Le rêve


“Une place pour les rêves Mais les rêves à leur place.” Robert Desnos
“Un rêve sans étoiles est un rêve oublié.” Paul Eluard
“On croit que les rêves, c’est fait pour se réaliser. C'est ça, le problème des rêves : c’est que c’est fait pour être rêvé.” Coluche
La poésie, c'est ce qu'on rêve, ce qu'on imagine, ce qu'on désire et ce qui arrive, souvent. La poésie est partout comme Dieu n'est nulle part. La poésie, c'est un des plus vrais, un des plus utiles surnoms de la vie. Jacques Prévert
Appelons poésie une création par l'image et le rêve. Jules Renard
“Fais de ta vie un rêve, et d'un rêve, une réalité.” Antoine de Saint-Exupéry
“L'amour est le seul rêve qui ne se rêve pas.” Paul Fort
“Nous sommes le rêve d'un dormeur qui dort si profondément qu'il ne sait pas qu'il nous rêve.” Jean Cocteau
Rêves d'auteurs
Mon rêve familier
Je fais souvent ce rêve étrange et pénétrant
D'une femme inconnue, et que j'aime, et qui m'aime
Et qui n'est, chaque fois, ni tout à fait la même
Ni tout à fait une autre, et m'aime et me comprend.
Car elle me comprend, et mon cœur, transparent
Pour elle seule, hélas ! cesse d'être un problème
Pour elle seule, et les moiteurs de mon front blême,
Elle seule les sait rafraîchir, en pleurant.
Est-elle brune, blonde ou rousse ? - Je l'ignore.
Son nom ? Je me souviens qu'il est doux et sonore
Comme ceux des aimés que la Vie exila.
Son regard est pareil au regard des statues,
Et, pour sa voix, lointaine, et calme, et grave, elle a
L'inflexion des voix chères qui se sont tues.
Paul Verlaine


LE RÊVE D’UN CURIEUX
Connais-tu, comme moi, la douleur savoureuse,
Et de toi fais-tu dire : « Oh ! l’homme singulier ! »
— J’allais mourir. C’était dans mon âme amoureuse,
Désir mêlé d’horreur, un mal particulier ;
Angoisse et vif espoir, sans humeur factieuse.
Plus allait se vidant le fatal sablier,
Plus ma torture était âpre et délicieuse ;
Tout mon cœur s’arrachait au monde familier.
J’étais comme l’enfant avide du spectacle,
Haïssant le rideau comme on hait un obstacle…
Enfin la vérité froide se révéla :
J’étais mort sans surprise, et la terrible aurore
M’enveloppait. — Eh quoi ! n’est-ce donc que cela ?
La toile était levée et j’attendais encore.
Baudelaire
Fin du rêve
Le rêve, serpent traître éclos dans le duvet,
Roule autour de mes bras une flatteuse entrave,
Sur mes lèvres distille un philtre dans sa bave,
Et m'amuse aux couleurs changeantes qu'il revêt.
Depuis qu'il est sorti de dessous mon chevet,
Mon sang glisse figé comme une tiède lave,
Ses nœuds me font captif et ses regards esclave,
Et je vis comme si quelque autre en moi vivait.
Mais bientôt j'ai connu le mal de sa caresse ;
Vainement je me tords sous son poids qui m'oppresse,
Je retombe et ne peux me défaire de lui.
Sa dent cherche mon cœur, le retourne et le ronge ;
Et, tout embarrassé dans des lambeaux de songe,
Je meurs. — Ô monstre lourd ! qui donc es-tu ? — L'Ennui.
René-François Sully Prudhomme.


