La mer en slam

Quelques citations et textes d'auteurs sur la mer

Les vagues ont repeint au rouleau une mer d'huile.
Falaise : la mer au pied du mur.
La mer est la descente de lit des fleuves.
Aphorismes sous la lune et autres pensées sauvages Sylvain Tesson
C'est en mer agitée qu'on reconnaît la qualité du bois du bateau.
Proverbe africain
Remède contre le mal de mer :
asseyez-vous sous un arbre.
Spike Milligan
Le cerveau des poètes est un fond de mer où bien des coques reposent.
Paul Valéry
La mer pesante, ardente et libre
Qui tient la terre en équilibre.
Émile Verhaeren
C'est lorsque la mer se retire que l'on voit ceux qui nageaient sans maillot.
Warren Buffet
L'amour est une mer dont la femme est la rive. Victor Hugo
Quand je suis sur la mer, je suis chez moi. Plutôt, je suis chez elle.
Olivier de Kersauson
Le Berger et la Mer
Du rapport d’un troupeau dont il vivait sans soins,
Se contenta longtemps un voisin d’Amphitrite:
Si sa fortune était petite,
Elle était sûre tout au moins.
A la fin, les trésors déchargés sur la plage
Le tentèrent si bien qu’il vendit son troupeau,
Trafiqua de l’argent, le mit entier sur l’eau.
Cet argent périt par naufrage.
Son maître fut réduit à garder les brebis,
Non plus berger en chef comme il était jadis,
Quand ses propres moutons paissaient sur le rivage:
Celui qui s’était vu Coridon ou Tircis
Fut Pierrot et rien davantage.
Au bout de quelque temps, il fit quelques profits,
Racheta des bêtes à laine;
Et comme un jour les vents, retenant leur haleine,
Laissaient paisiblement aborder les vaisseaux:
« Vous voulez de l’argent, ô Mesdames les Eaux,
Dit-il, adressez-vous, je vous prie, à quelque autre:
Ma foi! vous n’aurez pas le nôtre. »
Ceci n’est pas un conte à plaisir inventé.
Je me sers de la vérité
Pour montrer par expérience,
Qu’un sou, quand il est assuré,
Vaut mieux que cinq en espérance ;
Qu’il se faut contenter de sa condition ;
Qu’aux conseils de la mer et de l’ambition
Nous devons fermer les oreilles.
Pour un qui s’en louera, dix mille s’en plaindront.
La mer promet monts et merveilles :
Fiez-vous y ; les vents et les voleurs viendront.
Jean de La Fontaine


SUR UNE PLAGE
Les méduses en cristal bleu,
Que laissent les vagues errantes,
Sont des personnes transparentes.
Mais leur cœur ne fait pas d’aveu.
Un peu mortes, un peu vivantes,
Sont-elles de glace ou de feu,
Les méduses en cristal bleu
Que laissent les vagues errantes ?
Quand les varechs nous les présentent,
Miroirs bombés et que l’on peut
Voir encor respirer un peu,
Pourquoi sont-elles si tremblantes,
Les méduses en cristal bleu ?
ROSEMONDE GÉRARD
Marine
L’Océan sonore
Palpite sous l’œil
De la lune en deuil
Et palpite encore,
Tandis qu’un éclair
Brutal et sinistre
Fend le ciel de bistre
D’un long zigzag clair,
Et que chaque lame,
En bonds convulsifs,
Le long des récifs
Va, vient, luit et clame,
Et qu’au firmament,
Où l’ouragan erre,
Rugit le tonnerre
Formidablement.
Paul Verlaine


