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La mer

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Quelques citations

Vous ne pourrez jamais traverser l'océan si vous n'avez pas le courage de perdre de vue le rivage. Christophe Colomb

La vie, c'est comme la mer, elle ne porte que ceux qui remuent.

Hervé Bazin

La mer comme la peinture est une société secrète qui n'annonce jamais ses couleurs. Jacques Prévert

La mer, c'est le cœur du monde. Vouloir visiter les océans, c'est aller se frotter aux couleurs de l'absolu. Olivier de Kersauson

Pourquoi le spectacle de la mer est-il infiniment et si éternellement agréable ? Parce que la mer offre à la fois l'idée de l'immensité et du mouvement.

Charles Baudelaire

Homme libre, toujours tu chériras la mer ! Charles Baudelaire

La mer enseigne aux marins des rêves que les ports assassinent. Bernard Giraudeau

Si vous voulez aller sur la mer sans risque de chavirer, alors n'achetez pas un bateau : achetez une île ! Marcel Pagnol

On ne s'impose pas sur la mer, on passe simplement sur la pointe des pieds, un peu comme dans la vie. Olivier de Kersauson

La mer est un espace de rigueur et de liberté. Victor Hugo

Nos poèmes

DIEPPE

 

Il y a de grandes marées basses

Un sable froid mouillé comme un miroir

Il y a des rochers noirs

Des pêches à pied

Et des enfances lasses

 

Il y a beaucoup de vagues

Beaucoup de vent

La chair de poule sous la serviette

Deux boules de glace

Une viennoiserie

Le marchand passe

J’entends son cri

 

Il y a l’odeur de l’eau

Inimitable

Les filles et les garçons

Peau qu’on effleure sur le sable

 

Il y a un père adolescent

Qui plonge et ne sait pas nager

Une mère au foyer

Qui ne se baigne jamais

 

Il y a des galets gris

Qui font si mal aux pieds

Des soldats morts il y a longtemps

Y sont restés couchés

 

Il y a les prochaines baignades

Jamais achevées

Nulle part ailleurs

Toujours trop froides

Ici toujours meilleures

 

Et ce besoin de mer

Et ce manque de mer

 

Tapis, grondant au fond de mon ventre.

 

Véronique Garrigou

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La mer

 

pour nous source vitale immémoriale

monde-tombeau aussi

aux profondeurs hypnotiques si malaisées à fréquenter

tantôt clapot enjôleur caresse sur la peau

tantôt « vague scélérate » avide des plus gros navires

 

la mer

horizons tentateurs voyages et légendes

histoires universelles de combats singuliers

pertes sans appel

ou retours fabuleux ouvrant à d'autres mondes

 

la mer

parfois oui parfois non

à la fois ici et au-delà

certains jours grise comme la colère et l'ennui

d'autres jours bleus comme le ciel et les mensonges

 

la mer

un cœur qui bat

aux cris monstrueux des tempêtes

ou qui scintille aux jeux brodés de la lumière

 

la mer

respiration de la vie

 

  

Daniel-Claude Collin / février / 2025

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IL PLEUT SUR OUISTREHAM

 

 

Il pleut sur Ouistreham

les yeux brouillés de larmes

par une vie qui désarme

me donnant le vague à l’âme

 

il pleut sur Ouistreham

période sombre que mon cœur entame

étant tombée sous le charme

puis écartée sans faire de drame

 

sur Ouistreham, il pleut

l'océan montre une tache blanche

un Paquebot vogue silencieux

chargé d'occupants aux rêves pieux

 

Déjà je suis montée à bord

embarquée sans le moindre remord

ainsi ma peine s'endort

bercée, tribord, bâbord

 

corps perdu dans la grise brume

mes idées sortent de ma plume

cherchant un sens à mes maux

et le besoin d'écrire ces mots

 

Il pleut sur Ouistreham

tiens, le vent a emporté la pluie !

Pour une instante spectatrice je suis.

salutaire réflexe quand la vie m'ennuie.

 

Danydeb    12 juin 2O16

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Dernier rivage

 

                                                 

Lorsqu’apparaît le jour, on se lève ébahi

Et le cœur plein d’ardeur, on traverse le seuil

Comme un homme étourdi par d’obscures envies,

Souhaitant de la mort faire le dernier deuil.

 

On marche sans regret observant le rivage

Et le soleil naissant dans le doux paysage

Égaie le bon esprit prêt au vagabondage

Quand le matin charmant dissuade d’être sage.

 

On ignore son âge encor peu avancé

Et on songe à l’amie autrefois entrevue

Dans une rue obscure où perce la Beauté

Comme un rayon subtil réveillant l’inconnu.

