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L'animal

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Bestiaire d'Apollinaire
ou cortège d'Orphée (extraits)

Le hibou

Mon pauvre cœur est un hibou

Qu’on cloue, qu’on décloue, qu’on recloue.

De sang, d’ardeur, il est à bout.

Tous ceux qui m’aiment, je les loue.

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Le poulpe

Jetant son encre vers les cieux,

Suçant le sang de ce qu’il aime

Et le trouvant délicieux,

Ce monstre inhumain, c’est moi-même.

La chenille

Le travail mène à la richesse,

Pauvres poètes, travaillons !

La chenille en peinant sans cesse

Devient le riche papillon.

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La tortue

Du Thrace magique, ô délire !

Mes doigts sûrs font sonner la lyre.

Les animaux passent aux sons

De ma tortue, de mes chansons.

L'éléphant

Comme un éléphant son ivoire,
J’ai en bouche un bien précieux.
Pourpre mort !… J’achète ma gloire
Au prix des mots mélodieux.

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Le paon

En faisant la roue, cet oiseau,

Dont le pennage traîne à terre,

Apparaît encore plus beau,

Mais se découvre le derrière.

La méduse

Méduses, malheureuses têtes
Aux chevelures violettes
Vous vous plaisez dans les tempêtes,
Et je m’y plais comme vous faites.

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Le chat

Je souhaite dans ma maison
Une femme ayant sa raison,
Un chat passant parmi les livres,
Des amis en toute saison
Sans lesquels je ne peux pas vivre.

Nos poèmes

Au bal

Le rhinocéros a mis

Une chasuble en dentelle

Et lissé ses favoris

Pour danser avec sa belle

Au grand bal de Nairobi.

La belle est une gazelle

Œil tendre, sabot joli,

Qui adore aller danser

Et n’ose pas refuser

Mais a peur d’être écrasée.

Elle épuise sa cervelle

Et soudain elle a trouvé :

Elle court chercher l’échelle

Restée sous le grand figuier

Pour se faire un escalier

Et revient se mettre en selle

Sur le dos du destrier.

Tourne, tourne, lui dit-elle

Œil doux pour l’encourager,

Tourne, tourne redit-elle

Tu dois être le premier,

Plus vite encore crie-t-elle

Et quand il tombe, épuisé,

Elle descend avec zèle

Œil ardent, sabot pressé,

Et retourne au bal chercher

Un cavalier plus léger.

 

Irène Gaultier-Leblond   4 janvier / 2024 

Le lézard

un tout petit lézard vert

qui cheminait au travers

d’une herbe droite et figée

entreprit de l’animer

il se redressa la tête

l’agitant comme une crête

en tapotant de la queue

dans un rythme vigoureux

mais l’herbe ne bougea pas

l’herbe ne frissonna pas

insensible apparemment

au lézard entreprenant

celui-ci tenta encore

de méritoires efforts

sans voir le nom fatidique

sous le gazon synthétique

mais lassé de gestes vains ;

il poursuivit son chemin,

vers le plus proche rocher

pour aller se réchauffer

celui-ci était aussi

un rocher en simili

mais qui avait ô merveille

su retenir le soleil

 

Irène Gaultier-Leblond    22 mars 2025

La gazelle héroïque

Le lion et le chacal se partageaient   déjà

La gazelle tombée sous leurs crocs redoutables,

Amputée et toujours acharnée au combat.

Celle-ci cherchait des yeux des voisins secourables

 

Il lui semblait au loin entendre s’avancer

Des ramures possibles, inégales entre elles ;

Les unes hésitantes d’autres le pas pressé

Un groupe disparate de boucs et de gazelles

 

Mais devant l’appétit des fauves sanguinaires

Les secouristes encore en pleins questionnements

Auront-ils la puissance et l’envie nécessaires

Pour aligner leurs pas et arriver à temps ?

 

Irène Gaultier-Leblond    9 mars 1925

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Préjugés

Triolet

 

On le dit sot, mais quelle erreur !

Il a le regard des vieux sages

Et tout en lui n’est que douceur.

On le dit sot, mais quelle erreur !

A l’école et c’est bien dommage,

Son bonnet vaut le déshonneur

On le dit sot, mais quelle erreur !

Il a le regard des vieux sages…

 

Martine Desgrippes Devaux

Peinture Martine Desgrippes Devaux

Un bon gardien

Le bon chien jappe fort et le moineau s’envole.

Tancer le bourdon roux, rabrouer l’herbe folle,

Réprimander le vent et le chat, ce gredin,

Chapitrer le voisin vaquant dans son jardin…

Vaillant, il accomplit sa tâche quotidienne,

Toujours avec brio, d’autant qu’il s’en souvienne.

