
Le corps

Quelques citations


Fais du bien à ton corps pour que ton âme ait envie d'y rester. Proverbe indien
La lecture est à l'esprit ce que l'exercice est au corps. J. Addison
Je n'appartiens à personne ; quand la pensée veut être libre, le corps doit l'être aussi. Alfred de Musset
La beauté de l'apparence est seulement un charme de l'instant ; l'apparence du corps n'est pas toujours le reflet de l'âme. George Sand
Plus le corps est faible, plus il commande ; plus il est fort, plus il obéit. Jean-Jacques Rousseau
La femme est le chef-d’œuvre de Dieu surtout quand elle a le diable au corps ! Alphonse Allais
Le cœur donne la direction ; le cerveau la solution et le corps la concrétisation. Luis Fernandez
Les maladies de l'âme sont plus funestes que celles du corps. Cicéron
Mon corps est mon journal, et mes tatouages sont mon histoire. Johnny Depp
L'homme ne pourra jamais cesser de rêver. Le rêve est la nourriture de l'âme comme les aliments sont la nourriture du corps. Paulo Coelho
Quelques textes d'auteurs
« La Gigue »
Les Talons
Vont
D’un train d’enfer,
Sur le sable blond,
Les Talons
Vont
D’un train d’enfer
Implacablement
Et rythmiquement,
Avec une méthode d’enfer,
Les Talons
Vont.
Cependant le corps,
Sans nul désarroi,
Se tient tout droit,
Comme appréhendé au collet
Par les
Recors
La danseuse exhibe ses bas noirs
Sur des jambes dures
Comme du bois.
Mais le visage reste coi
Et l’œil vert,
Comme les bois,
Ne trahit nul émoi.
Puis d’un coup sec
Comme du bois,
Le danseur, la danseuse
Retombent droits
D’un parfait accord,
Les bras le long
Du corps.
Et dans une attitude aussi sereine
Que si l’on portait
La santé
De la Reine.
Mais de nouveau
Les Talons
Vont
D’un train d’enfer
Sur le plancher clair.
Marie Krysinska (1877)
Violette
Recueil : Les névroses (1883).
De violette et de cinname,
De corail humide et rosé,
De marbre vif, d'ombre et de flamme
Est suavement composé
Ton joli petit corps de femme.
Pour mon amour qui te réclame
Ton reproche vite apaisé
Est ce qu'est pour la brise un blâme
De violette.
Ton savoir a toute la gamme ;
L'énigme craint ton œil rusé,
Et ton esprit subtilisé
Avec le rêve s'amalgame :
Mais ta modestie est une âme
De violette.
Maurice Rollinat (1846-1903)
« Naïade moderne »
Les remous de la mer miroitaient dans ta robe.
Ton corps semblait le flot traître qui se dérobe.
Tu m’attirais vers toi comme l’abîme et l’eau ;
Tes souples mains avaient le charme du réseau,
Et tes vagues cheveux flottaient sur ta poitrine,
Fluides et subtils comme l’algue marine.
Cet attrait décevant qui pare le danger
Rendait encor plus doux ton sourire léger ;
Ton front me rappelait les profondeurs sereines,
Et tes yeux me chantaient la chanson des sirènes.
Renée Vivien, Études et Prélude (1901)




