Daniel Villeray nous a quittés

C’est avec beaucoup d’émotion que nous avons appris le décès de Daniel Villeray. Cet ancien proviseur du lycée Charles de Gaulle de Caen a passé trente ans au service de la commune d'Espins, d'abord en tant que conseiller municipal, puis en tant que maire durant trois mandats. Mais nous connaissions surtout le poète. En effet, fidèle habitué du cercle de poésie André Druelle, depuis de nombreuses années, il a participé très régulièrement à nos échanges et, lorsque la maladie et le confinement l’ont tenu éloigné, il a continué à envoyer pour le site, jusqu’au mois dernier, de beaux textes, toujours accompagnés d’un mot gentil et parfois aussi des enregistrements. En effet, c’était un vrai bonheur de l’écouter lire ses poèmes ou bien des textes d'auteurs et les rendre vivants grâce à sa seule voix. Son recueil "Frémissements" a reçu à Rouen en septembre 2018 le prix Louis Bouilhet des mains de Claude Le Roy.
Voici, pour penser à lui, un poème plein de nostalgie qu’il avait écrit en septembre 2019 sur le thème du retour.
Retour, hélas
Le voilier sur le lac glisse silencieux.
Un étrange vague à l’âme te saisit.
Un ennui profond t’envahit…
Distrait, hésitant, tu manœuvres anxieux.
La voile te cingle le visage.
Le ciel, glauque jette de perfides lueurs.
Tout semble en attente, te met en sueur.
Pourquoi ce triste vide sur ta page.
Je dois quitter ce lieu qui me ravit.
Retrouver la fureur de la ville
Camions mugissants, foule servile.
Une soudaine détresse emplit ma vie.
Je dois quitter tous ces visages amis,
Je fixe sans but l’horizon,
La poitrine prise dans un étau.
Il faut agir, ne pas rester soumis.
En toi, terre brûlée, plus aucun désir.
Tu veux redevenir enfant joyeux,
Plein de rires, de vie et de jeux,
Mais pourquoi faut-il déjà partir ?
Tu agis machinal, tu quittes la rive.
Tu cherches en vain, tu t’attends au pire…
Au fond de toi, tu voudrais rebondir.
Lancer des vers de poètes pour vivre.
Contes et légendes : nos textes

Pour lire les textes d'auteurs, il faut entrer dans le livre
Merlin l’enchanteur.
Enfant du Diable et d’une femme,
il était nanti du pouvoir
de lire l’avenir dans l’âme
des humains qui voulaient savoir.
Il pouvait prendre l’apparence
des objets où des animaux,
toujours rempli de bienveillance
et faisant dissiper les maux.
Plus tard, quand Arthur vint au monde,
il éleva le jeune roi,
lui suggéra la Table Ronde
et de chevaliers l’entoura.
La forêt de Brocéliande
abrita longtemps le palais
qu’il bâtit pour sa fée aimante,
ses murs, par l’eau du lac, cachés.
Viviane, un jour, fit disparaître
le devin par enchantement,
à jamais prisonnier, peut-être,
parmi les chênes sous le vent…
Michel BARTHA May-sur-Orne, le 5 octobre 2020.

