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Mémoire

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Quelques citations et textes d'auteurs

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Il y a quelque chose de plus fort que la mort, c'est la présence des absents, dans la mémoire des vivants.             

           Jean d’Ormesson

La mémoire est aussi menteuse que l'imagination, et bien plus dangereuse avec ses petits airs studieux.  Françoise Sagan

Le souvenir est le parfum

de l'âme.

George Sand

Se souvenir est facile pour ceux qui

ont de la mémoire, mais oublier est

difficile pour ceux qui ont du cœur.

Gabriel Garcia Marquez

Rien n'est plus agaçant que de ne pas se rappeler ce dont on ne parvient pas à se souvenir et rien n'est plus énervant que de se souvenir de ce qu'on voudrait parvenir à oublier.   Pierre Dac

J'ai une mémoire admirable, j'oublie tout.  Alphonse Allais

La mémoire est comme le dessus d'une cheminée. Pleine de bibelots qu'il sied de ne pas casser, mais qu'on ne voit plus.           Georges Perros

La mémoire imprime en noir et blanc,

les gris se perdent en chemin,

on oublie les nuances.

        Isabel Allende

Les années ont beau passer, on n'oublie pas les visages que l'on déteste aussi cordialement.       Carlos Ruiz Zafón

La mémoire est l'avenir du passé.

 Paul Valéry

La mémoire c’est du souvenir en conserve.   Pierre Dac

Spleen (extrait)

 

J’ai plus de souvenirs que si j’avais mille ans.
Un gros meuble à tiroirs encombré de bilans,
De vers, de billets doux, de procès, de romances,
Avec de lourds cheveux roulés dans des quittances,
Cache moins de secrets que mon triste cerveau.
C’est une pyramide, un immense caveau,
Qui contient plus de morts que la fosse commune.

Charles BAUDELAIRE, Les Fleurs du Mal,

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Le Myosotis

 

Ayant perdu toute mémoire
Un myosotis s’ennuyait.
Voulait-il conter une histoire ?

Dès le début, il l’oubliait.
Pas de passé, pas d’avenir,
Myosotis sans souvenir.

Robert DESNOS, Chantefables et Chantefleurs 

Chanson

 

 Ta voix est un savant poème…
Charme fragile de l’esprit,
Désespoir de l’âme, je t’aime
Comme une douleur qu’on chérit.

 

Dans ta grâce longue et blêmie,
Tu revins du fond de jadis…
O ma blanche et lointaine amie,
Je t’adore comme les lys !

 

On dit qu’un souvenir s’émousse,
Mais comment oublier jamais
Que ta voix se faisait très douce
Pour me dire que tu m’aimais ?

Renée Vivien  Etudes et préludes

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A George Sand 

 

Toi qui me l'as appris, tu ne t'en souviens plus
De tout ce que mon cœur renfermait de tendresse,
Quand, dans nuit profonde, ô ma belle maîtresse,
Je venais en pleurant tomber dans tes bras nus !

La mémoire en est morte, un jour te l'a ravie
Et
 cet amour si doux, qui faisait sur la vie
Glisser
 dans un baiser nos deux cœurs confondus,
Toi qui me l'as appris, tu ne t'en souviens plus.

 

Alfred de Musset

Mauvaise mémoire

 

Mais quel était ce souffle aux pavés de l’aurore ?

Quelle était cette odeur de légumes jetés,

ce linge au noir balcon comme un signal glacé ?

Quel était ce regard qui me surveille encore ?

 

Mais quelle était mais quelle était dans cette ville

cette fumée ? et ce silence ? et tout à coup

ces heurts ces coups de feu de bataille civile ?

Quelle était la clameur qui venait jusqu’à nous ?

 

Quel était votre nom quel était mon visage

Que faisions-nous ainsi l’un à l’autre inconnus ?

Sans savoir qui je suis sans savoir qui je fus

Je revois une main qui se tend sous l’orage

 

un visage qui pleure, une porte fermée.

