
Voyage

Quelques citations
"Si vous pensez que l'aventure est dangereuse, je vous propose d'essayer la routine.... Elle est mortelle !" Paulo Coelho
"Lorsqu'elle s'enfuit, la route est la seule amante qui vaille la peine d'être suivie" Sylvain Tesson

"Le plus beau voyage, c'est celui qu'on n’a pas encore fait" Loïck Peyron
"Le véritable voyage de découverte ne consiste pas à chercher de nouveaux paysages, mais à avoir de nouveaux yeux" Marcel Proust
"On ne va jamais aussi loin que lorsqu'on ne sait pas où l'on va" Christophe Colomb
"Voyager c'est naître et mourir à chaque instant" Victor Hugo
"Celui qui veut voyager heureux doit voyager léger" Antoine de Saint-Exupéry
"Celui qui voyage sans rencontrer l’autre ne voyage pas, il se déplace" Alexandra David-Néel
"Le voyage est une espèce de porte par où l’on sort de la réalité comme pour pénétrer dans une réalité inexplorée qui semble un rêve" Guy de Maupassant
Voyager rend modeste. Vous voyez quelle petite place vous occupez dans le monde" Gustave Flaubert
Nos poèmes
Itinéraire
Qui cherche à dessiner notre humble itinéraire ?
Je sais que notre amour est comme un long voyage.
Une femme étonnée inspire le mystère.
Un ange endimanché délivre son message.
On songe à nous guider vers d'autres territoires.
Nous sentons-nous grisés par l'ultime aventure ?
Une flamme inspirée apporte sa victoire.
Le goût de nos baisers éloigne nos blessures.
Laisserons-nous charmer par l'ultime élixir ?
Un visage éclairé arbore son espoir.
La larme d'un instant oublie son repentir
et le rire embrasé illumine le soir.


Voyage
Atteindrons-nous un jour le rivage éternel ?
Un visage étonné nous offre son mystère.
Un sourire enjoué délivrera l'appel.
Le miracle ignoré sera notre repère.
Qui viendra nous chercher à l'aube des journées ?
Un village attendri rira de nos humeurs.
Serons-nous habités par l'insigne ferveur ?
Nous serons captivés par l'ultime beauté.
Un souffle enamouré éloigne nos erreurs.
Une aurore enjouée délivre nos clartés.
Le vent de liberté désarçonne nos peurs
et l'ardeur étoilée ranime nos baisers.
UN VOYAGE
seule sans bagage
page après page
je pars en voyage
j’ai oublié l’espace temps
dans la lecture du roman
avec les personnages
je me laisse emporter
peu importe le vent
ou bien, où sont les nuages
je suis dedans
dans ce roman
je voyage, voyage
mes yeux fixés sur la page
mon corps absent
du bruit du mouvement
la fin, j’attends impatiemment
je vis hors du temps
la tête en voyage
et je passe un bon moment




LE VOYAGE
je pars en voyage
assise, sans bouger
sur mon canapé
voyage, voyage
les yeux rivés
à regarder la télé
Que de beaux paysages
en France, à l'étranger
une admirable diversité
et je pars voyager
je reste à m'étonner
pourquoi n'y suis-je pas allée ?
Voyage, voyage
le temps m'est compté
c’est raté à mon âge …
Pourtant je connais
ces pays dits étrangers
je les ai absorbés
j'ai mes préférés
certes je n'irai, jamais !
Voyage, voyage
les yeux fermés, ces images
assise sans bouger
sur mon canapé
qui me font rêver ..
Sagement filmées
pour le monde entier
sans y mettre les pieds
je les connais
ces paysages
puis-je vous en parler ?
Histoire de vous étonner
et de faire un beau voyage
jeunesse, surtout, voyagez !
Périple
Ô toi qui reviens de voyage
Ô dis-moi, moi, toi qui en reviens,
Est-il vrai comme dit l’adage
Que pareils sont tous les chemins ?
Est-il vrai, comme dit Homère
Qu’il n’est terre ni cieux meilleurs
Que celle et ceux de notre père
Est-il vrai toi qui viens d’ailleurs ?
Toi qui n’as, pour les satisfaire,
Que tes uniques volontés,
As-tu vérifié si la terre
A pour tous les mêmes bontés ?
As-tu retenu les granges
N’ont pas pour tous le même grain,
Que plus dures y sont les vendanges,
Plus pauvre en est souvent le vin ?
Savais-tu qu’après la frontière,
C’est toi qui serais l’étranger
Portant partout, et ta manière
Et ton regard pour voyager ?
Que tu ne serais dans la ville
Où le sol même est souvenir,
Sillon éphémère et fragile,
Qu’une empreinte sans devenir ?
Et dis-moi, quand s’offrit l’Histoire
Dans son immuable grandeur
Avais-tu fermé ta mémoire
Pour regarder avec ton cœur ?
Devant Athènes et Acropole,
L’Olympe, Delphes et tous les ports
En oublias-tu as-tu la parole
Pour communier avec ton corps ?
Ô toi qui reviens de voyage
Lourd d’un passé partout écrit
Tu croyais grandir davantage
Et tu en reviens plus petit.


