top of page

Le destin

ill destin.jpg

Quelques citations

Je crois qu'il faut presque toujours un coup de folie pour bâtir un destin.

Marguerite Yourcenar

Par la force de notre amour, de notre volonté, nous pouvons changer notre destin, et le destin de beaucoup de gens.

Paulo Coelho

Même les gens qui affirment que nous ne pouvons rien changer au destin regardent des deux côtés avant de traverser.

Stephen Hawking

C'est le destin qui distribue les cartes, mais c'est nous qui les jouons.

Randy Pausch

D'accord, le destin est comme les gamins dans la cour de récré, il s'acharne sur les plus faibles. Mais il y a des limites !
Michel Bussi

Tout ce qui doit être sera.

Cicéron

Ce qui compte ce n'est pas ce qui arrive, c'est ce qu'on fait de ce qui arrive.

Annie Ernaux

Il est des êtres dont c'est le destin de se croiser. Où qu'ils soient. Où qu'ils aillent. Un jour, ils se rencontrent.

Claudie Gallay

Créer, c’est ainsi donner une forme à son destin     Albert Camus

Nous croyons conduire le destin ; mais c'est toujours lui qui nous mène. Diderot

Nos poèmes

DESTIN

 

DESTIN : mot chargé de mystère

fenêtre ouverte à l’inconnu

appel de ce qu’on espère

ou fuite face à l’imprévu ?

 

Est-ce une force qui s’impose

en dépit des choix personnels,

source de conflits où s’opposent

raison et faits émotionnels ?

 

Qu’il soit lumineux ou très sombre,

lourd de chagrins, nimbé d’espoir,

le destin a ses zones d’ombre,

trames de nos vies et pouvoirs.

 

Pour affronter avec vaillance

un futur qui reste secret

sachons cultiver la confiance

et pourchasser les vains regrets.

 

ill Jeanne.jpg
acrostiche.jpg

HAÏKU

 

Passage secret

où vibrent ombre et lumière.

Son nom est DESTIN

 

Notre destin, c'est quoi ?

 

 

- "Pourquoi pleures-tu ma belle ?"

- "Mon destin ne me plaît pas..."

 

- "Pourquoi le gardes-tu ma belle ?"

- "Je ne sais pas, je ne sais pas..."

 

- "Pourquoi ne sais-tu pas ma belle ?"

- "Mais je sais pas, je sais pas..."

 

- "Vivre !.. le veux-tu ma belle ?"

- "La vie ! la vie ? la vie c'est quoi ?"

 

- "Regarde autour de toi, ma belle,

    et alors, tu le sauras..."

 

- "Autour de moi, rien de tel...

    Je vois la mort et ses appâts..."

 

- "Regarde encore, encore, ma belle,

    et la Vie se dévoilera..."

 

- "C'est un trésor qui se révèle

    à qui l'accueillera..."

 

- "Eh oui ! confirme une hirondelle,

    "notre destin, c'est cela !"

   

                                                          Julie - mai 2024

ill Julie 1.jpg

 

Avec mon destin ? 

 

 

C'est notre destinée,

"Il faut bien faire avec" !

Dit-on d'un air blasé

Sonnant comme un échec.

 

Certes, j'ai hérité

Du poids de mes défauts,

Comme des qualités...

Ça vaut ce que ça vaut !

 

Et puis, où je suis née

Je ne l'ai pas choisi,

Ni de chaque journée

Les aléas subis.

 

Y puis-je quelque chose ?

C'est la bonne question...

Permettez-vous que j'ose

Une proposition ?

               ---

Je suis ce que je suis,

Comme j'ai ce que j'ai.

Si jamais je les fuis

Ils me rattraperaient.

 

Cet encombrant cadeau

Qu'on appelle destin,

Ce sont des "matériaux"

Remis entre mes mains.

 

Je peux ainsi choisir

De construire"avec eux",

Ou bien de les subir

En pauvre malheureux.

 

Chacun sa mélodie

A nulle autre pareille,

Visant une harmonie,

En forme d'arc-en-ciel...

 

Parfait ne sera pas.

Mais que veut dire parfait ?

"Faire avec ce qu'on a",

C'est l'art le plus complet.

         Julie - mai 2024

Gueule d’amour…Toujours

 

Célébrant, de sa voix, la mythique guinguette,

Féroce ou amoureux, Bête humaine* ou Clochard*,

Il endossa les rôles, aux multiples facettes,

Gravité, ironie, témoignant d’un grand Art !

