
Poésie volcanique
Printemps des poètes 2025


Quelques citations

Nos poèmes
Slam insurrectionnel
Levée de boucliers des poètes au printemps,
Résistance aux dérives, à l’absurde oppressant,
Soulèvement en vers, échappée volcanique de mots poétiques
Contre un monde à l’envers. Indigestion psychique
Du gâchis, de la haine, du fric, des attentats…
Le printemps dès janvier c’est aussi les fleurs posées en tas
Sur les lieux de leurs crimes. Ras le bol d’indignés unanimes,
Assez des assassins, inhumains, qui égorgent au nom d’un dieu prétexte !
Agitez vos stylos, poètes anonymes, et récitez vos textes,
Changez la Marseillaise, gardez l’air, corrigez les paroles,
Ras le bol d’étendards sanglants élevés, de sang dans nos sillons,
Des féroces soldats toujours prêts à l’action !
Faites arrêt sur l’image d’une planète distendue de haine et de bêtise,
Jugulez la fébrilité lassante, létale au fil du temps, de tous ces gens qui les attisent,
Lancez la marche arrière, effacez les saccages, enrobages,
Politique-trucage, société mise en cage dans la peur.
Restaurez la tolérance, le bon sens, le respect, la vraie vie, les valeurs…
Pour finir en chantant dans un esprit laïc
Juste pour l’allégresse … Hallelujah ! Alléluia, Hallelujah….

Dix ans plus tard, rien n’a changé. L’état du monde a empiré…
En union avec « le printemps des poètes » qui propose la poésie volcanique ; par solidarité avec toutes les victimes de la guerre partout sur notre planète, pour crier ma terreur et la leur avec E. Munch…

Cri volcanique
Comme un volcan de haine
jamais éteint
qui vomit sa lave en fusion
en éruptions soudaines,
Le cratère crache ses illusions.
Destruction des villes
et pensées en lambeaux,
l’amour et l’avenir ensevelis,
même pas le temps des tombeaux…
Rien à comprendre de la guerre,
épongez ces laves de sang.
Pourquoi l’enfer sur une terre
qui pourrait être un paradis ?
Jocelyne CORBEL. Le 20/2/2025
Volcans de larmes
Montagne Pelée d’avant-hier,
Vésuve dans le jour d’avant,
tsunami soulevant la mer
en monstrueux débordement.
Partout les ruines s’accumulent,
nul coin de terre n’est épargné,
guerres, pandémies, canicules
ne laissent que les yeux pour pleurer. Que faire après, que devenir, à quoi raccrocher la détresse, à quoi rapporter l’avenir quand tout n’est que perte et tristesse ? Rien ne subsiste de la veille que désespoir et dénuement…. Et pourtant un matin s’éveille qui ressemble à un jour d’avant, des pas peu à peu s’en reviennent là même d’où ils avaient fui, c’est le corps qui les y ramène, c’est le cœur qui les y conduit. Des voix reconnues s’interpellent, des bras s’ouvrent à d’autres bras, puisant des énergies nouvelles capables de tous les exploits. parce que l’espoir est le plus fort qu’il surmonte la tragédie, qu’il redonne le goût de l’effort et rend tout son sens à la Vie.
Irène Gaultier-Leblond 23 janvier 2025



Saison d’enfer
UKRAINE
Les tirs, la peur, le feu, les bombes,
La guerre est un échec sans fin
Avec partout ses hécatombes
Ses cortèges de froid, de faim.
À chaque porte sa misère,
à chaque rue son flot humain
Fuyant la mort et la colère
Et la pénurie de demain.
Nul aujourd’hui n’a l’ignorance
Pour s’absoudre ou pour excuser
C’est en absolue connaissance
Que s’aiguise la cruauté.
Comment peut-il encore se faire
Qu’un homme puisse, seul, acculer
Des millions d’autres à se taire
Ou bien à mourir ou à tuer ?
Peuple russe réveille-toi
Chasse les démons de tes terres,
Ne laisse pas mourir tes frères
Qui luttent aujourd’hui pour leur droit
Comme tu as lutté naguère
Avec ta ferveur et ta foi.
Ils sont des fils, ils sont des pères,
Ils ont le même accent que toi.
Toi seul peux écraser ce chien,
Qui sème la honte et la rage…
Par ce passé qui t’appartient,
Aide tes frères dans leur courage
Soulève avec eux l’espérance,
Elle est la force, elle est le droit.
Contre la haine et la violence,
Peuple russe réveille-toi !
Irène Gaultier-Leblond 17 mars 2022

