L'amour en sonnets ...
Le cœur en fête
Sonnet
Ô toi Amour ! ne serais-tu qu'un mot
Recouvrant des fantasmes si variés
Qu'il est difficile de les trier ?...
Eh oui ! tu n'es pas toujours un cadeau.
On te glorifie quand tu te fais beau :
Dévouement, compassion, fidélité...
Oubliant qu'en ton nom, on peut tuer,
Asservir au profit de son ego...
Mais voilà ! tu es notre ultime quête.
Contre la mort, rêver de s'enflammer
Pour une cause ou pour une amourette.
Être aimé, avoir le cœur en fête !
S'enthousiasmer, admirer, adorer...
Ô toi Amour ! qui nous tourne la tête !
Julie février 2020
Amour
L’Amour, chante Carmen, est enfant de Bohème
qui ne connaît de loi. Certes, s’il est passion
qui rend aveugle et sourd, gare à la dérision.
Est-ce là le bonheur assuré pour qui aime ?
Ce mot éveille aussi le sentiment suprême
de partage, d’écoute au cœur en condition :
C’est l’amour d’une mère fidèle à sa mission.
C’est un trésor caché, délicieux poème.
Il est lumière aussi pour qui erre en la nuit,
un sourire, un regard qui chassera l’ennui.
À l’être qui perd pied viendra la main tendue.
N’en déplaise à Bizet, nombreux sont les aspects
que présente l’Amour aspirant à la paix :
Don pour l’humanité en recherche éperdue.
Jeanne FOUCHER Février 2020
Cupidon et Psyché
Mars se rendit sans arme aux pieds de la plus belle.
De la coupable idylle est né le Dieu Amour.
Espiègle adolescent, aussi beau que le jour,
Il foudroie de ses traits vieillard et jouvencelle.
Il rencontre Psyché, sa beauté l’ensorcelle,
La flèche d’or le blesse. Amoureux à son tour,
Il lui offre un palais pour un charmant séjour.
Mais il est délicat d’aimer une mortelle :
Elle ne doit pas voir celui qui chaque nuit
L’étreint avec passion puis au matin s’enfuit.
Elle désobéit et tremble au doux spectacle,
Son bel amant s’éveille, et fâché disparaît
Elle devra souffrir pour expier son forfait.
Mais l’amour souverain triomphe des obstacles.
A Toi, A Nous
Au soleil, le vent joue dans tes cheveux,
Bien sûr, je n’ai pas tout de suite compris.
Je me pose question, je suis tout surpris.
En secret, je me murmure un aveu.
Etrange énigme : Va, dis ce que tu veux ?
Tu as dû admettre, que tu es épris.
Par cette noble présence tu te sens pris.
Au soleil, Le vent joue dans tes cheveux.
Avec quel transport j’attends ce moment.
Cette prise de risque, ce vertige charmant
Me taraudent au plus profond de moi-même.
Ah ! Dire je t’aime sans avoir l’air idiot ?
Qu’importe ! Je vais, dans un souffle, dire que j’aime.
Un doux geste, quelques mots : ce fut si beau.
Les amoureux.
Assis dans ce jardin où ils sont seuls au monde
Au milieu de la foule et les yeux dans les yeux,
Les mains entrelacées, timides malgré eux,
Ils tendent l’un vers l’autre une ferveur profonde.
Elle oublie devant lui sa joyeuse faconde,
Il a perdu d’un coup son discours amoureux,
Et le silence entre eux a le goût merveilleux
Des mots qui se diront plus tard en joie féconde.
C’est l’hiver sur les doigts mais pour eux c’est l’été
Il n’est pas de frisson pour la saison d’aimer….
Il efface des yeux le chapeau à défaire,
Du regard elle en fait autant de son côté,
Chacun attend de l’autre une audace première…
Ils sont les amoureux que nous avons été.
MADELAINE
Ce n’est pas pour son bas de laine
(Je préfère son bas de soie)
Son bas noir qui me donne joie
Que j’aime tant « Ma Madelaine ! »
Elle est bien loin d’être vilaine
De la hanche elle ondoie
Me l’amarrer avec courroie
Me l’attacher avec des chaînes
Voilà le rêve que je fais,
Vraiment elle me fait effet !
C’est son éternel féminin
L’appel puissant de son désir
Qui sur moi ont mis leurs grappins
Promesses de tous les plaisirs.