Les corps
Les Grecs, pour honorer une de leurs Vénus,
Inscrivaient Callipyge au socle de la pierre.
Ils aimaient, par amour de la grande matière,
La vérité des corps harmonieux et nus.
Je ne crois pas aux sots faussement ingénus
A qui l'éclat du beau fait baisser la paupière ;
Je veux voir et nommer la forme tout entière
Qui n'a point de détails honteux ou mal venus.
C'est pourquoi je vous loue, ô blancheurs, ô merveilles,
A ces autres beautés égales et pareilles
Que l'art même, hésitant, tremble de composer ;
Superbes dans le cadre indigne de la chambre,
L'amoureuse nature a, d'un divin baiser,
Sur votre neige aussi mis deux fossettes d'ambre.
Albert Mérat (1840-1909) Recueil : L'idole (1869).
Xanthis
Au vent frais du matin frissonne l'herbe fine ;
Une vapeur légère aux flancs de la colline
Flotte ; et dans les taillis d'arbre en arbre croisés
Brillent, encore intacts, de longs fils irisés.
Près d'une onde ridée aux brises matinales,
Xanthis, ayant quitté sa robe et ses sandales,
D'un bras s'appuie au tronc flexible d'un bouleau,
Et, penchée à demi, se regarde dans l'eau.
Le flot de ses cheveux d'un seul côté s'épanche,
Et, blanche, elle sourit à son image blanche...
Elle admire sa taille droite, ses beaux bras,
Et sa hanche polie, et ses seins délicats,
Et d'une main, que guide une exquise décence,
Fait un voile pudique à sa jeune innocence.
Mais un grand cri soudain retentit dans les bois,
Et Xanthis tremble ainsi que la biche aux abois,
Car elle a vu surgir, dans l'onde trop fidèle,
Les cornes du méchant satyre amoureux d'elle.
Albert Samain (1858-1900)Aux flancs du vase (1898).

2024
BONNE ANNEE !
Une chaumière et un cœur
Surtout au cœur de l’hiver.
Bonne année, la lune est rousse,
Bonne année, la maison rit.
Rit de toutes ses fenêtres
Eclairées. La cheminée
Fume, l’hiver se consume,
Bonne année, le toit blanchi
S’est enveloppé d’hermine,
Il n’attend que le printemps
Pour se répandre en pleurs
Car des pleurs naissent des fleurs.
Bonne année ! Plein de bonheur !
Une chaumière et un cœur
Surtout au cœur de l’hiver
Et que partout dans le monde
Il n’y ait plus de misère
Que seuls les toits dégoulinent
Lorsque renaît le soleil
Une chaumière et un cœur
De l’amour et du bonheur.
BONNE ANNEE !

2024...
ouverture pour orchestre et soliste
pousser une porte encore
la main résolue
la main hésitante
car s'il est des continuités en attente
il est aussi des ruptures
imprévues
ou des irruptions
à l'affût d'une heure propice
pousser une porte encore
à moitié écran
à moitié vitrail
seuil ou nouvel élan
sur quel pied danserons-nous
cette nouvelle marelle à douze cases
jaillirons-nous
chuterons-nous
funambules aériens ou clochant du pied
pousser une porte encore
d'un appui vigoureux
d'une pression du bout des doigts
pousser une porte encore
car l'espoir est tapi derrière
qui attend notre regard
sur ses horizons ouverts
2024
ce livre dont vous êtes le héros
tourner la page
une page de plus
une page inconnue
sera-t-elle émaillée
de mots doux
de maux durs ?
tourner la page
avec curiosité
avec circonspection
avec confiance
tourner la page
sur les bonheurs passés
les déceptions
les angoisses
en faire des souvenirs
tourner la page
rayer les mots chargés de peur
barrer les phrases ampoulées des donneurs de leçon
gommer les paragraphes désenchantés
déchirer les chapitres porteurs d’effroi
puis
tremper sa plume dans l’espoir
et s’inventer un bel avenir
Nos poèmes
À corps et à cris
Avant
il y avait des yeux
Ô ces milliers d’yeux
ces yeux d’enfants
ces yeux bleus verts noirs ou marron
ces yeux clairs yeux rieurs
ces yeux mobiles
Et des cris des cris des cris
de cours de récréation
Et
puis
rien
un rien
plus rien
le silence
Pas ce silence entre les mots
pas ce silence de respiration
pas ce silence d’écoute
non
un silence coupé au couteau
un silence d’après
un silence sans oreilles
un silence sans voix
Et des volutes de fumée
et des volutes blanches
de la poussière
une odeur de chlore
une odeur douçâtre dans l’air
Et toujours des yeux
des yeux d’enfants
levés vers le ciel
et dans leurs yeux
ouverts sur ce ciel
qui est bleu
de petits nuages blancs
on dirait des mobiles
poussés par le vent


