Rupture

LA RÉVOLTE DES SARDINES
Notre geôlière pieuvre en « sait assez »
Sur l’art de concocter des gueuletons.
Nous sommes sardines pas « cétacés »
Sautons très haut bien par-dessus les ponts !
Dans une boîte en alu « c’est tassé ! »
Cassons l’hameçon ! Brisons le harpon !
Chantons toutes ensemble « c’est assez ! »
Jolies sardines ne sont pas des thons
Et sans façon, rompons ! Rompons ! Rompons !
Danièle MANOURY CAEN, LE 22 OCTOBRE 2019


Brexit.
L’horizon était gris déjà
et l’Entente peu cordiale
avec nos cousins par-delà
la Manche à l’onde inamicale.
Voulant sortir de l’Union,
les Anglais cherchaient des prétextes
pour que la perfide Albion
se libère enfin de nos textes.
Que s’obtienne ou pas un accord,
après cette fin d’aventure
et l’interminable temps mort,
ce sera bientôt la rupture.
Même si, sans gaîté de cœur,
nous devons constater le schisme,
cette rupture qui fait peur
n’est pas celle d’un anévrisme !
Michel Bartha May-sur-Orne, le 1er mars 2020.
R
T U
U P
R
E
temps brutal cassure violente
intensité en extrémité
émotions fracassées
matériaux rompus
résilience outrepassée
choc in - acceptable
instant cristal où s'affirme la perte
sabre du moment disqualifiant les raisons
irrémédiable - ment souvent
esprit cœur acier pont
fracture au point de faiblesse
parfois sans préavis
sans prémonition capable d'affranchir l'ignorance
mots inutiles éparpillés disqualifiés
phrases hors sujet en balbutiements en cris
dérive
débâcle
naufrage
ou révolte en explosion stérile
mais certains l'ont parfois préparée
en usure imperceptible en émiettement patient
pièges pour l'insouciance
Daniel-Claude Collin / mai 2020


Epilogue
Quand sera-t-il rompu, ce contrat de malheur ?
Avec quel Léviathan as-tu signé ce pacte ?
Pourtant tu périras, méprisable tueur
Et nous retrouverons notre allégresse intacte.
Aujourd’hui, terrifié au fond de sa prison,
Le reclus se tapit et se recroqueville.
Son âme qui languit frôle la déraison,
Espérant le moment de briser sa coquille.
Toi, qui tues sans pitié, ton heure un jour viendra.
L’enfer sera très loin et la peur abolie.
Nous aurons un futur qui nous appartiendra,
Et nous apprécierons cette douce embellie.
Car la science, bientôt, aura raison de toi
Et grâce à elle, enfin, cessera l’hécatombe.
Nous pourrons oublier les jours de désarroi
Et goûter le bonheur de danser sur ta tombe.
Elle, la planète...
Elle, la planète, la femme, la féminité de l’homme : l’Homme. La créativité artistique, sensible, est comme notre Nature, féminine, belle et fertile, aux hommes de l’assumer, aux femmes de la valoriser. Lorsqu’on exprime sa sensibilité, on transmet de l’amour, on partage notre âme... Nous sommes à merci, nous offrant à l’Autre. C’est une belle chose, le plus beau des dons, que celui de l’art. Ici, chacun se croit très fort avant d’admettre sa faiblesse dans le burn-out : je suis efficient, brillant, puissant… Je suis lessivé, idiot, faible ! Le grand écart est fulgurant lorsque l’équilibre ou plutôt le déséquilibre arrivant à son paroxysme, finit par rompre. C’est alors que l’Homme devrait savoir et comprendre que ce monde ne favorise pas l’accord avec les valeurs simples qui gouvernent la Nature, la nôtre et celle qui nous environne. La rupture amène à la sensibilité artistique. Respecte-moi, respecte-toi, accepte l’amour de mon art et reçois-le à la juste valeur de sa sincérité : Homme, j’aime l’amour que tu donnes à mon œuvre et j’aime ton art en retour !


