
Dialogue jour et nuit

Quelques citations

Tu sais ce que c'est la mélancolie ? Tu as déjà vu une éclipse ? Et bien, c'est ça : la lune qui se glisse devant le cœur, et le cœur qui ne donne plus sa lumière. La nuit en plein jour. Christian Bobin
Les lucioles jouent les mites. Elles trouent la toile de la nuit pour que le jour passe à travers. Sylvain Tesson
Faire du jour la nuit et de la nuit le jour, c'est un moyen commode de ne pas voir les honnêtes gens. Alfred de Musset
Vivre, c'est se réveiller la nuit dans l'impatience du jour à venir, c'est s'émerveiller de ce que le miracle quotidien se reproduise pour nous une fois encore, c'est avoir des insomnies de joie. Paul-Emile Victor
L'optimiste pense qu'une nuit est entourée de deux jours, le pessimiste pense qu'un jour est entouré de deux nuits. Francis Picabia
Le dialogue paraît en lui-même constituer une renonciation à l’agressivité. Jacques Lacan
Tout l’art du dialogue politique consiste à parler tout seul à tour de rôle. André Frossard
« Il n’entend pas ce qu’on lui dit, à force d’écouter ce qu’il va dire. » Henri de Régnier
« Le dialogue véritable suppose la reconnaissance de l’autre à la fois dans son identité et dans son altérité. » Proverbe africain
Le plus difficile dans l’art du dialogue, ce n’est pas de parler, c’est d’apprendre à écouter. Jean-Marie Petitclerc
Textes d'auteurs
Dialogues
Être Ange
Être Ange
C’est Étrange
Dit l’Ange
Être Âne
C’est étrâne
Dit l’Âne
Cela ne veut rien dire
Dit l’Ange en haussant les ailes
Pourtant
Si étrange veut dire quelque chose
étrâne est plus étrange qu’étrange
dit l’Âne
Étrange est !
Dit l’Ange en tapant du pied
Étranger vous-même
Dit l’Âne
Et il s’envole.
Jacques Prévert
Colloque sentimental
Dans le vieux parc solitaire et glacé,
Deux formes ont tout à l’heure passé.
Leurs yeux sont morts et leurs lèvres sont molles,
Et l’on entend à peine leurs paroles.
Dans le vieux parc solitaire et glacé,
Deux spectres ont évoqué le passé.
– Te souvient-il de notre extase ancienne ?
– Pourquoi voulez-vous donc qu’il m’en souvienne ?
– Ton cœur bat-il toujours à mon seul nom ?
Toujours vois-tu mon âme en rêve ? – Non.
– Ah ! les beaux jours de bonheur indicible
Où nous joignons nos bouches ! – C’est possible.
– Qu’il était bleu, le ciel, et grand, l’espoir !
– L’espoir a fui, vaincu, vers le ciel noir.
Tels ils marchaient dans les avoines folles,
Et la nuit seule entendit leurs paroles.
Paul Verlaine, Fêtes galantes

Dites donc, un poète
- Dites donc, un poète, à quoi ça sert ?
- ça remplace les chiens par des licornes.
- Dites donc, ça n'a pas d'autres talents ?
- Il apporte le rêve à ceux qui n'osent pas rêver.
- Vous trouvez ça utile, dites donc ?
- Quand il veut, il persuade les comètes de s'arrêter chez vous.
- Il trouble l'ordre, dites donc, ce type-là.
- Pas plus qu'un vol de scarabées,
pas plus qu'un peu de neige sur l'épaule.
- Il est bon pour l'hospice, dites donc.
- Il transformerait en palais de cristal avec mille musiques.
- Qu'on le conduise à la fosse commune, dites donc, ce poète.
- Alors décembre se prolongera jusqu'à la fin de juin.
Alain Bosquet

Jour et nuit
Nuits de juin
L'été, lorsque le jour a fui, de fleurs couverte
La plaine verse au loin un parfum enivrant ;
Les yeux fermés, l'oreille aux rumeurs entrouverte,
On ne dort qu'à demi d'un sommeil transparent.
Les astres sont plus purs, l'ombre paraît meilleure ;
Un vague demi-jour teint le dôme éternel ;
Et l'aube douce et pâle, en attendant son heure,
Semble toute la nuit errer au bas du ciel.
Victor Hugo (1802-1885)