Corps en transe, danse.
Au rythme lancinant de la nuit étoilée,
Le corps des ombres noires se laisse emporter,
Comme des éclats qui tourbillonnant en harmonie,
Épouse la fête en une cadence inouïe.
Les gestes endiablés, s'animent, libres, effrénés,
Comme des feuilles au vent, s’envolent en tournoyant.
Les pas et les rondes jouent un rôle grimé,
Un ballet enivrant, un mystère étonnant.
Les peaux se frôlent dans cette chorégraphie,
L'énergie circule, vibrant dans chaque pli,
Les danseurs, corps à corps, fusionnent en harmonie,
Unissant leurs éclats dans la transe infinie,
Puisent en l'univers la source d'inspiration,
Pour créer cette danse, pure création,
Un écho de passion, de joie et de douleur,
S'élevant dans l'espace, en quête d’un ailleurs.
Leur cœur tambourine au rythme du temps qui passe,
Et dans ce fol tourbillon, l'instant seul efface,
Les soucis du monde, les douleurs et les peines,
Restent ces corps, en une danse souveraine.
Chant du corps
La clé de Sol a pris la clé des chants
Que m’emportent les pluies de glace,
Les pluies de l’eau, les pluies de-là
Les pluies de l’au-delà.
Trainent, étirent ce corps
Vers tous ces manants
Fugue la clé
Hélas de farce,
Hélas de Fa.
La clé de Sol a pris la clé des chants
Enivre la terre de gaie vie, de gai Si.
Qu’elle se noie, la sève écarlate du vent,
Fugue la clé,
Vent de folie
Vent de Mi !
Je fugue Sol, je fugue Ré, je fugue La.
Le corps s’enfuit au fond des bois.


Les corps de la poésie
poésie en attente dispersée aux quatre vents
des choses des lieux des images des êtres
des nuages aussi souvent
poésie présence dissimulée fragrance imperceptible
au cœur du temps ordinaire
au-delà des voiles anonymes d'un quotidien
qui nous échappe en nos habitudes
et pourtant
la ligne qui fuit sous nos pas pressés
l'arbre nu qui nous rend le ciel en hiver
la lumière sur un quai que cajolent les vaguelettes paresseuses
la silhouette gracieuse
qui fend la foule aux épaules rentrées
un rire qui réveille le jour gris
la pensée oubliée que l'on retrouve au détour d'un hasard
le sourire sans égal de celle que l'on aime
mais aussi la poésie brutale impitoyable
des misères des malheurs
des regards éperdus et des petitesses
du désespoir rampant dans les caniveaux des richesses
des laissés pour compte
des espérances lacérées d'égoïsme et d'indifférence
gros titres bien-aimés des médias en continu
engraissés de noirceurs
tout cela crée la chair d'une poésie vivante
qui ne détourne pas la tête
dans son désir profond de sublimer la réalité de l'humain
au dessus de sa déchéance ordinaire
vers une raison de vivre
encore et malgré
Daniel-Claude Collin / Janvier 2024
MON CORPS
Il s’est lancé à corps perdu
Dans la bataille de la vie
Mon corps
Et moi j’ai fait ce que j’ai pu
Je l’ai suivi toute ma vie
Mon corps
Il faudra bien qu’un jour au port
Entre deux eaux, deux flottaisons
Mon corps
Il m’abandonne sans remords
Impudique défloraison
Du corps
Jamais ne m’a appartenu
N’est que cédé en usufruit
Mon corps
C’est un prêté pur un rendu
Là où il part, là je le suis
Mon corps
Danièle MANOURY CAEN le 29 juin 2023


