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La mort

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Quelques citations

Les morts vivent tant qu’un seul vivant les porte encore en lui. Jean D’ormesson

La vie écrit au crayon. La mort passe la gomme. Christian Bobin

La mort est douce… Ce qui fait souffrir avec certains poisons, certaines blessures maladroites, c’est la vie. Jean Anouilh

Partir, c'est mourir un peu, mais mourir, c'est partir beaucoup. Alphonse Allais

Y a-t-il une vie après la mort ? Seulement Jésus pourrait répondre à cette question. Malheureusement il est mort. Coluche

Je me demande si la mort vaut vraiment le coup d’être vécue. Frédéric Dard

La mort n’est pas la pire chose de la vie. Le pire, c’est ce qui meurt en nous quand on vit. Albert Einstein

Il n’y a pas de mort. Je peux fermer les yeux, j’aurai mon paradis dans les cœurs qui se souviendront. Maurice Genevoix

« Les morts sont des invisibles, mais non des absents. » Victor Hugo

Comme une journée bien remplie nous donne un bon sommeil, une vie bien vécue nous mène à une mort paisible. Léonard de Vinci

Nos poèmes

Les étoiles

J’ai perdu le nom des étoiles

qui brillaient aux yeux des enfants

et oublié celui des voiles

aux rencontres des continents.

Je ne sais plus le nom des baies,

des fleurs sauvages et des fruits sûrs

attrapés par-dessus les haies

sur les talus et les vieux murs.

Je n’ai pas vu sécher les mares,

ni fuir les oiseaux migrateurs,

ni perçu les odeurs bizarres

remonter des puits profiteurs.

J’ai refusé de voir l’orage

qui grondait de tous les côtés

en me détournant du rivage

où s’échouaient les rêves brisés.

Des choléras et des famines

couraient comme des dératés

en escaladant les collines

où se comptaient les refoulés.

Tout s’engloutit dans la mémoire :

les tragédies et les dangers

c’est ce qu’on appelle l’histoire.

Tant que l’on n’est pas concerné

il est aisé de ne pas voir

que le fils ou voisin d’un autre,

différent de peau ou de savoir

pèse autant d’amour que le nôtre.

La terre a beaucoup à donner

mais elle ne fait pas le partage,

c’est à l’homme d’être assez sage

pour en assumer l’équité.

Alors le monde à toutes voiles

pourra sur tous les continents

retrouver le nom des étoiles

qui brillent aux yeux des enfants

 

Irène Gaultier Leblond le 2 décembre 2024

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Rêve vespéral

 

A l’aube d’un mystère où s’engourdit ma vie,

Je parle à mon image ignorée de l’ennui.

Un songe solitaire étonne mon esprit

Où parfois épargnée une étincelle luit.

 

Un souffle épanoui éloigne l’ironie

D'une vie appelée au désir inouï.

Le plaisir appelé à l’invincible acmé

Du sommeil et du rêve attend l’humble hyménée.

 

Quelle flamme inspirée des sinistres lubies

S'empare de mon être encline à l’amitié ?

Je l’accueille étonné par sa gaieté sacrée

Qui traverse mon corps à jamais ranimé.

                                                

Un sourire éphémère apaise mon sommeil

Et le rend perméable à la secrète envie.

Saurais-je m’habituer à cette nuit vermeille

Où s’éloigne sans peur le goût de l’inertie ?    

Marc Rébéna

MAYOTTE

 

Un cyclone balaie une île et sa misère,

La change en cimetière où le droit d'espérer

Subsiste sous le poids de tôles effondrées

Dans les pleurs d'un enfant ou le cri d'une mère.

 

Tableau d'apocalypse ou bien scène de guerre ?

Voilà que sur les peurs du peuple Mahorais,

Un notable en chemise est venu pérorer

Ignorant que l'angoisse engendre la colère.

 

"Si c'était pas la France..." Ah, discours arrogant !

Les mots sont plus cinglants parfois qu'un ouragan !

Jésus a déserté les crèches de Mayotte,

 

Les messes de minuit ont sonné comme un glas.

Quant au Père-Noël, ses rennes et sa hotte,

Ils gisent quelque part sous un tas de gravats.

 

Daniel Cuvilliez, poète

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Le deuil

 

L’hirondeau s’en est allé, quittant le froid

L’eau de la fontaine s’est figée sous le gel

Les arbres nus recouverts du linceul blanc

L’étang glacé devenu miroir

 

Les saules pleuraient les couleurs automnales

Les grillons sanglotaient, leurs chants perdus

Les fleurs fanées larmoyaient, leurs pétales envolés

Les faons déploraient leurs mères tuées.

 

Les saisons reviennent, les morts, non

Les fusils claquent, les cœurs s’arrêtent

Les bombes explosent, les corps se déchiquettent

Les cérémonies s’enchaînent annonçant l’espoir

 

De la cérémonie au cimetière

Au pas marchant entre les noms des sépultures

Entre les larmes et les sourires

Un lambeau de soie sur le cercueil emmené

@ Krystin Vesterälen – 3 janvier 2025

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Flots de la marr de Vigo

Vîtes-vous mon ami

O flots houleux

Vîtes-vous mon aimé

Làs, sera-t-il là bientôt ?

