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Poésie volcanique
Printemps des poètes 2025

Quelques citations

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Nos poèmes

Slam insurrectionnel

 

Levée de boucliers des poètes au printemps,

Résistance aux dérives, à l’absurde oppressant,

Soulèvement en vers, échappée volcanique de mots poétiques

Contre un monde à l’envers. Indigestion psychique

Du gâchis, de la haine, du fric, des attentats…

Le printemps dès janvier c’est aussi les fleurs posées en tas

Sur les lieux de leurs crimes. Ras le bol d’indignés unanimes,

Assez des assassins, inhumains, qui égorgent au nom d’un dieu prétexte !

Agitez vos stylos, poètes anonymes, et récitez vos textes,

Changez la Marseillaise, gardez l’air, corrigez les paroles,

Ras le bol d’étendards sanglants élevés, de sang dans nos sillons,

Des féroces soldats toujours prêts à l’action !

Faites arrêt sur l’image d’une planète distendue de haine et de bêtise,

Jugulez la fébrilité lassante, létale au fil du temps, de tous ces gens qui les attisent,

Lancez la marche arrière, effacez les saccages, enrobages,

Politique-trucage, société mise en cage dans la peur.

Restaurez la tolérance, le bon sens, le respect, la vraie vie, les valeurs…

Pour finir en chantant dans un esprit laïc

Juste pour l’allégresse … Hallelujah ! Alléluia, Hallelujah….

 

Jocelyne Corbel       Mars 2015-

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Dix ans plus tard, rien n’a changé. L’état du monde a empiré…

En union avec « le printemps des poètes » qui propose la poésie volcanique ;  par solidarité avec toutes les victimes de la guerre partout sur notre planète, pour crier ma terreur et la leur avec E. Munch…

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Cri volcanique

 

Comme un volcan de haine

jamais éteint

qui vomit sa lave en fusion

en éruptions soudaines,

Le cratère crache ses illusions.

Destruction des villes

et pensées en lambeaux,

l’amour et l’avenir ensevelis,

même pas le temps des tombeaux…

 

Rien à comprendre de la guerre,

épongez ces laves de sang.

Pourquoi l’enfer sur une terre

qui pourrait être un paradis ?

 

Jocelyne CORBEL. Le 20/2/2025

Volcans de larmes

 

Montagne Pelée d’avant-hier,

Vésuve dans le jour d’avant,

tsunami soulevant la mer

en monstrueux débordement.

Partout les ruines s’accumulent,

nul coin de terre n’est épargné,

guerres, pandémies, canicules

ne laissent que les yeux pour pleurer.                                                                         Que faire après, que devenir,                    à quoi raccrocher la détresse,                     à quoi rapporter l’avenir                             quand tout n’est que perte et tristesse ?                                                                      Rien ne subsiste de la veille                         que désespoir et dénuement….                                                                                 Et pourtant  un matin s’éveille                     qui ressemble à un jour d’avant,                 des pas  peu à peu s’en reviennent             là même d’où ils avaient fui,                       c’est le corps qui les y ramène,                   c’est le cœur qui les y conduit.                                                                                    Des voix reconnues s’interpellent,                 des bras s’ouvrent à d’autres bras,               puisant des énergies nouvelles                     capables de tous les exploits.                     parce que l’espoir  est le plus  fort               qu’il surmonte  la tragédie,                         qu’il  redonne   le goût de l’effort                 et rend tout son sens à la Vie.

 

Irène Gaultier-Leblond   23 janvier 2025

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Saison d’enfer

                   UKRAINE

 

Les tirs, la peur, le feu, les bombes,

La guerre est un échec sans fin

Avec partout ses hécatombes

Ses cortèges de froid, de faim.

 

À chaque porte sa misère,

à chaque rue son flot humain

Fuyant la mort et la colère

Et la pénurie de demain.

 

Nul aujourd’hui n’a l’ignorance

Pour s’absoudre ou pour excuser

C’est en absolue connaissance

Que s’aiguise la cruauté.

