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Des mots et des maux

Quelques citations et textes d'auteurs

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Les maux du corps sont les mots de l'âme, ainsi on ne doit pas chercher à guérir le corps sans chercher à guérir l'âme. 

           Platon

" Lorsque nous mettons des mots sur les maux, lesdits maux deviennent des mots dits et cessent d'être maudits."  Guy Corneau analyste et écrivain canadien

L'amour ? Des grands mots avant, des petits mots pendant, et de gros mots après.

        Edouard Pailleron

Les maux par les mots, c'est ainsi qu'on guérit. MC Solaar

Quand j'écris mots, je pense aux maux, quand j'écris maux, les mots me viennent          Sonia Lahsaini

Les mots se muent en maux quand ils indisposent, agressent ou blessent.

     jah olela wembo

Lorsque les mots ne viennent plus au bord des lèvres, ils s'en vont hurler au fond de l'âme. Christian Bobin

Jeunes gens, prenez garde aux choses que vous dites.

Tout peut sortir d'un mot qu'en passant vous perdîtes.

Tout, la haine et le deuil ! - Et ne m'objectez pas

Que vos amis sont sûrs et que vous parlez bas... -

Ecoutez bien ceci :

                             Tête-à-tête, en pantoufle,

Portes closes, chez vous, sans un témoin qui souffle,

Vous dites à l'oreille au plus mystérieux

De vos amis de cœur, ou, si vous l'aimez mieux,

Vous murmurez tout seul, croyant presque vous taire,

Dans le fond d'une cave à trente pieds sous terre,

Un mot désagréable à quelque individu ;

Ce mot que vous croyez que l'on n'a pas entendu,

Que vous disiez si bas dans un lieu sourd et sombre,

Court à peine lâché, part, bondit, sort de l'ombre !

Tenez, il est dehors ! Il connaît son chemin.

Il marche, il a deux pieds, un bâton à la main,

De bons souliers ferrés, un passeport en règle ;

- Au besoin, il prendrait des ailes, comme l'aigle ! -

Il vous échappe, il fuit, rien ne l'arrêtera.

Il suit le quai, franchit la place, et cætera,

Passe l'eau sans bateau dans la saison des crues,

Et va, tout à travers un dédale de rues,

Droit chez l'individu dont vous avez parlé.

Il sait le numéro, l'étage ; il a la clé,

Il monte l'escalier, ouvre la porte, passe,

Entre, arrive, et, railleur, regardant l'homme en face,

Dit : - Me voilà ! je sors de la bouche d'un tel. -

 

Et c'est fait. Vous avez un ennemi mortel.

Victor Hugo

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🍃🌹A quoi servent les mots

Face à celui qui meurt !

Ils apprivoisent l'abîme

Désamorcent les peurs

Ramifient la tendresse jusqu'au seuil de l'obscur

A quoi servent les mots

Face à celui qui vit !

Ils brisent ou bien apaisent

Incendient ou délivrent

Ils modèlent nos visages

Saccagent ou donnent ferment. 🌹🍃

 

~Andrée Chedid~

Les mots sans qu'on les craigne ont d'effrayants pouvoirs,

Ils sont les bâtisseurs hasardeux des pensées,

L'âme la plus puissante est parfois dépassée

Par ces rêves actifs que l'on voit se mouvoir.

 

- Laissons se balancer dans leur ombre décente

L'excessive tristesse et l'excessif besoin !

Confions le secret ou la hâte oppressante

Au silence sacré qui ne les livre point.

 

Poème de l'amour   

Anna de Brancovan, comtesse de Noailles

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Déjeuner du Matin

Il a mis le café
Dans la tasse
Il a mis le lait
Dans la tasse de café
Il a mis le sucre
Dans le café au lait
Avec la petite cuiller
Il a tourné
Il a bu le café au lait
Et il a reposé la tasse
Sans me parler
Il a allumé
Une cigarette
Il a fait des ronds
Avec la fumée
Il a mis les cendres
Dans le cendrier
Sans me parler
Sans me regarder
Il s’est levé
Il a mis
Son chapeau sur sa tête
Il a mis
Son manteau de pluie
Parce qu’il pleuvait
Et il est parti
Sous la pluie
Sans une parole
Sans me regarder
Et moi j’ai pris
Ma tête dans ma main
Et j’ai pleuré.