Vîtes-vous mon ami

Pour qui je soupire ?

Las, sera-t-il là bientôt ?

Vîtes-vous mon aimé

Pour qui ai grand soin ?

Làs, sera-t-il là bientôt ?

Vagues de la mer de Vigo

Vîtes-vous mon ami

Làs, viendra-t-il bientôt ?

Martim Codax

(Poète Galicien, actif au XIIIe siècle) Traduction : Anne GODO

QUAND NOUS ÉTIONS PETITS…

 

Quand nous étions petits

À trente ans on était vieux

Une mare était un océan

La mort, lisse et plane,

N’existait pas

Puis, à l’adolescence

On était vieux à quarante ans

Un étang était un océan

La mort seulement

Un mot

Quand on se marie

On était vieux à cinquante ans

Un lac un océan

La mort était la mort des autres

Maintenant âgés

Nous touchons la vérité

L’océan finalement est l’océan

Mais la mort commence à être

La nôtre.

 

MARIO BENEDETTI

Ecrivain et poète Uruguayen (14 septembre 1920 - 17 mai 2009) 

Traduction : Anne GODO, Caen, 12 décembre 2014

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LES TEMPS MORTS

 

les temps morts

c’est encore

du temps perdu

qui ne reviendra plus

 

c’est laisser vieillir le corps

arrêté sans vie

quand s’égare l’esprit

son cœur battant au ralenti

 

les temps morts ça veut dire

je m’ennuie :

à mourir sans vie

quand rien n’est folie

 

plus d’envie

tout fuit

pire que la mort

se dire, mais où je suis ….

 

les temps morts

c’est dire « tant pis »

adieu la vie

aux moments non saisis  

 

les temps morts

 les remords

une erreur de l’esprit

bien que la vie vous sourie

 

à mon amie, je lui dis

pour toi c’est pas fini

  fais encore un effort

reste avec nous, en vie !

 

Danydeb  novembre 2024

La mort

La mort est-elle grave ?

Ne peut-elle pas être légère ?

                   Quitter la terre                      

pour une vie éternelle

 

se tourner ainsi vers le ciel

et oublier les guerres

les hommes et leurs misères

 

où chacun en bave

à chercher l'impossible bonheur

au fond de son cœur

et ne trouver que « son erreur »

 

les épreuves saccagent

la croyance transmise par sa mère

mais où sont ces merveilles

supposées éternelles ?

 

Usés au fil de l'âge

avec ses rêves qu'on enterre

mon dieu quelle misère

d'avoir cru dur comme fer

au bonheur sur terre

 

mon dieu quel labeur

qui, à petit feu, réduit le cœur

en cendre et en poussière

pour rendre l'âme légère

 

afin de s'envoler vers le ciel

et oublier les guerres

laissant les hommes et leurs misères

avec leur impossible bonheur …

 

au fond de leur cœur

croyant dur comme fer

qu'il existe sur terre

 

la mort parfois soulage

rend l'âme légère

l'heure n’étant pas si grave

d'aller partir ailleurs

 

se tournant vers le ciel

pour rejoindre sa mère

la mort doit être légère

à une âme en cage

Danydeb

LA MORT DANS L’ÂME

 

la mort dans l’âme

quand elle me pèse

je pars

je fuis l’averse

une pluie d’idées noires

pour recommencer à croire

 

l’espoir est tout un art

manger et boire

sans se faire du sang noir

 

la grand-messe

il faut vivre à part

grand dam !

 

A chacun sa part

la vie la mort

tout me pousse à croire

 

à l’espoir de vous revoir

l’amour au fond de l’âme

tendrement je vous baise !  

 

Danydeb

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Illustration : Jean Renault

LES TRAINS DE LA MORT

 

 

Terrifiants, les convois s’en allaient vers la mort …

Rappelons-nous  ces monstres, abjectes salles d’attente,

Abritant  la shoah, inéluctable sort,

Infâmes témoins muets, aux portes insolentes !

Nourrissant  une guerre jusqu’à la déraison,

Sifflaient les trains d’enfer, ivres de trahison ! 

 

Tant de rails assassins se laissaient habiter,

Par d’ignobles wagons qui  n’étaient que linceuls,

Voyages sans issue, maintes fois répétés…

Ô! Faites que ma voix ne s’élève pas seule!

 

Dénonçons la torture et le racisme odieux !

Crions à l’unisson pour que vive la Paix,

Réveillons notre esprit, ne fermons pas les yeux ;

Le courage des Justes* reste à jamais gravé !

 Monique Renault

 

*Les « Justes parmi les Nations » ont sauvé des milliers de personnes !