Le petit jour
Le petit jour bat la semelle Il guette pour voir si j’allume
Il fait craquer la gelée blanche
s’amuse à souffler sur la lune
Son haleine fait de la buée Le petit jour a froid aux pieds
Je me réveille dans mon chaud J’aimerais bien prendre mon temps
n’ouvrir les yeux que s’il fait beau Hélas le petit jour m’attend
- Petit jour qui deviendras grand
pourquoi frappes-tu à ma porte ?
— Je m’ennuie tout seul dans le noir Prépare-nous un bon café
— Petit jour qu’est-ce que tu apportes ? Va au moins me chercher du bois
-Je t’apporte le rouge-gorge
l’odeur du brouillard dans les bois
Je me lève donc avec le jour Il entre Il fait entrer le froid
Le petit jour devenu grand
disparaît et me laisse en plan
Me voilà seul avec le feu
avec le grand jour et le chat
C’est tous les matins même jeu Le jour m’éveille et puis s’en va
Je dis on ne m’y prendra plus Petit jour je n’ouvrirai plus
Mais demain encor je serai content
de me réveiller habitant du temps
Avec un petit jour qui m’attend à la porte
et qui bat la semelle attendant que je sorte
Claude ROY, La Nouvelle guirlande de Julie

L'ombre du soir
Paris
Le ciel brillait d’un sourire incarnat
Noyant Paris de brume violette ;
Triste, le jour lassé s’abandonna,
Contre le sol pressant soudain sa tête.
Avec lenteur s’ouvrit l’aile du soir,
Une aile bleue, au-dessus de la terre ;
Quelqu’un saisit une poignée de pierres
Et les jeta dans un sombre miroir.
En de changeants satins berce la Seine,
Avec douceur, un petit vapeur blanc ;
Sur l’eau la fête ainsi que sur la scène
Répand son luxe avec ses feux dansants ;
Venant au fleuve, en rangs sur lui se penchent
Les peupliers qui semblent des géants ;
Dans la dentelle étrange de leurs branches
S’allume un clair semis de diamants.
Maximilian VOLOCHINE

Nos poèmes sur le thème
Le jour, la nuit
l’on veut nous opposer
alors qu’ensemble
nous sommes une journée
Le premier dès l’aube
pointe le bout de son nez
et poursuit son chemin
toute la journée
avec l’indicible espoir
d’aller jusqu’au soir
et passe le relais
à la nuit tombée.
Celle-ci ne peut refuser
ce cadeau
qui lui permet d’assurer
le repos
De cette bienveillance
elle en tire des bienfaits
se donne de l’importance,
mais c’est avec regret
qu’elle verra le matin
bientôt se lever.
Mireille Marie


— Qui es-tu le jour
pour vouloir commander ?
Tu pourrais dire bonjour
avant de t’imposer
tu vas tu viens
toute la journée
sans penser que rien
ne peut te déranger.
— Écoute-moi la nuit
ne viens pas m’embêter
tu détestes le bruit
tes raisons sont fondées
cessons donc de nous quereller
l’un de nous provoque le sommeil
quant à l’autre il évoque le réveil
nous nous complétons à merveille
alors scellons un pacte désormais
car nous sommes liés pour l’éternité
Mireille Marie
RENCONTRE FORTUITE
Dans un clair-obscur qui s’éteint,
le jour glisse vers un lointain
qui progressivement s’estompe.
Et l’on murmure : « la NUIT tombe ».
Le JOUR s’attriste, mais, soudain,
il perçoit une ombre qui vient.
— Tiens ! la NUIT ! ma chère voisine
dont l’éloignement me fascine.
— Vraiment ? A chacun son destin
Le temps passe soir et matin.
— Et vous, vous êtes philosophe,
du moins vous en avez l’étoffe.
— Étant nocturne j’ai mes secrets …
— Et moi je garde mes regrets.
Nous nous cherchons … à contretemps,
chacun peut en dire tout autant.
— Oui, nous jouons à cache-cache,
mais en cela rien ne me fâche.
— Si différent est notre sort !
Je suis la vie et vous la mort !
— Que non ! Toute une vie dans l’ombre
s’éveille, secrète et sans nombre.
— Mais alors, pourquoi vous cacher ?
Moi j’aimerais vous rencontrer.
— Eh bien, attendons l’équinoxe
(surtout, refusons toute intox)
— Soit, mais pourquoi ce jour d’été ?
— Ce bref instant d’égalité
peut favoriser la rencontre …
Que l’avenir nous le démontre.
Jeanne FOUCHER Décembre 2023