Le temps des voyages
Il est fini le temps de nos voyages,
Il ne reviendra plus.
Ils sont rangés depuis longtemps nos bagages,
Et la valise ne s’ouvre plus.
La serrure est rouillée.
Du mouvement des vagues, du frôlement des ailes,
L’immensité du monde était réelle.
Restent les souvenirs : Venise et ses gondoles,
Vienne, Budapest, Prague, Oslo, Tyrol…
Les photos sont brouillées.
Le temps s’est déployé, nos corps recroquevillés,
Nous ne chercherons plus nos billets.
Nous reste encore le village,
En guettant la fin du voyage,
Voyage de la vie,
Et le départ pour l’autre monde,
Aspirés par des ondes infinies
Où le mystère abonde.
Jocelyne Corbel – juin 2024
Muse vagabonde
Ma muse est partie en voyage
En emportant mes plus beaux mots
Ton abandon, muse volage
Est la source de tous mes maux.
Ma plume se sent dédaignée
Et n’écris plus comme autrefois,
Chargée de toiles d’araignée
Elle me blâme quelquefois.
Elle aura bientôt sa revanche,
Même si j’ai l’esprit ailleurs,
Car remplir une page blanche
Reste toujours un vrai bonheur.
Et quand me manquent nos échanges
Qui animaient les vendredis
J’ai la rime qui me démange
D’écrire des vers inédits.


Omaha, voyage sans retour
Il avait dix-huit ans, toi, tu n’existais pas
Sur la terre asservie, il vint dans la tourmente,
Et le danger rôdait à chacun de ses pas,
Sous le poids du barda, la peur était présente.
Tu contemples, songeur, la croix de marbre blanc,
Une question t’obsède : était-il volontaire ?
Loin de son Tennessee, pour un destin sanglant,
A-t-il contre son gré supporté ce calvaire ?
Le calme n’est troublé que par les cris d’oiseaux
Sur le sable doré que la vague caresse.
Comment imaginer qu’un jour de juin ces eaux
Ont connu la fureur, les tirs et la détresse ?
Voici quatre-vingts ans aujourd’hui révolus,
En ces lieux de mémoire où l’on s’étonne et vibre.
Toi, tu as dix-huit ans et lui n’existe plus.
Il a donné sa vie afin que tu sois libre.
Voyage
bras levé bien haut
regard rivé au petit au tout petit écran
MOI
devant le taj mahal
MOI
devant la tour eiffel
MOI
devant la muraille de chine
MOI
devant le mont saint michel
MOI
devant la statue de la liberté
MOI
devant le pont du gard
MOI
devant big ben
MOI
devant le palais des doges
MOI
devant stonehenge
selfie selfie selfie selfie selfie SELFIE
mais où est le voyage
Daniel-Claude Collin/ juin 2024


