Frontières

Citations et textes d'auteurs

L’enfance est un pays que l’on traverse sans s’en rendre compte. Arrivé aux frontières, si l’on se retourne, on remarque le paysage, mais c’est déjà trop tard. L’enfance ne s’aperçoit qu’une fois quittée.
Ma vie avec Mozart - Eric-Emmanuel Schmitt
“En fait on écrit que pour se sentir libre. L'espace des pages n'a pas de frontières.”
Yves Navarre Une vie de chat
“Un homme politique doit toujours connaître avec exactitude la frontière que son intelligence impose à sa moralité.”
Edouard Herriot 1872 1957 académicien et homme d'État français.
“Le mot réalisme ne veut rien dire. Dans une certaine mesure, tout est réaliste. Il n'y a pas de frontière entre l'imaginaire et le réel.”
Federico Fellini
“Ne fais pas attention à moi. Je viens d'une autre planète.
Je vois toujours des horizons où tu dessines des frontières.” Frida Kahlo
“Cette idée de frontières et de nations me paraît absurde. La seule chose qui peut nous sauver est d’être des citoyens du monde.”
Jorge Luis Borges écrivain argentin
En art point de frontière. Victor Hugo
“Frontière : En géographie politique, ligne imaginaire entre deux nations, séparant les droits imaginaires de l'une des droits imaginaires de l'autre.”
Ambrose Bierce Dictionnaire du diable
écrivain et journaliste américain
L'art, c'est de franchir une frontière pour aller à soi.
Roch Carrier Le jardin des délices (1975)
“Canon : Instrument utilisé dans la rectification des frontières nationales.”
Ambrose Bierce Dictionnaire du diable
Ils ont mis des frontières…
Ils ont mis des frontières entre les sables,
dressé des barrages aux icebergs,
isolé les cormorans de la banquise.
mais ils n’attacheront jamais les ailes du vent !
Prisonnier de l’inutile,
nous avons rompu le fil
qui relie le ciel et la terre.
Fortunés bac plus dix,
nous n’osons plus marcher
sur la sente déserte.
Tapis dans nos pavillons,
nous ne connaissons plus le chaud et le froid.
La vitesse a tout emporté sur son passage
et le silence a eu peur.
Il existe un bateau de nuit perdu au fond d’un jardin,
une pleurésie grimpante,
une neige qui ne fond jamais,
une étable pour s’asseoir dans la lumière de midi.
Dominique Cagnard

La dernière frontière
sur la crête frontière j’ai étendu mon sac et j’ai dormi,
le vent du Sud
portait une poussière rose
il y avait
un grand silence, et j’aimais
sur la crête frontière
une source tarie
des arbres nains
j’ai appelé…
Le vent s’est arrêté
et moi, ayant mon sac posé
avec pour seul témoin un vautour fauve qui montait la garde
Jean-Pierre Villebramar

Le départ
Traînant leurs pas après leurs pas
Le front pesant et le cœur las,
S’en vont, le soir, par la grand’ route,
Les gens d’ici, buveurs de pluie,
Lécheurs de vent, fumeurs de brume.
Les gens d’ici n’ont rien de rien,
Rien devant eux
Que l’infini de la grand’ route.
Chacun porte au bout d’une gaule,
Dans un mouchoir à carreaux bleus,
Chacun porte dans un mouchoir,
Changeant de main, changeant d’épaule,
Chacun porte
Le linge usé de son espoir.
Les gens s’en vont, les gens d’ici,
Par la grand’ route à l’infini. .../…
Emile Verhaeren