MA FREGATE
Qu’elle était belle, ma frégate,
Lorsqu’elle voguait dans le vent !
Elle avait, au soleil levant,
Toutes les couleurs de l’agate ;
Ses voiles luisaient le matin
Comme des ballons de satin ;
Sa quille mince, longue et plate,
Portait deux bandes d’écarlate
Sur vingt-quatre canons cachés ;
Ses mâts, en arrière penchés,
Paraissaient à demi couchés.
Dix fois plus vive qu’un pirate,
En cent jours du Havre à Surate
Elle nous emporta souvent.
Qu’elle était belle, ma frégate,
Lorsqu’elle voguait dans le vent !
Alfred de VIGNY
La mer
Loin des grands rochers noirs que baise la marée,
La mer calme, la mer au murmure endormeur,
Au large, tout là-bas, lente s’est retirée,
Et son sanglot d’amour dans l’air du soir se meurt.
La mer fauve, la mer vierge, la mer sauvage,
Au profond de son lit de nacre inviolé
Redescend, pour dormir, loin, bien loin du rivage,
Sous le seul regard pur du doux ciel étoilé.
La mer aime le ciel : c’est pour mieux lui redire,
À l’écart, en secret, son immense tourment,
Que la fauve amoureuse, au large se retire,
Dans son lit de corail, d’ambre et de diamant.
Et la brise n’apporte à la terre jalouse,
Qu’un souffle chuchoteur, vague, délicieux :
L’âme des océans frémit comme une épouse
Sous le chaste baiser des impassibles cieux.
Nérée Beauchemin


SONNET
Les algues entrouvraient leurs âpres cassolettes
D’où montait une odeur de phosphore et de sel,
Et, jetant leurs reflets empourprés vers le ciel,
Semblaient, au fond des eaux, des lits de violettes.
La blancheur d’un essor palpitant de mouettes
Mêlait au frais nuage un frisson fraternel ;
Les vagues prolongeaient leur rêve et leur appel
Vers la tiédeur de l’air aux caresses muettes.
Les flots très purs brillaient d’un reflet de miroir…
La Sirène aux cheveux rouges comme le soir
Chantait la volupté d’une mort amoureuse.
Dans la nuit, sanglotait et s’agitait encor
Un soupir de la vie inquiète et fiévreuse…
Les étoiles pleuraient de longues larmes d’or
Renée Vivien
Nos poèmes
Slams et autres poèmes sur le thème de la mer
POUR FAIRE UN SLAM … ?
Pour faire un slam que faut-il ?
Éviter tout mot futile ?
Exprimer des sentiments,
éviter tout boniment ?
Trouver des sonorités
et des réciprocités ?
Exige-t-il de la rime
ou serait-ce pour la frime ?
L’auteur doit-il être lié
par le choix du nombre de pieds ?
Faut-il qu’à la poésie
s’adjoigne la fantaisie
et que le rythme s’impose
à tous les mots qui s’opposent ?
Voilà le questionnement
que je livre simplement.
J’admire « Grand Corps Malade »
qui joliment nous balade
par l’esprit et sans salades.
À lui, sincère accolade.
Jeanne FOUCHER Mai 2022


LA MER
Jetant ses vagues
La mer attaque
Cette falaise
Un peu balaise.
Elle l’effrite,
La périclite
Coups de karcher
Mais oui, mon cher !
La gouttelette
Qui époussette
Le dur granit
Même au zénith
Festonne écume
Sans amertume
Encapuchonne
La sauvageonne.
Jetant ses vagues
La mer attaque
Cette falaise
Un peu balaise.
Elle l’effrite
La périclite
Coups de karcher
Mais oui, mon cher !
Danièle MANOURY CAEN, LE 15 JUIN 2021
Mer sauvage.
Du vaste horizon gris
où le regard divague,
c’est des spleens infinis
que porte chaque vague
vers les bancs de galets,
les battant à la schlague
avec ses flots salés
sous l’œil du ciel opaque.
Des goélands surpris
qui chevauchent les lames
poussent sans fin des cris
à déchirer leurs âmes,
volant contre le vent
et racontant des drames
de marins, en pleurant
dans des versets de slams.
Et sous l’embrun amer
qui mouille mon visage,
lorsque, face à la mer,
je m’oppose à sa rage,
toujours je ferai front
à son humeur sauvage
en espérant, sinon,
le calme après l’orage !
Michel BARTHA May-sur-Orne, le 28 mars 2022.


