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Dialogue jour et nuit

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Quelques citations

Tu sais ce que c'est la mélancolie ? Tu as déjà vu une éclipse ? Et bien, c'est ça : la lune qui se glisse devant le cœur, et le cœur qui ne donne plus sa lumière. La nuit en plein jour.  Christian Bobin

   Les lucioles jouent les mites. Elles trouent la toile de la nuit pour que le jour passe à           travers. Sylvain Tesson

Faire du jour la nuit et de la nuit le jour, c'est un moyen commode de ne pas voir les honnêtes gens. Alfred de Musset

Vivre, c'est se réveiller la nuit dans l'impatience du jour à venir, c'est s'émerveiller de ce que le miracle quotidien se reproduise pour nous une fois encore, c'est avoir des insomnies de joie.   Paul-Emile Victor

L'optimiste pense qu'une nuit est entourée de deux jours, le pessimiste pense qu'un jour est entouré de deux nuits. Francis Picabia

Le dialogue paraît en lui-même constituer une renonciation à l’agressivité.  Jacques Lacan

Tout l’art du dialogue politique consiste à parler tout seul à tour de rôle.   André Frossard

« Il n’entend pas ce qu’on lui dit, à force d’écouter ce qu’il va dire. » Henri de Régnier

« Le dialogue véritable suppose la reconnaissance de l’autre à la fois dans son identité et dans son altérité. » Proverbe africain

Le plus difficile dans l’art du dialogue, ce n’est pas de parler, c’est d’apprendre à écouter. Jean-Marie Petitclerc

Textes d'auteurs

Dialogues

Être Ange

Être Ange

C’est Étrange

Dit l’Ange

Être Âne

C’est étrâne

Dit l’Âne

Cela ne veut rien dire

Dit l’Ange en haussant les ailes

Pourtant

Si étrange veut dire quelque chose

étrâne est plus étrange qu’étrange

dit l’Âne

Étrange est !

Dit l’Ange en tapant du pied

Étranger vous-même

Dit l’Âne

Et il s’envole.

Jacques Prévert

Colloque sentimental

Dans le vieux parc solitaire et glacé,

Deux formes ont tout à l’heure passé.

 

Leurs yeux sont morts et leurs lèvres sont molles,

Et l’on entend à peine leurs paroles.

 

Dans le vieux parc solitaire et glacé,

Deux spectres ont évoqué le passé.

 

– Te souvient-il de notre extase ancienne ?

– Pourquoi voulez-vous donc qu’il m’en souvienne ?

 

– Ton cœur bat-il toujours à mon seul nom ?

Toujours vois-tu mon âme en rêve ? – Non.

 

– Ah ! les beaux jours de bonheur indicible

Où nous joignons nos bouches ! – C’est possible.

 

– Qu’il était bleu, le ciel, et grand, l’espoir !

– L’espoir a fui, vaincu, vers le ciel noir.

 

Tels ils marchaient dans les avoines folles,

Et la nuit seule entendit leurs paroles.

Paul Verlaine, Fêtes galantes

Dites donc, un poète

- Dites donc, un poète, à quoi ça sert ?

- ça remplace les chiens par des licornes.

- Dites donc, ça n'a pas d'autres talents ?

- Il apporte le rêve à ceux qui n'osent pas rêver.

- Vous trouvez ça utile, dites donc ?

- Quand il veut, il persuade les comètes de s'arrêter chez vous.

- Il trouble l'ordre, dites donc, ce type-là.

- Pas plus qu'un vol de scarabées,

pas plus qu'un peu de neige sur l'épaule.

- Il est bon pour l'hospice, dites donc.

- Il transformerait en palais de cristal avec mille musiques.

- Qu'on le conduise à la fosse commune, dites donc, ce poète.

- Alors décembre se prolongera jusqu'à la fin de juin.