Diatribe
Une nuit de printemps, douce et voluptueuse
voulant étirer sa langueur,
s’en prit d’une manière acerbe et querelleuse
au jour qui poignait sa blancheur.
« Eh quoi ne pouvez-vous attendre pour paraître
que j’ai consumé tout l’honneur
D’abriter les amours, l’intime et le bien-être ? »
Le jour répliqua, persifleur :
« Parce que sans pudeur, en totale imposture,
Vous nommez la complicité
Favorisant le crime et autre forfaiture
Honneur ? Quel scandaleux toupet !"
La diatribe engagée, vite dégénéra
devint indigne d’un débat
astrocéleste. Il fallait cesser le combat.
Ce fut l’aube qui s’en chargea.
dialogue entre cassandre et harpocrate
cassandre
une ouverture- peut- être une fenêtre
fait passer un rayon de lune
où dansent des pantins brumeux
leurs chants sont nombreux et tristes
ou alors mon œil contient
des images lumineuses et mouvantes
qui se réalisent sous la paupière
mes paupières se lèvent- un doute
le rayon disparu par la fenêtre
soit ouverte offrant des brumes
mêlées à la fumée d'une cigarette
une architecture flottante
qui n'apprend rien des alentours
peut- être un ange- un âge
harpocrate
à la lourde nuit des dieux
la fenêtre accueille la lune
caressant les possibilités
il se peut même qu'un artiste
(j'en oubliais le temps stérile)
une paille dans le regard
pour descendre ma bière
puis légère comme une lyre
la plume d'un pigeon échouée
passes sa pointe dans la nuit
avant d'écrire l’œuvre
en nyctalope et en vampire
en rouge et noir- l'empire
des lettres sans orgueil
cassandre
rien personne la nuit a même fermé l'oeil
on recourt aux ombres pour se diriger
dans les ruelles fades au couteau possible
qu'aucune lumière ne fait jaillir
dans la poche du tyran régnant mal
sur les secondes précieuses de l'humanité
il faudrait un soleil qui fut un peu malade
elle a capté par la fenêtre une lueur
comme un chant de sérénade abstrait
qui mélange ses notes & ses mots
avant de les envoyer dans l'atmosphère
qui mélange sa parole à l'absence
il y a presque du silence dans cette mesure
qu'elle retient comme une nuit d'amour isolé
harpocrate
sur le silence vogue
un écho volontaire
de sonate songeuse
au clair de lune
et le baiser savant
d'un prince vague
réveillant la belle
ses paupières sont légères
comme des papillons
lorsqu'elle le regarde
sa lèvre humide
colmate le baiser
qui tremble un peu
d’appartenance


cassandre
elle vit dans les règles de l'art
(l'art soupire puis s'exhibe)
elle a le temps et les détails
là où s'égarent des yeux errant
cherchant la formule ou le fond
une sorte de fard discréditant
le totalitarisme du monde
elle suit la nuit qui fait son deuil
des instincts précis- des précis d'éthique
elle rêve avant même le geste
(de tant de mouvements elle a peine)
puis jette des adieux sur la toile
sur le papier auteur de la matière
en guise de miel la lumière
harpocrate
une rose avortée- inerme
elle doit sa chair à l’embarras
de ne donner plus son parfum
à la narine qui s'y promène
de n'offrir plus qu'une couleur
qui n’apparaît qu'à la nuit
abstraite et sans contact
à la rosée- mais lune pluie et rose
une sœur qui a su résister
à la proposition du vase
tragique affreuse abandonnée
comme le sont toutes les fleurs
dès qu'on devine le bouquet
à la fois caresse et pot
cassandre
ce que la nuit dédie au jour
(c'est un parfum singulier
d'ombres & de nuances
de chœurs & de contours)
ce sont aussi des pas insonores
qui saluent leur cheminement
jusqu'au point de départ
la lune rose à peine inquiète
mélange ses chairs au soleil
dans un écho de feux statiques
de fous regardant par la fenêtre
s'illuminer leurs pensers gris
(les idées n'ont plus de couleur)
- l’œuvre intime du matin pose
harpocrate
nuit je te suis dans l'univers
rose et pervers au commencement
autre et las au coucher
comme les cordes d'un instrument
jouées par un paganini
il en a gagné ton silence
même l'horizon est indécis
et seul le hasard mise l'écho
dans les traverses du ciel
le silence est la nuit de la lune
la musique est le jour qui pleut
sur le mouvement des mains
comme des chaînes bienveillantes
qui relient le jour à la nuit
le mutisme à l'absence