BALADE PARISIENNE
Ah ! J’aimerais parfois qu’il me pousse des ailes,
Pour explorer Paris en ses mille beautés !
Mon ardeur affamée, à la gaité, se mêle,
Et nul épuisement ne saurait m’arrêter.
Si la Vie Parisienne enchanta Offenbach,
Je vous offre la mienne : heureuse résonnance…
M’accompagnerez-vous vers un tendre flash-back,
Voyage dans le temps et joyeux plein des sens !
Boutiques du Boul ’Mich* et du Quartier Latin,
Mode stylée, libraires répondront à mes vœux…
Jardin du Luxembourg, s’amusent les bambins ;
Voguez, petits bateaux, sur l’onde et dans leurs yeux !
Eternel Deux- Magots*, Procope* légendaire,
Et vous brasserie Lipp* à Saint- Germain- Des- Prés,
Ecrivains et artistes, égéries d’après-guerre,
Parlez-moi de Paname où j’aime tant flâner…
Amis du French Cancan, partez vite en goguette.
A Montmartre, souvent, dansent mes rêveries…
Au bal du populaire Moulin de La Galette,
Certains s’encanaillaient ; c’était le Paradis…
Mais qui ne rêva point du Canal Saint Martin,
Et de l’Hôtel du Nord ? Ecoutons d’Arletty :
« Atmosphère ! Atmosphère ! », Belleville et Pantin…
Le talent, quand il brille, ne connaît pas l’oubli !
Divine Tour Eiffel, éprise de la Seine,
Exaltée par les peintres, inspirant les auteurs,
Chacun, avec brio, œuvre à te mettre en scène,
Et le monde s’envole rejoindre tes hauteurs !
Du Louvre incontesté à l’Opéra Garnier,
Et de l’Arc de triomphe à la Cinémathèque,
Un charisme sans fard exaucera vos souhaits,
Vous embrasserez l’Art et le prestige avec !
Tandis que le Pont Neuf* regrette sa jeunesse,
Pont Royal, Bir- Hakeim, de l’Alma, Mirabeau,
Toujours les pieds dans l’eau, se contemplent sans cesse…
Heureux, comme leurs frères, ils jouent à être beaux.
Ile de la Cité ou bien Ile Saint Louis,
Admirables fleurons, imprimés dans l’Histoire,
Sublime Notre-Dame, fière Conciergerie,
Traversent les années et ornent nos mémoires…
Ma Capitale, ma Muse, agapes de l’esprit,
Tes splendeurs infinies charment le troubadour…
Je n’oublierai jamais ce que tu m’as appris,
Et mes rimes seront messagères d’amour…
*Deux –Magots, Procope, Brasserie Lipp, Café de Flore : célèbres Cafés parisiens, dans le quartier de Saint-Germain-des-Prés
*Le Boul’Mich : nom familier pour le Boulevard Saint- Michel
*Le pont Neuf est le plus vieux pont de Paris
Double Menton
Hier et Aujourd’hui…
Jamais dans aucun pays du monde, je n’avais ressenti cette sensation de bonheur total Franz Liszt, à propos de Menton
Du haut lieu de prestige, au citron célébré,
Quand le charme s’installe, il s’embrase et vous happe.
De la carte postale, à l’esprit subjugué,
Qui vous conte Menton, dignement vous attrape…
De soleil en ciel bleu, amarrée au rivage,
Eprise d’une perle, à l’éclat sans pareil,
J’aimerais que la vie me ramène au village,
Pour m’enseigner encore ses multiples merveilles…
De l’aristocratie, en quête de douceur,
A la modernité qui, du rêve s’enivre,
Les augustes palaces, invincibles, ne meurent,
Et de mes yeux levés, jaillit la joie de vivre…
Les jardins exotiques, savamment dessinés,
Ensorcèlent mon cœur qui bientôt, reviendra…
Quand il voit peu à peu, ses chagrins décimés,
Amoureux, il chérit la douce Riviera …
Le poète a aimé ces beautés qui m’enchantent :
Ruelles et églises, bucoliques coteaux,
Et il les célébra comme on aime une amante.
Dans la Brise, murmure la voix de Jean Cocteau…
Photos de l’auteur : Fresques J. Cocteau Musée du Bastion
Monique Renault