Slam sur la mer
Slame la mer
en ses vagues en ses lames
slame la mer
au clapot en repos
qui glisse si lisse
sur l'estran d'apaisement
frisson après frisson
douces caresses sur l'estran assagi
Slame la mer
en ses vagues en ses lames
slame la mer
aux orages aux bourrasques
aux embruns éclatés
dans le hurlement brutal des rafales
haros mordants des masses verticales
aux écroulements harassants
écume de fièvre aux enclumes des brisants
affolés de grondements et de fracas sonores
culbutes des souffles dans l'océan
Slame la mer
en ses vagues en ses lames
slame la mer
en ses brumes assourdies
où mugissent les cornes lugubres
souvenirs des trépassés avertissement aux égarés
cornes d'horizons hébétés
dans leurs pièges invisibles
brouillards impénitents en leurs voyages dérivants
Daniel-Claude Collin/ juin 2022




Le slam du bord de mer
La vague va et vient, la vague vient et va,
Elle suit un destin que l’on ne connaît pas.
On la croit disparue au bout de l’horizon,
On la retrouve émue au pied du galet blond.
Elle est comme un chien fou qui divague au hasard,
S’arrête tout à coup, s’ébroue et puis repart.
Caressant le voilier, lissant le goéland,
Elle avale tout entier le surfer insolent
Et soudain fait la fête avec un crabe vert
Poursuit une crevette et la pousse en travers,
malmène un bigorneau ou bien s’amuse avec
Et le cache à nouveau en brassant le varech,
La vague va et vient, la vague vient et va,
Elle suit un destin que l’on ne connaît pas.
Elle peut faire claquer, arracher le hauban,
Se creuser et enfler, hurler avec le vent
Comme avancer sans bruit près du château de sable
Où l’enfant applaudit son œuvre impérissable.
Étale ou en furie, métronome savant,
Elle explose la vie, l’enfer, la mort, le temps
Dans le rythme incessant de pause et de retour
Comme la nuit reprend sa place après le jour.
La vague va et vient, la vague vient et va,
Elle suit un destin que l’on ne connaît pas
Irène Gaultier-Leblond 22 avril 2022
Effet mer
La mer s’en va, la mer s’en vient
C’est aujourd’hui que je reviens.
La mer s’en vient, la mer s’en va
Et toi, pourtant, tu n’es pas là.
Je cherche en vain sur cette plage
Le doux reflet de ton visage.
L’écume amère des longues lames
Ne peut m’offrir que vague à l’âme.
Voilà le temps qui se détraque
Sur le rocher, la vague claque
Et sous le ciel qui s’assombrit
C’est mon humeur qui vire au gris.
Malencontreux malentendu
Amour perdu, cœur éperdu.
Dans l’océan, larmes salées
Mon bel amour s’en est allé.
Plage esseulée, morte-saison
Ton souvenir est un poison
Et dans le vent qui le malmène
Un goéland hurle sa haine
Comme un bateau qui vogue et tangue
Chavire hagard mon cœur exsangue.
La mer glacée roule ses vagues
Et ma raison vague et divague.
L’orage gronde ivre de rage
L’éclair soudain fend les nuages.
Face à la mer qui se déchaîne
Je reste seule avec ma peine.
La mer s’en va, la mer s’en vient
C’est aujourd’hui que je reviens.
La mer s’en vient, la mer s’en va
Et toi, pourtant, tu n’es pas là.


Les messages de la mer
La vague roule et se déroule
Elle caresse mon cœur.
Parfois aussi elle chamboule
Tous mes rêves de langueurs.
Elle est douce et puis soudain
Une lionne elle devient.
Comme en réponse à un appel
Elle gronde et se rebelle.
On dirait qu'elle me dit
Que c'est aussi, la Vie.
La vague roule et se déroule
Elle bouscule mon cœur.
Je crois qu'elle me chamboule,
Pour m'ouvrir à d'autres bonheurs.
Julie - mai 2022