 

Ô sourire aperçu le long de l’âpre grève !

Je te dois un éclair attendrissant mon âme !

Serait-ce le début d’un indicible rêve

Où ondule à l’envi le corps d’une autre femme ?  

 

Marc Rébéna                      

Soir d’été à Cabourg

 

En plein cœur de l’été, la vie ralentissait,

Écrasée de chaleur, la journée finissait.

Nous avions achevé nos tâches quotidiennes,

Abrités du soleil par l’ombre des persiennes.

 

L’envie nous prit alors de fuir cette torpeur

Et d’aller vers la mer rechercher la fraîcheur.

Notre choix se porta sur la Côte Fleurie,

Son rivage riant propre à la flânerie.

 

Autour du Grand Hôtel au charme prestigieux,

L’âme de Marcel Proust subsistait en ces lieux.

L’espace d’un instant, je devins Albertine,

Protégeant mon teint clair sous une capeline.

 

Le long de la jetée se croisaient des passants

Qui offraient leur visage au vent rafraîchissant.

Un tout petit garçon galopait sur la digue

Et riait aux éclats, ignorant la fatigue.

 

Les vagues apaisées refluaient doucement,

Oubliant sur le sable, en fugace ornement,

Pour un très court instant leur dentelle d’écume.

De grands bateaux, au loin, se fondaient dans la brume.

 

Dans la mer en fusion, le disque flamboyant,

En une symphonie de rouge chatoyant,

S’immergeait lentement, et chacun, en silence,

Contemplait, fasciné, cette magnificence.

 

Puis il fallut laisser la plage aux crustacés,

Repartir un peu las, tendrement enlacés,

Savourant de l’air frais la subtile caresse

Et de ce soir d’été, l’ambiance enchanteresse.

Martine Desgrippes Devaux

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Effet mer

(slam)

 

La mer s’en va, la mer s’en vient

C’est aujourd’hui que je reviens.

La mer s’en vient, la mer s’en va

Et toi, pourtant, tu n’es pas là.

 

Je cherche en vain sur cette plage

Le doux reflet de ton visage.

L’écume amère des longues lames

Ne peut m’offrir que vague à l’âme.

 

Voilà le temps qui se détraque

Sur le rocher, la vague claque

Et sous le ciel qui s’assombrit

C’est mon humeur qui vire au gris.

 

Malencontreux malentendu

Amour perdu, cœur éperdu.

Dans l’océan, larmes salées

Mon bel amour s’en est allé.

 

Plage esseulée, morte-saison

Ton souvenir est un poison

Et dans le vent qui le malmène

Un goéland hurle sa haine

 

Comme un bateau qui vogue et tangue

Chavire hagard mon cœur exsangue.

La mer glacée roule ses vagues

Et ma raison vague et divague.

 

L’orage gronde ivre de rage

L’éclair soudain fend les nuages.

Face à la mer qui se déchaîne

Je reste seule avec ma peine.

 

La mer s’en va, la mer s’en vient

C’est aujourd’hui que je reviens.

La mer s’en vient, la mer s’en va

Et toi, pourtant, tu n’es pas là.

 

Martine Desgrippes Devaux

Le rêve d’un skieur

 

 

 

La montagne et la mer me charment incessamment…

Quand le soleil se lève, ou bien lorsqu’il s’endort,

 Il embrasse la neige ou l’eau, tel un amant,

 Et le cycle du temps nous offre ses trésors.

 

Par les monts et merveilles, lorsque le skieur s’élève,

Passionné, enthousiaste, il s’élance dans l’air.

Mais en son âme enjouée, se profilent des rêves :

Il apprendra, bientôt, à plonger dans la mer.

 

Il songe à visiter les mystères d’océans,

 A éblouir ses yeux de multiples couleurs.

Une flore insolite, digne émerveillement,

Et des poissons étranges enchanteront son cœur.

 

 Le corps a ses raisons ; il a soif d’aventures,

Quand la curiosité est source de bonheur.

 Pour percer les mystères d’une digne nature,

 Le sportif, chaque jour, cultive son ardeur.

 

 En haut ou bien en bas, la joie règne partout,

 Et les sensations fortes génèrent le plaisir.

 La passion de l’exploit est un sublime atout

 Qui flirte avec l’envie, toujours, de découvrir.

 

Digne Pêcheur d’Islande, Le chant de l’équipage :

Pour m’enchanter encore, voici la mer en livres…

Célèbre Moby Dick, défilent les images,

Patrimoine marin où mon esprit s’enivre…

 

Monique Renault

Pêcheur d’Islande : Pierre Loti

 Le chant de l’équipage : Pierre Mac Orlan

 Moby Dick : Herman Melville

 

 

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Peinture : Monique Renault

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MA NUIT EN MER

 

 

Quand scintille la lune et que le jour s’enfuit,

Le sommeil, doucement, joue avec mon esprit.

