La poésie
Quelques citations
Les poètes sont les voix de ceux qui n'ont pas de voix. Alphonse de Lamartine
La poésie ouvre sur un domaine réservé qu'aucune analyse ne résoudra jamais.
Boris Vian
Pour lire un roman, il faut deux ou trois heures. Pour lire un poème, il faut une vie entière. Christian Bobin
Les poètes parlent une seule langue, même s'ils ne se comprennent pas entre eux.
Jean Cocteau
Un seul beau vers a fait plus de bien au monde que tous les chefs-d'œuvre de la métallurgie. Anatole France
La poésie n'a pas d'autre but qu'elle-même. Charles Baudelaire
On peut être poète dans tous les domaines : Il suffit que l'on soit aventureux et que l'on aille à la découverte. Guillaume Apollinaire
Si ma poésie a un but, c'est de libérer les gens de leurs œillères, de démultiplier leurs sens. Jim Morrison
La poésie est une insurrection contre la société. Aimé Césaire
La poésie, cette langue que personne ne parle et que tout le monde comprend.
Alfred de Musset
Nos poèmes
Tout d'abord, un petit texte de ciconstance de Jeanne
AU NOUVELET
(Rondel – forme moyenâgeuse)
Il est né le doux enfançon
Au temps de neige et dure bise,
Tremblant de froid sous la remise.
Je veux lui dédier ma chanson.
J’aimerais tisser sans façon,
Au Nouvelet, fine chemise.
Il est né le doux Enfançon
Au temps de neige et dure bise.
Mais Il me donne une leçon
D’humilité. J’y suis soumise :
Seuls, mes pauvres mots sont de mise.
Se voulant du mal la rançon,
Il est né le doux Enfançon.
A Mallarmé
Mallarmé,
Hermétique poète au verbe sans pareil,
Tu sais creuser en nous le goût de l’ineffable
Par tes vers sibyllins pleins de douces merveilles
Où le secret lointain nous paraît désirable.
Toi, Prince des Poètes, sans te croire immortel,
Croyais-tu en ton art aussi divin soit-il ?
Il rebuta plus d’un par son style essentiel
Qui sut décourager plus d’un songe futile.
Par tes somptueux tombeaux, tu sais nous éclairer
Sur tes célèbres pairs qui surent t’inspirer.
Et ton propos subtil parvient sans nous tromper
A nous inoculer leur unique Beauté.
Serais-tu devenu le dernier des prophètes ?
Tu nous dis simplement l’inaccessible quête
Qui fut toujours la tienne en toute liberté,
Toi qui fus humblement un sublime initié.
Marc Rébéna
A Arthur Rimbaud
Rimbaud,
Poète et mauvais ange, amoureux du Mystère,
Tu traverses la terre, insondable et étrange,
Espérant du Désir l’ultime anniversaire
Pour communier vivant au Mystère des anges.
Les chemins balisés tu quittes en solitaire
Afin de célébrer la frénésie des grèves
Et traverser la Vie d’un pas rapide et fier,
Le corps tout ruisselant d’une indicible sève.
Un sourire narquois nargue tes congénères.
Tu méprises bientôt la pesante inertie
Des hommes routiniers, chez qui la courtoisie
Remplace l’ironie à défaut de génie.
En criant mort à Dieu, tu célèbres l’esprit
Qui permet de servir la saine Liberté,
En conduisant les morts vers l’ultime Unité
Où tout n’est qu’Infini, Amour et Harmonie.
Poésie mélodie
C'est le vent qui caracole
Un refrain doux qui s’envole.
Un battement, un petit éclat,
Des mots dansants au bout des doigts.
Refrain
Oh oh poésie, chante avec moi,
Des rimes folles, des pas de joie !
Tapent les pieds, frappent les mains,
Poésie, tchin tchin aux vers sans fin !
C’est un rayon de lune,
Une étoile filante sous la brume.
Le rythme fou du cœur aimant,
Un cri, un souffle, un instant.
C’est un éclat, un cri d’amour,
Un feu de joie au petit jour.
Qui danse sous le ciel brillant,
Poésie, pour les amants !
C’est l'ombre des nuits profondes,
Poésie, tu portes le monde.
Un chant grave, un souffle malin,
La voix des âmes, le lien des mains.
C’est un murmure éternel,
Un cri sourd vers l'essentiel.
Poésie des cœurs brisés,
Flamme douce des vérités.