Regarde cet arc-en-ciel.
Vois la couleur jaune.
Remonte ton regard un peu.
Vois la couleur orange.
Rabaisse ton regard juste un peu.
À la fin de l’orange, au début du jaune.
Vois cette frontière entre la jaune et l’orange.
Cette frontière n’est pas une barrière.
Écoute le son de la note « DO ».
Écoute maintenant le son de la note « RÉ ».
Que ton oreille écoute maintenant.
Entre le « DO » et le « RÉ ».
Entends cette frontière entre deux notes de musique.
Cette frontière n’est pas une barrière.
Ta raison fixe ses limites.
Tu les inventes au bout de ton regard.
Après c’est l’inconnu, la peur.
Ces limites que tu te fixes,
Ce sont des frontières, pas une barrière.
De toi seul dépendent frontières et barrières.
Une frontière n’est pas une barrière,
C’est un signal, le signal d’un changement.
Quand tu rencontreras ton prochain obstacle,
Dis-toi que ce n’est pas une barrière.
Dis-toi que c’est une frontière.
Et fais un pas de plus.
Raymond Viger Dossier Croissance personnelle
Extrait du livre Après la pluie… Le beau temps
Le chemin des Hors-la-loi
C’est le chemin des Hors-la-loi
Sans pavés. Sans poteaux ni bornes.
Sans fils télégraphiques
En portées de musique.
Sans affiches rouges ou jaunes.
Sans rivière, sans pont du Roy,
Sans maisons, sans clochers, sans rien.
Un chemin sans troupeau ni chien
Sous une lune qui s’écorne
Toute seule au milieu du ciel.
Chemins, chemins habituels
Faits pour les gens en uniforme,
Vous nous menez chacun sait où.
Mais la lune a des complaisances
Pour les rebelles et les fous.
Et quand l’aventure commence
Elle transpose on ne sait où
Le petit chemin sans ornières,
Sans bannières et sans frontières,
Qui peut-être un jour fut à nous.
Sabine Sicaud

Nos poèmes
Au-delà des frontières
Nuit sans lune
Nuit sans fin
Frontière pour l’esprit
Partir est-ce vivre ou mourir un peu
Les frontières de petits pointillés
Sur les cartes elles ressemblaient
à des jouets d’enfants
Toi tu les as regardés ces petits pointillés comme les fenêtres d’une prison
Cette nuit c’était ta réalité
Ta mémoire ton cauchemar ton corps
les coups les marques les stigmates
Tu entendais les voix des passeurs
Leurs ordres Orduriers
On avait autrefois voulu te faire plier
Et tu avais plié
Un jour les soldats étaient venus
Ils avaient encerclé ton collège
Tu avais douze ans
Ce fut ta dernière journée d’école
Tu devins un enfant-soldat
Tu avais tué
Mais tu ne te souvenais plus
à présent du visage de ton premier mort
Tu l’avais oublié
Depuis cette nuit tu en as franchi des frontières
Toujours la peur au ventre
Mais la peur tu connais
Ce n’était pas des jouets
Tes yeux maintenant sont morts
Tu es vide
Un an déjà dans ce pays
Ce n’est pas ton pays
Tu y es sans famille ni ami
Tu ne parles pas sa langue
Et comment le pourrais-tu
Puisque tu passes tes journées
Seul
Tu n’as pas quitté ta nuit
Tu regardes bizarrement
cet étranger
Il te demande avec son mauvais anglais d’écrire ton cv mais comment pourrais-tu écrire ton histoire


« La frontière »
L’univers n’a pas de frontière
Aucun pays n’a de propriétaire
Aucune barrière n’est donc nécessaire !
La terre, la terre
Un globe dans l’univers
C’est le monde à l’envers
Des barrières, des barrières
Pour garder une frontière
Un lien nécessaire
Par des hommes de guerre ?
Empêchant d’aller d’avant en arrière
Visiter, circuler, emporter
Apporter des idées
Dont l’homme est fier !
L’Europe reste à faire
renforcer les frontières
Le monde à l’envers !
D’hier ou d’avant-hier
Pour qui se veut propriétaire
A quoi ça sert ?
Faire la guerre
A ses congénères
Pour des frontières imaginaires
Le monde tourne à l’envers !
La frontière
Franchir la barrière
voir derrière la frontière
un nouveau pays
à vous interdit
Fouler le sol en ami
un peu incompris
aux étranges manières
lointaines à nos manies.
des leurs, ce peuple est fier !
il faut ouvrir son esprit !
pour détruire les barrières
entre les pays !

