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Fables

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Nos fables et autres poèmes humoristiques

La Mouche et le Papillon.

 

« Amie » dit un jour à la Mouche

Le Papillon tout tremblotant :

« Aujourd’hui nous vivons des temps

Qui pour le moins nous sont farouches.

 

Butiner, c’est une aventure

Qui nous épuise chaque jour,

Car disparaissent tour à tour,

Toutes les fleurs de la nature.

 

Au soleil, dès ses premiers rais

A son couchant où tout se dore

Je vas, je vais, je tourne encore

Cherchant la fleur et ses attraits.

 

Celle-ci au bord d’un chemin,

Toute mouillée d’éclaboussures,

Vit beaucoup trop près des voitures

Et connait peu de lendemains.

 

Et celle-là qui crut bien faire,

Dans un champ refuge a trouvé

Sur lequel on a cultivé

Des OGM ! Quelle misère.

 

Cette autre, dans une maison

A la fenêtre grande ouverte,

Grands Dieux, me semblait toute offerte !

Elle était fausse ! Quel poison !

 

Une autre s’est laissée couper

Pensant vivre des jours meilleurs

Dans un beau vase avec ses sœurs,

Mais elle n’a pas résisté. »

 

La Mouche, se frottant les ailes

Et les mandibules, oyait

Le papillon qui tournoyait

Incessamment tout autour d’elle.

 

Interrompant son compagnon

Elle dit à notre victime :

« Que ne suivez-vous mon régime ?

On trouve partout des étrons !»

 

©  Christian Laballery 

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Affabulafable  

 

 

La corneille fit un bon mot    elle est noire mais fort intelligente.

On aurait plutôt attendu cela du geai  gai luron bien qu'effaré sans cesse

l'âne trouva la formule hihanlarant et partit dans ses hoquets tonitruants

les singes menèrent tout un tapage   les hurleurs surtout au gosier profond

la hyène ricana   envieuse qu'elle était du succès d'autrui

un cygne trompeta et les canards accentuèrent leur sourire

le renard  aussi   mais était-ce pour la même raison  il s'approcha doucement du bord

le hérisson trouva cela piquant  le porc-épic approuva

les bulles de l'oursin semblèrent s'iriser

les bœufs se tenaient les plats de côte   les moutons suivaient le mouvement

à en perdre l'haleine   ce qui amusait les chèvres facétieuses de nature

les poules s'interrogeaient encore et le coq plastronnait comme à son habitude 

il n'avait rien compris mais son ego se régalait du succès auto-attribué

le chat plissait les yeux et restait sur son quant à soi 

la corneille n'est point sotte et il cherchait le sens caché

quant au RIRE de la baleine    ce fut tout autre chose 

ses éclats fusèrent jusqu'au ciel où ils créèrent les étoiles

la bonne étoile aussi

seul le loir ne dit rien   il s'était rendormi si tôt 

 

 

 Daniel-Claude Collin  / avril 2020

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L’ibis

 

Un ibis et une corneille

Sur une branche de figuier

Semblaient veiller dans son sommeil

Un archer.

 

L’ombre glissait sur l’indolence

Du  tendre jouvenceau, défait,

Que l’échassier dans son silence

Admirait

 

Tandis que la sombre corneille

Décrépite comme un panier

Ne savait que rompre l’oreille

Et crailler.

 

Soudain le soleil, sans voilage

Frappa le dormeur étendu,

L’oiseau blanc ouvrit son plumage

Au-dessus.

 

« Qu’il est drôle » dit la luronne

En raillant le geste attendri,

Ce riant  elle fienta sur l’homme

Et s’enfuit.

 

Quand l’archer  furieux sous l’insulte

Chercha ... seul, l’ibis était là,

Il ajusta sa catapulte

Et tira.

 

Sans preuve ou aveu véritable

À tout crime, on a ce qu’il faut,

L’innocent, présumé coupable

Par défaut.

Irène Gaultier-Leblond

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Le Renard et les conseils de César.

 

(Fable)

 

Le Renard débuta dans la haute finance,

tel l’Ecureuil agile à l’affut dans son nid,

dominant les marchés, avec grande appétence

de réserves qu’il mit prudemment à l’abri.

Après ces premiers pas, le Goupil, déjà riche,

s’essaya derechef sur un autre filon :

c’est dans la politique où, se montrant fortiche,

qu’il prouva brillamment qu’il possédait le don.

