top of page

 

​
 

                    Juin 2013                    

​

 

​

 

​

Voici, avec un peu d’avance la page de juin consacrée à la poésie et à Irène Gaultier-Leblond.

 

 

​

Irène est présidente d’Alienor (Association Littéraire en Normandie), vice-présidente de la Société des Ecrivains Normands, déléguée pour le Calvados.

Elle est également l’auteure d’une vingtaine d’ouvrages de nouvelles et de poésie, dont 7 recueils destinés aux enfants.

 

 

​

J’ai rencontré Irène en 2005 lors d’une animation pédagogique sur le thème de la poésie. Séduite par son charisme et sa passion pour la poésie, je lui ai demandé d’intervenir dans ma classe de CP. Mes élèves et moi avons vécu, grâce à elle, des moments passionnants et créatifs.

 

 

​

J’ai l’occasion de voir régulièrement Irène au cercle de poésie André Druelle auquel elle participe ainsi qu’au « Thé pour lire Â» qu’elle anime une fois par mois.

 

 

​

Pour illustrer ma rubrique, j’ai puisé avec son accord, dans son dernier ouvrage Poés’histoire en Normandie, une galerie de 52 portraits en vers qui rendent hommage à des Normands célèbres ou un peu oubliés. Le choix était difficile, mais j’en ai sélectionné quatre : Malherbe, car il demeure emblématique de Caen, Proust, parce que j’aime particulièrement ce poème, puis la Dame aux camélias et la Comtesse de Ségur, toutes deux en souvenir d’une belle sortie dans l’Orne faite avec Alienor autour de ces deux femmes.

 

 

​

 

​

 

​

 

D’origine princière, Sophie Rostopchine  est née  en 1799 à Saint-Pétersbourg, et morte à Paris en 1874. Pour son cadeau de  mariage avec Eugène de Ségur, son père Fédor Rostopchine lui offre le château des Nouettes, à Aube dans l’Orne dont elle fera sa résidence de prédilection et où elle écrira  ses ouvrages pour la jeunesse dont le premier   à 58 ans.  Ce château abrite désormais un  institut médico-pédagogique.

      

 

 

 

      

 

​

 

​

                                    La Comtesse de Ségur

                                              (1799 — 1874)

 

                 Née bien loin de la France, mais qui l’a adoptée,

                 Nostalgique à jamais de sa chère Russie,             

                 Elle croit la revoir un peu en Normandie

                 Qu’elle découvre à Aube*, en heureuse épousée.

 

                 Là, tout va l’émouvoir qui fait vibrer le cÅ“ur,

                 Le sien et surtout ceux des enfants qu’elle adore,

                 De huit qui lui naîtront, l’un mourra à l’aurore,

                 Elle en aura toujours la secrète douleur.

 

                 Les fleurs sont à cueillir, les nids à deviner,

                 L’arbre habile à cacher ses secrets dans les branches,

                 Sans le savoir encore s’ouvrent les pages blanches

                 Des contes pour enfants déjà prêts à germer

                        

                 Qu’elle écrira plus tard, en son temps de grand-mère.

                 Pour l’heure, elle est à tout, à la ferme, aux fourneaux,

                 Aux prières du soir comme aux petits bobos,

                 Un Å“il à la poupée, l’autre sur le bestiaire.                                           

 

                 Des malheurs de Sophie, à l’âne Cadichon

                 Que de  gestes saisis en fine observation

                 Et que d’amour aussi, qui en rejailliront 

                 Pour ses petits-enfants et ceux qui la liront !

 

 

​

                               François de Malherbe

                  (1555 — 1628)

 

Enfin Malherbe vint ! Hommage mérité

Que lui rendit Boileau écrivain et critique,

Tant il apparut tôt que sa langue classique

Sacrerait de Malherbe, et l’art, et la clarté.

 

Rigoureux avec lui, impitoyable aux autres,

Il ne cessa jamais de blâmer le banal,

L’amphigouri, l’obscur,  dénonçant tout le mal

Fait à la poésie par certains faux apôtres.

