et âme en état languide.
L’absence signe la disparition.
Elle pèse sur toute inspiration,
impose le joug de la solitude
qui, bon gré mal gré, devient habitude.
Cependant n’est-il pas paradoxal
qu’en cette vacuité, au final,
l’absent au cœur toujours sera présent,
le souvenir tenace l’imposant ?
Jeanne FOUCHER Novembre 2021

Il pleut dans mon cœur !
Il pleut, le ciel est bas.
Je suis triste sans toi
Mon p'tit resto sympa !
Je n'suis pas vaccinée.
Me voilà condamnée
A de toi me passer.
___
Combien de temps encore
Vais-je rêver dehors,
D’un bon petit café
Dans mon coin préféré ?
D'où, selon l'occasion
Et mon inspiration,
Je pouvais échanger
Ou bien me reposer...
Laissant ma plume aller
Au fil de mes pensées,
Au gré de mes soucis,
Nourrie de mes envies.
___
Il pleut dans mon cœur !
Et je n'ai pas trouvé
Comment te remplacer.
---------
Julie - 31 octobre 2021


ABSENCE
Peur du vide, néant de l’être : ABSENCE
Tant de fureur pour disparaitre : ABSENCE
Que sont devenus mes ancêtres ? ABSENCES
J’aurais tant aimé te connaître ! ABSENCE
Oh ma mémoire s’enchevêtre : ABSENCE
Ne pas savoir avant de naître : ABSENCE
J’ai fermé portes et fenêtres : ABSENCE
D’amour seul ne puis me repaître : ABSENCE
Silence éclaboussant de l’être
Ton souvenir fera renaître
Plus vivace ce qui n’est plus.
L’ABSENCE me rend cœur perclus !
Danièle MANOURY CAEN LE 12 JUIN 2021
Absence
Mardi jour de malaise urgences médecins inquiets fuite à la maison pourtant
je ne voulais pas être là
Mercredi effacé aucun souvenir encore
Jeudi poigne de fer dans la poitrine naufrage de l'esprit
urgence absolue pompiers SMUR massages vigoureux deux arrêts cardio-respiratoires
deux défibrillations agitation extrême malgré les sangles du brancard cris
mais je n'étais pas là
à Falaise branle bas aux urgences salle de soins continus branchements multicolores mesures
sérums divers surveillance arrachement nocturne d'une perfusion
mais je n'étais pas là
Vendredi transfert à Caen examens divers pose d'un stent
agitation sur la table d'opération sédatifs impuissants
retour en chambre double parole précipitée à propos de poésie
chute nocturne au pied du lit de mon voisin
mais je n'étais pas là
Samedi en matinée rentrée à Falaise ambulance puis salle de soins continus
conversation confuse entrecoupée de silences
avec Jeanne inquiète de mon état
mais je n'étais pas là
Samedi en fin d'après midi retour dans mon corps
enfilé comme un gant
J'étais enfin de nouveau là
mais en désordre
Certaines parties de moi n'étaient toujours pas là
Daniel-Claude Collin / novembre 2021


L’Absence
Comme une rose qui s’effeuille,
Comme de l’eau qui se tarit
Comme une voile sur l’écueil
Qui gronde, tourmente et rugit
Comme le cœur gros qu’on arrache
Comme les noires pensées amères
Qui la torturent à coup de hache
Comme un grand vide sur la terre
À vivre et à mourir d’ennui
Comme une peur du lendemain
Petite mort tout alanguie
Comme le noir dès le matin
Qui trouble ses sens sans éveil
Comme des sons de l’au-delà
Venus hanter son court sommeil
Des nuits des jours jusque là-bas
Où s’échouent désir et amour
De son navire de souvenirs
Orné de roses pour toujours
Et lesté de pleurs et de rires
Comme sa peine qui s’efface
Comme son chagrin en dormance
Dont sa souffrance perd la trace
Enfin elle renait de l’Absence.
Absent.
Installé près de la fenêtre,
le collégien, un jour de mai,
a fini par envoyer paître
tout enseignement dans le pré.
Il semblait très loin de la classe
et de la voix du professeur,
rêvant d’un vol d’oiseaux qui passe,
du bleu du ciel ou d’une fleur.
Il était pourtant bon élève,
disaient de lui les gens souvent…
Alors pourquoi soudain sa grève
des cours avec cet air absent ?
C’était l’école buissonnière
que faisait ainsi le garçon,
mentalement, à sa manière,
une forme d’évasion !
Michel BARTHA May-sur-Orne, le 11 octobre 2021.