 

Comment peut-il encore se faire

Qu’un homme puisse, seul, acculer

Des millions d’autres à se taire

Ou bien à mourir ou à tuer ?

 

Peuple russe réveille-toi

Chasse les démons de tes terres,

Ne laisse pas mourir tes frères

Qui luttent aujourd’hui pour leur droit

 

Comme tu as lutté naguère

Avec ta ferveur et ta foi.

Ils sont des fils, ils sont des pères,

Ils ont le même accent que toi.

 

Toi seul peux écraser ce chien,

Qui sème la honte et la rage…

Par ce passé qui t’appartient,

 Aide tes frères dans leur courage

 

Soulève avec eux l’espérance,

Elle est la force, elle est le droit.

Contre la haine et la violence,

 Peuple russe réveille-toi !

 

Irène Gaultier-Leblond  17 mars 2022

Sous le feu.  

 

Au cœur des ténèbres, un feu discret,

Une lueur sourde aux braises muettes.

Dans les abîmes noirs où tout se tait,

Les âmes sommeillent, obscures et inquiètes.

 

Le frisson est lent, l’onde très étrange,

La terre craquelle sous les émois,

Le cœur se fendille, c’est l’être qui change,

Son souffle ardent danse en mille éclats.

 

Ainsi jaillissent les lumières vives,

Rugissent en flots de flammes d’un cri païen.

Et lave et poussières se ravivent,

Brisent les chaînes du calme lointain.

 

Les vives cendres en pleurs voilent l'azur,

Brûlent et sculptent le monde qui s’efface,

Puis sous la roche, au creux de la fissure,

Naît une sève, un volcan de grâce.

 

Et quand l’incendie s’apaise enfin,

Que les eaux et les vents figent les plaies,

Alors d’un sol nouveau, fertile et sain,

Jaillit l’espérance, germe de paix.

Brigitte Vivien

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Lave danse en feu, Nuit de cendre pleut,

Cendres noires au vent, Souffle rouge ardent.

Roches hurlent haut, Souffle court et chaud,

Roc figé de peur, Ciel brûlant de sueur.

Terre crie en flammes, Mont en rage blâme,

Rivière de braise, Cœur en fournaise

Brasiers sous la peau. Feu du noyau

 

Silence en éclats, soupir de magma,

 

Terre fume encore,

  Lumière hésitante,

Braises sous la peau,

Terre fendillée,

Mémoire en écho.

 

Verdure timide,

Pluie aux cœurs ouverts,

Le volcan s’endort,

Mais rêve en secret.

Puis renaît le jour.

 

Brigitte Vivien

Comme un volcan endormi...

 

Un seul tour de clef a suffi.

Je suis rentrée dans l'appartement et tout de suite j'ai vu le désordre.

Au sol les tableaux, tes outils de bricolage,

sur la table aussi.

Toi d'habitude si méticuleux,

cet éparpillement ne te ressemblait pas.

Étonnant, surprenant mais pas inquiétant.

Pas encore.

Il était un peu plus de 18 heures.

J'ai pensé que tu étais sorti.

J'avais le temps de vaquer à des occupations ordinaires.

19 heures.

19h30

20 heures et tu n'étais toujours pas là.

Et ce silence aussi ne te ressemblait pas.

Avais-tu pris ton téléphone ? Je ne m'en souviens plus.

J'ai appelé mes filles, nos proches, nos amis.

Tu n'étais chez personne.

C'est à ce moment-là qu'une grosse bouffée d'angoisse

m'a prise tout entière.

Des pieds jusqu'à la tête.

Je savais déjà.

En quelques secondes, j'ai su la sidération, le chaos,

j'ai deviné l'inimaginable,

j'ai compris le désastre,

l'irréparable,

la fin d'un monde. De notre monde.

Je n'ai pas le souvenir d'avoir crié.

J'ai balbutié des mots sans en comprendre le sens.

Je n'étais plus qu'un corps vide qu'une onde de choc venait de traverser

et avait tout ébranlé.

La déflagration était sourde

L'implosion muette mais totale.

Je ne sais plus qui m'a dit que tu étais mort.