LA MORT AUX TROUSSES

 

Taureau qu’on a choisi, entends ce que je pense

De la tauromachie ; a-t-elle vraiment un sens ?

La musique commence, tu as déjà compris,

Lorsque l’homme s’avance, que ton ciel s’assombrit…

 

Tremblent les banderilles, éclats multicolores,

Brillantes, elles scintillent, vil prélude à la mort…

En blessant tes entrailles, œuvre la muleta,

Et puis, vaille que vaille, signe l’assassinat !

 

Nul espoir de secours, nulle esquive ou parade,

Vient le compte à rebours puis l’ultime estocade !

Alors le matador, de son arme fatale,

Sans l’ombre d’un remords, donne le coup final !

 

Livrant, devant la foule, un combat illusoire,

Voici que tu t’écroules, extrême trajectoire !

Ta belle robe noire se teinte de vermeil,

Aujourd’hui, ton histoire finit sous le soleil !

 

En habit de lumière, la danse paraît belle,

Pour toi, c’est la dernière, éprouvante et cruelle !

Ton rival acclamé signe une apothéose.

Te voici délivré, qui plaidera ta cause ?

 

Content ou en colère, pourquoi le spectateur

Crie, siffle et vocifère, alors que sonne l’heure ?

Pourquoi cet enthousiasme, et pourquoi ces clameurs,

Devant un tel marasme, au milieu de la peur ?

 

Sur la piste dorée, l’homme vit sa victoire,

Brandissant son trophée, il célèbre sa gloire !

Il effleure le sol, de ses pas exigeants,

Sous le sable qui vole, j’imagine le sang !

 

Taureau qui a lutté, sous l’œil du désespoir ;

Toi qui nous as quittés, tu vis dans nos mémoires…

Mais rendons un hommage à l’être courageux,

Qui, vaillamment, s’engage et se prête à ce jeu !

 

Je pense à Manolete* et aux toréadors

Qui, sacrifiant leur vie, ont payé le prix fort,

Scellant, de leur trépas, le succès du taureau …

Quand serons-nous bien las, de tant crier « Bravo » ?

 

Lorsque le paso doble, enjoué, bat la mesure,

L’âme humaine est-elle noble, en cette démesure ?

La mort trône en l’arène, elle est la corrida ;

Oh ! Toi, funeste reine, pourquoi donc es-tu là ?

 

Monique Renault

*Au cours des siècles, plusieurs toréadors sont morts pendant une corrida, dont Manolete (1917-1947) décédé à l’âge de trente ans.

MORT DE RIRE

Métaphore … Mise à mort

 Haïku

            

Les zygomatiques

Morts de rire ? Enigmatique !

Un trépas unique

Monique Renault

MORT D’UN AMOUR

 

Pourquoi n’es-tu pas là, à embrasser la vie,

A me parler tout bas, et à sourire aussi ?

 

C’est toi qui m’as donné la force du sublime,

Toi, qui m’as révélé le bonheur qui anime.

 

Aujourd’hui, j’ai perdu la joie et la gaieté,

Et mon âme éperdue, sans cesse est tourmentée.

 

C’est ainsi que privée de ta douce lumière,

Je passe mes journées, aux portes de l’enfer.

 

Pourquoi déambuler, au hasard des chemins,

Et pourquoi donc errer, aujourd’hui et demain ?

 

Faut-il recommencer, et faire tant d’efforts,

Toujours se lamenter, pour échouer encore ?

 

Sisyphe * m’est apparu, roulant sa lourde pierre,

Tant d’Illusions perdues, je soupire et j’espère…

 

Quand mes jours pleins d’ennui, sans la moindre espérance,

Répondent à mes nuits, je pleure ton absence.

 

S’il est vrai que l’amour, parfois, donne des ailes,

Ne croyons pas toujours qu’il sera éternel !

 

De temps en temps, rêveur, Cupidon désarmé,

Las de toucher les cœurs, aime se reposer…

 

Notre lumière s’éteint… La mort de notre amour,

Telle une nuit sans fin, endeuillera mes jours…

 

La rupture fait sa loi ; il me faudra poursuivre,

Je m’éloigne de toi, car j’ai choisi de vivre !

 

Permets que je te donne un ultime baiser,

Et que je m’abandonne, avant de t’oublier…

 

Monique Renault

* Mythe de Sisyphe : Mythologie grecque

* Illustrations : Monique Renault

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Nostalgie

(rondel)

 

Dans ce coffret, toute une vie,

Pauvres souvenirs du passé :

Bijoux au charme suranné

Une médaille un peu ternie,

 

Fleur séchée, photo jaunie,

Un mot d’amour enrubanné,

Dans ce coffret, toute une vie,

Pauvres souvenirs du passé.

 

Mais les larmes affluent en pluie,

Il faut bien vite refermer.

Je ne pourrai pas t’oublier.

Vers quel néant es-tu partie ?

Dans ce coffret, toute une vie.

