Des mots et des maux

Quelques citations et textes d'auteurs

Les maux du corps sont les mots de l'âme, ainsi on ne doit pas chercher à guérir le corps sans chercher à guérir l'âme.
Platon
" Lorsque nous mettons des mots sur les maux, lesdits maux deviennent des mots dits et cessent d'être maudits." Guy Corneau analyste et écrivain canadien
L'amour ? Des grands mots avant, des petits mots pendant, et de gros mots après.
Edouard Pailleron
Les maux par les mots, c'est ainsi qu'on guérit. MC Solaar
Quand j'écris mots, je pense aux maux, quand j'écris maux, les mots me viennent Sonia Lahsaini
Les mots se muent en maux quand ils indisposent, agressent ou blessent.
jah olela wembo
Lorsque les mots ne viennent plus au bord des lèvres, ils s'en vont hurler au fond de l'âme. Christian Bobin
Jeunes gens, prenez garde aux choses que vous dites.
Tout peut sortir d'un mot qu'en passant vous perdîtes.
Tout, la haine et le deuil ! - Et ne m'objectez pas
Que vos amis sont sûrs et que vous parlez bas... -
Ecoutez bien ceci :
Tête-à-tête, en pantoufle,
Portes closes, chez vous, sans un témoin qui souffle,
Vous dites à l'oreille au plus mystérieux
De vos amis de cœur, ou, si vous l'aimez mieux,
Vous murmurez tout seul, croyant presque vous taire,
Dans le fond d'une cave à trente pieds sous terre,
Un mot désagréable à quelque individu ;
Ce mot que vous croyez que l'on n'a pas entendu,
Que vous disiez si bas dans un lieu sourd et sombre,
Court à peine lâché, part, bondit, sort de l'ombre !
Tenez, il est dehors ! Il connaît son chemin.
Il marche, il a deux pieds, un bâton à la main,
De bons souliers ferrés, un passeport en règle ;
- Au besoin, il prendrait des ailes, comme l'aigle ! -
Il vous échappe, il fuit, rien ne l'arrêtera.
Il suit le quai, franchit la place, et cætera,
Passe l'eau sans bateau dans la saison des crues,
Et va, tout à travers un dédale de rues,
Droit chez l'individu dont vous avez parlé.
Il sait le numéro, l'étage ; il a la clé,
Il monte l'escalier, ouvre la porte, passe,
Entre, arrive, et, railleur, regardant l'homme en face,
Dit : - Me voilà ! je sors de la bouche d'un tel. -
Et c'est fait. Vous avez un ennemi mortel.
Victor Hugo

🍃🌹A quoi servent les mots
Face à celui qui meurt !
Ils apprivoisent l'abîme
Désamorcent les peurs
Ramifient la tendresse jusqu'au seuil de l'obscur
A quoi servent les mots
Face à celui qui vit !
Ils brisent ou bien apaisent
Incendient ou délivrent
Ils modèlent nos visages
Saccagent ou donnent ferment. 🌹🍃
~Andrée Chedid~

Les mots sans qu'on les craigne ont d'effrayants pouvoirs,
Ils sont les bâtisseurs hasardeux des pensées,
L'âme la plus puissante est parfois dépassée
Par ces rêves actifs que l'on voit se mouvoir.
- Laissons se balancer dans leur ombre décente
L'excessive tristesse et l'excessif besoin !
Confions le secret ou la hâte oppressante
Au silence sacré qui ne les livre point.
Poème de l'amour
Anna de Brancovan, comtesse de Noailles

Déjeuner du Matin
Il a mis le café
Dans la tasse
Il a mis le lait
Dans la tasse de café
Il a mis le sucre
Dans le café au lait
Avec la petite cuiller
Il a tourné
Il a bu le café au lait
Et il a reposé la tasse
Sans me parler
Il a allumé
Une cigarette
Il a fait des ronds
Avec la fumée
Il a mis les cendres
Dans le cendrier
Sans me parler
Sans me regarder
Il s’est levé
Il a mis
Son chapeau sur sa tête
Il a mis
Son manteau de pluie
Parce qu’il pleuvait
Et il est parti
Sous la pluie
Sans une parole
Sans me regarder
Et moi j’ai pris
Ma tête dans ma main
Et j’ai pleuré.
Jacques Prévert