 

Point de sombre mirage, mais un précieux Eden,

Où la Muse des rêves, en sa robe irisée,

Merveilleuse Morphée*, de sa voix souveraine,

Déclame lentement un poème enchanté.

 

La voici qui me parle avec délicatesse :

« La musique, souvent, me prend comme une mer.»

Ultime apothéose et mon cœur est en liesse,

Lorsque j’entends, soudain, l’œuvre de Baudelaire !

 

Bel océan de mots joyeux et délectables !

Eau ! Vagues ! Eau ! Des Espoirs ! Je me ferai poète,

Savourant l’aventure, heureuse et mémorable,

D’un moment délicieux et d’une noble fête !

 

Euterpe* me séduit de sa flûte magique…

Divines Néréides* et vous Poséidon*,

Voici que vous m’offrez la vie de l’Atlantique !

M’accompagnerez-vous le temps d’une chanson ?

 

Le flux et le reflux jouent avec les falaises.

Sur un bateau à voile, j’embarque et je voyage…

Eole* se déchaîne et bientôt, il s’apaise.

Je savoure ces instants qu’avec vous je partage !

 

La mer émoi s’attarde en extase sublime.

Arpèges et pensées flamboient comme un soleil.

Me promenant gaiement sur le flot de mes rimes,

Je vogue vers une île au Pays des Merveilles.

 

Les nuages s’amusent et se mirent dans l’onde ;

De ses couleurs, le peintre illumine une toile.

Apollon et les Muses, ensemble font la ronde…

Je m’élance, aérienne, et touche les étoiles !

Monique Renault

Mythologie-  Muses :

* Néréides : Nymphes marines- *Poséidon : Dieu de la mer

* Morphée : Divinité des rêves

* Eole : le vent  

* Euterpe (Musique) Terpsichore: (Danse)Apollon : Dieu des Arts

Ouistreham- Riva - Bella … La mémoire du temps

 

Pour vous, j’évoquerai, sur la côte de Nacre,

La mer et le rivage où je me ferai guide…

Relevée des combats et terribles massacres,

Riva-Bella sourit, sans l’ombre d’une ride.

 

Ornant le sable fin, sommeillent les cabines,

Et ma mémoire se plaît à remonter le temps,

Quand la danse des vagues, aux reflets d’opaline,

Caresse ma jeunesse emportée par le vent…

 

Les rires des amis, la plage de velours,

Embellissaient, alors, une vie d’étudiante.

J’honore le passé lorsqu’il me fait la cour.

J’aime accueillir gaiement cette fête galante !

 

Et lorsque près du port, je contemple la rade.

Sereinement, je vois accoster le Ferry.

Vers la Grande-Bretagne, un instant je m’évade,

 De multiples images dansent dans mon esprit.

 

Le phare, digne gardien, depuis plus de cent ans,

Veille sur les bateaux, sans jamais défaillir.

Je contemple, en rêvant, ce fanal rouge et blanc.

Sous son œil attentif, j’aimerais bien partir...

 

Ce nom « Riva-Bella », au parfum d’Italie,

Répond à Ouistreham : un noble écho du Nord.

Quelle que soit l’origine ou l’étymologie,

J’aime ces lieux charmants où mon esprit s’endort !

 

 

Monique Renault

 

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Peintures : Monique Renault

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Slam à la mer.

La mère Marine est une star.

Mytho, mêlée de mystères où elle s’égare

En Poséidon aux pouvoirs puissants,

Raz-de-marée déferlant, inondé de sang.

Elle puise son mythe et postillonne

Danse, aboie des ordres qui claironnent

Près des golfes pas très clairs

Le cœur abasourdi, les pensées de travers

À regarder la mer,

Qui ne comprend plus rien à ce triste univers.

Tout est couleur de pluie. Tout est couleur d'hiver.

Une masse mouillée d’huile que la terre

Déverse dans ses entrailles

Où chalutier rouillé chahute sous la mitraille

De mille marées de monstrueux magma

Qui claquent et s’entrechoquent

Cognent, contractent et cassent le mât.

La mère Marine au matin, murmure le chant de la mer

Au soleil levant, entre ciel et terre

Il était un petit navire qui n’a qu’une fois navigué.

Au milieu des néréides, le matelot vivait.

Brigitte Vivien

En arrimage

 

Le vieux était assis,

Main sur la canne, en sursis,

Adossé au temps,

Assis sur l’instant.

Main sur la canne et prêt à repartir

Vers l’avenir.

