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Couleurs

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Quelques citations et textes d'auteurs

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Tant que la couleur de la peau sera plus importante que celle des yeux, nous ne connaîtrons pas la paix. Hailé Sélassié

Un ton seul n'est qu'une couleur, deux tons c'est un accord, c'est la vie. Henri Matisse

Toutes les eaux sont couleur de noyade. Emil Michel Cioran

J'essaie d'appliquer des couleurs comme des mots qui façonnent des poèmes, comme des notes qui façonnent de la musique.

       Joan Miro

La beauté n'est pas dans les couleurs, mais dans leur harmonie.  Marcel Proust

Efface le gris de la vie et allume les couleurs que tu possèdes à l'intérieur... Pablo Picasso

J'ai été hier au cinéma. Voir un film en noir et blanc. Pas un film en couleurs : je suis en deuil. Raymond Devos

Si toute vie va inévitablement vers sa fin, nous devons durant la nôtre, la colorier avec nos couleurs d'amour et d'espoir. Marc Chagall

Ma vie c'est moi qui vais la peindre, alors je vais y mettre le feu en ajoutant plein de couleurs. Grand Corps Malade

Il faut qu'une porte soit ouverte... ou d'une autre couleur. Pierre Dac

Il y a deux sortes de mariage le mariage blanc et le mariage multicolore. Ce dernier est appelé ainsi parce que chacun des deux conjoints en voit de toutes les couleurs.                     Georges Courteline

Les couleurs politiques sont comme les couleurs du peintre, elles n'ont qu'une surface mince et cachent toutes la même toile. Alphonse Karr

 

 

Voyelles  

A noir, E blanc, I rouge, U vert, O bleu : voyelles,

Je dirai quelque jour vos naissances latentes :

A, noir corset velu des mouches éclatantes

Qui bombinent autour des puanteurs cruelles,

 

Golfes d’ombre ; E, candeurs des vapeurs et des tentes,

Lances des glaciers fiers, rois blancs, frissons d’ombelles ;

I, pourpres, sang craché, rire des lèvres belles

Dans la colère ou les ivresses pénitentes ;

 

U, cycles, vibrements divins des mers virides,

Paix des pâtis semés d’animaux, paix des rides

Que l’alchimie imprime aux grands fronts studieux ;

 

O, suprême Clairon plein des strideurs étranges,

Silences traversés des Mondes et des Anges :

— O l’Oméga, rayon violet de Ses Yeux !

Arthur Rimbaud

La terre est bleue  

La terre est bleue comme une orange

Jamais une erreur les mots ne mentent pas

Ils ne vous donnent plus à chanter

Au tour des baisers de s’entendre

Les fous et les amours

Elle sa bouche d’alliance

Tous les secrets tous les sourires

Et quels vêtements d’indulgence

À la croire toute nue.

 

Les guêpes fleurissent vert

L’aube se passe autour du cou

Un collier de fenêtres

Des ailes couvrent les feuilles

Tu as toutes les joies solaires

Tout le soleil sur la terre

Sur les chemins de ta beauté.

Paul Eluard, L’amour la poésie, 1929

Qui est vraiment l’homme de couleur ?

 

 

Homme blanc,

 

Quand je suis né, j’étais noir

Quand j’ai grandi, j’étais noir

Quand je vais au soleil, je suis noir

Quand je suis malade, je suis noir

Quand j’ai peur, je suis noir

Quand je mourrai, je serai noir

 

Tandis que toi, homme blanc

Quand tu es né, tu étais rose

Quand tu as grandi, tu étais blanc

Quand tu vas au soleil, tu es rouge

Quand tu as froid, tu es bleu

Quand tu as peur, tu es vert

Quand tu es malade, tu es jaune

Quand tu mourras, tu seras gris

 

Alors dis-moi, de nous deux, qui est l’homme de couleur ?

 Léopold Sédar Senghor

L’Oiseau bleu 

 

J’ai dans mon cœur un oiseau bleu,

Une charmante créature,

Si mignonne que sa ceinture

N’a pas l’épaisseur d’un cheveu

 

Il lui faut du sang pour pâture.

Bien longtemps, je me fis un jeu

De lui donner sa nourriture :

Les petits oiseaux mangent peu.

