L'humour
Quelques citations
L'humour est la délicatesse du désespoir. Marie-Odile Marchand
L'humour, c'est aussi une façon de résister. Guy Bedos
L'humour ne se résigne pas, il défie. Sigmund Freud
L'humour est une déclaration de dignité, une affirmation de la supériorité de l'homme sur ce qui lui arrive. Romain Gary
L'humour, c'est de savoir que tout, absolument tout, est drôle dès l'instant que c'est aux autres que ça arrive. Marcel Achard
Rien ne désarme comme le rire. Henri Bergson
Il faut garder quelques sourires pour se moquer des jours sans joie. Charles Trenet
L'humour n'a pas de but, l'ironie a toujours une idée derrière la tête. Raphaël Enthoven
Là où l'humour est partagé, l'amitié n'est pas loin Grégoire Lacroix
L'humour est un langage que j'ai toujours aimé. Notre ressort est de dénoncer la bêtise en faisant rire. Cabu
Nos poèmes
Inventaire à la Prévert
Malhabile je suis
je ne sais ni cuire des merguez sur un barbecue
ni changer un fusible
pas davantage cuisiner au-delà du minimum nécessaire
ou réparer un vélo
faire une division à 2 chiffres
calculer la surface d’une salle de bain
tapisser une pièce
repeindre un plafond
faire l’amour dans toutes les positions
configurer un ordinateur
utiliser toutes les fonctions d’un portable
en marchant dans la rue
trouver ma route à l’aide d’un GPS
m’orienter en montagne
indiquer le Nord ou le Sud par rapport au soleil
ou aux étoiles
percevoir le sens du vent
raconter une blague
faire une piqure
donner son sang sans s’évanouir
avoir une opinion sur la qualité d’une maison
lire les prolégomènes de Kant
parler anglais
bref je ne saurais survivre même dans une forêt d’Europe
Je hais les pigeons
Je hais les pigeons
Aux yeux ronds
qui tournent en rond
le long de nos blanches
cathédrales
Je hais les pigeons
Au plumage mordoré ou gris
qui font pleuvoir sur la tête
des passants leurs déjections
Je hais les pigeons
Ces animaux futiles perchés
comme l’ennui d’un dimanche anglais
sur nos antennes de télévision
Je hais les pigeons
Et plus encore les vols d’étourneaux
quant au printemps leurs escadrilles
fusillent nos balcons
Parfois je fais un rêve
De pigeons fumant dans une assiette
baignant dans une mer de sauce
aux champignons mmm …
Ou encore de chats assis sur un trottoir au soleil se léchant les babines au milieu des plumes d’un pigeon entraînées par le vent
Je hais les pigeons
Je hais les pigeons
Je hais les pigeons
Le mangeur de mots
Il était une fois un mangeur de mots
il parlait en avalant souvent la moitié de ses mots
le problème il était enseignant
il perdait en route tous ses étudiants
il avait un cours sur le Canada et l’automobile
il disait alors très vite par exemple « y a bobo tobil au cada »
toujours préoccupé de faire le programme
il allait très vite trop vite sûrement
le lendemain ce pouvait être « tobil y a cada au bobo »
selon qu’il était plus ou moins luné ou pressé
jamais dans le même ordre
les étudiants étaient perplexes
mais ce prof sévère personne n’aurait osé l’interrompre
parfois c’était « bobo cada y a au tobil »
le lendemain « au cada tobil y a bobo »
puis on ne sait pourquoi « bilto ca y a bo to da bo »
ou « da bil au to y a bo ca bo »
et à l’occasion « bilto da bobo y a cada »
ça allait de mal en pis les étudiants n’en pouvaient plus
ils avaient l’impression d’apprendre le japonais
un jour un étudiant plus futé ou plus courageux
que les autres osa s’écrier « mais bon dieu
pourquoi ne dîtes-vous pas une fois pour toutes
comme tout le monde il y a beaucoup d’automobiles
au Canada » l’enseignant dépité n’osa plus faire cours
Lac du Bourget
Lac d’Annecy à Talloires-
Lac Léman à Genève
Conversation aquatique
Un concours d’éloquence
Un nautisme varié œuvre pour votre joie,
Conjuguant l’émotion et le plaisir des yeux.