 

Martine Desgrippes Devaux

Regrets

(distique)

 

 

 

J’aurais aimé te dire, avant le grand départ,

Des paroles d’amour, hélas, il est trop tard.

 

Les mots restent parfois prisonniers dans la gorge,

Il n’est pires carcans que ceux que l’on se forge.

 

Le chanteur oublié que l’on n’écoutait plus

S’est tu à tout jamais, loin des médias, reclus.

 

Pourtant ses mélodies résonnent en hommage,

Il ne peut les entendre et vraiment c’est dommage !

 

Politicien, savant, artiste ou écrivain,

Quand la gloire s’éteint, l’ancien renom est vain.

 

Tous vos admirateurs hier si fanatiques,

Du jour au lendemain deviennent amnésiques.

 

Nous acclamons alors d’autres célébrités

Car nous sommes friands de toutes nouveautés.

 

Ne vaudrait-il pas mieux que l’on privilégie

Plutôt l’hymne au vivant que sa nécrologie ?

                  

Martine Desgrippes Devaux

COMPLAINTE DU CRAYON ORPHELIN

 

 

En bois de cèdre blond, j’avais belle prestance,

Ma mine de graphite aiguisée d’insolence

Courait sur le papier, conduite par sa main.

Hélas, notre duo sera sans lendemain !

 

Lui et moi, nous vivions une belle aventure,

Nous excellions dans l’art de la caricature,

Raillant sans distinction Allah, Dieu ou Yahvé.

Notre dernier défi demeure inachevé,

 

Car la mort a surgi, porteuse d’arme lourde,

Crachant avec le feu la haine aveugle et sourde,

Hurlant quelque slogan à la gloire d’Allah.

C’est notre liberté qui périt ce jour-là !

 

Éclaboussé de sang, je gis sous une table

Espérant que bientôt, une main secourable

Me ramasse et me garde avec un peu d’amour

Pour que se perpétue notre mission d’humour.

 

Je sais qu’en cet instant des millions de Charlie,

Des amis de partout que le chagrin relie,

Marchent à l’unisson en toute dignité               

Et retrouvent le sens du mot fraternité.

Martine Desgrippes Devaux

Texte écrit il y a tout juste dix ans à l'occasion des évènements tragiques de Charlie Hebdo

Clair de lune                                

 

Chaque fois que j’entends les familiers arpèges,

Résultat imprévu d’un malheureux hasard,

Mon esprit virevolte en douloureux manège.

Ton souvenir alors, me hante sans égard.

Tu t’installes au piano et sous tes doigts s’égrène

Le premier mouvement rêveur et lancinant.

L’œuvre berce mon cœur de jeune lycéenne

Et ton parfum poudré m’enveloppe, apaisant.

Le tempo languissant de la belle sonate

Accompagne en douceur les révisions du bac,

Et contribue parfois, lorsqu’approche la date,

Grâce à son harmonie, à conjurer le trac.

Aujourd’hui, tu n’es plus ; j’écoute le silence

De ce piano muet qui me blesse le cœur.

Quelques accords volés ravivent ton absence

Et j’espère l’oubli pour tuer la douleur.

 

Martine Desgrippes Devaux

Être et ne plus être

 Hélas, ils ne sont plus, tous ceux qui autrefois

M’ont choyée, entourée, en toute bienveillance.

C’est leur visage aimé que souvent je revois,

Ils furent les piliers loyaux de mon enfance.

 

Ce rempart de l’amour, pierre à pierre écroulé

Me laisse désormais seule, en première ligne,

Recherchant les fragments d’un espoir envolé,

Oubliant celle qui, un jour, me fera un signe.

 

De mes larmes d’enfant à mes chagrins muets

Le temps consolateur a adouci ma peine.

Il me reste aujourd’hui nostalgies et regrets

Et de nombreux objets, pour que je me souvienne,

 

Coûteux ou sans valeur, mais précieux à mes yeux,

Des carnets de croquis, recueils de poésie,

Bijoux d’or et d’argent ou bien de fantaisie,

Piano désaccordé à jamais silencieux,

 

Tableaux figuratifs, joliment encadrés,

Statuettes en bois et photos par centaines.

Pourtant si je devais un jour m’en séparer,

J’en concevrai sans doute une très grande peine. 

 

Souvenirs émouvants ou trésors superflus,

Une sombre pensée souvent me contrarie,

Que deviendront ces biens quand je ne serai plus ?

Seront-ils destinés à la déchetterie ?

 

Martine Desgrippes Devaux

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Premier sous-sol

 

 

 

Dans l'ascenseur jusqu'au parking en bas

d'où l'on ne revient pas,

c'est la dernière voix que tu entendras.

 

Elle t'a dit

« Premier sous-sol »

Féminines et suaves paroles

 

Les portes s'ouvrent vers l'enfer

Ce sera ton dernier jour sur terre

 

Premier sous-sol

Les marches après.

