Octobre 2020 : Poèmes commençant par "Dans la ville ..."

Dans la ville
Dans la ville de tout,
Tom vit seul sans le sou.
Sans ami, sans travail,
C’est perdre la bataille.
Dans la ville de Caen,
Tom a perdu ses gants.
Il a cherché partout,
Du sol aux petits trous.
Dans la ville de Lyon,
Il a fait abstraction
Des gantés, des masqués
Qui semblaient l’agresser.
Dans la ville d’Honfleur,
Les gens lui faisaient peur.
Puis, dans la ville d’Asque,
Il a ôté son masque,
Pour pouvoir respirer
La montagne à l’air frais
Il voulait être libre,
Et se sentir revivre.
Un agent lui a dit :
Ah ! Vous serez puni,
D’une très grosse amende,
Une vraie réprimande.
Allez danser chez vous,
Dans la ville des fous,
Ceux qui nient le diktat,
Refusent l’automate.
Dans la ville de rien,
Dès lors, Tom vit très bien !


*Peinture – Symboles de films tournés à Cinecitta (Rome)
Cara Cinecittà
Dans la ville romaine, mes rêves s’exaltaient !
Vivante à tout jamais, Cara Cinecittà,
En votre ciel si bleu, tant d’étoiles ont brillé…
Vous offrez le passé, bella Dolce Vita !
Ma Strada italienne rayonnait de bonheur…
D’un illustre univers, découvrant les richesses,
Mon âme enthousiasmée, afin que rien ne meure,
Imprimait, de ces lieux, l’Histoire enchanteresse…
Hollywood a chéri vos célèbres studios,
Le Tibre se souvient du fier Casanova …
Réveillez-vous Peppone, voici Don Camillo !
Ecoutez ma chanson, gracieuse Giuletta…
De Ben-Hur légendaire au monde d’Amarcord,
Mort à Venise et Clowns, images de toujours,
Dans nos salles obscures, étonnez-nous encore…
A la force d’un mythe, nul cœur ne sera sourd !
BAL MASQUE
Dans la ville : bal masqué
De regards effarouchés,
Car les masques médicaux
Sont d’horribles oripeaux.
Ne vois-tu belle marquise
En la ville de Venise
Le regard de l’arlequin
Enamouré et coquin ?
Dans la ville : bal masqué
Sombres regards apeurés.
Elle s’amuse la garce,
La camarde aime les farces !
A Rio les cariocas
Au rythme de la samba
Appellent en fureur de vivre
Les chars de leurs bateaux ivres.
Dans la ville : bal masqué
De regards désemparés
Car chacun a bu sa dose
D’une bolée de psychose.
CAEN LE 9 SEPTEMBRE 2020


Dans la ville…
Dans la ville où frise l’eau
avec des ronds diaphanes,
flâne à l’ombre, s’il fait beau,
sous le tunnel des platanes.
Ou bien marche au long des quais
près du bassin de plaisance,
admirant les airs coquets
des mâts et leur élégance.
Puis fais un grand tour au cœur
des plus beaux parcs de la ville…
la Prairie, en âme sœur,
t’y prête aussi bien asile.
Dans ce cadre vert, le blanc
immaculé de la pierre
dresse ses murs et prétend
gommer le sang de la guerre !
May-sur-Orne, le 16 septembre 2020.
dans la ville des jours viraux
couché dans la rumeur
(pourquoi se tenir debout)
j'écoute les notes fendues
par les rixes et les lames de voix
cette existence horizontale
est celle des vers et des clous
avant qu'ils ne parlent
je suis si bien dans mon lit
que diagonales et verticales
me semblent un autre monde
un parallélisme einsteinien
une diversion de Soutine
dans la rumeur infernale
tous égaux devant la bête
tous égaux devant la fable
entre ces murs d'où rien ne fuit
que les exilés et les fous
je me défile de toute ma longueur
en muant de temps en temps d'âpres épidermes
une ville dénuée de tour du monde
comme une rose inerme et fade
à respirer entre les murs de ma chambre
à me voler mon oxygène
tandis que je halète et que je doute
que je dépiste la leçon double
intra-muros la voix brisée
en dénonçant l'ombre et le mur