💕Le silence de l'Aimée
Est un meurtre tranquille
Il blesse sans tuer
Il inquiète et fait monter la fièvre
C'est un mur froid qui avance
Broie ce qu'il rencontre
Le tout sans faire de bruit.💕
-Tahar Ben Jelloun-

Nos poèmes
L’accidenté.
Il est monté dans la voiture
d’un copain, sans braver le sort,
bouclant sagement la ceinture,
pourtant à la place du mort.
Un tracteur tirant en remorque
son chargement de sacs de blé
envoya le chauffeur à la morgue,
estropiant son passager.
Tête à travers le pare-brise,
le verre a cisaillé sa voix,
rendant sa parole soumise
à de véritables exploits.
Un jour, découvrant un poème
au bulletin municipal,
il tenta d’écrire de même
pour raconter son propre mal.
Lui, qui jamais ne lut un livre,
trouva soudain les mots de poids
pour extirper le mal de vivre
de son corps souffrant aux abois.
Et le fait d’énoncer sa peine,
le partage avec le lecteur,
ont – comme un ballon d’oxygène –
fini par libérer son cœur !
May-sur-Orne, le 16 octobre 2022.




Des mots et des maux
A comme atchoum B comme blépharite C comme cancers
D comme d'habitude
E comme épilepsie F comme furoncle G comme goitre
H comme harassement
I comme individualisme J comme jaunisse K comme kératite
L comme lèpre
M comme malveillance maladie méchanceté N comme nausée
O comme oh, la la !
P comme polype Q comme quarantaine R comme rougeole
S comme streptocoque staphylocoque SRAS sauve qui peut !
T comme tuberculose U comme urémie V comme vie
W comme wormien ah, bien wlà autre chose !
X comme xanthome Y comme ypérite
Z comme ZZZZZZZZZ maladie du sommeil... éternel
Daniel-Claude Collin / novembre 2022
Au fil des mots
Au fil des mots
Le poème
Se promène
Sur les chemins de fantaisie
Des poésies.
Il y a peau dans poésie
Et il y a l’aisance.
La peau pour la caresse,
L’aisance, comme une politesse.
Je crois qu’on naît poète.
Vous l’êtes,
Et c’est une seconde peau.
Au fil du temps des mots
Le poème
Se promène....
Depuis l’Antiquité, combien de vers
Combien de poésies ?
Il y a peau dans poème
Et il y a aimer.
La peau pour la caresse,
Aimer avec tendresse
Tout ce temps qui les berce.
(extrait de « La vie d’art’triste »)


