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Offrande
Elle était là sur le trottoir
au pied de la boulangerie,
Femme sans âge et sans espoir
son regard plombé par la vie.
Les gens passaient, ils défilaient
tout absorbés dans leurs pensées.
Sans s'arrêter, certains donnaient
une piécette à la volée.
Quand arriva une fillette.
« Bonjour madame, vous voulez-bien ? »
Dit-elle en offrant sa piécette
au creux de sa petite main.
Soudain la terre s'arrêtait
regardant le gris s'en aller.
Deux sourires se rencontraient
dans un instant d'éternité...
Julie – janvier 2020


Don d’organes.
Il a fait don de ses organes
longtemps avant son accident,
moto contre l’un des platanes
bordant les routes du ponant.
On a fouillé son portefeuille
et trouvé le mot du feu vert
permettant que quelqu’un accueille
en sauveteur son cœur offert.
Et ce moteur de l’espérance
qui devait mourir avec lui
a pris le chemin en urgence
d’une clinique, loin d’ici.
Il fut greffé sur un malade
par les soins d’un homme de l’art,
et c’est en ce corps pour façade
que survit toujours le motard !
Michel Bartha May-sur-Orne, le 14 novembre 2019.
ENTRE DEUX DOIGTS
Vois, dans l’écrin mon cœur qui bat,
Rouge, il palpite et se débat.
L’énergumène se démène
Il se balade, se promène.
Bon petit cœur dans son carton
De bonne engeance et de bon ton
Jus de la treille ou de framboise
Ne lui cherche surtout pas noise.
Ce cœur qui n’est pas en rondelles,
Que je trimballe avec ficelle
Bien enserrée entre deux doigts.
Soupèse bien son poids
De gourmandise supposée.
D’un seul morceau ou en bouchées
Fais en ripaille, beau festin
Du cœur offert en ballotin.


Offrande
Il reste toujours du parfum
Sur la main qui offre une fleur
A dit un sage tibétain,
Ainsi en va-t-il du bonheur,
Celui que l’on dispense autour
De l’ami, l’enfant, l’étranger
Vous en revient multiplié
De générosité et d’amour.
La fleur, l’oiseau, l’eau qui frissonne
Sont des dons si providentiels
Qu’on les reçoit pour naturels
Et n’en rendons grâce à personne.
Pourtant rien ne nous appartient
Le prodige en est l’usufruit
Dont nous profitons aujourd’hui,
Au moins n’en gâchons pas le bien.
Don de Vie
Ce soir, le lac immense s’installe dans le silence.
Du chemin, je contemple le déclin du jour.
A l’horizon, éclate l’astre des beaux jours.
Puissant, Il rougeoie les flots d’un feu intense.
Ce sphinx mystérieux inonde ce décor touchant.
Pas de vent, pas de bruit, silence éperdu,
Qui surprend et saisit en un temps suspendu.
Que cachent ces rayons ardents au soleil couchant.
La nature avant les sombres heures de la nuit,
Offre-t-elle, Don du ciel, un gage d’espoir salutaire ?
Sacrifice des Dieux au voyageur solitaire ?
Ne reste pas seul en ce lieu qu’il faudra fuir.
Les cieux, dans un sublime ballet, jette des éclats.
Fragile pantin tu as beau chercher à comprendre.
Déjà des ombres s’avancent prêtes à te surprendre,
Le jour se meurt, l’astre s’enfonce dans les eaux du lac.