 

Les yeux comme les hublots

Du paquebot du temps,

La peau ridée de l’océan des ans,

Trois cheveux sur la plage du crâne,

Trois algues diaphanes,

Des gestes lents comme les marées,

Des souvenirs en à-peu-près,

Le cœur, comme le soleil rouge du couchant,

Le vieux était assis, touchant.

 

Le vieux marin de Courseulles,

Si seul,

Main sur la canne, en arrimage,

Voyage.

Jocelyne Corbel (les Normandises 1999)

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Senteurs granvillaises

 

Vieilles maisons de la cité

A l’abri de remparts schisteux,

Baies ouvertes sur l’été

Et au vent capiteux.

 

Puis le sentier du littoral

Surplombant les ports et la ville,

En liberté carcérale,

Aux odeurs chlorophylle.

 

Fouettés sur les murailles,

De vents d’iode et d’infini,

Les narines en bataille

Nous avons rajeuni.

 

La plage fourmille à nos pieds,

Les cabines blanches s’alignent,

Les jardins Dior sont tout près,

De vieilles roses clignent

De leurs senteurs sucrées et dignes.

Jocelyne Corbel (Les Normandises 1999)

Le port de la Paix

 

Et si la Paix

Était le port à regagner ?

Si tous les bateaux du monde

Sillonnaient les océans

Tous enfin Pacifiques ?

Si cette idée n’était pas utopique ?

 

Si tous les bateaux du monde

Faisaient escale à la Raison

Puis s’ancraient pour longtemps

Au port de la Conciliation ?

Imaginez

Cette victorieuse Armada de la Paix.

 

Jocelyne Corbel (Les Normandises 1999)

Je vais à la mer

Je vais à la mère, je vais à Réville

Pour mieux contempler mon nombril.

Je vais à la mer, tout près d’Arromanches,

Là où se raconte la Manche.

 

 

Pour l’élégance, je vais à la mer ;

Je vais à Cabourg, je vais à Deauville,

Elle se pavane en stars éphémères,

En gloires fragiles.

 

Je vais à la mer, je vais à Courseulles,

Devant les voiliers mon âme est bien seule,

Alors je repars vers un coin tranquille

Nicher au creux des dunes de Biville.

 

Près d’Etretat, je laisse mon imaginaire

Se frayer un chemin aux portes de la mer,

Portes de craie et du pays de Caux,

Sur les falaises, écoute son écho.

 

Je vais à la mer. Je vais à Houlgate,

Jusqu’à ce que la houle me gâte

Mon plaisir. Alors, me dit-il,

Tu viens à Granville ou à Barneville ?

 

Je vais à la mer, je vais à la mère

Y chercher des liens, des filets mammaires.

Jocelyne Corbel

Mes chemins de poésie 2004

 

 

Ouest-terne

 

Il a toujours rêvé d’être marin.

Aujourd’hui, c’est la tempête de chagrin.

Devant sa boîte de sardines,

Des vagues de regrets larmoient.

Il fixe comme un phare sa chopine,

La boit comme on se noie.

 

Il a toujours rêvé d’être marin.

Mais il a peur de l’eau. C’est malin.

Devant le ciel gris, si terne,

Des vagues de chagrin le cernent.

Il fixe très loin l’horizon,

Là où le ciel frôle la mer à l’unisson.

 

 

Jocelyne CORBEL

Mes chemins de poésie 2004

La sirène du Titanic

 

La sirène a jailli du paquebot mythique.

Le monstre ce jour-là fit escale à Cherbourg.

C’est à coups de sirène qu’il leur disait « bonjour !

C’est moi le plus puissant, le plus beau Titanic ! »

 

Et deux heures plus tard, il leur clamait adieu.

Il pensait « Au revoir, après notre croisière »…

Le plus grand constructeur se prenait pour un dieu,

Mais il les emportait sur la mer cimetière.

 

La sirène a gémi du plus beau Titanic,

Disant adieu au port, disant adieu Cherbourg…

Et quatre jours plus tard : iceberg et panique,

Sirène de détresse, station radio secours…

 

Préparez les gilets, canots de sauvetage…

Il restait peu de temps, ce serait le naufrage.

Titanic a sombré, la mer a englouti,

Les hommes les plus riches et les plus beaux partis.

 

Jocelyne CORBEL

Extrait de la revue « Mélusine » N° 145 

Le sable

Blanc sous l’astre brillant

Argenté sous le globe blafard

Joue avec le vent.

                         

Les dunes

Maitresses du temps

Piquetées d’herbes hautes

Verdissent et blondissent.

 

La mer

Faiseuse de nuages

Obscurateurs du soleil

Rabote la falaise.