Photo de Robert Doisneau

Absence
Matin d’été ! Une clairière….
J’ouvre mon corps à la lumière,
Le ciel infuse un rose-blanc,
Les arbres me saluent, sans vent.
Le calme de ces monts d’Arrée
S’irrigue au goût de la rosée
Qui perle de tendres festons
La pourpre des rhododendrons
Tandis que se devine et point
Le lac de Brennilis au loin.
Tout me pénètre de douceur,
Je suis en apnée de bonheur
… Et tout à coup un vide intense
M’interpelle en me saisissant
D’où survient au cœur cette absence
Glaciale comme le néant ?
Je cherche des yeux, j’interroge,
Rien ne bouge, rien ne déroge
Du brin d’herbe à la canopée,
Comprenant, soudain alertée,
Ce vide, ce froid, abyssaux :
« Il manque le chant des oiseaux ! »
C’était au moment du barrage
Et du nucléaire entrepris
Qui sacrifia le pâturage
Et fit se déserter les nids.
Et puis, un jour, finalement,
Ce fut le démantèlement
Qui rendit grâce à la rosée, ...
Plus belle, d’avoir été blessée ;
Empoissonna les eaux du lac,
Releva les buissons en vrac,
Remodela champs et coteaux
Et rendit leur chant aux oiseaux
Blessure
Quelle annonce nouvelle étonnera ton nom ?
Je marche sans raison au son du souvenir.
Convoquer l'avenir en guise d'oraison,
ne fait que prolonger mon étrange martyr.
Une ombre jaune et verte a traversé le ciel.
Faut-il de ton retour présumer l'existence ?
Tout amour délaissé décante l'essentiel
et mon appel blessé aiguise la souffrance.
Un songe est suspendu aux nuages de fer.
Est-ce l'amour banni et sa morte saison ?
Rien ne s'échappera de ce règne d'enfer.
Une aube vaporeuse élargit l'horizon.


LE POETE DE SETE (1921-1981)
Hommage pour le centenaire de sa naissance :
Bon anniversaire, Georges Brassens (22 octobre1921- 22 octobre 2021)
Brisant les conventions, tu fus tendre voyou,
Rimant avec ferveur, glorifiant les poètes,
Amoureux de la Jeanne, de ta Puppchen, surtout,
Sommeillant, éternel, sous le ciel bleu de Sète…
Saurons-nous, sans faillir, te rendre un bel hommage,
Effeuiller, de tes mots, tant de subtilités ?
N’ignorons pas ton Art et tes précieux adages…
Sous le grand chêne, alors, nous irons méditer…
Troubadour, je t’honore, toi qui m’as tant charmée.
Mes rimes, dans le vent, sont l’écho de ma joie …
Ecoute ma chanson, à l’ombre du cyprès,
Dis à Paul Valéry que le poète est roi !
Ton regard vif pétille comme un exquis champagne ;
Toi, le libre penseur et prince de l’humour,
Contre vents et marées, tu partis en campagne.
Ton verbe pertinent résonnera toujours …
Pour guérir nos blessures, ta parole est un baume !
S’il est vrai que Le temps ne fait rien à l’affaire,
Tu n’es jamais absent, au diable, le fantôme !
Trompettes, jouez en chœur ! Brassens est centenaire !
Georges Brassens : - Je suis un voyou - Jeanne - Le grand chêne- Le temps de fait rien à l’affaire - Le fantôme- Trompettes de la renommée-
je ne suis plus celui d'alors
dont les ombres plaisaient aux murs
et semblaient planer- des images
qui ne se voient que dans le soleil
(achevé) lorsqu'il bave ses effusions
sur les corps déjà gisants
dans l'espace des décors brûlés
par une caresse uniforme
je suis lointain par métaphore
mais inexistant par nécessité
je me lave les mains aux flammes
dont l'achèvement est mirage
je doute encor des étincelles
allumant la cigarette- d'un écho

Rien que du sable
Absent du paysage
un passage à vide
et je suis livide
lorsque tu disparais
alors qu'hier je te voyais
des vagues, rien que du sable
vagues anonymes silhouettes
comme un miroir aux alouettes
qui se moque et m'accable
mais tu n'es pas là …
j'invente des images
pour que tu m'arrives
tel que je te voyais
hier, sur la plage
alors mes souvenirs s'activent
et rend mon cœur tout sage
je m'imagine une nouvelle page
où tu reviens de là-bas
mon bel amour étranger
étrange abstraite image
comme on voit les rois mages
marquer le sable de leur pas
de ton cœur coule limpide
l'amour que tu vas me donner
mais la plage est toujours vide
seuls les souvenirs arrivent
voilà, pour moi tu n'es plus là !