Mots-cadeaux
A mon premier petit-fils et à ceux qui l’ont suivi
Les mots sont des cadeaux.
Je te les offre,
Un à un dénudés
Ou habillés des autres.
Je te les donne,
Tu les captures avec avidité.
Les mots sont des cadeaux.
Tu les ranges un à un dans ton petit cerveau.
Tu les as décryptés,
Mais tu les laisses encore dans un coin secret.
Un jour de grand soleil
Tu nous offriras ton bouquet.
Les mots viennent de loin.
Tes ancêtres parlaient normand
Dans un langage gourmand.
Je te parle en français,
Mais sans les offenser.
Car les mots sont un trésor.
La langue s’élabore
Au fil du temps.
Les mots sont des cadeaux,
Des perles que j’enfile
En brute poésie,
Des perles que les grands refondent en colliers
Qui les relient.
Les mots sont des cadeaux.
Ton papa les enrubanne de musique.
Tu aimes les chansons...
Si tu ne les dis pas
Ton petit corps qui danse sait le dire pour toi.
Des mots
Tout s’écrit, tout se crie,
Mais le temps passe
Et les mots qui coulent sont en vain,
Le temps passe
Et je suis la pente ou le ravin,
Le temps pèse
Et le ciel appuie sur mon destin.
J’ai trop bu de causes et de pourquoi,
J’ai trop vu d’ahuris et de narquois,
J’ai trop lu de folies et de philosophies.
Le temps passe
En vain.
Si j’accrochais ma plume aux heures qui s’écoulent,
Si elle suivait la courbe qu’elles dessinent,
Si je pouvais compter les mots
Et les peser.
Mais le temps passe
Et les mots qui coulent sont en vain.
Si je pouvais mieux dire tout ce que je ressens,
Si je pouvais mieux lire ce que les autres sont,
Si je pouvais écrire en égrenant des mots,
Des vrais, des purs, des fulgurants
Et les sécher.
Mais le temps pèse
Et les mots qui coulent sont en vain.
Extrait de « Mes chemins de poésie »



Et aussi à mon premier petit-fils
Tu balbuties
Les mots sont bien étroits,
Aussi tu balbuties
Des sons, des faux-mots
Qui tentent de nous dire
Tout ce que tu ressens.
Les mots sont bien petits,
Tes paroles sont à l’étroit.
Alors tu baragouines
Et te fâches
Quand on ne comprend pas.
Un jour tes mots seront puissants,
Tu pourras dire tout ce que tu ressens
Et on te comprendra.
Pourtant tu les rechercheras
Encore et encore...
Ils manqueront souvent :
Tu ne sauras plus dire.
Si tu deviens poète
Tu en inventeras.
Les deux poèmes sont extraits du recueil « De l’aube à la nuit »
Les mots et les maux
le goût et le dégoût
les mots et les maux
non, ce n’est pas à nous
de partir à l’assaut
et se chercher de poux
faire tant de remous
avec des bas et des hauts
après l’amour fou,
le froid le chaud
pauvres de nous !
les mots doux,
les maux et les sanglots
j’ai perdu le goût
de l’amour de nous
pauvres de nous.
octobre 2022


Des mots et des maux
des mots sur les maux
pour s’en départir
et ainsi guérir
comment choisir les mots
pour ainsi dire,
« je l’aimais à mourir »
les maux n’ont pas de mot
pour bien les décrire
autant me taire et souffrir !
Les mots
qui empêchent de grandir...
A un enfant tout barbouillé
Du chocolat qu'il a chipé,
Niant le fait avec aplomb...
T'es "un menteur", lui dit-on.
Il a menti assurément,
Et puis volé, c'est évident !
Et une juste punition
Pourra soutenir la leçon.
Est-il "un menteur" pour autant ?
"Un voleur" ou autre "méchant" ?
Pourquoi ainsi l'étiqueter,
Pour toute sa vie le marquer ?
S'il en est ainsi trop souvent,
Le jour viendra où cet enfant,
Tout bonnement en déduira
"Qu'être un méchant" est son karma !
Julie - novembre 2022

Un sourire, un merci
Et la vie est embellie...
Le chauffeur a respecté
Le passage protégé.
C'est normal évidemment !
Mais pourtant...
Un signe de merci
Et la ville est embellie !
Dans le bus, pour monter
On me laisse passer.
J'ai des cannes, assurément !
Cependant...
Un merci et des sourires
Et les soucis sont moins pire !
Des services rendus
Pas assez reconnus,
Bien qu'ils le soient souvent
En souriant....
J'aime alors, pouvoir dire :
"Merci ! pour votre sourire"
Un Merci chaleureux
Cela coûte si peu...
D'un sourire accompagné
Et le monde est changé.
Julie -novembre 2022