 

Jacques Prévert

💕Le silence de l'Aimée

Est un meurtre tranquille

Il blesse sans tuer

Il inquiète et fait monter la fièvre

C'est un mur froid qui avance

Broie ce qu'il rencontre

Le tout sans faire de bruit.💕

-Tahar Ben Jelloun-

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Nos poèmes

L’accidenté.

 

Il est monté dans la voiture

d’un copain, sans braver le sort,

bouclant sagement la ceinture,

pourtant à la place du mort.

 

Un tracteur tirant en remorque

son chargement de sacs de blé

envoya le chauffeur à la morgue,

estropiant son passager.

 

Tête à travers le pare-brise,

le verre a cisaillé sa voix,

rendant sa parole soumise

à de véritables exploits.

 

Un jour, découvrant un  poème

au bulletin municipal,

il tenta d’écrire de même

pour raconter son propre mal.

 

Lui, qui jamais ne lut un livre,

trouva soudain les mots de poids

pour extirper le mal de vivre

de son corps souffrant aux abois.

 

Et le fait d’énoncer sa peine,

le partage avec le lecteur,

ont – comme un ballon d’oxygène –

fini par libérer son cœur !

Michel BARTHA :

May-sur-Orne, le 16 octobre 2022.

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Des mots et des maux

 

 

A comme atchoum     B comme blépharite     C comme cancers

D comme d'habitude

E comme épilepsie     F comme furoncle     G comme goitre

H comme harassement

I comme individualisme     J comme jaunisse     K comme kératite

L comme lèpre

M comme malveillance  maladie  méchanceté     N comme nausée

O comme oh, la la !

P comme polype     Q comme quarantaine     R comme rougeole

S comme streptocoque  staphylocoque  SRAS  sauve qui peut !

T comme tuberculose     U comme urémie     V comme vie

W comme wormien   ah, bien wlà autre chose !

X comme xanthome     Y comme ypérite

 

Z comme ZZZZZZZZZ  maladie du sommeil... éternel

 

 

Daniel-Claude Collin / novembre 2022

Au fil des mots

 

 

                   Au fil des mots

                   Le poème

                   Se promène

                   Sur les chemins de fantaisie

                              Des poésies.

 

                            Il y a peau dans poésie

                            Et il y a l’aisance.

                            La peau pour la caresse,

                            L’aisance, comme une politesse.

 

                   Je crois qu’on naît poète.

                            Vous l’êtes,

                   Et c’est une seconde peau.

 

                            Au fil du temps des mots

                            Le poème

                            Se promène....

                            Depuis l’Antiquité, combien de vers

                                      Combien de poésies ?

 

 

                                      Il y a peau dans poème

                                      Et il y a aimer.

                                      La peau pour la caresse,

                                     Aimer avec tendresse

                                      Tout ce temps qui les berce.

 

(extrait de « La vie d’art’triste ») 

 

Jocelyne Corbel

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Mots-cadeaux

A mon premier petit-fils et à ceux qui l’ont suivi

 

Les mots sont des cadeaux.

Je te les offre,

Un à un dénudés

Ou habillés des autres.

Je te les donne,

Tu les captures avec avidité.

 

Les mots sont des cadeaux.

Tu les ranges un à un dans ton petit cerveau.

Tu les as décryptés,

Mais tu les laisses encore dans un coin secret.

Un jour de grand soleil

Tu nous offriras ton bouquet.

 

Les mots viennent de loin.

Tes ancêtres parlaient normand

Dans un langage gourmand.

Je te parle en français,

Mais sans les offenser.

Car les mots sont un trésor.

La langue s’élabore

Au fil du temps.

 

Les mots sont des cadeaux,

Des perles que j’enfile

En brute poésie,

Des perles que les grands refondent en colliers

Qui les relient.

 

Les mots sont des cadeaux.

Ton papa les enrubanne de musique.

Tu aimes les chansons...

Si tu ne les dis pas

Ton petit corps qui danse sait le dire pour toi.