Comment peut-on décider de mettre un terme à sa vie.

J'étais prostrée sur mon lit,

recroquevillée comme une petite fille orpheline.

Mon cœur venait d'exploser dans un silence absolu,

j'étais distancée de l'événement,

mon corps dissocié de mon esprit.

Irradiée, brûlée, détruite.

Je sais depuis ce jour que mon chagrin incandescent

et qui parfois sommeille

ne s'éteindra jamais, tel le volcan endormi

qui brutalement se réveille.

 

Marie-Françoise Malherbe

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Je serai là

 

 

Mon tourmenté,

Mon écorché,

Qui dit trop souvent que le sort lui en veut

Que la chance l'a quitté

Emportant avec elle l'espoir d'être heureux

Et le bel avenir par lui imaginé

 

Mon inflammable,

Mon indomptable,

Qui s'emporte, s'indigne et tonitrue

Sur ce qui est, sur ce qui fut

Qui pleure la biche à terre

Et ne voit pas la misère ordinaire

 

Mon révolté,

Mon désolé,

Qui maudit le destin et rêve de vengeance,

Alors que demain est porteur d'espérance,

Il y aura des joies, il y aura des peines,

Nos vies sont imparfaites et rarement sereines

 

Mon silencieux,

Mon ténébreux,

Dont je sais les tourments, la rage, les regrets

Et la peur qui le prend au futur redouté,

Il faudra bien pourtant accepter ce destin

Il y a des combats que l'on mène en vain...

 

Mon amoureux,

Mon si précieux,

Je ne te rendrai pas tes rêves envolés,

Je n'effacerai pas tes blessures passées,

ni cette trahison,

ni ces désillusions

qui de ton cœur meurtri

ne sont jamais parties,

 

 

Tu sais, mon tendre inespéré,

 

Nous allons comme ces rivières,

qui coulent à travers les pierres.

Longtemps, elles vont tranquilles

et soudain indociles,

roulent, grondent, enflent et débordent

comme nos cœurs quand ils se désaccordent.

 

Alors

 

Si un jour tu vacilles, si tu doutes

et as peur de tomber

Ne crains rien

Je serai là pour toi

Te montrerai la route

 

Et si c'est moi demain qui glisse et qui perd pied,

 

Tu saisiras ma main

et doucement

 tu me relèveras.

 

Marie-Françoise Malherbe

Tempête conjugale

 

 

Il veut toujours avoir raison

Quand pour elle il a tous les torts.

Ils promettent des concessions,

de s'écouter, de faire des efforts

Mais malgré leurs louables intentions

rien à faire ils ne seront jamais d'accord.

 

Ils connaissaient dès le début

tous les sujets à éviter,

la politique, la religion, les étrangers bien entendu

mais ils ne savent pas composer.

Seuls la pluie, le beau temps, le prix de la laitue

Peuvent seuls les réconcilier.

 

 

Un mot, un autre et le ton monte

Les portes claquent dans la maison.

C'est l'heure de rendre des comptes.

Oubliés le traité de non-agression

les arguments que l’on confronte.

On est au bord de l'explosion.

 

Ils tournent comme des lions en cage

traversés par de meurtrières pensées

histoire de faire taire leur rage

en se drapant dans leur fierté.

Pas question de tourner la page

il en va d'un honneur blessé.

 

La guerre est enfin déclarée.

Chacun reste sur ses positions

pensant chacun de son côté

à des mesures de rétorsion

que l'on croira bon d'appliquer

comme à l'enfant sa punition.

 

Plus tard, retirés dans leurs appartements,

Il relativisera la gravité des choses,

Elle minimisera l'ampleur de l'événement.

Ils se diront qu'une trêve salutaire s'impose

et sortiront de leur tanière en agitant le drapeau blanc.

Un baiser signera l'armistice et pour cette fois encore l'affaire sera close !