La villa Arnaga d’ Edmond Rostand à Cambo-les-Bains -

Pasaïa

Maison Louis XIV à St-Jean-de- Luz
EUSKAL HERRIA (Pays Basque)
Si le poulet Basquaise exalte votre goût,
Au sud de l’Hexagone, existe un paradis
Que l’Espagne partage avec un amour fou.
De ses précieux attraits, je m’enivre aujourd’hui !
La montagne divine, symphonie pastorale,
Et la Bidassoa française ou ibérique,
Troubleront votre cœur, d’un charme sans égal,
Quand vous les quitterez, vous serez nostalgique.
Les stations balnéaires, Biarritz, Saint- Jean- de- Luz
Vous ensorcelleront, comme de bonnes fées…
A Bidart, Hossegor, où les vagues s’amusent,
Pour votre grand plaisir, apprenez à surfer !
Et si vers Compostelle, vous marchez sans fléchir,
Elisez une halte à Saint Jean- Pied-de Port…
Les maisons de grès rose abritent des sourires.
Des hôtes vous accueillent où le pèlerin dort !
Les églises typiques et prestigieux châteaux,
Vous conteront l’Histoire qui les rendit glorieux.
L’architecture insigne vous révèle un berceau,
Que l’on nomme Extea, ancré sous le ciel bleu.
Les maisons colorées amoureuses de l’eau,
Bercent dans mon esprit un rêve à Pasaia,
Une chambre, un salon, chers à Victor Hugo :
Dans ce havre de paix, sa plume s’extasia !
Dansez beaux souvenirs, sur l’air du Fandango !
Ecoutez, dans le vent, une voix qui résonne,
Fabuleuse Opérette du prince Mariano ;
Il sut parler d’amour beaucoup mieux que personne…
Avant de vous quitter, je vous ferai l’éloge
De la gastronomie, succulentes recettes,
Au flan à la cerise, jamais je ne déroge.
Je parfume mes rimes au piment d’Espelette !
Je partirai
Pour me libérer des chaînes
Qui m’entravent et me soumettent
Au vent salé du poète
Qui fait s’envoler les peines.
Pour glisser entre les flots
Gais comme une symphonie,
Bercés d’une joie inouïe
Qui aspire vers le haut,
Je partirai.
Pour une terre sans haine,
Et que l’hiver blanc se glace,
Pour que l’été le remplace,
En des jours qui vont et viennent
Sans violence ni rudesse,
Pour trouver la sérénité,
Et oublier la détresse
Pour vivre enfin cette paix,
Je partirai.
Pour voguer sur les nuages
Et glisser sur les ruisseaux
Quand l‘océan fuit l’orage
Où vacille un adagio,
Pour demeurer sans bagages
Comme le vol des oiseaux,
Libres en ce dernier voyage
Dénué d’inutiles maux,
Je partirai.


Baie d’Halong
J’ai vu Halong, le dragon de la mer,
Ses milliers de bosses et d’ilots calcaire,
J’ai senti son souffle me bercer les nuits
Sur ma vieille jonque hélas blanchie.
De Tête d’homme à l’île de la Théière,
Du Coq de combat vers le Chien de pierre,
En sampans, de lagons en grottes étranges,
Des enfants me sourient comme des anges.
Aux frais lotus de l’été
Quelques orchidées se mêlent,
Au fond de la baie dorée,
Où volent des poissons sans ailes,
Où plongent des pêcheurs de perles
Près des îlots de l’archipel.
J’ai écouté des histoires, des légendes
Emergées de la brume fascinante.
Un jour, Jaan-Lennart, je t’emmènerai
Sur les rivages du Dragon de la Baie.
Les échos d’Asie
J’ai mis de la brume sur mes tongs
En voguant dans la Baie d’Halong,
J’ai entendu le fleuve jaune
Pleurer des larmes qui tonnent.
J’ai vu les rizières émeraudes,
Sous l'aube en pagode,
Les Monts sacrés qui se dressent,
Les moines safran qui se pressent.
.
J’ai vu les serpents de pierres danser
Et les lanternes scintiller,
De vieux temples murmurer
De millénaires secrets.
J’ai senti les marchés se dorer
D'épices écarlates,
J’ai souri aux belles et délicates
Aux sourires sincères,
Apanage des âmes fières.
Des rivages du Japon,
Aux steppes de Mongolie,
Les échos d'Asie se rêvent,
Comme une magie douce qui s'élève.