Des mots

 

 

Tout s’écrit, tout se crie,

Mais le temps passe

Et les mots qui coulent sont en vain,

Le temps passe

Et je suis la pente ou le ravin,

Le temps pèse

Et le ciel appuie sur mon destin.

J’ai trop bu de causes et de pourquoi,

J’ai trop vu d’ahuris et de narquois,

J’ai trop lu de folies et de philosophies.

Le temps passe

En vain.

 

Si j’accrochais ma plume aux heures qui s’écoulent,

Si elle suivait la courbe qu’elles dessinent,

Si je pouvais compter les mots

Et les peser.

Mais le temps passe

Et les mots qui coulent sont en vain.

Si je pouvais mieux dire tout ce que je ressens,

Si je pouvais mieux lire ce que les autres sont,

Si je pouvais écrire en égrenant des mots,

Des vrais, des purs, des fulgurants

Et les sécher.

Mais le temps pèse

Et les mots qui coulent sont en vain.

 

Jocelyne Corbel

Extrait de « Mes chemins de poésie »

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Et aussi à mon premier petit-fils

 

Tu balbuties

 

Les mots sont bien étroits,

Aussi tu balbuties

Des sons, des faux-mots

Qui tentent de nous dire

Tout ce que tu ressens.

 

Les mots sont bien petits,

Tes paroles sont à l’étroit.

Alors tu baragouines

Et te fâches

Quand on ne comprend pas.

 

Un jour tes mots seront puissants,

Tu pourras dire tout ce que tu ressens

Et on te comprendra.

Pourtant tu les rechercheras

Encore et encore...

Ils manqueront souvent :

Tu ne sauras plus dire.

Si tu deviens poète

Tu en inventeras.

 

Jocelyne CORBEL

Les deux poèmes sont extraits du recueil « De l’aube à la nuit »

Les mots et les maux

 

 

le goût et le dégoût

 

les mots et les maux

 

non, ce n’est pas à nous

 

de partir à l’assaut

 

et se chercher de poux

 

faire tant de remous

 

avec des bas et des hauts

 

après l’amour fou,

 

le froid le chaud

 

pauvres de nous !

 

les mots doux,

 

les maux et les sanglots

 

j’ai perdu le goût

 

de l’amour de nous

 

pauvres de nous.

 

 

         DanyDeb

         octobre 2022

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Des mots et des maux

 

des mots sur les maux

pour s’en départir

et ainsi guérir

 

comment choisir les mots

pour ainsi dire,

« je l’aimais à mourir »

 

les maux n’ont pas de mot

pour bien les décrire

autant me taire et souffrir !

 

      Danydeb

Les mots

                               qui empêchent de grandir...

 

 

 

A un enfant tout barbouillé

Du chocolat qu'il a chipé,

Niant le fait avec aplomb...

T'es "un menteur", lui dit-on.

 

Il a menti assurément,

Et puis volé, c'est évident !

Et une juste punition

Pourra soutenir la leçon.

 

Est-il "un menteur" pour autant ?

"Un voleur" ou autre "méchant" ?

Pourquoi ainsi l'étiqueter,

Pour toute sa vie le marquer ?

 

S'il en est ainsi trop souvent,

Le jour viendra où cet enfant,

Tout bonnement en déduira

"Qu'être un méchant" est son karma !

 

 

Julie - novembre 2022

Un sourire, un merci

Et la vie est embellie...

 

Le chauffeur a respecté

Le passage protégé.

C'est normal évidemment !

Mais pourtant...

 

Un signe de merci

Et la ville est embellie !

 

Dans le bus, pour monter

On me laisse passer.

J'ai des cannes, assurément !

Cependant...

 

Un merci et des sourires

Et les soucis sont moins pire !

 

Des services rendus

Pas assez reconnus,

Bien qu'ils le soient souvent

En souriant....           

 

J'aime alors, pouvoir dire :

"Merci ! pour votre sourire"

 

Un Merci chaleureux

Cela coûte si peu...

D'un sourire accompagné

Et le monde est changé.

 

        

                                                              Julie -novembre 2022

Les maux des 

mots

En leurs fauteuils d'Académiciens

Nos "immortels" triturent les mots.

Est-ce vraiment pour leur bien

Ou la source de bien des maux ?

