
Martine Desgrippes Devaux


Un siècle, une vie
Au printemps mil-neuf-cent naquit la jeune Adèle.
Cette année-là, l’exposition universelle
Offrait aux visiteurs le cinéma parlant,
Des attractions inouïes étonnaient le chaland.
Elle grandit heureuse, hélas la Grande Guerre
Lui prit son amoureux, défigura son frère.
Par la suite, elle fit un mariage heureux,
Rima pour son plaisir et coupa ses cheveux.
Presque vingt ans plus tard un tragique épisode
D’un conflit récurrent lui imposa l’exode.
Pour conjurer sa peur, elle écrivait des vers
En assurant pour tous le gîte et le couvert.
Elle put se réjouir de la paix revenue,
Dans ce monde pourtant, l’espérance est ténue
Car sévissent partout la guerre et ses horreurs,
Mais on va sur la lune et l’on greffe des cœurs.
Adèle s’éteignit avec le millénaire
Et sa vie bien remplie de presque centenaire
Ne connut point l’euro ni la chute des tours.
Mais par sa poésie, Adèle vit toujours.