Ma ville
Dans la ville j'habite et j'y ai mes racines,
Beaucoup plus profondes qu'on ne l'imagine...
En ville j'ai vécu, toute ma vie ou presque,
J'y ai beaucoup appris, au delà du livresque...
°°°
J'aime la campagne, ses larges horizons,
J'ai besoin de humer, la senteur des saisons...
Le coeur d'un village peut être fraternel
Mais à la condition de rester consensuel.
Il me faut davantage en liberté d'esprit,
L'anonymat des villes mieux la garantit...
°°°
Et puis quand on est vieux, la ville a ses conforts
On a tout sous la main, soulageant nos efforts...
Ce n'est pas de la flemme, plutôt de la survie,
Pour garder plus longtemps, un peu d'autonomie...
°°°
En ville évidemment, le béton fait la loi,
La nature a du mal à y frayer sa voie...
Mais j'aime y retrouver, sa vitalité
A revenir en force à la moindre trouée...
°°°
La ville elle est aussi, on l'oublie trop souvent,
Composée de quartiers, aux esprits différents...
J'ai la chance d'avoir un quartier qui me va,
Où tout n'est pas parfait, mais où la vie est là.
Avec sur le gâteau sa cerise cachée,
La campagne et la mer, à proximité.
°°°°°
Julie - octobre 2020
Je vais te dire ...
Dans la ville
Je vais te dire
Ma solitude
Ma ville de solitude
Celle qui n’appartient qu’à moi
Celle que je ne partage pas
Ma ville de rites et d’habitudes
Celle qui m’héberge et me rassure
Ma ville constante
Ma ville prévisible
Ma ville adoptive
Il n’y a pas de plan
Pas de noms de rue
Juste des émotions
Souvent privées de mots
Ma ville en silence
Il y a là où j’achète des livres
Là où j’emprunte des livres
Là où je lis, aussi
Tu ne seras pas étonné
Ma ville en mode lecture
Un doigt entre les pages
Ma ville rêveuse
Au calme du square
Il y a là où je regarde
Là où j’écoute
Là où je bois des cafés crème
Assise au comptoir
Là où il n’y a que des hommes
Quartier Saint François
Là où la patronne est gentille
Et vient nous serrer la main
Je vais te dire là où je dérive
Le port qui s’active à la tombée du jour
Je vais te dire la ville
Où les voyages des autres
M’embarquent et puis me perdent
Là où je respire
Le parking sur la falaise
D’où l’on ne voit que la sérénité de la mer
Sa belle indifférence à ce que nous sommes
Et la consolation qu’elle m’offre
Et que j’invente
Que je ne cesse d’inventer
Et qui m’apaise

Je vais te dire ma ville en fleur
Mes rendez-vous d’avril
Les cerisiers de l’avenue Foch
Et ceux du Casino
Leur absolue fidélité
Et puis ces petits arbres roses
Autour d’une naïade de bronze
Les cheveux dans l’onde
Et dont pour rien au monde
Je ne manquerais la floraison fragile
Je vais te dire ma ville du matin
Les courbes blanches du Volcan
L’arc tendu de la passerelle
Au bassin du commerce
Ma ville propre
Ma ville stable
Le banc où je me pose
La présence pure
Et puis enfin
Je vais te dire ma ville la nuit
Tout en haut du boulevard
En sortant du Chat Bleu
Celle où le ciel est aussi noir que la mer
On ne voit plus la différence
Sauf les bateaux à l’horizon
Comme un collier de lumières
Sauf à marée basse
La frange blanche de l’écume
Sur le miroir du sable mouillé
Je vais te dire la ville où je m’exalte
La ville dont la beauté m’est intérieure
La ville où je n’ai peur de rien.
En ville
Rues à pousse-corps,
Regards en solitude au-delà du décor,
Marées en cortèges de passants,
La ville m’engloutit, fleuve épuisant.
Tout se mêle, s’arrête puis repart,
En feux rouges et verts,
Va-et-vient de ferraille et de piétons épars
Qui n’en finissent pas, yeux grands ouverts
De conjuguer le verbe avoir.
Vagues de corps aux regards vagues
Et cœurs de foules en arythmie,
Courant impétueux qui divague,
Vitrines à boulimie
Qui vomissent du verbe avoir.
Ciel en percée par brisures de bleu
Sur des toits en gradins aux reflets gris huileux,
Fleuve de jambes mécaniques,
D’âmes immobiles et utopiques,
Qui me charrie, brisée,
Dans le balancement mortel de mes pensées.

