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Juin 2020 : Evadons nous ...

 L’Invitation au Voyage

Mon enfant, ma sœur,
Songe à la douceur
D’aller là-bas vivre ensemble !
Aimer à loisir,
Aimer et mourir
Au pays qui te ressemble !
Les soleils mouillés
De ces ciels brouillés
Pour mon esprit ont les charmes
Si mystérieux
De tes traîtres yeux,
Brillant à travers leurs larmes.

Là, tout n’est qu’ordre et beauté,
Luxe, calme et volupté.

Des meubles luisants,
Polis par les ans,
Décoreraient notre chambre ;
Les plus rares fleurs
Mêlant leurs odeurs
Aux vagues senteurs de l’ambre,
Les riches plafonds,
Les miroirs profonds,
La splendeur orientale,
Tout y parlerait
À l’âme en secret
Sa douce langue natale.

Là, tout n’est qu’ordre et beauté,
Luxe, calme et volupté.

Vois sur ces canaux
Dormir ces vaisseaux
Dont l’humeur est vagabonde ;
C’est pour assouvir
Ton moindre désir
Qu’ils viennent du bout du monde.
– Les soleils couchants
Revêtent les champs,
Les canaux, la ville entière,
D’hyacinthe et d’or ;
Le monde s’endort
Dans une chaude lumière.

Là, tout n’est qu’ordre et beauté,
Luxe, calme et volupté.

Charles Baudelaire

Évasion

Et je serai face à la mer
qui viendra baigner les galets.
Caresses d’eau, de vent et d’air.
Et de lumière. D’immensité.
Et en moi sera le désert.
N’y entrera que ciel léger.

Et je serai face à la mer
qui viendra battre les rochers.
Giflant. Cinglant. Usant la pierre.
Frappant. S’infiltrant. Déchaînée.
Et en moi sera le désert.
N’y entrera ciel tourmenté.

Et je serai face à la mer,
statue de chair et coeur de bois.
Et me ferai désert en moi.
Qu’importera l’heure. Sombre ou claire…

Esther Granek, De la pensée aux mots – 1997

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La petite auto

Guillaume Apollinaire

Nos poèmes

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Une évasion.

 

 

Depuis la fin d’un triste hiver,

on nous confine et je savonne

souvent mes doigts, privé de mer

peut-être bien jusqu’à l’automne.

 

Le seul droit qu’il nous reste encor

de quitter notre résidence,

c’est afin de sortir Médor

ou d’acheter de la pitance.

 

Pourtant le merle chante tôt,

louant tous les matins du monde

de sa voix d’or, le verbe haut,

libre de voler à la ronde.

 

Mais est-ce braver l’interdit

que de songer à l’escapade

au bord de l’onde au flot béni ?...

 – Je rêve alors que je m’évade !

 

 

Michel Bartha    May-sur-Orne, le 10 mai 2020.

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CHER MARAIS POITEVIN

Acrostiche
 

Les papillons dorés courtisent la nature… 
Et le héron cendré arbore fière allure !

Merveilleux patrimoine, insolite et tranquille,
Au Marais Poitevin, je veux rendre un hommage,
Rêver et m’évader, loin des bruits de la ville,
A chérir ses beautés, dignement, je m’engage.
Imaginez, ici, une vie délicieuse.
Songez comme à Venise, au charme de ces lieux ;

Parcourez son Histoire, anecdotes précieuses,
Où de nobles villages brillent de mille feux …
Inventez la Légende, et devenez Sirène :
Traversez les canaux, sur la barque royale,
Elle caresse l’eau, majestueuse et sereine ;
Virtuose, elle chemine, en amont, en aval…
Invitez faune et fleurs au banquet de la joie ;
Naviguez en douceur et cultivez l’émoi !

 

Monique Renault
 

Escapade nocturne

 

Alexandrins, allez au diable !

Vous n’êtes pas irremplaçables.

Adieu rimes trop riches,

Césure à l’hémistiche,

Et autres acrostiches.

Ah ! Ne plus compter les syllabes,

Mais inventer un astrolabe

Pour regarder vers les étoiles,

Lorsque l’Erèbe étend son voile.