 

On voit déjà que "mots" et "maux"

Résonnent un peu trop pareils.

Ont-ils oublié que les mots

Sont tout d'abord pour nos oreilles ?

 

Les homonymes sont fréquents,

Beaucoup trop, à mon avis.

Ce pourrait être amusant

Sans ce diktat de l'écrit...

 

A l'Ecole, on fut rassasié

D'écrivains de très grand talent.

Les orateurs furent oubliés,

Du "chant des mots", nous privant.

 

Mais aujourd'hui, les maux des mots

Sont beaucoup plus importants.

Sur leurs tablettes, nos enfants

Ont égaré même les mots...      

 

Julie - novembre 2022

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Sur les murs de la nuit

 

J’écris sur les murs de la nuit

des mots abandonnés au vent                              navires épaves sous la pâle lueur

d’une ondée d’étoiles

 

J’écris sur les murs de la nuit

des mots qui n’importent qu’à moi

naufragé de la terre

brûlé par le soleil du dieu vengeur

 

J’écris sur les murs de la nuit

des mots silencieux tapis au fond du cœur

sentinelles de l’ombre

des mots qui retiennent leur souffle

 

J’écris sur les murs de la nuit

des mots griffés par la vie des mots d’urgence

des mots de la douleur du monde

des mots qui viennent de la nuit

Bernard Denouel

Mot à maux

(rondeau)

 

Il a suffi d’un mot qui lui parut blessant,

Un simple mot jeté d’un ton sec et cassant.

Elle l’aimait pourtant et se croyait aimée,

Mais il était trop tard, la graine était semée

Et le malaise en elle allait en grandissant.

 

Peu à peu, des rancœurs, le cortège incessant,

Dans son esprit troublé, devint envahissant

Et ce triste constat la laissait désarmée.

 

Il a suffi d’un mot…

 

Elle éprouva bientôt, douloureux, angoissant

Le désenchantement d’un amour finissant

Et l’espérance, alors, s’évanouit en fumée.

Toute une vie à deux soudainement gommée !

Le désamour, hélas, a souvent goût de sang.

 

Il a suffi d’un mot…

 

 

Martine Desgrippes Devaux

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Mots pour maux

Quelques lettres sans malice

Assemblées pour te blesser

Te laissent des cicatrices

Que tu ne peux effacer.

 

                                              Quelques lettres caressantes

                                              Pour te faire troubadour,

                                              Avec des mots qui enchantent,

                                              Manifeste ton amour.

 

Quelques lettres terre à terre :

Un nom gravé au burin

Dans le marbre ou dans la pierre

Pour un éternel chagrin.

 

 

                                             Quelques lettres de l’enfance

                                             Exhumées de ton passé :

                                             Apprivoise ta souffrance

                                             Pour grandir et avancer.

 

Quelques lettres pêle-mêle

Téléphone ou bien courrier

Et les funestes nouvelles

Sont là pour te foudroyer.

 

                                             Quelques lettres sans mystère

                                             Pour inventer des récits :

                                             Dragons, génies et chimères

                                             Chasseront tous tes soucis.

 

 

Quelques lettres qui surprennent,

Faites pour souiller les murs

Avec l’encre de la haine

Des vieux slogans obscurs.

 

 

                                             Quelques lettres bien choisies

                                             Pour chanter ce que tu veux

                                             Bienfaisante poésie,

                                             Elle te rendra heureux !

Martine Desgrippes Devaux

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Maux d’école

 

Un pupitre de bois, un trou pour l’encrier,

Déjà sont disposés porte-plume et cahier,

Et la pendule au mur semble s’être arrêtée,

Le silence est requis : l’heure est à la dictée.

 

Le maître prend son livre, et marche dans les rangs,

Puis commence à dicter de son timbre puissant.

L’enfant est appliqué comme il en a coutume,

Et dans l’encre violette, il va tremper sa plume.

 

Il doit faire attention au désastreux pâté.

Le début, par bonheur, est sans difficulté.

Alors qu’il espérait éviter les embûches,

Au tout premier écueil, le voilà qui trébuche.

 

Participe passé, comment s’accorde-t-il ?

Pluriel ou singulier ? Le piège est trop subtil !