Les maux des
mots
En leurs fauteuils d'Académiciens
Nos "immortels" triturent les mots.
Est-ce vraiment pour leur bien
Ou la source de bien des maux ?
On voit déjà que "mots" et "maux"
Résonnent un peu trop pareils.
Ont-ils oublié que les mots
Sont tout d'abord pour nos oreilles ?
Les homonymes sont fréquents,
Beaucoup trop, à mon avis.
Ce pourrait être amusant
Sans ce diktat de l'écrit...
A l'Ecole, on fut rassasié
D'écrivains de très grand talent.
Les orateurs furent oubliés,
Du "chant des mots", nous privant.
Mais aujourd'hui, les maux des mots
Sont beaucoup plus importants.
Sur leurs tablettes, nos enfants
Ont égaré même les mots...
Julie - novembre 2022


Sur les murs de la nuit
J’écris sur les murs de la nuit
des mots abandonnés au vent navires épaves sous la pâle lueur
d’une ondée d’étoiles
J’écris sur les murs de la nuit
des mots qui n’importent qu’à moi
naufragé de la terre
brûlé par le soleil du dieu vengeur
J’écris sur les murs de la nuit
des mots silencieux tapis au fond du cœur
sentinelles de l’ombre
des mots qui retiennent leur souffle
J’écris sur les murs de la nuit
des mots griffés par la vie des mots d’urgence
des mots de la douleur du monde
des mots qui viennent de la nuit
Mot à maux
(rondeau)
Il a suffi d’un mot qui lui parut blessant,
Un simple mot jeté d’un ton sec et cassant.
Elle l’aimait pourtant et se croyait aimée,
Mais il était trop tard, la graine était semée
Et le malaise en elle allait en grandissant.
Peu à peu, des rancœurs, le cortège incessant,
Dans son esprit troublé, devint envahissant
Et ce triste constat la laissait désarmée.
Il a suffi d’un mot…
Elle éprouva bientôt, douloureux, angoissant
Le désenchantement d’un amour finissant
Et l’espérance, alors, s’évanouit en fumée.
Toute une vie à deux soudainement gommée !
Le désamour, hélas, a souvent goût de sang.
Il a suffi d’un mot…

Mots pour maux
Quelques lettres sans malice
Assemblées pour te blesser
Te laissent des cicatrices
Que tu ne peux effacer.
Quelques lettres caressantes
Pour te faire troubadour,
Avec des mots qui enchantent,
Manifeste ton amour.
Quelques lettres terre à terre :
Un nom gravé au burin
Dans le marbre ou dans la pierre
Pour un éternel chagrin.
Quelques lettres de l’enfance
Exhumées de ton passé :
Apprivoise ta souffrance
Pour grandir et avancer.
Quelques lettres pêle-mêle
Téléphone ou bien courrier
Et les funestes nouvelles
Sont là pour te foudroyer.
Quelques lettres sans mystère
Pour inventer des récits :
Dragons, génies et chimères
Chasseront tous tes soucis.
Quelques lettres qui surprennent,
Faites pour souiller les murs
Avec l’encre de la haine
Des vieux slogans obscurs.
Quelques lettres bien choisies
Pour chanter ce que tu veux
Bienfaisante poésie,
Elle te rendra heureux !


