Alain Bosquet

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Jour et nuit

Nuits de juin

 

L'été, lorsque le jour a fui, de fleurs couverte

La plaine verse au loin un parfum enivrant ;

Les yeux fermés, l'oreille aux rumeurs entrouverte,

On ne dort qu'à demi d'un sommeil transparent.

 

Les astres sont plus purs, l'ombre paraît meilleure ;

Un vague demi-jour teint le dôme éternel ;

Et l'aube douce et pâle, en attendant son heure,

Semble toute la nuit errer au bas du ciel.

                 

Victor Hugo (1802-1885)

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 Le petit jour

Le petit jour bat la semelle Il guette pour voir si j’allume

Il fait craquer la gelée blanche

s’amuse à souffler sur la lune

Son haleine fait de la buée Le petit jour a froid aux pieds

Je me réveille dans mon chaud J’aimerais bien prendre mon temps

n’ouvrir les yeux que s’il fait beau Hélas le petit jour m’attend

 

- Petit jour qui deviendras grand

pourquoi frappes-tu à ma porte ?

— Je m’ennuie tout seul dans le noir Prépare-nous un bon café

— Petit jour qu’est-ce que tu apportes ? Va au moins me chercher du bois

 -Je t’apporte le rouge-gorge

l’odeur du brouillard dans les bois

Je me lève donc avec le jour Il entre Il fait entrer le froid

 

Le petit jour devenu grand

disparaît et me laisse en plan

 

Me voilà seul avec le feu

avec le grand jour et le chat

C’est tous les matins même jeu Le jour m’éveille et puis s’en va

Je dis on ne m’y prendra plus Petit jour je n’ouvrirai plus

 

Mais demain encor je serai content

de me réveiller habitant du temps

 

Avec un petit jour qui m’attend à la porte

et qui bat la semelle attendant que je sorte

Claude ROY, La Nouvelle guirlande de Julie

L'ombre du soir

Paris

 

Le ciel brillait d’un sourire incarnat

Noyant Paris de brume violette ;

Triste, le jour lassé s’abandonna,

Contre le sol pressant soudain sa tête.

 

Avec lenteur s’ouvrit l’aile du soir,

Une aile bleue, au-dessus de la terre ;

Quelqu’un saisit une poignée de pierres

Et les jeta dans un sombre miroir.

 

En de changeants satins berce la Seine,

Avec douceur, un petit vapeur blanc ;

Sur l’eau la fête ainsi que sur la scène

Répand son luxe avec ses feux dansants ;

 

Venant au fleuve, en rangs sur lui se penchent

Les peupliers qui semblent des géants ;

Dans la dentelle étrange de leurs branches

S’allume un clair semis de diamants.

Maximilian VOLOCHINE

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Nos poèmes sur le thème

Le jour, la nuit

l’on veut nous opposer

alors qu’ensemble

nous sommes une journée

Le premier dès l’aube

pointe le bout de son nez

et poursuit son chemin

toute la journée

avec l’indicible espoir

d’aller jusqu’au soir

et passe le relais

à la nuit tombée.

Celle-ci ne peut refuser

ce cadeau

qui lui permet d’assurer

le repos

De cette bienveillance

elle en tire des bienfaits

se donne de l’importance,

mais c’est avec regret

qu’elle verra le matin

bientôt se lever.

 

Mireille Marie

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— Qui es-tu le jour

pour vouloir commander ?

Tu pourrais dire bonjour

avant de t’imposer

tu vas tu viens

toute la journée

sans penser que rien

ne peut te déranger.

 

— Écoute-moi la nuit

ne viens pas m’embêter

tu détestes le bruit

tes raisons sont fondées

cessons donc de nous quereller

l’un de nous provoque le sommeil

quant à l’autre il évoque le réveil

nous nous complétons à merveille

alors scellons un pacte désormais

car nous sommes liés pour l’éternité

 

Mireille Marie

RENCONTRE FORTUITE

 

Dans un clair-obscur qui s’éteint,

le jour glisse vers un lointain

qui progressivement s’estompe.

Et l’on murmure : « la NUIT tombe ».