RUPTURE
La vie chantait, belle aventure,
Vous aviez l’amour pour tremplin,
Pour principale nourriture
Confiance en votre destin.
Mais l’amour est frêle bouture
Vous étiez comme des gamins.
De la fortune les fissures
Anéantirent vos desseins.
Ce fut une vive morsure
Lorsque votre amour s’est éteint,
La détresse de la rupture
A laissé votre cœur chagrin.
Mais elle vous a rendu mature.
Jaillie de son secret jardin,
La source épurant la blessure
Aide à reprendre le chemin.
cg

Larmes Taries
Maintenant que la rupture
est cassée
tout est renoué entre nous.
Les larmes ont tari
aux aiguilles de nos montres
et les cris déchirants ont remis
leurs bottes et leurs gants.
Le soleil haut
a repris la barre
et conduit le jour serein
jusqu’à la nuit prochaine.
Là
nous serons
deux plumes de plus
hors de l’oreiller.


EPILOGUE D’UN AMOUR
Pourquoi n’es-tu pas là, à embrasser la vie,
À me parler tout bas, et à sourire aussi ?
C’est toi qui m’as donné la force du sublime,
Toi, qui m’as révélé le bonheur qui anime…
C’est ainsi que privé de ta douce lumière,
Je passe mes journées, aux portes de l’enfer.
Sisyphe m’est apparu, roulant sa lourde pierre ;
Tant d’illusions perdues ! Je soupire et j’espère…
Mes jours couleur d’ennui, sans la moindre espérance,
Répondent à mes nuits, remplies de ton absence.
Et puisqu’une autre femme a capturé ton cœur,
Vacillera ma flamme, sans crise ni rancœur.
S’il est vrai que l’amour, parfois, donne des ailes,
Ne croyons pas, toujours, qu’il sera éternel !
De temps en temps, rêveur, Cupidon désarmé,
Las de toucher les cœurs, aime se reposer…
Si tu ne reviens pas, il me faudra poursuivre ;
Je ne sombrerai pas, car j’ai choisi de vivre !
Permets que je te donne un ultime baiser,
Et que je m’abandonne, avant de t’oublier…
FLASH-BACK
Enfant du baby boum, que j’aime ma jeunesse,
Quand l’heureuse surboum m’offre tant d’allégresse!
Car le sel de la vie, c’est de rire et danser;
Je flirte et je souris, en écoutant Presley.
Point de rave-party, ni de grave délire;
La surprise-partie saura me divertir…
La seule fièvre, alors, celle du rock and roll,
Gagne soudain mon corps, comme une « baby-doll »!
Au diable l’ecstasy ! Ton regard me chavire…
Alors, je m’extasie ; dans tes yeux, je me mire…
L’amour s’impose à moi, m’invite et m’envahit.
Dans l’espoir et la joie, il hantera ma vie.
Mais le premier baiser, si tendrement volé,
De mon esprit troublé, ne s’est pas envolé !
Guideras- tu mes pas, exquise adolescence ?
Je ne t’oublierai pas, ma délicieuse enfance !
Au fur et à mesure, s’éloigne la fillette…
Cette douce rupture m’offrira d’autres fêtes…


Rupture
Je romprai les ponts par hasard ou non
Un jour comme un autre,
Pourquoi ce jour-là, ou bien pourquoi pas
Tout s’agite là.
Sans le mesurer, je ne veux qu’aimer
Ce temps qu’il me reste,
Me faire un présent avec un instant
Ou avec un geste.
Boire avec l’oiseau, moi dans le ruisseau
Et lui sur sa branche
Rendre sa valeur au rire, à la fleur,
À chaque dimanche
Et peut-être alors, ayant eu l’accord
Du vent et du verbe,
Saurai-je amener mon cœur apaisé
À poser sa gerbe.
Le Pont
Pas de projecteur, rien qu’un halo blême
La lune qui traîne au ciel sa pâleur ;
Tu ne disais rien, je pensais de même
L’Orne alanguissait au Pont Bir Hakeim.
Nos regards soudés en adieu suprême
Fusionnaient peut-être une étreinte encore,
Le parapet gris, nos mains qui se craignent…
Où en étions-nous de la belle histoire ?
Fallait-il y croire, et le voulions-nous ?
La nuit s’emparait de notre silence
En décourageant les mots inutiles
Quand l’éclair d’un phare ouvrit la blessure
Qui ne voulait pas dire enfin son nom,
Et tout fut fini, ce fut la rupture,
L’Orne s’enroulait au pilier du Pont.
Irène Gaultier-Leblond (C’est quand ma ville ?)

