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Partir

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Citations et textes d'auteurs

Partir, c'est mourir un peu.

Ecrire, c'est vivre davantage.  

André Comte-Sponville

Rien de sert de courir, il faut partir à point La Fontaine

Partir un peu, c'est mourir moins vite.

Jean Marie Poupart

Partir, c'est mourir un peu mourir, c'est partir beaucoup...   Alphonse Allais

Il faut prier une fois avant de partir en guerre, deux fois avant de s'aventurer en mer, trois fois avant de se marier. Proverbe espagnol

Dans les manifs, rien ne sert de partir à point, il faut courir   Coluche

Surmenage. Trouble grave qui affecte de hauts fonctionnaires publics quand ils veulent partir à la pêche. Ambrose Bierce

Si l'on faisait tout ce que l'on doit vraiment faire avant de partir en vacances, elles seraient terminées sans même avoir commencé.   Beryl Pfizer

L'objet de la philosophie, c'est de partir d'une chose si simple que ça ne vaut pas la peine d'en parler et d'arriver à une chose si compliquée que personne n'y comprend plus rien.   Bertrand Russell

Le voyage, pour moi, ce n'est pas d'arriver, c'est partir. C'est l'imprévu de la prochaine escale, c'est le désir jamais comblé de connaître sans cesse autre chose, c'est demain, éternellement demain.  Roland Dorgelès

On nous montre comment, avec les détergents actuels, on peut enlever des taches de sang. Mais il est probable qu'avec un t-shirt couvert de sang, notre souci premier ne soit pas de faire partir la tache mais de trouver un endroit pour cacher le corps. Jerry Seinfeld

DEMAIN, DÈS L'AUBE... 

 

Demain, dès l'aube, à l'heure où blanchit la campagne,

Je partirai. Vois-tu, je sais que tu m'attends.

J'irai par la forêt, j'irai par la montagne.

Je ne puis demeurer loin de toi plus longtemps.

 

Je marcherai les yeux fixés sur mes pensées,

Sans rien voir au dehors, sans entendre aucun bruit,

Seul, inconnu, le dos courbé, les mains croisées,

Triste, et le jour pour moi sera comme la nuit.

 

Je ne regarderai ni l'or du soir qui tombe,

Ni les voiles au loin descendant vers Harfleur,

Et quand j'arriverai, je mettrai sur ta tombe

Un bouquet de houx vert et de bruyère en fleur.

VICTOR HUGO

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BRISE MARINE       

 

La chair est triste, hélas ! et j'ai lu tous les livres.

Fuir ! là-bas fuir ! Je sens que des oiseaux sont ivres

D'être parmi l'écume inconnue et les cieux !

Rien, ni les vieux jardins reflétés par les yeux

Ne retiendra ce cœur qui dans la mer se trempe

Ô nuits ! ni la clarté déserte de ma lampe

Sur le vide papier que la blancheur défend

Et ni la jeune femme allaitant son enfant.

Je partirai ! Steamer balançant ta mâture,

Lève l'ancre pour une exotique nature !

 

Un Ennui, désolé par les cruels espoirs,

Croit encore à l'adieu suprême des mouchoirs !

Et, peut-être, les mâts, invitant les orages,

Sont-ils de ceux qu'un vent penche sur les naufrages

Perdus, sans mâts, sans mâts, ni fertiles îlots ...

Mais, ô mon cœur, entends le chant des matelots !

STEPHANE MALLARME  (1842/1898)

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WATTEAU    

Au-dessus des grands bois profonds
L’étoile du berger s’allume...
Groupes sur l’herbe dans la brume...
Pizzicati des violons...
Entre les mains, les mains s’attardent,
Le ciel où les amants regardent
Laisse un reflet rose dans l’eau ;
Et dans la clairière indécise,
Que la nuit proche idéalise,
Passe entre Estelle et Cydalise
L’ombre amoureuse de Watteau.

Watteau, peintre idéal de la fête jolie,
Ton art léger fut tendre et doux comme un soupir,
Et tu donnas une âme inconnue au désir
En l’asseyant aux pieds de la mélancolie.