A gauche, la sortie, la lumière, le salut

mais non, tu continues

vingt pas vers le garage

la porte refermée, comme on tourne une page

 

Pre-mier sous-sol,

syllabes détachées,

Tu as pris ton envol

et ton cou a brisé.

 

L'obscurité a englouti

La nuit venue

Ton geste fol

5ème étage, 1er sous-sol

Cette voix,

Tu ne l'entendras plus.

Marie-Françoise Malherbe

Reviens-moi

 

 

Reviens, oh oui, reviens

Reviens dans ma vie, dans mon présent,

dans mes demains,

tu es parti un moment je le sais

pour oublier

mais reviens-moi

ne tarde pas maintenant,

il est temps.

 

Tu as feint de mourir

mais dans cette pièce, allongé et si froid

j'ai vu l'esquisse de ton sourire

qui me disait que rien n'était fini,

que c'était une pause,

pour mieux me revenir.

 

Seule je le sais, seule je le crois.

 

Mon amour, fais-moi signe et là où tu es

je te retrouverai.

 

Aux autres je ne dirai rien,

il me faudrait mentir

ils ne comprendraient pas.

 

Nous partirons très loin,

ailleurs nous recommencerons,

personne ne le saura.

Loin derrière

seront tous nos hiers

et même, même tous ceux que nous aimions

pardon pour eux, pardon.

 

Reviens, vois comme je t'espère,

Effaçons le passé, les jours de pluie,

les jours maudits.

 

C'est sûr une autre chance ailleurs

effacera nos peines et portés par toutes nos galères

Nous voguerons enfin vers un nouveau bonheur

 

Je te guette, ta mort n'est qu'illusoire.

Je suis prête, tu peux réapparaître

de ce néant tu vas renaître

pour offrir à ma vie ta vie comme un ultime espoir.

Marie-Françoise Malherbe

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Veuve

 

Il y a ce mot que je ne peux écrire

Il y a ce mot que je ne peux pas dire

Aussi tranchant que la lame aiguisée

Du poignard dans mon cœur enfoncé.

 

Je le lis dans vos yeux quand vous me regardez

Il est dans vos paroles quand vous me consolez

Pourtant je ne suis pas de celles qui le portent

Car il n'a pas franchi le seuil de ma porte.

 

Ce mot je ne veux pas l'entendre

Ce mot m'est étranger, je ne peux le comprendre

Je l'ai banni de mon vocabulaire

Ou bien je l'ai enfoui dans un vieux cimetière.

 

Il n'est pas l'heure encore

d'endosser ce costume

Je n'ai pas l'âge, ne veux pas qu'on m'honore

d'un titre rappelant ton souvenir posthume.

 

Attendez quelques mois ou bien quelques années

Que la femme s'efface, épouse abandonnée.

Alors ce mot terrible comme un cri étouffé,

Sortira de ma bouche et veuve je deviendrai.

Marie-Françoise Malherbe

Avec grâce

 

 

 

A l’heure de se dire adieu,

Au moment où l'on ferme les yeux

Quand tout s'éteint, quand tout s'efface,

Je voudrais mourir avec grâce.

 

A l'heure du dernier matin,

Peut-être en serrant une main,

Puisqu’il faudra laisser la place

Je voudrais mourir avec grâce.

 

A l'heure des derniers souvenirs

Auxquels on pense au moment de partir,

des vieux regrets que l'on ressasse

Je voudrais mourir avec grâce

 

A l'heure où le corps se meurt

Et cesse de battre le cœur,

Usé, fatigué, de guerre lasse,

Je voudrais mourir avec grâce

 

A l'heure où s'en vient l'abandon,

la résilience et le pardon,

Quand le silence enfin envahit tout l'espace

Je voudrais mourir avec grâce

 

A l'heure où je vous quitterai

Pour rejoindre mon éternité

Puisque l'on sait qu'ici tout passe

Pour vous, je voudrais mourir avec grâce.

Marie-Françoise Malherbe

Juillet

 

 

On dirait déjà la fin de l'été.

Les nouvelles nous disent la noirceur du monde

les flammes incandescentes ou la pluie qui inonde

Nous sommes en juillet.

 

J'ai l'âme sombre

et pourtant tout va bien

Si ce n'est les morts que l'on dénombre

La vie va et je n'y comprends rien.

 

Le temps passe que je ne retiens pas

Les jours défilent, inexorable fuite

Le manque est toujours là,

Que faire pour qu'il me quitte ?

 

J'ai moins le goût des choses,

L'envie est laborieuse

Si sur mes lèvres un sourire se pose

Il ne vous dira pas que je suis malheureuse.

 

Soudain sans raison l'ennui me gagne

Dans mes pensées tourmentées tu reviens

La tristesse à nouveau m'accompagne

Pourtant sur ma joue je sens la douceur d'une main.

 

Laisser passer l'orage,

Lever la tête et regarder le ciel,

Y puiser du courage, y voir des présages,

Invoquer les belles âmes que l'on veut éternelles.

