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Exposition au Pôle de vie de Venoix sur le thème de la gourmandise

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À table !

 

"À table ! venez les enfants.

Allons ! allons ! dépêchons-nous !

Votre père est là, il attend.

Si vous traînez trop, gare à vous !"

 

"Émilie ! lave-toi les mains !

Alexandre ! éteins ta console !

Cesse de faire le mariolle.

Laisse ta sœur tranquille enfin !"

 

"C'est elle qui commence tout l'temps ?

Peu importe, c’est toi l’aîné,

Tu te dois de la protéger.

Voilà qu’elle pleure à présent. "

 

- "Pas de frites pour vous, tant pis !

Eh oui ! y'a des frites à midi.

Tiens, tiens, tiens ! enfin vous voici. 

Alors à tous : « bon appétit » !"

                                                                                      Julie

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Ballade pour une fraise

 

Dès le printemps je l’aperçois,     

Cigaline ou bien Gariguette,

Ciflorette ou Mara des bois

Que l’on déguste avec les doigts.

Je le clame, ne vous déplaise,

Et le crie par-dessus les toits :

Comment ne pas aimer la fraise ?

 

Nous la savourons en brochette,

En verrine, en tarte parfois.

Pour que la fête soit complète,

Nappée de crème de surcroît.

Mais nature, on peut toutefois

S’en régaler tout à son aise

Sans risquer de prendre du poids.

Comment ne pas aimer la fraise ?

 

Ce n’est pas cette collerette

Ridiculisant Henri trois,

Ni cette effroyable roulette

Qui nous terrifiait autrefois.

On peut, à tout âge, je crois,

La sucrer sans aucun malaise,

La ramener, restant courtois.

Comment ne pas aimer la fraise ?

 

Reine des jardins et des bois,

Pardonne-moi cette fadaise.

Car toi, jamais tu ne déçois.

Comment ne pas aimer la fraise ?

Martine Desgrippes Devaux

Bon appétit

 

 

Disposés sur la table, en jolie nature morte,

Les ingrédients bavardent ; ils ne savent que faire…

Ils dégustent des mots, questions de toutes sortes…

La porte est entrouverte ; où est passée grand-mère ?

 

Le poêle à bois dispense une douce chaleur.

La pendule se cache ; elle aime le hors-champ,

Les aiguilles s’amusent à faire danser les heures…

Heureux sont les objets ; sur eux, glisse le temps !

 

Le buffet ancestral a tout vu, tout connu :

Vaisselle en porcelaine et couverts en argent…

Il protège sans faille un précieux contenu.

Les verres trinqueront à la gloire d’antan !

 

Bonne-maman saisit, entre ses doigts menus,

Des fruits ensoleillés qui règnent en son jardin,

Pour le gâteau exquis ou bien le pain perdu*,

Et la fougue s’invite à ce goûter divin !

 

L’aïeule offre la joie à qui en redemande…

L’allégresse s’enivre au parfum de vanille,

Lorsque les bouches, en chœur, impatientes et gourmandes

Salivent de désir et charment leurs papilles…

 

Alors, sous le palais, fond le plaisir des sens !

À chacun ses délices ! Proust eut sa Madeleine !

Voyageons au présent ou puisons dans l’enfance…

Qu’importe le moment, quand la passion est reine !

 

Délestons notre esprit des soucis inutiles !

Faut-il choisir un âge pour dévorer la vie ?

Au bonheur d’exister ne soyons pas hostiles !

Colorons chaque jour d’un peu de poésie…

Monique Renault

*Pain perdu : dessert à base de pain trempé dans du lait

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La ballade de l’embonpoint.

Croyez-vous sage et raisonnable

Quand on chérit son embonpoint

Autant que belle et bonne table,

Daube, gibier et sauce au vin,

D’ambitionner à toute fin,

Pour un jupon et de beaux yeux,

D’en vouloir fermer son pourpoint ?

Fi de régime et autres vœux !

 

Pourquoi serait-il plus aimable,

Quand on a comme vous le soin

D’avoir la rondeur estimable

 Avec le goût qui en convient,

De changer en mal un destin

Qui n’a pour but que d’être heureux

Sans tourment ni autre besoin ?

Fi de régime et autres vœux !

 

 

D’où voyez-vous le préférable :

D’un affligé mourant de faim

Près d’une sylphide impalpable

Occupée de jeûne et de bain…

Et d’un homme bien gras, bien sain

Calé dans un fauteuil moelleux

Le propos leste et verre en main ?

