L'espérance

Citations et textes d'auteurs

Ce qui éclaire l'existence, c'est l'espérance. Jean D'Ormesson
Plus l'espérance est grande, plus la déception est violente. Franz-Olivier Giesbert
L'espérance est un aliment de notre âme, toujours mêlé du poison de la crainte. Voltaire
L'homme de cœur est celui qui se fie jusqu'au bout à l'espérance. Désespérer, c'est lâcheté. Euripide
La Liberté nous prête ses ailes et l'Espérance nous guide par son étoile. Charlotte Brontë
L'espérance est le seul bien de ceux qui n'en ont plus. Roger Bussy-Rabutin
La fidélité ? Il ne faut pas oublier que le mariage a été institué à une époque où l'espérance de vie ne dépassait pas trente ans.
Jacques Dutronc
Une définition de la poésie
Qu’est-ce que la Poésie
Chasser tout souvenir et fixer la pensée,
Sur un bel axe d’or la tenir balancée,
Incertaine, inquiète, immobile pourtant ;
Éterniser peut-être un rêve d’un instant ;
Aimer le vrai, le beau, chercher leur harmonie ;
Écouter dans son cœur l’écho de son génie ;
Chanter, rire, pleurer, seul, sans but, au hasard ;
D’un sourire, d’un mot, d’un soupir, d’un regard
Faire un travail exquis, plein de crainte et de charme,
Faire une perle d’une larme :
Du poète ici-bas voilà la passion,
Voilà son bien, sa vie et son ambition.
Alfred de Musset

Espérance
Printemps
Lève-toi ! lève-toi ! le printemps vient de naître.
Là-bas, sur les vallons, flotte un réseau vermeil.
Tout frissonne au jardin, tout chante, et ta fenêtre,
Comme un regard joyeux, est pleine de soleil.
Les larges espaliers, couverts de boutons roses,
De leur haleine douce embaument le ciel pur.
Seule, la vigne est nue, et, près des fleurs écloses,
Comme un serpent transi rampe au long du vieux mur.
Du côté des lilas aux touffes violettes,
Mouches et papillons bruissent à la fois ;
Et le muguet sauvage, ébranlant ses clochettes,
A réveillé l’amour endormi dans les bois.
Puisque avril a semé ses marguerites blanches,
Laisse ta mante lourde et ton manchon frileux ;
Déjà l’oiseau t’appelle, et tes sœurs les pervenches
Te souriront dans l’herbe en voyant tes yeux bleus.
Viens, partons ! Au matin, la source est plus limpide ;
N’attendons pas du jour les brûlantes chaleurs ;
Je veux mouiller mes pieds dans la rosée humide,
Et te parler d’amour sous les poiriers en fleurs !
Louis Bouilhet