 

On le disait tyran avec les rimailleurs

Mais c’est ainsi que sont servies les grandes causes :

« Et Rose elle a vécu ce que vivent les roses… Â»

« Et les fruits passeront la promesse des fleurs…. Â»,

 

    Autant de vers polis du mot et  de la  lettre

    Où la lime pourtant ne se fait pas savoir

    Comme s’il se faisait que l’art pût sans devoir,

    Disciple de la langue, en devenir le maître. 

 

    Malherbe est né à Caen, bienheureux aléa,

    Pourtant en amenant alors vers la lumière

    Ce qui allait ouvrir à jamais la manière,

    Il appartient à tous, par ce qu’il apporta.      

 

 

​

François de Malherbe est né à Caen en 1555 et mort à Paris en 1628.

Intransigeant jusqu'au bout avec la syntaxe, une heure avant de mourir, il reprit sa garde-malade pour un mot qui n’était pas de pur français.

 

 

​

                               La dame aux camélias*​

En quittant sa misère et son hameau normands,          

Alphonsine-Marie n’aura que peu de temps

Pour propulser sa vie, d’une ignorance insigne

À l’émouvance en fleur et la beauté d’un cygne….

 

Certes elle a l’éclat, la grâce, l’agrément,  

La tournure, les  yeux, mais c’est insuffisant,

Aussi faut-il donner sa part à l’élégance

Autant qu’à son esprit et son intelligence.

 

Hélas sans autre égard ni frein que ses délices,

Les excès et plaisirs seront ses maléfices              

En se faisant payer d’un prix exorbitant

                    Car le mal est déjà dans les mouchoirs de sang..

 

C’est la fin ! Au plus noir et profond des  douleurs,

Ayant connu le luxe et toutes les splendeurs,

Ruinée, agonisante et que nul n’accompagne,

Elle écrit encore : « Acheter du champagne !»

 

Elle sera comtesse*, mais c’est un écrivain  

Qui va pérenniser sa vie brève en destin

En faisant de ses pleurs et douloureux arias

Le succès d’un roman : « La dame aux camélias Â».

 

 

​

*Alphonsine-Marie Duplessis est née à Nonant-le-Pin

dans l’Orne et morte à Paris en 1824

* Elle avait épousé le comte de Pérégaux

​

 

 

​

Marcel Proust est né à Auteuil le 10  juillet 1871 et mort à Paris le 18 novembre 1922. C'est dans la chambre 414 du Grand Hôtel à Cabourg qu'il a écrit une part de son Å“uvre

On a dit de lui qu’il était le plus normand des parisiens, d’où sa place dans cette galerie

                

 

 

​

                          Marcel Proust

                                         (1871 — 1922)

 

 

            Peut-on hanter le soir le sable de Cabourg,

            Sans voir poindre l’aura familière et jolie   

            Ombragée de voilette et de mélancolie 

            D’une belle suivie d’un marquis et sa cour ?

 

            Plus que Proust, à l’envi, ce sont ses personnages

         Qui revivent ici, devant Le Grand Hôtel :     

         Joncs à riche pommeau, protocole, rituel,

    Propos de bon aloi masquant les commérages      

 

   Cependant que cloîtré, cerné de maladie

   Lui caressait longtemps du regard et de l’âme

   Du coin de la fenêtre ou tout près d’une flamme,

   La mer, comme en vitrail une larme sertie.

 

   Et menait ses Charlus, Odette ou Verdurin

   A l’aune mesurée d’une plume princière,

   Mémoires du passé sur fond d’ombre et lumière

   Dans le goût retrouvé d’un geste quotidien.

 

  Ainsi de  sa « Recherche… Â» et de tous ses romans

  Qu’il faut prendre le temps d’aimer autant que lire

  En taisant quelquefois que le cÅ“ur vous soupire,

  Mais n’en est-il pas vrai des plus proches amants ?

 

 

​

​

Rendez-vous le mois prochain pour d’autres lectures.

​

 

bottom of page