 

Le JOUR s’attriste, mais, soudain,

il perçoit une ombre qui vient.

 

— Tiens ! la NUIT ! ma chère voisine

dont l’éloignement me fascine.

 

— Vraiment ? A chacun son destin

Le temps passe soir et matin.

 

— Et vous, vous êtes philosophe,

du moins vous en avez l’étoffe.

 

— Étant nocturne j’ai mes secrets …

 

— Et moi je garde mes regrets.

Nous nous cherchons … à contretemps,

chacun peut en dire tout autant.

 

— Oui, nous jouons à cache-cache,

mais en cela rien ne me fâche.

 

— Si différent est notre sort !

Je suis la vie et vous la mort !

 

— Que non ! Toute une vie dans l’ombre

s’éveille, secrète et sans nombre.

 

— Mais alors, pourquoi vous cacher ?

Moi j’aimerais vous rencontrer.

 

— Eh bien, attendons l’équinoxe

(surtout, refusons toute intox)

 

— Soit, mais pourquoi ce jour d’été ?

 

— Ce bref instant d’égalité

peut favoriser la rencontre …

Que l’avenir nous le démontre.

 

Jeanne FOUCHER      Décembre 2023

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Diatribe

Une nuit de printemps, douce et voluptueuse

voulant étirer sa langueur,

s’en prit d’une manière acerbe et querelleuse

au jour qui poignait sa blancheur.

 

« Eh quoi ne pouvez-vous attendre pour paraître

que j’ai consumé tout l’honneur   

D’abriter les amours, l’intime et le bien-être ? »

Le jour répliqua, persifleur :

 

« Parce que sans pudeur, en totale imposture,

Vous nommez la complicité

Favorisant le crime et autre forfaiture 

Honneur ?  Quel scandaleux toupet !"

 

La diatribe engagée, vite dégénéra

devint indigne d’un débat

astrocéleste. Il fallait cesser le combat.

Ce fut l’aube qui s’en chargea.

 

Irène Gaultier-Leblond

dialogue entre cassandre et harpocrate

 

 

cassandre    

 

une ouverture- peut- être une fenêtre

fait passer    un rayon de lune

où dansent des pantins brumeux

leurs chants sont nombreux et tristes

ou alors mon œil contient

des images lumineuses et mouvantes

qui se réalisent sous la paupière

 

mes paupières se lèvent- un doute

le rayon disparu par la fenêtre

soit ouverte offrant des brumes

mêlées à la fumée d'une cigarette

une architecture flottante

qui n'apprend rien des alentours

peut- être un ange- un âge

 

 

harpocrate

 

à la lourde nuit des dieux

la fenêtre accueille  la lune

caressant les possibilités

il se peut même qu'un artiste

(j'en oubliais le temps stérile)

une paille dans le regard

pour descendre ma bière

 

puis légère comme une lyre

la plume d'un pigeon échouée

passes sa pointe dans la nuit

avant d'écrire l’œuvre

en nyctalope et en vampire

en rouge et noir- l'empire

des lettres sans orgueil

 

 

cassandre

 

rien personne la nuit a même fermé l'oeil

on recourt aux ombres pour se diriger

dans les ruelles fades  au couteau possible

qu'aucune lumière ne fait jaillir

dans la poche du tyran régnant mal

sur les secondes précieuses de l'humanité

il faudrait un soleil qui fut un peu malade

 

elle a capté par la fenêtre une lueur

comme un chant de sérénade abstrait

qui mélange ses notes & ses mots

avant de les envoyer dans l'atmosphère

qui mélange sa parole à l'absence

il y a presque du silence dans cette mesure

qu'elle retient comme une nuit d'amour isolé

 

 

harpocrate

 

sur le silence vogue

un écho volontaire

de sonate songeuse

au clair de lune

et le baiser savant

d'un prince vague

réveillant la belle

 

ses paupières sont légères

comme des papillons

lorsqu'elle le regarde

sa lèvre humide

colmate le baiser

qui tremble un peu

d’appartenance

 