 

Mais, sans en rien laisser paraître,

Dans mon cœur il a fait, le traître,

Un trou large comme la main,

 

Et son bec, fin comme une lame,

En continuant son chemin,

M’est entré jusqu’au fond de l’âme !…

Alphonse Daudet, Les Amoureuses, 1858

 

Les papillons 

 

Le papillon, fleur sans tige,

Qui voltige,

Que l’on cueille en un réseau ;

Dans la nature infinie,

Harmonie

Entre la plante et l’oiseau !…

 

Quand revient l’été superbe,

Je m’en vais au bois tout seul :

Je m’étends dans la grande herbe,

Perdu dans ce vert linceul.

Sur ma tête renversée,

Là, chacun d’eux à son tour,

Passe comme une pensée

De poésie ou d’amour !

 

Voici le papillon « faune »,

Noir et jaune ;

Voici le « mars » azuré,

Agitant des étincelles

Sur ses ailes

D’un velours riche et moiré.

 

Voici le « vulcain » rapide,

Qui vole comme un oiseau :

Son aile noire et splendide

Porte un grand ruban ponceau.

Dieux ! le « soufré », dans l’espace,

Comme un éclair a relui…

Mais le joyeux « nacré » passe,

Et je ne vois plus que lui !

Comme un éventail de soie,

Il déploie

Son manteau semé d’argent ;

Et sa robe bigarrée

Est dorée

D’un or verdâtre et changeant.

Voici le « machaon-zèbre »,

De fauve et de noir rayé ;

Le « deuil », en habit funèbre,

Et le « miroir » bleu strié ;

Voici l’ « argus », feuille-morte,

Le « morio », le « grand-bleu »,

Et le « paon-de-jour » qui porte

Sur chaque aile un oeil de feu !

Mais le soir brunit nos plaines ;

Les « phalènes »

Prennent leur essor bruyant,

Et les « sphinx » aux couleurs sombres,

Dans les ombres

Voltigent en tournoyant.

 

C’est le « grand-paon » à l’oeil rose

Dessiné sur un fond gris,

Qui ne vole qu’à nuit close,

Comme les chauves-souris ;

Le « bombice » du troène,

Rayé de jaune et de vent,

Et le « papillon du chêne »

Qui ne meurt pas en hiver !…

Gérard de Nerval Odelettes

Deux petits éléphants blancs

 

C'était deux petits éléphants,

Deux petits éléphants tout blancs.

Lorsqu'ils mangeaient de la tomate,

Ils devenaient tout écarlates.

Dégustaient-ils un peu d'oseille

On les retrouvait vert bouteille.

Suçaient-ils une mirabelle,

Ils passaient au jaune de miel.

On leur donnait alors du lait,

Ils redevenaient d'un blanc tout frais.

Mais on les gava, près d'Angkor,

Pour le mariage d'un raja,

D'un grand sachet de poudre d'or,

Et ils brillèrent, ce jour-là,

D'un tel éclat que plus jamais,

Même en buvant des seaux de lait,

Ils ne redevinrent tout blancs,

Ces jolis petits éléphants.

Maurice Carême

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Nos poèmes

JEUX DE COULEURS

 

 

Vive les couleurs et leurs variantes

qui rendent l'existence plus riante.

L'uniformité engendre l'ennui ;

la couleur à la gaieté nous induit.

 

Imagine-t-on, sans fanions, la fête ?

le jardin sans fleurs, sans ses pâquerettes ?

Que dire de la sinistre burqa

qui, du corps féminin, sonne le glas !

 

Les couleurs d'amusent, se marient :

Bleu et jaune verdissent s'ils se lient,

mais s'il voit rouge, bleu devient violet.

Lorsqu'il s'éclaircit, et ce n'est point laid,

s'alliant à la rose, il est mauve tendre.

 

Le noir à la couleur peut-il prétendre ?

Le peintre Pierre SOULAGES le dit.

Alors devons-nous lui faire crédit ?

 

Noir c'est noir nous affirmait HALLYDAY.

À chacun de trouver sa vérité.

 

Jeanne FOUCHER Septembre 2023

ROUGE OU NOIR ?

 

Noire est la nue chargée d'orage

et la nuit porteuse de peur.

Noire est la colère peu sage

qui n'engendre que du malheur.

 

Rouge est le sang, fleuve de vie.

Rouge est symbole de l'amour

comme la fleur que l'on convie

à dire : "A toi et pour toujours".