Intègre
Du tout tu es partie
Ta peau filtre le monde
Lorsque tu te nourris
Tu baignes en l'infini
Que ton âme inonde
À chaque fois que tu ris
Temps et espace finis
Oh ! disgrâce profonde
Bride ton énergie
Humain, corps et esprit
Que ta vie soit ronde
Pour préserver autrui
le 31 octobre 2022

Frontière 1957.
La nuit descendit sur les champs
à l’infini blanchis de neige
sous l’œil de mille astres présents
qui nous surveillaient en cortège.
« Suivez toujours le plus brillant… »
nous dit le passeur débonnaire,
en nous plantant incontinent :
« C’est tout droit jusqu’à la frontière ! »
Hélas ! un gros nuage noir
vola le feu de notre étoile,
du coup, trop dure à percevoir
pour faciliter la cavale.
Marchant, le pas lourd et le cœur
plein d’espoir et d’incertitude,
d’une fenêtre la lueur
rompit la froide solitude.
Juste derrière la maison
– parfois la guerre froide oblige –
nous vîmes avec un frisson
d’un vieux barbelé le vestige.
Quittant alors le sol natal,
peut-être pour toute une vie,
nous osâmes le pas fatal
en entrant en Yougoslavie…
May-sur-Orne, le 8 février 23.


Frontière
De ce côté de la frontière
Sans un voile pour m’étouffer
Mon visage prend la lumière
De ce côté de la frontière
Sans oripeaux pour me cacher
Je m’habille pour me plaire
De ce côté de la frontière
Je suis libre de voyager
Sans un mari et sans un père
De ce côté de la frontière
Je suis en droit de travailler
De profiter de mon salaire
De ce côté de la frontière
J’ai le pouvoir de me marier
Ou de rester célibataire
De ce côté de la frontière
Libre de ne pas enfanter
Je dispose de mes ovaires
De ce côté de la frontière
Mon corps est ma propriété
J’en suis seule dépositaire
De ce côté de la frontière
Il m’est possible d’ignorer
Une religion délétère
Mais si le sort est arbitraire
Je le remercie d’être née
De ce côté de la frontière
Entre chien et loup
À l’heure où lentement l’horizon s’assombrit,
Cherchant à dissiper l’obscurité naissante
Un demi-jour blafard peu à peu s’appauvrit
Et cède au crépuscule une clarté mourante.
Dans la mélancolie de ce jour déclinant,
Une question taraude un homme entre deux âges,
Un doute le tourmente et revient lancinant :
S’est-il toujours montré quelqu’un de bon et sage ?
Au mitan de sa vie, cet homme se souvient
D’avoir un jour blessé sans raison ceux qu’il aime,
Il n’aspirait pourtant qu’à œuvrer pour leur bien.
Est-il par conséquent passible d’anathème ?
Il n’a pas toujours dit l’absolue vérité
Alors qu’il prétendait détester le mensonge.
Parade ou omission, il n’a pas hésité,
Ce n’est pas pour autant que le remords le ronge.
Entre le blanc le noir, se décline le gris,
Entre le bien le mal, la frontière est subtile.
Ni ange ni démon, sans aucun parti pris,
Il l’a parfois franchie sans regret inutile.