Jour et nuit
Dis-moi la nuit
Chut chut iIs dorment tous
Qui
Qui
mais voyons les enfants les parents
les oiseaux les fleurs les arbres
toute la nature enfin à cette heure se repose
Sais-tu que certaines fleurs
se ferment dès la nuit tombante
pour s’offrir le lendemain au soleil
Mais la nuit tu sais je ne t’aime pas
A mon goût tu es trop sombre trop noire
trop obscure avec cette absence cette disparition cette disgrâce de la lumière
Et ce sommeil qui ressemble de si près
à un puits sans fond comme la mort
Et l’ankou ce serviteur de la mort ne vient-il pas à la tombée de la nuit
La nuit n’est-elle pas aussi cet univers du secret de la dissimulation du crime et de la peur
C’est pourquoi j’ai cette angoisse au fond du cœur dès le crépuscule au moment où le soleil semble sombrer dans une mer de sang à l’horizon
On dirait que le ciel déchire la terre
Moi je suis le jour
la lumière
la renaissance
la source de toute chose
le réenchantement du monde
Au moment où le soleil se lève
la vie le mouvement reprennent
on entend alors les milliers d’oiseaux
dans les arbres tous ces animaux
qui se répondent et l’activité des hommes des femmes tout reprend vie c’est la vie
Mais le jour tu n’y es pas du tout
frère et sœur nous sommes
endroit et envers de l’univers
masculin et féminin
Nous sommes liés à jamais
Car nuit je suis
lumière je suis
Que tu le veuilles ou non
même dans le désert la nuit
on trouve toujours ma lumière
Regarde un peu le ciel
avec ses constellations d’étoiles
ses comètes la lune jamais la même
parfois ronde parfois croissant
mais toujours en mouvement
Cette lune la muse des poètes
ce point sur un i au-dessus de la terre
ils la chantent depuis des siècles
et cela grâce à sa lumière
son calme sa beauté
Quant aux animaux je vois
que tu ne sors pas la nuit
Il y a des animaux de nuit
comme il y a des animaux de jour
La nuit ce n’est pas l’immobilité de la pierre
le silence absolu c’est aussi la vie toujours recommencée comme la mer
Un petit conseil le jour
Ne confonds pas
agitation et vie
Apprends à écouter la rumeur de la nuit
Dialogue des jours et des nuits
jour nuit
un jour une nuit
des jours des nuits
. . . . . . . .
jour et nuit s'entremêlent
jours et nuits se confondent
enlacements harmonieux
affrontements implacables
embrassades du jour et de la nuit
dans les rêves souriants
réponses masquées ou dépassements
trame des vies aux tissus embrouillés
mauvais ménage aussi
empoignades tendues
le jour taraude les heures de la nuit
de ses problèmes irrésolus
le jour ronge les heures de la nuit
de ses peurs de ses oublis
aux urgences brûlantes
et la nuit dérangée
se venge
d'une apathie diurne ou d'un équilibre
compromis
doigt acéré sur la fêlure profonde
Daniel-Claude Collin / novembre 2023








Dialogue Nuit/Jour
"Allons ! allons ! monsieur soleil
Il est temps de vous réveiller.
Toute la nuit, j'étais en veille
Pour toutes les vies conserver !"
"Grand merci, madame la Nuit,
Votre travail est important
Mais pour me lever aujourd'hui
J'ai besoin d'un peu plus de temps."
"Allons ! Ne faites pas l'enfant
En vous cachant sous les nuages.
La vie du monde vous attend
Il suffit d'un peu de courage!"
J'ai bien compris ! Je vous promets
De vite me lever... demain...
Je l'ai déjà dit, je le sais,
Mais la saison n'arrange rien."
"Eh oui ! les fêtes de Noël
Vont certes me favoriser ,
Les lumières sont plus belles
Quand la nuit est arrivée."
"Bientôt ce sera le printemps
Où la vie se réveillera.
Et vous me verrez sur les rangs
Du renouveau à tout va !"
---------
Julie - décembre 2023
Le soleil a rendez-vous avec la lune...
"Venez, venez vite ma belle,
Le roi du monde vous attend !
Tout se réveille à mon appel,
Sans moi, pas de vie en ce temps."
"Tout doux, tout doux, mon beau soleil !
Vous êtes brillant, je le sais.
Mais sans moi, n'y aurait rien de tel.
Vous dépendez de mes bienfaits..."
oOo
Soleil et lune conversèrent
Ainsi, bien des millions d'années.
Et si parfois ils se croisèrent,
Ils continuent à se chercher...
--------
Julie - décembre 2023