Absente
C’est réglé, ce matin, je ne vais pas en cours,
Je flâne avec plaisir dans la douce lumière
Et d’un pas guilleret, sans remords, je parcours
Les rues encotonnées d’une brume légère.
Je vais, le cœur allègre, heureuse d’observer
Les feuilles voletant en pluie multicolore,
Je foule les chemins, enchantée d’esquiver
Algèbre et postulats, Thalès et Pythagore.
Dans ce sombre bahut, pourquoi nous obliger
À aimer la physique et les mathématiques,
À subir les discours d’un prof désagrégé ?
L’existence sans eux serait plus poétique !
Dans le ciel se profile un superbe arc-en-ciel,
Le bois est odorant de l’averse récente.
À cette heure, déjà, le prof a fait l’appel
En face de mon nom, il a écrit « absente ».


L'Absent
Ô toi qui nous a quittés
Tu me laisses la blessure
D'éternelle déchirure...
Un pan de moi, s'en est allé
Laissant une béante plaie
Qui ne cicatrise jamais...
Mais voici que bizarrement
Si la douleur n'est pas partie
Plus légère me suis sentie...
La vie, je l'affronte autrement.
Je te sais tout près de moi,
Pourtant plus libre dans mes choix.
Ô toi ! que je sens présent
Dans une absence habitée,
N'oublie pas
de parmi nous rester !
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Et puis, il y a aussi
D'autres qui sont partis.
Dont j'avoue honnêtement,
Avoir difficulté...
A les regretter !
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Julie - novembre 2021
UN PRETRE PASSAIT…..
Un prêtre passait par là (Il en portait l’habit)
Le cimetière de Mai en avait l’air ravi.
Le cimetière chantait, l’église se taisait.
L’église, toute fermée, semblait la seule tombe :
C’était l’absence, l’ombre, le néant, la pénombre.
Repliée sur elle-même, elle ne donnait du ciel
Qu’un souvenir lointain, souffle superficiel.
Les cantiques fervents à la gloire de Dieu
N’élevaient plus aux cieux leurs accords mélodieux,
Les crédules espérances qui font la différence
Et vénèrent Marie au beau pays de France.
Autour de l’église, close, tellement inféconde
Aucun symbole de paix, nul envol de colombe.
La nature fertile nourrie du sang des morts
Puisant toute sa force de l’alchimie des tombes
Semblait moins étrangère, plus proche de la vie
Que cette église vide qui sans cesse se renie,
Que ce bâtiment vide déserté des vivants :
L’universelle mère rejetant ses enfants.
Les morts imposent respect du fait de leur absence
L’église claquemurée en si profond silence
Sait elle que pour Dieu il n’est point de saisons,
Nulle épidémie pour taire les oraisons ?
Mais après tous les renoncements, les trahisons
Qui donc aurait le cœur de le lui reprocher ?
La mer fait bien du sable avec tous ses rochers.
Un prêtre passait par là (Il en portait l’habit)
Le cimetière de Mai en avait l’air ravi.
Danièle MANOURY CAEN LE 10 OCTOBRE 2021


Absences
Lorsqu’elle s’était égarée en ville,
toujours souriante, elle disait :
« Oui, parfois, j’ai des absences. »
Ses enfants, qui n’étaient pas tranquilles
sans vouloir la heurter, murmuraient :
« Ah ! maman et ses absences… »
Oubliant leurs fréquentes visites
elle se disait seule souvent
se plaignant de leur absence.
Sentait-elle sa mémoire en fuite
et que rien n’était plus comme avant ?
Mystère de ces absences…
Mais bientôt, de semaine en semaine,
elle en vint à oublier leurs noms
qui s’estompaient dans l’absence.
Les heures, les mois, en débandade
défilaient, confus, en son esprit
sans repères, dans l’absence.
Visiblement, elle était malade,
Alzheimer l’investissait sans bruit
et la noyait dans l’absence.
Et un soir, apparemment sereine,
discrètement elle s’éteignit.
Ce fut son ultime absence.
Jeanne FOUCHER Novembre 2021

Absence et légèreté
L’absence je vous dis
N’est pas toujours cruelle
Lorsque votre mari
S’esquive, oh, l’infidèle !
Sur ce chagrin géant
Pleurez, mais pas longtemps !
L’absence je vous dis
Monsieur, est agréable
Si un jour votre amie
Vous semblait haïssable !
Fuyez assurément
Tempête et mauvais temps !
L’absence je vous dis
N’est pas toujours mortelle
Loin de tous vos soucis
La vie redevient belle.
Savourez cet instant
A vous les bons moments !
L’absence je vous dis
Est parfois chimérique
Un manque fait d’ennui,
D’incidents chaotiques.
Riez, riez souvent,
Quotidiennement,
Écrivez tout autant !
cg

