top of page

L'art 

louvre.jpg
arbre citations.jpg

Une œuvre d’art existe en tant que telle à partir du moment où elle est regardée.

Nicos Hadjinicolaou

Qui donc a dit que le dessin est l'écriture de la forme ? La vérité est que l'art doit être l'écriture de la vie. "    Édouard Manet

" Il est bien vrai que la beauté de la science et de l'art est consolatrice. "Jean Jaurès

C’est épatant, les artistes. Ils sont fous, comme tout le monde, mais pas vraiment comme tout le monde. J’ai un faible pour eux.     Françoise Giroud

" L'art ne nous attire que parce qu'il révèle notre moi le plus secret. " Jean-Luc Godard

Ce qui importe par-dessus tout dans une œuvre d’art, c’est la profondeur vitale de laquelle elle a pu jaillir. James Joyce

Quelques textes d'auteurs

La beauté

Je suis belle, ô mortels ! comme un rêve de pierre,

Et mon sein, où chacun s'est meurtri tour à tour,

Est fait pour inspirer au poète un amour

Éternel et muet ainsi que la matière.

 

Je trône dans l'azur comme un sphinx incompris ;

J'unis un cœur de neige à la blancheur des cygnes ;

Je hais le mouvement qui déplace les lignes,

Et jamais je ne pleure et jamais je ne ris.

 

Les poètes, devant mes grandes attitudes,

Que j'ai l'air d'emprunter aux plus fiers monuments,

Consumeront leurs jours en d'austères études ;

 

Car j'ai, pour fasciner ces dociles amants,

De purs miroirs qui font toutes choses plus belles :

Mes yeux, mes larges yeux aux clartés éternelles !

Charles BAUDELAIRE   1821 - 1867

Fantaisie

Il est un air pour qui je donnerais

Tout Rossini, tout Mozart et tout Weber,

Un air très vieux, languissant et funèbre,

Qui pour moi seul a des charmes secrets.

 

Or, chaque fois que je viens à l’entendre,

De deux cents ans mon âme rajeunit :

C’est sous Louis treize ; et je crois voir s’étendre

Un coteau vert, que le couchant jaunit,

 

Puis un château de brique à coins de pierre,

Aux vitraux teints de rougeâtres couleurs,

Ceint de grands parcs, avec une rivière

Baignant ses pieds, qui coule entre des fleurs ;

 

Puis une dame, à sa haute fenêtre,

Blonde aux yeux noirs, en ses habits anciens,

Que, dans une autre existence peut-être,

J’ai déjà vue… – et dont je me souviens !

 

Gérard de Nerval

L’art

Oui, l’œuvre sort plus belle

D’une forme au travail

Rebelle,

Vers, marbre, onyx, émail.

 

Point de contraintes fausses !

Mais que pour marcher droit

Tu chausses,

Muse, un cothurne étroit.

 

Fi du rythme commode,

Comme un soulier trop grand,

Du mode

Que tout pied quitte et prend !

 

Statuaire, repousse

L’argile que pétrit

Le pouce,

Quand flotte ailleurs l’esprit ;

 

Lutte avec le carrare,

Avec le paros dur

Et rare,

Gardiens du contour pur ;

 

Emprunte à Syracuse

Son bronze où fermement

S’accuse

Le trait fier et charmant ;

 

D’une main délicate

Poursuis dans un filon

D’agate

Le profil d’Apollon.

 

Peintre, fuis l’aquarelle,

Et fixe la couleur

Trop frêle

Au four de l’émailleur.

.../...

Les dieux eux-mêmes meurent

Mais les vers souverains

Demeurent

Plus forts que les airains.

 

Sculpte, lime, cisèle ;

Que ton rêve flottant

Se scelle

Dans le bloc résistant !

 

Théophile Gautier

Antoine Watteau

Crépuscule grimant les arbres et les faces,

Avec son manteau bleu, sous son masque incertain ;

Poussière de baisers autour des bouches lasses…

Le vague devient tendre, et le tout près, lointain.

 

La mascarade, autre lointain mélancolique,

Fait le geste d’aimer plus faux, triste et charmant.

Caprice de poète – ou prudence d’amant,

L’amour ayant besoin d’être orné savamment –

Voici barques, goûters, silences et musique.