Jean TARDIEU, Le Démon de l’Irréalité

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Mortefontaine (fragment)


Je me souviens de la bohème,
De mes amours de ce temps-là !
Ô mes amours, j’ai trop de peine
Quand refleurissent les lilas…
Qu’est-ce que c’est que cette antienne ?
Qu’est-ce que c’est que cet air-là ?
Ô mes amours, j’ai trop de peine…
Le temps n’est plus de la bohème.
Au diable soient tous les lilas !
Il pleut dans le petit jour blême.
Il pleut, nous n’irons plus au bois.
Toutes les amours sont les mêmes,
Les morts ne ressuscitent pas.
Un vieil orgue, comme autrefois,
Moud, essoufflé « La Marjolaine ».
Ô mes amours de ce temps-là,
Jamais les mortes ne reviennent.
Elles dorment sous les lilas
Où les oiseaux chantent ma peine,
Sous les lilas qu’on a mis là…
Les jours s’en vont et les semaines :
Ô mes amours, priez pour moi…

Francis CARCO, Mortefontaine

Souvenir ou autre repas de famille
 


Quand j’étais tout petit, nous dînions chez ma tante,
le jeudi soir ; papa la jugeait dégoûtante
à cause d’un lupus qui lui mangeait le nez :
ce m’est un souvenir si doux que ces dîners !
Après le pot-au-feu, la bonne Marguerite
apportait le gigot avec la pomme frite
classique et c’était bon ! je ne vous dis que ça !
Chacun jetait son os à la chienne Aïssa.
Moi, ce que j’aimais bien c’est l’andouille de Vire ;
Je contemplais (ainsi que Lamartine Elvire)
sur mon assiette à fleurs les gros morceaux de lard,
et je roulais des yeux béats de papelard
et ma tante disait : « Mange donc, niguedouille !… »
Ô Seigneur, bénissez ma tante et son andouille !

Georges FOUREST, La Négresse Blonde

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Remembrances


D’où vient cette aubade câline
Chantée — on eut dit — en bateau,
Où se mêle un pizzicato
De guitare et de mandoline ?

Pourquoi cette chaleur de plomb
Où passent des senteurs d’orange,
Et pourquoi la séquelle étrange
De ces pèlerins à froc blond ?

Et cette Dame, quelle est-elle,
Cette Dame que l’on dirait
Peinte par le vieux Tintoret
Dans sa robe de brocatelle ?

Je me souviens, je me souviens :
Ce sont des défuntes années,
Ce sont des guirlandes fanées
Et ce sont des rêves anciens ! 

Jean MORÉAS, Les Syrtes,

Nos poèmes

Mémoires.

 

 

On se souvient d’un lieu, d’un pays, d’un visage,

imprégnés à jamais dans le vif de sa chair,

d’une aventure épique à l’air parfois peu sage,

ou d’un vécu terrible à l’allure d’enfer.

 

Des fois, un mot qui fuit, la mémoire qui lâche,

on cherche en vain le nom d’un acteur bien connu…

Quand on n’y pense plus – et la chose nous fâche –

cela revient tout seul, souvent à notre insu.

 

Ou l’on peut faire appel à la mnémotechnique,

récitant dans sa tête, en ordre, l’alphabet,

et la liste se bloque à la lettre magique

initiant le nom du sujet dérobé.

 

Pour un outil perdu, la recette est tout autre :

refaire le chemin strictement pas à pas

jusqu’au lieu du travail, du parcours qui fut vôtre,

où vous l’avez posé bêtement sur le tas.

 

Hélas ! il est des cas plus graves dans ce monde

sans remède existant, dit-on le cœur amer :

des gens dont la mémoire à jamais vagabonde

ne leur appartient plus et s’appelle Alzheimer !

 

 

Michel BARTHA : May-sur-Orne, le 03 juillet 2022.

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                                                                                        IVRE

 

Je suis ivre sans boire

Ivre de désespoir

Et ma soûlerie noire

Qui durera un soir

Fera dans ma mémoire

Fera à n’y plus croire

Un grand trou vaste et noir

Un trou dans ma mémoire

Folle  de désespoir.

 

                                                             

Danièle MANOURY  Mouen  Tourville 1978

                                                                                       DÉSESPOIR

 

Oh le grand désespoir

D’écrire son mémoire

Et de le laisser choir

À côté d’un mouchoir

Tout au fond d’un tiroir

À la forte mâchoire

Puis d’en perdre la clé

Dans un grand champ de blé !