 

Les vagues

De leur mouvement lent et rapide

En sourdine

Murmurent de plaisir.

 

© Krystin Vesterälen – 16 août 2017

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Le marais en brume

 

Le vent perlé de brume

Enveloppe le bocage,

Qui, du vert mature

Au vert éclatant,

Inonde de sa fraicheur.

Le paysage repu de ses dons

Se repose avant d’éclore.

Ainsi du printemps en automne

Surgissent le travail et le repos.

 

© Krystin Vesterälen– 6 octobre 2017

Le port

 

Les voiles blanches

Posées sur la mer diaphane

Epinglées sur la toile

Eclairent les coques.

 

 

Le soleil joue de ses rayons

Où le creux de la vague

Entré en lui-même

Devient ombre.

 

L’aquilon gonfle les voilures

Les mats se dressent

Fiers de leur résistance

S’épanche le zéphyr.

 

En traits noirs

Volent en V les oiseaux

Compagnons de voyage

Chante le vent.

 

© Krystin Vesterälen – 05 août 2017

La baleine échouée

 

Toi qui t’échoues sur nos plages

Ton ventre blanc exposé au soleil

Couchée sans vie sur le dos.

Ton absence nous fera beaucoup de peine

Ton chant harmonieux nous manquera

Ton ballet élégant dans les eaux

Troublées par les rayons de lune

N’enchantera plus la magie de l’instant.

Finis nos yeux émerveillés.

Ta peau si délicate

Ton regard maternel

Ta force tranquille

N’apaisera plus la main du plongeur.

 

© Krystin Vesterälen – 20 septembre 2017

La brise marine

La brise marine

Caresse ton corps

Qui telle une ballerine

Pointe dans le décor

Ecartant les courtines

Chuchotant des encore

Soulève ta pèlerine

Imitant une pécore

Qui à la fenêtre tambourine

Tous les points du score.

 

© Krystin Vesterälen – 10 juillet 2017

La ligne d’horizon

 

Ephémère trait,

Longueur étirée,

Séparation des éléments.

Dans le nocturne

Tu te fais invisible.

Dans la lumière

Tu te fais indivisible.

Dans la brume

Tu te fais paisible.

Dans l’orage

Tu te fais irascible.

 

© Krystin Vesterälen – 10 décembre 2017

Nuit d’orage

 

Ce soir où le ciel argenté

annonce une nuit sans étoiles,

le vent charmant se place

dans les trouées d’or

où s’engouffrent les zébrures,

coups de tonnerre.

Le ciel laisse tomber ses pleurs.

Et le matin tel un rêve,

s’épanouit dans le soleil.

 

Krystin Versterälen

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Armor

 

Au jeu de l’amour et de la mer

 

ton éclat éblouissant

 

sculpte sur mon front

 

de petites rides en forme d’étoiles

 

où je retrouve mon sang

Bernard Denouel

La femme et la mer

 

Triste les yeux à demi ouverts

tu regardes la mer et ses eaux turbulentes

 

Ton corps replié en forme de fœtus

se confond avec les dunes du sable

tu sembles vouloir te cacher du monde

 

Il y a la mer avec son ciel

immense drap bleu déployé à l’infini

et ce soleil qui blesse l’horizon

 

Presque endormie tu écoutes

le bruit du ressac le flux et le reflux

des vagues sur les rochers

 

La mer à tes narines apporte

l’odeur de l’amour avec la chaleur

les cris des mouettes le vent

 

Tu rêves de prairies de collines

et d’envol tel un oiseau

 

Tu vogues hors du temps

comme lorsque tu errais dans le ventre

de maman protégée jusqu’à l’explosion finale

 

Et tu t’en vas amarrée à tes souvenirs de petite fille vers ce temps d’avant

où tout était possible

Bernard Denouel

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La maison du pêcheur

 

Sous le masque invisible de la nuit

l’ombre bleue se déchire

 

Un témoin prétend avoir vu le soleil

mourir dans la mer à dix-huit heures

 

mais je ne le crois pas

 

Des bribes de jour sont restées

accrochées entre les interstices des murs

 

tandis que la pluie obsédante martèle

avec un son de tambour

 

les toits de tôle ondulée

vagues pétrifiées

 

Englouti au fond de l’abysse des draps blancs j’écoute la maison silencieuse

 

gros navire ventru

qui se traîne sur son flanc droit

 

volets fermés bois de marine

qui claquent dans le vent chaud

 

Et loin très loin

le bruit incessant du ressac

le phare rouge qui plonge son œil incandescent

 

et la voix du vieux pêcheur qui murmure doucement il n’y a plus de poisson

il n’y a plus de poisson

 

Ses yeux malicieux brillent

dans le noir de son visage

Bernard Denouel

La mer l’hiver

 