 

 

 

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cassandre

 

elle vit dans les règles de l'art

(l'art soupire puis s'exhibe)

elle a le temps et les détails

là où s'égarent des yeux errant

cherchant la formule ou le fond

une sorte de fard discréditant

le totalitarisme du monde

 

elle suit la nuit qui fait son deuil

des instincts précis- des précis d'éthique

elle rêve avant même le geste

(de tant de mouvements elle a peine)

puis jette des adieux sur la toile

sur le papier auteur de la matière

en guise de miel la lumière

harpocrate

 

une rose avortée- inerme

elle doit sa chair à l’embarras

de ne donner plus son parfum

à la narine qui s'y promène

de n'offrir plus qu'une couleur

qui n’apparaît qu'à la nuit

abstraite et sans contact

 

à la rosée- mais lune pluie et rose

une sœur qui a su résister

à la proposition du vase

tragique affreuse abandonnée

comme le sont toutes les fleurs

dès qu'on devine le bouquet

à la fois caresse et pot

 

cassandre

 

ce que la nuit dédie au jour

(c'est un parfum singulier

d'ombres & de nuances

de chœurs & de contours)

ce sont aussi des pas insonores

qui saluent leur cheminement

jusqu'au point de départ

 

la lune rose à peine inquiète

mélange ses chairs au soleil

dans un écho de feux statiques

de fous regardant par la fenêtre

s'illuminer leurs pensers gris

(les idées n'ont plus de couleur)

- l’œuvre intime du matin pose

 

 

harpocrate

 

nuit je te suis dans l'univers

rose et pervers au commencement

autre et las au coucher

comme les cordes d'un instrument

jouées par un paganini

 

il en a gagné ton silence

même l'horizon est indécis

et seul le hasard mise l'écho

dans les traverses du ciel

 

le silence est la nuit de la lune

la musique est le jour qui pleut

sur le mouvement des mains

comme des chaînes bienveillantes

qui relient le jour à la nuit

le mutisme à l'absence

Ludovic Duclos

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Jour et nuit

 

Dis-moi la nuit

 

Chut chut iIs dorment tous

 

Qui

 

Qui

mais voyons les enfants les parents

les oiseaux les fleurs les arbres

toute la nature enfin à cette heure se repose

 

Sais-tu que certaines fleurs

se ferment dès la nuit tombante

pour s’offrir le lendemain au soleil

 

Mais la nuit tu sais je ne t’aime pas

 

A mon goût tu es trop sombre trop noire

trop obscure avec cette absence cette disparition cette disgrâce de la lumière

 

Et ce sommeil qui ressemble de si près

à un puits sans fond comme la mort

 

Et l’ankou ce serviteur de la mort ne vient-il pas à la tombée de la nuit

 

La nuit n’est-elle pas aussi cet univers du secret de la dissimulation du crime et de la peur

 

C’est pourquoi j’ai cette angoisse au fond du cœur dès le crépuscule au moment où le soleil semble sombrer dans une mer de sang à l’horizon

 

On dirait que le ciel déchire la terre

 

 

 

Moi je suis le jour

 

la lumière

la renaissance

la source de toute chose

le réenchantement du monde

 

Au moment où le soleil se lève

la vie le mouvement reprennent

on entend alors les milliers d’oiseaux

dans les arbres tous ces animaux

qui se répondent et l’activité des hommes des femmes tout reprend vie c’est la vie

 

Mais le jour tu n’y es pas du tout

frère et sœur nous sommes

endroit et envers de l’univers

masculin et féminin

 

Nous sommes liés à jamais

 

Car nuit je suis

lumière je suis

 

Que tu le veuilles ou non

même dans le désert la nuit

on trouve toujours ma lumière

 

Regarde un peu le ciel

avec ses constellations d’étoiles

ses comètes la lune jamais la même

parfois ronde parfois croissant

mais toujours en mouvement

 