 

                                                            

Danièle MANOURY  CAEN, LE 13 JUIN 2022                    

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                                                                             MÉMOIRE

 

Une mémoire belge tombe à Tombelaine

Une mémoire d’eau tombe à Waterloo

Et dans un silence qui enchaîne et danse

En tourbillons denses  luisent des flocons.

Corolles de silènes sur la morne plaine

Deviennent duvets arrachés aux anges

Larmes des archets pleuvent en silence 

La mémoire de l’eau chasse à water l’eau

Des trombes de peine jusqu’à Tombelaine.

Comme en morne plaine, la mort si vilaine

S’éparpille, brille plumage des cygnes

Dont les derniers chants disent l’infini

D’une mémoire d’eau née à Waterloo

Dont l’atroce peine danse à Tombelaine.

 

 

 

Danièle MANOURY         CAEN LE 14 FEVRIER 2021

ÉCOLE

 

On a beau remonter les montres

on ne remonte pas le temps.

 

Mon école est à l’autre bout

du temps qui n’a pas pris son temps

et m’a poussé tambour battant.

 

Petite école d’avant-hier

où est ta cour et ses cailloux ?

où sont partis mes camarades ?

J’entends nos cris à la récré

sous les branches des marronniers.

Où sont nos jeux nos cavalcades ?

 

À quelle place étais-je assis

dans cette classe à quelle table ?

De mon maître j’entends la voix

il est debout là devant moi.

Je sens l’odeur de mon cartable

je vois ma plume et mon cahier

et la place de l’encrier.

 

L’estrade grince et la craie crie

sur le tableau noir où j’écris

les lettres les mots et les chiffres

que dans mon dos d’autres déchiffrent

et sur leur cahier recopient.

 

Petite école en briques rouges

dans le couloir où l’on se range

me revoilà petit enfant.

J’ai revêtu ma blouse grise

pour cette visite surprise

et mon cartable sur le dos

pèse moins lourd dorénavant.

 

On a beau remonter les montres

on ne revient pas sur ses pas

les souvenirs font un grimoire

école au bord de ma mémoire

je pourrais te toucher du doigt !

 

© Christian Laballery

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C'est grave docteur ?

 

 

 

Ma mémoire me joue des tours...

Semant mes pensées en cours,

J'oublie c'que j'ai entrepris

Ça devient un vrai souci...

 

Je pass' mon temps à chercher

Des objets qui ont semblé

S'amuser à se cacher...

Ça commence à m’inquiéter.

 

Quant aux noms, n'en parlons pas

On dirait qu'ils rient de moi.

Ils adorent s'envoler

Et sont durs à rattraper.

 

Pour savoir quel jour on est

C'est devenu compliqué.

Je n'sais plus comment on fait

Docteur, va falloir m'aider.

---

Il me répond qu'à mon âge

Pour ouvrir de nouvelles pages

Il est bon de s'alléger

D'une partie de son passé.

 

Ce docteur a bien raison

De l'instant, profitons...

Chaque jour à ses saveurs !

Merci docteur !

 

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                                                              Julie - septembre 2022

Le droit à l'Oubli

 

  

Mémoire, mémoire !

Qui donc es--tu ?

 

Le souvenir obsédant

D'un traumatisme d'antan ?

Ma jeunesse idéalisée

En souvenances enchantées ?

Ou celle de l'ordinateur

Qui tout garde au congélateur ?

 

Je réclame

Le droit à l'oubli !

 

Le passé fait ce que je suis,

Il imprègne mes choix de vie.

Mais je me dois de l'oublier

Pour moi aussi pouvoir créer.

 

                                                             Julie - septembre 2022

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enrg Mamie
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Poétesse

 

Tu voyages immobile

Ton visage se détend

Tu vogues d’île en île

Vers la fin du temps

 

Tu voyages immobile

Vers la fin du temps

 

Tu deviens infinie

Doucement tu attends

Toi petite Mamie

Face à Dieu accueillant

 

Tu deviens infinie

Face à Dieu accueillant

 

Sur ton front un baiser

Un je t’aime nostalgique

Et tu seras libérée

Un adieu poétique

 

Sur ton front un baiser

Un adieu poétique

 

Kevin Zagni

À la mémoire de ceux qui subirent l’enfer de 1914-1918

 

IN MEMORIAM

 

Comment vous évoquer sans la grandiloquence

des hymnes officiels, ô vous les fantassins

qui avez enduré, bien loin de dessins,

et la boue et la crasse et la peur d’abondance ?