Phantasma
J'ai rêvé l'archipel parfumé, montagneux,
Perdu dans une mer inconnue et profonde
Où le naufrage nous a jetés tous les deux
Oubliés loin des lois qui régissent le monde.
Sur le sable étendue en l'or de tes cheveux,
Des cheveux qui te font comme une tombe blonde,
Je te ranime au son nouveau de mes aveux
Que ne répéteront ni la plage ni l'onde.
C'est un rêve. Ton âme est un oiseau qui fuit
Vers les horizons clairs de rubis, d'émeraudes,
Et mon âme abattue est un oiseau de nuit.
Pour te soumettre, proie exquise, à mon ennui
Et pour te dompter, blanche, en mes étreintes chaudes,
Tous les pays sont trop habités aujourd'hui.
Charles Cros (1842-1888)
Recueil : Le collier de griffes posthume1908.
Les songes et les fleurs
Viens, si tu veux rêver d'amour,
Viens tresser ta couronne au fond de la campagne :
Voici l'heure, hâtons-nous, ô ma jeune compagne !
Les songes dans les fleurs se cachent tout le jour.
De leurs frêles prisons vont sortir les mensonges ;
Le rêve d'une vierge est dans le frais jasmin :
Hâtons-nous de cueillir et les fleurs et les songes,
Les songes et les fleurs ne seront plus demain.
Viens chercher le fragile espoir,
L'amandier le balance en sa fleur argentée :
Viens ! nous le saisirons sur la tige agitée ;
Dans un rêve d'amour il est doux de le voir.
De leurs frêles prisons vont sortir les mensonges ;
Le rêve d'une vierge est dans le frais jasmin.
Hâtons-nous de cueillir et les fleurs et les songes,
Les songes et les fleurs ne seront plus demain.
Ne pose jamais sur ton sein
L'effroi du meurtrier, la sombre mandragore ;
De sa tige brisée un cri s'échappe encore,
Avec le rêve affreux qui poursuit l'assassin.
De leurs frêles prisons vont sortir les mensonges ;
Le rêve d'une vierge est dans le frais jasmin :
Hâtons-nous de cueillir et les fleurs et les songes,
Les songes et les fleurs ne seront plus demain.
Cherchons celui qui vient des cieux ;
Il console en dormant la douleur méprisée :
Des larmes de la nuit la vanille arrosée
Parfume son sourire et son vol gracieux.
De leurs frêles prisons vont sortir les mensonges ;
Le rêve d'une vierge est dans le frais jasmin :
Hâtons-nous de cueillir et les fleurs et les songes,
Les songes et les fleurs ne seront plus demain.
Marceline Desbordes-Valmore (1786-1859)
Recueil : Romances (1830).


Contrerime XIX.
Circé des bois et d'un rivage
Qu'il me semblait revoir,
Dont je me rappelle d'avoir
Bu l'ombre et le breuvage ;
Les tambours du Morne Maudit
Battant sous les étoiles
Et la flamme où pendaient nos toiles
D'un éternel midi ;
Rêves d'enfant, voix de la neige,
Et vous, murs où la nuit
Tournait avec mon jeune ennui...
Collège, noir manège.
Nos rêves
le mot rêve ressemble à un nuage
(lui- même tient sa grâce de son nom)
et s'il pleut sur cette image
c'est qu'il achève de chanter
les belles figures du ciel
l'œil qui s'éveille- sous la paupière
a déjà dansé toute la nuit
il se peut qu'un stratus lui sourit
pendant que le rêve anime le réel
(ne dissimulant- par tact- aucun secret)
le mot rêve résonne en cette nuit
qui médite lentement ton regard caché
du noir au blanc comme en plein soleil
il se peut qu'un sauvage s'y immisce
et c'est toute l'histoire qui s'en mêle
fugace et relative


à un niveau d'incidence lévitant
parmi les stratus itinérants
entre les tours raides de l'église
je me vois entre ces nuages
songeant au pré texte inefficace
qui rend sa somme au sonneur
et évite les vents de glace
martyrisant l'ombre de l'objet même
comme l'acte ne veut pas se voir
dans le reflet envoyé depuis la rivière
où je pêche le saumon mort
et joue ma distance de l'in fini
avec les cartes de l'in décence
depuis des creux d'immense morgue
qui cauchem ardent dans des déserts
et des suppliques à l'amour mort
Le rêve
un rêve éveillé
m'accompagne et veille
un ami caché
vit à mes cotés
transforme en merveilles
toute ambiante morosité
la vérité améliorée
pour voir le bon coté
je rêve éveillée
le moche en veille
pour mieux marcher
refusant la pure vérité
sous un ciel étoilé
la terre sommeille
et moi toujours je rêve
demandant au ciel de m'aider