Maux d’école
Un pupitre de bois, un trou pour l’encrier,
Déjà sont disposés porte-plume et cahier,
Et la pendule au mur semble s’être arrêtée,
Le silence est requis : l’heure est à la dictée.
Le maître prend son livre, et marche dans les rangs,
Puis commence à dicter de son timbre puissant.
L’enfant est appliqué comme il en a coutume,
Et dans l’encre violette, il va tremper sa plume.
Il doit faire attention au désastreux pâté.
Le début, par bonheur, est sans difficulté.
Alors qu’il espérait éviter les embûches,
Au tout premier écueil, le voilà qui trébuche.
Participe passé, comment s’accorde-t-il ?
Pluriel ou singulier ? Le piège est trop subtil !
Aurait-il oublié la règle de grammaire ?
Sa mémoire, aujourd’hui, lui paraît bien précaire.
Où est-il donc placé, ce fâcheux complément ?
Enfin, il se souvient, c’est le soulagement !
La dictée continue sans que sa plume hésite
Il aura, c’est certain, sa note favorite.
Mais que pensera donc cet élève attentif
En lisant les textos très approximatifs
De ses petits-enfants, dans les années futures ?
Car l’orthographe hélas n'est que déconfiture !
il faut une histoire à la dérive
aux coups une histoire des coups
il faut à l'âme (qui résiste)
une existence à l'âme libre
une question qui diverge du brouillard
où naît à la triste époque d'un mouchoir
-où fins de morve de sperme et désespoir-
(les mêmes qualités accordent l'existence)
une histoire qui se modernise
aux fers à la chaux aux oubliettes vives
qui se donnent au spectacle de l'advenu
avant que l'oubli n'orne ou méprise

au double fil de la maladie (erreur et somme)
n'existe qu'une histoire d'ombres
qui se faufilent entre les lettres mortes
de leur auteur déjà passé à l'ouest
en double fille inerte ou morte
elle attend le prince définitif
qui secoue son drapeau
à l’œil malade de sa mie
s'il faut qu'on soit aimé ainsi
un double verbe presque gaulois
s'il ne s'agissait que du verbe
à dépenser ou à pourvoir

il me fallut des pensées un peu plus nobles
que le cœur de ces auteurs mal- nés
comme si la vie de leur histoire appartenait
à la vindicte ahurissante d'une foule
qui laisse s'échapper un bas à la plus belle
(je me moque même de ces vicissitudes)
je ne laisserai pas en vie la nymphe
et ses pratiques sublimement tueuses
pourvu que le corps soit terrible
et les évidences si sensibles
que l'histoire les croit coupables
malgré l'annonce d'un désordre (virtuel)

il faudrait chercher le mouroir
où les vers naissent à l'abandon
(ou les vers meurent avant naissance)
il faut une méta- histoire sanguine
à cette pâte à cette plaie égarant ses écrous
et ses repentirs si instables
que l'un nous porte l'impossible
que l'autre s'achève à l'égout
(avec le paradis au bout sait- il)
et ses anges sans la margelle
autour du puits qui le rendent terne
- -même des ombres tombent dedans

bien des douleurs après la nuit innovent
dans le jardin des délices interdits
sur la rosée chantante de la rose blanche
vous avez réalisé que tous les pleurs s'enivrent
et s'achèvent en rimes raisonnables
s'il s'agit d'un poème au bout des doigts
d'un délire au bout de la tête
en train d'agacer la nature et de s'agacer
comme si le poète troublait la poésie
comme si la poésie entêtait le poète
à mérite de ne pas ressentir son reflet sur l'étang

DES MOTS …
DES MOTS …
Des mots clairs
au goût de lumière
Des mots doux
au parfum de bisous
Des mots d’ombre
pour les jours sombres
Des mots de sang
pour dire l’innocent
Des mots de ténèbres
pour veillées funèbres.
mais par-dessus tout :
Des mots en confidences
pour dire l’Espérance.


MOTS et MAUX
L’Homme est un enfant
que la vie malmène.
Il se croit pourtant
fort et se promène
parmi ses espoirs
et ses certitudes.
Il veut tout savoir,
poursuit des études.
En homme d’affaires
brassant des millions,
le dieu qu’il vénère
craint les trublions.
Les creux de la bourse,
souci permanent
et, les prix, la course
lui sont un tourment.
Jusqu’à ses amis
dont il se méfie ;
il croit tout permis
quand on le défie.
Il se peut qu’un jour
il croise un poète.
Il en fait le tour,
disant : « que c’est bête !
Celui-là est fou
qui prend des vessies
pour lanternes. Hou ! »
— Tes péripéties,
répond le rêveur,
crois-le, m’indiffèrent
car, si mon bonheur
et mon savoir-faire
tiennent dans les MOTS
avec quoi je joue,
ce sont bien tes MAUX
qui, de toi, se jouent.
Jeanne FOUCHER Février 1999