Aurait-il oublié la règle de grammaire ?

Sa mémoire, aujourd’hui, lui paraît bien précaire.

 

Où est-il donc placé, ce fâcheux complément ?

Enfin, il se souvient, c’est le soulagement !

La dictée continue sans que sa plume hésite

Il aura, c’est certain, sa note favorite.

 

Mais que pensera donc cet élève attentif

En lisant les textos très approximatifs

De ses petits-enfants, dans les années futures ?

Car l’orthographe hélas n'est que déconfiture !

Martine Desgrippes Devaux

il faut une histoire à la dérive

aux coups une histoire des coups

il faut à l'âme (qui résiste)

une existence à l'âme libre

une question qui diverge du brouillard

où naît à la triste époque d'un mouchoir

-où fins de morve de sperme et désespoir-

(les mêmes qualités accordent l'existence)

une histoire qui se modernise

aux fers à la chaux aux oubliettes vives

qui se donnent au spectacle de l'advenu

avant que l'oubli n'orne ou méprise

au double fil de la maladie (erreur et somme)

n'existe qu'une histoire d'ombres

qui se faufilent entre les lettres mortes

de leur auteur déjà passé à l'ouest

en double fille inerte ou morte

elle attend le prince définitif

qui secoue son drapeau

à l’œil malade de sa mie

s'il faut qu'on soit aimé ainsi

un double verbe presque gaulois

s'il ne s'agissait que du verbe

à dépenser ou à pourvoir

il me fallut des pensées un peu plus nobles
que le cœur de ces auteurs mal- nés
comme si la vie de leur histoire appartenait
à la vindicte ahurissante d'une foule
qui laisse s'échapper un bas à la plus belle
(je me moque même de ces vicissitudes)
je ne laisserai pas en vie la nymphe
et ses pratiques sublimement tueuses
pourvu que le corps soit terrible
et les évidences si sensibles
que l'histoire les croit coupables
malgré l'annonce d'un désordre (virtuel)

Ludovic Duclos

il faudrait chercher le mouroir

où les vers naissent à l'abandon

(ou les vers meurent avant naissance)

il faut une méta- histoire sanguine

à cette pâte à cette plaie égarant ses écrous

et ses repentirs si instables

que l'un nous porte l'impossible

que l'autre s'achève à l'égout

(avec le paradis au bout sait- il)

et ses anges sans la margelle

autour du puits qui le rendent terne

- -même des ombres tombent dedans

bien des douleurs après la nuit innovent

dans le jardin des délices interdits

sur la rosée chantante de la rose blanche

vous avez réalisé que tous les pleurs s'enivrent

et s'achèvent en rimes raisonnables

s'il s'agit d'un poème au bout des doigts

d'un délire au bout de la tête

en train d'agacer la nature et de s'agacer

comme si le poète troublait la poésie

comme si la poésie entêtait le poète

à mérite de ne pas ressentir son reflet sur l'étang

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                                                      DES MOTS …

                                                                            DES MOTS …

 

Des mots clairs

au goût de lumière

 

                               Des mots doux

                               au parfum de bisous

 

                                                               Des mots d’ombre

                                                               pour les jours sombres

 

                                                                                              Des mots de sang

                                                                                              pour dire l’innocent

 

                                                                                                                              Des mots de ténèbres

                                                                                                                              pour veillées funèbres.

 

 

                                                                                                                              mais par-dessus tout :

 

                                                               Des mots en confidences

                                                               pour dire l’Espérance.

 

                                                                                                                                        Jeanne FOUCHER

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MOTS et MAUX

 

L’Homme est un enfant

que la vie malmène.

Il se croit pourtant

fort et se promène

parmi ses espoirs

et ses certitudes.

Il veut tout savoir,

poursuit des études.

En homme d’affaires

brassant des millions,

le dieu qu’il vénère

craint les trublions.

Les creux de la bourse,

souci permanent

et, les prix, la course

lui sont un tourment.

Jusqu’à ses amis

dont il se méfie ;

il croit tout permis

quand on le défie.

 

Il se peut qu’un jour

il croise un poète.

Il en fait le tour,

disant : « que c’est bête !