C’est le silence qui prend racine,
Un éclat qui se devine.
Entre les mots, dans l’air tremblant,
Vibre le cœur du temps.
C’est un chant aux rives noires,
Un phare qui donne l’espoir
Dans tous les maux, à chaque pas,
Poésie, tu ne mourras pas.
La ? poésie
un deux trois quatre cinq six
poésie mécanique
un deux trois quatre cinq six
poésie arthritique
poésie en-rimée poésie corsetée
poésie ampoulée poésie enrhumée
poésie abusée en échos entêtés
incrustés dans les siècles
errance rimbaldienne
turpitudes verlainiennes
éternuements surréalistes
sabres du slam au marteau
poésie réinventée
poésie éruptive
en cassures et en éclats
poésie échappée d'ombres inassouvies
poésie du désordre et des grands écarts
poésie de l'inattendu
de l'inentendu
au fond de soi
poésie dérangeante aux oreilles in-formées
novembre 2024
Des mots pour dire
pour hurler en silence,
pour crier sa souffrance
et puis enfin guérir.
Des mots qui s'enchaînent
et forment des poèmes.
Ces mots je vous les donne
pour qu'en vous ils résonnent
et apaisent comme un baume
le cœur meurtri des hommes.
Marie-Françoise Malherbe
Les poèmes de mon Père
Personne ne les lira jamais
Ces poèmes que mon père écrivait.
Ils disent ses racines bretonnes,
Les sabots qui claquent au son des binious qui résonnent
La grand-mère aux culottes fendues,
Les femmes fières aux coiffes vers le ciel tendues.
Ils disent la mort d'un père
des suites de la guerre
C'est dur à douze ans quand on est orphelin
d'imaginer sa vie, de rêver d'un destin.
Ils disent la misère et les envies d'ailleurs
qu'on envisage pour des jours meilleurs.
Ils disent que Petit Pierre s'en ira matelot
combattre sur la Jeanne puisque voici son lot.
De tous les continents il connaîtra les ports
Et de cette jeunesse, il bénira le sort
qui lui donna l'ivresse des larges horizons
avant que de rentrer rejoindre sa maison.
Ils disent la douleur de perdre une fille
Belle, si jeune et déjà en charge de famille,
le deuil cruel, l'intolérable absence
et le gris qui recouvre toutes nos existences.
Ils disent ce temps là où la sœur cadette
comprend que jamais elle ne pourra effacer cette perte.
Mais ils ne vous diront pas le déclin
de ce père tremblant qui doucement s'éteint
dans des bras qui le bercent
ou d'une mère qui oublie le prénom de celle qui la caresse.
Non ils ne vous diront pas
car ces poèmes là
par lui ne seront pas écrits.
Atavisme précieux, trésor en héritage
Je le rejoins souvent avec pour seul bagage
Des mots, des vers, en prose ou en alexandrins
car c'est à moi aujourd'hui qu'il revient
de faire de ma vie
toute une poésie.
Marie-Françoise Malherbe
Petit manifeste poétique
Un poème c’est une rivière : ondulation, écoulement sans obstacle, sans aspérité, sans retenue. Quelque chose qui le rapproche de la fluidité du courant. D’où surgissent parfois inattendues, des étincelles d’eau brillantes au soleil. Miroir reflétant les flashs de la vie, avec les émotions, les souvenirs, le passé, le présent, qui s’entremêlent, et dont il faut s’emparer comme un correspondant de guerre sur le terrain de la mémoire.
Le poème n’est pas une simple construction ordonnée en vers réguliers et rimés. Si forme il y a, elle doit être libre et tendre à révéler l’invisible, comme la marée découvre les rochers. Elle explore les profondeurs, descend dans les abîmes de la condition humaine, aussi loin qu’il est possible. La poésie est un pays d’où l’on ne revient pas. Elle allège le poète, pauvre Sisyphe, de tous les rochers qu’il porte en lui.
Pour aller à l’essence même, la poésie privilégie la forme de l’ellipse et du chant lyrique. Dans son aboutissement, l’idéal est le haïku en dix-sept syllabes, ni plus ni moins. Mais elle doit toujours faire entendre le son de sa musique et son rythme.