MOTS contre MAUX
Que de MOTS lâchés dans le vent
ainsi que papillons volages !
Veules ou méchants trop souvent,
parfois riches de bons messages.
Certes, il en est vecteurs de MAUX
qui sèment la haine, le doute,
mais combien d’autres qui sont beaux
et mettent fin à nos déroutes.
Certains, brillants tels des émaux,
côtoient des MOTS de fantaisie.
L’échange se fait par des MOTS
et, sans eux, meurt la Poésie…
Plus prosaïques sont nos MAUX :
ceux de ventre, de dents, de tête
et combien d’autres maudits MAUX
entravant ce que l’on souhaite.
Qu’ils soient doux, tendres ou trop durs,
émanant d’intentions louables
ou nés de mobiles obscurs,
les MOTS nous sont indispensables.
Et c’est à nous qu’il appartient
de las maîtriser. Sachons en faire
des éléments de Paix, de Bien,
chassant les MAUX de notre terre.
Jeanne FOUCHER 18 novembre 2022
Des mots guérisseurs
Devant l’exquise treille qu’il ne pouvait atteindre,
Renard Affamé, héros sage d’une fable,
En deux mots dédaigna le raisin pour sa table
Et de ses maux choisit d’éviter de se plaindre.
L’humaine condition détient l’art d’infliger
A chacun son quota de maux insupportables.
Certains ont hérité en parts inéquitables
De mots pouvant guérir ou de maux pouvant tuer.
Ah ! la Vie, si vos maux se font insoutenables
Nous ne céderons rien. Sans gémir et sans craindre,
Nous nous amarrerons aux envies agréables.
Dans les mots du désir, vivre n’est pas le moindre.
La force du langage, sève revigorante,
Avec des mots écrits ou dits à haute voix,
Au plus creux de nos failles, va puiser l’énergie,
Et trouver pour nos maux la grâce vivifiante.
Magicienne est la vie qui gagne la partie !
Qu’importe qu’on les dise en prose ou poésie
Les mots sont pour nos maux un remède de choix.
CG


Des maux et des mots
Des maux à guérir.
Des mots à tenir
et à retenir
pour apprivoiser
les maux cabossés
noués à l’enfance
par des mots muets,
eux-mêmes en souffrance…
Des mots qui étaient
sourds et imparfaits
et laissaient aux maux
nus et sans écho
le fiel de l’ivraie
mêlé de regret.
Irène Gaultier-Leblond Nov. 2022
Abcès
Comme le loup blessé qui cache son calvaire
En éloignant de tous la plaie qui n’est qu’à lui,
J’attends d’être le soir seule dans ma tanière
Afin que ma douleur n’emplisse que mon lit.
Quand je ne peux plus rien pour endiguer les vannes
Du chagrin retenu qui me brûle les yeux,
Je verrouille le temps, je condamne les lieux,
Ne laissant qu’à mon cœur le dialogue des larmes.
Dialogue gémissant de plaintes et souffrances
Flux arrachant soudain la chaîne et la fibule,
Implosion d’un mal que plus rien ne jugule
D’où sourdent des sanglots embrouillés de silences.
Coule alors mon abcès ! Coule alors ma gangrène
En forme de révolte ou d’amour ou de paix
Mon tourment ne cédant une part de son faix
Que lorsque vient le cri ou que naît le poème…
Et comme j’y plongeai, j’émerge du chaos
Nul ne me surprendra craquer en poésie,
Quand je sors de mon trou, c’est l’âme un peu guérie
Par la grâce des mots… des mots contre des maux…
Irène Gaultier-Leblond (Florilège)