 

Marcel Proust, Les Plaisirs et les Jours, Portraits de peintres et de musiciens 1896

Beaubourg

 

Un grand chatoiement simple, où bulles et musiques

Se mêlent à l’instinct d’une brève seconde.

Vibrant dans l’air uni par leur magie féconde

Les corps sont revêtus de rondeurs amnésiques.

 

Les pigeons noirs et blancs sont comme autant de poules

Qui piochent le pavé par leur preste cadence,

Quand un éclat de rire, en cette rumeur saoule,

Donne corps à l’envol qui respire et qui danse.

 

Paris est un poème où Beaubourg est la chute ;

Sa place est sur ma feuille – n’en déplaise à la butte !

Quand ma peine inlassable embrumera mes dires,

 

Je me libèrerai, loin des grands rejets tristes,

Assis sur l’Esplanade où viendra m’étourdir

Le résonnement sourd de mille pieds artistes !

 

Thibault Desbordes

Écrit sur le parvis du centre culturel Georges Pompidou.

À Nicolas Dax.

Nos poèmes

VITRAIL

 


Flamboyantes couleurs et audacieux travail,
Illustre savoir-faire, sublime apothéose,
Lumières sublimées à travers le vitrail,
Révèlent le talent d’une équipe virtuose !

Gloire au maître verrier et à ses ouvriers,
Œuvrant dans l’atelier, pour offrir à nos yeux,
L’expression d’un métier qu’ils veulent protéger, 
Témoignant d’un grand Art, brillant de mille feux !

Plus qu’un bouquet d’étoiles ou un feu d’artifice, 
Votre génie m’enflamme autant que votre ardeur!
Ouvrage délicat et chatoyants délices,
Un coup de foudre, alors, frappe soudain  mon cœur …

Caressant d’un éclat les teintes les plus pâles,
Dans ce jeu de miroirs, le soleil se reflète. 
Grandiose et majestueux cachet des cathédrales,
Le vitrail a conquis les peintres et poètes…

Chagall*, Lalique* et Braque* lui ont donné la vie,
José  de Hérédia lui fit un bel honneur.
« La rose du vitrail toujours épanouie »
A inspiré mes rimes et flatté mes couleurs…

Voilà l’instant précieux; je rêve de voyage,
En songeant à Matisse* et aux vitraux de Vence.
Mon âme s’enrichit de splendides images,
Où Hélios* exalté nous dévoile sa danse… 


                                                        Monique Renault


*Lalique : Vitraux de  l’église de « La Vierge fidèle » à Douvres La Délivrande  14 440
Matisse : Vitraux de la chapelle de Vence 06 140
Braque : Vitrail de l’église de Varengeville sur mer 76 119
Chagall : Vitraux de la cathédrale de Reims 51 100
*José Maria de Hérédia, (1842- 1905 - Poème : VITRAIL)
* Hélios : Dieu du soleil en mythologie grecque            
       

 

ill Monique 1.jpg
ill Irène 1.jpg

Camille Claudel

Sauvage, superbe, étrange,

Embrasée d’âme et de sens,

Elle bouscule et dérange

Tant le marbre que l’encens.

 

De sa main puissante et souple,

Pétrissant à pleine chair,

Poussant l’art à bout de souffle,

Elle crée ciel et enfer.

 

Chaque once, chaque parcelle

De son corps mû en flambeau,

Jaillit, brûle, la révèle

Sous la ripe ou le ciseau.

 

Explose alors à plein tour

La glaise hurlante de foi

Par le geste qui lui sourd

Unique dans chaque doigt.

 

Passion ! Sublime magie,

Tout est vain hormis l’amour

Qui fait que l’on vit sa vie

Ou qu’on la meurt chaque jour.

 

… Mais déjà s’ancre la ronce,

S’épinent partout les maux

Où sans retour elle enfonce

Sous d’autres feux, d’autres eaux…

 

Trente ans pour dette de joie !

Mais à qui la devait-elle ?

Le génie lui ouvrit l’aile,

L’amour la lui déroba.

 

Irène Gaultier-Leblond

(Extrait de Florilège)

Nuances

 

Quand je prends le pinceau

Qu’il glisse sur mes toiles,

Comme dans un vaisseau

Je suis près des étoiles.

