top of page

Poésie épistolaire

ill lettre.jpg

Nos textes

LETTRE A FRIDA  KAHLO (1907-1954) 
A la  force de vivre et à l’Art…


 

Dans ton corps et ton âme où régna la souffrance,
J’ai vu briller ta flamme et naître l’espérance…

Brûlante soif de vivre où l’œuvre resplendit,
La force qu’elle délivre est l’écho de tes cris.

Tu as vaincu tes maux, en femme libre et sage.
Reçois ces quelques mots écrits en ton hommage…

Une cage de fer et des bébés sans vie,
Ô! Cruel univers, éprouvé sans répit…

D’un tragique destin, tu fus la triste cible,
En déployant, sans fin, un courage invincible.

Tu cultivas l’ardeur, malgré ton cœur brisé.
Tu observas, sans peur, ta chair martyrisée.

Dans « Viva la vida  » ! brille ton chant du cygne,
Et le monde honora ton existence digne.

Eternel est ton feu qui exalte les toiles.
Tu as rempli mes yeux de multiples étoiles.


 

ill père noël Danièle.jpg
Enregistrement Monique Frida Kahlo
00:00 / 01:39
ill Monique.jpg

Lettre au Père Noël

 

Mon cher père Noël, il faudra bien qu’un jour

Je vous expliquasse pourquoi mon désamour.

D’abord pour vous plaire, il me faut des godasses

Que nulle salissure ou nulle boue n’encrasse

Vernies et bien cirées pour orner cheminée.

Je n’ai hélas, que deux savates chiffonnées,

Tellement usagées, qu’elles sentent fort des pieds

J’en aurais trop regret que de vous asphyxier.

La cheminée chez moi se nomme radiateur

Et puis entre nous « VOUS » vous êtes un bon farceur

Vous êtes à vous tout seul un mensonge exporté

Le mythe élaboré et l’anti vérité

Expliquez-moi comment un conte pour enfant

Est devenu mondial, manne des commerçants.

Le dieu « dollars » serait-il fort puissant

Qu’il jette au second plan l’heureux avènement.

Lettre à Monsieur de la Fontaine

Monsieur de La Fontaine  il me revient la joie 
Et l’honneur aujourd’hui d’écrire cette épître
Pour connaître de vous le truchement de voie 
Qui fit de vous un  maître aux dépens d’un arbitre.

En effet dans votre œuvre et tout ce qui se lit
Sous  votre plume habile autant  que  déliée
Dans vos fables et contes,attestant votre esprit,
La morale est partout haut et fort proclamée

Et toujours et très loin fit votre renommée
Alors que dans la vie, sans offense soit dit, 
Vous l’avez avec soin pour vous-même  évitée…. 
Le fabuliste alors, aimable répondit,

Anticipant Surcouf et sa réplique prompte   
À l’anglais prétendant se battre vaillamment  
Seulement pour l’honneur quand le français sans honte Ne combat quant à lui rien  que  pour de  l’argent, 

Madame puisqu’il faut que vérité se fasse,
Moi qui dus quémander le mécène souvent,                
Je dirai jalousant Surcouf et son audace,
Chacun court après ce qui manque à son talent.

 

La Fontaine 1621/1695
Surcouf 1773/1827

 

ill%20Daniel%20V%202_edited.jpg
ill La Fontaine Irène.jpg

Oh ! Mon Dieu !

 

 

Oh Mon Dieu ! Que vois-je ? Je n’en crois pas mes yeux.

J’approche, le souffle court. C’est merveilleux.

 

Une belle inconnue me regarde  et me sourit.

Gracieuse, enjouée, ses traits sont fins. Je suis conquis.

 

Vêtue d une robe blanche, je sens qu’elle va parler,

Je m’incline respectueux : que me murmure-t-elle ?

 

En fait, de tout mon être je me sens alarmé.

Je la dévisage, comme un jeune homme charmé.

 

Surpris, je n’ose lui dire combien je suis ravi.

Sa noble beauté m’attire    : je soupire d’envie.

 

N’y voyez pas de l’outrecuidance Madame.  

Je voudrais sur le champ vous déclarez ma flamme.

 

Laissez-moi vous séduire et d’un cœur enflammé

Vous chuchoter tout l’amour que vous m’inspirez. 

 

Allons Monsieur, il n’est plus temps ! Il faut sortir

Le Musée ferme, c’est par ici,  il faut partir.

 

Belle inconnue, dés l’ouverture,  je reviendrai.

 Je sais qu’en ce lieu toujours je vous reverrai.

 

 

 

Slam épistolaire aux Terriens

 

Deux mots à vous chers occupants de la Planète,

Comme une chansonnette, comme une devinette :

Où galopons-nous, piètre troupeau de moutons ?