Le secret
Tais-toi
T’ e s-toi ou T a i s-toi
Tu vois tu parles trop
espèce de robinet sans joint
tu ne t’arrêteras donc jamais de couler
Avec ta logorrhée
tu épuises tes auditoires
on te l’a dit cent fois
sois plus court enfin
quand tu parles
Et poète ça se croit
pauvre de toi
Apprends à être concis
Evite les circonvolutions
Viens sans détour à ton objet
tout en faisant preuve de nuance
Et pourquoi en pleine contradiction
as-tu choisi pour écrire le mode d’expression
le plus court la poésie faut le faire
Que ne l’appliques-tu pas à ton mode verbal
Tiens je vais te révéler un secret
le grand Victor Hugo pas si concis
que ça hélas si si plus de cent cinquante mille vers à son tableau très inspiré le bougre
enfin peut-être pas toujours n’a-t-il pas dit
un jour « La forme c’est le fond qui remonte
à la surface » pas mal hein
Mais il ne suffit pas de faire rimer pingouin avec péquin pour le faire remonter ce fond
à la surface encore faut-il que la forme conduise à l’essentiel
Et c’est quoi dis-moi
l’essentiel pour la poésie
Imbécile et ça se dit poète
l’essentiel c’est c’est
Est-ce que je sais moi
ce que c’est que l’essentiel
Mais tu as laissé entendre
que tu savais ce qu’est l’essentiel
Arrête je te fais marcher
je vais te le révéler moi
ce que c’est que l’essentiel pour la poésie
Remarque je te fais ainsi une faveur
ne le répète pas car tous les apprentis poètes ne le savent pas toujours
Or il leur appartient de découvrir ce secret
c’est à ce prix seulement qu’ils deviendront
des poètes
D’abord et ceci est une banalité
la poésie une sœur dans la littérature
ne décrit pas n’illustre pas
Et j’insiste ou elle meurt
Elle dit autre chose
Elle peut avoir plusieurs visages la poésie
être par exemple une relation au monde
« Homme libre » de Baudelaire face à la mer infinie il finit d’ailleurs par la chérir la mer
un psychanalyste se serait régalé
Mais je m’égare voici un autre visage de la poésie vue comme « un esperanto de l’âme humaine » selon Jean-Pierre Siméon
Je crois cependant que la poésie c’est cela
mais beaucoup plus que cela
elle enfin elle heu elle heu enfin
Mais enfin quoi
Bon j’y arrive y a pas le feu
Elle dévoile le réel la poésie
Elle le met à nu comme les grands romans
Elle fait apparaître à la lumière crue
tout ce qui n’est pas perçu à l’œil nu
Une vérité supérieure comme la mer à marée basse découvre les rochers
Elle révèle
l’invisible
l’indicible
l’inexprimable
Elle éclaire
En ce sens la poésie peut être inquiétante
Elle dessille les yeux des hommes ou
des femmes toujours avec un souci minimaliste des mots et des mots courts
« Entre deux mots il faut choisir le moindre » a dit Valéry
La poésie descend dans les profondeurs
là où la lumière est faible aussi loin que possible pour remonter enfin à la surface
Et très important la poésie dans sa forme
ultime doit être musicale devenir chant
Sinon elle ne peut être
C’est pourquoi il y a si peu de lecteurs
de nos jours pour la poésie
Car elle ne se laisse pas approcher si facilement elle intimide elle fait peur la poésie
Comme de regarder le soleil en face
Mais quand la rencontre s’opère
cela devient pour chaque être
Une métamorphose
Une illumination
Une fusion de la beauté
et de la vérité du monde
Et bah dis donc tout ce déluge de mots
pour une leçon sur la concision
Je préfère me taire
Fête des mots… Faites des mots !
Troubadour, prends ta plume et fais danser les mots !
Au pays des merveilles, tu seras toujours roi…
Chasse mon amertume ; que s’éloignent mes maux!
Comme une douce étoile, tu m’offres tant d’émoi…
Les airs que l’on fredonne rendent hommage aux rimes.
Lorsque l’oralité d’un poème le porte,
La mélodie l’emmène au zénith du sublime ;
J’aime qu’elle entre en scène, pour que l’œuvre soit forte !
Souveraine, elle berce l’émotion de chacun,
Elle escorte le verbe d’une exquise ferveur…
Quand nos chagrins s’effacent, la fête bat son plein,
Digne d’un Apollon et de ses Muses en chœur !