Sous le feu.
Au cœur des ténèbres, un feu discret,
Une lueur sourde aux braises muettes.
Dans les abîmes noirs où tout se tait,
Les âmes sommeillent, obscures et inquiètes.
Le frisson est lent, l’onde très étrange,
La terre craquelle sous les émois,
Le cœur se fendille, c’est l’être qui change,
Son souffle ardent danse en mille éclats.
Ainsi jaillissent les lumières vives,
Rugissent en flots de flammes d’un cri païen.
Et lave et poussières se ravivent,
Brisent les chaînes du calme lointain.
Les vives cendres en pleurs voilent l'azur,
Brûlent et sculptent le monde qui s’efface,
Puis sous la roche, au creux de la fissure,
Naît une sève, un volcan de grâce.
Et quand l’incendie s’apaise enfin,
Que les eaux et les vents figent les plaies,
Alors d’un sol nouveau, fertile et sain,
Jaillit l’espérance, germe de paix.


Lave danse en feu, Nuit de cendre pleut,
Cendres noires au vent, Souffle rouge ardent.
Roches hurlent haut, Souffle court et chaud,
Roc figé de peur, Ciel brûlant de sueur.
Terre crie en flammes, Mont en rage blâme,
Rivière de braise, Cœur en fournaise
Brasiers sous la peau. Feu du noyau
Silence en éclats, soupir de magma,
Terre fume encore,
Lumière hésitante,
Braises sous la peau,
Terre fendillée,
Mémoire en écho.
Verdure timide,
Pluie aux cœurs ouverts,
Le volcan s’endort,
Mais rêve en secret.
Puis renaît le jour.

Comme un volcan endormi...
Un seul tour de clef a suffi.
Je suis rentrée dans l'appartement et tout de suite j'ai vu le désordre.
Au sol les tableaux, tes outils de bricolage,
sur la table aussi.
Toi d'habitude si méticuleux,
cet éparpillement ne te ressemblait pas.
Étonnant, surprenant mais pas inquiétant.
Pas encore.
Il était un peu plus de 18 heures.
J'ai pensé que tu étais sorti.
J'avais le temps de vaquer à des occupations ordinaires.
19 heures.
19h30
20 heures et tu n'étais toujours pas là.
Et ce silence aussi ne te ressemblait pas.
Avais-tu pris ton téléphone ? Je ne m'en souviens plus.
J'ai appelé mes filles, nos proches, nos amis.
Tu n'étais chez personne.
C'est à ce moment-là qu'une grosse bouffée d'angoisse
m'a prise tout entière.
Des pieds jusqu'à la tête.
Je savais déjà.
En quelques secondes, j'ai su la sidération, le chaos,
j'ai deviné l'inimaginable,
j'ai compris le désastre,
l'irréparable,
la fin d'un monde. De notre monde.
Je n'ai pas le souvenir d'avoir crié.
J'ai balbutié des mots sans en comprendre le sens.
Je n'étais plus qu'un corps vide qu'une onde de choc venait de traverser
et avait tout ébranlé.
La déflagration était sourde
L'implosion muette mais totale.
Je ne sais plus qui m'a dit que tu étais mort.
Comment peut-on décider de mettre un terme à sa vie.
J'étais prostrée sur mon lit,
recroquevillée comme une petite fille orpheline.
Mon cœur venait d'exploser dans un silence absolu,
j'étais distancée de l'événement,
mon corps dissocié de mon esprit.
Irradiée, brûlée, détruite.
Je sais depuis ce jour que mon chagrin incandescent
et qui parfois sommeille
ne s'éteindra jamais, tel le volcan endormi
qui brutalement se réveille.