Printemps
Voici donc les longs jours, lumière, amour, délire !
Voici le printemps ! mars, avril au doux sourire,
Mai fleuri, juin brûlant, tous les beaux mois amis !
Les peupliers, au bord des fleuves endormis,
Se courbent mollement comme de grandes palmes ;
L’oiseau palpite au fond des bois tièdes et calmes ;
Il semble que tout rit, et que les arbres verts
Sont joyeux d’être ensemble et se disent des vers.
Le jour naît couronné d’une aube fraîche et tendre ;
Le soir est plein d’amour ; la nuit, on croit entendre,
A travers l’ombre immense et sous le ciel béni,
Quelque chose d’heureux chanter dans l’infini.
Victor Hugo Toute la lyre
Un jour un jour
Tout ce que l’homme fut de grand et de sublime
Sa protestation ses chants et ses héros
Au-dessus de ce corps et contre ses bourreaux
A Grenade aujourd’hui surgit devant le crime
Et cette bouche absente et Lorca qui s’est tu
Emplissant tout à coup l’univers de silence
Contre les violents tourne la violence
Dieu le fracas que fait un poète qu’on tue
Un jour pourtant un jour viendra couleur d’orange
Un jour de palme un jour de feuillages au front
Un jour d’épaule nue où les gens s’aimeront
Un jour comme un oiseau sur la plus haute branche
Ah je désespérais de mes frères sauvages
Je voyais je voyais l’avenir à genoux
La Bête triomphante et la pierre sur nous
Et le feu des soldats porté sur nos rivages
Quoi toujours ce serait par atroce marché
Un partage incessant que se font de la terre
Entre eux ces assassins que craignent les panthères
Et dont tremble un poignard quand leur main l’a touché
Un jour pourtant un jour viendra couleur d’orange
Un jour de palme un jour de feuillages au front
Un jour d’épaule nue où les gens s’aimeront
Un jour comme un oiseau sur la plus haute branche
Quoi toujours ce serait la guerre la querelle
Des manières de rois et des fronts prosternés
Et l’enfant de la femme inutilement né
Les blés déchiquetés toujours des sauterelles
Quoi les bagnes toujours et la chair sous la roue
Le massacre toujours justifié d’idoles
Aux cadavres jeté ce manteau de paroles
Le bâillon pour la bouche et pour la main le clou
Un jour pourtant un jour viendra couleur d’orange
Un jour de palme un jour de feuillages au front
Un jour d’épaule nue où les gens s’aimeront
Un jour comme un oiseau sur la plus haute branche
Louis ARAGON Recueil : "Le Fou d'Elsa"


L'espérance
Comme une vaine erreur,
Comme un riant mensonge,
S'évanouit le songe
Qui faisait mon bonheur.
Ô douce chimère !
Si tu fuis sans retour,
Dans ta course légère
Emporte mon amour !
Ce tendre sentiment,
Cette aimable folie,
Ce charme de ma vie,
Sans toi n'est qu'un tourment.
Ô douce chimère !
Si tu fuis sans retour,
Dans ta course légère
Emporte mon amour.
Déjà, pour me punir
D'avoir été trop tendre,
Je consens à te rendre
Un si cher souvenir.
Ô douce chimère !
Si tu fuis sans retour,
Dans ta course légère
Emporte mon amour.
Que voulez-vous de moi,
Raison trop inflexible ?
Tourment d'un cœur sensible,
Je cède à votre loi.
Ô douce chimère !
Si tu fuis sans retour,
Dans ta course légère
Emporte mon amour.
Marceline Desbordes-Valmore (1786-1859) Recueil : Romances (1830).
L’espérance
J’ai ancré l’espérance
Aux racines de la vie
Face aux ténèbres
J’ai dressé des clartés
Planté des flambeaux
A la lisière des nuits
Des clartés qui persistent
Des flambeaux qui se glissent
Entre ombres et barbaries
Des clartés qui renaissent
Des flambeaux qui se dressent
Sans jamais dépérir
J’enracine l’espérance
Dans le terreau du cœur
J’adopte toute l’espérance
En son esprit frondeur.
Andrée Chedid Une salve d’avenir. Mars 2004