Impressions de voyage
Je me réveille sous un ciel d'aube, où les premières lueurs éclairent d’or le sinople des rizières. Au loin, les montagnes sacrées dressent fièrement leurs sommets enveloppés de mystères anciens.
Dans la fraîcheur matinale, je marche parmi les pagodes aux toits courbés, saluant le jour naissant. Les temples hiératiques, gardiens du temps, m'accueillent en silence. Je respire l'encens qui imprègne l'air, écoutant les mantras résonner doucement, échos de la sagesse millénaire. Les moines en robe safran glissent en silence, figures sereines dans ce sanctuaire de paix.
Je me perds dans les marchés animés, où les épices explosent en mille couleurs chatoyantes et parfums envoûtants. Les sourires des marchands, les rires des enfants, leurs gestes accueillants, me font du bien.
Les festivals illuminent la nuit de lanternes colorées et de dragons dansants. Quand les tambours résonnent et vibrent dans l'air, je suis transportée par la magie de ces célébrations, où le passé et le présent se rejoignent en une harmonie parfaite.
Chaque pas, chaque souffle est une découverte. Le Vietnam se dévoile, riche d’une mosaïque de cultures, de paysages et de traditions.
Je me sens à la fois petite et immense dans cette terre où chaque instant est un voyage, chaque rencontre un trésor. Et dans ce périple, je trouve une partie de moi-même, un voyage intérieur aussi vaste et profond que l'Asie elle-même.

Voyage ! Voyage !
- "J'irai où tu iras !"
- "Mais pourquoi tu dis ça ?
Serait-ce ta façon
D'écrire une chanson ?"
- "Rester auprès de toi,
C'est important pour moi...
- "J'irais où tu iras !
A moins que t'aimerais
Aller, là où j'irais ?"
- "Et si on décidait
Ensemble où on allait ?"
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Julie - juin 2024

Voyage dans le Présent !
De l'Infini, faisons partie.
En perpétuel devenir
Au quotidien de notre Vie.
C'est sacrément enthousiasmant !
Mais tellement insécurisant !
Tout bouge et change, sans arrêt.
On naît, on grandit, on meurt.
Pourquoi ? souvent on ne le sait.
Ainsi pour mieux se rassurer
Des pères Noël on s'est créés.
Et pour éviter les questions,
On se noie dans les distractions.
Et si le Bonheur consistait
A prendre la Vie comme elle est ?
De fuir en tous sens, arrêter,
Et le présent savourer
En ses trésors les plus cachés.
A la Vie participer,
Au mieux de nos facultés.
Sans oublier que c'est aussi,
Un rayon de cet Infini,
Qu'un jour nous contemplerons
En plénitude d'horizons.
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Julie - juin 2024
Prendre le temps ?
"Comment faire pour s'arrêter
Quand son moteur est branché,
Depuis tellement d'années ?
Combien j'aimerais pourtant
Du monde écouter le chant,
Rêver, cheveux dans le vent...
oOo
Sa réflexion fut troublée
Par la soudaine arrivée
De son tout petit dernier.
Sa petit' main dans la sienne
Doucement il l'entraîne
Où le chemin les mène.
Les couleurs ont changé
Il apprend à respirer
Le temps a l'air oublié.
Chaque fleur a son parfum
Et les oiseaux leur refrain,
Partout de nouveaux chemins.
oOo
Le voyage de la vie
Ne sera jamais fini
Tant que les yeux d'un enfant
Illumineront le temps.
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Julie - juin 2024