Cette lune la muse des poètes

ce point sur un i au-dessus de la terre

ils la chantent depuis des siècles

et cela grâce à sa lumière

son calme sa beauté

 

Quant aux animaux je vois

que tu ne sors pas la nuit

 

Il y a des animaux de nuit

comme il y a des animaux de jour

 

La nuit ce n’est pas l’immobilité de la pierre

le silence absolu c’est aussi la vie toujours recommencée comme la mer

 

Un petit conseil le jour

 

Ne confonds pas

agitation et vie

 

Apprends à écouter la rumeur de la nuit

 

Bernard Denouel

Dialogue des jours et des nuits

 

 

 

jour     nuit

  un jour     une nuit

des jours    des nuits

 

. . . . . . . .

 

jour et nuit s'entremêlent

jours et nuits se confondent

enlacements harmonieux

affrontements implacables

 

embrassades du jour et de la nuit

dans les rêves souriants

réponses masquées ou dépassements

trame des vies  aux tissus embrouillés

 

mauvais ménage aussi

empoignades tendues

le jour taraude les heures de la nuit

de ses problèmes irrésolus

le jour ronge les heures de la nuit

de ses peurs de ses  oublis

aux urgences brûlantes

 

et la nuit dérangée

se venge

d'une apathie diurne ou d'un équilibre

compromis

doigt acéré sur la fêlure profonde

 

 

 

Daniel-Claude Collin / novembre 2023

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      Dialogue Nuit/Jour

 

 

 

 

"Allons ! allons ! monsieur soleil

Il est temps de vous réveiller.

Toute la nuit, j'étais en veille

Pour toutes les vies conserver !"

 

           "Grand merci, madame la Nuit,

           Votre travail est important

           Mais pour me lever aujourd'hui

           J'ai besoin d'un peu plus de temps."

 

"Allons ! Ne faites pas l'enfant

En vous cachant sous les nuages.

La vie du monde vous attend

Il suffit d'un peu de courage!"

 


          J'ai bien compris ! Je vous promets

           De vite me lever... demain...

           Je l'ai déjà dit, je le sais,

           Mais la saison n'arrange rien."

 

"Eh oui ! les fêtes de Noël

Vont certes me favoriser ,

Les lumières sont plus belles

Quand la nuit est arrivée."

 


          "Bientôt ce sera le printemps      

           Où la vie se réveillera.

           Et vous me verrez sur les rangs

           Du renouveau à tout va !"

 

          ---------

                                                           Julie - décembre 2023

Le soleil a rendez-vous avec la lune...

 

 

"Venez, venez vite ma belle,

Le roi du monde vous attend !

Tout se réveille à mon appel,

Sans moi, pas de vie en ce temps."

 

"Tout doux, tout doux, mon beau soleil !

Vous êtes brillant, je le sais.

Mais sans moi, n'y aurait rien de tel.

Vous dépendez de mes bienfaits..."

oOo

Soleil et lune conversèrent

Ainsi, bien des millions d'années.

Et si parfois ils se croisèrent,

Ils continuent à se chercher...

 

-------- 

  Julie - décembre 2023

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Au secours !...

 

 

La Nuit est tombée sur le monde.

 

Des entrailles de la terre

un long cri s'est élevé.

 

Chacun retient son souffle.

 

Et voici que soudain

dans le ciel apparaît

un timide rayon de soleil.

 

Le Jour a entendu

l'appel déchirant

de la Nuit.

 

Et la Vie

courageusement

reprend son cours.

 

                                                              Julie - décembre 2023

Vingt-quatre heures chrono

 Dialogue

             

 

 Le jour :

« - Hello ! Salut la nuit ! Montre-moi ton soleil !

Près de toi, il s’enfuit, et s’éteint la lumière !

Je suis le jour brillant de multiples merveilles ;

Incontestablement, c’est moi que l’on préfère !

 

La nuit :

 - L’Amour au clair de lune est un instant magique…

Toi qui vis sans étoiles, tu es bien arrogant !