Quand je serai guérie
Filliou, quand je serai guérie,
Je ne veux voir que des choses très belles…
De somptueuses fleurs, toujours fleuries ;
Des paysages qui toujours se renouvellent,
Des couchers de soleil miraculeux, des villes
Pleines de palais blancs, de ponts, de campaniles
Et de lumières scintillantes… Des visages
Très beaux, très gais ; des danses
Comme dans ces ballets auxquels je pense,
Interprétés par Jean Borlin. Je veux des plages
Au décor de féerie,
Avec des étrangers sportifs aux noms de princes,
Des étrangères en souliers de pierreries
Et de splendides chiens neigeux aux jambes minces.
Je veux, frôlés de Rolls silencieuses,
De longs trottoirs de velours blond. Terrasses,
Orchestres bourdonnant de musiques heureuses…
Vois-tu, Filliou, le Carnaval qui passe ?
La Riviera débordante de roses ?
J’ai besoin de ne voir un instant que ces choses
Quand je serai guérie !
J’aurai ce châle aux éclatantes broderies
Qui fait songer aux courses espagnoles,
Des cheveux courts en auréole
Comme Mae Murray, des yeux qui rient,
Un teint de cuivre et l’air, non pas d’être guérie,
Mais de n’avoir jamais connu de maladie !
J’aurai tous les parfums, « les plus rares qui soient » ,
Une chambre moderne aux nuances hardies,
Une piscine rouge et des coussins de soie
Un peu cubistes. J’ai besoin de fantaisie…
J’ai besoin de sorbets et de liqueurs glacées,
De fruits craquants, de raisins doux, d’amandes fraîches.
Peut-être d’ambroisie…
Ou simplement de mordre au cœur neuf d’une pêche ?
J’ai besoin d’oublier tant de sombres pensées,
Tant de bols de tisane et d’heures accablantes !
Il me faudra, vois-tu, des choses si vivantes
Et si belles, Filliou… si belles – ou si gaies !
Nul ne sait à quel point nous sommes fatiguées,
Toutes deux, de ce gris de la tapisserie,
De l’armoire immobile et de ces noires baies
Que le laurier nous tend derrière la fenêtre.
Tant de voyages, dis, de pays à connaître,
De choses qu’on rêvait, qui pourront être
Quand je serai guérie…
Sabine Sicaud
L’aile brisée
Elle est venue avec ses cheveux et sa robe,
Sa robe de beau pourpre et ses beaux cheveux d’or !
Et mon âme aussitôt a pris un prompt essor
Dans l’ivresse du cher instant que l’on dérobe !..
Mon cœur lourd est léger comme une bulle d’or,
Puisque je la revois près de moi revenue !
Et comme en un miracle, apparue, advenue,
Une aile de chimère a repris son essor !
Renée Vivien, Dans un coin de violettes, 1910


Le riche et le pauvre
Penses-y deux fois, je t'en prie ;
À jeun, mal chaussé, mal vêtu,
Pauvre diable ! comment peux-tu
Sur un billet de loterie
Mettre ainsi ton dernier écu ?
C'est par trop manquer de prudence ;
Dans l'eau c'est jeter ton argent ;
C'est vouloir... — Non dit l'indigent ;
C'est acheter de l'espérance.
Antoine-Vincent Arnault (1766-1834)
Fable II, Livre II.
Nos poèmes
ESPÉRANCE
Elle avait pour nom ESPÉRANCE
la petite fille chère à Péguy.
Elle œuvre toujours en silence
lorsque l’inquiétude surgit.
Sereine, elle combat le doute,
s’infiltre là où le tourment
vient empoisonner notre route
dès lors que le monde nous ment.
Elle est l’oiseau de bon augure
qui chasse les appréhensions,
qui nous charme et nous rassure
en clarifiant nos illusions.
C’est la brise rafraîchissante,
c’est un doux rayon de soleil
porteur d’une joie renaissante
nous révélant le bleu du ciel.
Reste avec nous, douce ESPÉRANCE,
car sans toi nous sommes perdus.
Tu ranimes en nous la confiance.
Par toi nul ne doit être déçu.
Jeanne FOUCHER Mai 2023


Flamme espérée
Qui saura éveiller nos désirs oubliés ?
Une mémoire ailée guidera nos mirages.
Un mystère éclairé bénira nos baisers.
Un miracle enflammé rira de nos outrages.
Un sourire embrasé conduira nos désirs.
Une fièvre espérée délivrera l’envie.
Une source oubliée sera notre élixir.
Un rythme étincelant soutiendra nos lubies.
Oublierons-nous un jour le premier de nos rêves ?
Une flamme espérée avive nos amours.
Nous cueillerons l’amour et sa première sève
et le rêve ignoré exaltera nos jours.