En révolutionnant la vie sur tous les tons,

Mais nous pelotonnant enfermés dans la bulle,

N’écoutant ni la pendule qui nous bouscule,

Ni la raison qui bascule, soudain ridicule…

 

Nos yeux se rivent sur l’horizon de l’avenir,

Mais l’horizon est une ligne imaginaire

Qui recule quand on avance, visionnaire.

On nous fait croire à des virages, à des mirages…

Quand on comprend leurs canulars, on a la rage.

 

Les dirigeants qui font semblant nous baratinent,

Nous égratignent.

« Il fera beau demain », « le futur entre nos mains »…

Mais il est temps d’agir ! Sinon tout va finir,

Alors ne resteront que de beaux souvenirs.

 

Nos petits-enfants, héritiers de la Planète

Conteront-ils fleurette à la vie sourde et muette ?

 

Jocelyne Corbel           2 décembre 2019

Enregistrement Jocelyne slam
00:00 / 01:19
ill Jocelyne.jpg
ill ado Brigitte.jpg
À l’ado
Voici les sages conseils d’une douce amie
Que, toi, ado de quinze ans devrait recevoir.
Perdue dans ta détresse et lasse de ta vie,
Tu nies ta jeunesse et soupires dans le noir.
Quitte ton écran bleu et oublie tes blessures,
Cherche des tentations inspirées par les arts :
Chant, musique et danse, théâtre et littérature
Ou d’autres violons d’Ingres comme de doux nectars.
Très souvent, tu aspires à des solutions faciles,
Sans estime de toi, tu as peur du futur,
Il te faut grandir, or, tu te sens trop fragile.
Mais ton apprentissage est un temps de clôture
Qui te fera mûrir et savoir qui tu es
Lorsqu’à l’indécis, la confiance répondra,
Alors belles aspirations et grands projets
T’épanouiront et te feront crier Yalla !

Epître à Claude Le Roy.

 

 

Cher Claude, où que tu sois dans l’immense univers,

c’est à toi que j’écris sans avoir ton adresse,

avec l’espoir secret que cette lettre en vers

te parviendra là-bas, sous ce ciel qui m’oppresse.

Quand tu nous as laissés en février dernier,

orphelins malheureux, nous étions tous en manque,

prêts à baisser les bras, remisant au grenier

la lyre en panne avec nos mots de saltimbanque.

Soudain, nous n’avions plus la force pour l’élan :

la présence d’un guide, afin qu’Erato vive…

Nous nous sommes sentis, presqu’au bord du néant,

bateau sans capitaine, esquif à la dérive.

Mais certains d’entre nous, selon tes derniers vœux,

ont repris le flambeau pour taquiner la Muse,

et le Cercle Druelle aura des jours heureux,

sans jamais t’oublier, ce que chacun refuse !

 

 Michel Bartha

May-sur-Orne, le 1 novembre 2019.

ill Michel B.jpg

En l'an de grâce mil huit cent quatre vingt dix neuf

le treizième jour de décembre

Texte inspiré par « la crise morale des temps nouveaux » édité en 1908

Enregistrement Julie
00:00 / 01:49
Julie Décembre 2019
ill julie.jpg

Lettre à une amie

 

Ma chère Jacqueline, à toi souvent je pense.

J’évoque nos sorties et nos belles randos

Le bâton à la main et notre sac à dos,

Les grands pique-niques où régnait l’abondance.

 

Sous la pluie, dans le vent, mais toujours en partance,

Nous allions tout joyeux. Souvent il faisait beau.

Le ciel était pour nous, il nous faisait cadeau.

Que de jolis moments, je garde en souvenance…

 

Passent les décennies…les amis disparus…

Là s’imposent grand âge et regrets superflus.

Subsiste l’amitié, qualité précieuse.

 

En cette fin d’année, je tiens à t’exprimer

Tous mes vœux les meilleurs. D’espoir il faut s’armer.

À toi joyeux Noël et une année heureuse.

 

(bisous)

 

 Jeanne FOUCHER                  Décembre 2019.

ill rando Jeanne.jpg
ill Daniel Claude.jpg

Lettre de l'été mais... d'où ?

 

De retour d'un voyage extrême mais banal

- il en est tant et tant qui ont fait ce chemin -

je vous envoie un mot rien moins que triomphal,

tout juste un témoignage d'un espace incertain...

d'un espace et d'un temps car j'ai perdu le fil

de ce qui m'arrivait quand me serra l'étau

impitoyable : un voile de nuit immobile

m'exila de moi-même ; mon corps comme un bateau

continua sur son erre mais je n'y étais plus.

On aurait pu crier : "Un humain à la mer ! "

sans savoir dans quelle eau mon esprit disparut.

J'ai parlé, paraît-il, de poésie si chère

à mon voisin de chambre sans laisser transparaître

que je n'étais pas là. Trois jours je fus absent ;

puis, le soir du troisième, je me suis vu renaître,

ré-enfiler mon corps comme on enfile un gant.