 

Comme la lèvre purpurine

qui scelle les serments d'un soir

j'aime le rouge, alors devine

pourquoi je n'aime pas le noir.

 

Jeanne FOUCHER

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COULEURS

 

Elle chante. Elle nous enchante

l'ample symphonie des couleurs.

Sans elles que seraient les fleurs ?

Sans doute assez peu attirantes…

 

Le plaisir prendrait la tangente

dans un cadre mouillé de pleurs

évoquant plutôt le malheur

en une vie peu alléchante.

 

Dame Nature, heureusement,

y a pourvu abondamment

par sa palette généreuse.

 

De délicieuses nuances

sont une véritable chance

éveillant notre enchantement.

 

Jeanne FOUCHER Septembre 2023

COULEURS DE LA VIE

 

 

Pourquoi appelle-t-on nuits blanches

celles qui sont noires ?

 

Et pourquoi la colère fait-elle voir rouge ?

 

Si je suis verte de peur,

pourquoi cette dernière est-elle bleue ?

 

Notre existence se reflète-t-elle donc

dans cet étrange arc-en-ciel ?

 

Jeanne FOUCHER

La couleur des âmes ou La règle du « Je »

 

 

A l’encre de nos vies, écrivons  noir sur blanc,

Nos secrets envolés sur les ailes du vent !

 

Au gré de mon pinceau, en rêvant, je m’évade,

Les nuances, aussitôt, me jouent la sérénade…

 

Mais la teinte des mots, lorsque glisse ma plume,

Dira la joie, les maux, le bonheur, l’amertume…

 

Celui-ci a vu rouge, celui-là, que du bleu…

Tous les coloris bougent ; c’est la règle du «Je » !

 

Quand des propos pervers habitent la rumeur :

L’âme grise persévère, enfantant ses clameurs …

 

Attention à la  « Blanche »* car des éléphants roses

Hanteront vos dimanches, et valseront  les choses !

 

Mon rire devient jaune, quand surgit la souris,

Mais plus  vif qu’un cyclone, mon matou gris sourit !

 

Souriez, mauves et blancs, dignes rois de l’hiver !

« Chanson pour les enfants », merci, Monsieur Prévert !                 

Vous qui êtes fleur bleue, sous l’œil du désespoir,

Reculez-vous un peu, si votre ciel est noir …

 

Allez--vous mettre au vert, enivrez-vous des fleurs !

Respirez le grand air, réjouissez votre cœur !

 

Le rouge en lavallière, signant son entité,

Ne troublez pas grand-père, il lit « l’Humanité ».

 

Qu’il soit blanc, jaune, ou noir, l’Homme de tous les temps,

A façonné l’Histoire, sur  l’empreinte des ans.

 

Tantôt un Paradis ou tantôt un Enfer,

Les  accents de la vie, c’est l’ombre ou la lumière…

 

Et si à pile ou face, vous jouez votre destin,

Les couleurs ont leurs places, aujourd’hui et demain…  

Monique Renault

*La blanche : drogue

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                  COULEURS  EN  FETE

 

 

                  

Quand l’ombre et la lumière s’unissent dans tes cieux

Ô! Village, tu es cher,  à mon cœur, à mes yeux…                      

Quelques pépites d’or, et les reflets d’argent

Des roses de l’aurore, brillent au firmament.

                  

                  

Hélios, en promenade  s’avance pas à pas,               Jouant la sérénade, il  veut séduire Gaïa.

                  

La campagne enneigée comme un jeu de miroirs,

La forêt et les prés, scintillent jusqu’au soir.

 

Le soleil qui enflamme l’horizon dégagé,

Déclinera la gamme des rouges orangés…

                 

Lorsque la nuit s’avance, nébuleuses sublimes,

J’admire vos nuances ; vous inspirez mes rimes…        

 

En camaïeu de gris,  aux couleurs de l’ardoise,          

La nature assombrie se fait ombre chinoise…  

Un beau halo de lune éclaire, doucement,

L’écran de la nuit brune  qui, peu à peu, s’étend…

Alors, tournons la page; les muses vont dormir…

A demain, mon village, je t’aime et je t’admire!

 

Monique Renault        

Notre drapeau

 

 

"La levée des couleurs".

Eh oui ! c'était ainsi

Que l'on rendait honneur

A sa patrie chérie.