Symbole
L’épine peut piquer soudain
La main ouverte sur la fleur,
Ainsi en est-il du chagrin
Qui blesse au moment du bonheur.
L’éphémère est une douleur
Qui naît et s’éteint en silence,
Le parfum survit à la fleur,
La tendresse survit à l’absence.
La vie et la fleur qui se donne
Sont des dons si providentiels
Qu’on les reçoit pour naturels
Et n’en rendons grâce à personne.
Pourtant rien ne nous appartient,
Le prodige en est ce bonheur
Qui nous en reste au fond du cœur,
Doux et tendre comme un parfum.
Irène Gaultier-Leblond 2 novembre 2021
j'ai appris l'intensité du vide
l'instant cité dont la parole est inepte
ils ont volé pour rien
la statue d'or n'a plus de secret
les pauvres vont à l'aventure
dans le jardin des puissants hâbleurs
puis assassins ils s'en retournent
le diplomate insulte le poète- quelle victime
le sens de la leçon qui nous sépare
sent déjà la fin des palabres
nous ne haïrons plus l'espace
tant que nous serons intimes du vide



Douce absence
Il n’aime pas apprendre et les cours l’importunent.
Brillant par son absence, on se moque de lui.
Il rêve et il sourit, petit Pierre dans la lune,
Quand l’école buissonnière lui offre un paradis.
L’orthographe l’épuise, la grammaire l’assomme,
Et les mathématiques le tuent impunément…
Faut-il donc tout cela pour devenir un homme ?
L’élève s’interroge, le soir, en s’endormant.
Sa place reste vide sur les bancs de la classe.
Il se fait géographe, explorant les chemins.
Et tant pis pour l’Histoire et les rois qui l’agacent !
Les leçons attendront, alors, jusqu’à demain.
Serait-ce la paresse ou bien la nonchalance,
Tandis que du travail, je vante les vertus ?
Mais l’enfant, je le sais, est heureux quand il pense,
Au Petit Nicolas *et au cher Ducobu !*
Chaque jour, il se rit de ma consternation.
Cependant, je l’adore, ce garçon tête en l’air !
Ce matin, je l’ai vu, joyeux, dans sa maison,
Lisant, à haute voix, Le cancre de Prévert.
Attention, l’abus d’absences est dangereux pour la rentrée… (prochaine)
*Le petit Nicolas : Goscinny-Sempé-* Ducobu : Zidrou-Gody
Trompeuse attente
« Viens dans les bois, le soleil brille,
Allons découvrir la jonquille.
— Ah ! Tes projets sont bien tentants !
Mais je ne peux car je L’attends.
— Viens donc chez nous, jouer aux cartes,
Pour le goûter, j’ai fait des tartes.
— J’aimerais, mais, sans te froisser,
Je dois rester, Il va passer.
— Oh ! Tu es donc demeurée seule
Tournant en rond comme une aïeule !
— Il fait presque nuit maintenant,
Il ne viendra plus, c’est navrant !
— Comme je te vois malheureuse !
Tu étais donc si amoureuse ?
— Mais pas du tout, c’est le plombier
Que j’attendais pour mon évier. »


Si mon fils savait
si mon fils savait
le mal qu'il me fait
en me privant d'Amour
j'attends jour après jour
un signe, un simple bonjour !
Qu'il me demande comment je vais
se rappelant un peu de ce passé
et combien lui et moi on s'aimait !
Si mon fils savait
le mal qu'il me fait
me racontant tout à tour
ses projets, mais sans détour
pour partager un diner
avec ses desserts préférés
si mon fils savait
le mal qu'il me fait
de ne pas téléphoner
le jour x du calendrier
d'une année de plus... à me souhaiter
si mon fils savait
qu'année après année
privée de son Amour
j'ai du mal à marcher !
J’attends jour après jour
une marque de son Amour
dans son cœur enfoncé.
ne sachant plus le montrer
si mon fils savait
combien sa mère est désespérée
d'être ainsi délaissée
il faut que vous sachiez
combien le silence est lourd
sans entendre les mots d'Amour
des enfants qu'on a tant aimés
Danydeb 27 septembre 2021
moi qui survis à l'événement
la trace la plus lourde existe
parmi les effets et les ondes
(du spleen dans les coins)
la cible en dégoût
du passage stérile
de la poussière risque le soleil
une montée de paradis
(le seul silence erre au nuage)
si tu pressens cet exil
qu'il s'élance depuis l'infini
si tu reviens vers l'ange étrange
je te verrai entre les signes
retourner la vie comme le vent
t'étioler en soupirs



PRECIEUSE MAIN
Poésie en hommage à la Langue des signes
A la main qui s’envole,
Et qui œuvre en silence,
Quand d’absentes paroles
Lui offrent tant de sens…
Lentement, dans l’espace, dansant au gré des signes,
Nos gestes attentifs, dignement esquissés,
Miment, remplis d’espoir, des symboles insignes,
Autant de mots traduits, du fond de nos pensées…
Corps et âme s’épousent et captivent nos yeux…
Pour bavarder, en chœur, nul besoin de la voix !
Découvrons les secrets d’un langage précieux.
Partageons nos idées et suivons notre voie …