Tes bergers fins avaient la canne d’or au doigt ;
Tes bergères, non sans quelques façons hautaines,
Promenaient, sous l’ombrage où chantaient les fontaines,
Leurs robes qu’effilait derrière un grand pli droit...

 

Dans l’air bleuâtre et tiède agonisaient les roses ;

Les cœurs s’ouvraient dans l’ombre au jardin apaisé,

Et les lèvres, prenant aux lèvres le baiser,

Fiançaient l’amour triste à la douceur des choses.

 



Les pèlerins s’en vont au pays idéal...
La galère dorée abandonne la rive ;
Et l’amante à la proue écoute au loin, pensive,
Une flûte mourir, dans le soir de cristal...

Oh ! Partir avec eux par un soir de mystère,
Ô maître, vivre un soir dans ton rêve enchanté !
La mer est rose... il souffle une brise d’été,
Et quand la nef aborde au rivage argenté

La lune doucement se lève sur Cythère.

L’éventail balancé sans trêve
Au rythme intime des aveux
Fait, chaque fois qu’il se soulève,
S’envoler au front des cheveux,
L’ombre est suave... tout repose.
Agnès sourit ; Léandre pose
Sa viole sur son manteau ;
Et sur les robes parfumées,
Et sur les mains des bien-aimées,
Flotte, au long des molles ramées,
L’âme divine de Watteau.

   .

ALBERT SAMAIN

BARQUE ÉCHOUÉE  

 

Barque échouée au bord des rivages bretons,

J'ai désappris l'essor de mes jeunes sillages

Et laissé, sur mes flancs, se nouer en festons

Vos scalps souillés d'écume, ô goémons des plages.

 

Il ne m'importe plus si d'autres les refont,

Mes croisières d'antan, mes belles odyssées ;

Promise au lent trépas des carènes blessées,

J'abandonne le large à celles qui s'en vont.

 

Ni l'aile des courlis que le matin soulève,

Ni l'émoi de la mer sous un vierge soleil

Ne peuvent, dans mon être à la tombe pareil,

Faire sourdre un regret ou tressaillir un rêve.

 

Je vois partir mes sœurs à la pointe du jour,

Je les vois revenir aux premières étoiles,

Sans envier le chant que gonflent dans leurs toiles

La fièvre du départ et l'orgueil du retour.

ANATOLE LE BRAZ (1859/1926)

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EMPORTEZ-MOI 

Emportez-moi dans une caravelle,

Dans une vieille et douce caravelle,

Dans l'étrave, ou si l'on veut, dans l'écume,

Et perdez-moi, au loin, au loin.

 

Dans l'attelage d'un autre âge.

Dans le velours trompeur de la neige.

Dans l'haleine de quelques chiens réunis.

Dans la troupe exténuée des feuilles mortes.

 

Emportez-moi sans me briser, dans les baisers,

Dans les poitrines qui se soulèvent et respirent,

Sur les tapis des paumes et leur sourire,

Dans les corridors des os longs et des articulations.

 

Emportez-moi, ou plutôt enfouissez-moi.

Henri Michaux    1899-1984

 Extrait de "L'espace du dedans"  (1929)

Nos poèmes
La consigne était de placer "je partirai" à n'importe quel endroit du poème

Je partirai, je partirai.

Non !

Je ne partirai pas !

 

Combien de fois ai-je pensé :

je partirai !

Combien de fois ai-je dit :

je partirai !

 

Combien de fois suis-je partie

alors ?

Je partirai encore.