 

A la grande illusion*, il prêta son esprit,

Honorant Jean Renoir, d’une vraie déférence.

Héros dans la fiction, mais aussi dans la vie :

Courageux patriote, il a servi la France … *

 

Grandissent nos émois, quand, sur toutes les gammes,

Naquit l’immensité d’une gloire peu commune !

D’intenses personnages il a dévoilé l’âme,

Nul doute que son nom brillera à la « Une » !

 

Juge de pauvres enfants, adoucissant la loi

Pour qu’une étoile scintille, sur l’écran d’un ciel  noir…

Impressionnant Maigret près de Jean Delannoy

Dont l’amitié sans faille est entrée dans l’Histoire…

 

Jamais un comédien n’eut autant de prestance,

Epris de perfection, comme un talent l’exige…

A nul autre pareil, son verbe est résonnance !

Ni le temps, ni la mort n’ont gommé  son prestige…

 

Gabin, monstre sacré, d’un charisme magique,

Aux mots académiques, à l’argot insolite,

Brillant, il excella pour donner la réplique,

Insigne au Septième Art, en acteur émérite !

Notoire destinée, pour de fières années…

Monique Renault

Jean Gabin : filmographie évoquée

Gueule d’amour (Jean Grémillon 1937)

La Belle équipe (Jean Duvivier 1936)

La bête humaine (Jean Renoir 1937)

Archimède le clochard (Gilles Grangier 1959)

La grande illusion (Jean Renoir 1937)

Chiens perdus sans collier (Jean Delannoy 1955)

Maigret tend un piège (Jean Delannoy 1958)

Maigret et l’affaire Saint fiacre (Jean Delannoy 1959)

*Jean Gabin s’est engagé dans les Forces françaises combattantes (1943-1945)

Dessin de Jean Renault

ill Monique 1.jpg

                      Ailes émoi à Paris

Le destin d’un pigeon-  Poème historique- surréaliste

 

Un poète en balade a trouvé, ce matin,

Un pauvre volatile qui gisait sur le sol.

Quand l’homme se baissa et le prit dans ses mains,

Le pigeon mutilé proféra ces paroles :

« Tel Yann Arthus-Bertrand, j’explore l’Univers…

Je découvre, à tout vent, notre monde à l’envers… 

 

Hier, aux Tuileries, enthousiaste et frivole,

Au dessus des sculptures, je planais dans l’espace…

Troublé par ces beautés, j’ai heurté un Maillol…

Approche-toi, sans peur, je ne suis pas rapace !

 

Laisse-moi te conter le fabuleux courage

De l’ancêtre Vaillant, ce héros de naguère.

Magnanime soldat, il portait des messages,

Au péril de sa vie, pendant la Grande Guerre !

 

A sauver sa patrie il était résolu,

L’ardeur, au creux des plumes, asphyxié par les gaz…

Va, cours, vole et nous venge … lui disaient les Poilus !

Du doute et de la crainte il faisait table rase.

 

Hardi, il esquivait les animaux de proie,

Domptés par l’ennemi présent sur tous les Fronts… 

Dépassant ses limites, hostile au désarroi,

Il rejoignit Verdun, à demi moribond. »

 

Le troubadour, ému par ce noble récit,

Prit grand soin du blessé qui se mit à chanter:

« Je pars vers la Colombe, et je te remercie,

Est-il un cœur plus doux que l’oiseau de la Paix ? »

Monique Renault

 

* Aristide Maillol: sculpteur (1861– 1944) *Yann Arthus- Bertrand: photographe

* Va, cours, vole et nous venge : clin d’œil à Corneille « Le Cid »

 

*Vaillant a été cité à l’ordre de la Nation. Le volatile lancé du Fort de Vaux en pleine Bataille de Verdun reste un symbole du courage et de l’abnégation, durant la guerre de 14-18.  A sa mort, il été empaillé et il est toujours conservé dans le dernier colombier militaire d’Europe, au Mont-Valérien.

ill monique 2.jpg

                                                                        Vie accomplie

                                        

Quelle âme endolorie attend son doux réveil    

Alors que le sommeil rempli de volupté                     De l’aube émerveillée attend le doux éveil ?

Serait-ce le désir d’une vie espérée ?

 

Je m’en irai léger vers la vie solitaire,

Plein de douce espérance et rempli de mystère

Et le bonheur aimé des ermites anciens

Suffira à mon cœur joyeux et incertain.

 

Plus rien ne fait bouger ma vivante paupière.