 

On levait le drapeau

Avec un grand respect,

Trois couleurs tout là-haut

Qui nous représentaient.

 

Pas n'importe lesquelles :

Le bleu, le blanc, le rouge,

Les traces immortelles

De la France qui bouge.

 

D'autres pays arborent

Ces mêmes trois couleurs,

Mais sans tous les accords

Des élues de nos cœurs.

 

Ô toi notre drapeau

Vénéré de nos pères !

Des couleurs, ton trio

Reste notre repère.

 

-------- 

 

                                                              Julie - septembre 2023

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Pourquoi ?

             ou

                  "la palette des couleurs"...

 

 

La vie en ce temps

Est en noir et blanc.

C'est oui ou c'est non

A toute question.

 

Etre pour ou contre ?

Pas d'hésitation.

Nous devons répondre

Par oui ou par non...

              oOo

"Et moi ! Pauvre de moi !"

Qui tant aime les couleurs,

L'arc-en-ciel des choix,

La palette des humeurs.

              oOo

J'aime les discussions,

Les échanges de vues.

Même sans solutions

Les idées évoluent.

 

Chaque matin, la vie

Vient me donner raison,

Quand je vois l'infini

De ses propositions.

 

Sa palette de couleurs,

Son nuancier offert,

Elargissent mon cœur

A l'aune de l'Univers...

             oOo

Pourquoi ! pauvre de moi !

De toutes ces valeurs,

Je devrais faire le choix

D'une seule couleur ?

 

Pourquoi ?...             

 

                                                                Julie - septembre 2023                

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COULEURS D'ETE

 

Couleurs d'été, couleurs de juin

L'été prend la couleur des foins.

Sur la côte, la moindre houle

Semble un dragon qui se déroule

Et étale sa robe d'or

La froisse et la défroisse encor.

L'hypnotisante mélodie

Des ors, répand sa panoplie.

Le vert opale de la mer

Remue ses algues dans l'aber,

Se pare de flèches brillantes

Capture l'étoile filante.

L'ombre vibrante de chaleur

Explose ses sautes d'humeur

Tel un ping-pong qui rebondit

Fusion d'un or qui refroidit.

C'est l'or du ciel qui se distille

Et qui de tous ses feux scintille.

L'échoppe du "grand bijoutier"

Ruisselle des ors de l'été.

 

Danièle MANOURY   CAEN, le 17 juin 2023

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AVEC LE CŒUR

 

Avec le cœur on voit des choses,

Bleues, mauves ou roses,

Avec le cœur on voit des choses !

La fleur née, la fleur éclose,

La branche où l'oiseau se pose,

Blanche, bleue ou rose,

Un matin que la pluie arrose,

Un œuf dont la coque explose,

La splendeur d'une passerose,

Un poussin né, petite chose

Près de la poule se repose.

Avec le cœur on voit des choses,

Bleues, mauves ou roses

Alors plus de persiennes closes,

Adieu malheur, adieu névroses,

Que votre cœur soit plein de roses

Pour qu'en ciel bleu il se repose !

 

Danièle MANOURY    TOURVILLE SUR ODON 1978 

Couleurs d’orage d’été.

 

 

Le ciel se couvre lentement

de noir, en habillant la ville

d’un linceul déjà menaçant

mû par un souffle encor tranquille.

 

Un éclair fend la chape au loin

à l’éclat blanc sentant l’orage,

suivi du tonnerre en chemin

avec un roulement sauvage.

 

Puis, pendant que le firmament,

dans son ensemble, s’illumine,

les vannes célestes s’ouvrant,

c’est le déluge qui domine.

 

La douche ne durant qu’un temps,

juste pour éveiller la flore,

les cieux retrouvent, grâce aux vents,

leur arc-en-ciel multicolore !

 

 

Michel BARTHA May-sur-Orne, le 12 septembre 2023.

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Couleurs

 

 

Jeu infini des fréquences

des infrarouges aux ultraviolets

l'univers est un arlequin facétieux

qui se moque de nous

en nous cachant l'infinité des longueurs d'ondes

 

Aveugles à ces moirures inaccessibles

frappés aussi de surdité

nous devons inventer des prothèses multiples

pour colorer notre esprit

un peu

de ces richesses qui nous échappent et nous narguent

en notre impuissance native

 

Mais notre arc - en - ciel s'élargit  à petits pas

n'en déplaise aux imbéciles braillards

et aux complotistes

qui ne voient pas plus loin

que le bout de leurs pouces frénétiques

aux écrans riquiqui

 

Les spasmes de la bêtise sont aussi insondables

 

 

 

Daniel-Claude Collin / septembre 2023

                                                          Couleurs

 

Donne, vert secourable,

courage et espérance

au lecteur en partance

pour ce poème aimable !