AUX ARTS, MON CITOYEN !
« En Art, point de frontière » - Victor Hugo
«Aux armes, citoyen !» clame la Marseillaise…
Hymne à la liberté pour chanter la victoire !
«Aux Arts, mon citoyen! » : chérissons notre thèse…
Bâtissons de beaux rêves pour enchanter l’Histoire !
Eclairons nos pensées, par de sages lectures…
Apaisons nos colères, d’une symphonie douce.
Du génie créatif, partageons l’aventure…
Aimons l’imaginaire de nos plus jeunes pousses.
Dessinez une danse, éminent chorégraphe !
Un allegro joyeux délestera nos corps…
Ensorcelez nos yeux, prodigieux photographe,
En sépia, noir et blanc ou en technicolor !
La lanterne magique a sombré dans l’oubli…
Honneur aux frères Lumière, à l’illustre naissance !
Princes du Septième Art, illuminant nos vies,
Un héritage fier lègue sa résonnance !
Mon esprit vagabonde au temps des cathédrales…
J’observe, en filigrane, fières architectures.
De chaque pierre, émane, l’amour d’un idéal.
Bâtisseurs émérites, gloire à votre aventure !
Un artiste sait croire en ce qu’il imagine,
Chérissant la colombe qu’il sculpte dans la pierre,
Oiseau de l’espérance aux teintes d’opaline,
Pour célébrer la Paix, en digne messagère.
Peintres et architectes, musiciens, troubadours,
Voici l’heure de gloire ; scandons rimes et mots !
Dorment, entre vos mains, les chemins de l’Amour.
Les Hommes, sans frontières,, soulageront leurs maux.
ENTRE PEAUX
Je me maquille et je me grime,
En bleu, vert, rouge, orange ou blanc…
Peindre le corps n’est pas un crime.
Je suis l’Indien à l’œil ardent…
Accompagnons nos amis noirs,
Quand le Djembé entre en musique …
Chantons, dansons, à la Mémoire
De tous les peuples de l’Afrique !
Japonais, Chinois, Asiatique,
Qu’on nomme « Jaunes » et c’est étrange,
Partout, semez votre réplique :
« Tel un velours, je suis peau d’ange ! »
Riez, couleurs, et en avant !
Fuyez, chagrins et grise mine…
Point de furie, nul guet-apens,
Vive la Paix qui s’enracine…
Joyeusement, dansez nos teintes !
Respectons- nous ; point de nuances…
Lorsque la haine sera éteinte,
Naîtra la fleur de l’espérance !
Donnons la main à tous nos frères.
Marchons ensemble, sans avoir peur…
Et pour que cessent toutes les guerres,
Point de frontières, entre nos cœurs !


Noël sans frontières
Décembre 1914
D’une munificence et grandeur d’âme insigne,
Oubliant l’adversaire, nous posions nos fusils !
Dans l’hiver insolent, notre Noël fut digne,
La laideur débusquée plébiscita la vie…
Bannissant « Ennemi » de nos vocabulaires,
Remplaçant ce mot là, par le beau verbe « Aimer »,
Nos nationalités, sans la pensée guerrière,
Pour célébrer ce jour, ont su se désarmer.
Serrant la main de l’autre, entonnant quelques chants,
Partageant les colis, reçus de nos familles,
La solidarité gagna les combattants !
Et l’envie de chérir brilla dans nos pupilles.
D’une force secrète, nous savions nous convaincre,
Cette nuit de Noël, de faire naître la paix.
L’ardeur de secourir gomma celle de vaincre,
Passionnément unis, dans la fraternité.
Nous tentions de sauver, au lieu de massacrer
Nos rivaux prisonniers d’une guerre démentielle,
Et sur notre visage, le bonheur irradiait,
Quand chacun décrocha une étoile dans le ciel.
Comme un vent apaisé, après une tempête,
Bienveillante sagesse, la trêve salutaire,
Envahit notre cœur d’une divine fête.
Partout, se répandit un amour sans frontières…
Trêve de noël 1914- Filmographie : Joyeux Noël de Christian Carion
Se tenir à la frontière
Celle qui sépare l’ombre de la lumière
L’envie de vivre et le risque de mourir
Se tenir à la lisière des larmes
Celle qui sépare la main tendue de la porte qui se ferme
Un balancier entre les mains
Marcher sur cette ligne fragile
Où tant d’enfances ont fait naufrage
Être ce funambule des vies offertes
Sur un fil qui se fait lien
Se tenir vigilant à toutes les frontières du monde
Attentif à ce qui relie
A ce qui rassemble plutôt qu’à ce qui sépare
Garder l’équilibre entre le tout et le rien
Se tenir debout là où s’effeuillent les certitudes
Là où s’ébauchent les métissages
Où toute limite devient floue
Se tenir aux confins de soi-même
Pour y accueillir celui ou celle qui vient de loin
Rester entre deux eaux
Entre deux terres
Broder ce fil entre les territoires
Pour qu’ils n’aillent pas à la dérive
Un pas et puis l’autre
Et puis un autre encore
Sur la dentelle de l’aube
Compagnons d’un exil à la couleur de miel
Se tenir
Ensemble
Printemps des poètes 2023