 

« A noir, U vert, E blanc »

Par ces vers si nouveaux

Le poète voyant

Savait bien que les mots

 

Ont des âmes vivantes

Comme des papillons

Aux ailes chatoyantes,

Surprenante intuition !

 

Et dans cette aventure,

Mais je n’invente rien

Poésie et peinture

S’harmonisent fort bien.

 

Je choisirai peut-être

Pour m’amuser un brin

Un léger hexamètre,

Un bel alexandrin.

 

Ecrire avec délice

Quelques vers réguliers

Rimer avec malice,

Les mots sont mes alliés.

 

Sur cette partition

Qui, chaque fois, m’enchante

La joie ou l’émotion

Sera toujours présente.

 

Je prends jour après jour

Le papier et la plume

Pour célébrer l’amour

Ou chasser l’amertume.

Martine Desgrippes Devaux

ill moi 2.jpg
ill moi 1.jpg
ill Danièle 2.jpg
ill Danièle 3.jpg
ill Danièle 1.png

                                                                               CINEMA

 

Au cœur des arts régnait la star

Qui avait reçu un Oscar,

L’avait rangé dans un placard

Tant elle l’avait trouvé ringard.

 

De l’intérieur du piano-bar

S’élevait un air pleurnichard.

Le pianiste n’était pas bavard

En  secret, il aimait la star.

 

Comme il n’était pas snobinard

La trouvait belle sans ses fards

Comme une fleur de nénuphar

Il lui proposa un rancard.

 

La musique battit son quart

Et palpita comme un pulsar

Un cœur qui s’arrête et repart,

Cœur qui a peur d’être en retard.

 

Au cœur des arts régnait la star

Et son pianiste du nom d’Oscar

Ils envoyèrent des faire-part

Leur amour devint superstar. 

 

                                                                 

Danièle MANOURY         CAEN LE 8 FEVRIER 2014

L'art ?

 

 

Devant ce tableau de Rubens

Je me devais de m'extasier.
Le professeur l'a signifié :

C'est de l'Art !

 

Je veux bien l'appeler ainsi,

Mais suis-je obligée de l'aimer ?

J'ai vu au regard courroucé

Que l'art, c'est l'Art !

 

Depuis ce jour, à mon insu,

L'Art ne m'a plus intéressée.

Je ne sais qui a décidé

Ce qui est "Art" ou ne l'est pas ?

                      oOo

Ne pleurez pas trop, bonnes gens !

Je sais aussi apprécier

Bien d'autres qui savent créer

Dans l'anonymat d'ateliers :

Ceux qu'on appelle des "artisans".                               

 Julie - avril 2021

ill Ludo 1.jpg
ill Ludo 2.jpg
ill Julie.jpg

de l'art avant le vide

d'un précipice hors- champ

un long travelling que hante

ce sourire d'actrice

magnifié par l'absence

d'une réplique en règle

 

le regard face au silence

si l’œil objectif estime

le dernier hasard d'une ombre

à ces lèvres belles de mentir

sous- titrées de folies

se versant en gros- plan

 

un aspect au clap de fin

d'immenses déserts

captant la lumière

et douce d'un baiser ou d'un tir

la suite- errante- d'une étoile

brillant- et chute de sens

Ludovic Duclos

Les arts premiers.

 

 

Le masque noir qui me regarde

d’un pan de mur a les yeux creux.

Il n’est pas œuvre d’avant-garde

et fut conçu sous d’autres cieux.

 

Taillé d’un bout de bois d’ébène

au fond d’un lointain continent

par l’art premier aborigène,

il me contemple maintenant.

 

Quel esprit habitait l’artiste

guidant ses mains pour parvenir

à donner forme à son dieu triste

avec un apparent désir ?

 

Un sentiment de peur, peut-être,

ressenti devant l’inconnu,

habitait alors tout son être

sous le charme d’un sorcier nu…

 

Toujours est-t-il que statuettes

ou masques ne nous font plus peur :

des matheux, comme des poètes

en parent leur intérieur !

 

 Michel BARTHA :

May-sur-Orne, le 15 février 2021.

ill Marc.jpg
ill Michel.jpg

A Charles Baudelaire

 

Ô toi cher Baudelaire, auteur des Fleurs du mal,

Tu semblas inspiré par un rêve éternel

Où se mêlent parfums et caprices cruels.