« Dans la ville »...
« dans les rues de la ville
il y a mon amour » a écrit René Char
« dans la ville » aujourd'hui
il y a le désert aux grains de solitudes
harassées harcelées des pendules
intégrées
et des petits écrans collés à leurs oreilles
ou geôliers de leurs yeux
soliloques exigus en absence
« dans la ville »
il y a le tumulte assassin du silence
pourvoyeur incessant
des isolements impitoyables
dans les méfiances rabougries
« dans la ville »
il y a des bras
qui ne s'ouvriront pas châtiés de frôlements
des jambes pressées de fuir
en martèlements précipités
« dans la ville »
il y a des yeux voilés
dans la poursuite d'un ailleurs éventré
de rencontres manquées
écœurement des vitrines-miroirs
« dans la ville »
il y a les désespoirs accroupis
îlots humains à la dérive
aux mains tendues à peine
aux yeux invisibles
scrutant un avenir de pavés
ou de goudron sale
« dans la ville »
il y a des ombres
que le soleil ne dessine pas
Daniel-Claude Collin / octobre 2020

Fait divers
Dans la ville animée marche une jeune fille
C’est la fin de l’été, un joli soleil brille.
Sa jupe ondule autour de ses jambes bronzées,
Elle ne pense pas sa mise trop osée,
Mais nul n’est à l’abri de mauvaises rencontres,
Le danger est partout, ce récit le démontre :
Trois hommes qui pourtant ne sont pas capitaines
Ne peuvent s’empêcher de l’appeler vilaine,
Et puis de l’abreuver d’insultes offensantes,
Condamnant sa tenue qu’ils jugeaient indécente
Elle, dans son bon droit, fait l’erreur de répondre.
Un coup de poing s’abat, victime, elle s’effondre.
Les agresseurs s’en vont, et dans l’indifférence,
La fille reste au sol sans la moindre assistance.
Cet odieux fait divers, depuis, me préoccupe,
Quel est donc ce pays où porter une jupe
Expose à des dangers ? Faut-il se l’interdire,
Craindre d’être harcelée, violée ou même pire ?
Ces lâches assaillants méritent qu’on les nomme :
Pour frapper une femme, il faut être un sous-homme !


Dans la ville…
Dans la ville, se coule, sous la pluie,
La tristesse la laideur, l’ennui…
Des réverbères s’échappent des halos de lumière,
Dans les rues se créent une atmosphère policière.
Dans la pénombre, des immeubles un peu partout.
De hautes grues dressent leur long bras autour.
La ville, devient fantôme, dans la nuit finissante.
Elle m’oppresse, fait peur, menaçante…
Je cherche un peu de douceur, de tendresse,
Ce ne sont pas les massifs dressés à grands frais
Qui vont redonner un nouveau demain.
On s’enfonce dans un monde inhumain.
Masqués, les passants se hâtent dans le petit jour.
La pandémie est là qui frappe chaque jour.
On a peur, on s’ignore, rien de très bienveillant.
Fuir, partir, dans un décor plus attrayant.
RÉSURGENCES
Dans la ville où j’ai pris racine
suite à une guerre assassine,
je me suis fait bien des amis,
mais, lors, il ne m’est plus permis
d’évoquer souvenirs d’enfance,
tant et tant d’autres souvenances
liées à de chers disparus.
Des nouveaux amis, inconnus …
Seules surgissent, impromptues,
des images trop longtemps tues :
Tel, flânant sur le Grand Cours
en automne – plaisant parcours –
le crissement des feuilles mortes
qui plein de souvenirs m’apporte ;
ou l’alliance de vieilles pierres
avec des arbres centenaires,
cuisant rappel des destructions,
résurgence des émotions.
Hélas, le temps a fait son œuvre ;
l’oubli, tel un voile, en fait preuve.
Jeanne FOUCHER Octobre 2020


Nuit du 4 août 2020
Dans la ville où l’enfer a fait trembler la nuit,
Beyrouth a explosé dans la peur, dans les flammes,
Les maisons éventrées, le réveil dans les larmes
Et les secours déjà guettant le moindre cri.
Tout s’était endormi sans soupçon ni alarme,
Le rêve pour la nuit, le projet pour demain
Quand le port abritait la négligence infâme,
Le déni, l’omission, le silence assassin.
Toujours une autre forme, mais toujours la misère,
Et toujours le coupable est à portée de main,
Un être sans scrupule pour l’homme et pour la terre
Un être d’égoïsme et d’âpreté au gain.
Mais quel sera le bras assez puissant un jour
Pour chasser et punir les crimes en récurrence ?
Si ce n’est le respect, l’égard, la connaissance,
Si ce n’est pas pour l’autre, enfin, un peu d’amour.
Dans la ville
dans la ville
des regards inquiets
se croisent, voilés
pas vraiment tranquilles !
Qui va nous contaminer ?
Craindre, fuir, faut-il ?,
vite, vite, s'en aller...
hors de cette longue file
Insouciante, mais fragile
désireuse d'une fin d'été
avec ses jours à profiter
avant de rentrer dans sa ville
où circule le danger
mille raisons et mille
de s'évader de la réalité
vers un lieu plus stérile
sans désir tactile
et des gestes malhabiles
pour manifester une amitié
à tout étranger
oct.


