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Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage,
Ou comme cestuy-là qui conquit la toison,
Et puis est retourné, plein d'usage et raison,
Vivre entre ses parents le reste de son âge !

Quand reverrai-je, hélas, de mon petit village
Fumer la cheminée, et en quelle saison
Reverrai-je le clos de ma pauvre maison,
Qui m'est une province, et beaucoup davantage ?

Plus me plaît le séjour qu'ont bâti mes aïeux,
Que des palais Romains le front audacieux,
Plus que le marbre dur me plaît l'ardoise fine :

Plus mon Loire gaulois, que le Tibre latin,
Plus mon petit Liré, que le mont Palatin,
Et plus que l'air marin la doulceur angevine.

Joachim Du Bellay

Le soir, ouvrant au vent ses ailes de phalène
Évoque un souvenir fragilement rosé, 
Le souvenirtouchant comme un Saxe brisé
De ta naïveté fraîche de porcelaine

Notre chambre d'hier, où meurt la marjolaine
N'aura plus ton regard plein de ciel ardoisé
Ni ton étonnement puéril et rusé... 
Ô frissons de ta nuque où brûlait mon haleine ! 

Et mon coeur, dont la paix ne craint plus ton retour
Ne sanglotera plus son misérable amour
Frêle apparition que le silence éveille ! 

Loin du sincère avril de venins et de miels
Tu souris, m'apportant les fleurs de ta corbeille
Fleurs précieuses des champs artificiels


Renée Vivien Sonnet de porcelaine 

Retour

Heureux le voyageur que sa ville chérie
Voit rentrer dans le port, aux premiers feux du jour !
Qui salue à la fois le ciel et la patrie,
La vie et le bonheur, le soleil et l’amour !

— Regardez, compagnons, un navire s’avance.
La mer, qui l’emporta, le rapporte en cadence,
En écumant sous lui, comme un hardi coursier,
Qui, tout en se cabrant, sent son vieux cavalier.

Salut ! qui que tu sois, toi dont la blanche voile
De ce large horizon accourt en palpitant !
Heureux ! quand tu reviens, si ton errante étoile
T’a fait aimer la rive ! heureux si l’on t’attend !

D’où viens-tu, beau navire ? à quel lointain rivage,
Léviathan superbe, as-tu lavé tes flancs ?
Est-tu blessé, guerrier ? Viens-tu d’un long voyage ?
C’est une chose à voir, quand tout un équipage,
Monté jeune à la mer, revient en cheveux blancs.
Es-tu riche ? viens-tu de l’Inde ou du Mexique ?
Ta quille est-elle lourde, ou si les vents du nord
T’ont pris, pour ta rançon, le poids de ton trésor ?
As-tu bravé la foudre et passé le tropique ?
T’es-tu, pendant deux ans, promené sur la mort,
Couvrant d’un œil hagard ta boussole tremblante,
Pour qu’une Européenne, une pâle indolente,
Puisse embaumer son bain des parfums du sérail
Et froisser dans la valse un collier de corail ?

Comme le cœur bondit quand la terre natale,
Au moment du retour, commence à s’approcher,
Et du vaste Océan sort avec son clocher !
Et quel tourment divin dans ce court intervalle,
Où l’on sent qu’elle arrive et qu’on va la toucher !

Ô patrie ! ô patrie ! ineffable mystère !
Mot sublime et terrible ! inconcevable amour !
L’homme n’est-il donc né que pour un coin de terre,
Pour y bâtir son nid, et pour y vivre un jour ?

Alfred de Musset, Oeuvres posthumes, 1888

Bel astre voyageur       À La Comète de 1861

 

Bel astre voyageur, hôte qui nous arrives
Des profondeurs du ciel et qu’on n’attendait pas,
Où vas-tu ? Quel dessein pousse vers nous tes pas ?
Toi qui vogues au large en cette mer sans rives,
Sur ta route, aussi loin que ton regard atteint,
N’as-tu vu comme ici que douleurs et misères ?
Dans ces mondes épars, dis ! avons-nous des frères ?
T’ont-ils chargé pour nous de leur salut lointain ?

Ah ! quand tu reviendras, peut-être de la terre
L’homme aura disparu. Du fond de ce séjour
Si son œil ne doit pas contempler ton retour,
Si ce globe épuisé s’est éteint solitaire,
Dans l’espace infini poursuivant ton chemin,
Du moins jette au passage, astre errant et rapide,
Un regard de pitié sur le théâtre vide
De tant de maux soufferts et du labeur humain.

Louise Ackermann, Poésies Philosophiques

Son retour

Hélas ! Je devrais le haïr !
Il m'a rendu le mal de l'âme,
Ce mal plein de pleurs et de flamme,
Si triste, si lent à guérir !
Hélas ! Je devrais le haïr.
Il m'a rapporté ce tourment
Qu'avait assoupi son absence :
Dans le charme de sa présence,
Dans mon nom, qu'il dit tristement,
Il m'a rapporté ce tourment.