Toujours en mouvement la mer

sang de la terre ne peut s’arrêter

la terre n’y survivrait pas

 

Quand la mer perd ses couleurs l’hiver

elle se contente de son gris ardoise

qui brille sous le pâle soleil

 

La grève est nue abandonnée aux oiseaux

 

Sur le sable agité par le vent on aperçoit

les circonvolutions de l’eau qui se tortillent

en vain semblables à des serpents voulant rejoindre le large

 

On entend le rire moqueur des mouettes

au-dessus du ressassement des vagues qui ne cesse jamais

 

Sur la jetée de rares passants aux cols remontés jettent parfois sur la mer

un bref regard comme si c’était une frontière

 

Et lorsque l’eau monte le ressac alors fouette  furieusement les brise-lames édifiés

pour contenir les flots

 

C’est ça la mer l’hiver

Bernard Denouel

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La mer ou l’espérance

 

La mer une obsession je ne saurais dire pourquoi

 

Peut-être parce que chaque vague en soi

est unique

 

On ne sait jamais d’où elle arrive la vague

où elle va se poser c’est l’irruption

de l’inattendu

 

Elle semble aller et venir au rythme même

de l’amour

 

 

La mer joue aussi avec les couleurs gris bleu vert émeraude elle surprend elle caresse

 

Inconstante elle se montre sombre violente parfois confondue avec le ciel ne fait-elle pas peur alors

 

Puis elle se calme elle chatoie au soleil

elle est douce elle ressemble à un chat se roulant dans le sable

 

A nouveau elle gronde on entend le ressac se fracasser sur les rochers on pense

aux marins disparus en mer

 

A d’autres moments elle murmure à l’oreille

une promesse de vie toujours renouvelée

 

La mer ce serait donc le mouvement l’ombre la lumière la vie tout simplement

 

Quand je ne la vois plus je l’attends encore comme l’espérance la source de l’éternité

Bernard Denouel

La mer

 

Ciel lumineux ciel clair

nuages gris

 

chevauchant d’autres nuages gris

 

séparés par de petites bandes bleues

comme un drapeau déchiré

 

soleil ô soleil

surgi on aurait dit de nulle part

 

je me souviens de la mer

ce jour de printemps

 

nous marchions le long des falaises

aux chevelures blanches

 

un jour sans vent

 

nous écoutions le bruit murmurant

des vagues apaisantes

 

nous ne faisions qu’un en ce temps

 

mais des pensées plus sombres

me viennent aujourd’hui

 

elle recule maintenant la terre

sous les coups de boutoir de la mer

 

dans un mouvement incessant de flux

et de reflux

 

les falaises sont toujours debout

 

mais frontière bien fragile

 

déjà au premier plan des maisons abandonnées

 

comme de vieux bateaux échoués

 

des maisons menacées

 

au loin dominant la mer ce n’est pas un phare mais une petite église avec ses vitraux de lumière son cimetière marin la tombe de Braque

 

elle semble surveiller la montée

l’avancée des eaux

 

peut-on imaginer la terre

entièrement recouverte par la mer

devenue orange bleue pour l’éternité

Bernard Denouel

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Une invitation au bain

 

Il faut imaginer Sua sous le chaud soleil d’Equateur

 

Un village minuscule de carte postale perdu à l’écart du monde

 

Quelques maisons de pêcheurs de couleur toutes en bois face au Pacifique immense infini

 

Des fleurs monstrueuses en guise de jardins

 

A cet endroit sous le chaud soleil la mer brille comme un toit d’ardoises

 

Il n’y a personne sur la plage hormis

un couple homme et femme allongés

 

Ils contemplent la mer immobile

 

Pas un souffle de vent sous ce soleil brutal

 

Soudain une femme venue de nulle part

aux cheveux noirs en robe colorée jusqu’aux pieds s’avance résolue un chaudron

à la main

 

D’un geste gracieux elle balance

son chaudron vers la mer

 

L’eau prend alors une couleur jaune visqueuse qui s’étale peu à peu au milieu

des méduses

 

Effarés les deux amants sans se regarder

repoussent leur bain au lendemain

Bernard Denouel

Muisne Equateur

 

 

A Muisne on entend les cris des marchandes noires descendantes d’esclaves sur

le marché tropical

 

L’une d’elles m’interpelle familièrement

en français

 

Sur les étals les fruits explosent de couleurs

 

Nous avançons la plage apparaît soudain immense et solitaire

 

Le Pacifique lèche doucement le sable blanc

 

Tout au fond près des palmiers on aperçoit des cabanes vertes bleues ou rouges montées sur pilotis

 

Nous ne tarderons pas à deviner pourquoi

 