Dans la ville aux contours imprécis
Aux dessins d’architectes qui souvent
N’y vivent pas croyant aux bienfaits des descentes
D’escaliers, d’ascenseurs, de plateformes
Pour isoler les habitants d’une communauté.
Au dernier étage la pluie coule du toit
Inondant les murs des étages inférieurs.
Les murs parlent et ont des oreilles,
Les voisins deviennent des intimes.
La délation offre alors son pouvoir anonyme.
Mais savez-vous ce qui se passe dans les têtes ?
Faire le silence, ne pas saluer protègent des regards.
Curiosités, intérêts des autres, courtoisie,
En dehors des bandes rivales dont l’intérêt,
Drogue, violence, territoire et compte bancaire,
N’existent plus dans la ville qui se bat avec la nature.
Krystin Vesterälen – 14 octobre 2020
DANS LA RUE………
Dans la rue de la ville endormie
D’anonymes voitures défilent.
Trouant la nuit en son accalmie,
Au garage, elles rentrent dociles.
D’insomniaques fenêtres dorées
Accrocs dans les hauts murs de béton,
Reluisent toutes auréolées
Des lumineux reflets du krypton.
Les arbres, ombres des alentours,
Forêt banlieusarde de nos chats
De quartier, projettent leurs atours
Noirs couvre-chefs, chapeaux de gala.
Dans la rue de la ville endormie
D’anonymes voitures défilent.
Trouant la nuit en son accalmie,
Au garage, elles rentrent dociles.
Danièle MANOURY CAEN LE 22 JUILLET 2015


PLEURS SUR LA VILLE
Dans la ville autrefois, la foule se glissait ;
La tristesse, sans bruit, menace les années !
Où es-tu cinéma de mon adolescence ?
Je pleure ton trépas et ton évanescence.
Les commerces s’étiolent ; Je commets un délit :
Curieuse, je m’envole, à la périphérie …
Le centre s’amenuise et les rideaux se ferment…
Les esprits se divisent, quand la révolte germe…
Fidèles bus et tram, s’entrelacent à foison,
Et ils tissent la trame des nouveaux horizons…
Qui parle d’apogée, prépare le déclin…
Sur le faste abrogé, souffle un air de chagrin !
Les échoppes trépassent, la nostalgie me hante
Peu à peu, à leurs places, quelques bureaux s’implantent !
« Un immeuble en chantier ! » chuchote la rumeur,
Dans un autre quartier, tandis que la rue meurt !
dans la ville 33 de mon inexistence
après les obus et les histoires
après le râle du médecin
nous sommes 100000 à être sages
et à céder au plus exact parfum
des fleurs secrètes et des filles indécentes
aux robes saines et colorées
l'amour se compte sur quelques pétales
et la nudité disparaît
si sous la lune l'on manque sa prière
(l'artère radiale est sélénienne)
c'est que le spectacle se délite
- la rue vaut bien cet éclairage
qui se dispense de caresses muettes
et du vent qui plie dans les saules
j'ai consulté l'itinéraire exact
et les dépenses de la cité
rien ne vaut ses ruines mystérieuses
et le visage féminin de son passage
que les corolles des herbes folles indiquent
comme un compas sur l'écume morte
nous sommes déjà échoués
même les aveugles et les morts
après les pierres et les discordes
nous sommes quelques-uns à trembler


DANS LA VILLE……
Dans la ville, les chalands
Se promènent nonchalants.
Ils tiennent sacs en papier
Pleins de crèmes pour les pieds.
Dans la ville, les passants,
Font risette aux commerçants.
Ils ont le dernier portable
Ensaché dans un jetable.
Dans la ville, tous les gens
Se croisent négligemment
Ils ont acheté, souliers
Neufs, qu’ils portent à leurs pieds.
Dans la ville, l’élégant
Qui se montre fréquemment
Porte des vêtements de marque
Et se prend pour un monarque.
Danièle MANOURY CAEN LE 8 JUILLET 2020