Photo Maeva Bodilis

Chagrin ( à Suzanne)
Rupture d’anévrisme a-t-on diagnostiqué,
Lorsque tu es partie par une douce nuit.
Faut-il mettre des mots ? Faut-il tout expliquer ?
Une question me hante et souvent me poursuit.
N’est-ce pas son départ qui t'a brisé le cœur ?
Il n’a pu supporter ces si longs mois d’absence.
Mes visites, pourtant, apaisaient ta douleur,
L’enfant qui gazouillait égayait ton silence.
Quitter ceux de son sang pour un peu de soleil,
Pour un ailleurs trompeur, est-ce bien raisonnable ?
Ce départ fut pour nous un douloureux réveil,
Une blessure ouverte, à jamais incurable !
Ce délicat bijou que je porte à mon cou,
Avec les souvenirs, est tout ce qui me reste.
Les années ont passé, le temps qui guérit tout
N’a pas su effacer cette époque funeste.
Courage ! Fuyons !
Il s'en va sur la pointe des pieds
Il ne veut pas la faire souffrir.
Mais il est grand temps de se quitter
Avant que d'ennui se laisser mourir.
C'est en tout cas ce qu'il se répétait
Pour justifier son lâche départ.
Il a tellement dit qu'il l'aimait
Qu'il n'ose plus affronter son regard.
Elle est là, dormant paisiblement.
Il n'a rien à lui reprocher
Il s'en est lassé tout simplement.
Et maintenant il doit s'en aller.
Sur son front il dépose un baiser.
Sans ouvrir les yeux, elle sourit.
Sa confiance faillit l'ébranler
Mais courageusement, ...il s'enfuit.
Demain peut-être, il lui écrira.
Oui ! demain il s'expliquera.
Demain ? ... ou plus tard...
Enfin, on verra !
Julie - mai 2020


Le drap
C’est un grand drap très blanc dans une chambre vide
Un drap épais et lourd, un drap de mariée
Ce sont des mots très doux qu’une fille candide
En se piquant les doigts un hiver a brodés.
C’est une chambre vide, la fenêtre est ouverte
Une femme debout s’est habillée du drap
La nuit est infinie dans la maison déserte
Sa peau contre les mots les récite tout bas.
C’est une fenêtre ouverte, l’amour s’est envolé
Dans un silence nu, une femme froissée
Contemple sur le sol les mots éparpillés
Elle reste sans bouger, ne les ramasse pas
Ce sont des mots usés qu’une femme inventa
Les fils se sont rompus, poussière entre les doigts.
Dessin Gaël DEZOTHEZ
Rupture
Ami, tu connais ce dicton,
De l’arc trop tendu qui se rompt !
Le frêle roseau le savait
Plutôt que de rompre, plier.
De la brisure du silence,
Qui s’ébruite comme une danse,
Des cris, du mystère et des maux,
Jaillit tout à coup la beauté.
Folle fracture, c’est tragédie,
Douce cassure, c’est comédie.
Du drame vient souvent cet art
Dont la rupture est l’avatar.

"Dites moi comment vous définissez Dieu et je vous dirai s'il existe" expliquait Einstein ... "Donnez moi la matière, j'en ferai sortir un monde" avait de son côté affirmé Kant… Ces deux savants amènent non sans malice, le raisonnement à son point de rupture : personne ne peut définir Dieu, personne ne peut expliquer par quel sortilège se crée la matière.
La beauté naît du dialogue, de la rupture du silence et du regain de ce silence.
Citation de René Char ; Fureur et mystère, Le bulletin des baux (1948)
On est disposé lors d'une rupture à prendre le désenchantement pour un outrage.
Citation de George Sand ; L'histoire de ma vie (1855)

EST-CE LA RUPTURE ?
S’agit-il d’un signal ? D’un avertissement ?
Ce coronavirus signe-t-il la rupture
avec un monde fou, en tout contre nature ?
Que d’erreurs commises ! Combien d’égarements !
Toujours plus grand, plus haut, et plus fort et plus vite !
Est-ce là un destin ? L’âpre compétition
écrase les humbles sans nulle compassion.
Richesse et puissance : voilà ce qui invite !
Il y aura, dit-on, un avant, un après.
Puissions-nous dire vrai et qu’un peu de sagesse
vienne inspirer nos choix et freiner nos ivresses.
La planète se meurt et nous suivrons de près.
Or, fait paradoxal : face à tant d’arrogance,
voilà que s’impose l’infiniment petit.
À lui seul, il s’oppose à tous les plans bâtis.
Je vois là un appel à plus de cohérence.
Jeanne FOUCHER Mai 2020