Le nid
L'enfant a besoin de limites
Pour grandir en sécurité.
Et toute sa vie ensuite
D'un nid, pour s'y reposer.
Courir le monde il s'en ira,
Se riant de toute frontière.
Mais pour toujours lui restera
Le nid de ses premiers repaires.
Julie - mars 2023


Liberté chérie !
Toi, ma tendre amie !
Je te veux sans frontières,
Rejoignant l'Univers.
Liberté amie !
Mon voisin aussi,
Refuse les limites
Y compris où j'habite.
Nous voilà tous les deux
Dans les mêmes lieux,
Ne voulant partager
Au nom de sa liberté.
C'est ainsi qu'aujourd'hui
L'univers est rempli
De frontières fermées,
Pour cause de Liberté.
Fière Liberté,
Aurais-tu oublié
Que tu es accouplée
A la Fraternité ?
Julie - mars 2023


FRONTIERE
De fils en fils et fils de fer
Le front gagnait jusqu’à la mer
De barbes rouges en barbelés
À l’assaut de la liberté.
Les murs en murets et murailles
Forts et fiers de cette trouvaille
Séparaient le Sud du Nord
Et plaçaient chacun à son bord
Comme dans la cour une marelle
Où l’on jouait encore la veille
À franchir les blanches limites
Lors piquées de sombres guérites.
De l’Est à l’Ouest une frontière
Crée sur la terre une autre guerre
Economique et politique
Informatique et robotique.
Elle protège des différences
Tout en sabotant les nuances
Elle veut le monde en mal ou bien
Alors qu’il n’est qu’un simple humain.
Frontières
lignes d’ambiguïté limites d'étendues démarcations tranchées
lieux de délivrance ou de misère
nourris d'exil ou de libération
parfois murailles montagnes
parfois fleuves
parfois mer d'eau ou de sable
cicatrices du temps
confins d'une longue histoire
ou errances de conflits divers
insaisissables en nous
qu'elles soient perdues
dans l'oubli les non-dits
les dénis aveuglants
interdiction de nos territoires profonds
à moins qu'un choc extravagant
à moins qu'une violence extrême
ne lacère nos voiles infranchissables
ou nous dérobe encore plus
à nous-mêmes
Daniel-Claude Collin/ mars 2023


du spleen entre les dents
aux frontières des os
un parfum étrange
subtilise les nerfs
aux chairs indifférentes
la rumeur s'exhale
comme une larme tendue
au bord de la paupière
elle ne choiera que réaliste
ne pardonnant à la frontière
que si son style de pauvresse
espace les rictus
de la peau en fièvre
et glisse son parfum
douloureux et tr

tout ce que soufflent ces lignes
sur ce penseur sur ce visage
tout ce qu'elles tentent de cerner
de désordres et de désaccords
il suffit qu'elles le dansent
libre d'obstacles artificiels
et concoctés par la danseuse
les miroirs internes et extérieurs
s'alourdissent à force de pureté
ils s'immobilisent entre les lignes
frontières de propre en proche
pour que la poche de l'avilie
ignore tout de son visage
- des vallées traînant des montagnes

autres frontières autres désirs
les limites du hasard s'enchaînent
aux grilles de la raie publique
il braillait tout seul aveugle et digne
de la densité de son regard
il bave ce qui reste de sable
pour faire jaillir les regards
autres frontières quelques échos
des âmes qui refusent de mourir
et les corps qui les suivent
comme des crapauds mécaniques
en raturant cette désespérance
qui cale lorsqu'il faut tout monter
jusqu'aux domaines des borgnes