 

Il me faut accepter celle que je suis

Au fond, rien n'a vraiment changé

L'enfance a tout écrit

On ne décide pas. Nos destins sont tracés.

 

Un jour, je serai morte.

Un peu après toi, un peu avant les autres,

Qu'importe.

J'aurais été l'une des vôtres.

Marie-Françoise Malherbe

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 Nelly

 

Adieu belle amie 

jeune et belle Tarentine

à tout jamais dans nos mémoires

 

Morte par un beau soleil de juillet

un soleil noir un soleil de deuil implacable

 

Ironie un soleil qui brillait encore au-dessus

du Père La chaise le jour de tes adieux

 

Tu as lutté longtemps longtemps  

avec ta rage de vivre contre ce crabe

qui te rongeait l’intérieur du corps

 

La  mort tu la regardais en face

ton courage en bandoulière

hélas cela n’a pas suffi

 

Tu souriais encore lorsque tu es partie

rejoindre les aigles sur la montagne

là-haut très haut

 

C’en est fini d’entendre le son de ton rire cristallin

qui perlait comme une fontaine

 

C’en est fini de contempler ton visage

il prenait si bien la lumière

 

Depuis ton départ le ciel pleure le ciel est triste

 

Nous femmes et hommes tous ceux qui t’aimaient

et ils étaient nombreux nous sommes inconsolables 

 

Tu ne le savais pas tous nous étions amoureux de toi mais personne n’aurait osé te le dire.

Bernard Denouel

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A corps et à cris

 

Avant

 

il y avait des yeux

 

Ô ces milliers d’yeux

ces yeux d’enfants

ces yeux bleus verts noirs ou marron

ces yeux clairs yeux rieurs

ces yeux mobiles

 

Et des cris des cris des cris

de cours de récréation

 

Et

 

puis

 

rien

 

un rien

 

plus rien

 

le silence

 

Pas ce silence entre les mots

pas ce silence de respiration

pas ce silence d’écoute

 

non

 

un silence coupé au couteau

un silence d’après

un silence sans oreilles

un silence sans voix

 

Et des volutes de fumée

et des volutes blanches

de la poussière

une odeur de chlore

une odeur douçâtre dans l’air

 

Et toujours des yeux

des yeux d’enfants

levés vers le ciel

 

et dans leurs yeux

ouverts sur ce ciel

qui est bleu

 

de petits nuages blancs

 

on dirait des mobiles

poussés par le vent

Bernard Denouel

 Cueillir le jour

 

Parti à l’orée du printemps

toi qui chaque matin cueillais le jour

 

Je te connaissais grâce aux yeux de l’amour

 

Tu ressemblais à un arbre solide

le chêne d’une forêt primitive

 

Ah tu l'aimais cette vie en dépit de tout

toi qui voyais la terre non pas comme un terrien mais comme Eluard avec son orange bleue

 

Tu espérais un monde meilleur

que ce monde de bruit et de fureur

 

Loin de tes combats désormais tu reposes tranquille parmi tes montagnes au ciel incomparable

 

Tu écouteras le chant du vent dans la douceur des soirs quand le soleil s’éteindra peu à peu

au fond de l’horizon

Bernard Denouel

Dernier souffle

 

Depuis longtemps déjà

tu marchais à petits pas

 

On te disait fatiguée toi qui t’éloignais

avec ton dernier regard de femme

 

Personne ne voyait que tu partais

vers ce pays lointain d’où l’on ne revient pas

 

Aujourd’hui je te rêve sous la pluie

qui rendait si beau ton visage

 

Pourquoi t’en être allée

si doucement au souffle de la nuit

Bernard Denouel

Dis-moi la mort

 

Dis-moi la mort

es-tu ce regard d’amour

qui s’éteint

 

Cette main si froide

qu’on douterait qu’elle soit une main

cette voix qui s’est tue au matin

 

Ou l’ultime soleil sur la mer

la dernière étoile d’eau

perdue dans l’univers

 

Ces armées de portemanteaux

qui marchent inexorablement

sous les nuits d’encre

 

Ou ces hommes qui gisent

à la surface des rivières bleues

sans savoir que la beauté

ne sauvera pas le monde

 

Dis-moi la mort

Bernard Denouel

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La première ombre du soir

 

Dans le silence minéral du soir

seul troublé par le vent

 

L’œil froid dans lequel se reflète

un beau ciel de traîne

 

Le corps devenu gris puis terre

puis pierre

 

La caresse furtive du soleil

sur les feuilles mortes

 

Un bruit léger de pas

féminin indécis

 

Et la première ombre du soir

avant la nuit

Bernard Denouel

Le temps et l’espace

 