Celui-là est fou

qui prend des vessies

pour lanternes. Hou ! »

 

— Tes péripéties,

répond le rêveur,

crois-le, m’indiffèrent

car, si mon bonheur

et mon savoir-faire

tiennent dans les MOTS

avec quoi je joue,

ce sont bien tes MAUX

qui, de toi, se jouent.

 

Jeanne FOUCHER  Février 1999

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MOTS contre MAUX

 

Que de MOTS lâchés dans le vent

ainsi que papillons volages !

Veules ou méchants trop souvent,

parfois riches de bons messages.

 

Certes, il en est vecteurs de MAUX

qui sèment la haine, le doute,

mais combien d’autres qui sont beaux

et mettent fin à nos déroutes.

 

Certains, brillants tels des émaux,

côtoient des MOTS de fantaisie.

L’échange se fait par des MOTS

et, sans eux, meurt la Poésie…

 

Plus prosaïques sont nos MAUX :

ceux de ventre, de dents, de tête

et combien d’autres maudits MAUX

entravant ce que l’on souhaite.

 

Qu’ils soient doux, tendres ou trop durs,

émanant d’intentions louables

ou nés de mobiles obscurs,

les MOTS nous sont indispensables.

 

Et c’est à nous qu’il appartient

de las maîtriser. Sachons en faire

des éléments de Paix, de Bien,

chassant les MAUX de notre terre.

 

Jeanne FOUCHER         18 novembre 2022

                     Des mots guérisseurs

 

 

 

Devant l’exquise treille qu’il ne pouvait atteindre,

Renard Affamé, héros sage d’une fable,

En deux mots dédaigna le raisin pour sa table

Et de ses maux choisit d’éviter de se plaindre.

 

 

L’humaine condition détient l’art d’infliger

A chacun son quota de maux insupportables.

Certains ont hérité en parts inéquitables

De mots pouvant guérir ou de maux pouvant tuer.

 

 

Ah ! la Vie, si vos maux se font insoutenables

Nous ne céderons rien. Sans gémir et sans craindre,

Nous nous amarrerons aux envies agréables.

Dans les mots du désir, vivre n’est pas le moindre.

 

 

La force du langage, sève revigorante,

Avec des mots écrits ou dits à haute voix,

Au plus creux de nos failles, va puiser l’énergie,  

Et trouver pour nos maux la grâce vivifiante.

 

 

Magicienne est la vie qui gagne la partie !

Qu’importe qu’on les dise en prose ou poésie

Les mots sont pour nos maux un remède de choix.

                                        

                                       CG

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Des maux et des mots

 

Des maux à guérir.

Des mots à tenir

et à retenir

pour apprivoiser

les maux cabossés

noués à l’enfance

par des mots muets,

eux-mêmes en souffrance…

Des mots qui étaient

sourds et imparfaits

et laissaient aux maux

nus et sans écho

le fiel de l’ivraie

mêlé de regret.

 

Irène Gaultier-Leblond    Nov. 2022

Abcès

 

Comme le loup blessé qui cache son calvaire

En éloignant de tous la plaie qui n’est qu’à lui,

J’attends d’être le soir seule dans ma tanière

Afin que ma douleur n’emplisse que mon lit.

 

Quand je ne peux plus rien pour endiguer les vannes

Du chagrin retenu qui me brûle les yeux,

Je verrouille le temps, je condamne les lieux,

Ne laissant qu’à mon cœur le dialogue des larmes.

 

Dialogue gémissant de plaintes et souffrances

Flux arrachant soudain la chaîne et la fibule,

Implosion d’un mal que plus rien ne jugule

D’où sourdent des sanglots embrouillés de silences.

 

Coule alors mon abcès ! Coule alors ma gangrène

En forme de révolte ou d’amour ou de paix

Mon tourment ne cédant une part de son faix

 Que lorsque vient le cri ou que naît le poème…

 

Et comme j’y plongeai, j’émerge du chaos

Nul ne me surprendra craquer en poésie,

Quand je sors de mon trou, c’est l’âme un peu guérie

Par la grâce des mots… des mots contre des maux…

 

Irène Gaultier-Leblond      (Florilège)

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In memoriam M. P.