Je serai là
Mon tourmenté,
Mon écorché,
Qui dit trop souvent que le sort lui en veut
Que la chance l'a quitté
Emportant avec elle l'espoir d'être heureux
Et le bel avenir par lui imaginé
Mon inflammable,
Mon indomptable,
Qui s'emporte, s'indigne et tonitrue
Sur ce qui est, sur ce qui fut
Qui pleure la biche à terre
Et ne voit pas la misère ordinaire
Mon révolté,
Mon désolé,
Qui maudit le destin et rêve de vengeance,
Alors que demain est porteur d'espérance,
Il y aura des joies, il y aura des peines,
Nos vies sont imparfaites et rarement sereines
Mon silencieux,
Mon ténébreux,
Dont je sais les tourments, la rage, les regrets
Et la peur qui le prend au futur redouté,
Il faudra bien pourtant accepter ce destin
Il y a des combats que l'on mène en vain...
Mon amoureux,
Mon si précieux,
Je ne te rendrai pas tes rêves envolés,
Je n'effacerai pas tes blessures passées,
ni cette trahison,
ni ces désillusions
qui de ton cœur meurtri
ne sont jamais parties,
Tu sais, mon tendre inespéré,
Nous allons comme ces rivières,
qui coulent à travers les pierres.
Longtemps, elles vont tranquilles
et soudain indociles,
roulent, grondent, enflent et débordent
comme nos cœurs quand ils se désaccordent.
Alors
Si un jour tu vacilles, si tu doutes
et as peur de tomber
Ne crains rien
Je serai là pour toi
Te montrerai la route
Et si c'est moi demain qui glisse et qui perd pied,
Tu saisiras ma main
et doucement
tu me relèveras.
Tempête conjugale
Il veut toujours avoir raison
Quand pour elle il a tous les torts.
Ils promettent des concessions,
de s'écouter, de faire des efforts
Mais malgré leurs louables intentions
rien à faire ils ne seront jamais d'accord.
Ils connaissaient dès le début
tous les sujets à éviter,
la politique, la religion, les étrangers bien entendu
mais ils ne savent pas composer.
Seuls la pluie, le beau temps, le prix de la laitue
Peuvent seuls les réconcilier.
Un mot, un autre et le ton monte
Les portes claquent dans la maison.
C'est l'heure de rendre des comptes.
Oubliés le traité de non-agression
les arguments que l’on confronte.
On est au bord de l'explosion.
Ils tournent comme des lions en cage
traversés par de meurtrières pensées
histoire de faire taire leur rage
en se drapant dans leur fierté.
Pas question de tourner la page
il en va d'un honneur blessé.
La guerre est enfin déclarée.
Chacun reste sur ses positions
pensant chacun de son côté
à des mesures de rétorsion
que l'on croira bon d'appliquer
comme à l'enfant sa punition.
Plus tard, retirés dans leurs appartements,
Il relativisera la gravité des choses,
Elle minimisera l'ampleur de l'événement.
Ils se diront qu'une trêve salutaire s'impose
et sortiront de leur tanière en agitant le drapeau blanc.
Un baiser signera l'armistice et pour cette fois encore l'affaire sera close !


Le Cœur Volcan (paroles Etienne Roda-Gil – Julien Clerc)
Comme un volcan devenu vieux, mon cœur bat lentement la chamade
La lave tiède de tes yeux coule dans mes veines malades
Je pense si souvent à toi que ma raison en chavire
Comme feraient des barques bleues et même les plus grands navires
J'ai la raison arraisonnée dans un port désert dérisoire
Toute ma vie s'est arrêtée comme s'arrêterait l'Histoire
J'ai la raison arraisonnée dans un port désert dérisoire
Toute ma vie s'est arrêtée comme s'arrêterait l'Histoire
Comme une légende qui s'éteint, comme un grand peuple en décadence
Comme une chanson qui se meurt, comme la fin de l'espérance
Mon cœur volcan devenu vieux bat lentement la chamade
La lave tiède de tes yeux coule dans mes veines malades
Comme une armée de vaincus, l'ensemble sombre de mes gestes
Fait un vaisseau du temps perdu dans la mer morte qui me reste
Mon cœur volcan devenu vieux bat lentement la chamade
La lave tiède de tes yeux coule dans mes veines malades
Comme une armée de vaincus, l'ensemble sombre de mes gestes
Fait un vaisseau du temps perdu dans la mer morte qui me reste
Mon cœur volcan devenu vieux bat lentement la chamade
La lave tiède de tes yeux coule dans mes veines malades