EAU «VAGUE» ! EAU «DÉSESPOIR»!
J’enrage ! Oh ! Quelle histoire ! Je dois slamer, je dois rimer !
Mais c’est la mer à boire ; pour essayer, je vais ramer !
« Vague »: le mot est vague ; lorsque j’écris ces vers,
Il se moque, il me nargue; il danse et saute en l’air…
Il va dans tous les sens, et quand je concrétise,
Il m’échappe et s’élance, riant de ma bêtise.
Alors le mot me dit, sur un ton solennel :
« Écris ta poésie, et ne sois pas rebelle !
Les vagues de la mer, n’offrent point de gageure,
Et ce vocabulaire est un peu réducteur…
Toi, qui prônes l’abstrait et qui montes sa garde,
Mon sens au figuré, vaut que tu t’y attardes.
N’aie pas le vague à l’âme, ne crains pas le ressac,
Et lorsque je te blâme, sors les mots de ton sac! »
Ô! Vagues scélérates …Ô! Effroyables ondes …
Lorsque l’orage éclate, vous êtes furibondes !
Votre mot vous ressemble, car il m’a torturée…
Les rimes que j’assemble, sont de vagues idées.
Je me suis embarquée; navigue la galère…
Et me voici larguée, au milieu de la mer !
Obstinément, je rame, j’affronte dans l’effort,
Les dangereuses lames; arriverai-je au port ?
Divines Néréides*, au regard de velours,
L’eau est si intrépide ; venez à mon secours!
Et vous, Poséidon, offrez-moi de l’audace !
Ce voyage est bien long et les Muses sont lasses.
Mon esprit est en veille; mes pensées sont parties…
Et dans une bouteille, vogue ma poésie…
Néréides : Nymphes marines- Poséidon : Dieu de la mer (mythologie grecque)
ODE À LA MER
À l’origine de notre monde
Toi, la mer, si vaste et si profonde,
toi si riche et tellement féconde
Qu’en dépit des atteintes immondes
que t’imposent les êtres humains
promettant de riches lendemains,
méprisant la supplique des mains
tendues qui réfutent ce dédain,
tu t’efforces de donner la vie,
créant un cadre que l’on envie.
Mais tant d’espèces sont en survie
en ces temps de destruction ourdie !
Ô mer ! Toi, symbole de grandeur
qui sais nous combler par tes splendeurs,
mais aussi provoquer tant de pleurs
quand tu es linceul dans la douleur.
Mer, que l’on pollue, que l’on agresse,
méprisant toutes tes largesses
mer porteuse de tant de détresses
voulues par un monde qui oppresse.
Qui saura te rendre ta beauté,
ta sauvage et belle liberté ?
Seul un sursaut de l’humanité
peut rendre sagesse et volonté.
Souverains, les voiliers de l’espace
que lutine le vent te feront face.
La nature reprendra sa place
afin que toute offense s’efface.
Jeanne FOUCHER mai 2022


MAREE MONTANTE
La marée montante
S’en vient au galop
Le sable a grand-soif
De tout l’océan.
Vagues en clapotant
Ennoient des îlots
Peuplés de bulots
Broutant des rubans
De laitues de mer
Patelle se décroche
De son coin de roche
La lune et la mer
Dansent en cadence
Vague à l’endroit
Vague à l’envers
La marée montante
Envahit l’estran
De noirs bigorneaux
Raclent les rochers
Et de blonds couteaux
Viennent émerger
C’est le goût du sel
Si universel
Qui réveille chaque
Coquille Saint-Jacques.
Coquille Saint-Jacques
Zieute une étrille
Qui court, qui gambille
Sur ses huit béquilles
Si la moule bâille
Ce n’est pas d’ennui
Elle se ravitaille
Ou se reproduit
La lune et la mer
Dansent en cadence
Vague à l’endroit
Vague à l’envers
La marée montante
S’en vient au galop
Le sable a grand-soif
De tout l’océan.
Danièle MANOURY CAEN, LE 19 AOÛT 2014
Tempête
La vague vient
Et puis s’en va.
Elle revient, déferlante et menaçante
Quand l’ouragan s’époumone
Que les moutons blancs bouillonnent.
Tout au loin, vers le large, ce n’étaient que vaguelettes L’énorme vague s’est formée de gouttelette en gouttelette Soudain elle enfle et se soulève. De toutes parts elle se dresse, elle éclabousse
C‘est à vous donner la frousse ! On la croyait dans l’abîme, elle s’élance à la cime Tout en dentelles d’écume qui t’attirent et te fascinent. Sous le ciel noir, le vent te déracine. Ça résonne tu frissonnes au bruit furieux de ce concert tumultueux qui te fracasse la tête.
L’eau sur les rochers se jette Tu affrontes, à grand-peine, les colères du Noroît On n’entend plus que sa voix Toi pourtant mal aguerri, tu résistes et tu t’obstines, tu t’accroches au bastingage Mais ce garde-fou ne sert de rien, le vent fait rage !
A braver les éléments, matelot de pacotille Le pied marin te manquant, tu vacilles Comme le grand foc au vent, ton pardessus s’est gonflé Alors ta témérité fut dévoilée.
Rentre chez toi, Bien à l’abri. Tout le temps que les flots dansent Sache que le dieu Typhon n’aime pas l’outrecuidance Parfois la mer engloutit ceux qu’elle a séduits. Les coups de tabac sont bien plus forts que toi
Poséidon te le commande :
La mer tu respecteras, humble tu te montreras On ne dicte pas sa loi aux colères du vent On ne dicte pas sa loi aux éléments !
Ne tarde pas, je te dis. Protège-toi de la fureur des Cieux Quand le vent se calmera, si tu vois un ciel d’azur pas de rafales la mer étale Viens respirer. Viens admirer,
Et remercier.
CG