 

A quoi bon dire

Je partirai

 

Je suis déjà partie

 

Anne GODO

(Caen, 8 mars 2023)

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 Fleuve Saint-Laurent

 

Un jour je partirai

visage au vent

sur ce grand fleuve lointain

ce fleuve amérindien

 

Voguant nuit et jour

sous les étoiles muettes

ou un pâle soleil

 

Comme en rêve

j’écouterai le bruit régulier des rames

 

Et verrai défiler sur les rives

les arbres noirs témoins de la nuit

 

Ô résurrection des morts

fantômes furtifs de l’histoire

 

Au loin très loin

sur les berges du fleuve

de petites lumières

 

Éternelle présence humaine

des vainqueurs

 

Puis la lune se lèvera enfin

tel un phare sur la mer

 

Et tout sera changé alors

 

Les arbres sortis de l’ombre

étendront leurs branches frémissantes

 

J’apercevrai la silhouette des rameurs

aux gestes réguliers plongeant

au fond de l’eau comme des cormorans

 

Et soudain cette énorme bouche

 

L’entrée du fleuve dans la mer

 

Les rives disparues

 

La mer grise infinie

 

Un appel de la vie

 

Oui un jour je partirai

visage au vent

sur ce grand fleuve lointain

ce fleuve amérindien

Bernard Denouel

Je partirai

 

 

J’étais petit, pas toujours sage

Et me disais

Aussitôt que j’en aurai l’âge

Je partirai.

 

À l’examen rends une page

De blanc papier

Il n’y a pas de repêchage

Suis recalé

 

Mon grand frère a dit sans ambages :

« Mal préparé,

On ne fait rien dans les nuages

À rêvasser » !

 

Ne laissant pas passer l’outrage

J’ai répliqué

« Qu’importe ! Si vient la pluie d’orage

Je tomberai ».

 

Mais je le ferai ce voyage

Dont j’ai rêvé !

Dès que seront prêts mes bagages

Je partirai.

 

Voici monté l’échafaudage

De mon projet

Tous les pays de mon passage

J’ai étudié.

 

Quand je rentrerai au village

M’exclamerai :

Salut ! Ne suis que de passage

Repartirai.

 

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« Je partirai » 

parce que je suis né

parce que j'ai vécu

parce que j'ai survécu

parce que la chance m'a protégé

 

 

« je partirai »

je sais

même si je n'en ai pas envie

même si le sourire de Jeanne

donne une telle saveur à mon quotidien

même si je sens que mon cœur

ne boite pas, ne boite plus

 

« je partirai »

parce que c'est ainsi

parce que le rempart de l'amour

ne sait pas arrêter le temps

qui passe subrepticement

pendant que nous regardons ailleurs

dans les yeux de l'être aimé

 

« je partirai »

et la médecine me découpera

et certains et certaines

liront peut-être encore mes poèmes

au hasard des jours d'après

 

et je n'en saurai rien

« je serai parti »

 

 

Daniel-Claude Collin/ juin 2023

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JE PARTIRAI…

 

 

Je partirai au premier mai

Un jour de toujours ou jamais

Un jour qui fleurit ses muguets

Te souviendras-tu « Je t’aimais ! »

 

Je partirai au premier mai

Un jour où le ruisseau si frais

Rafraîchira le roitelet

Le moineau, la grive et le geai.

 

 

Je partirai au premier mai

Un jour où les pinsons sont gais

Afin que tu n’en aies regret,

Vite oublie donc que je t’aimais !

 

Danièle MANOURY      CAEN le 13 JUILLET 2022

Il avait dit.

 

il avait dit : je partirai 

il est parti,

il avait dit : je reviendrai,

il a menti.

Je ne savais pas qu’un papa

faisait ça.

Il avait dit j’apporterai

à manger :

du poisson, du riz, des galettes,

on dansera, on fera la fête…

… Il aura aussi des habits,

Pour les grands et pour les petits,

un sac à main pour ma grande sœur,

pour moi des crayons de couleurs,

pour pépé du tabac nouveau,

Pour lui c’est sûr, un grand chapeau

et pour ma maman

des beaux souliers blancs.

Mais on n’a rien eu de tout ça

Il n’est pas là….

Il est sans doute, allé trop loin

ou n’a pas trouvé le chemin

Alors il cherche encore ou bien

c’est un méchant qui le retient.

Alors là ! je connais mon père

C’est le plus fort de toute la terre

sûr et certain qu’il répondra 

qu’il se battra, qu’il gagnera,

qu’il reviendra, qu’il sera là,

car un papa ça ne ment pas

et certainement pas

Mon papa.