Il garde la maison, comme il fait chaque nuit,

Soudain, à pas feutré, un homme s’introduit,

Emporte des tableaux, des bijoux, des fourrures.

Le bon chien silencieux dort sur sa couverture.

Martine Desgrippes Devaux

L’animal

 

l’ami de l’homme

nommé « animal »

si proche de l’humain

pour lui éviter tout mal

l’animal de compagnie

le temps d’une vie

un amour parfois sans nom

« pupuce » petit compagnon

 

mon animal

a quatre pattes de velours

mon animal

 aux yeux de velours

mon animal aux yeux plein d’amour

mon animal

fidèle à sa maîtresse

mon animal heureux sous mes caresses

 

cette petite chienne

devenue mienne

Ines

que je tiens en laisse

pour lui écarter les dangers

dans mes bras ou à mes côtés

afin que rien ne cesse

 

une vraie compagnie

le long de sa vie

 

  

Danydeb

Un amour de dragon

            (ballade)

Je dois vous garder, ô princesse

Captive de ma sombre tour,

Vos larmes et votre détresse

Me tourmentent jour après jour.

Bien que j’éprouve de l’amour,

Je ne suis qu’une bête infâme.

Sans tout brûler aux alentours

Comment vous déclarer ma flamme ?

 

J’aimerais tant une caresse

Ou que vous me disiez « bonjour »

Mais je ne suis que maladresse

Et pour vous faire un brin de cour

Je me souhaiterais troubadour.

Dragon je suis, c’est là mon drame !

Sans embraser vos beaux atours

Comment vous déclarer ma flamme ?

 

J’étais de très haute noblesse,

Arborant pourpoint de velours.

Hélas, une fée vengeresse

De ma vie a changé le cours.

Ce sortilège est sans recours,

A moins d’aimer une belle âme

Et d’en être chéri en retour.

Comment vous déclarer ma flamme ?

 

Princesse, mon cœur est bien lourd,

C’est un baiser que je réclame.

Alors, je saurai pour toujours

Comment vous déclarer ma flamme.

Martine Desgrippes Devaux

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Peinture Suzanne Desgrippes

Humeurs entomologiques

                  (fable)

 

Il y a bien longtemps, le peuple des insectes

Connut des convulsions et des passions suspectes.

 

La jeunesse d’abord entra en rébellion,

S’insurgeant violemment contre l’éducation.

 

La colère enflammait larves et chrysalides

Qui voulaient abolir des lois liberticides.

 

Et ce fut dans la rue un fameux branle-bas,

Où la foule scandait : « Continuons le combat ! »

 

Le roi, un grand criquet qui avait fait la guerre,

Était un gouvernant assez autoritaire.

 

Il envoya bientôt de sombres bataillons

Qui devaient sans pitié mater l’insurrection.

 

La gent industrieuse, abeilles et termites,

Rejoignit les mutins en rangs hétéroclites.

 

Et pendant ce temps-là, cigales et grillons

Célébraient l’amour libre et la révolution.

 

Libellules, fourmis, mouches et coccinelles

Réclamaient à hauts cris de nouveaux droits pour elles.

 

Lassé par le chaos, le vieux roi s’éclipsa,

Alors, en quelques jours, la pagaille cessa.

 

Chacun rentra chez soi et redevint docile

Avec le souvenir d’un tumulte inutile.

 

Pas tout à fait, pourtant, car les mentalités

Surent évoluer vers plus de libertés.    

 

Martine Desgrippes Devaux   

FESTIVAL DE CANES

 

 

 Le Festival de Cannes

 Vit, un jour, arriver

 Un festival de canes

 Elégamment parées…

 

Leurs chapeaux décorés

Rayonnaient d’élégance…

Jolies pattes palmées,

Digne coïncidence !

 

Mais ce dont elles rêvaient,

C’était la Palme d’or,

Convoitée, en secret,

Tel un précieux trésor.

 

En cette heure délicate,

Elles doutaient de leur charme.

Le tapis écarlate

S’imprégnait de leurs larmes.

 

Une aïeule populaire

Par Brassens fut chantée. *

Pour fredonner un air,

Il suffit d’y penser…

 

Quelque peu nostalgiques,

Elles y songeaient toujours.

Une douce musique

Venaient bercer leurs jours…

 

Car la cane de Jeanne 

Fut immortalisée !

Les souvenirs émanent

Des lointaines années !

 

Monique Renault

 

* La cane de Jeanne : paroles et musique de Georges Brassens

 

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*Peinture : Monique Renault

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*Peintures : Monique Renault   

LES OISEAUX

 

On vous zoome, on vous filme; vous illustrez nos livres.