L’enfant rêveur
Ainsi que l’eût pu faire un corbeau en jaquette,
Ainsi tu pérorais inutile et savant
Sur le néant,
Devant l’enfant distrait qui rêvait dans sa tête
À la mouche posée sur le coin du tableau,
À la bille perdue, aux pieds dans le ruisseau,
À l’ample balançoire au jardin de papy
Le mercredi.
L’enfant parfois, cueillait, tout bas, près de l’oreille,
Un mot qui lui faisait comme un doux bruit d’abeille
Et ne le gênait pas,
Quand la voix
S’enfla d’une question heurtant l’âme candide :
Qu’est-ce que le vide ?
Et l’enfant répondit, plein d’un docte savoir :
C’est tant que ma maman ne m’a pas dit bonsoir.
LA FARANDOLE DES REVES
Artisan de mes rêves, poète, viens vers moi !
Dès que l’aube se lève, mets mon cœur en émoi…
Et toi, le philosophe, virtuose des idées,
Lorsque je t’apostrophe, éclaire mes pensées !
Ô! Jolie sérénade, quand brille Séléné*,
Cupidon, en balade, se plaît à me charmer…
Apollon flamboyant me séduit, me courtise;
Les Arts sont mes amants, la Musique me grise…
Précieuse méridienne, quand brille le soleil,
Derrière les persiennes, je pense, je sommeille…
La sieste est souveraine, le grand sage l’honore...
Les songes vous emmènent, cultivons ce trésor!
Pour ton cœur en déroute, ne va pas voir le mage ;
Il sèmerait le doute, le Maître des mirages…
Mais quand le clown sourit, faisant naître nos rires,
Qu’elle est belle, la vie, et quels doux souvenirs !
L’Amérindien m’a dit : « Prends ce capteur de rêves,
Les cauchemars maudits s’évanouiront sans trêve.
Seul, un enchantement réjouira ta mémoire,
Pour savourer le Temps du matin jusqu’au soir. »
Aujourd’hui et demain, forgeons de beaux projets …
Dessinons un chemin, réalisons nos souhaits !
Rêvons nos vies, en paix, ou bien vivons nos rêves,
Mais n’acceptons jamais qu’un désespoir s’élève !
*Séléné : La lune (mythologie grecque)


Le rêve
défini réducteur que « le » rêve
clos ainsi au carrefour des études psychologiques
sociologiques métaphysiques allégoriques
chimériques transatlantiques rimailleriques
et pourquoi pas oniromantiques
à moins qu'il ne se recroqueville à l'obsession du ravissement
irréel endimanché
qui tambourine dans la tête
et assèche les horizons
simple objet tripoté par les maniaques
« rêver » s'avère bien autre chose
mouvement chamboulement imaginaire incoercible
voyage inattendu au bout de chemins inconcevables
re-création de mondes esquissés
qui s’entre-déchirent ou s'aiment à la folie
pour le spectateur que nous sommes
souvent convié à ce carnaval intérieur
où le moi n'est pas moi mais chimère incongrue
qui danse à féerie que veux-tu
puis très souvent oublie
tout
ou partie
Daniel-Claude Collin / février 2022
ÉNIGME
Ces rêves insistants et troublants
qui s’imposaient à moi souvent
étaient-ils porteurs de messages
pour que j’en fasse bon usage ?
Lors, il me fallait dans la nuit
avancer seule et sans bruit
dans un lieu insolite, étrange
rempli d’images qui dérangent.
Ce pouvait être une forêt
dont les grands arbres m’encerclaient
ou bien les eaux d’une rivière
me bousculant dans sa colère.
Parfois soudain je surgissais
chez des inconnus sidérés
et moi, déroutée et confuse
je me morfondais en excuses.
Enfin un réveil angoissé
mettait fin au rêve insensé.
Mais toujours et quoi que je fasse
s’imposait l’idée d’une impasse.
J’ai souvent recherché l’origine
de ces songes et j’imagine
qu’ils étaient comme le reflet
d’obstacles, d’échecs camouflés.
Jeanne FOUCHER Février 2022


Je rêve ...
Le vent m'invite sur son aile
Vais-je le suivre dans le ciel ?
M'envoler vers les galaxies
Et côtoyer les infinis ?
Parmi les étoiles jouer
Comme en un jardin enchanté ?
De là-haut découvrir la terre
L'admirer dans tous ses mystères ?
---
Or le vent vient me susurrer
D'autres projets pour m'allécher
Me faisant alors hésiter
Avec d'autres réalités :
La mer avec ses horizons
Et la magie de ses grands fonds ?
Voguer en sous-marin cristal ?
Capter les aurores boréales ?...
---
Et moi ? et moi ? et moi ?
C'est le refrain que je perçois
Dans l'herbe fraîche de mon pré
Où je viens de me réveiller.
La fourmi et le coquelicot,
L'eau cristalline du ruisseau
Se rappellent à ma rêverie.
Ils ont peur que je les oublie...
Julie - février 2022
Rêve éveillé
Qui nous fera sortir de la morte saison ?
Une larme sacrée annonce notre éveil.
Nous n'ajouterons rien aux mornes trahisons.
Une femme ignorée sera notre pareille.
Quelle aube sans souci délivrera le ciel ?
Une flamme bénie caressera le jour.
Le mystère infini extirpera le fiel.
Nous marcherons légers à l'abri des vautours.
Je sais que toute attente éloigne l'ironie.
Une aurore de pluie traverse l'horizon.
D'un miracle inouï nous garderons l'envie
et le rêve éveillé apporte sa saison.