In memoriam M. P.
Ce crabe qui t’a pris, ce crabe qui te ronge,
Quel nom lui donne-t-on ? Comment s’appelle-t-il ?
Le savoir me paraît quelque peu inutile.
Le beau nom qu’on lui donne est surtout un mensonge.
Un mot qui sonne haut cela paraît étrange
Pour une bête qui sans rien dire s’installe
Sournoisement. Cachée jusqu’à l’instant fatal
Car, petit à petit, c’est ta vie qu’elle mange
Pas de nom pas de mot, un silence de neige
Et l’effroi dans tes yeux, le froid sur ton visage…
DES MOTS ET DES MAUX
Les mots des démons sont mots de la haine
Les mots des anges sont mots de l’amour
Les uns sont légers, les autres trop lourds
Ils sont fils de soie ou trop lourdes chaînes.
Les mots trop cruels font pesantes peines
Qui mangent les cœurs comme des vautours ;
Les mots bienveillants, clairs comme le jour
Sont des fils de soie, sont des fils de laine.
Que vos maux d’amour ne soient quête vaine
Gardez un cœur pur, un cœur troubadour.
Simple mot gentil vaut tous les discours :
Si un mot libère un autre enchaîne !
Danièle MANOURY CAEN LE 15 JUIN 2022






PETIT POUCET
L’émail de mes maux s’écaille
Mes mots quittent le bercail
Un, deux, trois petites cailles,
Un, deux, trois petits cailloux, You !
Le corail de mes maux raille
L’orangé de mon chandail
Un, deux, trois petites cailles,
Un, deux, trois petits cailloux, You !
Le détail de mes maux braille
Mes mots hors du soupirail
Un, deux, trois petites cailles,
Un, deux, trois petits cailloux, You !
L’éventail de mes maux piaille
Tous mes maux qui sentent l’ail
Un, deux, trois petites cailles,
Un, deux, trois petits cailloux, You !
Danièle MANOURY CAEN LE 1er NOVEMBRE 2022
Blessure
Quelle annonce nouvelle étonnera ton nom ?
Je marche sans raison au son du souvenir.
Convoquer l’avenir en guise d’oraison
ne fait que prolonger mon étrange martyre.
Une ombre verte et jaune a traversé le ciel.
Faut-il de ton retour présumer l’existence ?
Tout amour délaissé décante l’essentiel
et mon appel blessé aiguise la souffrance.
Un songe est suspendu aux nuages de fer.
Est-ce l’amour banni et sa morte-saison ?
Rien ne s’échappera de ce règne d’enfer.
Une aube vaporeuse élargit l’horizon.