Un sourire léger ignore ma misère

Et le souffle ignoré des plaisirs opportuns

Apporte à mon désir la fraîcheur du matin.

 

Je ne saurai mourir en ce jour adoré.

L’avenir ignoré me tend son doux refrain.

Je rêve de pleurer car la joie délivrée

D'un coup d’aile assuré effleure mon destin. 

 

Marc Rébéna

ill Marc.jpg
ill Ludovic 1.jpg

derniers versements

 

 

                        venu des chants les plus retors et des plus intimes âmes d'effort celui– ci porte ses gammes  comme un pisteur ressent la trace de bonnes œuvres et de larmes en bavant un vieux raki qui le nomme et achève de l'oublier parmi ses neiges et des rumeurs désapprises issu des éléments les plus doux (où des sens on ne reçoit qu'un message sans filtre et une humeur dénuée de don) ce joueur comme le vent lâcha les dés de sa vie comme pour ruiner l'existence des passants qui ont mal appris le chemin mais savent s'en rendre dignes

 

                       venu des chants les plus retors des plus intimes celui- ci porte ses gammes comme un pisteur ombrage sa piste de bonnes œuvres et de larmes sans instinct qu'un vieux rhum qui la nomme et inspire de l'oublier parmi ses neiges et ses formules passagères 

 

                       issu des éléments les plus doux (où des sens on ne reçoit qu'un message sans signe et une humeur dénuée de don) ce joueur comme le vent lâcha les dés de sa vie comme pour ruiner l'existence des passants qui ont mal appris le chemin mais savent s'en rendre compte

 

                        brisée comme une branche tombée du haut de l'arbre comme la plus pure des pensées inonde l'esprit et la pourrit la rage pétrie de larmes s'ensevelissant d'équinoxes ne peut renaître sans le regard  dont elle fut arrachée ne tient plus cette pose qu'ose la rose désormais inerme et dont le vent use des pétales

 

                       ô vent de ces musiques sourd et de ses volutes ivre que les feuilles ramassent  comme les derniers vols d'une note inaudible quoique dansante et morne nuit ô vent privé de formules (nuages évadés) ces ruines se détachent des pierres et de leurs chants ultimes comme des insectes que la pénombre instruit ou que ce silence induit du jeu des tombes

 

                       chue des nuits monotones et des dates hors temps l'équivalence des dieux fuit l'hiver de honte et la nuit commune lui rend ses soifs et ses roueries se désolant entre les tombes

 

                       elle se passe le  monde au contact de son image malgré les anges bleus et leurs prédateurs à la foi d'absence et de feu

 

                       la voix illuminée par un rayon de lune ne supporte son timbre ancien et de phosphore vert qui rit au nez des prières et des larmes que par soupirs et repentirs ô ce geste tenu de la larme sur l'incision qui s'ankylose malgré la nuit qui inonde la lumière ô cette lune qui nubile oublie l'heure qui s'écarte et son penser du pire

 

                       mues les masses résonnent  et s'estompent entre les terres comme pluies prometteuses ou rythmes captieux

activer l'angélus avant que ne se prosternent

les bigots des trois livres mats

que la lumière du soleil à cette musique

râle des instants invivables à l'infini

des charges cristallines professent

de la lâcheté dans le mouvement

inventer la pilule de l'éveil

pendant que les cloches se reposent

au pied de l'église endimanchée

tendant la main pour l'aumône

la foi au cœur et l'esprit dans des vapeurs

chacun sait le chemin qui est le sien

certains même qui s'envient

alors qu'ils spleenétisent leur blues

- l'ultime regard est le premier silence

ill Ludovic.jpg

otages d'un muscle

qui fait le nécessaire

pour durer et puiser

le silence des fées

de bonnes fées durant

l'instant d'un souffle

enchantant l'accord

 

de l'esprit à son ombre

pleine d'indécisions

et remords pesant

la gloire de son reflet

dans son miroir pensif

puis arrêt du muscle

- la postérité se retire

il a le visage des fleurs

qui nourrissent son image

lorsqu'il cueille son reflet

dans le miroir objectif

filant le long des années

ce parfum telle une métaphore

qui s'échappe aussi vite

 