 

Dans la tranchée, l’enfer fut votre quotidien :

Manger, boire, dormir étaient une gageure.

Survivre dans l’instant, tenir, heure par heure,

tel fut votre horizon, à la vie le seul lien.

 

Au moment du courrier, votre seul viatique,

se desserrait l’étau et renaissait l’espoir

d’un avenir meilleur, d’un prochain au revoir…

d’un retour au foyer … souhait hypothétique.

 

Mais veillait la camarde à vos pas s’attachant,

les obus, la mitraille accomplissant le reste.

Dans un sol ravagé qui fut peut-être agreste,

votre corps mutilé dit son ultime chant.

 

Jeanne FOUCHER    Octobre 2014

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MÉMOIRE

 

Trésor de l’humanité

Source de tout souvenir

Rappel des réalités

Socle de tout avenir.

 

MÉMOIRE si précieuse,

mais imprécise parfois

autant que capricieuse.

Que de doutes l’on te doit !

 

Si tu sais être fidèle

trop souvent tu nous trahis,

à notre attente rebelle

et nous te sommes soumis.

 

Ou bien tu es sélective

solution peut-être heureuse

pour chasser ce qui motive

quelque pensée douloureuse.

 

Quoi qu’il en soit, nous comptons

sur toi, craignant l’amnésie

qui rend orphelin de la vie

écoulée que nous regrettons.

 

Jeanne FOUCHER   Septembre 2022

un néant sans musique

des images dénuées de geste

du vide qui s'impose

à la conscience en fuite

méprisant l'instant

qui vibre au bout des lèvres

 

du silence malgré les courbes

mémorielles- du spleen

qui vire de bord dans la pensée

qui propose du passé neuf

et veuf de tout désir

 

il faut oublier dit le penseur

même si le monde éternel

revient conter ses histoires

de sang et de phosphore

de souffre et d'infini

(tombe le souvenir- fracturé)

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les mouvements de la pensée sévère

rechignent à cette pulsion passéiste

activant les formes et les liant

à la faiblesse de respirer

si tendre

 

plus rien qu'un souvenir

du vent dans les branchages noirs

(puisque la nuit doit son obole)

pas même un parfum évadé

de la logique des axes

qui ceignent la mémoire

 

du vent qui apaisé bavarde

avec les vocalises du hibou

pas même un rêve- un résidu

bref et souvent obèse

de la nudité du réel

les restes d'un festin illustre

où socrate parlait maïeutique

avec les ivrognes du soir

qui ne tiennent que par l'oubli

d'une existence qui les mange

 

réminiscence- de la métempsychose

qui s'enroule autour du concept

l'homme renaît à nouveau

d'une vie ancienne qui parle

depuis l'autre de la matière

 

il respire longuement la nuit

parmi les corps repus- inertes

le sien- une chose indiscrète

le mène amoureusement

à l'harmonie mémorielle

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une nuit sans ordre ni usage

un rêve sans espace

tient le passé pour maudit

et que l'instant surclasse

comme le soleil avant la lune

lorsque la nuit hésite

avec ses satellites avec ses étoiles

à peine recourbées

 

un visage qui tremble dans la nuit

à peine un refus d'assassinat

déjà regard à l'aube triste

de brume et de retards

ce souvenir que rien n'isole

était- il un mirage virtuel

qui tourne comme un disque

ou une musique sérielle

Ludovic Duclos

L’âge des possibles

 

Mes songes sont allés, en enfance, souvent,

Au gré de poésies et de livres d’images…

Souvenirs envolés, emportés par le vent,

Vous caressez ma vie monotone et trop sage.

 

Des âmes bienveillantes illuminaient mes soirs;

S’effacent les années et l’instant suspendu

A l’âge des possibles a sculpté ma mémoire ;

J’accueille un Paradis que je croyais perdu !

 

Voulez-vous partager une escapade, en fête,

Dans un ciel éclatant de mots et de couleurs ?