Armor Argoat
D’un côté l’Armor comme un miroir du ciel
Avec son souffle sa rumeur la vie quoi
Ses éclats de la nuit qui se mêlent au jour
Ses plages infinies aux corps prolongés de femmes
Ses abers dont je me demande parfois si c’est la mer ou la terre
Ses odeurs dans le vent qui m’emportent
Comme des souvenirs de voyage
De l’autre côté l’Argoat la partie sombre de la Bretagne
Avec ses bois de charbonniers ses talus ses prés
Ses maisons grises de granit qui fument paisiblement
Le grognement sourd des sangliers dans la nuit
Le cri perçant des buses en haut des arbres
Le meuglement des vaches rentrées le soir
Les vipères écrasées sur la route
Les mille bruits répétés au fond des gorges des ruisseaux à truites
Les rochers du Golven plus hauts que des tours
La salle du diable toute prête avec sa toile cirée
Contée par maman qui nous effrayait tant
Kergrist-Moêlou que l’on aperçoit au loin du haut de ses collines
Avec la maison du grand-père dernière chaumière
Du village chantée par le poète Frédéric Bonhomme
Et les étangs noirs du château de Goudemail à Lanrodec
Leurs reflets changeant à la lumière du jour
Je sais depuis longtemps l’Armor ou l’Argoat
Sont les mêmes faces de mon cœur d’enfant
Ma matrie mon pays la terre de mes morts
A qui je dois le meilleur de mon être
Mon premier amour laissé à l’état de lettre morte
L’arrivée de la bière
Une taverne au fin fond de la campagne polonaise une grande baraque en bois tout autour des champs des chevaux sur la route passent les paysans avec leurs longues carrioles bringuebalantes une Pologne comme celle des années cinquante un paysage triste et noir
C’est l’heure de l’arrivée de la bière une longue chaîne humaine joyeuse transvase le précieux liquide dans des seaux à partir du camion jusqu’à l’établissement
Nous entrons dans la grande salle le brouhaha est indescriptible les Polonais boivent la bière dans d’énormes chopes la fumée le bruit des voix les interpellations
Un couple nous invite à sa table nous avons droit chacun à une chope d’un vin sucré qui tient à la fois de l’hydromel et du vin cuit il fait chaud nous offrons la deuxième tournée de bière un Polonais fraternise avec moi et m’embrasse sur la bouche au moment où je vais aux toilettes en s’écriant kolega kolega
L’homme à la table un paysan assez jeune costaud nous offre sa sœur en mariage comme il vendrait une vache une jeune femme bien en chair nous sommes quatre garçons Éric le seul d’entre nous à parler polonais décline poliment l’offre en notre nom à tous le Polonais comprend et ne nous en veut pas
Notre sortie est quelque peu compliquée prudemment nous décidons d’attendre quelques heures pour reprendre la route nous nous approchons d’un sympathique cheval en attendant Eric filme la scène

Une invitation au bain
Il faut imaginer Sua sous le chaud soleil d’Equateur
Un village minuscule de carte postale perdu à l’écart du monde
Quelques maisons de pêcheurs de couleur toutes en bois face au Pacifique immense infini
Des fleurs monstrueuses en guise de jardins
A cet endroit sous le chaud soleil la mer brille comme un toit d’ardoise
Il n’y a personne sur la plage hormis
un couple homme et femme allongés
Ils contemplent la mer immobile
Pas un souffle de vent sous ce soleil brutal
Soudain une femme venue de nulle part
aux cheveux noirs en robe colorée jusqu’aux pieds s’avance résolue un chaudron
à la main
D’un geste gracieux elle balance
son chaudron vers la mer
L’eau prend alors une couleur jaune visqueuse qui s’étale peu à peu au milieu
des méduses
Effarés les deux amants sans se regarder
repoussent leur bain au lendemain
Muisne Equateur
A Muisne on entend les cris des marchandes noires descendantes d’esclaves sur
le marché tropical
L’une d’elles m’interpelle familièrement
en français
Sur les étals les fruits explosent de couleurs
Nous avançons la plage apparaît soudain immense et solitaire
Le Pacifique lèche doucement le sable blanc
Tout au fond près des palmiers on aperçoit des cabanes vertes bleues ou rouges montées sur pilotis
Nous ne tarderons pas à deviner pourquoi
Brusquement la plage se couvre de petits crabes rouges comme si elle se mettait en mouvement
Ces crabes sont des milliers ils grouillent de partout
Nous passons la nuit dans les cabanes
Le matin nous retrouvons le sable blanc