Je rêve chaque soir…
Je rêve chaque soir d’une femme intrépide
à l’allure féline et au verbe charmeur,
qui pour me délasser de ma vie insipide
exalterait mon âme et distrairait mon cœur
Elle viendrait vers moi dans sa robe moirée
le regard plein de flamme, aux reflets miroitants.
Et je m’approcherais presque déjà comblé
par cette ardente femme à l’aspect engageant.
Je lui tendrais la main, rempli de sa présence,
aux portes du plaisir et frémissant d’espoir.
Nous serions deux humains espérant la naissance
d’un amour souverain promis à la victoire.
Et comme son désir égalerait le mien,
elle me répondrait sans retard ni soupir
par un baiser fougueux, en m’embrassant pour rien,
comme un amant choyé tout prêt de défaillir.

Espérance
Ô monde abandonné au fond de ta souffrance,
cueille cette parole au goût de réconfort !
Tu seras restauré dans toute ta confiance,
quand laissant tes idoles, tu quitteras la mort.
Argent, sexe et pouvoir, voici tes ennemis.
Tu les chéris pourtant, ils te sont nécessaires.
Ce que tu crois savoir est plein de perfidie :
tu choisis tes savants en fonction des affaires !
Tu regorges de mots débordant de puissance.
Le veau d’or à côté est un tout petit dieu.
Et tu cours au galop vers l’ambiante jouissance
qui te fait rassasié, mais désireux des cieux.
Sans cesses tu gémis, proclamant ta misère.
Ne sais-tu pas déjà que vient l’ère nouvelle ?
Evite le déni qui t’envoie en enfer !
Cherche le mal en toi et ta vie sera belle !
Maël.
Maël naquit fin février
à l’hôpital de la commune.
On l’entendit soudain crier
sous les yeux de la demi-lune.
L’attendant depuis neuf bons mois
à la louable patience,
sa maman portait tout le poids
des soucis et de l’espérance.
Après l’épreuve vont venir
les aléas de l’existence
que lui réserve l’avenir :
les luttes pour saisir la chance.
S’il peut triompher de cela,
reste le sort de la planète
qui chemine cahin-caha
vers une fin quasi complète.
Je voudrais croire toutefois
qu’en dépit de ce qui le guette,
il atteindra, malgré les lois,
l’âge incertain de la retraite !
May-sur-Orne, le 16 avril 2023.


Espérance
Quand soudain le brouillard
Tombe sur toi hagard,
Quand dès l’aube, la pluie
Noie tes pensées d’ennui,
Quand ton pas hésitant
Foule un été tout blanc,
Alors, songe « Espérance »
Pour entrer dans la danse.
Quand aux fleurs s’entremêlent
Des épines cruelles,
Quand un beau crépuscule
De noir tes yeux macule,
Quand tes forces s’enfuient
Laissant tant de soucis,
Alors, songe « Espérance »
Pour entrer dans la danse.
Quand tes rêves sont noirs
À briser les miroirs,
Quand tu te sens perdu
Possédé, abattu,
Quand la dérive croît
Vers la rive au de-là,
Alors, songe « Espérance »
Pour entrer dans la danse.
Quand les notes s’envolent
D’une vie un peu folle,
Quand s’égrènent les heures
Qui sonnent le malheur,
Alors, songe « Espérance »
Pour entrer dans la danse.
Espérance !
Elle a pleuré, elle a crié
Croyant tout espoir disparu.
Puis son Dieu, elle a imploré...
Seul un silence a répondu.
Tout près d'elle, dans le silence,
Petit ruisseau a murmuré,
Fleurant la paix et l'espérance,
Le doux plaisir à exister.
Dans l’herbe tendre, après l’orage
Toutes les fleurs se redressant,
Clamaient en choeur ce bel adage :
"Après la pluie vient le beau temps".
Et les oiseaux en abondance,
Leur joie de vivre ont partagée,
En roucoulant une romance
A l’intention du monde entier.
Porté par cet élan de Vie,
Cette éperdue, enfin sourit.
Son espoir ne l'a pas quittée,
C'est elle qui l'a oublié.
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- Julie - mai 2023