POÉSIE VOLCANIQUE
dans une soudaine explosion
les mots jaillissent en fusion
dans une intense confusion
les mots éclatent étincelants
comme sortis d’un volcan
c’est la magie de la poésie
captivant l’attention
des gens ignorants
tout de cette action
et d’un curieux mouvement
folie douce d’un instant
d’un poète décrivant la vie
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VOLCANES (TRADUCTION)
LES VOLCANS
José Santos CHOCANO
Poète Péruvien
(Lima : 14-05-1875 / Santiago du Chili : 13-12-1934)
Chaque volcan lève sa silhouette
comme si d’un coup, face au ciel,
suspendaient l’angle d’un vol
deux doigts invisibles par la hauteur.
La crête est blanche et comme d’un blanc pur ;
les entrailles bouillent en un souffle de flamme,
et sur le four, contraste au gel,
comme sur une passion une âme dure.
Les volcans sont des tumuli de pierre,
mais à leurs pieds les florissantes vallées
simulent des rideaux de lierre irisés.
Et pour cela, parmi des champs de couleurs,
Se détachant sur le bleu, semblent
Des paniers renversés, déversant des fleurs.
(traduction : Anne GODO – 2 mars 2025)
La nuit à Gaza
La nuit s’est emparée de la ville
comme d’un territoire vaincu
elle s’oppose au jour désormais
elle se cramponne de ses mains invisibles
et ne laisse plus passer les étoiles
les nuages sombres se confondent
avec le ciel
on en est sûr une aube nouvelle
ne viendra pas sous ce soleil noir
les fleurs ne s’ouvriront plus au matin
et sur les décombres la suie est comme
la poussière d’un volcan
il n’y a que des fenêtres brisées teintées
par la cendre ou des jouets d’enfants épars
parmi les pierres
est-ce le vent ou des appels
qu’on entend dans la nuit des morts
peut-on imaginer qu’un jour
un autre jour naîtra et par une aube claire
on retrouvera des rêves d’enfants aux yeux noirs ou bleus courant joyeusement au milieu
des champs de blé




Dessin : Jean Renault
M la maudite
Je peins sur une toile, au gré de ma palette,
En teintes chatoyantes et diverses nuances…
Au noir, au blanc, au gris, je dois payer ma dette,
J’aimerais m’affranchir d’un poids sur la conscience…
Je suis M la maudite, artiste coloriste,
Brandissant l’étendard de l’œuvre bariolée…
Je viens, en quelques mots, rejoindre une autre piste,
Et puis, avec ferveur, clamer ce qu’il fallait…
Numérique en couleur, abondent les images…
Mais je pense à Brassaï, à Doisneau, à Man Ray.
Leurs sublimes clichés ont honoré les âges,
Et vous, Monsieur Lartigue, je veux vous admirer.
Je l’avoue humblement, j’ai laissé sur la touche,
La force du sujet, l’attrait du clair obscur.
Rendons avec bonheur, l’hommage, sans retouches,
A ce qui, de tout temps, fut une beauté pure…
Fritz Lang régna en maître, au cœur du Septième Art,
Où la photographie brilla de perfection…
Gloire à Cosette Harcourt*, et à vous, cher Nadar* !
De vos dignes portraits, jaillit tant d’émotion.
Au diable, rose, vert, bleu, jaune, rouge ou violet !
Criez, dessinateurs d’un paradis perdu !
Et vous films d’antan, en ce monde, oubliés,
Révoltez-vous, hurlez ; venez vous mettre à nu !
* Nadar : Photographe (XIXe siècle)
*Cosette Harcourt (XXe siècle) fut à l’origine des Studios Harcourt, privilégiant les portraits en clair-obscur –) Brassaï- Man Ray- Robert Doisneau- Jacques- Henri Lartigue. (photographes- XXe siècle)
Fritz Lang : réalisateur (XXe siècle)
MEMOIRE DE FEU
Je vis dans les tranchées ; nos héros me chérissent !
D’austères campements, comme indignes maisons,
Les protègent à peine, au milieu du supplice,
Et la guerre assassine corps et âmes, à foison…
Le froid mord leurs entrailles …Un insidieux gazage
Et l’odeur de la poudre agressent leurs poumons…
Chaque instant a signé un funeste présage.
Les rats indésirables se veulent compagnons.
L’espérance brisée, la folie meurtrière,
Hantent les cœurs blessés des hommes valeureux.
D’un immense carnage, ils vivent la galère …
Quand vous lirez ma lettre, pensez très fort à eux !
De plus en plus cruelle, la lutte se prépare…
Alors, un être humain devient bête de somme.
Amputés et infirmes gisent sur des brancards.
La peur de l’ennemi vit dans l’esprit des hommes.
Fredonnant des chansons, chacun se réconforte.
Quelques plaisanteries agrémentent les jours.
Mais les obus éclatent en sinistre cohorte,
Dévorant les victimes d’un monstrueux parcours…
Pourquoi dans cette fange, faut-il que l’on se vautre ?
Tant de gueules cassées* ont croisé mon regard.
J’ai vu Charles Péguy, Blaise Cendras et d’autres,
Mutilés, sans recours, offrant leurs yeux hagards.
Sous les doigts talentueux d’un sculpteur, au combat,
Finement ciselé, je ne suis qu’un briquet,
Œuvre d’art, cependant, d’un ingénieux soldat,
Qui, de tout son amour, a su me fabriquer.
Ma mémoire de feu traversera les âges…
Prenez-moi dans vos mains ; chantez la Liberté !
Bien des années plus tard, en lisant ce message,
Faites briller la flamme de la Fraternité !
Le poète :
Du vingt et unième siècle, le moment est venu !
En découvrant ces mots, amis, je le proclame,
La tristesse me gagne, et je tombe des nues :
« Objets inanimés, avez-vous donc une âme ? »*
* Gueules cassées : expression qui a été donnée aux soldats de 14-18, blessés au visage
« Objets inanimés, avez-vous donc une âme ? » Lamartine (Milly ou la Terre natale)