Brassens ensoleilla les plus beaux de mes jours ;
Dans un ciel azuré, encore, il m’accompagne…
En caressant son âme, au rythme de l’amour,
Sa précieuse guitare fut sa digne compagne !
Dans le plus grand respect, sans quête d’indécence,
Il célébra la femme, parfois avec malice.
Mon oreille attentive exalte l’un des sens,
A toute poésie, la musique est délice !
Ferrat a magnifié, de sa grâce ineffable
La pensée d’Aragon, maintes fois engagée…
Son lyrisme et sa voix, à jamais, mémorables,
Insufflèrent, ensemble, un élan partagé.
Léo Ferré chanta Rutebeuf, Baudelaire,
Ornant chaque parole de son timbre grandiose,
Fier d’honorer Villon, Verlaine, Apollinaire,
Ballade ou mélopée jusqu’à l’apothéose !
Lorsque mots et arpèges s’unissent en concert
Ils nous lèguent un Art d’une beauté extrême !
Jusqu’à vous, dans la joie, navigueront mes vers ;
D’une fervente flamme, j’écrirai : « Je vous aime ! »
Moulin d’Aragon et Elsa Triolet (Saint Arnoult en Yvelines)
Voyage en poésie
Sublime poésie, êtes-vous en ce monde ?
Lorsque certains s’ennuient, mon âme vagabonde…
L’Odyssée de nos rêves exalte la pensée,
Et elle s’offre, sans trêve, en un monde enchanté…
Berçons les nuits magiques de notre imaginaire,
Balade allégorique en composant des vers :
Offrons à notre espace, de jolies métaphores,
Résonnera la grâce, tel un précieux trésor …
Les Muses sont en liesse et charment la nature…
Comme de fières déesses, elles chantent l’aventure…
En nobles messagères, elles déclarent l’amour,
Et les strophes légères s’enivrent de l’humour !
Gloire à vous, chers poètes, quand vous sculptez les mots !
Entendez ma requête et soulagez les maux …
Troubadours, écrivains, à la plume fleurie,
Enchantez nos matins ; je vous en remercie…
Jolie saison que j’aime pour notre rendez- vous,
Voyage mon poème ; il vole jusqu’à vous !
Compagnon du printemps, il se donne à qui veut,
L’espace d’un instant, s’y attarder un peu…
Embrassons le rivage, quand les bateaux ravis
S’enivrent, au grand large d’un vent de poésie !
Les flots sautent de joie ; prenons notre pinceau,
Et l’œuvre se déploie comme parlent les mots !
Le poète
La lune se fait douce et le poète rêve.
Avec exaltation, il décline des vers…
Prônant, de l’éloquence, la merveilleuse sève,
Avec délicatesse, Calliope* le vénère…
Comme le troubadour, l’illustre ménestrel,
Il œuvre de sa plume et enchante le monde,
Réveillant nos esprits, de son âme rebelle…
Ode ou jolie ballade, ensemble, vagabondent …
Si vous vous promenez, un jour, en sa demeure,
Là où règne sa vie, vous vous sentirez bien…
Vous apprendrez, alors, que jamais, il ne meurt…
A l’abri de son cœur, vous tisserez des liens…
*Calliope : Muse de la poésie (mythologie grecque)
POESIE
POESIE, fille du soleil et de la brume,
Sœur du vent,
Haleine de la terre ;
POESIE, inscrite sur le sable d’or
de la pensée,
goutte d’eau qui tremble
à la voûte des sentiments,
se détache et se perd
au lac de Solitude.
POESIE, vol bleu sombre du cormoran
qui répond à la plainte de l’océan.
Voilier sans pilote
bondissant à la crête des nuages.
POESIE….
Insondable trésor
d’un insondable cœur :
Celui de l’humanité.
L’outil et la plume
Comme une dentellière enlace ses fuseaux,
Dévidant patiemment le fil de mon idée,
Je tisse point par point de délicats réseaux,
Par la muse, parfois, obligeamment aidée.
Le dinandier martèle argent, cuivre ou airain
En chauffant le métal pour le rendre plus tendre,
Comme lui, posément, je rythme mon quatrain
Recherchant la cadence agréable à entendre.
Hexamètre léger ou fier alexandrin ?
Orfèvre minutieux, je polis, je cisèle,
Mot après mot, le vers qui servira d’écrin
A ma précieuse rime et la rendra plus belle.