Contes
et
légendes

Il était une fois...
mais n'est-il jamais qu'une fois ? Depuis si longtemps que les hommes se racontent des histoires !
Pour rêver, pour faire croire ou faire croire de vivre, pour faire semblant de comprendre le monde ou eux-mêmes...
tenter de s'évader tenter de s'évanouir .
Il était une fois... la création du monde, Blanche Neige, Peau d'âne, Roland, le roi Arthur, les elfes, les extraterrestres, le Grand Méchant Loup, le Golem, la Mesnie Hellequin, les sirènes et les licornes, La Française des jeux... Des figures et des postures pour échapper au quotidien sans horizon en ses nuits de cauchemars
échapper aux questions d'un monde qui tourneboule sur lui-même.
Il était une fois...
pour s'égarer aussi
Il était une fois… des dieux et des déesses exclusifs et vengeurs, friands de sacrifices
et leurs sicaires fanatisés, vieux barbus enturbannés ou glabres mitrés allumeurs de bûchers ou bien massacreurs en papillotes, tous proclamant la seule « vraie » foi en leurs fantasmes totalitaires et implacables, sans oublier leurs clones athées à la grosse moustache ou à l'étroit carré moustachu sous une mèche rebelle.
Il était une fois… encore et encore
les adorateurs des techniques inhumaines, le triomphe d'Aaron sur les Moïses rêveurs vaincus par le Veau d'or, Ali Baba et les voleurs du CAC quarante, de la Rue du Mur, de la Cité, Interdite ou à Londres, des Edens maquillés en paradis fiscaux
et des bricoleurs de petites boîtes portables, sectateurs inconscients dans leur garage où ils « bidouillèrent » jusqu'aux algorithmes sulfureux, bénédiction des avides et des complotistes pharamineux.
Il est une fois dorénavant...
après les contes et les légendes, voici fake-news et vérités alternatives, déni de la réalité.
Nos « comptes et légendes » pour ne plus comprendre le monde en sa complexité, en sa diversité. Et que l'on nous vante et que l'on nous vend.
Les îlots de nos rêves sont bientôt submergés.
Daniel-Claude Collin / décembre 2020.
UKULELE
Le château de cartes s’est écroulé.
L’enfant qui jouait du ukulélé
Pour sortir des griffes des barbelés,
Essuyant toutes les larmes d’opale
Jaillies des pluies froides occidentales
Cherche refuge au cœur d’une abbatiale.
Sa foi, cette essence volatile,
S’enflamme du corindon qui rutile
De ces vitraux qui narrent l’évangile.
Essuyant tous ses chagrins et ses pleurs,
Ne voyant en ces vitraux que les fleurs,
A MARIE, l’enfant confie sa douleur.
L’enfant qui jouait du ukulélé
Pour sortir des griffes des barbelés,
Dés cet instant, se senti consolé.
Danièle MANOURY CAEN LE 9 NOVEMBRE 2020
La baleine de Loulou


LA BALEINE
Une baleine souriait
De tous ses petits yeux marron,
De tous ses fanons déployés
A une belle méduse
Médusée.
Je crois que la baleine était
Avec ses petits yeux bien ronds
Et ses fanons bien nettoyés
Amoureuse de la méduse
Amusée.
Belle méduse qui nageait
Avait allumé les néons
De ses bras flottants déployés
Et dit « Salut gros cachalot
Rigolo ! »
La baleine en eut trop de peine
Et de ses pleurs remplit la Seine.
Danièle MANOURY CAEN LE 2 AVRIL 2019
La Dame d’Argouges
Un matin de printemps, prêt à offrir ta vie,
Fier et déterminé, tu chevauchas tout seul
Vers l’antre où sommeillait la bête inassouvie.
Ce repère faillit devenir ton linceul.
Tu terrassas bientôt le monstre redoutable,
Qui s’effondra sur toi lorsque tu le frappas
Mais j’étais près de toi, présence insaisissable
Et je pus te sauver d’un injuste trépas.
Quand tu revins à toi, nos regards se croisèrent,
Sur ton front trop brûlant, j’avais posé ma main
L’un vers l’autre, soudain, nos deux cœurs s’élancèrent
Inéluctablement sans songer à demain.
D’enchanteresse alors, je devins châtelaine
Renonçant pour toi seul à mes envoûtements.
Je régnais sur ton cœur et sur ton grand domaine.
D’oublier le mot « mort » tu me fis le serment.
Découvrant de l’amour les exquis sortilèges,
J’aimais ta belle ardeur et tes mains de guerrier
Qui jouaient sur mon corps de somptueux arpèges.
Je partageai sept ans ta vie d’aventurier.
Que ce bonheur, hélas, me parut éphémère !
Un soir où m’attardant auprès de ma psyché,
Sans l’avoir mérité, j’éveillai ta colère
Et le mot interdit brusquement fut lâché.
Il me fallut partir ; mortelle fut ta peine,
Ta faute nous avait séparés à jamais.
Je reviens quelquefois, lorsque la lune est pleine,
Hanter en sanglotant cet endroit que j’aimais.
A Raoul, Seigneur d’Argouges
Andaine