                                                            24 mai 2023

Irène Gaultier-Leblond

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PARTIR … et REVENIR ?

 

Devrai-je un jour vivre dans un monde

sans oiseaux, sans fleurs à la ronde ?

 

Alors je partirai loin des lieux insipides

 

 

Faudra-t-il dire adieu aux arbres

témoins de nos vies souvent âpres ?

 

Moi je partirai loin de ces lieux arides.

 

 

Quel avenir pour les humains

en des projets sans lendemain ?

 

Mieux vaut fuir, déserter ce monde si cupide.

 

 

Là où commande le profit

où frauder n’est plus un délit.

 

Mais comment affronter des réseaux si avides ?

 

 

Partir est-ce une solution ?

Opter pour la révolution

Serait-il préférable en ces temps qui s’agitent ?

 

 

Quand trouverons-nous la sagesse

pour que notre monde progresse ?

 

Alors je resterai et je vous y invite.

 

Jeanne FOUCHER    Juin 2023.


Le procrastinateur

ou le mirage du lendemain !

 

Il doit commencer un régime

Il fume trop, c'est évident !

On le lui répète souvent

Et cet avis est légitime...

 

   Oui ! oui ! c'est très très bien,

   Mais on verra demain !

 

Son grenier tellement rempli

Qu'on ne peut plus y pénétrer.

Il devrait y mettre son nez

Pour y faire un peu de tri...

 

   Bonne idée, en effet

   Demain, je m'y mettrais !

 

Ainsi, chaque jour, se programment

Tous les demains de son vécu.

Et le temps passe à son insu

Sans que sa vie ne s'enflamme...

 

   Demain, demain ! c'est bien !

   Mais jusqu'où va demain ?

 

Vient le jour où la vie finit.

Il faut maintenant s'en aller.

Plus le temps de tergiverser

Désolé... mais c'est ainsi !

 

   J'ai compris, c'est certain :

   Je partirai... demain...

 

   Et "éternel", il devint.

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Julie - juin 2023

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Aux amis poètes.

 

 

Un jour, je partirai pour le dernier voyage,

oubliant à jamais mon corps et ses douleurs,

mais je m’accroche encore aux branches avec rage,

mes quatre-vingt-sept ans commandent : haut les cœurs !

 

S’il faut aider quelqu’un qui n’en peut plus – ma femme,

ma famille, mon fils, ma fille ou leurs enfants –

je serai toujours là, faisant briller la flamme

de ma fidélité, sans perdre ses élans.

 

Un jour, je partirai, car c’est l’ordre des choses,

non sans avoir décrit, comme vous, mes amis,

à l’encre de mon cœur, les ronces et les roses,

en les faisant passer du temps sur le tamis.

 

Un jour, nous partirons, c’est le destin des hommes,

mais laisserons nos mots, en tant que souvenir

de la vie et des gens, car poètes nous sommes,

en offrant notre amour aux lecteurs à venir !

 

 

Michel BARTHA : May-sur-Orne, le 22 mai 2023.

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LE TRAIN : CE MAGICIEN…

 

 

 

Le train va sous la mer, ou gravit la montagne,

Au-delà des frontières, et il nous accompagne …

 

Si certains sont mythiques, comme L’Orient-Express,

Un autre est si magique qu’il sème l’allégresse !

 

Votre Chemin de fer, illustre Ligurie,*

Enlace les « Cinq Terres »,* joyaux de l’Italie…

 

Complice de la mer qu’il aime et qu’il caresse,

D’une beauté altière, Manarola se dresse.

 

Village enrubanné par  le rail qui serpente,

Je sais tous vos secrets ; vos ruelles m’enchantent… 

 

Les maisons colorées jouent avec le soleil,

Blotties sur un rocher, au pays des Merveilles…

 

Qui me prendra la main pour voyager en chœur ?

Ce périple divin embellira nos cœurs.

 

Rivage de dentelle, vers vous, je partirai !