Au secours !...
La Nuit est tombée sur le monde.
Des entrailles de la terre
un long cri s'est élevé.
Chacun retient son souffle.
Et voici que soudain
dans le ciel apparaît
un timide rayon de soleil.
Le Jour a entendu
l'appel déchirant
de la Nuit.
Et la Vie
courageusement
reprend son cours.
Julie - décembre 2023
Vingt-quatre heures chrono
Dialogue
Le jour :
« - Hello ! Salut la nuit ! Montre-moi ton soleil !
Près de toi, il s’enfuit, et s’éteint la lumière !
Je suis le jour brillant de multiples merveilles ;
Incontestablement, c’est moi que l’on préfère !
La nuit :
- L’Amour au clair de lune est un instant magique…
Toi qui vis sans étoiles, tu es bien arrogant !
Et, si ton ciel est bleu, il n’est point romantique ;
Je peuple de beaux rêves, le sommeil des enfants …
Le jour :
- Au diable ton orgueil ! Admire moi plutôt !
La Nature et la Ville sont fières de mes scènes…
Les couleurs jouent ensemble, qu’il soit tard ou bien tôt.
Pour me mettre en valeur, nul besoin de mécènes !
La nuit :
- Joyeux feux d’artifice, lorsque vous jaillissez,
Vous transportez la foule, dans un élan intense.
A l’heure du crépuscule, par un beau soir d’été,
Pour le plaisir des yeux, que la fête commence !
Le jour :
- Les plus beaux arcs-en-ciel, m’appartiennent, il est vrai,
Les nuages, en balade aimeraient les saisir…
Mais toi, tu ne pourras jamais les rencontrer…
Devant cette évidence, qu'as-tu donc à me dire ?
La nuit :
- Point de rivalité ; tu pars lorsque j’arrive.
De notre belle union, naissent les vingt-quatre heures …
Je ne veux qu’une chose : que nos qualités vivent
Et remplissent le monde de joie et de bonheur ! »





Bonsoir et bonjour
Bonsoir Madame la Nuit, clame Monsieur Jour.
Vous êtes sombre et si belle comme toujours
Que mon cœur ébloui, à votre vue, bondit,
D’incessants soupirs et de regrets, je blêmis.
Nuit, pourquoi tant espérer vivre près de vous ?
Quand au soir venu, cette heure, entre chiens et loups,
Vous rejetez au loin, vers un monde inconnu
Ma sublime clarté et ma chaleur aux nues !
Bonjour Monsieur Jour, murmure Madame Nuit,
Vous êtes si beau, resplendissant, plein de vie
Que ma pâle copie, clair de lune et d’étoiles,
À vos yeux semble fortune, ce n’est que voile.
Mais nous sommes, Nuit et Jour, un ballet envoûtant,
Deux faces d'une pièce, chacun fascinant,
Moi, Nuit, porte le secret, vous, Jour, la clarté,
Deux univers liés, en une dualité.
Nuit et jour alternant, comme une symphonie,
Vous, Jour, offrez l'espoir, moi, Nuit, la poésie.
Ensemble, tissons l'étoffe du temps qui s'écoule,
En ce ballet infini où chaque heure s'enroule.
Petit colloque entre amis
Lorsque furtivement revient l’heure incertaine,
Et lorsque tour à tour se ferment les persiennes,
Inévitablement s’affrontent Jour et Nuit
Oubliant la splendeur du soleil qui s’enfuit.
« Tu jettes sur le monde un bien sinistre voile.
— Je dépose en douceur mon mantelet d’étoiles.
— C’est la nuit que surgit vampire ou loup-garou.
— C’est la nuit que s’entend le doux chant du hibou.
— Dans la nuit du tombeau, de pauvres vies s’éteignent.
— Dans la chaleur d’un lit, de beaux amants s’étreignent.
— Tes cauchemars effraient le malheureux dormeur.
— Mais je lui offre aussi des rêves de bonheur.
— C’est dans l’obscurité que le prédateur guette.
— C’est dans la nuit qu’ont lieu les plus brillantes fêtes.
— L’insomniaque nourrit de sombres réflexions.
— Le poète souvent trouve l’inspiration. »
La discussion ne peut être encor prolongée,
Car la Nuit doit s’étendre et imposer sa loi.
Si son règne en décembre est à son apogée,
En plein cœur de l’été, c’est le Jour qui est roi.