Daniel MANOURY 18 juin 2019
Belle et la Bête
De toutes les horreurs, la Bête est la plus laide,
C’est une créature où le démon excelle.
A ces disgrâces, hélas, nul ne sait le remède.
Ni baume ni parfum ou miracle du ciel.
La vision de sa gueule funeste épouvante.
Ses plaintes étranges dans la nuit terrifient.
Pour les vivants, c’est un cauchemar qui les hante,
Même les morts retournent aux ténèbres et la fuient.
Faut-il plaindre ou abhorrer une telle engeance ?
Émue jusqu’aux larmes et seule dans ses errances,
Belle découvre la Bête et la perce à jour.
Ses yeux en la voyant ôtent le maudit masque
Et dévoilent ainsi le visage de l’Amour,
Qui est bien le thème de ce sonnet fantasque !
Comme vous le verrez à la lecture du sonnet ci-dessous, je ne suis pas vraiment fan de ce thème. Alors plutôt que de perroqueter du Pétrarque du Ronsard de l’Aragon[1] de l’Eluard et tutti j’ai tenté de rester moi-même ; je crois avoir à peu près réussi.
Bien sûr ça n’enlève rien à la qualité de ces poètes. Ce n’est pas mon truc, voilà !
Bonne après-midi, belles lectures à vous,
A bientôt
Amicalement
C.
[1]Encore qu’Aragon n’a chanté qu’Elsa qu’il identifiait à la France (à remettre dans le contexte historique de l’époque)
Sonnet
Mon pauvre Cupidon, remets dans ton carquois
Les flèches et les traits qu’aux hommes tu destines
Car si tu crois qu’ainsi tu nous embobelines
Laisse-moi t’annoncer que ça nous laisse froid
Il ne sied pas non plus que partout l’on tartine
Des vers où l’on raconte en jurant sur la croix
Que le soleil n’est rien qu’un piètre feu de bois
Et la rose bien pâle aux pieds des Valentine
On l’a dit à Cassandre, on l’a dit à Marie
A Hélène pardi ! (Pour le coup belle poire)
Et chacune à son tour gobe la même histoire
Ayant ingurgité toutes ces mièvreries
En silence je vais dans mes jours finissants
Avec auprès de moi celle qui me comprend
© Christian Laballery 01/2020
RIMES FEMININES
C’est l’écho d’un préau, d’une ronde enfantine,
D’un baiser, d’une nuit aux couleurs d’incendie ;
C’est un jeune poète en mal de prosodie,
Un Pierrot malheureux qui cherche Colombine.
Pourquoi solliciter la rime masculine
En ce sonnet naïf mais que je te dédie,
Pour tracer dans un cœur la flèche qui relie
Les vagues de Fécamp aux ponts de Constantine.
Si j’aligne des mots c’est pour dire je t’aime
Aux objets innocents qui forgent notre vie :
La table où tu transmets un sens à mon poème,
La glace à ton image à jamais asservie,
Le lit où je mourais de désir à t’attendre,
Et le passé toujours qui renaît de ses cendres.
© Daniel Cuvilliez (inédit)
PASSION
Comédie romantique, enivrantes paroles,
Cultes au Septième Art, mirifiques baisers,
Etreintes infinies, au gré du verbe « aimer»…
Vénus règne en tous lieux et notre cœur s’affole…
Si l’objet du désir se maquille en idole,
Cupidon, prédateur, harcèle, sans pitié.
Phèdre, passivement, se laisse dévorer.
Hippolyte la hante et sa raison s’envole…
« Je le vis, je rougis, je pâlis à sa vue… »*
Lorsqu’une flamme brûle, en cette âme éperdue,
Qui sait, mieux que Racine, explorer la passion ?
Beaucoup, aveuglément, à la folie parfois…
Quand notre esprit s’égare en vaines obsessions,
Comment vivre l’amour, sans un frisson d’effroi ?
*Phèdre de Racine: acte 1, scène 3
Je t’ai souvent écrit…
Je t’ai souvent écrit de tendres vers, ma mie,
depuis ce lointain jour où nous nous étions vus
pour la première fois dans la foule, perdus,
au bal des étudiants de notre académie.
En te raccompagnant par la ville endormie,
sous les lilas en fleurs qui nous avaient élus,
mon cœur était rempli de sentiments confus,
mais l’amour, au secret, faisait son alchimie.
Et soixante ans plus tard, malgré nos cheveux blancs,
il bat toujours en nous en ressacs insolents,
comme l’eau de la mer sur les galets des plages.