Plus précieux que des ailes, le  train vient m’emmener…

    Monique Renault

 

* Le site des Cinque Terre, en Italie, est inscrit au Patrimoine mondial de l’Unesco.

Monterosso, Vernazza, Corniglia, Manarola, Riomaggiore sont reliés par une ligne de  chemin de fer.

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LES MOTS QUI NOUS TRANSPORTENT

 

   

 

Les trésors littéraires ensoleillent nos vies,

Et l’empreinte des siècles illumine l’ouvrage.

Nous  cueillons les merveilles de multiples génies,

Quand nos yeux impatients volent de page en page !

 

Vive les médiathèques, aux écrits, par milliers !

Lorsque l’envie de lire me guide jusqu’ à vous,

Dans ces lieux exaltants je me plais à rêver!

A la littérature je donne rendez-vous…

 

Pour découvrir toujours, mon appétit s’amuse.

Qui pourrait résister à de belles histoires,

A des photos d’artistes, aux poètes et leurs muses,

A ces instants magiques gravés dans nos mémoires ?

 

Merci  à l’écrivain qui m’invite en son monde !

Vers son imaginaire, souvent, je partirai.

Au gré des émotions, les univers abondent.

Ses mots qui me transportent m’offrent la liberté…*

 

Monique Renault

 

*« Un livre est un outil de liberté » Jean Guéhenno

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Je partirai

 

Dans une fusée bleue, couleur de firmament

Je partirai

Et j’irai dans la nuit obscure

Rencontrer les Dioscures

Suivre la Voie lactée

Observer Bételgeuse, admirer Cassiopée

 

Sur un cheval ailé, sur un dragon très doux

Je partirai

Vers un pays de fleurs

Où l’on oublie la peur

Un pays sans armes, sans larmes, sans alarmes

Dans les pages jaunies d’un très ancien grimoire

Je partirai

Au pays fabuleux de contes merveilleux

Où les princesses sont des guerrières,

Les sorcières bienveillantes

Tous les ogres charmants, les loups végétariens

Dans des draps de satin couleur de l’océan

Je partirai

Pour voguer dans l’oubli du jour

Et naviguer au-delà de l’insomnie

Vers des rêves chatoyants

Où il n’existera ni l’échec ni l’errance

Un jour couleur d’ennui et de pluie et de suie

Je partirai

J’irai jusqu’au pied de l’arc-en-ciel

Dérober les couleurs les plus vibrantes

Pour créer des tableaux et embellir ma vie.

Martine Desgrippes Devaux

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                             Envie d’ailleurs

 

                              Un jour je partirai dans un bel avion blanc,

                             Je voudrais m’envoler, le cœur plein d’allégresse

                             Vers une île lointaine, en un fougueux élan,

                             Échapper à l’hiver, au froid, à la tristesse,

 

                             Émerger du cocon des sombres vêtements,

                             Oublier pour un temps ces mises peu seyantes

                             Et me défaire aussi du carcan des tourments,

                             Me parer plaisamment d’étoffes chatoyantes,

 

                             Offrir ma peau trop pâle au soleil bienfaisant

                             Un peu plus chaque jour pour qu’elle s’apprivoise,

                             Goûter avec bonheur un calme reposant

                             Sur le sable effleuré par la vague turquoise,

 

                             Puis au marché local, m’enivrer de senteurs,

                             Déambuler parmi la foule bigarrée,

                             Enchanter mon palais de nouvelles saveurs,

                             Apprécier la douceur d’une soie chamarrée,

 

                             Découvrir la splendeur de jardins luxuriants

                             Tout en flânant sans but au hasard des ruelles,

                             Oiseaux de paradis, hibiscus, flamboyants,

                             Jasmins, frangipaniers aux odeurs sensuelles,

 

                             Plonger dans le lagon sans le moindre frisson,

                             Et glisser sans effort dans l’onde transparente,

                             Y rencontrer parfois un étonnant poisson

                             Poursuivant son chemin sans frayeur apparente,

 

                             Mordre dans de beaux fruits saturés de soleil,

                             Danser jusqu’au matin sur des cadences folles

                             Puis, le corps détendu, sombrer dans le sommeil,

                             Acheter pour les miens d’inutiles babioles,

 

                             Puis revenir heureuse et l’esprit apaisé

                             Riche de souvenirs d’une île enchanteresse,      

                             Regrettant sur ma peau le suave alizé,

                             Son souffle parfumé, son exquise caresse.