COLLOQUE SEMI-SENTIMENTAL
LUI- « La nuit, le jour : contraste, c’est comme riche et pauvre
Ils n’ont pas mêmes astres : l’un vient, l’autre se sauve »
ELLE- « Point ne sont même monde. Parfois un clair-obscur
D’une humeur vagabonde éclabousse le jour
Pour l’instant d’un instant en son apparition
Phénomène inconstant avant dissolution »
LUI- « Alors la nuit s’en vient en son calme profond
Le silence survient ; nul, là-haut, ne répond »
ELLE « Le froid survient aussi d’insondables abysses
Il va tout engourdir dans son apocalypse »
Danièle MANOURY CAEN le 27 MAI 2023
Dialogue impossible.
Volant en créature étrange
dans la nuit, la chauve-souris,
avant de regagner sa grange,
ne pense qu’aux insectes pris.
Mais l’obscurité finissante
empêche l’animal d’y voir
et le contraint à la descente,
cherchant un abri jusqu’au soir.
« Le jour se lève » dit le merle
et, dans la clarté du matin,
la rosée attirante perle
sur les brins d’herbes du jardin.
« Mais quel est donc ce monstre sombre,
sans doute échappé de la nuit,
que je vois tapi, comme une ombre
au pied d’un arbuste, ébloui ? »
Le merle alerte ses compères
qui sifflent l’hôte inattendu
du sorbier jouxtant les parterres
avec un vacarme impromptu.
Oyant l’indescriptible alarme,
un homme sort de sa maison
et met le visiteur sans charme
au fond d’une boîte en carton
en le lâchant la nuit tombée
pour qu’il s’envole quelque part.
Au jardin, la paix retrouvée,
la vie habituelle repart.
A l’impossible dialogue
entre êtres de nuit et de jour,
répond ce geste que j’évoque
pour apporter un peu d’amour !
Michel BARTHA: May-sur-Orne, le 21 novembre 2023.


Autres poèmes
UN SOIR, À LA TERRASSE D’UN CAFÉ
— Tiens ! POÉSIE ! Comment vas-tu ma vieille ?
— Et toi, UTOPIE ! Toi et tes merveilles !
— Oh moi ça va. Plutôt bon an mal an …
— C’est comme moi. Je chemine à pas lents.
— Toujours égarée dans tes rêveries ?
— Tu peux parler ! Toi et tes songeries …
— Oui, mais moi je prépare l’Avenir !
— Je sais, tu prétends toujours « voir venir »,
mais permets-moi d’être plutôt sceptique …
— Crois-tu que ton univers « poétique » …
— Mon univers ? C’est le monde réel,
c’est lui qui m’inspire, rien de virtuel !
Tandis que toi et tes vues de l’esprit …
— Mes vues ! Moi je crois que tu y souscris,
par d’autres chemins … sans le reconnaître.
Dis-moi, n’avons-nous pas le même maître ?
Le RÊVE ! Que serait la vie sans lui ?
— Oui ! Tu as raison. Allez, bonne nuit !
Jeanne FOUCHER Mai 2013



Soleil ardent
Ô soleil admirable enthousiasmant mon âme,
tu remplis mon désir d'inextinguibles flammes
et guides mon plaisir vers de beaux horizons
où un souffle paisible inonde ma maison.
Tu éclaires mon cœur ainsi qu'un doux flambeau
et ton rayon divin réchauffant l'atmosphère
apaise ma blessure où loge ma prison
et lance à ma vigueur un appel éphémère.
Lorsque tu parais ainsi qu'un astre ami,
tu offres à ma ferveur une flamme inouïe
et un songe serein sortant de mon esprit
traverse mon cerveau ainsi qu'une embellie.
Tu donnes à mon doux cœur une ardeur infinie
et chasses peu à peu sa pesante inertie
et lorsque ton sourire éclaire mon bonheur
une joie sans mélange efface mon malheur.