Et si la nuit n’est pas brumeuse,

Voir Andromède et Bételgeuse,

Saisir une comète dans sa course

Et folâtrer avec la Petite Ourse,

Me perdre sur la Voie lactée,

Croiser Vénus et Cassiopée,

Puis effleurer l’astre polaire,

Comme phalène un réverbère

Et dans l’infini du silence,

Exécuter trois pas de danse,

Enfin, dans un galop d’extase,

Chevaucher le vaillant Pégase,

Pour revenir au matin blême

Terminer mon petit poème.

N’en déplaise au vieux Malherbe,

Je ne suis qu’un poète en herbe.

Martine Desgrippes Devaux

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Cœur de marie, cœur de tendresse

Du mois de mai, jolie promesse

C’est un bijou tendre, baroque,

Fleur suspendue, rose breloque :

                Mon cœur en fond

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                   FOND

 

Oh la lumière ! La verrai-je

Plus belle qu’en un jour de neige

Quand le clair soleil se disperse

Sur le perce-neige qu’il caresse ?

                La neige fond.

 

 

 

Sur les chemins de traverse

Ma joie diffuse et se disperse

Fusera-t-elle en électrons

S’enfuyant vite de prison ?

                Mon cœur au fond.

 

Danièle MANOURY        CAEN le 20 mars 2020

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Le souffle

 

Où se sont-elles évadées

Mes précieuses, mes  pensées,

Mes aspirations premières

Chargées  de tant de lumières

 

Qu’elles me brûlaient le cœur ?

Ce n’était pas le bonheur

Que je cherchais dans ma quête

Mais le souffle du poète

 

Celui qui ouvre l’espace

À l’inspiration, la grâce

Et fait d’un essor banal

Un envol  original.

 

Il n’a fait que m’effleurer, 

Pourtant je lui en sais gré

Il a été mon recours

Toujours.

Irène Gaultier-Leblond      24/05/20

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Évasion

 

 

se trouver enfermé d'abord

ou se sentir enfermé

prisonnier de murs en contrainte

prisonnier encombré de son être

au présent trop oppressant

ou au passé incorrigible

 

sentiment brutal

d'une urgence

à élargir  à s'échapper

s'arracher aux dissonances

aux discordances de soi se heurtant

à soi-même

à l'autre  ce faux miroir

au monde en incohérences bavardes

assourdies de tourner sur elles-mêmes

devenir papillon effaré d'une lumière noire

étroitesse en panique

tension d'un piège irresponsable

 

ouvrir d'un coup

mal respirer peut-être  étourdi par l'espace fracturé

se tromper peut-être d'élan

aux carrefours soudain désorientés

mais déborder les chances éreintées

au risque de la déchirure

des crédits acquis depuis longtemps

 

 

Daniel-Claude Collin / juin 2020

L’évasion.

 

L’évasion elle est dans ma tête,

Évasion sans destination,

Avec  le cœur ou en goguette

Ou tantôt dans la reddition.

 

Je pars au gré de mes fantasmes

Et surtout selon mon humeur,

Selon aussi mes enthousiasmes,

Le cœur en noir ou en couleur.

 

Voguent alors les beaux navires

Ou bien se traîne le chalut,

L’évasion ce sont mes délires

Ou mes vraies planches de salut.

 

C’est un tremplin ou une  trêve,

Je la salue comme elle m’échoit

Elle porte le poids de mon rêve

Et je sais ce que je lui dois.

 

Irène Gaultier-Leblond     7/6/20

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ÉVASION

 

Depuis combien d’étés

(mais savait-il son âge ?)

déchirait-il ses ailes

aux barreaux de sa cage,

fixant de sa prunelle

l’azur … emprisonné ?

 

Or, une main distraite

laissa la porte ouverte.

 

Tout étonné, l’oiseau

crut d’abord au mirage

surpris par ce carré

de ciel bleu sans barreaux.

 

De l’azur libéré

il découvre la trace !

D’un coup d’ailes vainqueur

il embrasse l’espace.

 

C’est enfin le bonheur,

enfin la LIBERTÉ.

 

Jeanne FOUCHER              Juin 2020

Les petits bateaux

Rondel

 

Les petits bateaux qui s’en vont

Sur la mer sereine ou perfide

Comblent mes rêves d’évasion,

Rêves d’enfant, rêves candides.

 

Les yeux rivés sur l’horizon,

Je guette, l’humeur intrépide,

Les petits bateaux qui s’en vont

Sur la mer sereine ou perfide.

 

Tous les astres pour compagnons

Et le soleil haut et splendide

Sur l’océan toujours seront

Les précieux et fidèles guides

Des petits bateaux qui s’en vont.