Rimez et découvrez, au soleil des poètes,

Des trésors bien cachés, au fond de votre cœur…

 

Qui n’a jamais connu la délicieuse flamme

D’une prime jeunesse, heureuse et passionnée,

Où Princes et princesses enthousiasmaient notre âme ?

Nos idoles répondaient à nos désirs secrets !

 

Nous aimions, de nos vies, les belles  sensations : 

L’odeur des cahiers neufs, et celle de la craie,

Les beaux livres d’école et les récitations,

L’amitié des copains dans la cour de « récré ! »

 

Une faune, une flore et des îles lointaines,

Embellissaient les jours de tant de chérubins,

Ornant, d’un voile doux, l’univers de leurs peines ;

Chaque aventure, alors, avait  un lendemain…

 

Des fleurs vous souriront si vous les regardez.

Offrez-vous le plaisir de remonter le temps :

Un enfant dort en vous, partez le retrouver…

Dansez, chantez, riez, honorez le printemps !

Monique Renault

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Ouistreham- Riva - Bella … La mémoire du temps

Pour vous, j’évoquerai, sur la  côte de Nacre,

La mer et le rivage où je me ferai guide…

Relevée des combats et terribles massacres,

Riva-Bella sourit, sans l’ombre d’une ride.

 

Ornant le sable fin, sommeillent les cabines,

Et ma mémoire se plaît à remonter le temps,

Quand la danse des vagues, aux reflets d’opaline,

Caresse ma jeunesse emportée par le vent…

 

Les rires des amis, la plage de velours,

Embellissaient, alors, une vie d’étudiante.

J’honore le passé lorsqu’il me fait la cour,

Et j’accueille gaiement cette fête galante !

 

Chaque rue se dévoile pour honorer le bourg,

L’église Saint Samson, l’illustre Grange aux dîmes…

Prestige médiéval, joli compte à rebours,

Imaginez un peu l’Histoire qui s’anime…

 

Le phare, noble gardien, depuis plus de cent ans,

Veille sur les bateaux, sans jamais défaillir.

Je contemple, en rêvant, ce fanal rouge et blanc.

Sous son œil bienveillant, j’aimerais tant partir...

 

Ce nom « Riva-Bella », au parfum d’Italie,

Répond à Ouistreham : un noble écho du Nord.

Quelle que soit l’origine ou l’étymologie,

J’aime ces lieux charmants où mon esprit s’endort !

 

 

 Monique Renault

Omaha Beach

  

 

Il avait dix-huit ans, toi, tu n’existais pas

Sur la terre asservie, il vint dans la tourmente,

Et le danger rôdait à chacun de ses pas,

Sous le poids du barda, la peur était présente.

 

Tu contemples, songeur, la croix de marbre blanc,

Une question t’obsède : était-il volontaire ?

Loin de son Tennessee, pour un destin sanglant,

A-t-il contre son gré supporté ce calvaire ?      

 

Le calme n’est troublé que par les cris d’oiseaux

Sur le sable doré que la vague caresse.

Comment imaginer qu’un jour de juin ces eaux

Ont connu la fureur, les tirs et la détresse ?

 

Près de quatre-vingts ans déjà, sont révolus.

En ces lieux de mémoire où l’on s’étonne et vibre,

Toi, tu as dix-huit ans et lui n’existe plus.

Il a donné sa vie afin que tu sois libre.

Martine Desgrippes Devaux

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Clair de lune                                

 

 

 

Chaque fois que j’entends les familiers arpèges,

Résultat imprévu d’un malheureux hasard,

Mon esprit virevolte en douloureux manège.

Ton souvenir alors, me hante sans égard.

 

 

Tu t’installes au piano et sous tes doigts s’égrène

Le premier mouvement rêveur et lancinant.

L’œuvre berce mon cœur de jeune lycéenne

Et ton parfum poudré m’enveloppe, apaisant.

 

 

Le tempo languissant de la belle sonate

Accompagne en douceur les révisions du bac,

Et contribue parfois, lorsqu’approche la date,

Grâce à son harmonie, à conjurer le trac.

 

 

Aujourd’hui, tu n’es plus ; j’écoute le silence

De ce piano muet qui me blesse le cœur.