Etant fin connaisseur de la littérature,

il suivit les conseils de César, le Romain,

selon qui, pour régner – et pour que cela dure ! –

il faut que l’ennemi se divise en chemin.

Afin de parvenir seul à la gouvernance,

il choisit pour cabots, un dans chacun des camps

qui, faute d’unité, perdirent toute chance

de devenir dès lors de possibles gagnants.

 

Moralité :

 

          Sans chef de fil charismatique,

          la bataille des moins que rien,

          depuis toujours en politique,

          tourne au profit du plus malin !

          Michel Bartha May sur-Orne, le 18 février 2020.

La grenouille a mal à la tête

 

La grenouille a mal à la tête,

Elle se confie au canard

Toujours poli à son égard,  

L’œil curieux et l’oreille prête.

 

Ai-je le coronavirus,

J’ai aussi quelques courbatures  

Et un peu de température,

Dois-je chercher dans le Cyrrus

 

Un grand connaisseur, un Nimbus          

Qui a tout appris dans les livres,

Qui vous dit comment il faut vivre,

Manger et faire l’amour en plus ?

 

Le canard   n’est pas si savant…

Il est sage. Il parle nature,

L’oiseau, le ciel, l’eau, la verdure

Et l’amour au gré du courant.

 

Pour la grenouille c’est un sot….

…Nimbus l’augura névrotique !    

Donna à prendre un narcotique

Et lui demanda cent euros.

 

Quand il rentre des pâturages,

Le canard voit la mare en deuil,

La grenouille est dans un cercueil

De roseaux et de joncs sauvages.

 

Que n’a-t-elle entendu le sage ?

Mais celui-ci n’a pas d’écho 

Et l’erreur revient mot à mot

Se transmettre dans l’héritage.

 

 Irène Gaultier-Leblond /5 avril 2020

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Le_coq_du_père_AntoineJulie
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Le coq du Père Antoine                                                

 Le père Antoine avait un coq

Qui un beau jour lui fut volé.

Il en reçu un si grand choc

Que l'on pouvait s'en s'inquiéter.

 

Désespéré, il a promis

Forte récompense à celui

Qui lui rendrait son tendre ami.

Mais en vain, il attendit.

 

Fou de colère, il proféra

Des menaces à tout va !.

Sans succès encor' une fois.

Son bien-aimé ne revint pas.

 

Alors, avant de s'effondrer

De rage, il se mit à hurler :

- "Si mon coq ne revenait

   Comme mon père, je ferais !"

 

Dès le lendemain surgit

Son voleur contrit qui lui dit :

- "Ce que ton père a fait

   Vraiment tu l'aurais fait ?" 

- "Certes oui ! et sans répit."

- "Et ton père, qu'a-t-il donc fait ?" 

 

- "Mon père ? Il n'a pas eu le choix...

    ...Un autre coq il racheta."

 

Moralité ?

A malin, malin et demi !

Julie

FIÈVRE FOLLE

Ô plaisir du confinement !

Tous les matins à ma fenêtre,

Je regardais passer cet être

Au merveilleux déhanchement !

 

Elle réajustait son bas

Lorsque s’arrêtait son caniche

Et je voyais ses jolies miches

De pain sortant de son cabas.

 

Allait-elle chez son amant ?

Elle n’en laissait rien paraître ;

Je me disais, demain peut-être

J’oserais (oh très galamment)

 

Lui dire : « Entrez dans ma maison !

Asseyez-vous, ma demoiselle.

Voulez-vous un thé aux airelles ?

Il fait bien froid pour la saison. »

 

Je lui ôterai son manteau,

Elle n’en sera que plus belle ;

Dans une petite coupelle

Je lui servirai des gâteaux.

 

Ses gestes seraient si menus

Et sa bouche si séduisante !

… voilà que pris dans la tourmente

Je commence à me mettre nu !

 

Je me couche contre ses seins ;

Je n’en peux plus, je suis en nage !

Je tombe sur le carrelage

Serrant dans mes bras… un coussin !

 

Furieuse ma femme accourt,

Me recouche dessous ma couette,

Ramasse les morceaux d’assiettes

Et me sert un méchant discours :

 

« Dormez, mon pauvre olibrius !