Slam La mer
Vent vague va bateau sur l’eau
mon rafiot va sur l’eau
vogue sur mer vogue mon radeau
de l’eau partout
et un vent fou
la mer désert la mer en colère
mon bateau qui veut le port
et le vent de plus en plus fort
les lumières de la côte
qui me réconfortent
La mer enragée
le vent en rafale
tout secoué
tout dérouté
le bateau râle râle
et la mer roule roule s’enroule
s’enroule sous la coque
et sur nous s’écroule
tout transis tout trempés
nous voilà poules mouillées
et le bateau râle râle
en rafale
le vent hurleur le vent fureur
nous voilà coincés
sur cette mer déchaînée
et d’un coup étonnamment
l’éclaircie
le vent fléchit le vent s’adoucit
le bateau et ses gréements
tout s’épanouit
et la mer sourit
Nous voilà prêts
à recommencer
à repartir en mer
vogue vogue mon rafiot
vente vogue sur l’eau
Marie-Paule DEMONT

La mer
la mer qui danse
qui vomit
ses écumes de mer
elle déchante, elle crie
C'est bientôt fini...
vos bouteilles à la mer
vos cochonneries
pour notre malheur
ça tue aussi
les étoiles de mer !
La mer en colère
sur le sable vomit
les détritus salis
entendez-vous ses cris
elle vocifère, la mer
contre sa malchance
due aux hommes en partie
qui continue
avec ses cochonneries
avez-vous vu ?
il n'a rien compris
bien qu'elle soit en transe
et vomit ainsi
ses écumes de mer
hurlant, retour à l'envoyeur
refusant son malheur


Slam à la mer.
La mère Marine est une star.
Mytho, mêlée de mystères où elle s’égare
En Poséidon aux pouvoirs puissants,
Raz-de-marée déferlant, inondé de sang.
Elle puise son mythe et postillonne
Danse, aboie des ordres qui claironnent
Près des golfes pas très clairs
Le cœur abasourdi, les pensées de travers
À regarder la mer,
Qui ne comprend plus rien à ce triste univers.
Tout est couleur de pluie. Tout est couleur d'hiver.
Une masse mouillée d’huile que la terre
Déverse dans ses entrailles
Où chalutier rouillé chahute sous la mitraille
De mille marées de monstrueux magma
Qui claquent et s’entrechoquent
Cognent, contractent et cassent le mât.
La mère Marine au matin, murmure le chant de la mer
Au soleil levant, entre ciel et terre
Il était un petit navire qui n’a qu’une fois navigué.
Au milieu des néréides, le matelot vivait.
Le sable
Blanc sous l’astre brillant
Argenté sous le globe blafard
Joue avec le vent.
Les dunes
Maitresses du temps
Piquetées d’herbes hautes
Verdissent et blondissent.
La mer
Faiseuse de nuages
Obscurateur du soleil
Rabote la falaise.
Les vagues
De leur mouvement lent et rapide
En sourdine
Murmurent de plaisir.
© Krystin Vesterälen – 16 août 2017


Le port
Les voiles blanches
Posées sur la mer diaphane
Epinglées sur la toile
Eclairent les coques.
Le soleil joue de ses rayons
Où le creux de la vague
Entré en lui-même
Devient ombre.
L’aquilon gonfle les voilures
Les mats se dressent
Fiers de leur résistance
S’épanche le zéphyr.
En traits noirs
Volent en V les oiseaux
Compagnons de voyage
Chante le vent.
© Krystin Vesterälen – 05 août 2017