Et, si ton ciel est bleu, il n’est point romantique ;

Je peuple de beaux rêves,  le sommeil des enfants …

 

Le jour :

- Au diable ton orgueil ! Admire moi plutôt !

La Nature et la Ville sont fières de mes scènes…

 Les couleurs jouent ensemble, qu’il soit tard ou bien tôt.

Pour  me mettre en valeur, nul besoin de mécènes !

 

La nuit :

- Joyeux feux d’artifice, lorsque vous jaillissez,

Vous transportez la foule, dans un élan intense.

A l’heure du crépuscule, par un beau soir d’été,

Pour le plaisir des yeux, que la fête commence !

 

Le jour :

 - Les plus beaux arcs-en-ciel, m’appartiennent, il est vrai,

Les nuages, en balade aimeraient les saisir…

Mais toi, tu ne pourras jamais les rencontrer…

Devant cette évidence, qu'as-tu donc à me dire ?

 

La nuit :

-  Point de rivalité ; tu pars lorsque j’arrive.

De notre belle union, naissent les vingt-quatre heures …

Je ne veux qu’une chose : que nos qualités vivent

Et remplissent le monde de joie et de bonheur ! »

 Monique Renault

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Bonsoir et bonjour

Bonsoir Madame la Nuit, clame Monsieur Jour.

Vous êtes sombre et si belle comme toujours

Que mon cœur ébloui, à votre vue, bondit,

D’incessants soupirs et de regrets, je blêmis.

 

Nuit, pourquoi tant espérer vivre près de vous ?

Quand au soir venu, cette heure, entre chiens et loups,

Vous rejetez au loin, vers un monde inconnu

Ma sublime clarté et ma chaleur aux nues !

 

Bonjour Monsieur Jour, murmure Madame Nuit,

Vous êtes si beau, resplendissant, plein de vie

Que ma pâle copie, clair de lune et d’étoiles,

À vos yeux semble fortune, ce n’est que voile.

 

Mais nous sommes, Nuit et Jour, un ballet envoûtant,

Deux faces d'une pièce, chacun fascinant,

Moi, Nuit, porte le secret, vous, Jour, la clarté,

Deux univers liés, en une dualité.

Nuit et jour alternant, comme une symphonie,

Vous, Jour, offrez l'espoir, moi, Nuit, la poésie.

Ensemble, tissons l'étoffe du temps qui s'écoule,

En ce ballet infini où chaque heure s'enroule.

 

Brigitte Vivien

Petit colloque entre amis

Lorsque furtivement revient l’heure incertaine,

Et lorsque tour à tour se ferment les persiennes,

Inévitablement s’affrontent Jour et Nuit

Oubliant la splendeur du soleil qui s’enfuit.

 

« Tu jettes sur le monde un bien sinistre voile.

— Je dépose en douceur mon mantelet d’étoiles.

 

— C’est la nuit que surgit vampire ou loup-garou.

— C’est la nuit que s’entend le doux chant du hibou.

 

— Dans la nuit du tombeau, de pauvres vies s’éteignent.

— Dans la chaleur d’un lit, de beaux amants s’étreignent.

 

— Tes cauchemars effraient le malheureux dormeur.

— Mais je lui offre aussi des rêves de bonheur.

 

— C’est dans l’obscurité que le prédateur guette.

— C’est dans la nuit qu’ont lieu les plus brillantes fêtes.

 

— L’insomniaque nourrit de sombres réflexions.

— Le poète souvent trouve l’inspiration. »

 

La discussion ne peut être encor prolongée,

Car la Nuit doit s’étendre et imposer sa loi.

Si son règne en décembre est à son apogée,

En plein cœur de l’été, c’est le Jour qui est roi.