Celle à qui vous tendez les lèvres,

Celle qui vous donne la fièvre

A pour nom « Coronavirus ! »

 

© Daniel Cuvilliez

vieil homme regardant à sa fenêtre Danie
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                 HUMOUR INCOMPRIS

 

 

 

Je m’en vais vous conter comment mes premiers vers

Furent très peu goutés et jugés fort pervers :

Un jour d’adolescence et en toute innocence,

Sans vouloir le fâcher ni lui faire offense,

En voyant mon beau père prendre tant de peine,

A vouloir reboucher bouteille demi pleine

Dont le bouchon de liège trop mal calibré

Dans le col, vert, étroit, se refusait d’entrer

Pour encouragement, je lui dis tout de go

La maxime a jailli : ce n’était qu’un bon mot                  

        « Enfonce Alphonse ! »

Mes parents de concert en furent très choqués

Vraiment l’humour adulte est fort alambiqué !

Précisons que mon père s’appelait René

     Je n’ai pas vu l’insulte

     Je n’étais pas adulte.

Danièle Manoury

                                              

 

 

                                            

Quand l’humour...

 

 

Peut-on rire de tout ?   Il faut s’interroger.

La pandémie virale en est un bon exemple.

Un groupe de poètes s’était donné pour thème

L’humour devant prendre forme d’une fable.

L’instant semblait propice, le printemps arrivait ;

L’on pouvait escompter une humeur joyeuse !

Pourtant, c’est au drame que les temps ont viré.

 

Si le propos est grave, légère en soit la forme !

A nos maux, il faut bien tenter de résister.

Alors de ce fléau, écrivons une fable.

 

Un jour, d’un pangolin, un virus échappé

S’en alla à l’assaut de cellules humaines

Nature dévastée offrait vaste passage.

 Virus allant bon train, cogna ici et là

En un éclair, il fit le tour de la planète.

 

« Que les humains sont sots » dit le malin virus.

« Ils ont voulu régir le monde et ses richesses.

Incontestablement, ils ont perdu la boule, 

A découper la sphère en pays concurrents,

Puisant, puisant encore pour se sentir puissants,

Dans cette frénésie mondiale et financière.

Au nom de leur dieu Croissance Économique

De la Nature ils ont gaspillé les largesses.

Ils en ont oublié le sol où ils marchaient !  »

 

La santé concédée à la vile appétence,

Virus put infliger l’implacable sentence.

Confinés, Confinants, eurent bien des revers

Quand ils ne furent pas tristement abattus.

 

Si le discours fut long, pourvu qu’on me pardonne,

On pourrait tant encore compléter le propos.
 

Ressaisis-toi Ô l’homme, oublie ta faim vorace !

De ton milieu révère les humbles créatures.

A te considérer maître de l’univers,

Nature te rendra ton manque de respect !

 


                        cg

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DECLARATION D’HUMOUR
La légende d’un siècle

 

Un site magnifique avait conquis Perlette;
Au jeu, elle se pique, et surfe sur le Net.
Vite, elle fait son choix, irrépressible envie :
« Il faut que je le voie, c’est l’homme de ma vie ! »
Sans reproche et sans peur, elle court vers son destin,
Voici que sonne l’heure: rendez-vous clandestin !
Doit-elle rire ou geindre, observant son mari ?
Impossible de feindre, car l’autre, c’est bien lui !
L’homme cherchait fortune ; le voici pétrifié,
Laissant tomber la lune qu’il avait décrochée …
Sonnent faux les arpèges ;  l’aventure est cruelle,
Lorsqu’elle prend au piège l’amoureux et sa Belle !
La surprise est de taille ; s’envolent les secrets …
Alors vaille que vaille, il faut improviser !
Et, si le ridicule, certes, ne tue jamais,
Même si je fabule, amis, réfléchissez …
Méfiez- vous du hasard ; son œil est diabolique.
Il peut, sans crier gare, répandre la panique !
L’Œil était sur le Net et regardait Perlette !

Moralité :
Chaque être est un diamant qui brille en maintes places,
Et taillé, c’est navrant, sur de multiples faces…
Mais l’humour, bien souvent, résiste à l’amertume.
Il offre à chaque jour, une jolie coutume  …

Monique Renault

Nuisances sonores

 

Arrivée à la fin de sa tournée d’été,

La cigale, enrichie, put enfin s’acheter

Un bel appartement dans une résidence.