                             Martine Desgrippes Devaux

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Voyage voyage

Comptine

 

 

Je partirai début janvier

Prendre la route de Louviers

 

Je partirai mi-février

Et dormirai près de Perriers

 

Je partirai au mois de mars

Me promener dans les rues d’Ars

 

Je partirai le dix avril

Admirer le beffroi de Lille

 

Je partirai au premier mai

Pour déjeuner à Saint-Mamet

 

Je partirai au mois de juin

Afin de visiter Tourcoing

 

Je partirai début juillet

Pour du shopping à Fenouillet

 

Je partirai vers le quinze août

Mais n’irai pas jusqu’à Beyrouth

 

Je partirai début septembre

Me ressourcer au Val de Sambre

 

Je partirai au mois d’octobre

Et passerai près de Cantobre

 

Je partirai milieu novembre

Pour séjourner à Pont-sur-Sambre

 

Ne partirai pas en décembre

Afin de reposer mes membres

Martine Desgrippes Devaux

Et pour finir, un conte fantastique ...

À la frontière de l’irréel

Un réverbère à trois pieds, ancré sur le sol bétonné, offrait une vue spectaculaire sur une soprano portant une toge longue rouge et dégustant un coca-cola.
- Pardon, s'exclama-t-elle au réverbère qui reçut la canette de Coca-Cola vide à ses pieds.
- Les poubelles existent, vous savez ! répliqua le réverbère qui attendait avec impatience que le jour soit suffisamment bas pour éclairer la nuit noire.
La soprano s'était tue. En essuyant sa bouche avec sa manche elle s'était remémoré le fiasco de l'après-midi. Elle devait chanter face au spectaculaire fond de scène et dos à la spectaculaire mer. Le metteur en scène en avalait sa cravate, postillonnait comme une goulée de Coca-Cola, s'arrachait les cheveux en hurlant :
- Je partirai d’ici si vous n’arrêtez de demander "pardon" à tout.
- Pardon ?
Les yeux noirs de colère étaient aussi rouges que la toge de la soprano. Le réverbère, alors, allongea son cou et avança de quelques pieds. Sa lumière était douce et la soprano sentit le sourire revenir aux lèvres. Devant elle, le ciel et la mer, dans le bruissement de la marée qui monte, offrait aux yeux émerveillés l'union spectaculaire des éléments.
- Encore pardon pour le coca-cola jeté.
- Mais arrêtez de dire "pardon" à tout bout de chant. Et regardez la mer et le ciel faire l'amour.

Le réverbère continuait à allonger son cou.
- Mais vous êtes un casse-cou, dit la soprano qui à force de rire s'était transformée en clown. Telle une virgule, glissant sur son maquillage, le clown riait à en perdre contenance. Et quand les virgules de larmes devenues rivières donnaient lieu à des moqueries de la part du réverbère :
- Ce n'est pas moi le casse-cou. Mais vous ! Vous ne voyez pas que le cocotier se balance de rire devant la forteresse. Depuis le temps qu'il rêve d'envahir la forteresse de ses noix.
Et cela était vrai ! Le cocotier planté sur la place, devant la forteresse, se balançait. Et à chaque balancement une noix s'envolait dans les airs et pénétrait par la fenêtre de la forteresse. Celle-ci atterrissait durement sur le sol et tel un casse-cou se fendait en deux.
Le clown entendait cette histoire et ne pouvait s’empêcher de faire rouler les virgules de ses yeux. Même la lune riait à en pisser. Mais les virgules tombées de la lune n'avaient pas le même effet que celles tombées des yeux du clown. Elles devinrent des pierres lunaires.

© Krystin Vesterälen – 25 mai 2023

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