Fi de régime et autres vœux !

 

Frères de panse irréprochable

Et de capitons généreux,

N’ayez pas le doute coupable

Fi de régime et autres vœux!       

                                                                                        

Irène Gaultier-Leblond

QUE METS-TU DANS TA SOUPE VÉRONIQUE ?

  

  

 

Que mets-tu dans ta soupe Véronique ?

« Des potirons gros et tous ronds,

Des rouges ou jaunes poivrons,

Quelque poudre de maïs blonds. »

 

Que mets-tu dans ta soupe Véronique ?

« Des lentilles ou des patates,

Quelques savoureuses tomates

Et même parfois quelques pâtes. » 

 

Que mets-tu dans ta soupe Véronique ?

« Des pois entiers, des pois cassés,

Tous verts fraîchement écossés,

Et de ronds oignons fricassés. »

 

Je ne vois là que légumes bons

Qui ne puissent déplaire aux lardons !

 

À table les enfants !

Tous les petits et grands

Les grands et les petits

BON APPÉTIT !

 

Danièle MANOURY

CAEN LE 14 OCTOBRE 2015                                                    

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Bonne pêche

 

 

Après l’hiver avaricieux

N’offrant que de lointains agrumes,

Sur les étals, l’été radieux

Jette à foison fruits et légumes.

 

Flamboient alors maintes couleurs,

Bigarreau noir, prune dorée,

Et savourant mille senteurs,

La clientèle est enivrée.

 

Mais délaissant brugnon juteux,

Nectarine à peau écarlate,

Bel abricot bien duveteux,

Moi je choisis la pêche plate.

 

Étrange aspect, moindre beauté,

J’aime ce fruit sans rutilance,

Souvenir d’un noyau planté,

Il a pour moi parfum d’enfance.

 

Martine Desgrippes Devaux

Le gâteau

 

 

Du haut de ses quatre années

L’enfant regardait son père

S’apprêtant à découper

Le gâteau d’anniversaire.

 

Sérieux comme un petit pape,

Le garçon, préoccupé

Considérait, sur la nappe,

Le dessert tant convoité.

 

Sans sourire, ombrageux, même

Et son chaton dans les bras,

Il mesurait le problème

Tout en comptant sur ses doigts.

 

Et soudain autoritaire

Vu la taille des enjeux,

Il interpella son père :

N’oublie pas que je suis deux.

 

Irène Gaultier-Leblond    Juin 2011

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QUATRE  

 

 

Quatre beaux œufs bruns

Ramassés avec quatre beaux

Champignons dans quatre beaux

Paniers d’osier feront quatre

Belles omelettes dans quatre

Belles poêles, mais ne

Feront pas éclore quatre

Beaux oiseaux blancs dans

Quatre magnifiques grands arbres.

 

                                                              Danièle MANOURY

L’ART D’AIMER L’ART DES METS

Aux poètes du goût et de la gourmandise

 

Reviendrez-vous, un jour, en notre Normandie

Où votre âme exaltée saura lui rendre hommage ?

Appréciez tous nos mets, goûtez leur symphonie,

Agapes de l’esprit, qu’avec vous, je partage…

 

Prémices d’un dîner qu’aisément, j’imagine,

Une pintade au cidre s’exhale et puis m’enivre !

L’homme se met à l’œuvre ; il s’affaire en cuisine,

En ce lieu mystérieux où rutilent les cuivres…

 

Comme dans l’atelier d’un illustre artisan,

Il décline sans faille, de multiples recettes ;

Et qu’elles soient actuelles ou qu’elles soient d’antan,

Prince du savoir-faire, il les garde secrètes.

 

Couronnant son visage, sa toque immaculée,

Reflète son prestige et sa noble élégance.

Choucroute de la mer, digne canard rouennais…

Pour humer ces délices, pas de panne des sens !

 

L’harmonie des arômes danse pour nous séduire.

D’une sole normande, vous vous régalerez !

Ces artistes glorieux brillent dans l’avenir …

Le maestro excelle et charme les gourmets …

 

Les entremets divins et la tarte flambée,

Où pommes et calva dévoilent leurs saveurs,

Beignets de camembert, agneau de pré-salé,

Fondant sous le palais, vous offrent leur douceur…

 

Le gastronome, alors, ne s’y trompera pas ;

D’un puissant coup de foudre, en heureuse victime,

Il offrira l’étoile digne de son repas.