 

  © Christian Laballery     06/2020

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COMME UN OISEAU

 

Comme un oiseau des Îles en cage,

la tête pleine d’amples images,

le poète cherche à s’évader

vers d’autres horizons pour chanter

ses peines, ses joies, son goût de vivre

et comment d’amour, il peut être ivre.

Ses jours ont certes leurs pesanteurs,

leur poids d’obscurité, leurs lenteurs.

Ses vers aussi. Souvent il tâtonne

et, maladroitement, il se donne.

 

Pourquoi donc s’imposer tant d’efforts,

vouloir à tout prix prendre l’essor ?

Pour qui, pour quoi tendre sans trêve

vers cet « ailleurs » qu’une vie trop brève

semble refuser … ? Et si c’était

en lui un germe d’éternité ?

 

Jeanne FOUCHER            Juin 2020

Evasion

 

Sur son lit d'hôpital,

elle rêve :

 

Etendue sur le sable

face à la mer

elle ferme les yeux.

 

Une brise légère

au parfum de grand large

l'enveloppe de ses caresses.

 

Le murmure des vagues

doucement la berce...

 

Quand soudain,

venu du fond des âges,

un oiseau fabuleux

l'invite au voyage.

 

Elle s'envole...

traverse les nuages...

 

Comme la terre alors lui paraît belle !

magiques les océans !

 

Elle vogue au travers des étoiles

dans la splendeur infinie du cosmos.

 

Une paix,

un bien-être inconnu

l'envahissent.

 

Elle fait partie de ce monde

ce monde d'en bas

ce monde d'en haut.

 

Elle est l'Univers.

 

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                                                                       Julie - juin 2020

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Evasion

Enfermé dans une routine

Anodine et clandestine

Qui bien souvent se coltine

Au désespoir destinent

Les pavés des bottines

Vers les carrés des cantines.

Mais que la Bénédictine

Dans le pays d’Augustine

Ouvre enfin le songe rustine

Afin que l’envie de guillotine

Au loin, très loin baratine

La justice alors philistine

© Krystin Vesterälen – 14 juin 2020

Désir d’évasion

 

Curieusement dubitatif et sourd

Est son esprit en ce printemps si lourd.

Profondément sceptique et incrédule

Est son avis des fake news qui circulent.

Etonnamment joyeuse et épanouie

Est sa pensée à toute heure qui sourit.

Volontairement volage et lunaire

Est son vœu de s’envoler dans les airs.

Artistiquement auteure et poète

Est sa vision aux multiples facettes.

Naturellement libre d’opinion

Est son désir profond d’évasion.

Brigitte Vivien

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Le vent s’évade à la crête du lin

En ondes vertes et fluides

Il s’échappe

 

Le vent effleure l’eau verte du lin

Caresse d’ombre et de lumière

Houle légère qui glisse entre les doigts

 

Le vent coule sur le duvet de lin

Il s’enfuit et sa course est sans fin

 

Il souffle il ne fait que passer

Et peigne la belle chevelure du lin

 

Le vent s’évade

Oublieux de la floraison prochaine

Promesse grise qui soudain flotte contre le ciel

Fragile brume bleue

Qui en appelle à l’océan

A l’horizon

 

Le vent s’évade à la pointe du lin

Et rit de sa folle négligence.

Véronique Garrigou

 

 

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Ce que j’aime le plus dans cette ville c’est l’évidence de l’horizon

C’est, oui, l’immense place occupée par le ciel que l’âpre cri des goélands déchire brusquement

Juste en dessous, la générosité de l’estuaire

Le fleuve qui enfle, et puis s’offre

Les eaux mêlées, le doux et le salé

L’abandon, les yeux fermés, au très grand large

Ce que j’aime le plus, c’est ce rêve de voyage porté par des bateaux lourdement chargés qui attendent leur tour

Et moi, je reste là

Echassiers de métal, étranges girafes blanches

La faune portuaire est figée les pattes dans l’eau

Les deux veilleuses de nuit font clignoter mes insomnies

Et le port, là-bas, fait à voix basse la promesse de ses eaux calmes

Le printemps nargue le brouillard, sa fête est un peu triste

Les arbres sont en neige et je voudrais à pleines mains

Ebouriffer l’opulence humide de leur floraison.

Véronique Garrigou

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