Ton souffle voluptueux nous semble destinal.

 

Méprisas-tu le spleen et sa tristesse amère ?

Ce mal guida ta Vie vers la joie éphémère

Qui éclate en tes vers vibrants et capiteux

Comme une boisson forte où un vin liquoreux.

 

Tu captas la Beauté en dandy mémorable,

Ignorant les lubies des hommes ordinaires.

Un ciel immaculé fut pour toi admirable,

Plus qu’un rire léger ou un rythme ternaire.

 

Par ton regard profond comme une sombre nuit,

Tu sais nous emmener vers le secret fatal

Des êtres souverains pleins de splendide ennui

Chez qui le doux sourire est miracle intégral.

 

                                              Marc Rébéna 

La transe dansée

(d’après le Boléro de Ravel)

Que de mouvements rythmés au son d’une musique entrainante.                                   Syncopée divinatoire menant droit à l’esprit des dieux.                                                 L’essence s’échappe, s’envole                                                                                     Sur la terre immatérielle va rejoindre les airs.                                                             Les  gestes deviennent aussi réels qu’un rêve.                                                               La nudité ? Le costume de l’augure ou de scène !                                                         Le mouvement du corps qui élève l’âme.                                                                     Ne soyons pas gêné de regarder ces enveloppes charnelles.                                         Le tabou est en soi, pas en eux.                                                                                 Le chemin de la liberté et de la tolérance est là.                                                           L’enveloppe humaine est similaire à celle d’un autre                                                     Seul l’esprit diffère de celui des autres.    

  

© Krystin Vesterälen – le 3 avril 2021        

ill Krystin.jpg
ill Brigitte 1.jpg
ill Brigitte 2.jpg

Pour faire un Art Dadaïste 

  

Pour faire un Art Dadaïste

A la manière de Tristan Tzara,

Mélangez argile, cuivre et schiste,

Prenez un large coutelas,

Tranchez un morceau du tout

Que vous modelez avec vigueur

Mettez-y des coups,

De la passion et du cœur.

Aplatissez ensuite l’objet avec soin,

Découpez de petites amphores,

Mettez-les dans un moule d’airain.

Ajoutez poudre d’argent et paillettes d’or.

Enfournez dans un four bien chaud

Laissez fusionner l’agrégat,

Arrosez d’amour, de sueur et d’eau.

La sculpture vous ressemblera.

Et voilà un ART parfaitement non alimentaire

D’une créativité originale,

Encore qu’incomprise du vulgaire,

Sur notre terre hexagonale ! 

Brigitte Vivien 

ill Jeanne 1.jpg
ill Jeanne 2.jpg
ill Jeanne 4.jpg

RENDEZ-VOUS

 

À tantôt sur le pont des Arts ?

Surtout, ne sois pas en retard !

Nous y rencontrerons peut-être

Van Gogh, tendu en son mal-être,

ou bien, de Milo, la Vénus

en manque de ses bras perdus.

Euterpe*, unie à Terpsichore**

y flâneront peut-être encore

cependant que l’ardent Penseur,

de Rodin, dira la rigueur.

Les ballerines de Degas

pourront y croiser … La Callas

tandis que Charlot, fantaisiste,

se fera ou rieur ou triste.

Et, croisant Prévert … ou Ronsard,

puissions-nous goûter du Mozart !

 

Jeanne FOUCHER avril 2021

* EUTERPE, muse de la musique

** TERPSICHORE, muse de la danse 

ill Jeanne 5.jpg
ill Jeanne 3.jpg
ill Daniel 5.jpg
ill Daniel 3.jpg
ill Daniel1.jpg

ART

 

 

L'art est partout, complété ( « art de » ) ou qualifié

 

 

Art – chéoptérix, le plus ancien, avant même celui des grottes et des parois que l'on dit pariétal

Art - tillerie, celui des projections et des éclatements sanglants qui font le buzz des Unes

Art – quebuse, sous-espèce obsolète du précédent

Art – bitre, celui des élégances était déjà connu dans l'Antiquité

Art – témis, porté sur la chasse et sa muse cynégétique

Art – tichaut, ornement des serres et des potagers, ravissement des bobos-bio.