*Photographie de Monique Renault- briquet fabriqué dans une douille d’obus (guerre 14-18)

Joan Baez et Bob Dylan

*Peinture van : Monique Renault
PEACE AND LOVE
Rêvant de s’affranchir la jeunesse rebelle,
Bâtissait le futur sur de fiers idéaux.
Il est vrai qu’en ce temps, nous déployions nos ailes,
Délestés d’un passé qui semblait un fardeau !
Affiches et slogans habillaient tous les murs…
Nous écrivions l’Histoire, ponctuée de nos désirs.
Nos voix voulaient crier, refusant les murmures.
Vers une renaissance, avançait l’avenir…
Les rues se nourrissaient de manifestations.
Nous récoltions les fruits de la persévérance !
Pour tenter de résoudre d’ingrates équations,
Nous cultivions l’élan d’une insigne espérance.
Epris de liberté et de nouvelles pensées,
Utopiques parfois, mais remplis de ferveur,
Nous croyions en l’amour, sans guerre déclarée,
Nous vivions l’euphorie d’un immense bonheur…
Nous écoutions Brassens, Brel ou Léo Ferré.
Les Beatles, Rolling Stones, déchaînaient les passions.
Nous dansions sur un slow ou un rythme effréné,
Brandissant l’étendard de la révolution !
Pour de nobles idées, les relations humaines,
L’amour et l’amitié, nous existions alors…
Dans de tristes usines, pour juguler sa peine,
L’ouvrier faisait front et il y croyait fort.
Au Vietnam, des soldats tombèrent au combat …
Joan Baez et Bob Dylan chantèrent pour la Paix …
Demeuré à jamais l’emblème de Cuba,
Che Guevara mourut pour avoir trop osé !
La voix des philosophes escortait l’étudiant…
Celles de Jean Paul Sartre et De Beauvoir Simone,
S’élevaient avec force, au sein du mouvement,
Militant sans relâche, en chœur, à La Sorbonne !
Au siècle vingt et un, les sixties envolées
Vivent dans les mémoires ornées de souvenirs.
Les images perdurent quand passent les années,
Tandis que se dessinent les jours de l’avenir.
Sauve qui peut le livre
Les trésors de nos livres ensoleillent la vie,
Et l’empreinte des siècles illumine l’ouvrage.
Des créations de l’Homme nous recueillons les fruits,
Quand nos yeux impatients volent de page en page !
En marchant vers la voie qu’il voudra découvrir,
La lecture, à l’école, affranchira l’enfant …
Inquiet, mais ingénieux, bientôt, il saura lire ;
Vers la lettre et le mot, il s’engage ardemment !
Prenons-le par la main, pour mieux guider ses pas,
Et accompagnons- le vers la passion des livres.
Au fur et à mesure, il nous étonnera,
Découvrant, chaque fois, que les livres délivrent…
L’ouvrage, en nos pensées, ouvre tant de chemins,
Et nous nous promenons, en prose ou bien en vers…
Partons vers l’aventure, aujourd’hui et demain…
Est-il plus bel espace que notre imaginaire ?
Sublimes couvertures, par nos mains caressées,
Où dormez-vous, chefs-d’œuvre, aux superbes images?
Le patrimoine excelle à vous sacraliser !
Je m’accroche à l’espoir, mais « l’e-book » se propage !
Gloire à vous, médiathèques, aux écrits, par milliers !
Je suis l’âme curieuse, qui toujours vous fréquente.
Dans ces lieux exaltants, j’aime me promener!
Alors, joyeusement, sans faillir, je vous hante…
Biographies, romans, poésies et nouvelles
Se déclinent sans fin, embellissant nos heures.
Mon esprit s’aventure et je déploie mes ailes…
Les bibliothécaires veillent à notre bonheur …