Ma vie...
Il pleut dans mon cœur
Il pleut dans ma vie...
Mais j'aime le rayon de soleil
Qui perce les nuages...
J'aime voir des sourires
Illuminer des visages...
La vie qui resurgit
Après l'orage...
Et ma solidarité
Avec ce monde-là.
Il pleut dans nos cœurs
Il pleut dans nos vies...
Mais y germent aussi
Des trésors infinis.
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Julie - mai 2023

Espoir de vie
Vivre dans l'espoir de la vie
Et que se lèvent les beaux jours
Pour qu'en joie soient les petits
Et que les grands portent l'amour
Vouloir, puissance démesurée
Qui nous emporte et nous mène
Au firmament des destinées
Quand se brisent nos chaînes
Croire en chacun et en ses chances
Car nous en sommes capables
Car tous ensemble dans la danse
L'humanité est adorable
Le 2 mai 2023


L’ESPERANCE
Une espérance hésitante
Qui se raccroche, qui balance
Sur la frêle corde de soie
Du patient travail de l’épeire
Et qui s’emperle, qui larmoie
De cette rosée qui flamboie
De l’or ruisselant du soleil.
Une espérance fulgurante
S’en est allée, glissante
Se réfugier au fond d’un puits
Car au premier jour de la terre
Succéda la première nuit.
L’astre doré qui la nuit luit
Devint le miroir du soleil.
CAEN le 21 AOUT 2022

Revoir
Revoir le muguet et la rose
M'est un si grand bonheur donné
Sans plus de motif ni de cause,
Rien que pour être heureux d'aimer,
Que la moindre métamorphose,
De la semence au grain germé,
La plus petite fleur éclose,
Le gazouillis le plus léger,
Sont autant de cadeaux où j'ose
Puiser la joie à volonté.
Et lorsque l'oisillon explose
Un matin son œuf habité.
Je sais qu'il revient pour la rose,
Mais je sais aussi que pressé,
Il n'aura de cesse ni pause
Que de voir si j'ai patienté.
Printemps 2009


Soleil !
C’est pour ce soleil douillet de juillet
Que sans le chercher
J’ai dû décider
Un jour de rester
Encore un été.
C’était pour sentir,
Bleu comme un désir
Glisser le plaisir
Sur mon dos voûté
En regain léger
De vitalité.
3 juillet 2018
L’espérance
Plus qu’une certitude, une promesse, un plan
Un désir, une vue, un souhait, un élan,
L’espérance aujourd’hui, c’est une volonté
Celle d’agir malgré tout ce qu’il faut surmonter.
N’attendre pas demain ni surtout comparer ;
Chaque pas est le bon qui permet d’avancer.
A même âge qu’hier, l’œil est plus averti
Les moyens augmentés le matériel aussi.
Ce qui n’évite ni l’impasse ni l’échec
L’homme reste faillible et la mémoire avec.
La vie est avant tout un métier qui s’apprend
Aléatoire et beau, cruel et fascinant.
Tous acquis confondus et gestes oubliés,
Chaque matin contient des possibilités
Dont l’homme se nourrit pour hisser l’espérance
Ce don que l’on se fait depuis notre naissance,
Qui est plus qu’un cadeau, un besoin tout puissant
Parce que l’art existe, et l’amour, et l’enfant.
13 / 4 /2023