Art – thrite, celui de l'empêchement des vieux

Art – senic, redoutable et parfois empoisonnant, surtout dans les romans policiers un peu désuets

Art – chimède, réputé pour soulever les baigneurs

Art – tifice, ressort des fake-news et du politicien, sans oublier la mode

Art – pagon, qui fonctionne à l'économie et lésine sur les moyens, art minimum

Art – amis, celui de Dumas père

Art – tampion, celui de n'importe qui, du premier venu, un peu « main stream »           

Art – abesque, tout en courbes et sinuosités, quelque peu serpentin

Art – agon, celui d'un sinistrogyre doué mais impénitent

Art – thurrimbaud, celui d'un jeune génie poétique perdu dans des trafics exotiques

Art – cimboldo, des pommes, des poires...mais pas de scoubidous !

Art – total, combustible et fossile

 

Daniel-Claude Collin/avril 2021

ill Daniel4.jpg
ill Daniel 2.jpg
ill Daniel 6.jpg

ARC- en- FLEURS.

 

 

Ta palette n’y suffirait pas

Pour étirer cet arc-en-fleur

Ces jaunes en joie duplicata,

Tant de couleurs !

Des grappes de cytise en stalactites d’or

Caressent les soleils, les tulipes et trolles,

Des narcisses odorent,

Des primevères étoilent leurs corolles.

 

 

ill Jocelyne 2.jpg
palette.png

Et des calcéolaires, on glisse vers l’orange,

En gaillardes et immortelles,

En gazanias et ravenelles

Jusqu’à ces bleus étranges

Des lins, verveines et nigelles,

Campanules et ipomées d’un soir.

 

 

Dans l’eau de ma mémoire

S’abreuvent les tiges de fleurs,

S’enlacent les couleurs.

Pensées, violettes. Mélancolie.

Iris, érigerons et ancolies.

 

 

Mon cœur saigne du rouge de la rose,

En gouttes de fuchsias, des verveines et des sauges.

Les papillons s’y lovent, couleurs contre couleurs.

S’enlacent les odeurs, en profondeur,

Décollent en nous des souvenirs enfouis,

A la recherche du bonheur enfui.

 

Jocelyne Corbel   La Vie d'ArTriste

AUX ARTS ! MES CITOYENS !

 

 

Chaque siècle nous lègue l’empreinte de son âge,

Quand l’Art se fait l’écho des pages de l’Histoire…

Aragon, Jean Renoir, humanistes, s’engagent ;

La force de nos mots célèbrera leur gloire.

 

Senghor, Aimé Césaire, en de nobles pensées,

Honorent la négritude, au sein d’un cataclysme.

D’un combat sans relâche, d’un élan partagé,

Leurs plumes poétiques affrontent le racisme.

 

Nés un jour quelque part, imposons le respect !

Croyons en notre source, ne la tarissons pas.

La force de nos chants vaincra la cruauté,

De son pinceau, le peintre, ardent, s’exprimera.

 

Digne geste d’amour et de munificence,

Picasso, endeuillé, dénonce un lourd carnage.

Des appels au secours  percent la toile immense 

Et Guernica se meurt, dans une guerre sauvage.

 

Aux arts ! Mes citoyens ! Peintres et musiciens !

Voici l’heure de gloire ; scandons rimes et mots !

Offrons à l’Univers, de bienveillants chemins !

Et l’Humanité fière soulagera ses maux…

 

Tendre bambin, vieillard, brillent vos différences;

Sous l’œil du photographe, vos yeux seront lumières.

Méprisons l’exclusion ; fuyons l’indifférence !

La solidarité embellira la Terre.

 

L’atteinte aux droits de l’Homme signe l’intolérance.

« L’art sauvera le monde ! », écrit Dostoïevski…

Est-il plus bel espoir ? Réveillons nos consciences !

Multiplions les cris et libérons l’écrit !   

 

 Monique Renault

ill Monique 2.jpg
ill Irène 2.jpg

Van Gogh  (auto-portrait)

 

Roux, rauque, rustre, ravagé,

Exorbité hors de lui-même

Depuis un mal de longue haleine

Et dont il se sait naufragé,

 

Il se veille seul, comme un phare,

Embarbelé dans le lacis

Des rides torturées, des plis

Qui font à l’homme un goût bizarre. 