Après les sports d’hiver, il vous offre le choix…
Canoës et voiliers agrémentent ces lieux !
Trois jolis miroirs d’eau, ensemble, bavardaient.
La montagne Olympienne s’enivrait de leurs mots.
Dans le souffle du vent, leur écho s’envolait,
Et chacun, orgueilleux, se trouvait le plus beau.
« Mon nom scintillera bien au-delà des mers,
Eternel et puissant, imprimé dans l’Histoire…
Moi, le Lac du Bourget, de ma vie je suis fier,
Monsieur de Lamartine a célébré ma gloire ! »
« Ô ! Temps ! Suspends ton vol, *» chantait-il à Elvire*…
La barque qui glissait sur l’onde caressée
Se souvient de leurs feux, au zénith du plaisir,
Offrant à Aix-les-Bains, un majestueux passé !
Alors, un Lac Alpin, jaloux et colère,
Fit trembler la Savoie, sur un ton arrogant !
Soudain, il s’agita et les bateaux tanguèrent…
Le drille enfla sa voix, d’un air extravagant :
« Sur le Pont des Amours, venez à Annecy,
Naviguez à Talloires, sur les pas de Cézanne* !
Voguez paisiblement ; je vous en remercie !
Admirez, de mon charme, la grâce qui émane ! »
Tout à coup, à Evian, le Lac Léman blessé
Dans son orgueil notoire, s’exclama avec force :
« Je suis le souverain, l’auguste Majesté ;
Vous allez voir un peu si ma verve se corse !
Ô ! Dignes troubadours, flattez-moi de vos rimes,
Caressez mon ego ; je vous en saurais gré !
Les autres sont piteux ; je suis grand et sublime.
Ma haute renommée est dans le monde, ancrée !
D’un précieux patrimoine, je m’affirme et je brille….
Embarquez à Genève, je suis un vrai délice !
Tout lac qui me défie, ici, perdra ses billes* !
N’ignorez pas, très chers, que j’ai un compte en Suisse**! »
* Le Lac (Lamartine : Les Méditations poétiques)
* Julie Charles, immortalisée sous le nom d’Elvire par Lamartine
* Cézanne Séjourna à l’Abbaye de Talloires en 1896. Il a peint le magnifique site alpin
* Perdre ses billes : devenir triste (argot)
**Le lac Léman s’étend, à la fois, en France et Suisse
Il est appelé aussi Lac de Genève
Le cheval de proie
Les talents littéraires de l’étalon littéraire
Conte humoristique et fantastique
Ecoutez, braves gens, les aventures burlesques
D’un équidé lettré, baroque et insolite !
A partager sa vie, plutôt rocambolesque,
Et ses tribulations, venez, je vous invite !
Autrefois, exista un grand cheval de Troie,
Des hommes s’y cachèrent, pour envahir la ville…
Le mien, je vous l’assure, est un cheval de proie,
Un vrai diable cocasse, malicieux et agile.
Peu importe le genre, pourvu qu’il ait l’ivresse !
Des contes fantastiques aux intrigants polars,
L’animal est voleur, je l’ai lu dans la presse !
Il défraie la chronique et sème des bobards …
Mais si vous le croisez, un jour, par les chemins,
Il est si farfelu qu’il galope en zigzag…
Il aime respirer l’odeur du parchemin,
Se cultive à tout va ; méfiez-vous de ses blagues !
Il visite la nuit maintes bibliothèques.
Il explore les salles, s’emparant des ouvrages …
Et qu’ils soient en français, en latin ou en grec,
Oh ! Mon poulain s’en moque ; qu’importe le langage.