CORPS ACCORD
LE CORPS ACCORD
JOUIR SANS REMORD
AMOR AMOR
J’AIME MON SORT
ESPRIT ET CORPS
L’ENTENTE D’ABORD
POUR ARRIVER A BON PORT
SANS FAIRE AUCUN TORT
ALORS, ALORS
AMOR, AMOR,
JOUIR SANS REMORD
CORPS A CORPS
AVEC TON ACCORD
ARRIVER A BON PORT
J’AIME NOTRE SORT
TOUT AU BORD
DE L’EXTASE RECORD
ALORS ALORS
TOI D’ABORD
ACCORD ACCORD
L’AMOUR D’ABORD
ET LE CORPS LE CORPS
ALORS ALORS
AMOR AMOR
EST LIE NOTRE SORT.
Image
La belle Népalaise au soleil, les seins nus,
Le lait coulant encore sur sa peau d’ambre brune,
Installait auprès d’elle, sous un dais de fortune,
Son bébé nouveau-né aux appétits repus.
Elle enduisit ses mains d’un baume composé
De vanille, cannelle et de frangipanier,
Dont elle recouvrit le petit corps doré
Puis commença le geste antique et répété.
Masser tout doucement les cheveux, le pourtour
Du front, le petit nez, le lobe des oreilles
Chaque once de la peau requérant les merveilles
De ses mains prodiguant le bien-être et l’amour.
Le dos de la maman brillait sous le soleil
Comme brillait la peau de l’enfant sous l’onguent
Les petits pieds, les mains s’agitant vivement
Avant de recevoir l’huile couleur de miel
Le bébé gazouillait, la maman répondait
Dans un écho léger de dialogue enchanté.
Rien ne comptait pour eux, tout était étranger
À l’osmose créée qui les enveloppait.
J’étais clouée de joie, tous gestes suspendus
Retenant l’émotion me débordant, heureuse
Devant cette beauté offerte et généreuse :
Une image gravée que je n’oublierai plus.
Irène Gaultier-Leblond 28 décembre 2023

Corps en accord…
Ou pas.
Des pièces qui s’emboîtent, s’organisent,
Le corps en accortise,
Des systèmes qui démarrent, se soutiennent,
S’enchaînent…
Des os, des muscles, des nerfs, des organes,
Mais le crâne.
Et partout des cellules, par milliards,
Qui s’accaparent
D’enzymes, d’hormones, de sang…
Mais de l’eau, des ruisseaux dans tous les sens.
Nos sens,
La main, la peau pour la caresse,
Des poils qui se dressent,
La peau aime
Poème.
Respect du corps, de soi. Soin.
L’image qu’on donne à voir,
Parfois contradictoire.
Respect du corps de l’autre. Mouvement.
Dehors et dedans.
Tissu vivant.
Des yeux qui regardent
Le cerveau qui te dit c’est l’oiseau qui bavarde,
Le parfum c’est la rose
Cueille-la si tu l’oses.
Dans ta bouche la crème
Est un poème.
Géographie du corps : ses ouragans, ses tempêtes,
Ses maladies abstraites.
Une panne, un crabe, un microbe
Et la vie se dérobe.
Jocelyne Corbel le 17/01/ 2024


Un trésor...
Nous admirons le nouveau-né,
Si petit aux bras de sa mère,
Et la merveille bien cachée
De tout ce qu'il sait déjà faire.
Ce corps si extraordinaire
Ne cessant de nous étonner,
Comment ne pas être en colère
De le voir si peu respecté.
Des machines, nous fabriquons,
Faisant notre juste fierté,
Mais jamais, n'éclipseront
De notre corps, la beauté...
Julie - janvier 2024


Le mal aimé
Toi le corps, tu es adulé !
Celui qu'il nous faut bichonner
Sa jeunesse à conserver
Pour un rêve d'éternité...
Par d'autres, tu es méprisé,
Accusé de tous les péchés.
L'humanité tu as pourrie,
Ce sont des dieux qui nous l'ont dit.
Je refuse ces deux versions...
Il ne sera jamais question
Que tu sois un bouc émissaire
Ni un objectif éphémère...
A l'Univers, nous sommes liés,
Notre corps à considérer
En plein cœur de cet horizon,
La mesure de nos ambitions.
Julie - janvier 2024
Corps ou Esprit ?
Dites-moi ! dites-moi donc ?
Notre Esprit a-t-il un Corps
Ou notre Corps un Esprit ?
Ouah ! ouah ! ouah ! quelle question ?
Laissez-moi la répéter
Que je puisse la digérer ?
"Notre Esprit a-t-il un Corps
Ou notre Corps un Esprit ?"
En fait, j'avais bien compris...
Nos ancêtres les gaulois
Se moquaient bien de tout ça,
Je vais quand même essayer.
Quand je regarde l'Histoire
Il semble bien que le Corps
Ait fabriqué l'Esprit.
Toutefois dans notre vie,
On constate que l'Esprit
Est le chef à la manœuvre...
Mais que le corps aussi
Sait prendre les commandes
Quand cela lui dit...
Alors, j'aimerais conclure
Que "je suis Corps et Esprit"
Et que c'est très bien ainsi...
Julie - janvier 2024