 

Du sourcil dru, puissant et fauve,

Jusqu’à la barbe du menton,

Quel borinage, que Arles donc

A laissé son empreinte mauve ?

 

Et mauve, et bistre, et verte, et sable,

S’est-il suffisamment connu

Pour avoir su, pour avoir pu

Nous rendre son malheur touchable !

 

Sabrant sa vie et son portrait

À lames d’abrupt et de peines,

Puisant au bleu même des veines,

Il se traque à son propre trait.

 

… Et cependant qu’il cloue et broie

Mon regard avec sa souffrance,

Fascination de la démence,

Je n’en désavoue pas ma joie.

 

 

Irène Gaultier-Leblond

(Extrait de Florilège)

L’ange de pierre

 

 

C’était au  tout début d’un séjour catalan,

Mes pas m’avaient menée devant un cimetière.

J’avais marché longtemps sous un soleil brûlant

Espérant profiter d’une ombre hospitalière.

 

D’ordinaire, pourtant, je détestais ces lieux

Qui évoquaient la mort et toujours m’oppressaient.

En cet étrange endroit, érigés vers les cieux,

Monuments ciselés et statues se dressaient.

 

Près d’un tombeau moussu, profané par le temps

Veillait, majestueux, un bel ange de pierre

Dont la grâce éthérée m’émut quelques instants.

Ses ailes éployées retombaient jusqu’à terre.

 

Son visage serein, penché sur une fleur

Irradiait joliment douceur et bienveillance.

Son sourire subtil, conjurant le malheur,

Apaisait mon esprit et m’inspirait confiance.

Moi qui ne connais pas le secours de la foi

Je m’adressai sans crainte à l’être séraphique :

« Ceux qui dorment ici n’ont plus besoin de toi,

Veiller sur les vivants serait plus bénéfique. 

 

Et ne pourrais-tu pas faire entendre ta voix

Dans cette société où la vertu s’effondre,

Guider les indécis vers de plus justes choix ? »

L’ange se rembrunit, puis finit par répondre :

 

« Je suis celui, hélas, que l’on n’écoute plus,

Ma voix, tu l’as compris est celle des consciences.

Un à un, les pouvoirs qui me sont dévolus

S’effritent sans recours dans vos indifférences.

 

Les hommes sont cruels, certains à tout sont prêts,

Et peuvent au besoin faire parler les armes,

Car ils ne sont guidés que par leurs intérêts. »

 

Sur la face de pierre, je vis couler des larmes…

Martine Desgrippes Devaux

L-ange de pierre.jpg
ill 2Ludo.jpg

sur la peau du fugitif

le tatouage égaré

d'une femme sans paroles

le goût de l'instant

à des courbes fécondes 

flattant l'esprit

 

sous le scalpel réunies

des scarifications secrètes

(esthète le vent de tourner)

une esquisse de l'univers

dans le sens de l'ombre

 

qui flirte avec les murs

et le corps qui s'enfuit

des nuances stériles

de ses rêves au soleil

imprimant des musiques

Ludovic Duclos

Trésors cachés

 

 

 

 

 

Tout là-haut, près du ciel

Il travaille la dentelle

Que personne ne verra

Vu d'en bas.

 

Mais pourquoi la fignoler,

Avec amour la poncer,

Négligeant aucun détail

Du travail ?

 

Il aime la belle ouvrage.

C'est son plaisir, son ancrage.

Que vous le voyiez ou non,

C'est second !

 

Bien des chefs d'aujourd'hui

A la vue d'un tel gâchis,

Renverraient cet ouvrier

Trop zélé.

 

              ooOoo

 

Tous ces détails ignorés,

J'aimerais les débusquer,

Pour qu'enfin on les honore

En trésors.