Comme les arbres
Etre vieux ne se lit pas dans le regard de cette jeune fille aux yeux clairs qui un jour vous invite à prendre sa place dans un bus
Etre vieux c’est se résigner à la marche inexorable du temps
Etre vieux c’est envisager comme probable la défaite du corps
Etre vieux c’est penser qu’on ne peut plus inspirer l’amour
Etre vieux c’est sentir en soi ce grand froid d’un exil intérieur
Etre vieux c’est se vêtir mentalement aux couleurs de l’automne puis à celles de l’hiver qui viendra
Etre vieux c’est marcher sans fin dans ce tunnel qui mène au pays des morts
Etre vieux c’est un univers dans lequel on se sent enfermé comme un condamné
Alors au moment où l’on aborde la rive du grand âge on doit se poser avec d’autant plus d’acuité la grande question comment vivre la vie qui reste
Commence alors une phase où il s’agit d’entrer en résistance contre soi
D’écarter les ombres maléfiques qui rôdent
De préserver son élan vital sa puissance de vie
De s’engager dans le monde les yeux ouverts
Et surtout de continuer à croître comme le font les arbres tout au long de leur vie
De l’hiver au printemps
L’hiver c’est le temps immobile
Le temps du ciel gris celui des fenêtres fermées
Le temps du rien le temps de l’ennui
On se recroqueville l’hiver on se replie sur soi
Comme au temps archaïque des cavernes
On ne vit pas l’hiver on marche sur la pointe des pieds
L’hiver c’est le temps du silence le temps
du coton comme un film au ralenti
Même les oiseaux ne semblent pas
à leur place dans le ciel ils se cherchent
Puis un jour on ne sait pourquoi
il y a un appel du bonheur dans l’air
Une sorte de frémissement une couleur
du ciel que l’on avait oubliée
Une pluie douce comme un espoir dans
le Sahel
Avec l’apparition des premières fleurs
Et des filles dans les rues en robes légères qui se promènent bras dessus bras dessous
On sent l’odeur de l’amour c’est celle
du printemps



La mer ou l’espérance
La mer une obsession je ne saurais dire pourquoi
Peut-être parce que chaque vague en soi
est unique
On ne sait jamais d’où elle arrive la vague
où elle va se poser c’est l’irruption
de l’inattendu
Elle semble aller et venir au rythme même
de l’amour
La mer joue aussi avec les couleurs gris bleu vert émeraude elle surprend elle caresse
Inconstante elle se montre sombre violente parfois confondue avec le ciel ne fait-elle pas peur alors
Puis elle se calme elle chatoie au soleil
elle est douce elle ressemble à un chat se roulant dans le sable
A nouveau elle gronde on entend le ressac se fracasser sur les rochers on pense
aux marins disparus en mer
A d’autres moments elle murmure à l’oreille
une promesse de vie toujours renouvelée
La mer ce serait donc le mouvement l’ombre la lumière la vie tout simplement
Quand je ne la vois plus je l’attends encore comme l’espérance la source de l’éternité
Il nous faut apprendre
Il nous faut apprendre
à ne pas blesser les pierres
à ne pas pleurer sur les jours ordinaires
à regarder l’ombre se déployer lentement
sous les ailes du soleil
Il nous faut apprendre
à nous retenir aux aspérités de la nuit
à refuser les mots qui tuent
à regarder la couleur du ciel
comme si c’était la dernière fois
Il nous faut apprendre
à retrouver le chemin du rêve
à laisser ce rêve glisser en nous
comme dans un rêve éveillé
Il nous faut apprendre enfin
à réenchanter le monde
passer le Léthé sans nous retourner
et remonter de l’Hadès à la lumière du jour


Pris sur le vif
Ce matin
à huit heures
sur mon balcon
un rayon de soleil
a traversé la fenêtre
comme une promesse du jour
EXTATIQUE VERTIGE
A l’heure où le sportif a franchi l’impossible,
Exténué et happé par la soif de l’exploit,
Après que le Mont Blanc lui imposa sa loi,
L’alpiniste audacieux explore une autre cible.
Il rêve à l’Everest : désir incoercible,
Epris d’immensité et guidé par sa foi…
Grisé par la passion qui efface l’effroi,
Il connait sur la roche une extase indicible !
Gravira-t-il, un jour, l’auguste Annapurna
Ou bien conquerra-t-il le fier Aconcagua ?
Vers l’Inde ou l’Argentine, il s’envolera vite …
De risques en périls, l’homme, hardiment, avance,
Se livrant corps et âme aux cimes, sans limites…
A son digne courage, se mêle l’espérance !