Cauchemar
Quand la journée s’achève et que l’ardeur s’enfuit,
Quand la pendule affiche un peu plus de minuit,
Le moment est venu, pour mon futur bien-être,
D’aller enfin dormir. Dormir, rêver peut-être ?
Oui, l’obstacle est bien là. Morphée et ses pavots
M’emporteront alors vers des mondes nouveaux.
Quelle errance sans fin, quelle impossible quête
Sera le coryphée de mes terreurs secrètes ?
Serai-je poursuivie par un monstre inhumain ?
Quel spectre du passé croiserai-je en chemin ?
Blottie sous l’édredon, près de celui que j’aime
Sauvée de la noirceur par quelque exquis poème,
Je glisse peu à peu dans un sommeil léger
Et mon âme assoupie commence à voyager.
Périple fabuleux et plein de fantaisie
Qui m’entraîne en un lieu qui ressemble à l’Asie.
Dans le jour incertain, des arbustes en fleurs
Prennent étrangement d’improbables couleurs
J’avance à pas feutrés et soudain je discerne
Une allée qu’illumine une vieille lanterne...
J’ignore où cette voie peut mener, néanmoins,
J’ose m’aventurer sur les pavés disjoints.
La route s’étrécit, la nuit se fait opaque,
Je ralentis le pas, redoutant une attaque.
Plus forte, cependant, est la curiosité,
Je plonge imprudemment dans cette obscurité.
Tout à coup, grimaçants, de terrifiants visages
Surgissent du néant me barrant le passage.
Et il ne semble pas qu’ils me veulent du bien,
Car ils sont de ces lieux les antiques gardiens.
Hélas, je ne peux fuir cette sinistre escouade,
Je reste pétrifiée, mon cœur bat la chamade …
… Et je m’éveille enfin avec soulagement
Mais n’éprouvant pourtant aucun délassement !


REVES
Rêves aborigènes
Qui dressent leurs troncs bleus
Sur une terre rouge
Des temps paléocènes,
Où donc les ai-je vus ?
Les rêves fumigènes
D’une terre de soufre
Sertissant l’émeraude
D’une eau nauséabonde
Où donc les ai-je vus ?
Les rêves halogènes
D’une terre de sable
Qui, très souvent chavire
Sur ses bases instables,
Où donc les ai-je vus ?
Ne serais-je ma foi
Qu’un atome exogène
Qui traverse les rêves,
Ne les capture pas ?
Danièle MANOURY CAEN LE 14 JUIN 2021
Rêve éveillé.
Sans m’occuper du temps dehors,
dès que le drap de la nuit tombe,
je ferme les poings et je dors,
seule activité qui m’incombe.
Et je sais qu’en closant les yeux,
jusqu’à ce que le jour se lève,
malgré les plus chers de mes vœux,
je ne ferai plus aucun rêve.
C’est ainsi depuis maintenant
les temps enfuis de mon jeune âge,
sauf quelque cauchemar venant
troubler ma paix de son mirage.
Mais à la place, j’ai bien mieux
à faire quand le jour m’éveille :
rêver d’un avenir heureux
qu’un ciel sans masques ensoleille !
Michel BARTHA May-sur-Orne, le 4 janvier 2022.