OFFRANDE
Je t’ai offert
Un frêle amour
Tendre et gracile
Un peu fragile
Et j’ai souffert
Car mon amour
Si malhabile
Mais très docile
Connut l’enfer
Des mauvais jours
Où sans asile
Mourut l’idylle.
Les oubliés
Un chagrin pernicieux qui s’accroche et le mine,
Paupières alourdies et visage émacié,
Sur le sol, il s’endort et son temps s’achemine :
Le mendiant, dans la rue, ne fait pas que passer…
Sans travail, sans abri, assis sur le bitume,
Il saisit ce qu’il peut de sa pauvre existence.
Son esprit se nourrit du vent de l’amertume,
Observant sa détresse et sa désespérance…
Et que lire en nos yeux, quand nos regards s’animent
Vers celui qui voudrait que notre main se tende ?
Pitié, indifférence, seraient-ils synonymes,
Lorsqu’à celui qui erre, on ne fait point d’offrande ?
Quelquefois, dépouillé de sa maigre recette,
Il affronte le froid d’un rigoureux hiver,
Sans domicile fixe, moins choyé qu’une bête,
Ses larmes, à Noël, brillent sous les lumières…
Quand à la belle étoile, son destin se façonne,
Un jugement hâtif, implacable, s’attise…
La loi des apparences, qui, en tous lieux, résonne,
Suborne la pensée et puis la tyrannise…
A l’orée de la nuit, éternels vagabonds,
S’élève ma complainte et les maraudes* veillent…
Ne laissez pas la honte assombrir l’horizon !
Luttant contre la peur, la dignité s’éveille…
L’artiste vous dessine et vous le méritez…
Le Septième Art le sait, alors, il vous choisit !
Le photographe espère vous immortaliser…
Le troubadour honore votre philosophie…
*Les maraudes : distribution de vivre et de vêtements, notamment par la Croix-Rouge, le Secours populaire, etc…

L'offrande
le plaisir de donner
la joie d'offrir !
L'offrande !
Et je suis la à guetter
le plaisir fait
à, celui qui a reçu
mon offrande,
mon cadeau,
petit mais si beau
des gants chauds
une écharpe de soie
je sais, je sais
le bonheur de recevoir
égale t-il, le plaisir de donner ?
L'offrande,
sans demande
geste spontané
à un être aimé
sans dire un mot
toi et moi..
don de soi !
Danydeb le 7 janvier 2020

Offrande ( A.D. )
"Chose devant être offerte"
ainsi dit le latin pourvoyeur du mot
"offrande"... dès l'origine nourrie d'obligation de soumission de domination
"sacrifice" "aumône" "charité"
échos révélateurs repus de déséquilibres
rapport de forces en religion en société en amour désirant
"preuve de reconnaissance de dévouement"
sous tendue de calcul espoir d'obtenir en retour privilèges ou privautés
hypocrisie masquée aplatissement douteux
"offrande" accablement des faibles quoi qu' en disent les masques
emprise empire insoupçonnés par l'ébloui
Contournez le décor faites taire l'orgueil des grandes orgues
les théocrates affabulent et les communicants déambulent en séduction
Revenez simplement au don en sa gratuité dénudée
sans passé impayé sans avenir escompté
Revenez à l'échange dans la main joignant l'autre main
Daniel-Claude Collin/ janvier 2020


Pas d’orchidée pour miss Martine
Une de mes amies, par un beau soir d’été
M’offrit une orchidée d’une très jolie teinte.
Ses élégantes fleurs rehaussaient sa beauté.
Ce présent me remplit de bonheur et de crainte.
Je sais utiliser la plume et les pinceaux,
Je suis, sans me vanter, honnête cuisinière,
Mais je dois avouer qu’avec les végétaux
Indiscutablement, je n’ai pas la manière.
Combien de cyclamens et combien de ficus
Ont été par mes soins promis à disparaître.
J’ai même vu périr une armée de cactus,
Aucun de mes phénix n’eut le droit de renaître.
Mon orchidée, pourtant, fleurit à profusion,
Redevable des soins dont je l’avais couverte.
Cela sonnait la fin de la malédiction,
J’étais fière d’avoir, à présent, la main verte !
Je la baignais souvent, lui parlais chaque jour
Tout en me réjouissant de ma bonne fortune.
Mais quelques mois plus tard, malgré tout mon amour,
Ses délicates fleurs tombèrent une à une.
Juste une étoile
Si tu veux, avant d’être grande,
Petite fille de demain
Je te soufflerai en offrande
De n’avoir qu’un vœu, mais le tien.
Plutôt que viser le soleil,
Préfère-lui juste une étoile,
Qu’elle soit ton but, ton éveil,
À la fois ta barre et ta voile…
Si tu veux, parce que je t’aime,
Sans vouloir te forcer la main,
Je te révèlerai de même
Que l’amour est le seul chemin,
Que sourire est un geste tendre,
Que le premier don c’est la fleur,
Que le plaisir c’est d’entreprendre…
Et tout le reste est dans ton cœur.