NAZARE *
Ciel d’un bleu profond et mer d’émeraude
au travers desquels passent en maraude
envols de mouette et grands goélands.
Le soleil pénètre le sable blanc.
Sur la falaise perché, le village ;
en contrebas, toute blonde, la plage.
Jadis, petit port actif : NAZARE
accueille maintenant les corps dorés
des estivants, joueurs ou alanguis.
Plus loin, de noirs rochers, tels des épis,
griffent la vague qui s’effrange.
Une barque vieille, insolite, étrange,
touchant rappel voulant maintenir
ce qui n’est plus qu’un pâle souvenir.
Sur la grand-place, non loin de l’église
un maigre pêcheur, buriné, devise
avec les gens. Il vend des bibelots
pour touristes, des pantins à grelots.
Il a gardé son vieux bonnet de laine ;
maintenant, il débite des calembredaines.
Une femme effeuille ses sept jupons
pour nous, les curieux qui la regardons.
Images dépassées d’un folklore
confirmant qu’une ère vient de se clore.
* Petit port de pêche portugais jadis très actif.
SOUVENIR DE SIENNE
Je voyageais en Italie
en la Toscane lumineuse.
SIENNE la brune m’a saisie.
Je me sentis soudain heureuse.
J’évoque son fier campanile,
son Campo — place en éventail —
et cette foule juvénile
s’éparpillant sur le grand mail.
Je vois, du Palio, les parades
et la fête haute en couleurs,
les étendards, les galopades
s’entrecroisant avec ardeur.
Avec, en frange, les boutiques
composant de chauds camaïeux
ombrées de teintes rouge brique,
d’ocres, de bruns, comblant les yeux.
Sa cathédrale somptueuse
avec ses riches pavements :
la polychromie lumineuse
de ses marbres mis savamment.
Et Gaïa, la belle fontaine,
ses doux sujets de marbre blanc
veillés par la louve romaine
aux mamelons surabondants.
Les pigeons fantasques s’abreuvent
aux jaillissements du bassin,
semblant vouloir mettre à l’épreuve
ce grand calme marmoréen.
Ah ! combien j’aimerais aller
par grand soleil ou sous la lune,
aux arcades déambuler
et te revoir, SIENNE, ma brune.




VOYAGE
Ce matin-là, je suis partie tôt,
voulant voyager incognito.
J’espérais faire des découvertes
au cœur d’une nature bien verte.
Surpris ! Des fils d’argent, ténus,
balisaient mon chemin entrevu.
Étais-je dans des filets tombée ?
Mauvais début pour une échappée.
Cependant qu’à mes pieds j’aperçois
tels des hanaps d’or tendus vers moi
comme veulent sans doute les us,
des coupes profondes de crocus.
Confortée, je poursuis mon chemin.
Une humble branche me tend la main.
Le muguet agite ses clochettes
comme pour dire : la voici ! Chouette !
Tandis qu’au sommet d’un cerisier
un merle dodu s’égosillait.
Ah ! Vraiment, j’ai fait un beau voyage !
— Où ? — Dans mon jardin et … sans bagage.


faire le tour de la terre à l'envers
sur une aile de colombe géante
égarée dans le ciel comme un rêve
qui sépare les nuages de leur ombre
sur le sol d'ironie insensible
survoler moscou et les steppes constantes
paris qui danse avec ses ponts
devant venise et ses pigeons bavards
les plages tahitiennes qui s'invitent
à l'inclinaison d'un palmier
que le vent déchaine jusqu'au japon
dont les belles aux joues roses assument l'exil
voir le jour s'achever sur vienne
comme une plaie intense sur la toile
survivre aux violons de hongrie
aux lentes architectures de chine
danser avec les folies de rio
et les rythmiques africaines
raser le reste du monde ivre
que le soleil boucle à l'est chantant
d'une rémige égarée entre les saisons