 

Marie-Françoise Malherbe

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Le Cœur Volcan (paroles Etienne Roda-Gil – Julien Clerc)

 

Comme un volcan devenu vieux, mon cœur bat lentement la chamade
La lave tiède de tes yeux coule dans mes veines malades


Je pense si souvent à toi que ma raison en chavire

Comme feraient des barques bleues et même les plus grands navires

J'ai la raison arraisonnée dans un port désert dérisoire
Toute ma vie s'est arrêtée comme s'arrêterait l'Histoire
J'ai la raison arraisonnée dans un port désert dérisoire
Toute ma vie s'est arrêtée comme s'arrêterait l'Histoire

Comme une légende qui s'éteint, comme un grand peuple en décadence
Comme une chanson qui se meurt, comme la fin de l'espérance


Mon cœur volcan devenu vieux bat lentement la chamade
La lave tiède de tes yeux coule dans mes veines malades

Comme une armée de vaincus, l'ensemble sombre de mes gestes
Fait un vaisseau du temps perdu dans la mer morte qui me reste


Mon cœur volcan devenu vieux bat lentement la chamade
La lave tiède de tes yeux coule dans mes veines malades

Comme une armée de vaincus, l'ensemble sombre de mes gestes
Fait un vaisseau du temps perdu dans la mer morte qui me reste


Mon cœur volcan devenu vieux bat lentement la chamade
La lave tiède de tes yeux coule dans mes veines malades

POÉSIE VOLCANIQUE

 

dans une soudaine explosion

les mots jaillissent en fusion

dans une intense confusion

 

les mots éclatent étincelants

comme sortis d’un volcan

c’est la magie de la poésie

 

captivant l’attention

des gens ignorants

tout de cette action

 

 

et d’un curieux mouvement

folie douce d’un instant

d’un poète décrivant la vie

 

 

Danydeb

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VOLCANES (TRADUCTION)

 

 

LES VOLCANS

José Santos CHOCANO

Poète Péruvien

(Lima : 14-05-1875 / Santiago du Chili : 13-12-1934)

 

Chaque volcan lève sa silhouette

comme si d’un coup, face au ciel,

suspendaient l’angle d’un vol  

deux doigts invisibles par la hauteur.

 

La crête est blanche et comme d’un blanc pur ;

les entrailles bouillent en un souffle de flamme,

et sur le four, contraste au gel,

comme sur une passion une âme dure.

 

Les volcans sont des tumuli de pierre,

mais à leurs pieds les florissantes vallées

simulent des rideaux de lierre irisés.

 

Et pour cela, parmi des champs de couleurs,

Se détachant sur le bleu, semblent  

Des paniers renversés, déversant des fleurs.

 

(traduction : Anne GODO – 2 mars 2025)

La nuit à Gaza

 

La nuit s’est emparée de la ville

comme d’un territoire vaincu

elle s’oppose au jour désormais

elle se cramponne de ses mains invisibles

et ne laisse plus passer les étoiles

les nuages sombres se confondent

avec le ciel

on en est sûr une aube nouvelle

ne viendra pas sous ce soleil noir

les fleurs ne s’ouvriront plus au matin

et sur les décombres la suie est comme

la poussière d’un volcan

il n’y a que des fenêtres brisées teintées

par la cendre ou des jouets d’enfants épars

parmi les pierres

est-ce le vent ou des appels

qu’on entend dans la nuit des morts

peut-on imaginer qu’un jour

un autre jour naîtra et par une aube claire

on retrouvera des rêves d’enfants aux yeux noirs ou bleus courant joyeusement au milieu

des champs de blé

Bernard Denouel

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Dessin : Jean Renault  

M la maudite

 

Je peins sur une toile, au gré de ma palette,

En teintes chatoyantes et diverses nuances…

Au noir, au blanc, au gris, je dois payer ma dette,

J’aimerais m’affranchir d’un poids sur la conscience…

 

Je suis M la maudite, artiste coloriste,

Brandissant l’étendard de l’œuvre bariolée…

Je viens, en quelques mots, rejoindre une autre piste,

Et puis, avec ferveur, clamer ce qu’il fallait…

 

Numérique en couleur, abondent les images…

Mais je pense à Brassaï, à Doisneau, à Man Ray.