que l'instant est sans pose

narcisse jouant au plus beau

dans ses pensées en contre- jour

qui d'un coup d'œil fanant

soupèsent le hasard

d'une ligne un peu étrange

grinçant avec l'âge

quelques dés et du souffle au hasard

à peine inquiet malgré le sort

qui promène ainsi l'enfant- né

dans les courbes d'un jet indécis

une explosion dans les veines

comme une première chiquenaude au vent

qui tout emporte fors la feuille

qui résiste dans un bouquet

- ce que l'art possède de styles

l’œil de l'esthète n'est guère bavard

lorsqu'il s'agit de rêver au recto

quand le verso s'enfle de parfum

et dissémine ses notes aux vers

un coup de dés malgré l'action

et le repos d'une éternelle intensité à vivre

sous le peuple des étoiles mortes

bien que lumineuses-  par entropie

de la pluie sur le visage

d'un dieu de bronze

ou d'un stratège oublié

par l'histoire qui le coule

et tous ces corps tombés

pour la vitrine nationale

- une ultime mesure

 

cuivres et tambours

répètent leur caprice

dans le kiosque à musique

les souvenirs se soulèvent

et frôlent les esprits

la matinée est longue

du serment d'un traître

fou à lier né dans les regards

qui se posent sur son visage

il n'interroge son miroir

que pour savoir le temps qu'il fait

pour mépriser le temps qu'il passe

à redouter le temps le passe

pendant que las de sombrer

les corbeaux mesurent leur ironie

 

par la fenêtre l'espace (un continuum

qui mène du reflet à l'âme)

reçoit tous leurs mouvements stériles

que la nuit enveloppe et secrète

que la lune ne divulgue qu'aux étoiles

qui brûlent encor d'être mortes

(ici la folie est existentielle)

et pierrot manque de colombes

Aux grands mots, les grands remèdes

fable

 

Visité par la muse, un poète amateur

Consigna quelques vers sur son ordinateur

Puis il abandonna son moderne écritoire.

Soudain, une querelle ébranla la mémoire :

Un vers se tortillait, dérangé, car deux mots

Criaient, s’invectivaient tels d’horribles marmots.

L’un d’eux fanfaronnait : « Admirez ma superbe !

Je suis le principal, pas de phrase sans verbe !

Que je sois conjugué ou à l’infinitif,

C’est bien moi le meilleur, passif ou bien actif !

- Il n’est rien de plus faux, lui rétorquait la rime

Omettre ma grandeur serait un triste crime.

L’on m’attend à la fin ainsi que mon jumeau »

Clamait-elle, espérant avoir le dernier mot.

Mais l’auteur appuya sur la touche « supprime »

Effaçant d’un seul coup et le verbe et la rime.

Il trouvait celui-ci – Ah ! Quel manque de tact –

Plutôt mal adapté, voire même inexact.

Pour la rime, il fallut, vite, qu’il en déniche

Une autre un peu plus belle et surtout bien plus riche.

 

Comprendrons-nous un jour que notre orgueil est vain ?

Le Créateur, toujours, a le mot de la fin.

 

Martine Desgrippes Devaux

ill moi 3.jpg

Le Titien

Horoscope

 

Dans un beau ciel tout bleu, le soleil resplendit,

Ce matin de printemps, Salomé est heureuse,

Enfin, elle fera LA rencontre amoureuse.

L’horoscope, formel, l’a clairement prédit.

 

Alors, elle choisit avec soin sa tenue

Qui mettra en valeur sa coiffure et son teint.

La belle, ainsi parée, file vers son destin

Espérant éviter toute déconvenue.

 

Salomé accomplit son travail quotidien

Avec une énergie décuplée par l’attente

Mais la journée se montre hautement décevante.

Les astres sont trompeurs, il ne se passe rien !

 

C’est le soir qu’il paraît. D’un pas plein d’allégresse

Jusqu’à elle il accourt : très grand, brun, de beaux yeux,

Mais elle n’aime pas le ton trop impérieux

Qu’il prend pour fustiger son excès de vitesse.

 

Martine Desgrippes Devaux

ill moi 1.jpg

Sisyphe

 

Poussant un gros rocher au flanc d’une colline

Un vieillard émacié grimaçait sous l’effort.

Arrivant au sommet, martyrisant son corps

La pierre dévalait jusque dans la ravine.

 

Il devait remonter, bien sûr, on le devine.

Cet ardent fils d’Eole, ayant eu le grand tort

De défier Zeus lui-même et le dieu de la mort

Subissait sans faillir la punition divine.

 

Toi qui de jour en jour dois mener des combats

Pour de nobles idées, ne baisse pas les bras :

Brûlant du même feu, des amis t’accompagnent.

 

Vos efforts conjugués cesseront d’être vains,

Parce que dans des temps peut-être bien lointains,

Le rocher restera en haut de la montagne.