 

              -----

                                                              Julie- avril 2021

ill Julie 4.jpg
ill Julie2.jpg
ill Julie 3.jpg
ill Danièle 4.jpg

                                                              

                                                                     CONTEMPORAIN

 

Contant purin, contant porridge

Se balançant dessus sa tige

Le violon que le soir afflige

 

Sort de la piste du bastringue

Se déstructure et  se déglingue

Et puis se flingue à coups d’élingue

 

Con tant purin, con tant porridge

L’air du soir qui toujours s’afflige

Des ostensoirs que l’on néglige

 

Barbouillé, charbonneux, cradingue

Porc-épic comme un Ribouldingue

Perce ma joue à la seringue

 

Comptant purin, comptant porridge

Si temps vibrant dessus sa tige

« Frémit comme un cœur qu’on afflige »

 

Demain, tu me feras du gringue

Aussi fondant qu’une meringue

D’effroi, j’en tomberai raid ‘dingue !

 

 

                                                                    Danièle MANOURY

CAEN LE 13 NOVEMBRE 2020

IMPRESSIONS à GIVERNY

 

J’ai dérobé le regard de Monet

Pour fouiller l’étang

Et des couleurs diluées d’un carnet

J’ai extrait, flottants,

Les nymphéas envoûtants.

 

Comme une grâce du ciel immergé,

Dilué dans l’étang,

J’ai ravi des couleurs rondes ou frangées,

Dessins clapotants

Des nymphéas envoûtants.

 

J’ai passé le petit pont de Monet,

Traqué le soleil,

Joué avec des saules enrubannés...

Un tableau pareil

Est une symphonie de contours flous,

D’apparences, de courroux,

Une gamme d’ondes si lumineuses

Que sa musique est silencieuse.

 

J’ai dérobé le regard de Monet.

Si je savais traduire la beauté

Je la peindrais sur mon carnet.

Mais Claude Monet le disait:

“Ce n’est rien d’autre que l’impossible”.

J’ai renoncé à l’indicible :

Croquer ce que je voudrais tant,

Les nymphéas envoûtants.

 

 

Jocelyne CORBEL

(extrait de "Normandises" et "La vie d'ArTriste")

ill Jocelyne 3.jpg
ill Monique 3.jpg

CHERCHEURS D’ART

 

Dans la pierre ou  le bois, la forme se révèle ;

Soumise, la matière s’abandonne au sculpteur.

Elle épouse son geste et leurs noces sont belles ;

J’effleure doucement l’œuvre du créateur.

 

En subtile  murmure ou joyeux crescendo,

Une musique enlace drames et comédies ;

Partitions et refrains escortent un scénario.

Le Septième Art exulte au soleil des génies.

 

Sur la scène, s’élèvent les merveilleuses gammes.

Sans l’ombre d’un bémol, résonnent les bravos.

Dans le cœur de l'artiste, étincelle une flamme,

Lorsque ses doigts agiles dansent sur le piano…

 

Un ballet prestigieux me mène à l’Opéra.

Au gré de mes couleurs, j’improvise une fête…

Je ne suis pas Degas, mais le charme opéra.

Connaîtrai-je, un instant  les secrets d’un esthète ?

 

Habillée  en altesse, en clown ou en Guignol,

La marionnette brille dans les yeux des enfants ;

Une main triomphante et des mots qui s’envolent :

Derrière le velours, s’accomplit le talent !

 

De la Rome glorieuse au cirque des Merveilles,

Et des courses de chars à l’Auguste lunaire,

De l’arène dorée au chapiteau vermeil,

L’éloquence du temps, dignement, nous éclaire.

 

Des grottes de Lascaux, à la modernité,

Des antiques palais, à nos architectures,

Depuis des millénaires, rayonne la beauté,

Un patrimoine altier berce notre Culture !

 

D’illustres magiciens vivent  dans notre esprit,

Quand l’Art vient enchanter nos rimes et nos vers !

Un musée invisible habite en poésie…

Est-il plus bel espace que notre imaginaire ?

 Monique Renault

* Street Art

Le street art est une démarche :

Usine vide ou ruine en deuil,

Cache lézarde ou trompe-l’œil,

Il est l’audace et le panache.

 

Venu de Lascaux ou plus loin,

De l’inspiration de l’ancêtre

Qui le premier fit reconnaître                     

Le bison, l’outil ou la main

 

Il créa les abécédaires

Pour expliquer jour après jour

Les pulsions de vie ou d’amour

Qui habitaient ses congénères.