Leurs sublimes clichés ont honoré les âges,

Et vous, Monsieur Lartigue, je veux vous admirer.

 

Je l’avoue humblement, j’ai laissé sur la touche,

La force du sujet, l’attrait du clair obscur.

Rendons avec bonheur, l’hommage, sans retouches,

A ce qui, de tout temps, fut une beauté pure…

 

Fritz Lang régna en maître, au cœur du Septième Art,

Où la photographie brilla de perfection…

Gloire à Cosette Harcourt*, et à vous, cher Nadar* !

De vos dignes portraits, jaillit tant d’émotion.

 

Au diable, rose, vert, bleu, jaune, rouge ou violet !

Criez, dessinateurs d’un paradis perdu !

Et vous films d’antan, en ce monde, oubliés,

Révoltez-vous, hurlez ; venez vous mettre à nu !  

 

 Monique Renault

* Nadar : Photographe (XIXe siècle)

*Cosette Harcourt (XXe siècle) fut à l’origine des Studios Harcourt, privilégiant les portraits en clair-obscur –) Brassaï- Man Ray- Robert Doisneau-  Jacques- Henri Lartigue. (photographes- XXe siècle)

Fritz Lang : réalisateur (XXe siècle)

 

MEMOIRE DE FEU

 

 

Je vis dans les tranchées ; nos héros me chérissent !

D’austères campements, comme indignes maisons,

Les protègent à peine, au milieu du supplice,

Et la guerre assassine corps et âmes, à foison…

 

Le froid mord leurs entrailles …Un insidieux gazage

Et l’odeur de la poudre agressent leurs poumons…

Chaque instant  a signé un funeste présage.

Les rats indésirables se veulent compagnons.

 

L’espérance brisée, la folie meurtrière,

Hantent les cœurs blessés des hommes valeureux.

D’un immense carnage, ils vivent la galère …

Quand vous lirez ma lettre, pensez très fort à eux !

 

De plus en plus cruelle, la lutte se prépare…

Alors, un être humain devient bête de somme.

Amputés et infirmes gisent sur des brancards.

La peur de l’ennemi vit dans l’esprit des hommes.

 

Fredonnant des chansons, chacun se réconforte.

Quelques plaisanteries agrémentent  les jours.

Mais les obus éclatent en sinistre cohorte,

Dévorant les victimes d’un monstrueux parcours…

 

Pourquoi dans cette fange, faut-il que l’on se vautre ?

Tant de gueules cassées* ont croisé mon regard.

J’ai vu Charles Péguy, Blaise Cendras et d’autres,

Mutilés, sans recours, offrant leurs yeux hagards.

 

Sous les doigts talentueux d’un  sculpteur, au combat,

Finement ciselé, je ne suis qu’un briquet,

Œuvre d’art, cependant, d’un ingénieux soldat,

Qui, de tout son amour, a su me fabriquer.

 

Ma mémoire de feu traversera  les âges…

Prenez-moi dans vos mains ; chantez la Liberté !

Bien des années plus tard, en lisant ce message,

Faites briller la flamme de la Fraternité !

Le poète :

Du vingt et unième siècle, le moment est venu !

En découvrant ces mots, amis, je le proclame,

La tristesse me gagne, et je tombe des nues :

« Objets inanimés, avez-vous donc une âme ? »*

  Monique Renault

 

* Gueules cassées : expression qui a été donnée aux soldats de 14-18, blessés au visage 

« Objets inanimés, avez-vous donc une âme ? »  Lamartine (Milly ou la Terre natale)

 

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*Photographie  de Monique Renault- briquet fabriqué dans une douille d’obus (guerre 14-18)

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 Joan Baez et Bob Dylan

*Peinture van : Monique Renault

PEACE AND LOVE

Rêvant de s’affranchir la jeunesse rebelle,

Bâtissait le futur sur de fiers idéaux.

Il est vrai qu’en ce temps, nous déployions nos ailes,

Délestés d’un passé qui semblait un fardeau !