Quelques accords volés ravivent ton absence

Et j’espère l’oubli pour tuer la douleur.

Martine Desgrippes Devaux

                     Mémoire et Paix

 

En Afrique, en Asie, dans un Orient plus proche,

Nord ou Sud, Est et Ouest, on se bat, on s’embroche.

Bien que de par le monde elle n’ait jamais cessé

On croyait que la guerre relevait du passé,

Un fléau remisé à des temps archaïques.

 

Pourquoi l’homme perd-il si souvent la mémoire

Lui tellement friand de commémorations ?

Se souvenir n’est-il qu’apparat illusoire :

Un jour pour honorer nos défunts héroïques

Tant d’autres consacrés à la dévastation ?

 

Pourtant, c’est la paix que réclame l’âme humaine.

Force de stratégies, liaisons diplomatiques

Logiques déployées pour maintenir lointaine

La prochaine offensive ? L’envie de dominer 

Las ! faisant peu de cas des désirs pacifiques

Entraîne à fabriquer des machines à tuer.

 

Pour obtenir la paix n’a-t-on pas d’autre choix                      Que de préparer d’aussi piètres combats 

Quand de si nobles causes méritent vigilance ?

L’homme veut conquérir, plier l’autre à son bât.

Face aux malheurs des uns, sa nature amnésique

Omet de faire, en lui, sourdre la bienveillance

A force d’oublier qu’on ne change que soi.  

 

                                  CG

Souvenirs

 

Le temps s’enfuit

Les souvenirs aussi

Des heures fertiles

Et des bonheurs futiles   

 

Les joies passées

Fi de la nostalgie !

Ont stimulé

La sève de la vie

 

Les souvenirs

Délestés de leur poids

Viennent nourrir

Le présent et la joie.

 

               CG

Doux souvenirs

 

Aimantes caresses

Germes de doux souvenirs

     Source de tendresse     

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Pour maman

 

Maman un jour tu m’as dit :

Souviens-toi des jours heureux

Vis ta vie sur l’écran bleu

Oublie les crises et les cris

Garde en ton cœur le meilleur

Parle vrai à tes amis

Comme un film de Visconti

Souris même dans les pleurs

Quand tout le public s’en va

Mais tu es partie au loin

Sans souvenir de ma main

Serrée comme au cinéma

Où ton image si gracile

Restera gravée longtemps

Au fond de mon être aimant

De ma pellicule agile

Tu aimais les mots croisés

Les jeux de lettres et de mots

Ta mémoire a dit ciao

Et le film s’est effacé.

Brigitte Vivien

Les mains.

 

Les mains des vieux sont leur mémoire,

Le vivant reflet du passé

Épelant comme un chapelet

Le fil ténu de leur histoire.

 

Elles savent le bois du lit,

Le buffet, la commode entière,

Autant dans la forme et matière

Qu'en galbe sans fin reconduit

 

À pleines paumes, à plein toucher.

Dans le long vécu d’expérience,

Pétri de temps et de patience

Demeuré au creux protégé.

 

Elles cherchent à retrouver

Sur la moindre petite chose,

Une autre main, une autre pause

Et suivent le même tracé....

 

Les mains des vieux sont leur mémoire,

En quête d’un dernier plaisir,

Elles tâtonnent pour saisir

Le geste perdu dans l'histoire.

Irène Gaultier-Leblond

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Fuites….

 

Aujourd’hui j’ai eu vingt ans :

Mais aujourd’hui, c’était quand ?

Quand j’avais encore mes dents,

Ou quand j’avais un amant ?

L’amour c’était important

Le premier s’appelait Armand !

Armand ?... ou bien Ferdinand ?

En tous cas c’était charmant.

Surtout … quand c’était avant ;

Mais avant quoi justement ?

 

Irène Gaultier-Leblond

Mémoire…

 

 À l’étroit sur la cheminée,

Entre une photo de Médor,

Des douilles frottées au Miror

Et un diadème de mariée,

Trônait un objet insolite

Que le poilu, devenu vieux,

Reniflait en fermant les yeux :

C’était un fragment de cordite, [1]

Ce vieil explosif inhumain…

Dans les tranchées, sans préavis,

Ça vous pétait en vrai gâchis,

Y compris son meilleur copain !