Chef, je vous rends hommage sur le flot de mes rimes …

 

Nul ne révélera vos formules magiques,

Qu’en héros ingénieux, vous saurez protéger…

Merci et chapeau bas ; vous resterez unique !

Ensemble, cultivons l’Art d’aimer l’Art des mets !        

 

Monique Renault

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Le plein des sens

 

 

Comme un amant très doux déshabille sa belle

Et dévoile son corps, parcelle après parcelle,

Je déplie lentement le fin papier doré

Pendant tout ce rituel, l’attente doit durer.

 

Un léger bruissement et l’écrin, sans encombre

S’entrouvre et laisse voir un peu de terre d’ombre

Puis toute la tablette, en carrés réguliers,

Je caresse du doigt ses dessins familiers.

 

Dans un claquement sec qui trouble le silence,

Je détache un fragment, toujours avec prudence,

Je hume avec ferveur l’objet de mon désir,

Senteur venue d’ailleurs, rien que pour le plaisir.

 

Puis glissant dans ma bouche cette exquise ambroisie,

Je croque à petits coups, selon ma fantaisie

Ou bien je laisse fondre un carré lentement

Qui disparaît pourtant inexorablement.

 

En savourant ce fruit d’exotiques négoces

Me parvient la vision des lointaines cabosses.

Mais tout s’efface, hélas ! Bonheur, vite passé !

Ne reste que l’envie de tout recommencer.

 

Martine Desgrippes Devaux

MISE EN BOUCHE

                                                           

La gourmandise                        Ballade

Le Chef excelle à parfumer

Les petits plats de sa maîtrise.

En tous pays, l’épice aimée

Séduit le goût, le poétise…

Ô ! Doux péché de gourmandise !

Mon nez s’enivre et mes yeux louchent…

Je me rapproche, guettant ma prise…

 

À la fin de l’envoi, je touche…

 

Poissons en sauce ou bien fumés,

Homard divin, saveur exquise,

Viande royale au doux fumet,

Gâteaux exquis et friandises…

J’aimerais choisir à ma guise.

Mon appétit n’est pas farouche ;

Ces doux plaisirs, soudain, l’attisent,

 

À la fin de l’envoi, je touche…

 

Desserts subtils, dignes entremets,

Au chocolat noble Marquise, *

Quand mes désirs sont affamés,

Avec passion, tous rivalisent…

Si le génie œuvre en surprise,

À chaque fois, il fera mouche !

En un délit de convoitise,

 

À la fin de l’envoi, je touche…

 

Humant ces mets quand midi sonne,

Pour les offrir, vite, à ma bouche,

Sans résister, je m’abandonne,

 

À la fin de l’envoi, je touche…

Monique Renault

Marquise au chocolat : entremets sans cuisson

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Éclats d’été

 

 

 

Un généreux soleil, flambant de tous ses ors

Nous poussa, ce jour-là, à déjeuner dehors.

Je préparai des fruits et de fraîches salades

Afin d’accompagner d’odorantes grillades.

 

 

Le jardin en folie déclinait ses couleurs,

Nous savourions en paix tous ces petits bonheurs,

Bercés par les refrains des oiseaux virtuoses,

Tout près de la tonnelle où s’effeuillaient les roses.

 

 

Soudain, dans la douceur de ce beau jour d’été,

S’élevèrent des voix du terrain d’à côté :

Des insultes, des cris, de laides épithètes,

Les échos d’un conflit propre à troubler la fête.

 

Martine Desgrippes Devaux

La poire

 

 

Après l’amour, quand tout est vide

Les yeux, le cœur, le ventre aussi

Et que les placards sans merci

Répondent par un non aride

Hors le modeste achalandage

D’un fruit et d’un bout de fromage, 

Que proposer à votre faim ?

La courtoisie n’y fait plus rien…

Des yeux il m’offrit les deux « choses ».

Après vous dis-je, —si tu l’oses —

Il osa ! et même si bien

Narguant mon besoin délirant

Que je vis fondant sous sa dent,

La poire dans son jus divin

Quand je me retrouvai le nez

Dans le fromage abandonné…

… Il me sourit en s’essuyant,

(Il avait gardé cet usage),

Et susurra en minaudant :

—Ne vous êtes-vous point privée ?

Et reniflant mon désarroi

Je marmonnai entre haut et bas :

— Oh non chéri, je vous adore

(Mais je déteste le roquefort). 