Le sourire des yeux ?
Nos ancêtres disaient
Que les yeux étaient
De l'âme le reflet...
Est-ce vrai ? je ne sais.
On pourrait dire aussi
Que leur technologie
Est une merveille
A nulle autre pareille.
Mais c'est leur magie
Quand ils nous sourient
Qui, à chaque seconde
Change le cours du monde.
---
Or, c'est l'épidémie
Et ses masques honnis
Qui m'ont fait retrouver
Leur saveur cachée.
Un sourire des yeux
Echangé en passant,
Et je vois la Vie
Tout autrement...
Julie - janvier 2024
Otez-moi d'un doute !
J'ai peur
à juste titre,
de ma dépendance éventuelle
à l'Intelligence Artificielle...
---
Mais,
aujourd'hui,
suis-je vraiment rassurée
d'être entre les mains
de notre Administration,
quel que soit
son niveau,
etc
?
----
Julie - janvier 2024


Message à l'Intelligence Artificielle
Bonjour l'I.A,
I.A. ? c'est ainsi déjà
que l'on ose te nommer...
Voudrais-tu bien excuser
cette familiarité ?
On te dit un cerveau
sachant bien exploiter
toutes les données
qu'on te fait ingurgiter...
Si magnifiquement,
que certains sont arrivés
à te croire douée
de notre humanité.
Mais permets-moi
de te dire : "Méfie-toi !"
Un corps humain, tu n'as pas,
et la différence est là...
Ressens-tu quelque chose ?
Tu ne vois, ni ne goûte pas...
As-tu chaud ou bien froid ?
et caetera...
---
Tu es une machine,
une superbe machine,
mais seulement une machine.
---
Sans doute, le sais-tu déjà !
Mais pour toi et pour moi
il est bon que cela
reste clair entre nous.
Au fait, dis-moi :
"être une machine"
ça fait quoi ?
----
Intègre
Du tout tu es partie
Ta peau filtre le monde
Lorsque tu te nourris
Tu baignes en l'infini
Que ton âme inonde
À chaque fois que tu ris
Temps et espace finis
Oh ! disgrâce profonde
Bride ton énergie
Humain, corps et esprit
Que ta vie soit ronde
Pour préserver autrui
Le 31 octobre 2022


petits babils d'ange bambin
on te comprend déjà à l'heure
de t'éveiller les membres en l'air
pour accueillir l'existence
corps à la nudité facile
de poser parmi les sourds
qui te piratent tes mimiques
cuisses potelées ventre blanc
tu ris- tu te forges les traits
tu devines le silence
derrière chaque parole
ton minuscule nez sent
le parfum des absents
tu as inventé l'insouciance
envolé le rêve
entre nerfs vagues
& longues synapses
l'adieu au crâne
pour le cœur
et au monde
s'exécute sans décompte
ni trauma céphalique
aux couleurs inverses
de son image sur l'aile
simple de l'envol
d'un neurone adieu
noradrénaline &
l'heureux transmetteur
adieu
de ce message
aux charmes décharnés
d'un, visage aboli
par la coupe d'un organe
au singulier regard
plutôt l'espace
l'errance horizontale
pour crânes ici
ne pouvant reposer
ceux d'un minotaure
et d'une volute einstein


Ton petit corps
Ton petit corps contre mon cœur
D’une douceur incomparable
Si vigoureux, si vulnérable
C’est une dose de bonheur !
Ton corps tout chaud tout contre moi
Comme du pain sorti du four
Fait oublier les mauvais jours
Les corps aimés devenus froids.
Et dans mes yeux tes yeux si bleus
Ont un regard plein de promesses
Qui semble empli d’une sagesse
Venue tout droit de tes aïeux.
Je te cajole doucement
Ces gestes tendres, c’est notoire
Restent gravés dans ma mémoire :
Je les ai faits pour ta maman.
Et dans ma main tes petits doigts
Happent les miens en possesseurs
Pour les serrer avec ardeur,
Ils sont chaque jour plus adroits.
Tu grandiras, tu changeras,
J’espère que main dans la main
Nous ferons un bout de chemin
Et que demain nous sourira.