J’espère avoir été pendant un court instant,
Pour vous, chers compagnons, amateurs de lecture,
D’un moment de plaisir, le modeste artisan,
Même si ce n’est pas un chef-d’œuvre qui dure.
Le martin-pêcheur et le dindon
Un gai martin-pêcheur aimant les belles lettres
Vit un pressant désir s’emparer de son être :
Il écrivit un vers, puis en inventa deux,
En adjoignit un autre et se sentit heureux.
Mais un dindon savant découvrit cette affaire
Et la nouvelle fut loin de le satisfaire.
Toisant le bel oiseau, dressé sur ses ergots,
L’expert se rengorgea et gonfla son jabot :
« J’ai appris que, soudain, il t’a pris fantaisie
De prétendre accéder à la vraie Poésie !
Jeune homme, tu devrais faire plus attention
Et derrière l’E muet, pratiquer l’élision.
Plates ou embrassées, tes rimes seront riches,
Césure n’omettras, bien sûr, aux hémistiches.
Tu devras éviter ces déplaisants hiatus
Menant mon pauvre cœur au bord de l’infarctus.
La Poésie devant être toujours aimable,
N’a certes pas besoin de tes vers peu fiables… »
Excédé, l’oiseau bleu fut très bientôt lassé
Des discours empesés du gros gallinacé.
Plantant là le pédant, il ouvrit grand ses ailes,
S’élança vers l’azur, chantant ses ritournelles.
Une très belle dame au regard bienveillant
Se matérialisa et dit en souriant :
« N’aie donc pas peur de moi, petit, je suis la Muse,
A rimer, je le sais, quelquefois, tu t’amuses.
Tu dois persévérer, n’en déplaise au raseur
Car tes vers seront bons s’ils viennent de ton cœur.
Cultive l’émotion, ose la métaphore,
Vibre ! Et ta création sera prête à éclore.
Faire rire ou rêver, émouvoir un instant,
Tes mots ont ce pouvoir et c’est là l’important ! »
Notre ami, rassuré, se remit à l’ouvrage,
Pour son plus grand plaisir, et pour son entourage.
Moralité :
Sans pour autant chercher gloire et célébrité
Créer conduit souvent à la félicité.
La poésie et moi…
…émois poétiques
Toute jeune, déjà, j’appris le désespoir
Et les larmes d’un faon, dans la nuit, égaré.
Plus tard, ce fut Hugo et les « Choses du soir ».
La lune de Musset vint parfois m’éclairer.
J’aimais également son astre virginal
Et de Verlaine, aussi, la tristesse infinie.
Je dus, bien entendu, cueillir « Les fleurs du mal »,
Des écrits de Nerval, savourer la magie.
Lamartine, Aragon, Rimbaud, ou Supervielle…
J’implore le pardon de tous ceux que j’oublie,
Bercée par l’harmonie d’une rime si belle,
Grâce à mes professeurs, j’aimai la poésie.
Devenue à mon tour chargée d’éducation,
J’espère avoir appris à mes jeunes élèves
D’un élégant poème à sentir l’émotion
Et se laisser mener tout au bout de leurs rêves.
La musique des mots est agréable à lire
Et ceux que font vibrer ces mélodies superbes
Ressentiront peut-être, un jour, l’envie d’écrire
Devenant à leur tour des poètes en herbe.
Insomnie
Je m’éveille soudain au milieu de la nuit
Je ne serai, je crains, au meilleur de ma forme
Pour vivre la journée. Ah ! Vraiment, quel ennui !
Il faudrait sans tarder qu’à nouveau je m’endorme.
Alors tous les tracas que la nuit enlaidit
Défilent dans ma tête en sinistre cohorte.
Pour que le spleen s’éloigne et demeure interdit,
Il me faut le combattre et lui fermer la porte.
Pour chasser la tristesse et bannir le chagrin,
J’ai mon arme idéale et c’est la poésie !
Quoi de plus réjouissant qu’un bel alexandrin !
Un sonnet a pour moi le goût de l’ambroisie.
Je récite en secret quelques vers de Nerval,
Pour retrouver les miens le rêve de Verlaine,
Puis j’évoque un jeune homme endormi dans un val
Rimbaud ne sert à rien, pas plus que La Fontaine !
Ce sont mes propres vers que je dis maintenant
Car je me trouve à court de souvenirs scolaires.
Dès le premier quatrain, je sombre doucement.
Mes écrits seraient-ils, à ce point, somnifères ?