 

 

Irène Gaultier-Leblond

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Les bouches des goûts en Normandie

Au Printemps des Poètes, un jury fin gourmet

Proposa un concours aux Recettes normandes :

Composer un quatrain où régneront les mets,

Et chacune zélée fit une noble offrande…

 

À la mode de Caen, nous voici, nobles Tripes,

Bœuf et veau conjugués, légumes émincés,

Mijotés doucement, selon les bons principes…

Les indignes façons seront vite évincées !

 

Douce crème fermière savamment parfumée,

Tradition ancestrale, délicate fragrance,

Moi, Poulet vallée d’Auge, au Calvados flambé,

Je déclare l’amour aux cuisiniers de France !

 

Colonel* Livarot, Pont -L’Évêque, Camembert,

Délicieuses richesses, ensemble, font la ronde…

Ils chantent le prestige et l’honneur de nos Terres :

Les refrains exaltés résonnent dans le Monde.

 

Nous sommes sublimissimes, crient les Moules à Barfleur !

En diverses manières, venez nous déguster…

Les cœurs épicuriens* consacrent nos valeurs

Et les sauces suprêmes allèchent le palais.

 

Je suis le riz onctueux, caressant vos papilles,

L’arôme de cannelle ensorcelle les foules.

Quelques notes exquises, un soupçon de vanille,

S’enlacent dans ma peau, fredonne la Teurgoule*…

 

Alors, le Président des troubadours gourmands,

De délibération en délibération,

Avec ses compagnons, saliva tant et tant,

Qu’il honora Bacchus*, de quelques libations…

 

Puis comme Lucullus*, aux mythiques agapes,

À grands coups de fourchette, en digne Grandgousier*,

Il dîna du festin qui trônait sur la nappe.

Par bonheur, l’heureux homme avait un grand gosier !

 

En chœur, tous avalèrent le fabuleux repas…

Dans les bouches des goûts, glissa la Normandie,

Hautement réputée pour ses bons petits plats,

Et Reine incontestée de la Gastronomie !

Monique Renault

* Livarot surnommé Colonel en raison des bandelettes qui l’entourent, semblables aux galons d’un colonel.

Teurgoule : Spécialité normande à base de riz cuit longuement au four.

Épicurien : Adepte de la philosophie du plaisir      -

Bacchus : Dieu romain de la vigne et du vin

Lucullus : Général romain célèbre par le faste de sa table

Grandgousier : Personnage rabelaisien, père de Gargantua et friand d’une riche nourriture

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Épigramme aux épices

 

L’épigramme d’agneau est un morceau goûteux

Qu’il convient de saisir au grill ou à la poêle,

Rarement cuisiné, bien qu’il soit peu coûteux,

Pour bien l’accommoder, nul besoin d’une étoile !

 

 

Pressez dans un grand bol le jus d’un beau citron,

Ajoutez thym, laurier à cette marinade,

Huile d’olive, piment et un petit oignon.

Relevez l’appareil pour qu’il ne soit point fade.

 

Puis déposez la viande et laissez reposer,

Placez le tout au frais, patientez quelques heures,

Cuisez rapidement, l’agneau se sert rosé.

Vos grillades ainsi n’en seront que meilleures.

 

Savez-vous que l’on doit ce mets si délicieux

À la naïveté d’une jeune marquise

Qui ne connaissait point ce genre malicieux

Et à son cuisinier plein de débrouillardise ?

 

Martine Desgrippes Devaux

 

 

De l’ignorance des mots d’une jeune marquise et de l’habileté d’un cuisinier est né l’épigramme d’agneau :

Au cours d’un dîner donné chez la marquise, des officiers racontèrent qu’ils avaient dîné, la veille, chez le comte de Vaudreuil qui leur avait fait bonne chère et les avait régalés d’épigrammes, à savoir de courtes poésies se terminant par un trait piquant.

À ces mots, la jeune femme sonna son cuisinier et lui demanda de préparer, pour le lendemain même, un plat d’épigrammes !

Le pauvre cuisinier ne connaissait aucun plat de ce nom en cuisine, pas plus que ses amis. Il fit braiser des morceaux de poitrine d’agneau qu’il servit avec des hauts de côtelettes d’agneau et appela ce plat “Épigrammes d’agneau à la Michelet”, afin de ne pas contrarier sa maîtresse.

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Vous avez dit tendre ?