Voyant deux policiers, il bondit dans l’armoire …
Il saute se lover entre les étagères.
La presse, à sensation, relate ses histoires …
Imaginez, un peu, l’étalon littéraire !
« C’est un drôle d’oiseau ! », s’exclame la rumeur…
Il amasse chez lui des documents étranges.
Nul ne sait s’il les lit, s’il les connaît par cœur …
Pour le cheval frivole, comme il est dur d'être ange !
L’animal se nourrit des plus grands opéras.
On chuchote, qu’un jour, il a chanté Carmen.
Que ce soit La Bohême ou bien La Traviata,
Il espère en secret, qu’il montera sur scène.
Il déclame des vers, dans les rues, à tue-tête,
Quand les badauds s’arrêtent, curieux et intrigués…
Il se fait troubadour, au Printemps des Poètes.
Sur le flot de ses rimes, il aime naviguer !
Dans l’eau de la rivière, tel Narcisse, il se mire ….
Il se prend pour Rimbaud, Musset ou Baudelaire.
Mais si vous refusez de l’écouter hennir,
Il se cabre et il piaffe, maudit la Terre entière !
A l’Université, il s’éprend de Platon !
Et de la Grèce antique, à la modernité,
Il lit les philosophes à tous les étalons…
De son érudition, il aime se vanter.
Lorgnant les librairies, il songe à les braquer,
Il lèche les vitrines, les dévorant des yeux…
A cette occupation, il aime tant vaquer I
Chérissant plus que tout, son destin hasardeux !
Il accueille, souvent, des compères bizarres,
Et quel tohu-bohu quand dansent les chevaux !
Mais où donc est passée ma belle Histoire de l’Art ?
Je parierais qu’elle trône en son Eldorado !
Il écrit, paraît-il, de fantasques nouvelles,
Des romans et légendes aux riches sensations,
Rêvant de voir pousser deux excentriques ailes,
Car devenir Pégase* est sa grande obsession !
Devant tant d’aventures aux multiples délires,
Un âne, son ami, se met à rédiger
Cette vie farfelue ; alors vous pourrez lire :
« Lettres de mon poulain » signées Alphonse Baudet…
Henni soit qui mal y pense !
*Collage à partir d’une œuvre d’Arcimboldo : Le bibliothécaire
*Pégase : Cheval ailé (mythologie)
Haïku
Paon ! Paon ! Guet à paon !
Guet à paon pour vous
Capture d’image un œil
Est au rendez-vous
Peinture Monique Renault
A QUOI ÇA SERT L'HUMOUR ?
L'humour à profusion
pour accepter ce monde et ses contradictions
l'humour sans filtre et sans modération
pour supporter nos souffrances et nos humiliations
nos angoisses et nos malédictions
L'humour comme ultime illusion
pour se moquer de nous en autodérision
L'humour comme un pansement
sur nos plaies à vif et nos cœurs béants,
L'humour comme un talisman
pour conjurer le sort et les affres du temps
L'humour comme seul médicament
pour nos maux incessants
L'humour quand tout semble perdu
quand la vie nous échappe et que l'on n'y croit plus
L'humour pour cacher nos vieux chagrins reclus
notre mélancolie et nos espoirs déçus
L'humour pour crier tout ce que nous avons tu
et le dire avec force pour être entendu
L'humour pour affronter les guerres
abolir les barrières en les jetant à terre
L'humour pour vaincre la misère
et de la paix brandir la bannière
L'humour pour toi, pour moi, pour la terre tout entière
comme un chant, un hymne, une prière
L'humour comme unique recours
au malheur qui nous vient, au pire qui accourt
L'humour pour parer de « toujours »
notre plus bel amour
L'humour pour accepter sans peur ni détour
le temps qui passe, qui rend aveugle et sourd.