Le vent
Le vent dans la forêt de mâts de fer
Murmure, susurre,
Chuchote, marmonne,
Froufroute, ronronne,
Chante, grommelle.
Le vent dans la forêt de mats de fer
Ronchonne, proteste.
Peste, fulmine,
Vocifère, gronde,
Grogne, rouspète.
Le vent dans la forêt de mâts de fer
Hurle, crie
Beugle, aboie,
Ne peut se retenir
Il enrage, tempête.
© Krystin Vesteralen – 19 août 2017

La marée
Dans un flot
A peine mouvementé
La mer monte
Et noie les rochers.
La falaise s’ouvre
Aux gouffres ténébreux.
La mer y transporte
L’opale de ses couleurs.
Les pas dans le sable
S’enfoncent tel un tapis moelleux.
Se mêlent alors les lapis-lazulis
Du soleil éclairant l‘océan.
© Krystin Vesterälen – 28 août 2017
Les abysses
Sous la ligne d’horizon
En dessous des terres
Immergées par les cieux
Qui, clairs ou sombres
Illuminent les eaux
Multicolores de pierres,
Nids de poissons
Hormis les dauphins
Se querellant avec les requins.
Batailles entre deux mondes
Des abysses
Où profondeurs nocturnes
Se mêlent aux rayons
Diffus du soleil.
Le plongeur, visiteur
Curieux, inopportun
Respire de ses poumons gonflés d’air
En compagnie de l’intelligence.
Une relation intense
La caresse s’offrant aux paumes de la main.
© Krystn Vesterälen – 28 mai 2016

Autres slams

Le slam de Machin-Quentin
Bonjour chacun ! J’m’appelle Machin,
C’est pas un nom mais c’est le mien.
J’suis pas un dandy c’est certain
avec chichis et tout l’tintouin,
j’ai le poil jaune comme du crin
et le costume en peau d’chagrin,
En plus j’ai ni toit ni turbin ,
Pas toujours du pain ni du vin,
Mais j’ai des jambes et pas de frein,
Le monde immense et les chemins
Et le mieux est toujours plus loin.
Et puis j’ai Quentin, c’est mon chien ;
Quentin-Machin, Machin-Quentin,
Sans pedigree mais si malin
Qu’il sait débusquer un lapin
qu’on va r’vendre au bistrot du coin
pour quelques euros plus ou moins ;
parfois l’dab ajoute un gratin,
C’est bon, c’est chaud, ça fait du bien.
Quentin-Machin, Machin-Quentin,
On va partout où on est bien.
mi fanfarons, mi cabotins,
on fait la paire moi et mon chien.
Mais quelquefois, fichu destin
J’suis obligé de tendre la main
Sinon pour moi mais pour Quentin ;
c’est juste une pierre sur le chemin,
C’est pas mon plaisir croyez bien
Et dès que trois sous sont atteints
Nantis comme de vrais rupins,
Nouveaux abois, nouveaux refrains,
Quentin-Machin, Machin-Quentin,
On reprend à deux le chemin,
À nous les plus beaux lendemains !
Irène Gaultier-Leblond 13 février 2022
Et cette guerre qui me désespère
des bombes qui pleuvent
des bébés qui pleurent
des femmes qui prient
un Dieu qui se fait absent
et la Vierge Marie
qui en fait autant
Et cette guerre qui me désespère
la paix que l’on torture
la paix que l’on abjure
Une guerre nourrie et pourrie
Une paix qui dépérit
des hommes que l’on tue
et mes frères qu’on assassine
Des soldats blessés torturés
des civiles dans les abris
des politiques non concernés timorés
des femmes qui prient
un Dieu absent
Cette guerre pourrie
et la paix qu’on oublie
et mes frères qu’on assassine
La paix humiliée
des tanks calcinés
des écoles brûlées
des bombes qui pleuvent
des bébés qui pleurent
des civils dans les abris
la paix avilie et meurtrie
l’enfant gémissant
la paix qui agonise
Et cette guerre qui me désespère
mon impuissance ma souffrance
ma désespérance
cette guerre arrogance
cette guerre vengeance
cet enfer qui me désespère
et mes frères qu’on assassine
Et mon insistance
à vouloir la paix
pour vivre en paix
à vouloir la paix
pour mourir en paix
Marie-Paule Demont