LE PARTAGE DE MINUIT
Quand scintille la lune et que le jour s’enfuit,
Dans toutes les maisons, se ferment les paupières.
Les rêves, peu à peu, caressent mon esprit.
Alors, un autre monde apporte sa lumière…
Point de sombre mirage, mais un jardin d’Eden…
Elégante et céleste, en sa robe irisée,
Une Muse me parle, elle efface ma peine ;
Sa voix tendre murmure des strophes enchantées :
« Je m’appelle Calliope *et j’offre l’éloquence.
Je règne en poésie, amie des troubadours.
De l’Ode ou du Sonnet, je chéris l’élégance ;
Célébrons notre nuit, au tempo de l’Amour ! »
Ô ! Symphonie de mots joyeux et délectables !
Je glisse doucement dans l’âme d’un poète,
Savourant l’aventure, à jamais mémorable,
D’un instant délicieux et d’une noble fête !
Euterpe* me séduit de sa flûte magique.
Un piano, une harpe ont traversé le Temps.
Dans le ciel éthéré, brille l’astre idyllique,
Quand s’élève, divin, le Sacre du Printemps !
Pygmalion* amoureux sculpte une Cariatide…
De ses couleurs, le peintre illumine une toile.
Apollon rayonnant m’accompagne et me guide…
Je m’élance, aérienne, et touche les étoiles !
Sous les feux d’un théâtre, excellent les artistes.
Le rideau pourpre vole au-dessus de la scène…
Sur la piste dorée, charmante trapéziste,
Qui pourrait oublier ta grâce souveraine ?
La clé des songes m’offre une extase sublime,
Mille joies en partage, au Pays des Merveilles.
Je voyage gaiement sur le flot de mes rimes,
Naviguant vers une île, embellie de soleil.
Terpsichore* me salue d’une charmante danse…
Je m’éveille et j’écris d’une plume inspirée.
L’heure bleue me sourit en subtiles nuances…
Dans mon esprit heureux, mes rêves sont gravés !
*Pygmalion ; sculpteur-(Mythologie grecque) -*Apollon: Dieu des Arts et de la Lumière
Les Muses en Mythologie :*Calliope : Poésie-Eloquence- *Euterpe : Musique- *Terpsichore : Danse
La famille rêvée
Rêver d'un beau bateau
Et de parcourir les flots
Rêver de la vie de château
Et de goûter au luxe rétro
Rester finalement à quai
Les poches aux fonds percés
Est le plus grand bienfait
Que l'amour nous ait donné
Notre rêve est présence
Pas juste une espérance
Notre histoire a du sens
En toi belle j'ai confiance


La fin du poème
Opacité
Obscurité
On jouait à quoi ?
On rêvait de quoi ?
Rime légère, fluide
Plume et rond dans l’eau
A cloche-pied
A pieds joints
Le nez dans l’herbe
Les yeux au ciel
Comme un vertige
Comment as-tu fait pour me retrouver ?
J’étais si loin
Porte fermée
Cadenassée
Rai de lumière dans le couloir
Voix assoupies
Le drap jusqu’aux yeux
Le frais au fond du lit
Dehors il fait si froid
Dehors il fait si noir
Et ces oiseaux qui crient
N’aie plus peur
Je suis là
Demain il fera jour. Et chaud
Nous serons au creux de tout
Il ne faut pas pleurer
Les larmes vont te noyer ...
... Comme un voyage
Ou un jardin
Voler peut-être
Se cacher dans un arbre pour attendre le jour
Comme du vin qui coule sur le mur
Verre fracassé
Etrange fureur
Une ombre fraîche qui te rend fou
Etre ailleurs être absent être seul
Tu n’y comprends plus rien
Sans la rumeur du monde
Sans les éclats de voix
Et les froides colères
Tout ce temps perdu
Et ce qu’il reste à vivre
Rugissements
Feulements
Miaulements
Celles qui nous déchireront d’un coup de patte
Violence
Douceur
A quoi jouait-on ?
De quoi rêvait-on ?
Je ne sais plus
Nous mourrons de faim
De soif
De froid ou de peur
Nous mourrons.


Un rêve sous l’oreiller
A mes parents
Dans le cœur de ma nuit je vous ai rencontrés.
Quarante ans… Tout ce temps sans vous,
L’amour et les chagrins intacts
Mais l’incrédulité je l’avoue.
Dans vos regards je suis entrée,
J’ai cru que la mort était inexacte
Et supposée.
Quelques secondes de contact,
Perdue dans votre absence j’étais désemparée.
Dans le cœur de ma nuit je vous ai rencontrés,
Me suis réveillée seule, comment vous rattraper ?
Mes draps sont vides
Et mon rêve s’attarde sous l’oreiller.
Le 27 janvier 2022
si belle qu’elle s’explique avec les dieux
d’un contour d’œil tout de silence
déviant la larme avant le spleen
si son absence s’explique par les yeux
les dieux hideux feront le ménage dans la poussière
c’est une muse secrète et dissidente
à la langue blanche d’images épanouies
c’est une muse combattante- les parques trichant
et médisant même de la grâce au soleil
même les anges sont sur le cul- répètent
le vers parfait qu’elle inspire aux poètes
dans une ivresse orphique et bacchusienne
tenant le miracle du bout des ailes
et lévitant tel un délice- étrange et arche