L'humour qui désamorce les grenades
et brise toutes les barricades
L'humour qui ensoleille les jours trop fades
et franchit murs et palissades
L'humour docteur de nos âmes malades
onguent magique, baume précieux, délicate pommade
L'humour pour rire de tout, de nos peines,
de la vie, de la mort avant qu'elle ne nous prenne
l'humour pour nous sauver de toute cette haine
qui nous blesse et nous gangrène,
Humour, tient bon, ne plie sous aucune menace puritaine
car tu es aussi vital que le sang qui coule dans nos veines !
Et voilà ça sert à ça l'humour....
Marie-Françoise Malherbe
Les fourberies d’escarpin
Me promenant un jour rue Frédéric Chopin
Je vis un magasin dont l’exquise vitrine
Recélait en son sein d’élégants escarpins
Qui éclipsaient de loin baskets et ballerines.
La semelle était rouge et laissait présager
Que ces souliers étaient de marque prestigieuse.
Bien que le prix risquât de grever mon budget,
Les essayer devint une envie impérieuse.
Sagesse ou bien folie, je n’eus pas à choisir.
Tant j’étais fascinée par leur belle cambrure
Je passai à mes pieds l’objet de mon désir,
Les talons effilés me donnaient fière allure !
J’eus l’excellente idée d’aller au bal danser.
Si joliment chaussée, je serai la plus belle.
À la première danse, évoluant sans glisser
J’appréciai de tout cœur la mélodie sensuelle.
À la deuxième danse, une ampoule apparut
Puis, c’est à ce moment que mon récit se corse :
À la troisième, hélas, toute joie disparut
Je me fis en chutant une méchante entorse.
Au bal
Le rhinocéros a mis
Une chasuble en dentelle
Et lissé ses favoris
Pour danser avec sa belle
Au grand bal de Nairobi.
La belle est une gazelle
Œil tendre, sabot joli,
Qui adore aller danser
Et n’ose pas refuser
Mais a peur d’être écrasée.
Elle creuse sa cervelle
Et soudain elle a trouvé :
Elle court chercher l’échelle
Restée sous le grand figuier
Pour se faire un escalier
Et revient se mettre en selle
Sur le dos du destrier.
Tourne, tourne lui dit-elle
Œil doux pour l’encourager,
Tourne, tourne redit-elle
Tu dois être le premier,
Plus vite encore crie-t-elle
Et quand il tombe, épuisé,
Elle descend avec zèle
Œil ardent, sabot pressé,
Et retourne au bal chercher
Un cavalier plus léger.
Poèmes sur le thème de "La paix"
La paix
La paix ultime est dans le néant...
Si vis pacem para bellum
« Si tu veux la paix, prépare la guerre »
Sévère principe ancré depuis l'Antiquité dans le réalisme romain
bien loin de l'apathie inerte des mystiques
bien loin du ravissement bêlant des romantiques
la paix est un équilibre des forces
toujours menacé
souvent instable
la paix est une dynamique dont on doit prendre soin
la paix se pèse au trébuchet
il y faut une main légère
et un esprit déterminé.
Daniel-Claude Collin / novembre 2024
LA PAIX
La paix dans le monde
d’où s’envolent les colombes
dans une immaculée blancheur
comme un pur symbole
dont on est admirateur
prions ensemble mes frères
pour la paix sur terre
et dans tout l’univers
les colombes porteuses du message
traversant les frontières
ignorant la ligne des mers
la paix vantée
à chanter quelque que soit le langage
la paix parfois dument gagnée
après une trop longue guerre
c’était hier
jamais plus jamais
mais si difficile à garder
mon frère à l’âme guerrière
visez les colombes
à l’arme blanche
les yeux ouverts
désormais sans rancœur
la plaie à peine refermée
l’esprit apaisé, qui a gagné
le bonheur de savoir aimer
depuis toujours tant espéré
et enfin, pour demain
acte signé et respecté
la paix transportée
dans les ondes
par nos blanches colombes
maintenant unis pour des années
à partager tous en cœur