La lune semble abandonnée ce soir, les hommes aussi. En suivant des yeux les nuages qui avancent comme en rêve, je pense à ce moment incroyable, celui que nous vivons. Le temps est devenu immobile, le temps du temps est revenu. Nos frénésies de mouvements, d’activités sont suspendues. Notre espace s’est réduit à la portion congrue, nous devons réapprendre à vivre comme des prisonniers. Peu à peu nous retrouvons des gestes oubliés, nous faisons l’apprentissage de la lenteur. Nous redécouvrons l’ennui, celui d’une enfance lointaine, celui des étés chauds interminables où nous ne savions quoi faire, et avec l’ennui nous redécouvrons le rêve, l’imaginaire. Nous regardons par les fenêtres les évolutions du ciel, la lumière, les arbres qui frémissent dans le vent, et malgré nous des images apparaissent, des odeurs, des visages, la rumeur de la mer, le bruit d’un torrent. Nous rêvons et nous nous laissons portés comme dans une rivière.  Dans ce moment de sidération nous redécouvrons aussi la présence de la mort, notre finitude, la mort que nous mettions à distance, la mort qui était devenue une abstraction. Nous regardons les images de ces corbillards italiens, on n’ose pas encore nous montrer les nôtres. Il a fallu du temps pour que l’on mette un nom sur le visage de ce médecin mort à la tâche. Ce temps, c’est désormais le temps du retour sur soi.

Bernard Denouel

Sarajevo

 

Retrouver l’amour fou

perdu dans le chaos de la nuit

 

Au petit jour

on comptera les hommes

sur un boulier géant

 

Des enfants

appelés familièrement bouchons de lune

apparaîtront sur les trottoirs

nénuphars caressés par le vent

 

Pour un instant seulement

on ne prêtera plus attention aux canons des frontières

 

Mais les regards blessés

sortiront des caves

sans plus d’humain que la peur

Bernard Denouel

Je sais

 

Je sais l’amour et je sais l’éphémère,

Je sais le mystère

De la terre et de l’homme.

Je sais la bête au fond de l’homme

Et je sais les jardins, la pomme.

 

Je sais les vieux,

L’enfant qui tremble en eux.

Je sais les bonheurs,

Je sais la peur,

Je sais la douleur,

Le malheur,

De l’homme.

 

Je sais la profondeur

Où les morts se couchent,

La douleur

De la femme qui accouche

Et les pas de l’enfant,

La mère qui défend.

 

Derrière les choses, tapi,

Je sais l’ennui,

Et les mots retenus à la buée des lèvres,

Les mots qui enfièvrent,

Les pas feutrés sur la neige du temps

Et la vie qui attend.

 

(extrait du recueil “Mon abécédaire de la vie”)

Jocelyne Corbel

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L’album

 

Je feuillette, attendrie, un beau livre d’images

Où sourient, bien rangés, beaucoup d’enfants très sages.

Les grands sont épanouis et les vieux rajeunis.

Je scrute ces visages

Statufiés dans l’instant, suspendus dans le temps.

Mensonge que cela !

Ils sont morts.

- Une bombe ?

- Non, la vie !

 

Je traverse, ébahie, ce vaste cimetière.

Ils sont ici, rangés, sous la terre et la pierre.

Ils se sont évanouis. Retournés en poussière.

Je revois leurs visages

Statufiés dans la mort, rompus avec le temps.

Mensonge que cela !

C’est la vie.

- Ces tombes ?

- Oui, la mort.

 Jocelyne Corbel

 

Il disait...

 

Il me disait

Je suis libre

Je n'ai pas à l'écraser.

 

Je lui disais

Si tu veux être libre

Tu devrais l'écraser

Ta cigarette.

Arrête !

 

Il ne l'a jamais écrasée.

Il s'est arrêté

Pour l'éternité.

 

Jocelyne Corbel

Comme une escale

 

 

Un crabe s’était niché,

Silencieux.

Des petits s’étaient accrochés,

Insidieux,

Sur les rivages de mon corps.

J’avais lutté,

Courageux.

Rémission. C’était comme une escale.

 

Alors je suis parti, tout au fond d’une cale,

Trouver une plage pour m’y nicher,

Silencieux,

Me protéger du vent froid,

Ombrageux,

Qui vous pousse comme la mort;

Quitter mes habitudes,

Quitter la multitude,

Me préparer à l’ailleurs

Dans un monde meilleur.

Désertion. Comme une escale.

 

Jocelyne Corbel

 

 

Je suis

 

 

Je suis un torrent d’ombres d’où le temps s’enfuit,

Un passé assoupi qui s’endort,

Un présent qui demeure et qui pleure,

Un battement de cœur,

Qui résonne, pesant. Un effort.

J’ai été. Je suis.

 

Je suis un grand ciel gris, épanoui,

Un pied meurtri sur un chemin trop dur

Qui voudrait se baigner dans une onde d’eau pure,

Un battement de paupière

Eblouie de désert. Une chute.

J’ai vécu. Je lutte.

 

Et comme à l’horizon la fuite est implacable,

J’avance vers la nuit, je pèse sur le sable,

 Je crois que j’aurai fait tout ce que j’aurai pu

Et je ne serai plus.