 

Et toi, mon ardent jaune,

lumineux et joyeux,

l'allégresse du faune

à son désir frileux !

 

Quant à toi ô mon rouge,

dynamisme et ardeur

pour que son âme bouge

et que vibre son cœur !

 

Mais, j'attends de toi, noir

voluptueux et secret,

une fraîcheur de soir

sur son front enfiévré.

 

Et de toi ô mon blanc,

en ton vaste silence,

l'ultime transcendance

sur son esprit planant.

                                  

Enfin de toi ô mon bleu,

calme et sérénité.

Repose ses deux yeux

par ton humble clarté !      

 

                                              

Marc REBENA   

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Bleue, elle entre

 

Bleuir ton âme

Laver tes encres d’obsidienne

Ecarter tes ombres

Unifier ton regard

Enterrer toutes tes peurs

Eclairer tes opacités

Libérer ta lumière

Lier la nuit à l’éblouissement du jour

Entrouvrir le rideau

Ecrire l’indigo de nos corps

Noyer l’intime et le solaire

Tenir les cauchemars en laisse

Rester là, à l’entrée de nos jours

Etre à ta frontière, en équilibre.

 

Véronique Garrigou

Le cœur en gris

 

Tout est gris.

Le ciel est gris,

Les murs et les toits sont gris.

Quelques volets déjà sont mis ;

Aucune présence, aucun bruit,

 pas même une herbe qui frémit

sur le trottoir asphalté gris

D’où viendra un signe de vie ?

Un chat, un chien, un parapluie ?

C'est un corbeau qui s’est lancé.

du coin de la rue dépassé

Jusqu’à la haute cheminée

Qu’il contourne pour se cacher.

Je le guette d’un cœur pressé.

Va-t-il de nouveau se montrer ?

Allez savoir pourquoi, pour qui,

Il m’a emportée avec lui

Depuis le ciel enfin essuie

Sa longue suie,

Fini le gris,

Place à la nuit,

 La lune luit.

Irène Gaultier-Leblond    27 juillet 2023

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DE TOUTES LES COULEURS

 

 

Bleu m’évoque un ciel de beau temps 

Qui le contemple est très content.

Cette formule est si banale

Le poème commence mal !

 

 

Blanc tu n’es pas une couleur

Les peintres te nomment « valeur »

Loin de moi, passe ton chemin

Vrai cauchemar de l’écrivain !

 

Rouge a semé la fureur

Qui ébranle ma bonne humeur

Dans ce désordre mes idées

Se perdent tout enchevêtrées.

 

Jaune buisson de mon jardin

Le soleil de tes fleurs foisonne

Tout ce qu’en bouquets tu me donnes

Vient enchanter mes clairs matins.

 

 

Vert printanier reste encore là

Tandis que s’avance l’automne.

Le sapin tressé en couronne

Vert à la Noël restera.  

 

Roses idées je vous préfère

Aux jours gris et aux jours amers

J’aime la vie tout en couleurs  

De poésie et de douceur.

 

Si tu ne sais plus que choisir  

Dans la palette des couleurs

Garde les plus chères à ton cœur

L’écossais t’irait à ravir !

                   cg

Le ciel dans tous ses états

 

chaque matin au réveil

une question sur les lèvres

 

comment sera le ciel ce matin

 

j’aime en effet le ciel dans tous ses états

 

le ciel en mouvement le ciel immobile le ciel bas

le ciel des profondeurs insondables

celui du jour celui du soir

le ciel des souvenirs le ciel de mon enfance

le ciel à tous les âges de ma vie

 

quand le ciel ressemble à la mer un ciel de peintre

et que j’aperçois comme si c’était la première fois

 

les nuages aux couleurs pastel qui se faufilent

comme des poissons argentés au milieu des filets bleus

 

je ressens au plus profond de moi

le bonheur indicible de vivre

 

rien de religieux dans ce sentiment

mais une plénitude intérieure

le ciel comme une immense métaphore de la vie

 

et dans ce ciel en mouvement

 

un écho se fait entendre

 

le souffle des vagues sur les rochers

 

les arbres qui s’agitent pareils à des bateaux

amarrés à la jetée

 

leurs troncs ressemblent à des mats échevelés.