Martine Desgrippes Devaux

ill Bernard 2.jpg

Prière

Ô Dieu du pêché

dieu de l’enfer

dieu de la douleur

 

Pardonne-moi je ne crois pas en toi

 

Je crois dans les forces de la vie

dans l’élan vital grâce auquel tout se transforme tout évolue en soi et autour de soi

 

Mais je ne crois pas en toi

 

Un jour comme tous les êtres je serai mort

les atomes de mon corps rejoindront

les étoiles

 

Ils se dissiperont dans l’univers constitueront d’autres corps une herbe un nuage un arbre

un animal que sais-je encore

 

Je serai et ne serai plus

cependant il y aura toujours un peu de moi

dans ce monde mais personne ne le verra

 

Je t’en prie sois quand même attentif

regarde bien les étoiles la lune les pierres ou la mer tu m’y apercevras peut-être

Bernard Denouel

Prière païenne

 

Seigneur je t’en prie

surtout pas de paradis

 

L’idée de passer une soirée en compagnie de Jésus ou de Saint-Paul m’est insupportable ce serait comme passer une soirée avec une végane l’ennui l’ennui l’ennui

 

Seigneur je t’en supplie j’aimerais mieux passer une simple soirée dans un bar avec un chasseur rubicond un peu ivre ses deux lièvres encore fumants posés sur la table à boire du vin rouge et manger du saucisson

 

Seigneur je n’aime pas ta religion mortifère

qui pue la souffrance et la mort je n’aime pas ton pêché originel selon lequel  l’humain est coupable par essence avant même d’exister je n‘aime pas ta religion de la culpabilité c’est ma faute c’est ma très grande faute je n’aime pas ta religion victimaire de martyrs et de saints à profusion et je n’aime pas enfin ta religion qui voit dans la femme l’objet du mal et rejette le sexe c’est-à-dire la vie même et l’amour car l’amour est aussi physique et charnel que spirituel d’ailleurs beaucoup de tes fonctionnaires sacerdotaux l’ont très mal compris au dépens de leurs victimes parce qu’ils sont frustrés

 

Car tu as compris seigneur que j’aime cette vie à nulle autre pareille parce qu’il n’y en a pas d’autre et même si parfois cette vie est une vallée de larmes la terre est quelque fois si jolie comme le chante Prévert dont le nom même à lui tout seul est un poème

 

 

Enfin seigneur je veux te dire je n’ai pas la foi

mais si je l’avais mes yeux mon cœur mon âme se livreraient tout entier à Dionysos dieu pour moi de la vie du vin et du théâtre et aux dieux grecs parce que ceux-ci ressemblent aux humains avec leurs qualités et leurs défauts et qu’ils peuvent aussi être drôles et parce que cette religion n’a pas comme la tienne engendré guerres inquisition et croisades avec leurs flots de sang tout cela pour l’amour du Christ ainsi soit-il

Bernard Denouel

ill Bernard.jpg
ill Irène.jpg

Destin

Ami quand tu seras au-delà des montagnes,

des plaines et vallons, des forêts et campagnes

auras-tu un regard pour ta maison là-bas,

qui ne résonne plus de ta voix ni ton pas,

où le foyer sans vie espère une flambée,

où la porte, sans clé, n’attend qu’une poussée ?

Tu as dit : je m’en vais car c’est là mon destin.

Qui t’a soufflé ce mot ? Qui t’a pris par la main

pour plier ton bagage et faire tes adieux ?

Qui t’a rendu si sûr soudain, si audacieux ?

Quel mirage puissant ou rencontre peut-être

t’a impulsé l’élan et ouvert la fenêtre

et doit-on ou s’en réjouir ou s’en faire un tourment ?

Je choisis la confiance et je te dis : Bon vent !

Irène Gaultier-Leblond 10 mai 2024

Destin

 

 

destin

 

dieu absolu aux sources des hasards boudeurs

dieu redouté

père de tous les carnavals divins

accouchés de la panique des hommes

borne de leur ignorance insupportable

hasards créateurs mais imprévisibles en leur multitude

surprenante et parfois cruelle

 

destin

 

dieu fugitif dissimulé dans les élans

de ses insondables brouillards

traversés d'étincelles mourantes

myopie de l'humanité enfourchant ses machines

et qui se débat à l'aveugle

noyée de lois qui la dépassent

et ne lui accordent que des miettes

dans les tentations de leurs infinis

 

 

Daniel-Claude Collin / mai 2024

ill daniel.jpg

bottom of page