La légende de Céret
Quand le soleil flamboie, sur le cœur de Céret,
On flâne, dans la joie, aux terrasses, en été…
A l’ombre des platanes, on rit, on se rassemble,
Pour danser la Sardane, ou bavarder ensemble…
Caché dans la montagne, abrité dans son nid,
A l’orée de l’Espagne, le village resplendit ;
Et en ce paradis, exhalant son parfum,
Le mimosa fleurit, tel un nectar divin…
Ah ! Qu’il a fière allure, le vieux pont et son arche,
Dans l’écrin de verdure, majestueux patriarche !
La rivière qui scintille, comme un ruban d’argent,
Joue avec les brindilles, emportées par le vent…
Echappée de sa source, vers la mer, pour descendre,
L’eau glisse et se trémousse ; j’aimerais bien l’entendre !
L’aqueduc fut construit, si l’on en croit la fable,
Secrètement la nuit, et par la main du Diable.
Un beau jour, Lucifer, rencontra l’ingénieur,
Lui dit : « Laissez- moi, faire ; je connais ça par cœur…»
Alors, trop fatigué, le brave homme accepta
Avec bien des regrets, de signer ce contrat, …
Livrez-moi, dit Satan, en guise d’honoraires,
Un quelconque passant, mais surtout bien en chair !
L’architecte rusé, ferra la queue d’un chat…
Mais l’autre, médusé, n’aimait point qu’on trichât !
Aucun homme en armure n’était passé par là,
La sentence fut dure, le Diable s’en alla …
Sévères représailles : sans honorer sa dette,
Il brandit la ferraille, attachée à la bête !
L’unique clé de voûte ne fut jamais posée.
Pourtant, sans aucun doute, le pont a résisté !
Par le temps, épargnées, éternelles légendes,
Vous nous faites rêver, et l’on en redemande….
Où sont ?
Où sont en allées ces légendes
Qui nous emmitouflaient le temps,
Où sont passés tous les autans
Couverts de lutins et de landes ?
Des grands mythes jusqu’aux vaudous,
Se résillait si fin l’histoire,
Que pour y lover la mémoire,
Les savants s’aidaient des plus fous.
De Mélusine au Prince noir,
Où sont en allées ces légendes
Qui habillaient de houppelandes
Tous les hommes privés d’espoir ?


II
encor cette sirène oubliée
malgré son chant au charme majeur
d'une voix méprisant l'écho
que détruisent les falaises blanches
de cette île sur laquelle planent
les anges du monde de jadis
encor cette pierre qui la pri(v)e
d'un avenir à son innocence
et sa nudité de naissance
qui excite l'oeil de l'esthète ivre
échoué sur cette plage sans rêve
que ce voyage au bout du monde
qui réunit toutes les consciences
et fait danser les corps autour du feu
qui déchire déjà l'aube
et poursuit d'esquisses l'ennui
dont les corps disparaissent
émettant des ondes pareilles
au refus de réponse de l'oracle

I
un sentiment sur l'île
l'assassinat de la sirène
le rêve révolte l'instant
de sa dérive inactuelle
pas d'oeil adéquat à sa transe
d'existente muette
mais le détail d'une ample écoute
qui se libère des origines
et de ces encombrants organes
qui supplient un peu de pluie
un sentiment venu des chants
de la sirène sans voile
que robinson devine à l'aise
derrière un bosquet rouge
se masturbant les yeux figés
sur cette nudité sereine
chaotiquement qui demeure
là où nul ne se ressemble
que la nuit les yeux clos
cernés de brume aux souvenirs
vaquant entre les courbes de celle
qui nie l'homme en son sourire