il arrive parfois qu’à la tombée du soir les nuages

de gris deviennent  peu à peu rouges roses ou violets comme si un fleuve de sang se déversait soudain

dans le ciel tout entier

 

ma mère disait autrefois c’est un signe de guerre

 

je perçois alors comme un chant murmuré à mon oreille

 

celui de la douleur du monde

le chant de l’épouvante humaine

 

avec le temps l’ombre gagne à nouveau sur la lumière

et les nuages sont engloutis comme le reste

dans la pénombre

 

je devrai attendre le matin pour le recommencement

Bernard Denouel

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Montagne ou mer l’hiver

 

L’hiver je donnerais toutes les montagnes pour la mer

 

L’angoisse du blanc du ciel gris plombé

 

Les murs de pierre qui vous écrasent comme une forteresse

 

 

L’hiver je me sens décalé étranger au milieu de ces hommes ou femmes semblables à des cosmonautes

 

Ils marchent bizarrement sur les trottoirs

 

On dirait qu’on leur a coupé un muscle du jarret

 

 

Dans cet univers ce sont les détails qui me sauvent

 

Un coin de ciel dégagé de ciel bleu le ciel bleu

de Verlaine au-dessus du toit de sa prison

 

Un petit rayon de soleil qui perce une fenêtre

 

Ou la visite de l’expo permanente de Van Gogh

dont le jaune et le bleu triomphent

 

 

Oubli du temps je revois comme en rêve

la mer au-delà du champ de blé avec son horizon perdu son haleine fraternelle

Bernard Denouel

Retour du Québec

 

Québec, ce sont des voix, des odeurs, des images. A la poursuite de l’été indien, quatre amis. Cela commence mal. Montréal en plein été. Sa chaleur, ses tours inondées de soleil. Puis changement de temps. Alternance de grisaille et de ciel bleu, mais un ciel variant du bleu pâle presque blanc au bleu profond. Je comprends pourquoi le symbole du Québec est bleu et blanc. L’automne s’installe. Baisse de température. Le miracle. Après la verdure estivale,  les couleurs des arbres parfois rouge, mais souvent jaune, orange, avec des milliers de nuances. Mes amis courent après les reflets sur les lacs pour prendre des photos, ils reviennent souvent bredouilles. On aperçoit des bouleaux aux troncs blancs lisses élancés vers le ciel comme des silhouettes de femmes et qui se réfléchissent dans l’eau. Lorsque l’écorce manque sur les arbres, un orignal est passé.

 

Québec, un finistère, un pays du bout du monde longtemps oublié. Ouvert sur l’infini avec son fleuve St Laurent de quarante à soixante kilomètres de large dans l’estuaire, qui ressemble à la mer. Nous ne verrons que le fleuve à marée basse hélas. Des algues, des rochers, des odeurs marines. Les villages avec leurs maisons blanches paraissent sortis du décor du film Autant en emporte le vent ; avec les maisons multicolores, on se croirait en Irlande. Et puis moment de grâce, avec ce vol d’oies sauvages en formation au milieu d’un ciel gonflé de nuages semblables à une peinture impressionniste. Dans ce pays parfois facétieux, les couchers de soleil ne se donnent pas facilement.

 

Québec enfin, avec ces femmes et ces hommes aux yeux bleus ou gris, mais doux. Un pays de confiance où la peur ne règne pas dans les regards. Il suffit de croiser les yeux d’un Québécois, homme ou femme indifféremment pour qu’immédiatement il échange avec vous, et cela en toute quiétude. Tous pratiquent avec bonheur l’art de la conversation, avec cet accent si particulier, si agréable à nos oreilles de Français au parler plat. Cet accent semble tout droit sorti du dix-sept siècle, on dirait du Molière littéral. Alors des expressions, des mots inconnus surgissent, avec parfois aussi des malentendus. Ainsi ne dites jamais à un Québécois qu’il est « un habitant » ! Il vous regarderait de ses yeux ronds et rirait.