Dans le baiser pur du retour
Lorsque son âme m'a cherchée,
La mienne en vain s'était cachée :
La mienne a reconnu l'amour
Sous le baiser pur du retour.
Il dit qu'il ne s'en ira plus :
Quelle frayeur dans cette joie !
Vous voulez que je le revoie,
Mon Dieu ! Nous sommes donc perdus :
Il dit qu'il ne s'en ira plus !

Marceline DESBORDES-VALMORE

Nos poèmes

ESCAPADE  QUEBEQUOISE 

 

Saint Laurent, fleuve aimé, compagnon d’escapade,

Votre cours a ponctué des plaisirs en cascades…

 

Mont-Tremblant merveilleux, tel un festin de roi,

Vos couleurs, dans mes yeux, me laissèrent sans voix.

 

Sur l’île d’Orléans, comme un cadeau du ciel,

J’adorais le grand vent qui soufflait dans mes ailes…

 

Flânerie bucolique, en haut du Mont Royal :

De ce lieu idyllique, j’embrassais Montréal…

 

Chutes du Niagara, perles de mon séjour :

Spectacle de gala, puis ce fut le retour…

 

Ô ! Québec  enchanté ! Ô! Délicieuse Muse !

Vous m’avez courtisée, voilà  que j’en abuse.

 

Les capteurs de mes rêves garderont les plus doux:

Je ne veux pas de trêve, lorsque je pense à vous...

Monique Renault

 

 

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Mont-Tremblant (Québec)

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Eternel retour

                                                                A Claude Le Roy

 

Tout s’en va, tout revient ; éternellement roule la roue de l’être.

Nietzsche (« Ainsi parlait Zarathoustra »)

 

L’homme était, il est et il sera…

A chaque naissance au sein de la famille,

Dans les générations qui fourmillent, 

Un des anciens s’éclipse,

Fermant la boucle, telle une ellipse.

 

L’Humanité récidive.

A chaque seconde des étreintes

Pour que l’espèce ne soit éteinte.

A chaque printemps les bourgeons,

A chaque été les fruits que nous mangeons ;

A chaque hiver un aller-simple

Ecrit en lettres brunes sur les feuilles d’automne.

 

Les cendres de l’humanité

S’inversent dans le sablier de l’existence.

Mais la nature vibre de vitalité.

Elle est matin. Quelle appétence !

Jocelyne Corbel

 

Titre 6
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L’éternel retour

Il est un grand retour qui m’émeut et me charme

Qui chasse toute crainte et souvent la désarme.

Son approche est toujours comme un appel plaisant

Malgré le temps qui fuit, malgré le poids des ans.

 

Hardiment, ainsi que l’on ose une bravade,

Le merle généreux lui réserve une aubade

Même par temps gris et s’il fait froid encor.

Un renouveau s’annonce et joue sur le décor.

 

Est-ce frémissement ? Légère tentative ?

La source se réveille et chantonne, craintive.

Le tilleul dépouillé empourpre ses rameaux

Et la bise, adoucie, étonne les oiseaux.

 

C’est la vie qui renaît, c’est l’éternel miracle

Du Printemps souverain qui se donne en spectacle.

Puissions-nous, reniant nos coupables erreurs,

Respecter notre Terre en toutes ses valeurs.

Jeanne FOUCHER

Le retour de la vague

 

Au mariage de la terre et de la lune

Les lièvres roux dansent sauvage sarabande.

Hors de leurs gîtes, dans les serpolets, sur les dunes,

Les lièvres s’en donnent à cœur joie dans la lande.

 

C’est le grand retour d’une vague langoureuse

Qui s’en vient caresser le rivage assoiffé.

C’est le grand retour d’une houle balayeuse

Qui s’en vient agacer pattes de crustacés.

 

La vague, ressurgie du fond de l’océan

Laisse échapper son cri, laisse échapper sa plainte,

Avant de s’évanouir dans le sable filtrant.

Son éternel retour n’est que vaste complainte.

 

Danièle MANOURY

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Parfum d’enfance

 

 

Nous étions un essaim de turbulents gamins,

Venus des HLM explorer sans vergogne

La décharge en plein air, creusant à pleines mains

Pour un camion sans roues, pour une poupée borgne.

 

Lorsque la nuit tombait, nous rentrions, puants,

Affronter sans broncher les foudres maternelles,

Puis la vie nous vola nos ébats réjouissants,

Nous offrant en retour des errances nouvelles.

 

Les années ont passé. Bien loin de la cité

J’ai dû gagner mon pain et j’ai saisi ma chance.