III
en route pour le sang- fugue
et ce voyage cyclique qui chante
selon la rythmique universelle
qui s'accroche à la nuit
pour brouiller l'écoute
la voix lointaine d'une sirène
appelle la voix sur les flots
que l'écume démultiplie
en plusieurs chants polyphoniques
en route pour cet esclavage
et cet instant qui tous les mine
le silence dure une seconde
en rouge et noir- déjà niée
par le manichéisme des sphères
tournant sur elles- mêmes telles démentes
d'une attraction entre les corps
sublime étoile féminine
recevant l'offrande comme
l'oracle magnanime- chaos
Les Santons de Provence
A la crèche de Noël,
Chacun veut se présenter.
Ils ont ouï la nouvelle,
Le Petit est arrivé...
L'Aveugle et le Pistachié,
Rémouleur et Poissonnière,
Un âne avec son Meunier,
Le Curé et son bréviaire...
Tous en folle farandole
Menés par Tambourinaire,
Joyeusement caracolent
Vers ce haut lieu tutélaire...
L'Arlésienne et son Gardian,
Le Gendarme et le Boumian,
Le Berger évidemment
Et tous ses moutons bêlant...
Et le Ravi s'ébahit :
"Belle chose que voici !"
L'angelot Boufaréan
Dans sa trompette souffla,
Comme il le fait chaque fois
Que le Bon Dieu est content...
Et le Ravi s'exclama :
"Belle chose que voilà !"
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Julie - décembre 2020

"Le conte est un mensonge pour mieux dire la Vérité" (Gigi Bagot)


Contes et caricatures
Même aventure
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Quand ils sont de qualité
Ils sont mensonges
Pour mieux dire la Vérité.
Julie - décembre 2020



L'âne
Etonné, il regardait
Tous ces gens qui passaient.
Les vitrines étincelaient,
Et les enfants s'excitaient.
Tout le monde cherchait...
Cherchait quoi ? on ne sait.
En tout cas, ils y couraient !
***
Comment leur faire savoir,
Pense l'âne qui regardait,
Que le bonheur est si près
Qu'ils n'arrivent plus à le voir !
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Julie - Noël 2020
SONGES OU RÉALITÉS ?
Fruits de l’imaginaire ou de la tradition,
vous nous accompagnez, chers contes et légendes,
nous rattachant, au fil des générations,
à notre vieux terroir, à ses hameaux, ses landes.
Résurgence des peurs, des rêves, d’abandons,
vous nous faites frémir ou rester en alerte.
Bah ! C’était le passé ! Mais toujours nous cédons
à ce troublant attrait d’une porte entrouverte…
Aujourd’hui comme hier se tisse lentement
sur la trame du temps l’insolite cortège
d’évènements têtus et combien déroutants
qui s’imposent à nous, les témoins, et s’agrègent.
Cueillons ces faits divers marquant notre chemin.
Captons-les par l’écrit, mettons-les en lumière.
Ils seront peut-être légendes pour demain
et viendront embellir l’étal de nos libraires.
Jeanne FOUCHER Décembre 2020