Cela fait oublier, pour un moment parfois,
combien le temps passé nous pèse de son poids
quand vient l’inéluctable automne de nos âges !
Michel Bartha May-sur-Orne, le 30 novembre 2019.
Sonnet fou d'amour
J'aime ... un reflet au miroir d'horizon matinal en un regret d'étoiles
l'étirement du soleil talonné par la nuit nonchalante au fond des journées chaudes
la lumière en ses gris insouciants cavalière des vagues en maraude
les secrets de la nuit au chant des invisibles dans un vent qui réduit sa voile
J'aime... le bruissement qui cascade feuille à feuille et s'épuise en un râle
la lumière joueuse en taillisdedésordreébourrifé qui roule des épaules
le tremblement des formes incertainesd'elles-mêmes emmaquillées de kool
la faiblesse des lendemains juste esquissés au crayon des hiers si pâles
J'aime ...bousculer les mots en des phrases étourdies d'imagination sans rappel
l'escrime des sons cataractesdesperpspectives que maintes surprises ensorcellent
étonnement insouciant en glissadesdéroutes des projetscorsetés privés d'ardeur
J'aime...je l'aime ELLEausouriresoleil mon élan impatient loin des veilles-solitudes
ELLEquiestmavie ELLEquimetientdebout ELLEmesheurespoèmes ELLEmacertitude
ELLE faim de mes mains ELLE ma part éveillée ELLE pardon du malheur
Daniel-Claude Collin / février 2020
AMOUR FRILEUX
Qu’importe qu’on te nomme Éros ou Cupidon
Que tu sois de nos cœurs un inconstant vigile,
Petit dieu trop malin furetant, si agile,
Cruel parfois ou bien dispensateur de don.
Il me semble léger, ce regard céladon
Qui choisit et rend fort … ou tellement fragile
Ceux qui se rencontrent, faibles comme l’argile.
Alors, en cas d’échec, qui demande pardon ?
« Je t’aime, moi non plus ». Est-ce là ton langage
Au parler ambigu ? Que contient ton message ?
Serais-tu inconscient ou manipulateur ?
Un brasier dévorant ou bien flamme éphémère ?
Tu es pour les humains le permanent mystère.
Quel sens peux-tu donner à ce mot : le BONHEUR ?
Jeanne FOUCHER Février 2020
Carpe diem
La vie est éphémère, il faut savoir cueillir
La fleur qui l’embellit, la rose qui l’enchante
Et ne rien redouter de ce qui la pimente,
Car c’est un beau destin que l’on doit accomplir.
Lorsque nous ressentons un immense désir,
L’objet de notre envie qui follement nous tente
Peut sans désagrément demeurer en attente,
Car un léger retard attise le plaisir.
Un café avec toi, charmante perspective !
Ton odeur épicée, tellement addictive
Que résister serait un vain apostolat
Me fait capituler sans mauvaise conscience,
Car si j’ai su t’attendre avec tant de patience,
C’est pour mieux te croquer, mon petit chocolat !
... et autres poèmes
Le rêve de la Vie ?
(en vers très libres)
On aime la confiture ou le fromage,
une star ou même un Dieu.
On se doit d'aimer ses enfants,
c'est dans la nature des choses !
Pourtant,
quand on parle d'Amour
on vogue
en d'autres mondes !
Le tout-petit en Maternelle
fait déjà la différence
entre le copain, l'amie et "l'amoureuse"...
Aimer ! être aimé ! ...choisi ...préféré !
demeure quoi qu'il arrive
le rêve de la Vie
à tout âge...
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Julie février 2020
Corbinières
Je me souviens de Corbinières,
Petit pont, petite rivière,
Une colline et des bruyères,
Un chemin dans la sapinière,
Je me souviens de Corbinières.
Sur tes talons de dix-sept ans
Couraient les miens, de seize à peine,
Je ne voyais, flottant au vent,
Que ta nuque aux boucles d’ébène
Et ton allure bondissant
À l’assaut des crêtes prochaines ;
Je n’entendais, fuyant devant
Dans le souffle de chaude haleine,
Que l’écho porté par le vent
De ta voix ignorant la mienne
Car tu courais, joli garçon,
Peut-être après une chanson,
Car tu courais, ô ironie,
Peut-être après une autre amie.
Etre amoureux ?
Deux anecdotes en prose