Bernard Denouel

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Les couleurs

 

Vert printemps

Rouge coquelicot

Jaune primevère

Bleu lavande

et un soupçon de blanc pâquerette

 

et me voilà habillée

pour la journée

 

— Tiens te voilà perroquet

me dit ma mère

— Pas le moins du monde

Rouge pour la planète mars

Jaune soleil

Bleu mer

Vert les petits hommes verts

et le blanc lunaire

— Oui c'est bien ce que je disais

te voilà bien colorée

 

Bientôt on enterra maman

aucun problème pour m'habiller

Le choix fut bien aisé

Merci les conventions

On ne se pose pas de question

 

Ce jour-là je revis

toute la fratrie

" Finalement le noir te va bien"

me disent les frangins

 

Et mes sœurs de rétorquer

"Maman aurait bien apprécié

qu'elle soit colorée

 

Depuis j'ai repris

mon bleu outremer

mon jaune outreterre

mon vert plus que vert

pour faire honneur à ma mère

seule à seule avec elle

Marie-Paule Demon

Rose

comme le petit cochon rose

Bleu

comme le bleu rassurant de tes yeux

Vert

comme le beau sapin vert

et voilà de quoi

colorer

une vie arc-en-ciel

Marie-Paule Demon

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Mes pensées bleues

gambadent dans les nuages

et s'envolent en images

dans un océan méthylène

elles divaguent à perdre haleine

dans le turquoise de ses vagues trop peu sages

 

mes pensées roses

pour chahuter le morose

pour une vie enivrée de pétales

poudrée de senteurs

et d'amour fatal

toute en eau de rose

 

mes pensées vertes

de maraudes en espérances

d'espérances en fulgurances

partager l'instant découverte

et dans la forêt toujours verte

plonger dans l'émeraude de ma vie

 

bleu rose et vert

s'entrelacent

pour snober les idées noires

sans fard ni cafard

sans hésiter et toute fière

je veux inscrire leur histoire.

 

Marie-Paule Demon

Cinquante nuances de gris

 

Le ciel est au plus bas et mon humeur au gris.

Les brouillards argentés, les nuages grisâtres

Qui endeuillent l'azur de sombres coloris

Donnent à cet été un goût des plus saumâtres.

 

 

Insensible à la pluie, indifférente au froid

Une éolienne au loin cisaille la grisaille.

À la place aujourd'hui des moulins d'autrefois

La plaine est envahie de géants de ferraille.

 

 

Un éclair fulgurant zèbre le ciel mouvant

Qui soudain s'obscurcit et vire à l'anthracite.

Le silence est troublé par la clameur du vent

Surpris, un passant court s'abriter au plus vite.

 

 

Sitôt que se produit l'orchestre assourdissant

De larges gouttes d'eau claquent sur le bitume.

La lueur des éclairs rend le monde angoissant,

Les ruelles mouillées sont couleur d'amertume.

 

 

La pluie cingle les toits, déluge torrentiel,

Et saccage les fleurs en pure malveillance.

Mais dans le ciel obscur, un timide arc-en-ciel

Déchirant la noirceur apporte l'espérance.

Martine Desgrippes Devaux

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Dégoût et des couleurs

 

 

 

Je dois bien l'avouer, je n'ai pas la main verte

Avec les végétaux, je suis loin d'être experte.

Je travaille pourtant dans un vieil entrepôt

Où j'entretiens sans joie des orchidées en pot.

Je porte du terreau et mon dos s'ankylose.

Pas de quoi se réjouir et voir la vie en rose !

Si parfois je me plains et si je broie du noir

Je ne me laisse pas aller au désespoir.

Un collègue stupide issu de la banlieue

Par une sombre nuit me fit une peur bleue.

Sortant de nulle part, il surgit derrière moi.

Grimé en mort-vivant, il causa mon effroi.

Je poussai un grand cri et blanche comme un linge

Pour comprendre, je dus me creuser les méninges.

Riant jaune devant mon bourreau rigolard

Je maudissais l'auteur du douteux canular.

Comme je voyais rouge, et réclamais justice

Je rêvais d'un procès dont je serais l'actrice.

Je prendrai pour gagner un avocat marron

Qui saura sans pitié l'envoyer en prison.

Je tiendrai ma vengeance, et souriant aux anges

Il se peut qu'un beau jour j'apporte des oranges.

Martine Desgrippes Devaux

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