Photographie : Monique Renault




Peintures : Monique Renault
VOL TERRE ET BEAU DE L’AIR
Elle avait les yeux noirs et des cheveux d’ébène…
Princesse de l’Histoire, la Belle entra en scène !
Frappé d’un coup de foudre, il lui offrit son cœur.
Sans problème à résoudre, joyeuse, elle n’eut pas peur !
L’exquise volcanique vit le monde, à l’envers,
D’un élan frénétique, elle s’envoya en l’air.
Nulle pensée perverse, mais un vol périlleux,
Pour vivre à la renverse, il faut être amoureux !
« Attention, je m’écrase, si vous ne m’embrassez,
Je ferai table rase de notre vie passée ! »
Insolite pirouette, prouesse acrobatique,
Et l’exploit fit recette, car jaillit la réplique :
Délicieuse menace, Consuelo a dit « Oui » !
Comment rester de glace, pour Saint-Exupéry ?
Petit Prince brillait, au loin dans l’avenir.
Il avait, en secret, tant de choses à nous dire…
Monique Renault

À lire de bas en haut

Ferdinandea, l’île éphémère
Au début de juillet mil huit cent trente et un
Il advint qu’Empédocle, un volcan sous-marin
Entra en éruption dans la mer de Sicile
Et la lave en fusion fit apparaître une île.
Ce rougeâtre récif dont accoucha la mer
Semblait par sa couleur émerger de l’enfer.
Mais l’îlot minuscule et pourtant stratégique
Perturba quelque temps le jeu diplomatique.
La Sicile, d’abord, y planta son drapeau
Mais des pays voisins, jaloux de ce dépôt,
Tels le Royaume-Uni, l’Espagne ou bien la France
De l’île convoitée exigeaient la jouissance.
Et chacun, tour à tour, planta son étendard,
Ôtant le précédent sans respect ni égard.
Mais quelques mois plus tard, érodée par les lames,
L’île n’exista plus, ce qui mit fin aux drames.
On lui donna le nom de Ferdinandea
Pour honorer le roi, puis Graham, ou Julia.
Jules Verne et Dumas en contèrent l’histoire,
et l’île disparue resta dans les mémoires.


Guerre et paix
Que l’on me nomme Ares, Odin, Seth ou bien Thor,
J’ai traversé le temps en faisant mes délices
De la désolation, la terreur et la mort.
De là-haut, je me ris de tous vos armistices !
Ne vous réjouissez pas, pitoyables humains,
Votre paix est fugace et vos accords factices
Ne sont que des mots creux sur quelques parchemins.
De là-haut, je me ris de tous vos armistices !
Vos frontières passées, triomphe le chaos,
Partout des innocents subissent des supplices
Et jamais l’oppression ne connaît de repos.
De là-haut, je me ris de tous vos armistices !
Vous pouvez ériger un glorieux monument,
Hommage dérisoire à de vains sacrifices.
Les combats reprendront inéluctablement.
De là-haut, je me ris de tous vos armistices !

Maudit blues
Quand la violence jaune et noire déferle dans les rues et pollue nos écrans
Caillassage pillage fumée cris chaos
Fuir
Quand l’infiniment petit nous menace
Ennemi invisible voleur d’air de parfum de saveur de vie
Peur virale effroi masqué
Respirer
Quand des voix discordantes nous cernent et nous agressent
Contradictions cacophonie incohérence décadence
Ignorer
Quand notre liberté si chèrement acquise est attaquée de toutes parts
désagrégée en fragments résignés
écorchée en lambeaux sanglants
S’évader
Quand les chagrins du passé resurgis à fleur d’âme
naufragent le pâle esquif de l’espoir
Quand la culpabilité s’accroche aux épaules comme un singe malfaisant
sac à dos trop lourd fardeau de tourments carcan de douleur
Oublier
Quand l’envie d’ailleurs se fait impérieuse
Partir avec l’aimé à des années-lumière de ce pandémonium
Revenir à l’éternel été de nos années-couleur
Boire à la source enchantée qui allège les maux et donne aux mots des ailes
Renaître Peut-être ?
Quand les fleurs vénéneuses nées dans l’ombre des pensées insomniaques enfantent des rejets malsains
qui ligotent la joie de vivre étouffent le bonheur
Trancher
Mais se libère-t-on jamais des fers que l’on se forge ?