 

 

 

Deux pigeons avaient l’air bien tendre,

En faut-il plus pour un salmis ?

Je me hâtai de les surprendre

Avec des pièges inédits.

 

 

Pour les offrir à ceux que j’aime,

J’y mis tout autour des lardons,

Quelques girolles, un peu de crème

Plein d’ail et de petits oignons.

 

 

Mais …ils avaient vécu d’eau fraîche,

D’amour et d’air pur à la fois,

Il faut croire que cela dessèche

Car ils étaient durs comme du bois.

 

Irène Gaultier-Leblond

                                                        Parfums d’ailleurs

 

 

 

Délicieuse teurgoule embaumant la cannelle

Que fièrement l’on offre à des palais d’ailleurs,

Recette d’autrefois qu’à mi-voix l’on révèle,

La douce Normandie dévoile ses saveurs !

 

Lorsque l’on brise enfin la croûte bien dorée

Que s’exhale, alléchant, l’arôme capiteux,

On oublie qu’arrachée à sa pauvre contrée

Cette épice est le fruit de commerces juteux.

Martine Desgrippes Devaux

Pour épater de jolies filles

                                                            

Il veut croquer tout un piment,

                                                            Mais celui-ci vient des Antilles

                                                            Et brûle épouvantablement.

                                                            Notre fanfaron se tortille

                                                            Tentant d’apaiser son tourment.

 

Martine Desgrippes Devaux

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LAPIN CHASSEUR

 

Alléchante était l’affichette.

Elle annonçait « Lapin chasseur ».

L’illustration, bien que discrète

brillait de bien belles couleurs.

 

A la carnation des carottes

répondaient de blonds champignons,

des pommes de terre « Charlotte »

et quelques tout petits oignons.

 

Et sur ce lit, trônait la viande,

joli morceau doré à point

pour satisfaire une Normande

qui n’en attendait pas moins.

 

Le tout recouvert d’une sauce

faite de crème évidemment.

Mais il se peut que l’on se gausse

d’un destin qui peut-être …ment.

 

Quant à moi, écartant le doute,

au bain-marie, barquette au chaud,

par anticipation je goûte

la saveur promise, tout beau !

En fait, en ôtant le couvercle

je découvre bien les carottes

joliment disposées en cercle

et autres légumes sans faute.

 

Mais le lapin en vain je guette…

Ah ! soulevant le complément

j’extrais deux minces languettes

pour moins de deux bouchées vraiment,

 

mouillées d’une sauce blafarde

pas très engageante …  mais quoi !

A l’entamer je me hasarde.

C’est passable, à vous laisser coi.

 

Il n’a pas pris la poudre d’escampette

le goûteux lapin annoncé

mais la saveur … à la sauvette

et nulle ne peut rien compenser.

 

Comme le corbeau de la fable,

dépitée, déçue mais sans plus

j’ai, pour le respect de ma table

juré qu’on ne m’y prendrait plus.

Jeanne FOUCHER

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BON APPÉTIT

 

Heureux sommes-nous grâce à l’industrie

qui de nos vies prend le plus grand soin.

De nos assiettes elle se soucie

cherchant certes à gagner quelques bons points

toujours favorables à l’escarcelle …

Et c’est une débauche de produits

qu’ils soient viande ou modeste vermicelle

parés de multiples attraits induits,

habillés d’alléchantes étiquettes.

 

Quoi de mieux pour tout acheteur pressé !

Passage du micro-ondes à vos fourchettes,

tout devient rapide et combien aisé.

Mais il se peut, qu’armé de votre loupe,

titillé par votre curiosité,

quelques éléments suscitent le doute,

en très petits caractères notés :

Et vous découvrez des termes étranges

de lettres et de chiffres composés.

De quoi s’agit-il ? Cela vous dérange.

Que dire puisqu’ils vous sont imposés ?

Ces additifs nous sont-ils profitables ?

Et pourquoi ces « rehausseurs de goût » ?

Lorsqu’un plat arrive sur notre table,

le fumet seul nous suffit, sans ajout !

 

 

Rejetant ces codes énigmatiques

(à chacun ses raisons, chacun ses choix)

au profit de qualités mirifiques,

je boude ces mets « conformes à la loi ».

 

Pour moi, ces produits que l’on ingurgite

ne me disent rien qui vaille et j’y tiens.

Mais si cette malbouffe vous convient

libre à vous. Je vous dis : Bon appétit !

Jeanne FOUCHER

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