 

Affiches et slogans habillaient tous les murs…

Nous écrivions l’Histoire, ponctuée de nos désirs.

Nos voix voulaient crier, refusant les murmures.

Vers une renaissance, avançait l’avenir…

 

Les rues se nourrissaient de manifestations.

Nous récoltions les fruits de la persévérance !

Pour tenter de résoudre d’ingrates équations,

Nous cultivions l’élan d’une insigne espérance.

 

Epris de liberté et de nouvelles pensées,

Utopiques parfois, mais remplis de ferveur,

Nous croyions en l’amour, sans guerre déclarée,

Nous vivions l’euphorie d’un immense bonheur…

 

Nous écoutions Brassens, Brel ou Léo Ferré.

Les Beatles, Rolling Stones, déchaînaient les passions.

Nous dansions sur un slow ou un rythme effréné,

Brandissant l’étendard de la révolution !

 

Pour de nobles idées, les relations humaines,

L’amour et l’amitié, nous existions alors…

Dans de tristes usines, pour juguler sa peine,

L’ouvrier faisait front et il y croyait fort.

 

Au Vietnam, des soldats tombèrent au combat …

Joan Baez et Bob Dylan chantèrent pour la Paix …

Demeuré à jamais l’emblème de Cuba,

Che Guevara mourut pour avoir trop osé !

 

La voix des philosophes escortait l’étudiant…

Celles de Jean Paul Sartre et De Beauvoir Simone,

S’élevaient avec force, au sein du mouvement,

Militant sans relâche, en chœur, à La Sorbonne !

 

Au siècle vingt et un, les sixties envolées

Vivent dans les mémoires ornées de souvenirs.

Les images perdurent quand passent les années,

Tandis que se dessinent les jours de l’avenir.

 

Monique Renault

Sauve qui peut le livre

 

Les trésors de nos livres ensoleillent la vie,

Et l’empreinte des siècles illumine l’ouvrage.

Des créations de l’Homme nous  recueillons les fruits,

Quand nos yeux impatients volent de page en page !

 

En marchant vers la voie qu’il voudra découvrir,

La lecture, à l’école, affranchira l’enfant …

Inquiet, mais ingénieux, bientôt, il saura lire ;

Vers la lettre et le mot, il s’engage ardemment !

 

Prenons-le par la main, pour mieux guider ses pas,

Et accompagnons- le vers la passion des livres.

Au fur et à mesure, il nous étonnera,

Découvrant, chaque fois, que les livres délivrent…

 

L’ouvrage, en  nos pensées, ouvre tant de chemins,

Et nous nous promenons, en prose ou bien en vers…

Partons vers l’aventure, aujourd’hui  et demain…

Est-il plus bel espace que notre imaginaire ?

 

Sublimes couvertures, par nos mains caressées,

Où dormez-vous, chefs-d’œuvre, aux superbes images?

Le patrimoine excelle à vous sacraliser !

Je m’accroche à l’espoir, mais « l’e-book » se propage !

 

Gloire à vous, médiathèques, aux écrits, par milliers !

Je suis l’âme curieuse, qui toujours vous fréquente.

Dans  ces lieux exaltants, j’aime me promener!

Alors, joyeusement, sans faillir, je vous hante…

 

Biographies, romans, poésies et nouvelles

Se déclinent sans fin, embellissant nos heures.

Mon esprit s’aventure et je déploie mes ailes…

Les bibliothécaires veillent à notre bonheur …

 

Monique Renault

 

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 Photographie : Monique Renault

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Peintures : Monique Renault

   VOL TERRE ET BEAU DE L’AIR

 

Elle avait les yeux noirs et des cheveux d’ébène…

Princesse de l’Histoire, la Belle entra en scène !

 

Frappé d’un coup de foudre,  il lui offrit son cœur.

Sans problème à résoudre, joyeuse, elle n’eut pas peur !

 

L’exquise volcanique  vit le monde, à l’envers,

D’un élan frénétique, elle s’envoya en l’air.

 

Nulle pensée perverse, mais un vol périlleux,

Pour vivre à la renverse, il faut être amoureux !