 

On a remisé le Miror ;

Le poilu a laissé sa place ;

Le présent occupe l’espace …

Qui se souviendra de Médor ?

 

Irène Gaultier-Leblond

 

[1] Durant la guerre de 1914/1918, la cordite remplaçait la poudre dans certaines munitions, explosant sans flash ni fumée, elle était peu repérable sauf à l’odeur.

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    " L'histoire d'une vie "

 

 

J'ai en mémoire le livre ouvert
Mémorisant les quatre angles de l'univers
J'ai en mémoire le journal du ciel
Que le monde émet en parallèle
Les reflets des temps doux et amers
où l'existence unit les sept mers

J'ai en mémoire le poing fermé
Fracassant l'arbre pointé
J'ai en mémoire le souci des marins
La fièvre de la joie qui sublime les matins
Que Homme mémorise dans chaque lien
D'où ses racines enfilent, encerclent le rien

J'ai en mémoire l'histoire d'une vie
Motivant la présence vers le noyau des envies
J'ai en mémoire le paradis des Cœurs
Que l'accent s'impose et implore la valeur
Des vérités à moitié noyées dans les prudences
Où la mort naissante perpétue la cohérence


Maaar MARIAMA ANGATAHI
(9/08/2022) Grandcamp Maisy  

MÉMOIRE SÉLECTIVE

 

Se souvenir du meilleur

oublier le malheur

avant, c’était, ailleurs

 

sélective mémoire

comme un miroir

de nos belles histoires

 

qui renvoient au meilleur

les jours heureux

sélection du cœur

effaçant à l’âme,les bleus

 

le bonheur, j’en veux

l’esprit tourné

vers l’avenir

refusant de le ternir

par les vieux souvenirs

 

En réchauffant son cœur

par une autre histoire

présente et à venir

recherchant que le meilleur

 

 

    Danydeb

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Dans la cour d’école

Les cris d’enfants

déchirent le silence

la vie transpire

de toutes ces bouches

en délire….

 

J’envie, j’admire

leur insouciance

ai-je connu l’enfance

j’avais, au pire

quelques années d’avance

pour mûrir

dans le silence

 

Ne rien dire

taire la sentence

 

les cris d’enfants

m’enchantent

leur rire

 ils l’expirent

 de leurs bouches,

c’est l‘inconscience.

 

Pourvoir grandir

sans méfiance

j’envie, j’admire,

je voudrais leur dire

quelle chance 

de vivre l’enfance !

 

sans avoir à maudire

qu’on m’ait fait grandir,

en pleine conscience

avant l’âge de lire.

 

Le mal-être des gens

et leur science

des vices qui s’y collent :

troubles … de la couche

vous plaque au sol

loin d’une cour d’école 

 

Petit enfant innocent

c’était avant d’être grand : 

ferme ta bouche :

c’était du temps

où tu admirais tes parents

 

un jour, ce délai expire

alors c’est défendu de dire

ses tourments….d’enfant

ce goût  amer dans ta bouche

 

des cris qui déchirent

qui resteront dans le silence

tapis, alors, souffle, inspire

écris, même vue comme folle

aux yeux des gens.

 

Dans une cour d’école,

il y a des enfants

que j’envie et admire

sans connaître leurs parents

avec leur enfance pour grandir

ouvertement !      

  

Danydeb

TON SOUVENIR

Un « attends », un « souviens-toi » c’est tout

ce qui reste dans mon oreille…   que cela !

Jamais sur tes lèvres n’a fleuri mon baiser !

Jamais la soie de tes cheveux

ne parfuma mes songes ! Sous les ramées

nous nous dîmes « adieu » ! Et dans un excès

d’orgueil et de rancœur, le prisonnier ôta

ses chaînes de roses… Que Dieu

assouvisse ton âme de Félicité.

Moi, dans les froides ténèbres du Néant

 j’erre, éperdu, à pas de somnambule…

Et, sur le sable du passé, hurlant de douleur

ma vie est une hyène qui dévore

le cadavre d’un souvenir.

 

Francisco VILLAESPESA (1877-1936)

Traduction Anne GODO (20 septembre 2022)

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