le pied sur la frontière
entre le désert et l’esprit
active le garde- barrière
et sa mitraille improvisée
je tourne sur moi- même
avec l’envie de le rayer
de l’auteur- égalité
il m’écrase les arpions
avec sa crosse rouge
brûle mes papiers officiels
et mes papiers officieux
les lèche et les arrache
à l’attraction temporelle
et goûte le néant
un esthète fasciste est né
entre son pays et le rêve
d’une secrète appréhension
il porte une barbe épaisse
où se repose le bourdon d’été
je n’aurais franchi la frontière
que privé d’images
ce lecteur savant
tout ce que supporte la valise
de chaos et d’espérances secrètes
la main qui l’empoigne le jette
au passé et à l’indifférence
seule sur la ligne encombrée
elle seule sait ce qu’un voyage
oublie de règles et de projets
la foule est à sa place
et conduit cette victime
qui voit des îles dans son ombre
là où elle ignorera son but
chargée de linges et de nécessité
de psychiatrie et de déserts
ses sœurs sur le tapis mécanique
ont déjà vécu leur destin
saoulées de coups et de fouilles
chargées de pays et d’abandon
celles qui lui ressemblent
pourrait quitter ce monde
mais la main tient la bride
et émigre à l’intérieur


semper plus altus
et des dérives de grandeur
que le voyage rassénère
par sa menée vers les visages
qui ne donnent qu'en la lueur
d'un regard instinctif
qui ne sait que s'égarer
les mains offertes comme des dieux
à l'étranger venu y voir
du labeur et de l'humanité
une poignée de vers altiers
qui se disputent le don
à l'ami venu d'ailleurs
pour oublier sa poésie
la terre d'immense poussière
pousse son train parmi les étoiles
qui ne comptent que détours
et les distances s'appellent
comme elles appellent le voyageur
à parfumer son pas
de rêveries éphémères
toute la lumière dirige
l'espace dans l'éternité
que la planète habite en exil
émigrée d'un néant froid
lui ne compte que ses vers
sous des effets de lune
qui ne persiste qu'en mortelle

Portugal
Fantôme d’une révolution
qui avait pourtant commencé
dans les fleurs
Ce matin je te le dis
un parfum d’œillets
me monte aux narines
Et ce n’est pas encore
le printemps


L’œil de la mer (Moerski Oko)
Quand de la terre
on apercevait L’œil de la Mer
nul ne savait
si c’était nuage ou montagne
Il regardait le toit du Monde
se consumer en flammes invisibles
laissant errer dans l’espace
d’immenses sourires
qui enveloppaient la mer
Il semblait se fondre la nuit
dans des profondeurs sidérales
puis venait le jour
et tout recommençait¨
L’étang noir de Malbork
Tôt ce matin la lune morte
saignait blanc au creux
des dernières ombres de la nuit
Au pied des arbres morts
l’odeur âcre des roseaux
odeur intemporelle venue de la terre
Alors que les eaux noires de l’étang
se diluaient imperceptiblement
sous un souffle maléfique
Les rats affolés se réfugiaient
par milliers derrière l’enceinte
du château de briques rouges
J’emportais ton visage tremblant
comme un espoir dans la lumière
des étoiles fuyant entre les vagues du ciel


La maison du pêcheur
Sous le masque invisible de la nuit
l’ombre bleue se déchire
Un témoin prétend avoir vu le soleil
mourir dans la mer à dix huit heures
mais je ne le crois pas
Des bribes de jour sont restées
accrochées entre les interstices des murs
tandis que la pluie obsédante martèle
avec un son de tambour
les toits de tôle ondulée
vagues pétrifiées
Englouti au fond de l’abysse des draps blancs j’écoute la maison silencieuse
gros navire ventru
qui se traîne sur son flanc droit
volets fermées bois de marine
qui claquent dans le vent chaud
Et loin très loin
le bruit incessant du ressac
le phare rouge qui plonge son œil incandescent
et la voix du vieux pêcheur qui murmure doucement il n’y a plus de poisson
il n’y a plus de poisson
Ses yeux malicieux brillent
dans le noir de son visage