Brusquement la plage se couvre de petits crabes rouges comme si elle se mettait en mouvement

 

Ces crabes sont des milliers ils grouillent de partout

 

Nous passons la nuit dans les cabanes

 

Le matin nous retrouvons le sable blanc

Bernard Denouel

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La mer la nuit

 

La mer la nuit

c’est d’abord un bruit

mais pas n’importe quel bruit

 

Un bruissement régulier

en l’absence de vent

 

Un ressassement continu

 

Le flux et le reflux au rythme des vagues

 

La lune est son amie

sans elle la mer serait immobile

 

On ne la voit pas

au milieu des ombres

 

Pourtant elle est là

on sent sa présence

 

Proche ou lointaine

immense et infinie

Bernard Denouel

Hommes à la mer

 

Les vagues dans leur mouvement incessant

ont fracassé leurs corps. La lutte est inégale

et les flots rugissants

de la mer déchaînée les broient et les avalent.

 

Dans le bruit puissant du ressac

c'est leur souffle que l'on entend

Ce ne sont pas des voiles qui claquent

Mais leurs voix portées par le vent

 

Ils n'ont pour toute sépulture

que l'abysse insondable qui les a engloutis

Leurs tombeaux n'ont aucune gravure

Qui sait d'où ils venaient et ce qu'ils avaient fui

 

Ils ne sont pas les seuls au fond de l'océan

D'autres tombés comme eux d'un précaire radeau

Imaginaient leur vie sur ce vieux continent

où les hommes semblent heureux dans cet Eldorado

 

Ils n'atteindront jamais l'île de Lampedusa,

Leur âme peut-être s'échouera sur la grève,

Mais qui cela dérange un migrant qui se noie

Dont on ignorait tout, même le plus fou des rêves

Marie-Françoise Malherbe

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Les cendres de mon père

 

 

Je me souviens, c'était il y a vingt ans,

Je déposais tes cendres dans les vagues agitées

de l'anse des Chevrets

C'était le plein été.

Le sable était chaud, le soleil brillait

Et la plage bruissait des rires des enfants.

 

D'une petite voix éteinte

Tu m'avais dit ces derniers mots

« Saint Malo »,

Au revoir, adieu, kenavo

toi le marin, le matelot,

à la mer tu confiais ta belle âme défunte.

 

Où es-tu désormais ?

Vogues-tu au large de ces contrées lointaines

bercé par les voix suaves d'envoûtantes sirènes

porté par les vents houleux ou la brise sereine

vers ces îles aux doux noms qu'on égrène

ceux de femmes lascives qu'on ne peut oublier.

 

La mer fut ton berceau.

Enfant depuis la grève, tu rêvais de voyages

d'aventures corsaires, d'inconnus paysages.

Lorsque mes pas me ramènent vers ce secret rivage

je t'offre quelques fleurs en un vibrant hommage

Comme on honore les corps cachés dans des tombeaux.

Marie-Françoise Malherbe

La plage de Saint-Coulomb

 

  

Je nage parmi les algues.

 

Les vagues claquent. Je les regarde mourir sur le sable.

 

Je vois les gens qui prudemment rentrent dans l'eau. Ceux qui hésitent devant la fraîcheur de cette eau, qui se hissent sur leurs pieds pour retarder l'immersion totale. Ceux qui tiennent leurs bambins par la main et sautent en criant dans l'écume brassée. D'autres sont comme plantés, debout, bras croisés regardant l'horizon.

 

D'autres encore main en visière sur les yeux comme s'ils cherchaient à comprendre le va-et-vient incessant de toute cette étendue mouvante.

 

Le vent secoue les parasols multicolores. Le drapeau s'affole en haut du mât. Il est vert, signe que le risque est mesuré. Les maîtres-nageurs scrutent d'éventuels nageurs imprudents.

 

On dénombre des méduses violettes en plus des blanches bien plus habituelles. Il y a quelques années de cela, il n'y en avait pas tant. Signe du réchauffement climatique certainement.  Elles suivent les courants chauds.

 

L'eau est à 20°. En Bretagne. Un bouillon. Une étuve.

 

Je fais des allers et retours en m'assurant toujours d'avoir pied. Toujours cette peur même en nageant assez correctement.

 

Le vent forcit. Les vagues me frappent et me déséquilibrent. Je continue.

 

Les cris autour se font plus aigus.

 

Je te cherche. Encore et toujours. En vain bien sûr.

 

Toi tu ne marches plus au bord de l'eau. Tu n'accompagnes plus mes brasses maladroites.

 

C'était avant. Le dernier été. Je te cherchais du regard. Le tien se posait sur moi. Tu souriais un peu. Je te sentais lointain. Mais tu étais là et j'allais heureuse de te savoir malgré tout si près de moi.