 

                 Daniel-Claude Collin / décembre 2019

CONFIDENCES ÉPISTOLAIRES

 

Mon cher ami, pouvez-vous enfin me confier

Pourquoi sur cent écueils notre belle amitié

Ne s’est pas fracassée, ne s’est pas répandue,

De mille coups d’épée ne s’est-elle pourfendue

De quelque égratignure ou de quelques insultes

Assourdissantes de brouhahas, de tumultes ?

 

Notre amitié n’a pas été ce bateau ivre

Qui s’abandonne, drosse et part à la dérive

Mais au contraire au long fleuve de la vie

Majestueuse de plénitude assouvie

À l’instar de toutes les étoiles polaires

Elle a été le phare le grand luminaire

Elle s’est déroulée ruban du cerf-volant,

Drapeau flottant, bel étendard du conquérant

Il fallait que triomphe chevauchée épique

Menée tambour battant par cavalier de pique

Mais retenez ceci : l’avenir d’une alliance

Peut connaître le sort d’un vase de faïence.

 

ill amitié Danièle M.jpg
Enregistrement Daniel Cuvilliez A MON AM
00:00 / 01:23
ill Daniel Cuvilliez.jpg

À MON AMI CHRISTIAN

 

…à propos d’un manque d’inspiration

 

Il me fallait, Christian, t’écrire cette lettre.

Je n’ai plus, sous la plume, un seul vers à me mettre.

Ma mémoire se tait, mes rêves sont taris :

Plus un coin de ciel bleu mais des nuages gris !

Abattu, dépité devant mes feuilles vierges,

Je sollicitai Dieu : messes, prières, cierges…

Puis, quêtant l’émotion je plongeai tout de go

Dans l’œuvre de Verlaine et de Victor Hugo.

Las ! Ma muse divague, hirsute, dénudée,

Et sans la moindre rime et sans la moindre idée…

Hier, n’y tenant plus, déprimé, mal en point,

Je me fis un cocktail de gin-fizz et de joints !

En fait d’alexandrins, en guise de distiques,

Je n’obtins que nausées, délires et coliques !        

 

Est-ce mon chant du cygne ? Est-ce un simple au revoir ?

Poète, réponds-moi, je suis au désespoir !

 

© Daniel Cuvilliez

A MON AMI DANIEL

 

… en réponse à sa lettre

 

Ma plume, Cher Daniel, court répondre à ta lettre.

Je n’attendrai pas plus, palsambleu pour m’y mettre.

Sans papier, sans feuillet, un encrier tari

Ne m’arrêteront pas ! Il reste mes grigris !

Et s’il le faut nous immolerons une vierge !

Mais l’est-elle encor la fille de mon concierge ?

Elle semble morbleu devenue virago

Et ne serait jamais la muse d’un Hugo !

Oublions donc cette mégère ! Dénudée

Qui plus est ! Quelle fantasque et grotesque idée !

Ta déprime mon vieux a pris de l’embonpoint

Tu devrais essayer la tisane au benjoin

Et pour accumuler sobrement les distiques

Élis comme Bashô un endroit bucolique

Là-dessus je rengaine et te dis au revoir

 

Facteur dépêche-toi, il est au désespoir !

 

© Christian Laballery

Enregistrement Christian L
00:00 / 01:35
ill Japon Christian.jpg
ill moi.jpg

Lettre ouverte à un nomophobe *

 

Facebook, Instagram, tweet et tweet et c’est ta came,

Ton mot de passe alors est ton précieux sésame,

On like, on partage et l’on joue. Quel programme !

Avec des inconnus, quelquefois l’on entame

Une conversation : on dialogue, on s’enflamme,

On donne son avis, on affirme, on proclame.

Le débat s’envenime, on critique et l’on blâme,

Bientôt fusent l’insulte et l’invective infâme.

L’orthographe se meurt, la syntaxe rend l’âme,

Pour notre belle langue, en somme, c’est le drame !

 

Sans pourtant revenir au bon temps du calame,

Imagine une époque où le public acclame

De fiers alexandrins qu’avec fougue on déclame,

Le charme acidulé d’une fine épigramme,

Un poème exotique aux senteurs de cinname,

Ou l’attrait suranné d’un bel épithalame. 

 

*Nomophobe : Se dit de quelqu'un qui ne peut se passer de son téléphone portable et éprouve une peur excessive à l'idée d'en être séparé ou de ne pouvoir s'en servir.