nouvelle frontière à l'aube duelle
de la démence des nuances
comme un monde plein de finesse
et le risque de percer l'horloge
la fleur ouverte avec le soleil
accueille toutes les petites faunes
qui bruissent de l'instant spatial
la cueilleuse accueille un bouquet
nourri des larmes de la vallée
aux pleurs qu'elles laissent tomber
par désespoir d'un autre jour
qui tardera à arriver
par écœurement d'un monde las et fou
d'ouvrir aux vents tous ses échos
FRONTIERES
Frontières, minces tracés
courant sur la mappemonde
symboles de liberté
quand chez soi l’orage gronde.
souvent fragiles remparts
face aux appétits perfides
d’un voisin sans nul égard
imposant sa loi rigide.
Et c’est la guerre, ses horreurs,
les morts et tous ses ravages,
la fuite, l’exil, la peur …
et ses actes de courage.
Rivage, lac ou sommet,
naturelle ou de main d’homme,
la frontière se permet
de prendre d’étranges formes :
Hérissée de barbelés
ou doublée de murs sévères,
c’est ainsi qu’est révélé
le sombre étau de la guerre.
Fuyant leur tragique destin
combien risqueront leur vie
dans un but jamais atteint
toute joie leur étant ravie.
Jeanne FOUCHER Mars 2023


Frontière
La frontière c’est ce passage
grillagé de faim et de peur.
Ce sont ces mains, c’est ce visage
aux stigmates de la terreur.
Sous la limite ou le tabou,
surgit toujours l’autre verrou :
C’est un radeau, c’est un rafiot
qui s’élance au péril des flots.
C’est la neige pieds nus sans fin,
c’est le désert toujours plus loin ;
Plus de passé et pas de traces,
là se croisent toutes les races :
tous âges et douleurs confondus,
chacun s’arrache un pas de plus.
De l’Afghanistan au Mexique
du Bangladesh ’au Centre Afrique
de l’Ukraine jusqu’qu’au Hoggar,
où que se porte le regard
ce sont des enfants faméliques
des errances fantomatiques,
qui n’ont pas d’autre lendemain
que de serrer une autre main.
Du Nord au Sud, ailleurs, ici.
ils n’ont plus rien, mais c’est sans prix.
Ce prix d’un homme encore debout
qui veut survivre jusqu’au bout
face à lui-même, à ses enfants,
à sa race, au rêve puissant
qu’il s’était promis d’accomplir.
il ne peut pas se démentir
ni s’avouer sans espérance.
Sa seule ultime résistance
ce qui le force à avancer
c’est l’idéal qu’il s’est donné :
revendiquer sa liberté !

FRONTIÈRES
Concentration à ciel ouvert
La frontière au pas de ma porte
S’est nommée le confinement.
Poisson d’argent ou vil cloporte
Ne fus-je qu’un renoncement ?
Les fenêtres sur mon écran
Furent les barbelés du camp.
Quand mon foyer devint ghetto
Quand je m’y suis trouvée parquée
Comme bétail dans son enclos
Âme chagrinée, cœur forclos
Toutes illusions envolées
Je me suis sentie misérable
Dernière feuille d’érable
Qui tournoie au bout de sa tige
Et dont l’écarlate se fige,
Qu’une froide bise d’automne,
Sur noir asphalte chiffonne.
Concentration à ciel ouvert
La frontière au pas de ma porte
S’est nommée le confinement.
Poisson d’argent ou vil cloporte
Ne fus-je qu’un renoncement ?
Danièle MANOURY Caen le 28 juin 2022



FRONTIÈRE
À ses côtés j’étais présente
Silencieuse, très chagrinée.
Je me croyais indifférente
À ses côtés j’étais présente.
Il devait franchir la frontière,
Le passage du non-retour
Mourir pour devenir poussière
Il devait franchir la frontière.
Je ne pus me résoudre à dire
Que ce fut lui mon seul amour
Car je buvais là tout le pire
Je ne pus me résoudre à dire.
Il a coulé dans flots turquoise
En calme et sereine matinée
Spectre de cendre gris ardoise
Il a coulé en flots turquoise
Danièle MANOURY CAEN, le 20 mars 2015
Expo frontières