 

Ce crabe qui t’a pris, ce crabe qui te ronge,

Quel nom lui donne-t-on ? Comment s’appelle-t-il ?

Le savoir me paraît quelque peu inutile.

Le beau nom qu’on lui donne est surtout un mensonge.

Un mot qui sonne haut cela paraît étrange

Pour une bête qui sans rien dire s’installe

Sournoisement. Cachée jusqu’à l’instant fatal

Car, petit à petit, c’est ta vie qu’elle mange

 

Pas de nom pas de mot, un silence de neige

Et l’effroi dans tes yeux, le froid sur ton visage…

 

© Christian Laballery

                                                                   

DES MOTS ET DES MAUX

 

Les mots des démons sont mots de la haine

Les mots des anges sont mots de l’amour

Les uns sont légers, les autres trop lourds

Ils sont fils de soie ou trop lourdes chaînes.

 

Les mots trop cruels font pesantes peines

Qui mangent les cœurs comme des vautours ;

Les mots bienveillants, clairs comme le jour

Sont des fils de soie, sont des fils de laine.

 

Que vos maux d’amour ne soient quête vaine

Gardez un cœur pur, un cœur troubadour.

Simple mot gentil vaut tous les discours :

Si un mot libère un autre enchaîne !

                                                                            Danièle MANOURY    ​CAEN LE 15 JUIN 2022

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PETIT POUCET

 

L’émail de mes maux s’écaille

Mes mots quittent le bercail

Un, deux, trois petites cailles,

Un, deux, trois petits cailloux, You !

 

 

Le corail de mes maux raille

L’orangé de mon chandail

Un, deux, trois petites cailles,

Un, deux, trois petits cailloux, You !

 

 

Le détail de mes maux braille

Mes mots hors du soupirail

Un, deux, trois petites cailles,

Un, deux, trois petits cailloux, You !

 

 

L’éventail de mes maux piaille

Tous mes maux qui sentent l’ail

Un, deux, trois petites cailles,

Un, deux, trois petits cailloux, You !

 

                                                             

Danièle MANOURY     CAEN LE 1er NOVEMBRE 2022

Blessure

 

Quelle annonce nouvelle étonnera ton nom ?

Je marche sans raison au son du souvenir.

Convoquer l’avenir en guise d’oraison

ne fait que prolonger mon étrange martyre.

 

Une ombre verte et jaune a traversé le ciel.

Faut-il de ton retour présumer l’existence ?

Tout amour délaissé décante l’essentiel

et mon appel blessé aiguise la souffrance.

 

Un songe est suspendu aux nuages de fer.

Est-ce l’amour banni et sa morte-saison ?

Rien ne s’échappera de ce règne d’enfer.

Une aube vaporeuse élargit l’horizon.

 

Marc REBENA

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Mots pour maux

 

Parcourant un ouvrage traitant d’informatique,

Je feuillette les pages de son glorieux lexique…

Sublime ordinateur, vos puces ça et là,

Courtisent votre cœur ; mon rat ne le sait pas ! 

Un désir le dévore ; l’animal, en folie,

Toutes voiles, dehors, saute sur la souris !

Il voudrait bien atteindre un beau septième ciel,

Mas il ne peut que feindre, croisant des logiciels !

Pas de lune, pas d’étoiles, seul le Web en anglais :

Une espèce de toile tissée par l’araignée…

Il gagne le clavier et joyeux, il pianote,

Mais n’entendra jamais, s’envoler quelques notes !

Et voici que peut-être, un virus est entré

Par l’une des fenêtres ; vite, il faut l’arrêter !

Qui va contaminer, diaporama ou fable,

Et mon pauvre PC ? Condamnez le coupable !

Me tendrez-vous la perche, lorsqu’à l’eau je me jette ?

Pour faire des recherches, je nage sur le Net,

Voilà que je suis prise dans les mailles du filet ;

Avant que je m’enlise, laissez-moi donc filer….

Je m’égare et j’espère en ce vocabulaire…

Hardie, je persévère, je remue ciel et terre…

Quand le navigateur ne vogue plus en mer,

Je fulmine et j’ai peur, dans ce monde à l’envers.