Notre chanteuse prit quelques jours de vacances

Avant de préparer son tout nouvel album.

Le chant, depuis toujours, était son seul opium.

Elle travaillait dur, faisait des vocalises.

Mais ses belles arias causèrent une crise.

La fourmi formulait son mécontentement

« Il vaudrait mieux aller au ravitaillement

Plutôt que sans répit agresser nos oreilles

 -- Nous avons le bourdon, bougonnaient les abeilles

 -- Ses chansons me hérissent, hurlait le hérisson

 -- Quel tintouin ! Pincez-moi, s’exclamait le pinson

 -- Je ne peux plus dormir hululait la hulotte,

 -- Nous sommes des martyrs » marmonnait la marmotte.

À l’hiver agité succéda le printemps

Apportant un virus et le confinement.

La chanteuse attristée cessa ses chansonnettes,

Et tous se morfondaient, terrés dans leurs chambrettes.

« J’ai peut-être une idée, dit un jour la cigale,

Pour conjurer l’ennui, formons une chorale. »

L’insecte ovationné devint le chef de chœur,

Chacun sur son balcon, chantait de tout son cœur.

 

Moralité :

Il faut parfois un drame ou une épidémie

Pour qu’un méchant conflit connaisse une accalmie.

Martine Desgrippes Devaux

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Le scoop

L’ânesse et le renard, chacun à sa manière,

Cherchaient un remède au poison

Qui dévastait le temps, l’espoir, la terre entière

Et dont tous deux taisaient le nom.  

 

Le renard s’excitait dans sa course hâtive

Pour un scoop rémunérateur,

Au contraire l’ânesse, prudente et attentive,

Analysait avec le cœur.

 

Les suivait à distance un perroquet sauvage,

Que l’on appelait Facebooki,  

Qui faisait des rumeurs et on-dit son breuvage 

Sans contrôler ni quoi, ni qui.

 

Or la recherche hurlait au monde son urgence, 

Il en allait de vie ou mort,

Il en allait peut être aussi de la  finance

Qui pourrait bien y voir du tort ?

 

L’ânesse patiemment œuvrait dans le silence

Quand le renard, très sûr de lui

Pérorait et  vantait chaque jour son avance

Suivi partout de Facebooki.

 

Enfin par un matin, il clama sa victoire,

Le perroquet s’en fit l’écho

Au monde entier, et le déboire

Fut à la hauteur du fiasco…

 

Et l’ânesse vainquit sans jamais se déprendre

Des doutes, conseils et acquis,

Il est souvent plus sage et avisé d’attendre,

La vérité est à ce prix.

 

 Irène Gaultier-Leblond 18 avril 2020

Les oiseaux démocrates

 

Près d’un joli bosquet et d’une source fraîche

Où le ver et le fruit abondent de tout temps

S’élevaient fréquemment les nombreux piaillements

De maints volatiles englués dans la dèche.

« Pourquoi criait l’un d’eux ne pouvons nous manger

Ces vermisseaux ces fruits que vous accaparez ? »

Il s’adressait on l’a compris

A une caste de nantis

« Et nous devons attendre

sans nous défendre

Que d’une branche un jour

Par un heureux concours

Tombent de vos assiettes

Vos rognures, vos miettes !

Ce bosquet est à tous partageons ses douceurs ! »

Le slogan plut ici et la gente engluée

tournant leurs becs vers les noceurs

redoubla ses huées.

 

Au plus vert du taillis ceux qui faisaient bombance

Devant l’outrecuidance

des propos proférés par ces esprits grognons

Et pour se protéger des gnons

Qu’ils sentaient bien venir,

Pour ménager leur avenir

Ouvrirent les négociations.

Et comme ils voulaient se distraire

Ils proposèrent

Des élections.

 

Aussitôt tout en bas chacun veut être élu

Chacun propose alors un avenir plus juste

Et le premier hurluberlu

Pour le populo des arbustes

Promet la lune et les étoiles

Chacun à soi tire la toile.

On s’empoigne, on s’étripe, on crie, on vocifère,

Chacun s’écrie « laissez-moi faire ! »

Et tour à tour ils sont élus.

Le rose et puis le bleu et le plus bleu encore

tour à tour colore

leur talus.

 

Et dans les hautes branches

Près du soleil rieur

C’est tous les jours dimanche

Pour les accapareurs

 

© Christian Laballery      (2012)

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