On vous peint, vous dessine; on vous regarde vivre.

Qui êtes-vous, l’Oiseau, au Jardin des délices?

Etes-vous angelot, êtes-vous maléfice?

 

Ô ! La belle envolée, Cigognes majestueuses,

Sous la voûte azurée, au- dessus de la Meuse!

Levons les yeux au ciel, les voici qui arrivent,

A grands battements d’ailes, volant de rive en rive…

 

Le Mainate répète, incessamment, les mots.

Il se fait l’interprète, insigne, des propos…

« La Sologne me plaît ! » dit le Martin-pêcheur. 

En Prince des marais, il chérit sa demeure!

 

Comme Arsène Lupin, la Pie à l’œil curieux,

A choisi son butin brillant de mille feux…

Univers diabolique, Henri-Georges Clouzot,

Te donna la réplique, obscur Maître Corbeau!

 

Ô ! Mythe d’une époque présente en nos mémoires,

Monsieur Alfred Hitchcock créa l’étrange histoire:

Démoniaques mécènes, des oiseaux migrateurs,

Au plumage d’ébène, foisonnent de noirceur… 

 

Pour ces forbans, être « ange » est mission difficile;

Mais douce est la Mésange, élégante et gracile!

Picasso sublimait la Colombe divine,

Egérie de la Paix, aux plumes d’opaline.

 

Mes nuits sont bien plus belles que l’éclat de vos jours,

Dit la Chouette rebelle, princesse de l’humour !

Le paon qui se promène rêve d’être admiré ,

Et quand il entre en scène, on aime sa beauté.

 

Lorsque vient le printemps, l’Oiseau construit son nid,

Et l’été tout le temps, il chante à l’infini !

Quelquefois Séraphin, démon du Septième Art,

L’Oiseau mérite bien quelques rimes de gloire…

 

Monique Renault

                                                              

Quelques haïkus

CHINOISERIES

                       
Nouvel an Chinois
Couleurs fête et feux de joie
L’animal est roi
 

La poule et la vieille Buick

Telle une pelouse

Pour la vieille Buick un champ

La poule est jalouse

 

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Papillon rêveur

 

 

Curieux papillon

 Dans l’eau aimerait nager

Parmi les poissons

Les chats pitres

                  

Les chats se déguisent

C’est le carnaval ils aiment

Jouer à leur guise

.

Monique  Renault

 

*Peintures Monique Renault

 Je hais les pigeons

 

Je hais les pigeons

 

Aux yeux ronds

qui tournent en rond

le long de nos blanches

cathédrales

 

Je hais les pigeons

 

Au plumage mordoré ou gris

qui font pleuvoir sur la tête

des passants leurs déjections

 

Je hais les pigeons

 

Ces animaux futiles perchés

comme l’ennui d’un dimanche anglais

sur nos antennes de télévision

 

Je hais les pigeons

 

Et plus encore les vols d’étourneaux

quant au printemps leurs escadrilles

fusillent nos balcons

 

Parfois je fais un rêve

 

De pigeons fumant dans une assiette

baignant dans une mer de sauce

aux champignons mmm …

 

Ou encore de chats assis sur un trottoir au soleil se léchant les babines au milieu des plumes d’un pigeon entraînées par le vent

 

Je hais les pigeons

 

Je hais les pigeons

 

Je hais les pigeons

Bernard Denouel

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Mon père et le corbeau

 

Mon père aimait les animaux  

 

Enfant il avait recueilli un corbeau

 

Il l’appela Corax

 

Corax était un animal intelligent

comme tous les corbeaux

 

Selon l’historien Michel Pastoureau

on a vu un corbeau poser des noix

dans le sillage des roues d’un bus

pour les casser

 

Il rapporte aussi

un corbeau s’il a soif

peut laisser tomber des cailloux

dans un seau pour faire monter l’eau

et la boire

 

Corax et mon père devinrent rapidement amis

 

Il fallait voir le corbeau venir le soir

se poser sur l’épaule de mon père

 

Corax le regardait de ses yeux ronds

avec un amour absolu

 

Ses plumes noires dansaient dans le soleil

 

Un jour Corax ne revint pas

 

Mon père désespéré le chercha

pendant des heures

 

Il finit par le découvrir mort

sur un tas de fumier

 

Sa mère interrogée accusa les poules

de l’avoir tué

 

Mon père la soupçonna toujours

d’en être l’auteur

 

Peut-être avait-elle peur des corbeaux

Bernard Denouel

Le petit rat de librairie

 