L’EAU DE L’ESPOIR…
Hommage aux héros du débarquement du 6 juin1944, en Normandie
Près des hautes falaises, ou marchant sur la lande,
A quoi donc pensez-vous en regardant la mer ?
Promeneur solitaire, sur la Côte normande,
Je voudrais pénétrer en votre imaginaire…
Les rochers éternels qui surplombent la Manche,
Paisibles aujourd’hui, invitent au voyage ;
Mais nos cœurs attristés, sur l’Histoire se penchent …
Pour ce temps retrouvé, nul besoin de bagages…
La plage d’Omaha qu’on nomma la « sanglante »,
Siège de lourds combats, fut tristement célèbre.
Les obus s’unissaient aux vagues déferlantes ;
Dans les flots, s’élevait une oraison funèbre.
L’eau de la mer perdait sa noble transparence,
Quand tout le sang versé, en un voile écarlate,
Au rythme du ressac, accompagnait la danse
Follement effrénée des lames scélérates !
Une lutte assassine et des vents en tous sens,
Multipliaient leur force, agressant le rivage…
Tant d’hommes combattaient, implorant l’espérance,
Mais ce fut, en eaux troubles, un sinistre carnage !
Bunkers, blockhaus, canons, qu’êtes-vous, à présent ?
Ô ! Souvenirs gravés, effroyables images !
Le mur de l’Atlantique, vestige pertinent,
Répond aux hurlements de tous les vents du large.
Seule consolation, mais aussi à quel prix :
La victoire espérée, à l’aube d’un six Juin…
Ce « D-Day » salvateur a coûté tant de vies :
Chant du cygne, souvent, mais liberté, enfin !
En regardant la mer, toi, l’enfant bienheureux,
Tu t’empares des flots pour de jolies histoires…
Tu rêves d’aventures et tu fermes les yeux,
Mais sais-tu, qu’un grand Jour, l’eau fut source d’espoir ?
ESPERANCE
Espérance
expérience
rance
inconscience
méconnaissance
pas de danse pour un pas de côté
Espérance
insistance
renaissance
pitance
assistance
ignorance
non-sens pour un rond-point en agonie
Espérance
en transe
malchance
délivrance
souffrance
intolérance pour la nuit qui piétine
Espérance
existence
relance
résistance pour fracasser l'horizon boiteux
de nos insuffisances
de nos ambivalences
Daniel-Collin / mai 2023
Naître ou ne pas naître ?
J’espère ton minois, ô mon enfant à naître,
Il me tarde vraiment de te voir apparaître.
— Dans mon logis douillet me parvient la rumeur
D’un monde résonnant de bruits et de fureur.
— Mais j’attends patiemment depuis plus de dix lunes,
La date d’aujourd’hui me paraît opportune.
— Je suis bien à l’abri, tout au creux de ton corps,
Je crains de découvrir ce qui est au-dehors.
— Mon enfant, mon petit, vraiment tu exagères !
Comment puis-je t’aimer comme le font les mères ?
— Ce que tu me dis là me laisse désarmé,
Car je ne connais pas le sens du verbe aimer.
— Aimer, c’est bel et bien déborder de tendresse
Et offrir sans compter la douceur des caresses,
Te serrer contre moi, blotti près de mon cœur,
Partager chaque jour ces instants de bonheur …
— Des baisers, des câlins, cela me fait envie
Maman, je veux bien naître, alors vive la vie !

L’espérance
Haïkus
Quand tombe le vent
Un oiseau chante gaiement
Espoir de printemps
Besoin d’évasion
Contretemps à profusion
Et désillusion
Dans son nid douillet
Bébé grandit en secret
Arrive en été
Quand tout devient noir
Quand tout s’écroule un beau soir
Il reste l’espoir
Vilaine chenille
Sortira de son cocon
En beau papillon