Mots pour maux
Parcourant un ouvrage traitant d’informatique,
Je feuillette les pages de son glorieux lexique…
Sublime ordinateur, vos puces ça et là,
Courtisent votre cœur ; mon rat ne le sait pas !
Un désir le dévore ; l’animal, en folie,
Toutes voiles, dehors, saute sur la souris !
Il voudrait bien atteindre un beau septième ciel,
Mas il ne peut que feindre, croisant des logiciels !
Pas de lune, pas d’étoiles, seul le Web en anglais :
Une espèce de toile tissée par l’araignée…
Il gagne le clavier et joyeux, il pianote,
Mais n’entendra jamais, s’envoler quelques notes !
Et voici que peut-être, un virus est entré
Par l’une des fenêtres ; vite, il faut l’arrêter !
Qui va contaminer, diaporama ou fable,
Et mon pauvre PC ? Condamnez le coupable !
Me tendrez-vous la perche, lorsqu’à l’eau je me jette ?
Pour faire des recherches, je nage sur le Net,
Voilà que je suis prise dans les mailles du filet ;
Avant que je m’enlise, laissez-moi donc filer….
Je m’égare et j’espère en ce vocabulaire…
Hardie, je persévère, je remue ciel et terre…
Quand le navigateur ne vogue plus en mer,
Je fulmine et j’ai peur, dans ce monde à l’envers.
Chaque jour, je m’entraîne et dans Word je me glisse,
Pour écrire un poème, je choisis la police ;
C’est elle qui réglemente les phrases que je forme.
A l’écriture charmante, elle offre l’uniforme.
Coller, couper, copier, sans les moindres ciseaux,
Et soudain, je perds pied ; je repars à zéro…
J’agrémente des signes, quelques verbes en mission…
Se succèdent les lignes, noble circulation !
Quand bug l’ordinateur, voyez l’absurdité !
Je cherche un peu d’ardeur, dans ma tasse de thé !
Epuisée, je m’étiole auprès de mon écran,
Un bug est une bestiole ; il faut avoir du cran !
Où siègent notre Langue et tous ses exquis mots ?
Je me retrouve exsangue et je compte mes maux !
Au diable les tourments ; je poursuis mon chemin…
Je me dis en rêvant ça ira mieux demain !
Maux et merveilles
Troubadour, prends ta plume et fais danser les mots !
Au pays des merveilles, tu seras toujours roi,
Pour faire naître la joie ou exprimer les maux,
Eclairer notre vie et transmettre l’émoi…
Auteurs et musiciens louèrent les poètes,
D’une virtuosité qu’on ne peut oublier.
J’aimerais, aujourd’hui, m’acquitter d’une dette :
Remercier dignement ces talents enchantés.
Brassens ensoleilla les plus beaux de mes jours ;
Dans un ciel azuré, encore, il m’accompagne…
Vibrant avec passion, au rythme de l’amour,
Sa précieuse guitare fut sa digne compagne !
Dans le plus grand respect, sans quête d’indécence,
Il célébra la femme, parfois avec malice.
Mon oreille attentive exalte l’un des sens,
A toute poésie, la musique est délice !
Jean Ferrat magnifia, de sa grâce ineffable
La pensée d’Aragon, maintes fois engagée…
Son lyrisme et sa voix, à jamais, mémorables,
Insufflèrent ensemble, un élan partagé.
Qui pourrait oublier chaque empreinte du Temps,
Quand Paco Ibanez déploie un art d’aimer ?
Machado ou Lorca et bien d’autres souvent,
Dans l’âme de l’Espagne, ne cessent d’exister…
Léo Ferré chanta Rutebeuf, Baudelaire,
Ornant chaque parole de son timbre grandiose,
Fier d’honorer Villon, Verlaine, Apollinaire,
Ballade ou mélopée, jusqu’à l’apothéose !
Les airs que l’on fredonne rendent hommage aux rimes..
Et les mots d’un poème s’offrent à notre cœur,.
La mélodie les hisse au zénith du sublime,
Les habillant, pour nous, d’une étonnante ardeur.
A ceux qui ont sculpté les mots, pour notre grand plaisir… Aux poètes de tous les temps…


De Mot en Maux
Mots pour le dire Maux pour souffrir
Tu parles au cœur de tes langueurs
Mots pour écrire Maux pour pâtir
Tu prends la plume de tes erreurs.
Mots pour prier Maux pour pleurer
Tu joins les mains devant les yeux
Mots pour moquer Maux pour crier
Tu ris de tout de tes malheurs
Mots pour peindre Maux pour se plaindre
Tu traces des lignes rouges de sang
Mots pour aimer Maux pour tuer
Tu dis je t’aime en trucidant
Mots pour mentir Maux pour salir
Tu joues encore Jeu de l’amour
Mots pour sentir Maux pour haïr
Tu caches ton cœur noir et vautour
Pain au miel
Je pense à toi qui panses les plaies
Et aux justes qui savent t'aimer
Je pense à toi qui panses tes plaies
Quand personne ne peut t'aider
Merci, évidemment, simplement
Au nom de tous les braves gens
Merci, amicalement, gentiment
D'avoir en toi le cœur d'un géant
Un jour tu ris, tu saignes le lendemain
Sensible tu vis, jamais tu ne geins
Partageons cette nuit, où au petit matin
Mon cher ami, un peu de miel et de pain