Comme il existe des rats de bibliothèque

mes frères je suis un petit rat de librairie

j’en porte fièrement les moustaches

je furète j’erre entre les rayons

à la recherche de la perle rare

rat du jour toujours à l’affût

j’ouvre les livres au hasard

d’un œil rapide j’ai l’œil absolu

je parcours une page puis l’autre

puis l’autre encore une autre

et la quatrième de couverture

poésies romans récits que m’importe

 

Je plains ceux qui n’ouvrent jamais un livre

ils ne savent pas les malheureux

que lire c’est une question d’amour

les non-lecteurs disent souvent

on n’a pas le temps de lire

mais si l’on en croit Pennac

si on devait relier le temps et l’amour

personne n’aurait de temps

à consacrer à l’amour

or lire c’est du temps volé

précisément comme pour l’amour

 

Donc passager clandestin à bord

du bateau-livre je suis

je grappille tant que je peux

et j’ai toujours envie de crier

à la face du monde

je suis heureux je suis heureux

quand je plonge au cœur du livre

Bernard Denouel

Quel animal êtes-vous ?

Êtes-vous cet être volage, léger, un peu brouillon

Qui gravite sans cesse autour des jolies fleurs,

Effleurant d’un frisson, d’un baiser, leur cœur,

En Messager d’un jour, aux couleurs papillon ?

Êtes-vous vif et retors, toujours aux aguets,

Traquant sans cesse et sans pitié toutes les proies,

Dans ce monde obscur où la finance fait loi,

Ce requin furtif glissant en maître parfait ?

Êtes-vous blanc ou noir, aimant les herbes grasses

Et beau Panurge que vous suivez bêtement,

Sous les ciseaux d’argent ; on bêle et se prélasse,

Tout mouton que vous êtes, en écho au printemps ?

Aimez-vous profiter d’un grenier déserté,

Où cet art du carnage s’exerce en silence,

Dans les coins secrets, vous détruisez sans regrets,

Vous, la fouine qui rôdez avec aisance ?

Observez-vous, fier prince du camouflage,

Chaque détail scruté de vos yeux de malin,

Car la ruse est éclat qu’ignore l’entourage,

En renard avisé, riez-vous des voisins ?

Chantez-vous tous les jours devant le buffet vide,

Quand l’ombre de la guerre s’allonge sur les gens,

Que reste-t-il alors de vos airs insouciants,

O pauvre cigale au chant fier mais candide ?

Êtes-vous cette affairée, œuvrant sans vrai répit,

Un travail sans fin, soumis aux lois du temps,

Amassant des euros et confort patiemment,

Pour créer des bienfaits qu’amasse la fourmi ?

Parlez-vous de tout, de rien, toujours jacassant

Les nouvelles du jour roulées dans le gosier,

De mille mots surgis d’un poitrail éclatant

Comme une pie conteuse en un flot trop pressé ?

Aimez-vous vous détendre sur les coussins dorés,

Vos yeux d'ambre profond reflétant mille rêves,

Et votre ronflement nous caressant sans trêve,

En chat mystérieux aux airs si raffinés ?

Avez-vous cette grâce qui effleure le désert,

Sous l’ombre des palmiers, où le gazou s’impose,

Fuyez-vous, vive et fugace, en bonds éphémères,

Comme une gazelle aux yeux étoilés moroses ?

Si vous êtes papillon,

Soyez-le de bon matin

Si vous êtes gros requin,

Je vous chante une chanson,

Si vous êtes mouton blanc,

Méfiez-vous dans la colline,

Si vous êtes belle fouine,

Vous vous casserez les dents,

Si vous êtes ce renard,

Ôtez-vous de mon chemin,

Si vous êtes la cigale,

Attention aux lendemains,

Si vous êtes la fourmi,

Votre bien ne vaudra rien,

Si vous êtes pie jacteuse,

Rien ne sert de jacasser,

Si vous êtes chat coquet,

Laissez donc la vie rêveuse,

Si vous êtes la gazelle,

Bondissez contre le vent.

 

Si vous n’êtes pas ceux-là,

Cherchez alors l’animal

Qui est en vous, tralala

Jeu qui ne fait aucun mal !

Brigitte Vivien

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A Estelle

 

J'avais un petit chien

un petit chien de rien

une touffe de poils

une boule de coton

à la robe blanc-sale

et teintée de marron.

 

Je lui avais donné

le nom d'une demoiselle.

Il n'y a rien d'étonnant

à s'appeler Estelle

 

Pendant plus de treize ans

elle m'a accompagnée

et les filles avec moi

et Pépé et Mémé

et Louis un peu après.

 

Elle n'obéissait pas

n'en faisait qu'à sa tête,

inondait les tapis et souillait la moquette.