 

Le street art est un train en marche,

De gloire en façade ou maison,

Sautant de wagon en wagon

Le passant va sans qu’il le sache

 

D’un bout à l’autre du phrasé

Inscrit en fresque sans parole ;

L’illustration hardie s’envole

Et porte ainsi sa nouveauté

 

Le street art est de tous les temps, 

Interrogeant comme il révèle

Autant celui qu’il interpelle

Que l’artiste dans ses talents.

 

Irène Gaultier-Leblond

31mars 2021

ill Irène 3.jpg
ill Ludo 3.jpg

le protocole d'un instant

(la chambre où se donne la beauté)

pour parler clair (peau légère)

à travers le silence des bibelots

juste une couche reconnaissante

 

en noir et blanc ou en couleur

une légère moue de joconde

où l'œil à l'œil trace un rectangle

(feuille/écran/billet final)

un bouquet de pensées malgré l'absence

 

même ses paroles divisent

le regard acquiesçant qui dope

l'image de sa présence

au gélatino-bromure d'argent

y implorant le mouvement

Ludovic Duclos

L’ART

Comme pour arracher au temps qui passe

Une fleur, un sourire, un visage,

Une idée, une musique, un paysage…

Les tenir,

Les modeler en sons, en mots, en couleur,

Et les offrir.

L’ART

Pour effleurer l’inexprimable.

La vie et la beauté,

La paix, l’éternité,

Réconciliées…

Un pacte, comme un violon qui pleure,

Un élan de pensées,

Une danse jubilatoire,

Un grand instant élévatoire.

 

Jocelyne Corbel      la vie d'ArTriste

 

ill Jocelyne 4.jpg

L’art consolateur

À l’heure où rôde encor l’invisible ennemi,

Quand plane autour de toi l’incessante menace,

Quand tu vois tes projets sans cesse compromis,

Contemple ces statues, admires-en la grâce.

 

 

À l’heure où trop souvent d’étranges décisions

Réduisent à néant ton appétit de vivre,

Si depuis ta croisée tu rêves d’évasion,

Cherche ta liberté dans les pages d’un livre.

 

 

À l’heure où le climat, chaque jour moins plaisant

Contribue sans pitié à étouffer ta flamme,

L’incarnat vivifiant, l’améthyste apaisant

D’un harmonieux tableau répareront ton âme.

 

 

À l’heure où sans répit résonnent bruyamment

Des discours aberrants et des voix discordantes,

Apporte à ton oreille un vrai soulagement :

Concertos mélodieux, symphonies flamboyantes.

 

 

À l’heure où se font lourds tes bras déshabités,

Quand se fait trop sentir la douleur de l’absence,

Pour retrouver un peu de ta sérénité,

Rien de tel qu’un bon film : aventure ou romance.

 

 

Quand, au cœur de la nuit, tes démons intérieurs

Reviennent te hanter, pesants comme une enclume,

Ose la création, demain sera meilleur,

Saisis sans hésiter le pinceau ou la plume.

 

 

Mélanger des couleurs, jouer avec les mots,

Moduler de beaux sons ou modeler l’argile

Guériront tes chagrins, adouciront tes maux.

Inventeur de beauté, tu seras moins fragile.

Martine Desgrippes Devaux

moi2.jpg
moi3.jpg
moi 6.jpg
moi 7.jpg
moi5.jpg
moi 6.jpg
moi1.jpg
ill Monique 4.jpg

L’art fut une chanson douce

Acrostiche -

 Précieux trésors de l’Art *adoucissaient  la guerre,

 Où de glorieux sculpteurs, dans l’enfer des tranchées,

 Inventaient un bonheur talentueux et précaire,

 Libérant, de la peur, les esprits angoissés.

 Une joie provisoire effaçait la frayeur,

 Symbolique exutoire et pansement des cœurs !

 

Monique Renault

 

 

* Photographie : Briquet  et coupe-papier fabriqués  pendant la première guerre mondiale

 

* Bibliographie : De l’horreur à l’Art  (Nicole Durand)

A propos de l’Art des tranchées

Au cours de ce mois d'avril, quelques-unes d'entre nous ont accepté d'envoyer quelques poèmes pour s'associer au thème de travail du Pôle de vie sur la santé. Voir le recueil ci-dessous.

cliquez.jpg
bottom of page