de l'amnésie dans les veines
et du sursis pour ces traces
qui ne sont plus que poussière
la sensualité des sphères
résume les hasards de l'espace
comme un crapaud la chance
d'un prince pour sa princesse
une dormeuse névrotique
qui poétise dans son sommeil
ses rêves sont si élastiques
qu'elle ne ressent pas ce baiser
qui passe comme passe le temps
sans souvenir que la lumière
sur des chimères s'acharnant
Endormie, comme la belle au bois dormant,
attendant, toute seule, son prince charmant.
Voyager dans des contrées remplies de luminosité,
de chevaliers et d'épées.
Avoir peur de soi-même,
de son regard,
de son miroir
dans un cauchemar qui ne toucherait pas à sa fin.
Enfin, se réveiller à l'aube pour partir travailler,
le rêve, ce doux moment de liberté.
Maxime Lewczuk


J’aime mes rêves si chers
Parce qu’ils ne valent rien.
Ils tourbillonnent dans l’air
Sous l’épée d’un chérubin.
Dans une clarté obscure,
Ils jouent, dansent et caracolent
Semant le chaos, augures
De mes pensées qui s’envolent.
Je vois de lointains pays
De landes et de prairies sombres
Qui souffrent au cœur du maquis
Entre l’abîme et les ombres.
Ici, des marches de pierres
Là, un lac d’images et d’ondes.
Y naît une âme qui erre
Au-dessus des eaux profondes.
Tout n’est que fuite et brouillon
Et mes pensées marécages
S’enfuient comme une chanson
Qui sonne au loin du rivage.
« Je dis que le rêve est une autre vie
Et que d’autre vie, on n’a jamais trop. »
Le rêve
Le rêve est une évanescence
Qui m’enveloppe d’une aura
Où s’infuse une connaissance
Dont j’ignorais qu’elle fût là.
C’est là qu’une autre vie commence
Comme un cadeau qui n’est qu’à moi
Je l’accepte en toute innocence
C’est une faveur qui m’échoit
Où se rejoignent en silence
L’éphémère, le cœur, l’émoi,
Le sourire, l’enfant, la danse,
Et j’en use selon mon choix

LE RÊVE
Je suis ombre, je suis lumière,
intemporel bien qu’éphémère,
je divague, mais bien présent
j’interpelle tout en passant.
Bien qu’inconsistant, je m’impose
par l’énigme que je propose.
Image floue, vague impression
de réel, quête d’intuition,
de déjà vu ou bien d’étrange,
chose insolite qui dérange,
curieux et troublant scénario
qui, au cœur fera froid ou chaud.
Tissé de brume impondérable
tel un fin voilage, impalpable,
vaisseau fantôme inquiétant
qui nous entraîne sous l’autan
vers des rives dont les arcanes
auraient besoin d’un fil d’Ariane.
Tel est le rêve évanescent
qui parfois plane sur nos nuits
et jusqu’aux abysses descend,
indifférent au temps qui fuit
Jeanne FOUCHER Février 2022

UBIQUITE
Mes rêves vont partout
Ce sont des rêves fous
Qui vont à Tombouctou
Au bras d’un tourlourou.
Mes rêves vont partout
Je vais, que voulez-vous,
A Ouagadougou
Sur l’aile d’un hibou.
Mes rêves sont bien fous
Je vais même à Corfou
Courir le guilledou
Avec un garçon roux.
Mes rêves sont filous
Ils auraient rendez-vous
Au bras d’un andalou
D’un hidalgo jaloux.
Mes rêves sont près de vous
Ce sont des rêves doux
Ils vont cueillir les choux
Un beau jour du mois d’août.
MOUEN OU TOURVILLE SUR ODON 1978