LE CORPS A SES RAISONS
Lorsque le clown paraît devant les enfants sages,
Les nuances et les formes s’épousent sur son corps…
Faux cheveux et couleurs habillent son visage.
Les bambins applaudissent ; heureux, ils crient : « Encore ! »
Sous les mains d’un sculpteur, se profile une femme ;
Les courbes se répondent et séduisent nos yeux …
L’homme lui donne vie et lui offre son âme.
Pygmalion, de son œuvre, devint très amoureux !
Le judo et le ski, la lutte ou autre sport,
Livrent leurs mouvements, la force et l’endurance.
Quand l’esprit passionné s’immisce dans le corps,
Au rugby, au football, chacun saisit sa chance.
Libre à vous de choisir votre motivation.
Votre main se prépare à écrire un poème.
En toutes circonstances, le corps a ses raisons.
L’important n’est-il pas de faire ce que l’on aime ?


Les statues de Florence.
Comme on peut voir sur les statues
qui hantent l’air de la cité,
dans les parcs ou le long des rues,
tout respire l’antiquité.
Des personnages de légende
au corps parfait sont mis à nu,
somptueux cadeaux en offrande
à chaque touriste venu.
Ils représentent par leurs formes
des champions prodigieux
ou des êtres parfois hors normes
issus du Parnasse des Dieux.
Si leurs bras sculptés dans la pierre
n’ébauchent qu’un geste figé,
l’un des plus beaux arts de la Terre
les garde pour l’éternité !
May-sur-Orne, le 14 décembre 2023.

Vanité
Miroir, ô mon miroir
Dis-moi que je suis belle
Priait la jouvencelle
Au cœur empli d’espoir.
Ton délicieux visage
Ton sourire avenant
Reflètent, mon enfant
Une charmante image.
Je le dis sans détour
Ta silhouette gracieuse
Et ta bouche enjôleuse
Appellent à l’amour.
Mais tu es peu de choses
Et le temps est ingrat,
Ta beauté fanera
Comme fanent les roses !




LES ZIGUES DU ZIGZAG
Théâtre du zigzag, frappez fort les trois coups !
Enchantez nos mémoires, fantasques comédiens !
Que l’euphorie éclate, rions comme des fous !
C’est pour vous applaudir que vers vous, je reviens …
Vous, les rois de l’humour, de la subtilité,
Fantaisistes précieux, éclairez notre vie !
Mon chagrin s’évanouit, vous le subtilisez,
Burlesque tintamarre, joyeux charivari !
J’observe la gestuelle, j’écoute vos paroles,
J’admire l’expression du corps en mouvement…
Une passion enjouée et nos rires s’envolent…
Je me glisse, soudain, dans le cœur d’un enfant.
A foison, chaque fois, vous nous livrez vos blagues …
D’ingénieux calembours, vous magnifiez la scène !
Ouf ! Vous apparaissez et vous m’offrez vos gags…
De l’air que je respire, vous êtes l’oxygène !
Dans ce monde morose, œuvre la bonne humeur,
Quand les jeux de mots fusent et charment la pensée.
Vos dignes parodies enfantent le bonheur ;
Je le reçois, ce soir, dans un havre de paix !


Cette sculpture de Graham Ibbeson, représentant William Web Ellis (1806 -1872), a été offerte par la ville de Rugby à Menton où il mourut et où il est inhumé.
La légende du Rugby
Quand d’une action frivole, naît un glorieux envol…
Briser les règles et les enjeux
Méritait-il quelque supplice ?
Il n’en fut rien, alors tant mieux,
Point de sanction, pour Web Ellis* !
Mythique ville de Rugby,
Vous célébrez l’homme en question,
Qui au football, geste interdit,
Prit dans ses mains, le gros ballon.
Comme un projectile rebondit,
Une idée germa peu à peu…
En Angleterre, un sport naquit…
Vive l’audace ! Nul désaveu…
Le joueur qui ne tournait pas rond,
Malgré lui, inventa l’ovale,
Le succès lui donna raison :
De match en match, brille la balle…
Jolie légende, on veut y croire,
Quand la passion nourrit son feu !
Goûtez, William, l’immense gloire :
Le monde acclame votre jeu !
Monique Renault