 

« Attention, je m’écrase, si vous ne m’embrassez,

Je ferai table rase de notre vie passée ! »

 

Insolite pirouette, prouesse acrobatique,

Et l’exploit fit recette, car jaillit la réplique :

 

Délicieuse menace, Consuelo  a dit  « Oui » !

Comment rester de glace, pour Saint-Exupéry ?

 

Petit Prince brillait, au loin dans l’avenir.

Il avait, en secret, tant de choses à nous dire…

 

 Monique Renault

 

 

À lire de bas en haut

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Ferdinandea, l’île éphémère

 

Au début de juillet mil huit cent trente et un

Il advint qu’Empédocle, un volcan sous-marin

Entra en éruption dans la mer de Sicile

Et la lave en fusion fit apparaître une île.

 

Ce rougeâtre récif dont accoucha la mer

Semblait par sa couleur émerger de l’enfer.

Mais l’îlot minuscule et pourtant stratégique

Perturba quelque temps le jeu diplomatique.

 

La Sicile, d’abord, y planta son drapeau

Mais des pays voisins, jaloux de ce dépôt,

Tels le Royaume-Uni, l’Espagne ou bien la France

De l’île convoitée exigeaient la jouissance.

 

Et chacun, tour à tour, planta son étendard,

Ôtant le précédent sans respect ni égard.

Mais quelques mois plus tard, érodée par les lames,

L’île n’exista plus, ce qui mit fin aux drames.

 

On lui donna le nom de Ferdinandea

Pour honorer le roi, puis Graham, ou Julia.

Jules Verne et Dumas en contèrent l’histoire,

et l’île disparue resta dans les mémoires.    

 

Martine Desgrippes Devaux

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Guerre et paix

 

        

Que l’on me nomme Ares, Odin, Seth ou bien Thor,

J’ai traversé le temps en faisant mes délices

De la désolation, la terreur et la mort.

De là-haut, je me ris de tous vos armistices !

 

Ne vous réjouissez pas, pitoyables humains,

Votre paix est fugace et vos accords factices

Ne sont que des mots creux sur quelques parchemins.

De là-haut, je me ris de tous vos armistices !

 

Vos frontières passées, triomphe le chaos,

Partout des innocents subissent des supplices

Et jamais l’oppression ne connaît de repos.

De là-haut, je me ris de tous vos armistices !

 

Vous pouvez ériger un glorieux monument,

Hommage dérisoire à de vains sacrifices.

Les combats reprendront inéluctablement.

De là-haut, je me ris de tous vos armistices !

Martine Desgrippes Devaux

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Maudit blues

 

 

Quand la violence jaune et noire déferle dans les rues et pollue nos écrans

Caillassage           pillage         fumée         cris       chaos

Fuir

 

Quand l’infiniment petit nous menace

Ennemi invisible   voleur d’air     de parfum        de saveur   de vie

Peur virale           effroi masqué

Respirer

 

Quand des voix discordantes nous cernent et nous agressent

Contradictions     cacophonie          incohérence         décadence

Ignorer

 

Quand notre liberté si chèrement acquise est attaquée de toutes parts

désagrégée en fragments résignés 

écorchée en lambeaux sanglants

S’évader

 

Quand les chagrins du passé resurgis à fleur d’âme

 naufragent le pâle esquif de l’espoir

Quand la culpabilité s’accroche aux épaules comme un singe malfaisant

sac à dos trop lourd      fardeau de tourments   carcan de douleur

Oublier

 

Quand l’envie d’ailleurs se fait impérieuse

Partir avec l’aimé à des années-lumière de ce pandémonium

Revenir à l’éternel été de nos années-couleur

Boire à la source enchantée qui allège les maux et donne aux mots des ailes

Renaître    Peut-être ?

 

Quand les fleurs vénéneuses nées dans l’ombre des pensées insomniaques enfantent des rejets malsains

qui ligotent la joie de vivre     étouffent le bonheur

Trancher

 

Mais se libère-t-on jamais des fers que l’on se forge ?

 

Martine Desgrippes Devaux

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