PRESENTS
Jeunes filles de ma jeunesse
Recevez ces coquelicots,
Un clin d’œil du Pays de Caux,
Le rêve angoissé de l’ânesse
Que l’aube a fixé dans ses yeux.
Voici la promesse des mûres,
La mer aux galets qui murmure
Et l’élégance du lin bleu.
Pour vous l’école du village,
L’enfant habile à chat perché,
Et l’heure qui chante au clocher
Pour mieux me rappeler mon âge.
Prenez aussi l’étang fangeux
Où la vie s’agite et s’entête
En milliers de petites bêtes
Dont survivre est l’unique enjeu.
Pour vous le V de la valleuse,
Le fou-rire du goéland,
Les bœufs qui paissent indolents,
L’alouette mélodieuse.
Jeunes filles de ma jeunesse,
Couronne de fleurs à mon front,
Je suis l’obstiné liseron
A jamais noué dans vos tresses.
Mais de l’arum à l’asphodèle,
De la pervenche à l’ancolie,
Ma main sans trembler a cueilli
D’entre les roses la plus belle.
© Daniel Cuvilliez (Renier l’absence)

Offrande
Si tu m’offres la lune et toutes les étoiles,
Le soleil, les palais des mille et une nuits,
De beaux navires blancs et leurs immenses voiles,
Des airs plein la tête et la vie au paradis,
Des séjours de rêve sur les collines d’or
Où glissent des rivières de vermeil et d’argent,
Un feu d’artifices en fête jusqu’aux aurores,
L’azur des calanques et l’éclat des océans,
Si tu m’offres le monde et même l’impossible,
Je te dirai merci pour ces riches idées
Qui sûrement plairont à mon âme sensible,
Aux espoirs et aux joies qui me font tant rêver.
Mais si tu n’as rien d’autre à donner que ton cœur,
Alors les trésors de la mer et de la terre
Feront pâles figures et bien pauvres douceurs
Au regard de ton amour, offrande sincère.

MOT
Il n’est plus mien, fais-en le tien
De ce mot
Au goût de cerise sauvage
Qui fait souvent de grands ravages.
Il est fantasque
Il fait des frasques.
Il est sorti pour mieux renaître
Attrape-le, deviens son maître,
Fais donc un nid avec tes mains,
Fais une cage ou un écrin
En forme de fleur de lotus
Rêve du Nil, deviens Négus,
Part en voyage au bout du monde
Vers cieux où l’orage ne gronde.
Il n’est plus mien, fais-en le tien
De ce mot
Va l’offrir à celle qui t’aime
Et tendrement dis-lui « JE T’AIME ! ».

Offrande
Sous un ciel gris, cotonneux, plafond bas,
la bise d’hiver me cingle le visage.
Dure saison pour les déshérités de la terre.
Le cœur attristé, je me hâte, tête dans les épaules,
pressée de rentrer chez moi.
La main au portillon du jardin, soudain je m’arrête,
le sourire aux lèvres.
Tombant de très haut, des sons purs et puissants
déferlent en cascade harmonieuse.
Petite boule noire, agriffée au râteau d’une antenne,
un merle, tête haute, lance comme un défi au ciel
plombé son chant d’allégresse, son hymne à
la liberté, à la vie.
Merci, le MERLE, pour cette offrande, ce généreux
cadeau qui met du baume au cœur.
Jeanne FOUCHER janvier 2020

Les petits riens
Les petits riens que l’on donne
Que l’on donne pour rien
N’appartenant à personne
De la vie sont les biens
Les plus précieux en somme
Un petit mot un sourire
Un geste de la main
Partager un fou rire
Préparent des lendemains
Les plus précieux en somme
Tout au long de l’année
Ces riens qu’on dissimule
Au cours de nos journées
Lentement s’accumulent
La plus précieuse somme

Les offrandes
L’enfant agenouillée aux côtés de sa mère,
En imite les gestes et mime la prière
Tout en lorgnant les mets finement disposés
Les haricots, le riz, les mangues, les beignets
Autant de tentations pour un ventre en famine
Mais déjà la mémoire est dans l’âme enfantine.
Elle est là chaque jour et reviendra demain
Cependant que le chien lui aussi quotidien
Connu et respecté va en toute imposture
Tout à l’heure accéder à cette nourriture
Qui n’est pas de son droit et ne quémande pas
C’est ainsi ! Elle sait et le chien ne sait pas
Qu’il est de tout destin de mériter le ciel ;
Le jour peut se lever, elle quitte l’autel
En délaissant des yeux tous ces présents gourmands
Eclairés de bougies et parfumés d’encens.