TOUS LES PERES ONT UN CORPS
Ça commence par deux sillons profonds creusés dans la chair blanche
Deux parenthèses autour de sa bouche sans lèvres
Comment embrasse-t-on lorsqu’on n’a pas de lèvres
Toute possibilité d’un sourire est définitivement anéantie par cette double protection
Ce rempart dissuasif
Ces deux rides qui ont commencé le labour de son visage
Toute éventualité d’un mot tendre est également vaillamment défendue par ces deux lignes astringentes
Puis très vite le reste du visage se grillage
Le front se tanne et se durcit comme un vieux cuir
Derrière on ne voit que des ombres
On ne sait plus ce qu’elles disent
Elles sont sévères et retenues
Je les imagine encore menaçantes
Les joues se relâchent
Il voudrait plutôt qu’elles se creusent mais elles lui échappent
Le menton s’épaissit s’alourdit
La tête a du mal à tenir droit
Il y va de sa fierté mais il y va mal
Ce sont tout le temps des envies de sommeil
Le poids des armes qu’il faudrait déposer
Les yeux aussi changent
On les voit mal sous les plis multipliés des paupières
Juste une lueur de bleu qui devient laiteux
Un ciel trop pur qui se couvre de brume
Me voit-il encore ?
Sur les tempes la peau est griffée
Je voudrais poser un doigt sur cette vaine écriture mais je n’ose pas encore
Le nez est toujours d’aigle mais il pourrait aussi être d’un mort
Quelque chose d’émacié une lame étrangement aiguisée
Qui couperait court à tous mes discours
Narines pincées
La bouche sans lèvres qui cherche périlleusement l’air quand le corps renonce et s’endort
Un ronflement à chaque lampée pour m’assurer qu’il vit encore
Le crâne est dégarni depuis longtemps déjà
Une jeunesse qui a déserté de bonne heure
A ça je suis habituée
Quelques mèches grises résistent
Des cheveux fins sur lesquels je voudrais souffler pour en mesurer la tragique légèreté
Mais je n’ose pas
Le corps est maigre il l’a toujours été
Mais maintenant il est fragile et menacé d’extermination
Au bord d’un renoncement
Deux mains qui s’agrippent en haut du précipice
Un réflexe de survie
J’hésite à y entendre un appel au secours
Il ne marche plus qu’à pas comptés
Ralenti par de grandes fatigues qu’il n’aura bientôt plus la force de maîtriser
Et je voudrais dire Donne-moi le bras papa mais je n’ose pas
D’autres le diraient mais pas moi
Les mains au bord du précipice
De grandes et longues mains qui n’ont pourtant jamais touché de piano
Maigres maintenant
Hésitantes comme celles d’un aveugle
Même plus capables de me filer une baffe
Même plus capable de cette caresse trop longtemps empêchée
De si belles mains
Les ongles toujours propres mais jaunis et friables
Les mains qui s’abandonnent
Qui n’écrivent plus qui ne choisissent plus les mots
Qui ne plantent plus de fleurs au jardin
Il devient très vieux après avoir été vieux
Après avoir été jeune
Les mains lâchent le bord de la falaise
Je ne sais pas les retenir
Je voudrais
Mais je ne sais pas
Cette avancée très progressive de la mort sur son corps m’effraie
Me bouleverse
Comme de la mousse qui envahit un mur une forteresse
De la rouille qui gagne le fer
Bientôt je n’aurai plus peur
Bientôt ce corps sera inoffensif et réclamera des soins
Ce corps autrefois si solide si contenu si retenu si contredit
Si opaque pour moi si menaçant parfois
Bientôt sur le front blême d’un père complètement mort j’oserai poser la douceur hésitante d’une main
Sur ce front blême qui devient froid j’oserai
Enfin
J’oserai enfin.