Et nous l'aimions quand même

et nous l'aimions comme ça.

 

Sur toutes les photos

elle pointe son museau

et sa tête penchée

elle fait rire l'assemblée.

 

Depuis le canapé, elle surveillait son monde

l'œil entrouvert et l'oreille dressée.

Prenait-on un manteau,

la voilà qui fonçait et vers nous accourait.

Elle comprenait les mots

elle était aux aguets.

 

Assise dans mon fauteuil

elle venait me rejoindre.

Nous n'aurions pas, c'est sûr, entre nous

 pu glisser une feuille.

Je pestais, elle grognait

mais nous étions si bien.

Moi la main sur elle abandonnée

elle son menton sur l'accoudoir posé.

 

Et puis un samedi

un samedi matin

dans le creux de mes bras

j'ai pris mon petit chien

 

Parce que tu souffrais trop,

c'est ce qu'il nous semblait.

Parce que ton petit corps abîmé,

fatigué, si usé,

nous blessait

j'ai décidé qu'on devait se quitter..

 

Tes yeux me regardaient,

je m'imprégnais des tiens

grands, beaux, tristes mais déjà apaisés,

qui se refermeraient ce samedi matin.

 

Tu es partie

sans souffrir.

Une minute a suffi,

juste un instant

pour t'endormir

très doucement.

 

Nous t'avons couchée au fond du jardin

tous près des roses et des sapins.

Tout près de nous, de ta maison

d'où je te fais, à l'occasion,

un petit signe de la fenêtre

que tu peux seule reconnaître.

 

On me dira bien sûr

que ce n'était qu'un chien,

un petit chien de rien

juste une petite bête.

 

Mais ce petit chien là,

si gentil,

avec ses grands yeux tendres

si plein d'amour pour nous

qu'on ne pouvait que rendre,

dans mon cœur s'est blotti.

 

Alors dans nos pensées

gardons-lui une place.

Pour que rien ne s'efface,

qu'on ne l'oublie jamais...

Marie-Françoise Malherbe

La Mouette

 

 S'il fallait revenir sur terre,

comme certains souvent l'espèrent,

et d'un animal prendre l'apparence,

Un oiseau blanc aurait ma préférence.

 

Je serais une mouette ballottée par les vents

sautillant sur la plage où nous allions souvent.

J'éviterais l'écume des embruns verts et blancs

qui roulent les galets que j'aimais ramasser

en forme de petits cœurs comme des talismans.

 

Mouette chapardeuse du goûter de l'enfant

que sa petite main tenait innocemment,

emportant son butin gagné habilement

se souciant peu des pleurs par elle provoqués

ni des cris de surprise poussés par ses parents.

 

Je pourrais à loisir prendre de la hauteur,

sur les choses et les gens, les conflits, les malheurs

Je laisserais au sol mes doutes et mes peurs

Me sentirais légère, de mes maux délestée

et n'aurais du tumulte qu'une faible rumeur.

 

Mes ailes me porteraient vers des ciels lumineux

Je rejoindrais alors des êtres merveilleux

qui m'ont quittée trop vite sans véritable adieu

Nous serions réunis dans la paix retrouvée

et nos âmes voleraient dans l'infini radieux.

 

Mais à choisir vraiment, je l'avoue je préfère

que mon temps achevé, je devienne poussière

et que de l'au-delà je perce le mystère.

On ne peut pas refaire ce qui fut le passé,

notre vie est précieuse parce qu'elle est éphémère.

Marie-Françoise Malherbe

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AUX ANIMAUX

Rondel

 

Que vous soyez grands ou petits,

vous avez votre raison d’être

et non celle de disparaître,

de tant de rôles investis.

 

Sans vous, animaux mes amis,

la nature serait bien piètre.

De belles qualités nantis,

vous pourriez nous servir de maîtres.

 

C’est ainsi qu’étant avertis

et cherchant à mieux vous connaître

sans toujours vouloir vous soumettre,

vous devons respect par édit,

que vous soyez grands ou petits.

 

Jeanne FOUCHER  Janvier 2021

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À MON CHAT

Rondel

 

À toi, mon chat, mon compagnon

je dédie ce petit poème

pour te dire combien je t’aime,

silencieux, calme, mignon.

 

Certes, varient les opinions

à ton égard, mais quand bien même

à toi, mon chat, mon compagnon

je dédie ce petit poème.

 

Comment dire cette fusion

malgré ton air un peu bohème ?

Liberté étant notre thème

voilà qui soude cette union

à toi, mon chat, mon compagnon.

 

Jeanne FOUCHER  Janvier 2021

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