 

Jocelyne Corbel

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La mort n’a pas d’âge

 

Non, la mort n’a pas d’âge.

Quand le voyage est écourté,

Qu’ils n’ont pas eu de temps pour se faire écouter,

On imagine leurs âmes sur des voies de portage

Indéfinis.

 

Quand la nuit est venue avant le crépuscule,

Que la mort les bouscule,

Un peu comme un orage

Au ciel noir en plein jour,

Au plus d’temps pour l’amour.

Non, la mort n’a pas d’âge.

 

On se dit que, peut-être, faisaient-ils semblant,

Que d’une tragédie étaient si ressemblants,

Qu’ils se relèveront

Glorieux et tremblants

D’avoir tant approché la faux et le néant.

 

Main non. La mort n’a pas d’âge.

Ils sont bien arrivés au bout de leur voyage.

 

 

Jocelyne Corbel

Dans la chambre

 

 

Dans la chambre d’enfant

Une boîte à musique

Hoquetait ses dernières notes.

 

Dans la chambre du grand-père

Une vieille main grattait le drap

Et s’arrêta au dernier soupir.

Jocelyne Corbel

Au-delà de la mort

 

 

Vous qui me traversez encore,

Au-delà de la mort,

Dans l’intérieur de mes pensées

Je vous ressens à fleur d’âme.

Alors, vacille une petite flamme,

En moi court l’enfant que j’étais.

C’est la vie toujours recommencée.

 

Vous qui me traversez souvent

Dans mon désert, souffle le vent,

Nomades vous passez

Dans l’intérieur de mes pensées.

 

Les portes sont fermées mais je vous vois.

Parfois, je reconnais votre voix.

Vos noms dansent dans ma tête

En vain.

Vos visages sont vivants, c’est bête,

Pour rien.

 

Je referme au dedans mes paupières internes

Qui vous cernent.

Mais vos joues sont bien pâles soudain,

Et la poussière dans vos cheveux

Est un aveu.

Je vous laisse en votre jardin.

 

 

Jocelyne CORBEL

D’espoir en espoirs

 

L’espoir, comme la vague qui titille la plage,

L’espoir tel un bruit d’eau au fond du coquillage

Qui nous suspend au seuil d’un mystère improbable.

L’espoir, comme les vagues qui caressent le sable.

 

L’espoir d’aller au bout de sa désespérance,

L’espoir qu’il est un lieu d’une vraie délivrance.

Les cierges de l’espoir pleurent des larmes de cire,

La cire qui clôt vos lèvres et fige vos sourires.

Encore espérer et dormir. Fleurir encore.

Renaître une aube neuve et oublier la mort.

Tranquille de votre paix, m’ouvrir neuve à la vie.

Ce soir c’est de l’espoir que j’ai vraiment envie.

 

Jocelyne Corbel

L’enfant du Cotentin

 

 

       - Dis maman, que faisait-il grand-père ?

                            - Il travaillait à l’arsenal.

                   - Qu’est-ce qu’on y fait à l’arsenal ?

                            - Des sous-marins nucléaires.

                   - Il est mort de quoi grand-père ?

                            - D’un cancer.

      - Dis maman, pourquoi ils sont tous là, au cimetière ?

         Qu’est-ce qu’elle avait grand-mère ?

                            - Un cancer.

                   - Et ton frère? -Un cancer.

                   - Et ta sœur? - Un cancer.

                   - Et aussi l’oncle Albert ?

                            - Oui, un cancer.

                   - Et François c’était son grand frère ?

                            - Oui. Il est mort d’un cancer.

                   - Et Noémie, quelle est sa maladie ?

                            - La leucémie.

 

        - Dis maman, ils vivaient tous là, en Cotentin ?

 

             Que de questions dans ce regard enfantin,

                            D’angoisse et de souci.

 

                   - Et Julienne, c’est un cancer aussi ?

                            - Non, c’est le cœur.

                   - Ouf! J’ai eu peur !

 

 

                  - Et toi maman, tu jouais aussi à la plage ?

                      Et mangeais-tu des coquillages ?

 

          - Dis, maman, tu ne vas pas mourir ?

 

         Mais si, elle a trouvé la force de sourire.

        Jocelyne Corbel

 

 

Je certifie que, mis à part  Noémie, tout est vrai, y compris les prénoms.

Dans les cimetières

 

 

Même dans les cimetières,

A la fin de l’hiver,

La vie explose.

On sarcle les ordures.

On laisse tout ce qui dure.

C’est dur.

 

Même dans les cimetières,

Entre toutes ces pierres,

La vie explose.

L’angoisse qu’on endure

Et l’absence qui dure

Implosent.

 

Même dans les cimetières,

De la terre tout entière,

La vie explose.

Tous les chagrins perdurent,

Mais la vie peinturlure

La mort.

Jocelyne Corbel

Tous ces poèmes ont été repris dans mon dernier recueil qui reprenait mes divers autres.

Il s’intitulait « Mes chemins de poésie »

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