Chaque jour, je m’entraîne et dans Word je me glisse,

Pour écrire un poème, je choisis la police ;

C’est elle qui réglemente les phrases que je forme.

A l’écriture charmante, elle offre l’uniforme.

Coller, couper, copier, sans les moindres ciseaux,

Et soudain, je perds pied ; je repars à zéro…

J’agrémente des signes, quelques verbes en mission…

Se succèdent les lignes, noble circulation !

Quand bug l’ordinateur, voyez l’absurdité !

Je cherche un peu d’ardeur, dans ma tasse de thé !

Epuisée, je m’étiole auprès de mon écran,

Un bug est une bestiole ; il faut avoir du cran !

Où siègent notre Langue et tous ses exquis mots ?

Je me retrouve exsangue et je compte mes maux !

Au diable les tourments ; je poursuis mon chemin…

Je me dis en rêvant ça ira mieux demain !

 Monique Renault

Maux et merveilles

 

  

Troubadour, prends ta plume et fais danser les mots !

Au pays des merveilles, tu seras toujours roi,

Pour faire naître la joie ou exprimer les maux,

Eclairer notre vie et transmettre l’émoi…

 

Auteurs et musiciens louèrent les poètes,

D’une virtuosité qu’on ne peut oublier.

J’aimerais, aujourd’hui, m’acquitter d’une dette :

Remercier dignement ces talents enchantés.

 

Brassens ensoleilla les plus beaux de mes jours ;

Dans un ciel azuré, encore, il m’accompagne…

Vibrant avec passion, au rythme de l’amour,

Sa précieuse guitare fut sa digne compagne !

 

Dans le plus grand respect, sans quête d’indécence,

Il célébra la femme, parfois avec malice.

Mon oreille attentive exalte l’un des sens,

A toute poésie, la musique est délice !

 

Jean Ferrat magnifia, de sa grâce ineffable

La pensée d’Aragon, maintes fois engagée…

Son lyrisme et sa voix, à jamais, mémorables,

Insufflèrent  ensemble, un élan partagé.

 

Qui pourrait oublier chaque empreinte du Temps,

Quand Paco Ibanez déploie un art d’aimer ?

Machado ou Lorca et bien d’autres souvent,

Dans l’âme de l’Espagne, ne cessent d’exister…

 

Léo Ferré chanta Rutebeuf, Baudelaire,

Ornant chaque parole de son timbre grandiose,

Fier d’honorer Villon, Verlaine, Apollinaire,

Ballade ou mélopée, jusqu’à l’apothéose !

 

Les airs que l’on fredonne rendent hommage aux rimes..

Et les mots d’un poème s’offrent à notre cœur,.

La mélodie les hisse au zénith du sublime,

Les habillant, pour nous, d’une étonnante ardeur.

 

 

Monique Renault

A ceux qui ont sculpté les mots, pour notre grand plaisir… Aux poètes de tous les temps…

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                     De Mot en Maux  

 

Mots pour le dire                Maux pour souffrir

Tu parles au cœur               de tes langueurs

Mots pour écrire                 Maux pour pâtir

Tu prends la plume              de tes erreurs.

 

Mots pour prier                  Maux pour pleurer

Tu joins les mains                devant les yeux

Mots pour moquer              Maux pour crier

Tu ris de tout                      de tes malheurs

 

Mots pour peindre              Maux pour se plaindre

Tu traces des lignes             rouges de sang

Mots pour aimer                Maux pour tuer

Tu dis je t’aime                   en trucidant

 

Mots pour mentir               Maux pour salir

Tu joues encore                 Jeu de l’amour

Mots pour sentir                Maux pour haïr

Tu caches ton cœur           noir et vautour

Brigitte Vivien

Pain au miel

 

Je pense à toi qui panses les plaies

Et aux justes qui savent t'aimer

Je pense à toi qui panses tes plaies

Quand personne ne peut t'aider

 

Merci, évidemment, simplement

Au nom de tous les braves gens

Merci, amicalement, gentiment

D'avoir en toi le cœur d'un géant

 

Un jour tu ris, tu saignes le lendemain

Sensible tu vis, jamais tu ne geins

Partageons cette nuit, où au petit matin

Mon cher ami, un peu de miel et de pain

 

Kevin Zagni

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