Mais au soir de ma vie, avant l’obscurité,

Je viens revoir enfin les lieux de mon enfance.

 

J’admire ce jardin, joliment agencé

Où l’été, sans mesure, offre une apothéose.

Ah ! Quelle heureuse idée d’avoir su remplacer

Le relent des déchets par un parfum de rose !

Martine Desgrippes Devaux

Retour du passé ?

 

 

Quand ils racontent leur passé,

Certains préfèrent le rêver.

Leur obsession ? nos saisons

Qui auraient perdu la raison.

 

Noël sans neige est plus Noël !     

Tout comme l'Eté sans bleu ciel !

De quoi perdre tous ses repaires

Dans un angoissant univers.

 

Ils idéalisent, on le sait,

Leur temps n'était pas si parfait.

Mais on a tant besoin de croire

En un monde où règne l'espoir !

 

Devrions-nous pour ce faire

Rêver au retour du passé ?

Ou bien préparer de concert

Un avenir plus enchanté...

                                                             Julie                                          

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Retour, hélas

 

Le voilier sur le  lac glisse silencieux.

Un étrange vague à l’âme te saisit.

Un ennui profond t’envahit…

Distrait, hésitant, tu manœuvres anxieux.

 

La voile te cingle le visage.

Le ciel, glauque jette de perfides lueurs.

Tout  semble en attente, te mets en sueur.

Pourquoi ce triste  vide  sur ta page.

 

Je dois quitter ce lieu qui me ravit.

Retrouver  la fureur  de la ville

 Camions mugissants,  foule servile.

Une soudaine détresse emplit  ma vie.

 

Je dois quitter tous ces visages amis,

Je fixe sans but l’horizon,

La poitrine prise dans un étau.

Il faut agir, ne pas rester soumis.

 

En toi, terre brulée, plus   aucun désir.

Tu veux redevenir enfant joyeux,

Plein de rires, de vie et de jeux,

Mais pourquoi  faut-il déjà partir ?

 

Tu agis machinal, tu quittes la rive.

Tu cherches en vain, tu t’attends au pire…

Au fond de toi,  tu voudrais rebondir.

Lancer des vers de poètes pour vivre.  

Daniel Villeray

 

 RETOUR

Te voici revenu ! Où étais-tu passé ?
Ne redoutais-tu point qu’on ne se soit lassé
De tes sautes d’humeur, de ton inconséquence ?
Ton absence de cœur et ta grande inconstance

Vont faire qu’un beau jour il faudra t’effacer
A jamais de nos vies, sans en être angoissé !
Mais c’est si compliqué de gérer ton absence
Qu’on va encor pécher par excès d’indulgence…

Il est vrai que, sans toi, vivre est bien compliqué
Et fort mélancolique ! On a beau s’appliquer
A faire comme si… Tu nous manques quand même,

On ne peut voir en toi un compagnon mineur
Et mieux vaut constamment penser que tu nous aimes !
Comment donc oublier que ton nom, c’est « Bonheur »…

 

Vette de Fonclare

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Sur le retour.

 

 

Deux mois de mer, d’iode et sel,

une maison près de la plage,

des vols de goélands au ciel…

C’est un bonheur qui se partage.

 

Des potes d’été sous le vent

aux quatre terrains de pétanque,

un bruit d’aciers s’entrechoquant…

Je sens que déjà ça me manque !

 

Car rien n’évite le retour

du quotidien qui nous rappelle

les rendez-vous de chaque jour

avec nos bobos à la pelle.

 

Mais cela permettra d’abord

de vivre, comme autant de fêtes,

des heures entières encor

avec vous tous, amis poètes !

 

 

Michel BARTHA

Retour

 

Il faudra qu’un jour, 

Solitaire et lourd,

Mon cœur s’en revienne

 

Écouter la voix

Des champs et des bois

Et qu’il s’y retienne.

 

Il est quelque part,

Béant au hasard

D’une flânerie,

 

Un étang perdu

Au cadre tendu

De mélancolie.

 

Sur ses bords mouillés,

Les arbres rouillés

Frémissent à m’attendre

 

Et mon cœur sait bien

Que s’il y revient

C’est pour les entendre…

 

Sur les nénuphars

Offrant leurs regards

À ma rêverie,

 

Frissonne un émoi

Venu jusqu’à  moi

Plein de poésie.

 

J’ai laissé là-bas,

Dans les buissons las

Du poids des abeilles,

 

Traîner une plainte

Qui n’a pas d’atteinte  

Aux autres oreilles.

 

Près de l’étang bleu

Est resté un peu

De mon cœur trop tendre,

 

Il faudra qu’un jour,

Solitaire et lourd,

J’aille le reprendre.

 

Irène Gaultier-Leblond

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