Martine Desgrippes Devaux

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COLLOQUE SEMI-SENTIMENTAL

 

LUI-       « La nuit, le jour : contraste, c’est comme riche et pauvre

              Ils n’ont pas mêmes astres : l’un vient, l’autre se sauve »

 

ELLE-     « Point ne sont même monde. Parfois un clair-obscur

              D’une humeur vagabonde éclabousse le jour

 

               Pour l’instant d’un instant en son apparition

               Phénomène inconstant avant dissolution »

 

LUI-       « Alors la nuit s’en vient en son calme profond

               Le silence survient ; nul, là-haut, ne répond »

 

ELLE       « Le froid survient aussi d’insondables abysses

                Il va tout engourdir dans son apocalypse »

 

Danièle MANOURY     CAEN le 27 MAI 2023

Dialogue impossible.

 

Volant en créature étrange

dans la nuit, la chauve-souris,

avant de regagner sa grange,

ne pense qu’aux insectes pris.

 

Mais l’obscurité finissante

empêche l’animal d’y voir

et le contraint à la descente,

cherchant un abri jusqu’au soir.

 

« Le jour se lève » dit le merle

et, dans la clarté du matin,

la rosée attirante perle

sur les brins d’herbes du jardin.

 

« Mais quel est donc ce monstre sombre,

sans doute échappé de la nuit,

que je vois tapi, comme une ombre

au pied d’un arbuste, ébloui ? »

 

Le merle alerte ses compères

qui sifflent l’hôte inattendu

du sorbier jouxtant les parterres

avec un vacarme impromptu.

 

Oyant l’indescriptible alarme,

un homme sort de sa maison

et met le visiteur sans charme

au fond d’une boîte en carton

 

en le lâchant la nuit tombée

pour qu’il s’envole quelque part.

Au jardin, la paix retrouvée,

la vie habituelle repart.

 

A l’impossible dialogue

entre êtres de nuit et de jour,

répond ce geste que j’évoque

pour apporter un peu d’amour !

 

Michel BARTHA:    May-sur-Orne, le 21 novembre 2023.

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Autres poèmes

UN SOIR, À LA TERRASSE D’UN CAFÉ

 

— Tiens ! POÉSIE ! Comment vas-tu ma vieille ?

 

— Et toi, UTOPIE ! Toi et tes merveilles !

 

— Oh moi ça va. Plutôt bon an mal an …

 

— C’est comme moi. Je chemine à pas lents.

 

— Toujours égarée dans tes rêveries ?

 

— Tu peux parler ! Toi et tes songeries …

 

— Oui, mais moi je prépare l’Avenir !

 

— Je sais, tu prétends toujours « voir venir »,

mais permets-moi d’être plutôt sceptique …

 

— Crois-tu que ton univers « poétique » …

 

— Mon univers ? C’est le monde réel,

c’est lui qui m’inspire, rien de virtuel !

Tandis que toi et tes vues de l’esprit …

 

— Mes vues ! Moi je crois que tu y souscris,

par d’autres chemins … sans le reconnaître.

Dis-moi, n’avons-nous pas le même maître ?

Le RÊVE ! Que serait la vie sans lui ?

 

— Oui ! Tu as raison. Allez, bonne nuit !

 

Jeanne FOUCHER    Mai 2013

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Soleil ardent     

 

                       

Ô soleil admirable enthousiasmant mon âme,

tu remplis mon désir d'inextinguibles flammes

et guides mon plaisir vers de beaux horizons

où un souffle paisible inonde ma maison.

 

Tu éclaires mon cœur ainsi qu'un doux flambeau

et ton rayon divin réchauffant l'atmosphère

apaise ma blessure où loge ma prison

et lance à ma vigueur un appel éphémère.

 

Lorsque tu parais ainsi qu'un astre ami,

tu offres à ma ferveur une flamme inouïe

et un songe serein sortant de mon esprit

traverse mon cerveau ainsi qu'une embellie.

Tu donnes à mon doux cœur une ardeur infinie

et chasses peu à peu sa pesante inertie

et lorsque ton sourire éclaire mon bonheur

une joie sans mélange efface mon malheur.

Marc Rébéna

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