Enregistrement Monique Bourvil
00:00 / 01:59
ill Bourvil.jpg

 JOYEUX ANNIVERSAIRE BOURVIL

Poème épistolaire écrit  en 2017 pour le centenaire de la naissance de Bourvil 

 

En 1917, sévit la rébellion,

Fracture de la Russie et Tsarisme vaincu,

Mais cette même année, digne révolution,

Un Homme entra en scène, hors des entiers battus…

 

Prince du Septième Art, roi d’un humour subtil,

Icône incontestée de notre Normandie…

Imprimé dans nos cœurs, je crie ton nom : BOURVIL.

Nul doute qu’aujourd’hui, tu règnes au Paradis.

 

Restaurateur mythique pendant l’Occupation

Ou élève appliqué en quête d’aptitude,

Tes prestations exquises exaltent l’émotion,

Offrant à notre esprit un précieux interlude.

 

Un crack à bicyclette, un  paroissien très drôle,

Soldat ou paysan, mais après tout qu’importe,

Puisque avec élégance, tu magnifias les rôles,

Scénaristes futés ont frappé à ta porte !

 

Que tu sois braconnier ou policier sans faille,

Un corniaud débonnaire et pourtant  pas si bête,

Modeste fonctionnaire, ou bien guide à Versailles,

Ta présence à l’écran brille comme une fête.

 

Tu traverses Paris, en  semant des sourires

Et Gabin, de Funès se frottent  à ton génie.

En  Thénardier cupide, tu joues à  faire frémir,

Illustre comédien, tu inventes la vie !

 

A jamais embarqué vers la grande vadrouille,

Eclairant nos mémoires et sublimant le temps,

Reviens pour nous faire rire ou nous flanquer la trouille.

L’Eternité t’accueille, charmée par ton talent !

 

Qui ne te connait pas se prive d’une étoile,

Mais qui sait te trouver ne le regrette pas.

Pourquoi, sans crier gare, as – tu donc mis les voiles ?

Le vent, dans son sillage, me dit que tu es là !

 

                                          

ill Phèdre Daniel V.jpg

Grands Dieux ! 

 

 

Grands Dieux ! Juste ciel ! Vous dites que vous m’aimez ?

Alors qu’à la Cour, pour les Dames, vous vous pâmez. 

 

Vous m’avez honorée, Seigneur de votre estime.

Mais je ne puis vous croire : est-ce un crime ? 

 

Pour sortir des tourments dont mon âme est la proie,

Je suis prête à fuir et prendre une autre voie.

 

Ah ! Laissez-moi ingrat ! Je ne veux plus souffrir

Vous êtes un flatteur, je ne veux rien vous offrir. 

 

Je prépare mon âme à toutes les douleurs.

Je veux fuir ce lieu où retentit mon malheur. 

 

Je vous sais pleinement content de votre gloire

Et sans un regret vous oubliez ma mémoire. 

 

Qu’ai-je fait que de trop vous aimer, je l’avoue.

Ah ! Que d’un soin si cruel la fortune me joue ! 

 

Le ciel met sur le trône un Prince bien trop futile.

Je contemple sans péril, ses joutes inutiles. 

 

 

 

LETTRE À MONSIEUR LE CURE

 

Puisqu’il me faut aller tout au bout du chemin

Sans savoir quel destin me réserve demain

Je selle l’haridelle, la bourrique rebelle

Et butant pas à pas je boite je chancelle

Je m’en vais vers un âge que l’on dit plus sage :

Au bout d’une lecture, il faut tourner la page.

(Page de ce bouquin que je n’ai pas écrit)

J’aimerais qu’elle m’emmène droit vers Jésus Christ.

J’aimerais que mon âme au son des violoncelles

Fasse en un bel azur trois tours de manivelle

Afin que le moteur de mon si vieux tracteur

S’encrasse à tout jamais en son carburateur

Un teuf-teuf, trois hoquets et puis enfin plus rien

Ainsi commencerait le voyage aérien

Mais s’il me faut, curé, vous confesser mes fautes

Venez à mon secours : la marche m’est trop haute !

 

ill curé Danièle.jpg
ill Création Brigitte.jpg

Je vous écris cette lettre, à vous l’inconnue.

Qui ne l’est plus à la lecture de ces vers.

Pour vous qui esquissez un objet ordinaire,

C’est un reflet magique soudain apparu.

 

Parfois, vous détruisez et c’est pure folie,

Avant de concevoir ; votre père est le doute

Car, dès lors, sans vous, petite mort est la vie,

Mais, avec vous, l’aventure est sur la route.

 

Peut-on imaginer un Dieu qui récompense

Et punit sans raison vos objets, vos idées ?

Vous n’êtes rien d’autre qu’un rêve qui se pense,

Vous le mettez en forme, l’assemblez, l’animez.

 

Je sais, l’homme, le premier est votre chef d’œuvre,

Conçu dans la douleur,  le hasard, la pulsion.

Rien  n’existe dans l’art sans une grande épreuve.

Du chaos lui-même, vous êtes CREATION.

 

bottom of page