Elles étaient une fois…
Elles étaient une fois
Blanche Neige, Aurore et Cendrillon
Entités de papier, princesses de fiction
Elles eurent beaucoup d’enfants
Mais furent-elles aussi heureuses
Que l’histoire le prétend ?
Belles endormies, réveillez-vous
Inventez votre destin
Suivez votre propre chemin
Plutôt que celui d’un prince
Aussi charmant soit-il.
Elles étaient une fois
Lola, Valérie, Johanna,
Princesses du quotidien,
Héroïnes de tous les jours
Sans paillettes et sans atours,
Elles étaient une fois
Marie, Nathalie, Rébecca
Femmes de chair et de sang
Qui reposent en paix
Dans le froid du tombeau
Délivrées à jamais
Des coups de leur bourreau.
Elles étaient une fois
Olympe, Simone, Benoîte, Gisèle,
Marie, Frida, Louise, Aurore
Scientifiques ou écrivaines
Artistes ou politiciennes
Et tant d’autres qui ont œuvré
Pour changer les mentalités
Un grand merci pour leur combat !
Mais il reste tant à faire…
Au bord de la rivière
Le mois dernier, sur les bords de la rivière, à l’endroit appelé « Dépotoir à ciel ouvert », sur un tas de détritus se tenait, campé sur ses quatre pattes, un canapé en faux style Louis XIV. Une meute de mouettes et de goélands s’était installée sur les accoudoirs et, à chaque battement d’ailes que ces volatiles - qui auraient dû être au bord de la mer et non en bordure du filet d’eau - faisaient pour aller à la recherche de leur pitance dans la pourriture et distribuaient à la ronde l’odeur fétide des cadavres ménagers de même que la mousse du canapé. Ces mouvements dans l’air déchiraient au fur et à mesure le tissu rouge et or qui, au début, ornait avec faste le meuble sur pieds. Il n’était plus que lambeaux pâles, fadasses, réceptacle des excréments « oisifères ». Quelques semaines plus tard le canapé avait retrouvé l’éclat et les couleurs d’avant. Et pour sa seconde vie, un maraîcher le déposa en bordure de l’eau, entre ses rangées de tomates et de poireaux. Régulièrement assis, il reposait son dos endolori par le travail pénible. Il avait bien remarqué le collant du tissu, la glu tenace à son pantalon. Mais il n’y prêtait pas plus d’importance que cela. Et la saison passait entre légumes et repos. Il s’avérait que s’était logée, dans la mousse du canapé, une araignée qui, en tissant sa toile avait permis la jointure du tissu. Mais sans doute que celle qui avait fait œuvre de restauration, excédée à la pensée de recevoir sans cesse des fesses sur la tête, mordit si fort le bonhomme qu’il ne voulut plus s’asseoir sur le canapé.
-- Enfin tranquille, se disait le petit animal aux longues pattes velues.
Mais cette araignée n’était autre que l’incarnation du maire de la ville. Il était mort depuis 40 ans déjà. Un été, lui et son adjoint, adversaire systématique, se sont affrontés une fois de plus au concours de pêche. Ils ont même parié à qui attraperait le plus de goujats - pardon, de goujons - Celui qui perdrait le pari devait rester assis durant un mois sur le canapé (sans bouger aussi bien le jour que la nuit). Ce canapé qui était placé dans le petit salon d’attente, siégeait, le maire assis durant ce mois-là, dans la salle de réunion. Les employés avaient beau aérer - l’odeur est devenue tellement fauvesque - que les réunions étaient reportées à une date ultérieure. Plus personne ne voulait entrer dans cette pièce empuantie. Évidemment les affaires de la commune n’étaient plus traitées, les habitants étaient mécontents alors au bout du mois, le maire a démissionné et ce fut son adversaire qui prit sa place.
Le canapé fut jeté emportant avec lui la honte du maire, la victoire de son adversaire et surtout l’impossibilité de l’utiliser comme il se doit de repose-fesses dans le salon d’attente. Où a-t-il été se cacher ? Qu’importe, il est certain que l’araignée s’est vengée en lui mordant les fesses. Elle a dû attendre longtemps son heure. Et enfin l’ancien maire est allé là où il devait aller, il y a quarante ans. Quant à l’araignée, elle a trouvé un autre logis, bien plus à son image : elle a tissé sa toile… entre deux branches de rosier.
© Krystin Vesterälen – 15 juin 2014