BONNE NUIT LES PETITS
Ô ! Désirs merveilleux, à l’orée de mes nuits…
Je dévore des yeux, Nicolas, Pimprenelle,
Je n’ai plus peur du Noir, lorsque la lune luit,
Et des milliers d’étoiles brillent dans mes prunelles…
Sur un nuage blanc, merveilleux rendez-vous,
Un ours tendre et bizarre me parle et je m’endors…
Tel un marchand de rêves qui m’offre les plus doux,
Ulysse, dans le ciel, sème du sable d’or…
« Là, j’éteins la lumière… » Dit gros Nounours, ému !
Je traverse le Temps, alors que mon cœur danse…
Ô ! Souvenirs exquis et je tombe des nues :
Pourquoi sont-ils si beaux, les souvenirs d’enfance ?
Et si c'était vrai ?
(conte)
Le petit Loir dans son trou noir
Vient enfin de se réveiller.
Il s'était endormi un soir
Il y a un millier d'années...
Sortant le museau de son trou
Ses yeux se sont écarquillés,
Ne reconnaissant pas du tout
Le monde qu'il avait quitté.
Les grands immeubles ont disparu
La nature est plus foisonnante,
Et cet oiseau qui le salue
Parle d'une paix qui l'enchante.
Le chat danse avec la souris,
Des enfants jouent dans le jardin.
Coule un air de belle harmonie
Qui remplit le cœur de chacun...
Or, tout à coup, il se souvient
De la peur qu'il a refusée.
Le Monde était sur le déclin.
L'Homme en train de l'assassiner.


L'oiseau voit son étonnement.
Doucement, il va lui chanter
Ce que l'on raconte aux enfants
De l'Histoire de l'Humanité :
"Les animaux ont pris la main
Et l'homme a enfin reconnu
Qu'il s'égarait sur le chemin"...
Et le miracle est advenu !
Julie - février 2022
Le rêve
je rêvais les yeux ouverts
d'un tout autre univers
le paradis sur terre
le père éternel moins sévère
mes rêves cassèrent ….
je rêvais d'une autre vie
pour satisfaire mes envies …
Je rêvais d'un homme « sagittaire »
les deux pieds sur terre
je rêvais d'un miracle...du fils de Dieu
des regrets des hommes après ses adieux...
Je rêvais, vrai, le père Noël
pour faire à l'enfant la part belle
Je rêvais à la maladie interrompue
par l'intelligence des hommes vaincue
je rêvais à l'arrêt de la misère
de mes sœurs et frères
je rêvais d'une autre planète
où rien ne s'achète
je rêvais à l'amitié
et à sa longévité
je rêvais à la rose du petit Prince
une rose, dans ses doigts minces
je rêvais, je rêvais
toutes ces années
mon cœur ouvert
les yeux fermés ...

... et je me suis réveillée
sous un ciel couvert
d'un hiver sur terre
entre ciel et mers
où on se croise les yeux fermés
les hommes allant vers,
malgré leur rêve inachevé
leur sol malmené
aux couleurs bleus et verts
que tout homme sain espère,
croyance et rêve apaisent
les actes d'Adam et Eve
première erreur de l'humanité
dont on n’a pas fini de parler
je rêve, l'esprit ouvert
de mon père, de ma mère
dont j'ai pris la relève
pour que rien ne s'achève.
Des rêves imaginés
par tous les écoliers
l'enfance inachevée
dont il faut se méfier
les deux pieds sur terre
faible est la chair
depuis bien des années
et d'un dieu oublié.
DANYDEB 18 01 2022

Oser
Oser parler de nous
Oser rêver de liberté
J'irai voir Katmandou
Et les grandes forêts
Oser un jour le voyage
Oser l'insécurité
Écrire un reportage
Au cœur des cités
Oser partir ensemble
Oser vivre en amitié
Et que nos cœurs tremblent
Sans jamais se toucher


Rêve incandescent
Ô rêve incandescent illuminant mon être,
je te dois une extase au fond de ma tristesse.
Saurais-tu m’apporter au bout de l’allégresse
un soupir souverain transcendant le paraître ?
La nuit douce et sereine éloigne mon mystère
par sa ténèbre amie remplissant mon décor.
Serait-ce le début d’une fin délétère
pour mon âme éthérée respirant sans effort ?
Une étoile allumée éclairant mon sommeil
s’approche de mon lit entouré de lumière.
Qui attend de mon être un insondable éveil
pouvant transfigurer un homme faible et fier ?
Une lune fidèle attendrit l’atmosphère
de son doux rayon blanc plein d’étrange beauté.
Mon corps tout reposé lui fait une prière
en attendant sans peur un réveil adoré.