 

Tu n'avais pas voulu te baigner cette année-là. Les années précédentes nous rentrions dans l'eau avec cette hésitation jubilatoire et nous avancions collés l'un à l'autre. Tu t'éloignais un peu et tu me criais « viens, tu as pied ». Confiante, je nageais jusqu'à toi et enroulais mes bras autour de ton cou. Je mettais mes pieds sur les tiens et nous nous embrassions.

 

J'embrassais tes lèvres, tes épaules et je buvais les gouttelettes au goût de sel sur ta peau. Revenus sur nos serviettes de bain, je m'allongeais auprès de toi. Toi, tu te tenais assis, bras autour des genoux. Ma tête se posait sur ton torse et il me semblait que rien ne pouvait être plus parfait que ces minutes-là. Le temps n'existait plus. Tout était figé. Nous et le bonheur avec.  Puis le cri d'une mouette me rappelait au présent. L'heure était venue de repartir, de rouler les nattes, de reprendre le petit chemin qui nous mènerait jusqu'au camping. Les grenouilles, si nous étions chanceux, chanteraient pour nous.

 

Aujourd'hui, même les grenouilles se taisent. Elles ont compris que tu n'étais plus là pour les entendre.

 

Alors je remonte seule, mais si emplie de toi que je pourrais presque sentir ta main prendre la mienne.

Marie-Françoise Malherbe

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         L’île de Sein

        

         Corne de brume et ciel éteint,

         Cotonneuse dans le lointain,

         Oppressée de petit matin,

         Elle émerge l’île de Sein.

 

         Agenouillée dans son destin

         Autour du phare ange gardien,

         Nimbée d’iode pour parfum,

         Elle rampe l’île de Sein.

 

         Et puis…Soleil timide enfin,

         Transparence d’un pignon peint,

         Bleu délavé, jaune incertain,

         Elle s’offre l’île de Sein

         Irène Gaultier-Leblond

 

 

 

 

Omaha Beach

 

Oui c’était eux, ils arrivaient !

Marée déferlant d’outre-monde

Aube de gloire et hécatombe

Héros des Saintes Libertés

Affrétés de notre espérance

Bravant la mort et la souffrance

En s’engageant jusqu’à merci

A l’assaut sanglant des falaises

Combattants de vase et de glaise

Hurrah pour la Paix et Merci !

 

Irène Gaultier-Leblond

 

Extrait du recueil « Florilèges » (1989)

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Sortilèges

 

La mer criait au bord des marées prises au piège,

En rabattant le vent,

Et j'écoutais claquer la voix des sortilèges

Au col des goélands.

Les galets s’écrasaient dans des sillons étranges,

Lignes de quelle main ?

Brouillant des ombres d’âmes… et des lumières d’anges…

Déval ou bien destin ?

Les vagues amplifiaient des harangues sauvages,

Accusant cette nuit,

Qui prêtait quelquefois certains corps ou visages

A ces plaintes ou ces cris.

Le corps me frissonnait d'ondes et de maléfices

Venus du fond des temps

Et je ne faisais rien pour m'écarter des lices

Où ferraient les tourments.

L'horizon s'éclatait sous la poussée des phares

Hachant grève ou bateaux,

Enfonçant une voile ou brisant des amarres

Au seul tranchant de l'eau.

Quand donc s’immergerait l’éclair, sur cette écume,

Qui me nouait la voix ?

Quand reviendrait le jour apaiser cette dune,

Vertigineux cobra ?

… Pourtant, enfin, le vent, épuisant sa colère

En calmant ses éclats,

S’émoussa lentement pour ramener de terre

Des silences béats.

Et le flux pardonna à la nuit, ses longs voiles

Aux inquiétants profils,

Car il allait enfin porter… jusqu’aux étoiles,

Les marées en exil.

 

 

Irène Gaultier-Leblond

 

Extrait de la revue « Mélusine » N° 197 (novembre 2017) :

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Embrun

 

L’embrun, sur la lèvre et la main,

C’était ma rosée du marin

Quand je foulais à Saint-Aubin

Le sable vierge du matin.

 

J’aimais aller, corps et visage

Ouverts à l’iode et au varech,

A l’énergie qui vient avec

L’aube levée sur le rivage.

 

Tout l’horizon signe le vent :

La voile au loin qui se déplisse,

Le rêve somptueux qui lisse

La carène du goéland.

 

Saveur d’âpreté reconnue,

Aujourd’hui encore il se peut

Qu’en me forçant tout juste un peu

J’en ai la lèvre encore embue.

 

Irène Gaultier-Leblond

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